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mardi, 03 janvier 2023

L'art en prison

prisonniers,peintures,expositionBruno Luvolé

Fin 2022 a eu lieu à la Mairie du XIIIè arrondissement, une très belle exposition sur de magnifiques peintures réalisées par des détenus du monde entier. Une initiative résultant d’un partenariat entre deux associations l’une créée par Peter Echtermeyer "Art and Prison" un ancien aumônier allemand ayant longtemps travaillé dans des prisons et l’autre, "Art et prison en France"créée par Bruno Luvolé. Cela donne un résultat étonnant où l’on peut se rendre compte que les détenus ont en eux des capacités insoupçonnées et sont capables par le biais de l’art de se transformer… Un nouveau regard sur le milieu carcéral…

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Pourriez-vous parler de votre association « Art et Prison en France » ?

C’est une association qui a été créée en 2014, au départ pour organiser l’exposition en France d’œuvres d’art détenues dans le monde entier. Ce qui a déterminé cette initiative c’est la rencontre de mon épouse avec Peter Echtermeyer.  Nous étions en voyage en Italie et elle a vu cet homme devant une galerie qui lui a dit « Entrez, voyez ». Elle a donc vu une exposition de tableaux, et Peter Eschtermeyer lui a demandé ce qu’elle en pensait. Elle lui a répondu que quelque chose d’étonnant émanait de ces peintures et c'est alors qu'elle a appris que ces tableaux étaient réalisés par des détenus du monde entier.  A l’époque Peter Echtermeyer était aumônier dans une prison en Allemagne et il a mis en place cette association dans le but de promouvoir l’art pictural des prisonniers.. Il a également créé un concours international de peinture réservé aux détenus. Comme il avait de nombreuses relations dans des prisons se situant dans différents endroits, il a réussi à obtenir des tableaux qui venaient de 40, 50 pays (aujourd’hui, il y a près de 60 pays représentés) et en 2022, il en est à son 6ème concours. Un jury avec artistes et spécialistes est présent, et des sponsors donnent de l’argent ce qui permet d’attribuer des prix.. Mon épouse est cinéaste, et elle a eu envie de faire un film sur le sujet car c’était inédit pour nous. Il s’intitule «  Un demi- mètre carré de liberté. » Pour le moment, nous ne l’avons pas encore mis sur une plate-forme, nous l’avons montré lors de festivals notamment aux Etats-Unis et  il a obtenu un prix en Angleterre. Nous l’avons aussi montré 2,3 fois à Paris particulièrement lors de l’exposition à la Mairie du XIIIè arrondissement. Nous n’avons pas trouvé de financement pour le mettre en vente, Il aurait fallu davantage de sensationnel. Si un gangster était devenu peintre, la situation aurait davantage intéressé les médias mais ce n’est pas ce que l’on a voulu démontrer. Nous avons parlé avec Peter Echtermeyer de notre documentaire qui nous a donné son accord mais nous a expliqué que ce qui l’intéressait surtout c’était d’exposer ses tableaux en France.  Il avait déjà exposé dans divers pays d’Europe. C’est ainsi que nous avons créé notre association pour exposer cette collection en France. Nous avons  trouvé une galerie près de la Bastille qui s’appelait Dorothy’s Galerie tenue par une américaine qui a bien voulu prendre l’exposition gratuitement même si les œuvres n’étaient pas à vendre. Nous avons pu bénéficier de la galerie pendant 3 mois.

 

 

Pourquoi les œuvres ne sont-elles pas en vente ?
L’une des difficultés c’est qu’il existe un contrat de cession signé avec les pays. Ce n’est pas possible de vendre car tout dépend  des règles de chacun. C’est vraiment au cas par cas et c’est extrêmement compliqué à gérer. Quand on a exposé les œuvres en 2014, il a fallu trouver une structure juridique pour financer le transport. On avait levé des fonds en créant cette association et on avait organisé à l’époque 18 soirées sur la détention et surtout sur l’art en prison. Une soirée avec des juges, des anciens détenus, diverses personnes a été mise en place. Des films ont été projetés dans la galerie et certaines personnes nous ont encouragé  à continuer notre action en faveur  de l’art en prison. On a donc persévéré, et l'on a refait des expositions à Saint-Nazaire, Paris et Strasbourg en 2018. Et en 2022 on a fait cette exposition à la Mairie du XIIIè. On aurait du le faire avant mais le covid nous en a empêché. Nous avons également un réseau de galeries d’art qui s’appelle « Carré d’artistes « qui nous a accueilli pendant un mois à Marseille pas très loin du vieux port.

 

 

Quel est le but essentiel de ces diverses démarches ?

De donner au public une vision différente de l’univers carcéral  et des détenus en exposant  ces œuvres qui sont souvent magnifiques. Ce sont des personnes qui ont à un moment donné de leur vie commis des actes répréhensibles même dans certains cas un acte criminel mais on ne peut pas résumer le profil d’une personne juste à un agissement dépourvu de tout contrôle à un moment donné. Et puis les gens évoluent. Les personnes libres à l’extérieur évoluent, les détenus aussi et on veut changer le regard envers ces prisonniers. Ce sont des personnes qui peuvent créer un bel univers avec tout ce que cela implique. Un public qui regarde les détenus différemment va aider à leur réinsertion. En effet, souvent l’une de leurs difficultés, vient du fait qu’ils ont fait quelque chose de condamnable et c’est marqué sur leur front à vie. Il existe beaucoup de récidives car on ne leur donne pas la possibilité de ne pas récidiver. Comme l’a bien dit Peter Echtermeyer lors d’une interview, si on leur tend la main, si on les aide, s’ils ont un accueil favorable, cela peut multiplier leurs chances de s’en sortir.  Les personnes qui récidivent je ne parle pas forcément des crimes les plus violents se trouvent à leur sortie à la rue. Ils perdent leur logement faute de payer le loyer, sont souvent rejetés par leur famille quoi qu’ils aient fai. Ils se trouvent désocialisées car leur contact se résume aux personnes qu’ils ont fréquenté pendant 1 ou 2 ans en détention. Donc ils en viennent à voler faute de pouvoir se nourrir. L’art les aide à changer de comportement, à se cadrer, à se poser, à réfléchir éventuellement sur ce qu’ils ont fait.  Il faut être conscient que l’on demande à la prison de pallier les faiblesses de la société à intégrer ces personnes là. Il y a beaucoup de personnes quand on parle de récidives qui espèrent que la prison va corriger en 4,5, 10 ans ce qui n’a pas été fait pendant les 20 premières années de la vie de la personne.

 

 




 

Quelles sont les œuvres qui ont été exposées à la mairie du XIIIè ?

Celles du concours de 2020 avec quelques œuvres emblématiques que l’on réexpose plusieurs fois. A chaque fois, c’est extrêmement bien reçu, et l’intitative  soulève beaucoup d’interrogations . On se rend compte que des détenus peuvent s’exprimer par l’art, que c’est universel, et que ce n’est pas une lubie sociale dans un pays. On a de plus en plus de gens qui rejoignent notre association et l’on est maintenant un peu plus de 40 membres. Je pars avec une camionnette et quelques amis de l’association  et l’on va chercher les tableaux à Berlin, Marseille, puis on les ramène à Paris.  C’est un budget qui cette année a représenté au total 15.OOO euros et il faut les trouver. On a fait des levées de fond sur financement participatif et on avait encore des fonds acquis lors des précédentes expositions.  En 2018, on avait reçu une subvention de l’administration pénitenciaire dans le Grand Est lors d’une expo à Strasbourg. En 2014, on avait eu des subventions de la Sodexo justice services et en 2022 on a obtenu une subvention du secours catholique et une subvention de la Mairie de Paris.  A chaque fois, on essaye de taper large avec des personnes qui nous soutiennent. Globalement, peut-être parce que les gens qui viennent sont déjà intéressés par le thème, les réactions sont toujours très positives. Les gens de la Mairie du XIIIè avec qui j’ai pu en parler sont étonnés par la qualité des œuvres et se rendent compte que ces personnes qui parfois ont fait de longues peines sont capables de réaliser de très belles choses…

 

 

 

 

Existe-t-il beaucoup d’ateliers culturels en prison ?

Oui plus qu’on ne le croit. Il y a deux ans est sorti un film intitulé « Le triomphe » une fiction qui recréé un atelier théâtre en détention . Présente aussi de la danse avec l’intervention de chorégraphes comme Pierre génie qui a monté un spectacle Porte de la Villette avec des détenus de Nanterre. On trouve également des arts visuels comme la peinture, la sculpture, le chant, la musique . Mais c’est un nombre limité de détenus qui en profitent à chaque fois. Des initiatives se mettent en place pour apporter un peu d’art dans les murs . A eu lieu une exposition au centre pénitentiaire sud francilien à Réau. Les détenus sont devenus des spectateurs et ont pu observer des reproductions d’œuvres au sein  de grands tableaux. Certains détenus avaient été formés pour être des commissaires d’exposition dans le but de faire visiter les expos à d’autres détenus. C’est bien, mais ce que l’on regarde aussi c’est ce que produisent les détenus eux-mêmes. A Paris, une organisation « Talents cachés » organise des œuvres qui viennent de la région parisienne. Ils les montrent  depuis quelques années à la Mie de Pain tous les ans au mois d’octobre. Ce qui implique qu’il existe quand même beaucoup d’ateliers comme des ateliers théâtre à la Santé. Quand nous avons projeté notre film à la Mairie du 13ème, une jeune femme qui intervient en atelier théâtre dans ce lieu a lu des textes. On peut donc voir des œuvres qui viennent d’autres institutions que celles du concours allemand. Mais c’est parfois compliqué à monter pour des raisons de cession. Prendre des œuvres, les retourner en détention, réussir à les faire sortir demande toute une logistique…

 

 

Comment se passe un atelier ?

Dans les ateliers auxquels on a assisté il règne souvent une certaine forme de liberté, ce sont les personnes qui choisissent. Un modèle est parfois suggéré mais pas obligatoirement. On peut aussi être simplement des guides ou des professeurs en disant : Vous faites un peu ce que vous souhaitez mais soyez un peu plus structuré dans ce que vous faites.  Quand vous fais ceci, essayez de le représenter de telle ou telle façon. » On peut aussi proposer un texte sur lequel il faut parler, un thème.  Chacun créée différemment et la fréquence dépend des centres. Dans une maison centrale comme Saint-Maur, les gens ont la possibilité de se promener à certaines heures de la journée. Tout est très sécurisé, mais des plages horaires sont instaurés et ceux qui le veulent peuvent avoir accès à la salle qui en général est fermée. Il faut que quelqu’un procure l’accès mais on peut y rester le temps que l’on veut. Si un détenu a envie de peindre, il peut le faire seul dans sa cellule si les conditions présentes dans les maisons centrales le permettent… C’est moins restreint qu’on ne le pense mais je manque un peu de statistiques là-dessus sachant qu’il existe en France 187 établissements pénitentiaires. Ceux pour les longues peines les maisons centrales et les maisons d’arrêt. Dans les maisons d’arrêt, on trouve généralement trois catégories de détenus : les prévenus en attente de jugement, les détenus pour courte peine moins de deux ans, les détenus en attente de transfert et entre deux affectations. Ceux qui sont en courte peine ont moins de chance d'avoir accès aux ateliers vu l’attente.  On aura donc plus de gens condamnés à de longues peines.

 

 

Est-ce réservé à un certain profil de détenus ?

En général ce sont quand même des détenus qui se comportent correctement, ceux en rébellion ou autres, on a plus de mal. Les places sont chères et quand on avait réalisé notre film, un détenu nous avait dit qu’il avait attendu un an et demi avant de pouvoir intégrer un atelier de peinture d’environ 10,12 personnes pour 800 détenus. Et puis peut-être que c’est plus facile de se projeter, de participer à des ateliers pour les détenus qui ont déjà un certain bagage artistique. C’est à titre personnel d’oser se lancer. La plupart avaient déjà un contact avec le domaine, mais il peut exister des personnes totalement ignorantes sur le sujet. En général dans ces ateliers les artistes qui interviennent et guident les prisonniers sont extérieurs à la prison.  C’est vraiment dans les années 80 du temps où Robert Badinter était ministre de la Justice que cela a vraiment démarré.  

 

Possibilité pour des personnes de l'extérieur d'intervenir

 

Un partenariat avait été signé entre le Ministère de la Justice et le Ministère de la Culture avec une convention qui permettait à des personnes extérieures d’intervenir. Il fallait quand même le cadrer et l’organiser.  C’est souvent pris en charge par des associations locales et ces prisonniers peuvent effectivement être totalement dépourvus d’éducation artistique. On en rencontre un certain nombre y compris parmi les longues peines qui nous ont dit quand on a fait le film qu’ils n’avaient jamais eu de contact avec l’art. Mais l’un d’entre eux a confié avoir déjà pris un carnet pour dessiner.  Ce sont généralement des gens qui ont quand même une petite démarche de fibre artistique. Certains peuvent dire « Je ne connaissais pas, et dans l’enfermement ça m’a permis tout à coup d’être plus apaisé.  Cela oblige le détenu dans un milieu assez anxiogène et agité à se poser, se calmer, réfléchir et à se demander ce qu’il peut produire, ce qu’il a envie de montrer et comment. On peut juste barbouiller une toile, mais ce n’est pas le cas en général. Ce sont souvent des moments que les détenus apprécient dans un atelier ou même en cellule. Etre tout à coup plongé dans une création, s’exprimer par l’art alors qu’’ils ne sont pas forcément à l’aise dans la langue du pays est pour eux une sorte de réconfort. Ce sont des personnes qui bougent, qui ont d’autres origines culturelles. Il existe tout un ensemble de cheminements pour le détenu qui l’incite à aller vers cela même s’ il n’avait pas la fibre artistique au départ. Un rapport réalisé en 2022 devant l’Assemblée Nationale sur le système pénitentiaire français démontre que le niveau d’études des personnes en détention est quand même très faible. On considère qu’il y a 10% d’illétrés, 20% qui maîtrisent mal l’écriture et 75% qui ont un niveau maximum CAP.. Il viennent de milieux défavorisés soit par l’environnement, soit par les hasards de la vie, ce qui les bloque complètement et les font réagir de manière totalement dépourvu de sens social.

 

 

 

Des exemples de reconversion ou autres ?

Je pense à un détenu que l’on connaît assez bien qui a été le parrain de nos expos en 2018. Il a fait des conneries jeune et s’est remis au dessin, a repris des études de communication alors qu’il était en détention et qui maintenant est dessinateur et publie des BD. Il a fait une attaque à main armée, s’est laissé entraîner dans un groupe. Il s’est retrouvé condamné à 10 ans, et a du en faire 6. Il ne peignait pas avant, et il est même devenu acteur dans le film «L’innocent » où il joue l’un des gangsters.  Lui qui a eu une enfance difficile affirme que tout ce que l'on a en soi notamment contre la société qui nous a mal traité, qui ne nous a pas aidé ou jamais tendu la main , c'est plus judicieux de  le mettre sur une peinture plutôt que d'agresser les gens.  La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot auditionné en octobre à l’Assemblée Nationale qui justement citait des détenus devenus positifs pour la société a parlé immédiatement de lui.

 

le livre d'un détenu s'en étant sorti

 

 Mais il y en a d’autres comme Karim Noktari qui a écrit un livre « Rédemption, itinéraire d’une enfance cassée ». Il a eu une enfance telle que je ne sais pas comment nous aurions réagi à sa place. Quand on est tout petit dirigé dans la mauvaise direction c’est très dur de s’en sortir et lui s’en est sorti en prison. Tout d’un coup, il a eu la force de caractère de s’ en sortir. C’est un exemple de personne qui par l’accès à la culture en détention a pu commencer à se cultiver, à changer. C’est quelqu’un de remarquable, très brillant, coordonné, très structuré dans sa pensée. J’ai aussi entendu parler d’une femme nommée Diana par Peter Estermeyer qui a fait des années de prison en Ukraine et qui est l’auteur de deux tableaux et qui en sortant est devenue travailleuse sociale. Sa capacité à s’exprimer par l’art l’a contrainte à réfléchir. Elle a peint dans une cellule avec 30 femmes autour d’elle. Il faut avoir une capacité à sortir de l’endroit où l’on est… Il existe cela dit des génies de la peinture qui ont été des voyous comme Caravage.  Il ne faut pas idéaliser les choses mais ça aide à s’en sortir. Une directrice qui s’exprime dans notre film témoigne que la vie est dure pour beaucoup de gens qui sont mécontents de leur sort et qui expriment cette colère par la violence. S’ils sont face à un obstacle du fait qu’ils n’ont peut-être pas la maîtrise du langage, l’art peut leur permettre de dire ce qu’ils ont en eux et de témoigner leur rage de façon positive.  Des statistiques concernant l’effet de l’art sur les récidives ? Je n’ai pas de chiffres sur la récidive, la non récidive et à ma connaissance il n’existe pas vraiment d’étude sociologique ayant permis de suivre les gens de façon suffisamment vaste pour dire quoi que ce soit. Une étude faite par le profeseur Keliotis en Angleterre portait sur seulement 90 personnes . Or chaque année il y a plus de 90.000 personnes qui sortent. C’est donc difficile d’en tirer des conclusions. Beaucoup de détenus une fois sortis de prison, ne souhaitent pas rester en contact avec le milieu pénitentiaire et on ne sait pas ce qu’ils sont devenus. Ils disent que cela fait partie de leur passé, et veulent définitivement tourner la page. . On ne sait donc pas ce qu’ils deviennent sauf s’ils retournent en prison.

 

Quels sont les pays ou l'art en prison est davantage développé ?

Ce que l’on constate d’après le concours allument, c’est que pratiquement aucune œuvre ne provient d’Afrique. Ceci pour des raisons purement matérielles et financières. Les pays où c’est le plus développé c’est en général l’Angleterre avec une fondation qui s’appelle « The Koestler Trust". Ils sont financés par l’administration pénitentiaire et organisent chaque année également un concours d’art et exposent dans un lieu emblématique à Londres. 250 œuvres venant des prisons britanniques. Il y a quelques années quand on en avait parlé, ils recevaient annuellement 8000 œuvres sachant qu’un autre concours a lieu en Ecosse. Ils servent un peu un modèle et sont financés par l’administration pénitentiaire britannique. En Californie, il existe une association « The  lawyers for the Art « , « les avocats de Californie pour l’art » qui a organisé un grand colloque avec des intervenants de plusieurs Etats. Aux Etats-Unis, cela dépend des Etats et on en trouve de plus ou moins répressifs. Les échos que l’on a en France indiquent que si c’est l’administration pénitentiaire elle-même qui s’en occupe, ce n’est pas très bien reçu. En effet, on ne va pas transformer un gardien de prison en professeur d’art et de plus en plus, il peut survenir une réaction psychologique négative  si c’est imposé par l’administration. Donc la richesse vient de l’intervention de gens venant de l’extérieur.  Ce sont souvent des initiatives d’associations qui permettent d’avoir ce foisonnement et je dirais que dans les pays occidentaux globalement c’est assez développé.  Beaucoup d’œuvres également viennent d’Amérique latine. De temps en temps, les conditions d’emprisonnement font la une des journaux et disent que la situation ’est assez catastrophique.

 

 

Quels sont vos projets ?

Refaire des expositions. Le 6ème concours international se déroule en ce moment et comprend davantage de tableaux venant de centres français. Nous allons exposer de nouveau ces collections en 2024. On est aussi présent jusqu’à début mars à Villeneuve sur Yonne . Un débat va avoir lieu le 16 janvier à 18h30 sur l’art et la culture en prison à l’auditorium de la Mairie de Paris. L’on va faire parler des intervenants come Mr Cotte ancien magistrat, président honoraire de la chambre criminelle de la cour de cassation, et ex président de chambre au tribunal pénal international, Laurent Ridel directeur de l’administration pénitentiaire, Karim Moktari un ancien détenu, et Peter Echtermeyer l'aumônier. Ils expliqueront ce que l’art apporte aux détenus. Pourquoi et comment il faut le développer, quels sont les enjeux et les défis que représente l’introduction de l’art et de la culture en détention.  Au mois de janvier, 12 tableaux vont être reproduits sur de grands panneaux en impression aluminium et exposés rue de Rivoli juste avant l’hôtel de ville dans un bâtiment de la Mairie de Paris la caserne Napoléon … On devrait également essayer de monter une exposition en 2023 ou 2024 dans le Sud de la France à Nimes avec un coordinateur culturel. J’ai suggéré l’idée à l’administration pénitentiaire de faire une exposition venant de la collection à la fois en détention et en extérieur afin que les deux initiatives soient jumelées.  

 

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

lundi, 10 mai 2021

François Lemaire

lemaire,exposition,l'orangelemaire,exposition,l'orangeFrançois Lemaire  présente actuellement une exposition inédite sur la couleur orange jusqu'au 16 mai à la Fabrique Contemporaine situé 30 rue Vergniaud. Il est présent là-bas tous les jours de 14h à 18h. 

Avant de devenir artiste peintre, François Lemaire a travaillé dans le cinéma (fiction pour M6)  et a également écrit des documentaires axés surtout autour des adolescents notamment pour Arte. Mais il s’est rendu compte qu’il n’était pas vraiment heureux dans cette profession et la peinture à l’huile a pris le relais.  Il a peint de nombreux paysages, plus de cents appelés « paysages improbables » et a aussi réalisé des tableaux sur les animaux mais en tant que créatures. Il n’a jamais fait de peinture animalière. Récemment, il a décidé de travailler sur une couleur en particulier, et pour l’instant il a choisi le bleu et l’orange.  Il aime partir des trois pigments de base , le jaune, le rouge, le bleu et concevoir les couleurs qu’il souhaite. «  C’est de la tambouille explique t-il un peu comme de la cuisine. Chacun possède ses petites recettes, ses petites astuces… » Il est fort possible qu’il continue dans cette voie dans les années à venir.

 

 

Vous exposez actuellement vos tableaux consacrés à l’orange . Avant vous aviez fait le bleu. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure ?
Le bleu est une couleur qui me fascine depuis déjà un certain temps. On en a beaucoup parlé comme étant une couleur froide mais selon moi elle peut dégager beaucoup de chaleur. Comme le bleu et l’orange sont deux couleurs complémentaires, je fais un travail reposant sur le spectre de la lumière. En même temps, le bleu disparaît dans l’orange, quand tombe le soir. Le coucher de soleil est orange alors qu’auparavant le bleu dominait. Je m’intéresse de plus en plus à la couleur, à sa puissance et aux effets sur soi-même. Ce n’est pas pour rien que les gens s’habillent de telle ou telle manière ou qu’ils peignent différemment leur lieu d’habitation.  Certains laissent tout en blanc, d’autres font des chambres bleue, rose, orange. On n’y fait pas attention, mais la couleur nous accompagne en permanence depuis notre naissance. Les bébés sont attirés par les couleurs, c’est quelque chose de très primaire.

 

Vous l’avez constaté sur vous ou vos enfants !

J’ai pu le remarquer avec mes enfants qui petits aimaient les couleurs vives. C’est très attrayant pour eux. J’avais un ballon rouge dont j’étais presque amoureux pas seulement parce que c’était un ballon mais aussi à cause de sa couleur. Je me suis acheté un vélo de course rouge car c’était mon rêve. J’aime le rouge.

 

Pourquoi le rouge ?

Ca me fait du bien ; ça me rassure. C’est très vivant et ça éclate les yeux. L’orangé aussi ; toutes ces couleurs là. Mais pas plus le rouge que le bleu. J’aime la couleur en général, et l’effet qu’elle peut produire. Je constate avec mon travail sur les couleurs que les gens réagissent différemment si le tableau est orange, ou bleu. Ceux qui aiment le bleu ne sont pas forcément friands de l’orange et vice-versa. Les émotions ne sont pas les mêmes non plus. Une couleur c’est comme une note de musique que tu pousses le plus loin possible dans sa transmission d’émotion, d’affect, de joie, de tristesse ou de colère.  Peu de peintres ont travaillé sur une seule couleur. Il y a le fameux bleu Klein, le bleu de Matisse et la période bleue de Picasso. Et le noir de Soulage qu'il a appelé outre noir.

 

Miro aussi a pas mal travaillé sur le bleu !.

Oui. Des bleus avec des espèces de signes assez grands. Il a même donné aux gens une boisson à base de bleu de méthylène et le lendemain ils ont fait pipi bleu. En revanche, même si bien évidemment je ne connais pas toute l’histoire de la peinture, peu de peintres ont travaillé la couleur orange. Le peintre américain Rotko a fait quelques tableaux avec l’orange. Mais il ne me semble pas que des peintres ont fait une exposition consacrée à l’orange ; c’est inédit.

 

Chagall aussi est réputé pour son bleu !

Oui. Ce n’est pas de l’abstraction ; c’est plutôt un peintre figuratif. Le bleu est une couleur qui a été extrêmement utilisée. C’est une couleur courante, presque de base dans la mesure où l’on vit dans le bleu sauf la nuit. Presque tout le monde a du bleu dans sa tête. Ne serait-ce que d’observer combien les gens sont contents quand le ciel est bleu. Ca évoque forcément quelque chose d’agréable, d’émotionnel ; c’est sensitif.

 

Robert Ryman a fait des toiles blanches !

Oui, dans les années 70, en utilisant un blanc qui sort du tube. D’ailleurs à l’époque, cela avait créé une certaine polémique. Il y avait des gens qui pensaient que c’était vraiment se « foutre du monde », car il n’y avait rien. En outre, il a eu beaucoup de succès et a été acheté très cher. Des collectionneurs se sont arrachés ses tableaux. Personnellement, ça ne m’intéresse pas tellement d’avoir un tableau blanc chez moi, mais après tout chacun fait ce qu’il veut. Tout est possible dans l’art.

 

 

Chez vous quelles sont les couleurs dominantes ?

Je laisse blanc car je mets beaucoup de tableaux en particulier les miens que je fais tourner pour voir comment ils «  vivent ». Les tableaux sont faits pour aller dans les appartements. Non pas comme un objet de décoration, je n’aime pas trop cette expression mais je l’accepte, mais plus comme un objet d’affect. Souvent, les gens me disent j’ai un coup de cœur pour un de vos tableaux, je ne peux résister.

 

On ne résiste pas à un tableau comme on ne résiste pas à une femme !

Peut-être… C’est bien trouvé !...

 

Pour le bleu et l’orange avez-vous travaillé de la même manière ?

J’ai travaillé avec des aplats de couleur très lisses et aussi beaucoup de matière ou en confrontant une plage lisse et une plage de matière. Certains tableaux sont exclusivement faits avec beaucoup de matière, très en pâte qui tournent plutôt vers l’abstraction figurative et d’autres en correspondance sur du lisse.  L’intermédiaire existe aussi avec la moitié en matière et l’autre en lisse. Et j’ai fait la même chose avec les bleus. Tantôt au pinceau, tantôt au couteau à peindre qui ressemble à une petite truelle. Au départ l’on appelait cela un couteau à palettes, c’était destiné à mélanger les couleurs.

 

Pour la matière peut-on se servir aussi bien d’un pinceau que d’un couteau à peindre ?

La différence vient de la manière de le tenir mais on peut mettre beaucoup de pâte aussi sur le pinceau. Y aller de façon rapide, brutale, en jetée comme ça. Se servir du couteau représente un geste particulier et il faut apprendre à le manier. C’est un apprentissage, et l’on ne peut pas faire des tableaux sans avoir appris le maniement même de l’instrument. Le pinceau tout le monde sait comment cela marche. On en a tous fait  et d’une certaine façon c’est comme un crayon qui se termine différemment. Le geste n’est pas le même pour le couteau.

 

Vous dîtes que les gens ne réagissent pas de la même manière selon les couleurs. Et vous selon que vous travaillez sur du bleu ou sur l’orange ?

C’est un petit peu différent mais pas tant que cela en fait. Mon émotion est surtout concentrée sur le fait de peindre. Cela me procure une joie très forte, un stimuli émotionnel très puissant. Tout ce travail découle des souvenirs mon enfance. J’ai vécu dans une ferme au Nord de la France et mon terrain de jeu c’était les terres de mon père que je partageais avec mon frère. On sortait et l’on avait sous la main un champ immense. On s’en donnait à cœur joie tantôt dans la forêt, tantôt près d’une rivière ou d’un ruisseau. Chaque saison faisait naître une couleur, et je profitais des coquelicots, des marguerites, des champs de blé, des lilas de ma grand-mère. Des roses dans le jardin… J’ai aussi vécu sous la voûte du ciel. Et puis aussi les couleurs de la terre comme le marron. C’est aussi un thème que j’aimerais aborder ; ça s’appellera tout simplement « la terre ».

 

Quand vous peignez vous y allez au hasard ou vous savez déjà ce que va devenir le tableau ?

Cela dépend. Soit, je prévois déjà le tableau, ce qui est le plus facile. C’est génarelemnt ainsi que je travaille. Mais il m’est arrivé également pour cette série de ne pas vraiment savoir ce que j’allais faire. De commencer un fonds orange, de retravailler après et d’avancer au fur et à mesure un peu à l’aveuglette.

 

Pourquoi le bleu, pourquoi l’orange ?

Dans ma série d’avant « paysages improbables », j’avais remarqué que j’avais pris un grand soin à travailler sur le bleu et j’ai découvert la force de cette couleur. Et puis j’ai eu la chance d’aller en Grèce avec mes enfants, et là-bas j’ai vraiment été sous le charme du bleu très présent dans ce pays. Il y en a partout et des bleus très différents d’une pureté absolument incroyable. Des bleus un peu sombres, des bleus turquoise, des bleus indigos. Le bleu que j’ai utilisé ne sort pas directement du tube, et je me suis servi de plusieurs bleus. Et dans certains bleux, j’ai mis un tout petit de jaune ou de rouge. Très peu pour pas que cela se voit, mais en même temps cela se ressent. Quant à l’orange, ma décision vient d’une conversation avec mon galeriste. Il m’a demandé ce que j’allais faire après le bleu et spontanément j’ai parlé de l’orange de mes yeux. C’est l’orange que l’on voit lorsque l’on s’allonge au soleil en fermant les yeux. J’aimais cela et percevoir un orangé qui passe à travers la paupière. L’émotion de la découverte. Les oranges de mes tableaux se ressemblent tous mais n’ont pas du tout la même gamme.  Selon que j’ai mélangé avec plus ou moins de jaune ou plus ou moins de rouge. Le jaune est une couleur primaire mais à partir du moment où tu le mélanges avec une autre couleur, une couleur secondaire apparaît.

 

Combien de tableaux consacrés au bleu et à l’orange avez-vous fait ?

J’ai fait une cinquantaine sur le bleu et 20 sur l’orange. Faire toute une série sur la même couleur n’est pas si évident que cela car il ne faut pas répéter et arriver à faire émerger quelque chose d’émouvant, de sensationnel. . C’était une sorte de défi ; j’aime les challenges. Quasiment chaque tableau a un orange particulier. Je pars de différents jaunes, le jaune cadmium, le jaune citron, puis un jaune très clair et puis 3 ou 4 rouges, clairs, moyens, foncés.. Et tous ceux qui sont venus à la galerie ont trouvé mon travail très intéressant et très joli.

 

Vous avez peint un tableau avec des pétales, des confettis, des papillons !

Tout est sorti du tube sauf l’orange. Il y en a aussi un plutôt jaune orangé avec des tâches de couleur jaune orangé.

 

Dans quelle catégorie de peintres vous rangez-vous ?

Un peu entre l’abstrait et le figuratif. Quand on regarde mes tableaux, il y figure quand même quelque chose ; ce n’est pas complètement abstrait, mais ça touche malgré tout l’abstraction…

 

Y a-t-il des réflexions de gens à propos de vos tableaux qui vous ont plus spécialement marqué ?

Comme je suis un peintre minimaliste, la réflexion la plus désagréable même si ce n’est pas très méchant, c’est lorsque l’on me demande si mes tableaux sont finis et si je ne vais pas ajouter quelque chose. Par exemple sur ce tableau orange, j’ai mis juste un petit oiseau. Justement, je voulais qu’il soit tout seul. Mais ça dérange certaines personnes qui ont une vision assez classique de la peinture et tout à fait représentative de la vie réelle.

 

Comptez-vous dans les années futures continuer à vous consacrer à une seule couleur

C’est possible. Il y a deux couleurs qui m’intéressent tout particulièrement le vert que j’ai déjà pas mal travaillé et la couleur prune de l’aubergine. C’est un peu plus compliqué comme mélange, car il ne faut pas que ce soit triste. J’essaierai de faire comme Van Gogh qui avait réussi à trouver un joli ton…

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

vendredi, 23 avril 2021

Exposition sur l'orange

Un dimanche à la campagn	e.jpgL'orange de mes yeux, 100 x 75 cm.jpgFrançois Lemaire peintre va à partir du 3 mai présenter une exposition sur la couleur orange. Cela se passe à la Fabrique contemporaine au 30 rue Vergniaud tous les jours de 14h à 18h. C’est un orange qu’il fabrique lui-même, soit au couteau, soit au pinceau avec différents rouges et différents jaunes assemblés les uns aux autres. Par exemple s’il met un petit peu plus de rouge, il va avoir un orangé assez fort, s’il met un peu plus de jaune il va avoir un orangé plus pâle, plus jaune. Il avait déja fait une exposition sur le bleu en utilisant la même technique.

 

Si vous voulez un rendez-vous en dehors des heures d’ouverture vous pouvez appeler François Lemaire au 0619533416. 

Ou au galeriste au 0613080969

 

 

Agnès Figueras-Lenattier

13:33 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition, peinture, orange

lundi, 09 mars 2020

Exposition " Le surréalisme au féminin"

Du 7 au 11 mars 2020, aura lieu l'exposition consacrée à 8 femmes artistes du surréalisme des années 1930 aux années 1990, organisée par les Beaux Yeux dans l'atelier de la peintre Eugénie Dubreuil , 5 rue Barrault dans le 13ème arrondissement.

"Le but explique Eugénie Dubreuil est de montrer le processus de création du surréalisme à partir de collages comme le faisait Max Ernst… "

Ce sera l'occasion de découvrir les premières gravures de la peintre et illustratrice Valentine Hugo maîtresse de Paul Eluard et d'André Breton. De mieux se familiariser avec Marie-Laure de Noailles femme du fils d'Anna de Noailles. Tous deux ont financé les surréalistes en particulier " L'âge d'or" film de Dali et de Bunuel tourné aux Baléares… Ou encore d'admirer l'art de Dar Maar l'une des amantes et muses de Picasso...

Ce n'est pas tous les jours que la femme artiste est célébrée, et cette belle initiative d'Eugénie Dubreuil mérite qu'elle soit honorée…

Ouvert tous les jours de 15h à 19h

A.F.L

samedi, 23 février 2019

Le Musée Pouchkine

" Cinq cents ans de dessins de maîtres"

 Une exposition pour tous les goûts, celle de la Fondation Custodia mettant en relief les œuvres graphiques des écoles européennes et russes du XVè au XXè siècle issues de la collection du Musée Pouchkine . Cette rétrospective s'étend sur deux niveaux, avec en bas les tableaux du XXè. (Matisse, Picasso, Dalaunay, Signac, Fernand Léger, Paul Klee, Kandinsky,,Modigliani) et en haut le reste.  Il règne d'ailleurs un contraste assez frappant entre les deux étages, le moderne étant plus coloré, moins fin et délicat dans la représentation générale des sujets. C'est un autre style mais qui n'en vaut pas moins le détour, surtout pour les avant-gardistes..

Gouaches, sanguines, plumes et encre brune, pierre noire et craie blanche, lavis gris ou brin..., se succèdent laissant voir plus de 200 œuvres de grands maîtres aux noms illustres (Rembrandt, Fragonard, Rubens, Corot, Ingres, Poussin, Renoir, Delacroix…).

Deux gouaches de Jean-Baptiste Mallet " La rencontre", " La réconciliation" et une gouache de Pierre-Antoine Baudouin Rose et Colas" sont particulièrement à remarquer. Ce dernier est d'ailleurs considéré comme l'un des plus grands gouachistes du XVIIIè siècle. Parmi les sanguines, celle de Watteau ou de Renoir. Ou encore " Tête d'un jeune saint" en pierre noire et craie blanche de Giovanni Antonio Sogliani.. Et que dire de la pose gracieuse de " La jeune femme endormie" de François Boucher.

La liste des " beautés" est longue, et il ne faut pas louper cette exposition. C'est en effet la première fois qu'autant d'œuvres du Musée Pouchkine sont présentées….
Agnès Figueras-Lenattier

Plus d'infos

Fondation Custodia 121 rue Lille

Métro : Assemblée Nationale

 

vendredi, 01 juillet 2016

Scènes de la vie impressionniste

Le Musée des Beaux-Arts de Rouen où Monet a exposé dès 1872 le portrait de sa femme Camille, possède une importante collection de peintures, sculptures, dessins et objets d'art provenant de toutes les écoles du XVè siècle à nos jours. A l'occasion du 3ème festival Normandie Impressionniste, ce musée présente jusqu'au 26 septembre une facette de l'impressionnisme un peu différente. On peut y découvrir plus d'une centaine de peintures, des photographies, des dessins, des sculptures et des correspondances. Sont exposés des caricatures de Monet lorsqu'il était jeune en particulier le notaire Léon Manchon, des portraits de famille, d'artistes,  d'amies ou  d'amantes.

De jolies scènes de lecture enchantent le regard comme " Jeune fille lisant une lettre" d'Otto Scholderer ou " Intérieur, femme lisant" de Gustave Caillebotte. L'on peut admirer Julie Manet peinte par son oncle Edouard Manet et par sa mère Berthe Morisot. Comme " la jeune fille au lévrier", animal offert à Julie par Stéphane Mallarmé. Les proches des peintres ou des anonymes sont peints dans leurs intérieurs avec par exemple " La tasse de thé" de Mary Cassat.

On peut également contempler des lieux de vie comme les cafés, les salons. Ainsi peut-on observer la seule scène de café peinte par Caillebotte, un client solitaire dont c'est la 5ème consommation. Le thème de l'enfance avec la place de l'enfant au sein de la famille est largement représenté. A noter par exemple le portrait que Monet a réalisé de son fils sur son cheval mécanique. Ou une des nombreuses scènes de maternité de Berthe Morisot" " Le berceau" qui représente sa sœur entrain de veiller sur sa fille Blanche endormie.

Quant au catalogue édité pour cet événement, il évoque en plus des impressionnistes les plus illustres, des peintres moins connus comme Bartholomé, Gonzalès, Grün, etc. Englobant des photographies, des manuscrits et des sculptures, il permet d'approfondir notre connaissance de tous ces artistes. Les lettres de Caillebotte à Camille Pissaro, de Gauguin à Emile Bernard, ou de Degas éveillent notre curiosité. Il est amusant de revoir des sculptures présentes dans l'exposition comme Degas à 50 ans et à 72 ans. Avec tout d'abord l'exposition, puis la lecture du catalogue, l'on s'enrichit énormément, et nos yeux prennent grand plaisir à admirer toutes ces beautés

Agnès Figueras-Lenattier

Plus d'infos Musée des Beaux-Arts de Rouen esplanade Marcel Duchamp 02-35-71-28-40

samedi, 28 mai 2016

Jean Genet L'échappée belle

En ce moment à Fort Saint-Jean se déroule une exposition sur l'écrivain Jean Genet ( 1910-1986) jusqu'au 18 juillet. A cette occasion est sorti un catalogue " Jean Genet l'échappée belle" chez Gallimard en coédition avec le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. On se rend compte à travers cet ouvrage du grand intérêt de l'auteur pour la Méditérranée. Trois de ses œuvres citées ici "Journal du voleur", " Les paravents", " Un captif amoureux" en témoignent largement.

Vagabond et déserteur, protégé par Cocteau, mis en scène par Jouvet, étudié par Sartre et Derrida, Jean Genet a admiré un seul homme dans sa vie : Alberto Giacometti. Sa relation avec ce peintre et sculpteur est ici détaillée avec précision.

Riche, très documenté, ce livre en apprend beaucoup sur Jean Genet qui exécrait la France et qui a fini à la prison militaire du fort Saint-Nicolas de Marseille. Voyageant avec de faux papiers, il commence son œuvre à 32 ans en cellule. Il en sortira grâce à l'écriture, et ne cessera de déambuler. Soldat dans les année 30, témoin des massacres au Liban, il s'engagera profondément dans le militantisme. C'est notamment ce que montre son œuvre " Un captif amoureux".

Homosexuel, marginal, faisant l'éloge de la solitude qu'il considère comme un impératif moral et esthétique, il sera enterré au Maroc. Une photo de sa tombe est d'ailleurs exposée ici. Autres documents contenus dans cet ouvrage : ses manuscrits, des archives de son travail avec Roger Blin et André Jacquart, 130 illustrations, , ses publications dans la presse, des extraits de ses œuvres, des documents produits de son vivant (lettres de sa mère à l'Assistance publique, lettres de Genet, lettres d'un médecin évoquant un certain degré de débilité de Genet… ). Vraiment un beau panorama de la personnalité et de l'œuvre de Genet…

Agnès Figueras-Lenattier

 

mardi, 01 mars 2016

Modigliani au musée du LAM

 

Tout près de Lille, ville qui fut d'abord une île aux multiples canaux et qui devint française lors du règne de Louis XIV, se trouve la ville de Villeneuve d'Ascq. Celle-ci dotée d'une belle mairie et d'une splendide église abrite en ce moment une exposition sur Modigliani (1884-1920). Lors de cette rétrospective, on peut observer l'importance de la sculpture dans l'œuvre du peintre avec notamment ses premières cariatides inspirées de l'Egypte antique. L'art khmer l'influença également.

Après les années de guerre, il se remet surtout à faire des portraits tout à fait novateurs. Trois artistes de l'Europe centrale Moïse Kisling, Pinchus Krémègne et tout particulièrement Chaïm Soutine occupent une place importante dans sa vie. Aidé dès 1916, par le poète d'origine polonaise Léopold Zborowski, il peint aussi bien des personnalités du monde de l'art que des anonymes. Jeanne Hébuterne la mère de sa fille fait partie de ses modèles privilégiés. Sa vie fut constituée de seulement 12 ans de création, mais quelle belle exploitation de ce laps de temps finalement assez court. Il meurt le 24 janvier à 36 ans d'une méningite tuberculeuse. Jeanne de nouveau enceinte, met fin à ses jours 2 jours après…

Parmi les œuvres exposées au Musée du Lam, le portrait de Zborowski, de Roger Dutilleul qui achètera plusieurs tableaux du peintre. Des têtes de femme, de magnifiques nus, et de jolies peintures comme la " jeune fille brune assise" ou la " femme assise à la robe bleue"..

Dans cette exposition, le style bien particulier de Modigliani se profile nettement. C'est surtout l'artiste plus que l'homme que l'on découvre ici avec des aspects cachés de son œuvre... L'on voit les influences qu'ils a subies particulièrement celle de Cézanne, et les diverses aides dont il a bénéficiées.

Agnès Figueras-Lenattier

Plus d'infos : 
Le LAM 1 Allée du Musée à Villeneuve d'Ascq

0320196868

 

 

jeudi, 24 septembre 2015

Nouhaila el Majidi & Lina el Oufir à la Cité Internationale Universitaire de Paris

À l’invitation du directeur de la Maison du Maroc, M. Mohamed Kouam, la Maison des étudiants canadiens (MeC) accueille l’exposition de deux jeunes Marocaines, Lina El Oufir et Nouhaila El Majidi. Ce projet voit le jour dans le cadre de la coopération existante entre la MeC et la Maison du Maroc de la Cité internationale universitaire de paris (Ciup).

Exposition Nouhaila el Majidi et Lina el OufirCes jeunes artistes ont séjourné quelque temps sur le continent américain, ce que reflètent directement plusieurs des œuvres exposées, qu’elles soient figuratives ou abstraites. Après avoir été présentées en juillet 2015 à la Villa des arts de Casablanca, elles arrivent maintenant pour une exposition temporaire à la Maison des étudiants canadiens,  constituant en quelque sorte un pont entre les cultures et les continents.

Nouhaila El Majidi et Lina El Oufir, une fraîcheur et un sens chromatique intuitif

Si les deux exposantes ont été formées chez un même professeur de peinture, elles ont déjà deux façons de pratiquer la peinture qui dénotent des tempéraments distincts avec néanmoins un trait commun : la passion et le plaisir de la peinture. Dans la préface du catalogue d’exposition, le critique d’art marocain Abderrahman Ajbour écrit : « Nouhaïla El Majidi et Lina El Oufir cheminent dans le monde de l’art avec comme seule fin : le plaisir de peindre. Elles sont reconnaissantes au travail d’apprentissage en atelier. Elles savent la valeur d’un geste plastique décisif. Elles connaissent le sens de l’étude des œuvres. Elles rendent hommage à des prédécesseurs de renommée. Et la fluidité de certaines de leurs compositions suppose l’aisance enjouée avec laquelle elles les ont réalisées. Elles ont vécu l’acte de peindre comme Jeu et Enjeu, comme découverte et ravissement. »

Exerçant une peinture résolument figurative, Nouhaila El Majidi peint des tableaux qui expriment une démarche originale. Elle s’empare du monde extérieur avec une préférence pour le couvert végétal. D’une touche à la fois réaliste et impressionniste, les toiles de Nouhaila El Majidi se distinguent par une maîtrise des couleurs vives et des harmonies.

Lina El Oufir, quant à elle, mêle souvent dans ses peintures abstraction et figuration. Elle n’établit pas de limites à l’expression artistique et pratique en toute liberté la peinture sans aucune contrainte au regard du sujet à traiter.

Il y a toujours un aspect frais chez les jeunes talents qui pratiquent sans prétention la peinture. Nouhaila El Majidi et Lina El Oufir nous plongent dans le plaisir de peindre qui a partie liée avec l’enfance de l’art.

Romain Lep.

Plus d'info :

+ Deuxième plus vieille maison de la CIUP, la Maison des étudiants canadiens fêtera l’an prochain son 90e anniversaire et souhaite, dans ce contexte, devenir de plus en plus un lieu d’échanges culturels par l’accueil de diverses manifestations artistiques. L’exposition des peintures de Lina El Oufir et de Nouhaila El Majidi s’inscrit dans cette perspective.
+ Cité Internationale Universitaire de Paris - 31, boulevard Jourdan, 75014 paris.
+ Exposition du 19 Septembre eu 29 Septembre 2015.

vendredi, 21 janvier 2011

Exposition Claudie Barral

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Exposition Claudie Barral, Huile sur toiles      

Vernissage le Mercredi 26 janvier à partir de 18h

Claudie Barral vit en altitude, au sommet des Alpes. Son oeuvre entière se décline dans l'événement de la lumière et la force du tempérament. Son travail habite l'éblouissement des choses et possède le secret de leur réserve. La palette de ce grand coloriste est d'une subtile discrétion; elle peint au couteau avec des pigments en tube.

Du mercredi 26 janvier au dimanche 20 mars 2011 dans la galerie, ouverte du lundi au vendredi de 10h à 19h. Entrée libre.

Plus d'information sur le site de l'entrepôt : www.lentrepot.fr