lundi, 25 septembre 2023
Xavier Pierre
Xavier Pierre a d’abord été peintre. Ayant souffert d’un AVC intra-utérin , il est né avec un handicap et a longtemps été hospitalisé dans sa jeunesse. Pour occuper ses journées, il ne cessait de dessiner. Après avoir fait les Arts Appliqués, il a exposé à Paris. Puis un jour, il est devenu poète suite à une rencontre avec une femme. Actuellement, il est passionné par cet art, et a créé deux salons de poésie l’un à Dinard, l’autre à Lanvollon. Egalement éditeur de poésie, mais ne gagnant pas suffisamment bien sa vie, il a longtemps été commercial. Il a créé des réseaux dans ce domaine, a vendu de la demi-coque de bateau et à un moment donné, s’est retrouvé délégué dans la visite médicale, pendant 17,18 ans. Selon ses dires, cette dernière activité lui a beaucoup plu..
Petit, vous passiez votre temps à dessiner.
Je suis né peintre. Petit, j’ai eu de très grosses difficultés de santé, un AVC intra utérin. Je suis donc né avec un handicap, impliquant une scolarité très décalée et des années d’hospitalisation à l’âge notamment de la puberté pour retrouver du muscle. A partir de là, je passais mon temps à dessiner. J’avais des piqures tous les jours et au départ j’étais piqué par les infirmières. Par la suite c’est ma mère qui a pris le relais après avoir appris à piquer avec des oranges. Le jour où j’ai compris que mon handicap était plus dans la tête des autres que dans la mienne, j’ai commencé à éclore. Un jour ma marraine qui était la femme du chef de cabinet de Maurice Herzog, a proposé à mon père de m’envoyer dans une école de dessin à Paris. Mon père a dit non, il voulait que je fasse L’lX. Mais je n’ai fait ni l’X ni le Y ni le Z, je n’étais pas fait pour ça. Je me suis donc dirigé vers les Arts Appliqués et en sortant je faisais des expos à Paris. Un beau matin, ma fille à l’âge de 4,5 ans me montre un dessin qu’elle avait fait extrêmement surprenant. « C’est quoi » lui dis-je ? « Des oiseaux. » me répond t-elle. C’est vrai que lorsqu’on examinait le dessin on voyait bien les oiseaux.. Des oiseaux d’un enfant de 4 ans certes... C’est alors que l’idée m’est venue d’aller voir ma chef de bureau avec qui j’avais fait les Arts Appliqués et de lui montrer ce dessin qu’elle trouva intéressant tout en étant surprise. "Est-ce que ça ne serait pas intéressant lui ais-je demandé d’aller capter les dessins d’enfants dans les écoles parisiennes? " Elle approuva ma proposition et on est allé en parler au patron. Après réflexion, l’idée fut refusée notamment pour des raisons financières. Cela ne se faisait pas à l’époque. Mais on décida de créer un atelier de dessin pour enfants et j’en ai pris la responsabilité.
Vous êtes poète. Pourriez-vous commencer par expliquer ce que signifie cet art pour vous ?
La poésie, je l’avais en moi artistiquement parlant, et c’est devenu mon ADN. Je n’ai aucune prétention mais c’est vital. J’en ai besoin, sinon il me manque quelque chose. C’est devenu une façon de communiquer intimement avec l’autre et quand on parle poésie avec quelqu’un, on le ressent différemment. On ressent ce qu’il porte vraiment en lui, que ce soit une femme ou un homme.
Comment êtes-vous devenu poète ?
Un jour, j’étais chez moi à Dinan. La porte de la cuisine donnait sur l’entrée arrière de l’immeuble, et je sors ma poubelle. J’entends marcher dans l’escalier, quelqu’un descendait. Je regarde, apparaît alors une jeune femme lumineuse. Je m’arrête, lui dis bonjour et lui demande comment elle va et si elle habite là. « Je vais probablement résider ici » m’explique t-elle. En voyant cette personne, il s’est passé quelque chose, ça a fait tilt. Et le soir même j’ai commencé à écrire de la poésie sur et pour elle. Dans la semaine qui a suivi, elle a emménagé dans l’appartement et tous les matins je me servais de ce que j’écrivais la nuit. Quand il faisait beau, je posais le texte sur son pare-brise et au printemps j’allais faucher une rose chez la voisine d’en face que je joignais avec le texte. Quand il pleuvait je mettais mes écrits dans sa boîte aux lettres.Voilà comment je suis devenu poète. J’essaye de l’être car c’est très difficile.
L'importance d'écrire tous les jours
Tout le monde n’est pas Prévert ou Châteaubriand. Je travaille donc beaucoup notamment parce que c’est une passion. J’écris tous les jours, et d’ailleurs tous les gens qui écrivent, pas les grands, mais ceux qui veulent écrire devraient écrire tous les jours. Un mot, une phrase, une ligne. Quand j’écris mes mails, systématiquement c’est de l’écriture. J’essaye d’avoir un style, quel qu’il soit ou un peu d’humour, ou de créer une réaction par rapport à ce que j’écris aujourd’hui. Et quand l’inspiration me vient, j’écris des poèmes. Quand j’ai commencé à écrire, j’écrivais, j’écrivais mais tout n’était pas excellent. Un jour j’étais sec, et catastrophé et je me suis rendu compte que l’inspiration vient comme ça, s’en va, ce n’est pas programmé. C’est peut-être prétentieux ce que je vais dire mais je ne sais pas ce qu’est la plage blanche. Des carnets de notes j’en ai un peu partout et parfois quand je suis en panne d’inspiration je vais les chercher.
Pour vous quand vous lisez un poème pouvez-vous deviner si c’est un homme ou une femme ?
On me dit quelquefois que j’écris comme une femme. Quand je parle des femmes, mon âme de poète se met à leur place. On me dit que j’ai une poésie amoureuse dans ces moments là. Je me définis comme un poète intimiste mais aussi comme un poète en colère et comme disait Léo Ferré " Ce n’est pas parce que l’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule." Et quand j’ouvre ma gueule, j’ouvre ma gueule.
Une phrase qui pourrait résumer cette colère ?
Lorsque j’étais à l’hôpital, il y avait des enfants de tous les pays d’Europe, de toutes les religions, de toutes les cultures. On avait tous un handicap et donc on était tous sur le même plan. Je discutais avec des copains et je leur disais "Vous me cassez les pieds avec votre racisme à la con." J’ai vécu avec des jaunes, des blancs, des verts" et à ce moment là il y avait derrière un chinois, un japonais. Je me suis retourné, ils ont vu ma tête, ils ont compris que je rigolais, ils ont éclaté de rire et on a passé un bon moment. La phrase qui me vient c'est « Le racisme n’existe pas ». Il est fabriqué par la méconnaissance de la culture de l’autre. Moi je suis catholique, lui est musulman, forcément sur le plan religieux on ne pense pas pareil. Mais avec des mots et des noms différents, on croit au même Dieu et on nous a appris à respecter notre Dieu. Ce n’est pas parce que la culture de quelqu’un est différente que c’est un imbécile, qu’il sent mauvais… Pour moi, le racisme n’existe pas, c’est une plaie, qui ne se cicatrise que quand on a compris cette réalité. Cela arrange aussi certaines personnes de ne pas comprendre. D’autres ne sont pas non plus capables de saisir ces nuances. …
Vous avez défendu une cause à travers vos écrits, la maltraitance envers les femmes et les enfants !
Je vais vous dire comment c’est venu. J’ai été élevé dans l’aristocratie, bien élevé et de ce fait j’ai évolué dans des milieux très différents. J’ai rencontré ma première femme en allant acheter une paire de chaussures à Paris porte de la Vilette dans un magasin appartenant à des amis. Je rencontre un copain venu lui aussi acheter des chaussures. Arrive alors une belle jeune femme qui vient lui dire bonjour. Il me la présente et j’ai complètement flashé. Après le départ de cette femme, je demande à cet ami s’il la connaît et s’il peut me la présenter un peu mieux. "Non, non parce que tu comprends ses frangins sont des durs et je n’ai pas envie d’avoir des problèmes m'explique t-il. Je dis "allez présente là moi, et je lui ai proposé s’il me la présentait de lui payer ses chaussures. Il a acquiescé et m’a donc mis en contact avec ma future femme. On s’est rencontré, on a parlé, on est allé au cinéma voir « Love story », et à la sortie du film je l’ai demandée en mariage. Elle a dit oui et on s’est marié 3 mois après. Or, quelque temps après, je rentre à la maison, on était chez mes parents, et je la vois en crise. Je ne comprenais pas du tout ce qui se passait. Ma belle-sœur arrive, et me dit "Ah la voilà de nouveau en crise." Je lui demande alors des explications et ce que j’ai pu faire de mal. Elle m’explique que je n’y suis pour rien, et me raconte ce qui se passe. Elle m’a alors avoué que ma femme avait été maltraitée.
12 ans d'analyse pour comprendre!....
Je me suis remarié deux fois et mes deux autres épouses ont eu le même problème. Une autre fois, je rencontre une femme qui écrivait très bien et je lui propose de la publier. Après une conversation au téléphone avec elle, je ressens quelque chose de profond et elle me confie qu’elle n’a pas eu une vie toute rose, avec une enfance difficile. Je lui rétorque que je sais. Elle avait également été victime de maltraitance. De l’âge de 8 ans jusqu’ à 16 ans, jusqu’à ce qu’elle claque la porte. Cela m’a valu 12 ans d’analyse pour comprendre et pendant 20 ans, j’ai soutenu « L’enfance majuscule » et j’ai milité en sa faveur. C’est une association qui s’occupe d’enfants ayant vécu des traumatismes et qui essaye de les redresser. J’ai écrit un livre « Remue-méninges au pays d’Alph Abeth » et dans ce livre on trouve deux textes sur le sujet . En fait, j’ai un tryptique dans ma tête, mais c’est tellement long et difficile à écrire. Ca viendra sûrement en son temps.
Certaines personnes disent que l’intelligence artificielle peut faire de la poésie. Qu’en pensez-vous ?
Pour être très honnête ; ça me désole car la poésie incarne l’âme de l’être. Si l’iintelligence artificielle vous dit " Voilà un poème" ; où est l’âme du poète, l’ADN, la respiration. Le souhait, le désir d’exprimer un sentiment plus que banal, c’est cela aussi la poésie par les mots, la musique des mots, par le plaisir et le jeu des mots.
En France la poésie n’est pas très prisée. Quels sont les pays où la poésie est davantage mise en valeur ?
Les pays arabes, c’est une poésie merveilleuse et bien mise en valeur. Le Maroc, l’Algérie, l’Iran. Des gens comme Tahar Ben Jelloun ou autres…
Parlez-nous du salon de la poésie à Dinard ?
C’est moi qui l’ait créé en 2019 en l’honneur de Renée Solange Dayres qui a reçu le prix Théophile Gautier. Cette récompense a déclenché le lauréatat de Solange à l’Académie française soutenue par François Cheng et Hélène Carrère d’Encausse. Elle devait être élue mais elle est décédée trop tôt. Je la connaissais bien, j’ai travaillé avec elle, elle a beaucoup soutenu ma maison d’édition de poésie la maison "Couleurs et plumes ». J’ai décidé le jour où son mari lui a rendu hommage à Dinard de négocier avec la Mairie pour mettre une plaque commémorative dans son immeuble. Jean-Louis Vergne qui travaillait à la mairie et parrain du salon m’a dit "C’est une très bonne idée, on va le faire tout de suite ». Si vous allez au 10 rue Levavasseur vous verrez la plaque qui commémore cette femme, là où elle habitait. René Solange Dayre avait créé un club de poésie « Les Poésiades » et elle rencontrait des poètes dans différents lieux de Dinard après les avoir d’abord accueillis chez elle. Le 1er salon de la poésie a eu lieu au Manoir du Port Breton car la Mairie avait décidé que le salon se ferait pendant la fête du printemps de Dinard au mois de mai. Mais l’ancien maire est décédé. Des élections ont eu lieu et la nouvelle municipalité n’était pas trop intéressée par la poésie. Lors du 4ème salon, le 10 septembre 2023 ils ont révisé leur opinion. A présent, c’est le casino de Dinard qui nous soutient notamment Bruno Toutain le directeur du casino. Il nous a proposé à Alain Goffinider le mari de Solange et moi-même de nous céder le salon de la mer pour organiser le salon. Normalement le salon se tiendra toujours là jusqu’aux prochains travaux. On a passé des accords avec le casino, et on rentre par la digue et non par l’entrée principale, car une carte d’identité est demandée et pour les parents qui viennent avec leurs enfants, ce n’est pas possible.
Ce salon est organisé avec également l’association « Plumes d’Armor événementiel » dont vous êtes le président
J’ai créé cette association pour pouvoir mette en place des salons particulièrement dans les Côtes d’Armor et en Ille et Vilaine. Se sont donc organisés le salon du livre de Lanvollon dans les côtes d’Armor en accord avec la mairie et le salon de Dinard. Avant de mourir, Solange a demandé à Roselyne Frogé, secrétaire de son association, de perdurer et de continuer à s’occuper du salon de poésie. Mais Roselyne a mis son grain de sel et a changé de titre au profit de « Grain de sable et poésie" car son idée était de faire des lectures de poésie sur la plage. Dans le salon de la poésie à Dinard, on trouve le florilège des poèmes édités tous les ans par ce club "Grain de sable et poésie" avec inscrit florilège n° tant et sur le côté Les Poésiades. Ce sont essentiellement des auteurs de ce club. Ne participent au salon de Dinard que ceux qui ont été édités ou ont édité, y compris ceux qui éditent à compte d’auteur. Chaque année un invité d’honneur est présent et parfois viennent des invités exceptionnels ayant quelque chose de rare à présenter. Cette année ce fut Antoine Lepret dont le premier recueil est illustré par deux jeunes iraniens. L’un était graphiste et l’autre illustrateur. Comme ce sont des iraniens qui ont fui leur pays, j’ai estimé que ça valait le coup de les mettre en valeur… L’invité d’honneur était Mario Urbanet détenteur du prix Senghor en 2015 pour son recueil " Couleur noire", très connu dans le milieu parisien. Il dit des contes dans les écoles, et s’occupe de diriger les enfants vers la poésie.
Il y avait aussi une exposition de peinture de la pastelliste Joëlle Bourielle ! C’est chaque année ainsi ?
Oui avec soit une expo de photos, de tableaux et même des dessins mais de haut niveau. Joëlle Bourielle mérite vraiment d’être connue et reconnue. Pour les expos c’est moi qui décide au final, après en avoir parlé aux gens de l’association. Il paraît que je suis trop sévère et trop strict, mais si j’expose je veux que la qualité soit de mise.. Des lectures de poèmes en intérieur et extérieur ont également lieu. Mais pour cette 4èmeédition, on ne savait pas que se dérouleraient en même temps la fête du quartier Saint-Alexandre, un tri- athlon sur la plage et aussi le forum des associations. Sans compter la pluie qui a fait son apparition. On aurait préféré qu’il y ait un ou deux charters de chinois et japonais…
Pourriez-vous parler de votre maison d’édition
Jusqu’au confinement j’éditais 10 livres par an. Depuis ça a dégringolé mais c’est en train de vouloir redémarrer. Avec l’inflation, le papier a augmenté de 60%. Avant je vendais les livres à 15, 16 euros et , je suis obligé de passer à 20 euros. Il faudrait même passer à 25, 30 euros mais à ce prix là, la poésie ne se vend plus. Tous mes recueils auto-édités ? Oui parce que charité bien ordonnée commence par soi-même. J’ai commencé de cette manière. Mon premier livre s’appelait « Couleurs de vie » et j’ai envoyé mon manuscrit un peu partout. Je n’ai trouvé aucun éditeur et un ami m’a conseillé de lancer ma propre maison d’édition. Il y avait possibilité de le faire lorsque Sarkozy a créé les auto-entrepreneurs et à cette époque aucun ISBN n’était obligatoire tant que l’on ne dépassait pas les 500 exemplaires. Je fais de l’édition participative et actuellement, il m’arrive d’offrir des livres pour que les gens qui veulent éditer aient entre les mains la qualité du livre, du papier, de la mise en page…. Quand j’accepte un livre, je ne l’édite pas à plus de 100 exemplaires. Plus de 100 exemplaires c’est possible de les vendre mais avec une réédition. Le tarif ? Tout dépend du livre, de la couverture et du reste, mais le prix varie entre 900 et 1200 euros. Ensuite c’est à l’auteur de s’occuper de la promotion et de la vente. J’ai des auteurs qui en 3,4 mois ont vendu leurs 100 exemplaires. Une dame de 80 ans a vendu 300 exemplaires en l’espace de 6 mois. Elle était motivée et avait envie de se faire connaître.
Comment voyez-vous l’avenir de la poésie ?
Il existe une recrudescence de la poésie consécutivement à tout ce qui se passe dans le monde actuellement avec la modification des sociétés aussi bien en France qu’ailleurs. Les gens ne sont pas responsables de l’inflation, en ont marre de la violence, de la drogue. Le manque d’humanité de l’autre fait peur. Le monde ne va pas bien et dans ce cas là, la poésie va mieux.
Plus que la littérature ?
Non, mais les gens ont besoin de redécouvrir la poésie parce qu’elle leur fait du bien. Quand vous lisez un texte de Prévert, vous pensez à autre chose. Des images surviennent ainsi que la musique du monde. Prévert était poète, mais il était aussi musicien du mot et rêveur des mots….
Agnès Figueras-Lenattier
Poème de Xavier Pierre en rapport avec la maltraitance d'enfants :
Magiciens de l'infamie!...
Ne touchez pas à nos enfants trop sages !
Brocanteurs d'illusions, trafiquants d'innocence ;
Faiseurs de mauvais tours de passes en passes,
Que Dieu vous inflige la peine maximum.
Pastel de Joëlle Bourielle qui a exposé au salon de poésie 2024 à Dinard
19:20 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 15 septembre 2023
Pierre Hamel poète et écrivain
( Illustrations Christine Frago-Frénot)
Né à Cherbourg en 1950, docteur en pharmacie, herboriste, détenteur d’une licence de lettres, section philosophie, poète et écrivain polygraphe, l'œuvre de Pierre Hamel est plutôt diverse et centrée sur la poésie. « Écrivain pas comme les autres » pour Pierre Béarn, il aime manipuler la langue, jouer avec les images, inventer des tournures. Lauréat de l’Académie française et de la Société des Gens de Lettres, il est l’auteur d’une vingtaine de livres. Détenteur d’une licence ès lettres, section philosophie, il a à son actif neuf recueils de poèmes au style bien défini et où l'humour incisif est parfois bien présent. Parmi eux, Mosaïque d’un poulet sans tête, suivi de Poèmes d’un baby-boomer, est un ensemble de sonnets en octosyllabes ayant pour thème les changements de société. Les pierres du musoir est un recueil de poésies classiques en alexandrins d’inspiration nostalgique dans lequel il’évoque Paris, Cherbourg et Conflans-Sainte-Honorine, ville où il a tenu une pharmacie pendant trente ans. Le baladin des astres morts est un recueil en poésie libre centré sur la vie dans le métro parisien, avant et pendant la période du Covid.
Poème tiré du recueil « Les pierres du musoir » :
Le vieil herboriste
Hier à la même heure il n’était pas grand-chose ;
En retraite à présent, il n’est quasiment rien.
De chaque herbe ou racine, il connaissait la dose,
Il pouvait réciter le vrai codex anxien.
Il était guérisseur et savait tout des plantes ;
Les gens venaient de loin lui demander conseil.
Il lisait dans les cœurs leurs brumailles dolentes ;
Ses patients calmés retrouvaient le sommeil.
C’était un des derniers herboristes de France.
Il connaissait les fleurs, les feuilles et les fruits.
A chaque souffreteux, il offrait l’espérance,
L’apaisement des jours et l’extase des nuits.
Il savait rétablir la sveltesse des femmes,
Et faire retrouver aux hommes leur vigueur.
Sous le signe mauvais de belles jusquiames,
Va-t-il être affaibli d'une sourde langueur?
02:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 07 septembre 2023
Rendez-vous théâtre avec l’œil éclairé d’Agnès
« Mes chers enfants »
(photo DR)
« Voir nos enfants vieillir quand on décline, la double peine ». Cette phrase amusante et réaliste qui fait partie du texte écrit par le célèbre réalisateur Jean Marbeuf résume bien l’état d’’esprit et la verve créatrice dans lequel il était au moment de le rédiger.
Interprétées par la naturelle et sensible Annie Duperey, les phrases dignes d’un homme expérimenté retracent sous formes de lettres les confessions d’une mère, d’une grand-mère et également d’une femme veuve. Les idées fourmillent, et le ton est varié passant de la nostalgie à l’impudeur ou encore à la causticité.
Elégante, toujours belle et comme à son habitude affublée de garndes boucles d’oreille, Annie Duperey semble avoir été la muse de l’auteur, tellement le rôle lui va à merveille. Mère de deux enfants, elle se remémore avec tendresse les dimanches où ils venaient lui rendre visite. Le père occupe également une large place et les impressions de la « femme » pointent le bout de leur nez à certains moments.
L’ensemble est vraiment plaisant, et la belle nostalgie qui s’en dégage fait penser à la citation de Victor Hugo « La mélancolie c’est le bonheur d’être triste »…
Agnès Figueras-Lenattier
Plus d’infos : Théâtre du Lucernaire rue Notre Dame des Champs
Métro : Notre Dame des Champs, Vavin
(Photos studio Vanssay)
A noter également au même théâtre la très belle performance de Franck Desmedt qui joue le rôle de Joseph Kessel dans " Kessel la liberté à tout prix. Ce spectacle où l'on voit un comédien à la magnifique voix et à la diction parfaite raconte la vie de cet écrivain, reporter et académicienne auteur notamment de " L'armée des ombres" . Le texte de Mathieu Rannou dévoile un Joseph Kessel ayant traversé les deux guerres mondiales, assisté à la montée et à la chute du nazisme, trinqué avec Edith Piaf et Humphrey Bogart. Il a aussi importé en France les Alcooliques anonymes. La mise en scène est également de Mathieu Rannou et il faut saluer la très belle imitation d'Humphrey Bogart par Franck Desmedt. Bref, un autre délicieux moment.
A.F.L
11:50 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 02 septembre 2023
Poèmes divers
Naissance
Un jour, pourquoi ce jour
La lumière nous est née
Dans cet énorme four
Qu'est l'indéterminé
Alors c'est l'enfance
Période de clémence
Où tout est une danse
Où tout semble immense
Arrive l'ère d'adolescence
Où l'on rêve de transcendance
Mais l'esprit enfourche le chemin de la vérité
Car il découvre ce qu'est l'humanité
Ame noble et pure ne désespère pas
Aime encore, toujours, ne t'arrête pas
L'amour est le chant de la nuit
Et fait de nous de grands amis
Va vers l'amitié, cette joie, cette fulguration
Nage loin des bassesses et des vilénies
Souris, chante, hais l'aversion,
Et tu ne connaîtras plus les terribles avanies
Ne retiens pas ton esprit, laisse le vagabonder
Qu’il pense à l’amour, fruit de la sérénité,
Qu’il écoute ce que le temple dit aux vieux ponts,
`C’est la parole belle et magique : aimons
Profondeur
Profondeur qui es tu, où vas-tu, que veux-tu?
Désires-tu me plonger dans le gouffre, le néantt?
Vas-t’en, ôtes-toi de ma vue, jette toi dans la rue
Je te hais, pars vite, ou je ne verrai plus les ans
Pourquoi vins-tu m’obséder et me ronger l’esprit?
Tu me griffes et je subis ton charme carnassier
Tu vis, tu chatouilles, tu ensorcelles et dans la vie
Tu nous condamnes à ne jamais être rassasié
Vilaine creature, je te hais, tu es si noir
Parmi cet univers de bois, de feux, de guirlands,
Tu portes chaque jour ta robe de tous les soirs
Tu raisonnes comme un clairon et tu es mon guide
Par toi, mon esprit s’enfuit et souffre pour revenir
Il converse avec la supériorité et ne sait plus où
Il e nest, il se fait dévorer et sans cesse banner,
Il n’a plus de force, il est enfoncé dans la boue
Esprit, reviens je ne peux vivre sans toi
Je te supplie de revenir, viens chauffer mon bois,
Ne repars pas dans ce monde où tout se taiit,
Je te possède, tu es à moi pour l’éternité…
Nostalgie
Tout le passé s'enfuit, tout s'oublie si vite
Les souvenirs sont fragiles comme l'étincelle d'une bougie
Au moindre coup de vent ils chancellent et se précipitent
Et quand la porte claque ils s'affadissent et se meurent dans le gris
Le moment présent est une goutte d'eau que l'on doit boire
Avidement et férocement pour oublier la fatidique fuite du temps
Le cercle du bonheur est friable, c'est un véritable échappatoire
Il fau s'y accrocher et mordre à pleines dents
Ne marchons pas à tâtons comme un aveugle vers le bonheur
Roulons, déambulons et franchissons l'infranchissable
Et notre esprit sera souverain après un très dur labeur
Les miasmes seront estompés sous une rafale ineffable
Gloire à toi joie, tout s'oublie si vite, tout
Doux tourbillon, promène-nous dans des sphères extraordinaires
Et que le repos qui trouble notre âme reste à nous
Même durement laisse un peu en paix nos auxiliaires
Souvenir
Souvenir parabole de la vie et du malheur
Tu rends les cœurs fugitifs et tu encercles l'amour
Dans un rayon d'incertitudes et de pleurs
Car tu es l'infini du soleil et fruit du toujours
Souvenir, souvenir, puissance non binaire
Subjectivité repoussée et objectivité démodée
Horizon où tout s'enfuit, où rien n'est similaire
Tu as la joie pour toi et tu vis seulement l'été
Plénitude et repos de l'âme dans ce souvenir
Qui ressuscite après une longue convalescence
Guérite où se noient les blessures et les tirs
Anaphore où plus rien ne viendra troubler les sens
Vase de cristal et de porcelaine au brillant éclat
Où se mire l'ombre de la noblesse et de l'amour
Prison de la fatalité qui ne viendra pas
Chanter ses louanges et crier sa détresse.
Lassitude
La lassitude est la source de la haine, de l'oubli
Tout est noyé dans un océan noir et indomptable
Et rien n'est là pour rallumer la grande bougie
Qui éclaire le bonheur et qui rend affable
L'illusion et le rêve sont des jouets néfastes
Auxquels on s'accroche comme de misérables parias
Et la vague qui nous entoure n'a plus de faste
La porte est close et ne plus dire : elle ria
Tout déambule, tout court et l'on ne peut rien changer
L'apanage de la vie est un cerf volant que l'on voit voler
Et qui s'enfuit comme un homme rejeté, banni par la foule
Comme de grands alizés poussés par l'énorme houle
Illusion je te hais et tu m'obsèdes toujours
Comédie, théâtre, duperie s'entremêlent curieusement
Dans un tourbillon qui font le bonsoir, le bonjour
Et rien n'est plus pernicieux que la changement
L'incompris
Il était beau, cet homme sauvage et distant
Il enduisait son corps d'un baume ennoblissant
Il avait le regard perçant et l'allure omnisciente
C'était un dandy du ciel qui cherchait une porte
C'était l'étranger, le surhomme de tous les siècles
Il venait chercher la vérité sur cette terre si futile
Il venait nous guérir et prêcher son bel oracle
Mais on l'écrasait tellement il nous était hostile
Sa lumière fut écrasée par l'amas des préjugés
Son cœur fut brisé par la haine et le mépris
Son intelligence si belle n'atteignit jamais son apogée
Il voulait la vérité et fut puni : Il fut meurtri
Superficialité
Superficialité qui entoure le monde, miroir du factice
Soleil surnaturel, vase d'artifice et de mensonge
Le chemin qui mène à la franchise et qui enlève tout vice
Est bien loin de cette planète qui n'est qu'une terrible fange
Je hais la fourberie et tout ce qui nuit à la profondeur
La surface est l'ennemi cruel qui ronge la race humaine
Et rien n'est plus facile sans le sérieux labeur
Que le sarcasme si l'on ne sait ce qu'est la haine
L'incertitude, l'ignorance sont les rois du royaume de l'âme
Ils gouvernent avec aisance et portent l'horrible couronne
De la pitié, ils sont fiers, ils se pavanent
Et enlèvent à l'homme tout le fruit de l'aumône
Mendicité qui sous l'amas des préjugés devient vil
N'ai pas honte de déployer tes ailes puissantes
Pauvreté si méprisée, si bannie, gardes ton fil
Et montre à l'opulence comme tu bois et tu chantes
L’Ami
Ami tu as jeté en moi le secret du calme et de la sérénité
Tes yeux clairs et d'une pureté infinie donnent à mon cœur
Une richesse douce et bonne, tu portes en toi l'aménité,
L'amour est entré en moi et je n'ai plus de rancœur
Ton allure désinvolte et noble éclaire mes pensées
Ton visage tendre et frais appelle mes caresses et mes baisers
Tout en toi exige ma tendresse, ami, je t'aime et
Depuis la découverte de tes yeux, je connais la félicité
Tu es l'océan dans lequel je nage et je me noie
Ton regard profond me donne des frissons et des élans
Ineffables de bonheur, ma sensibilité a ouvert son toit
Je suis si bien, bien aimé, je n'entends que ton doux chant
Louange à toi pour toujours, cri de détresse oublié
Haine surannée, mépris hai, ténèbres effacées
Des notions de l'esprit, bouleversement complet
D'une admiration et du désir ardent d'un baiser toujours pensé
Complication
Complication ennemie de l'amitié et de la paix
Et prélude de la violence et de l'agressivité
Tu n'es qu'un fléau pour l'humanité, je te hais
Satanique aimant qui électrifie les passionnés.
Ensorceleur impénitent dévastateur et rongeur
Paravent de l'inconscient et prison de la vérité
Je te méprise et je crie grand malheur
A quiconque voudra s'aventurer à t'estimer
Tu engendres la fatidique et cruelle contradiction`
Qui serpente dans nos cœurs comme une faction
Qui révolte les âmes neutres et prêtes à l'inaction
La brèche ne se colmate pas, elle subit l'évolution.
Amour
Amour ravageur et destructeur de l'inconscient
On lutte avec lui la nuit, le jour on l'oublie
Amour profond, long et patient comme le temps
Rien ne devient plus inconcevable que la vie
Apparence, carapace, divers appâts de l'amour
Souvenir immuable qui hante la maison du cœur
Liaison et conjonction des esprits pour toujours
Ame éprise d'une autre âme, d'une autre heure
Amour régénérateur de l'âme, soleil glacé
Qui refroidit l'amitié, soleil noir de la vie
Séisme qui bouleverse les projets élaborés
Par sa collision d'images et de magie
La vie
Oui, amie te voilà encore dans une nouvelle peau
Encore plus riche, aimant de nouveau la vie
Avec une admiration pour tout ce qui est beau
Ayant envie de tout dire à tes fidèles amis
Tu as soif de tout, de tout connaître
Même l'amour, je dirais surtout cela
Et bien cette merveilleuse chose va naître
Bientôt, il suffit de faire un pas, voilà
Comme tu es belle, toi, la vie, je t'aime
Tu es riche, tu es plein d'éclat et de grandeur
J'ai envie de sonder ta profondeur, emmène
Moi avec toi, au-dessus de tout même de la peur
Tu en as le pouvoir, je le veux, car je t'aime
Tu es ma vraie amie, tu es ma joie
Et même sous les plus grands anathèmes
Je saurai me défendre car j'ai trouvé la foi
Aimer
L'amour est la perle de la vie, le paravent
Derrière lequel se cachent toutes les bassesses
C'est la lumière qui fait de vous un paon
C'est une fontaine qui garde intacte votre jeunesse
L'amour est un prestidigitateur qui nous ensorcelle
On est accroché à des amarres merveilleuses
On bute, on valse parmi les ribambelles
Le naufrage n'est plus qu'une joie ambitieuse
La nature est un miroir, un reflet chaud
Où tout s'entremêle, où tout sourit
L'orage, la tempête sont cachés sous un rideau
De soie, on est protégé par un puissant abri
Amour, fruit magique de la vraie vérité
Entoure-moi pour toujours, reste près de moi
Ténèbres, cruels ennemis, faites preuve d'un peu de pitié
Que le jour s'infiltre et qu'il règne comme un grand roi.
Les saisons corporelles
Qu’il est bon de courir au printemps les jambes légères
De marcher vaillamment l’été comme une berbère
De sentir avidement l’odeur de la rose et du blé
Et de flirter intensément avec l’enivrante liberté
L’hiver, le corps est plus engourdi
Il suffit les affres d’un froid midi
Mais avec quelle joie malgré tout
J’aime tenir une raquette par le bout
Quant à l’automne prisme du physique
Les feuilles colorées me donnent envie
De contempler les belles maniques
Que les boxeurs utilisent à l’infini
Jouissance
La musique coule en moi au gré
Elle m’appelle dans sa douce forêt
Je suis ivre de sa divine présence
Et roucoule tel un pigeon en transe.
Wagner m’emplit de sa litanie
Dvorak me berce à l’infini
Tchaïkovsky me prend la main
Tous ces airs sont mon tocsin
Alma Malher est là apprêtée,
Avec elle, je vieillis joliment bien
Et me sens comme Le Titien
Montant au ciel avec ses mélopées
Famille
Création père, fille, petite fille
C’est ainsi que vit ma famille,
Avec ses bottes et sa charmille,
Dans les flots serrés des écoutilles
Poèmes à jamais sacrés,
De ce trio à jamais chanté,
Où se noie la belle inspiration
Et les dons cumulés de la passion
Mon père, ma fille dans ma hotte
Si joliment versatile et littéraire
Dont les écrits nullement atrabilaires
Se noient dans une belle motte.
Le théâtre et ses charmes
Ecouter une pièce de théâtre
Est comme un albâtre
Qui me fait tourner la tête
Dans un joyeux quartet
Une douce et joyeuse tornade
De mots délicieux emplit la salle
Les comédiens dans une belle sérénade
Ecoutent les conseils de Jacques Lassalle
J’aime l’ambiance semi tamisée
Qui ruisselle dans mon cerveau
Il est comme galvanisé
Dans de multiples cerceaux
Se gaver du chant de Shakespeare
Ou de la joyeuse litanie de Molière
Fait parfois largement sourire
Ou bien c’est parfois le contraire
Qui ignore les bienfaits du théâtre
Et de l’ambiance savoureuse des planches
Est comme un ignorant pâtre
Démuni de l’attrait de ses manches
Que vive l’ensorcelant théâtre
Mais aussi la culture tout court
Que j’aime voir avec amour
En la présence du divin s’ébattre
HOPITAL PSYCHIATRIQUE
Vélo, toi qui m’a tant servi,
Pourquoi me nargues-tu ainsi,
En hôpital psychiatrique c’est défendu
Et il faut t’éloigner de ma vue
Là-bas il faut obéir
Si tel n’est pas le cas,
Le vélo coincé dans une tirelire
M’oblige à subir ton grabat.
Et pourtant tu m’aurais tant servi
A oublier totalement ce salgimondis
Les médecins sont sans pitié
Et pas question d’être amnistié.
Hôpital tu me pourchasses encore
Mais je vais bientôt oublier ton décor
Jamais plus tu ne m’attraperas
Et dans tes filets plus d’appâts…
Ne t’inquiète surtout pas,
Je vais prendre une belle revanche,
Maintenant je suis une pervenche
Libre et oubliant ton magma
Endroit putride, malsain
Qui ronge les cœurs et les mains,
Tu n’es qu’une belle saloperie,
Et ne te veux pas comme mari.
Oui, je préfère pédaler
Que de me retrouver en toi,
Et pas question d’être l’oie
Qui se prive de se rebéller.
Je vais te laisser tuer
Le cerveau des autres
Et m’en aller loin de tes huées
Et sauver les pauvres.
Adieu, adieu, je te hais
Jusqu’au fond des ténèbres,
Je préfère le cheval et son harnais
Et veut carrément t’envoyer paître…
11:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
Gloire à l'écrivain Hermann Hesse
Hermann Hesse extase du corps et de l’esprit, tu reluis en moi comme un aimant sublime. Tu magnifies mon cerveau et mon âme et je te sens tel le puissant messager de l’amour. Comme tes phrases sont belles, limpides et mirifiques. C’est fou l’effet que tu me fais, je t’aime comme tu es, pour moi tu es parfait, cher pâtre du divin. Avec toi, j’ai envie de m’envoler comme une pilote loin de la terre avec ses nuages et ses beautés maritimes et de rouler dans les sphères de la spiritualité et de rêver, de rêver. Tes pensées philosophiques m’élèvent vers les cieux et le parfum qu’émane ton style m’enivre au plus haut point. Avec toi, ma jouissance physique et psychique s’anime et j’ai envie de te prendre dans mes bras, de dessiner ton portrait sur la plage. Tu es mon lupanar de l’esprit, ma bougie, mon diadème. J’ai envie de t’encenser comme le Dieu de la littérature, comme le chantre de la beauté dans un univers pétri de romantisme et de douce sensualité. J’ai encore beaucoup à découvrir de toi, de tes romans, de tes nouvelles et cette perspective me fait tourner la tête, et j’ai envie d’apprendre par cœur des phrases de toi, de les humer, et de m’en gaver jusqu’à l’infini. A cher poète, je te remercie d’exister et de me donner un tel bonheur. J’aime tellement savourer l’atmosphère que tu laisses planer dans mon antre, savourer les limbes de ton psychisme et vivre intensément dans la sensation et l’imaginaire. Désormais, si j’ai le cafard tu seras mon sauveur et avec toi dans mon coeur tout sera toujours beau et jamais noir. Merci de faire fonctionner mes sens à 100% et de les griser autant. En rêve, j’aimerais écrire une thèse sur toi, ta vie et tes œuvres pour encore mieux t’apprécier. Comme une drogue que j’ai envie d’instiller en moi à l’aide de plusieurs piqûres par jour. Je ne te lâcherai plus, et désormais tu m’accompagneras partout comme un frère chéri, comme un ami de toujours fidèle dans l’éternité. Même au ciel, morte, je penserai à toi. Jamais plus, je ne te perdrai de vue, tu me fais trop de bien pour que je te quitte. Grâce à toi, je ne serai plus jamais seule ; c’est beau et c’est beau comme un lien de filiation que jamais rien ne pourra détruire. Tu dépasses même Emile Zola, Tolstoï, Stefan Zweig et pourtant Dieu sait que je les aime. C’est peu dire. Merci d’être aussi génial…
Agnès Figueras-Lenattier
10:10 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : louange, écrivain, hermann hesse
Académie de la Poésie
Chers amis de la Poésie
Comme chaque premier jeudi du mois LES AMIS DE LA POÉSIE A MONTMARTRE
vous invitent à La Crémaillère Place du Tertre Le jeudi 7 Septembre Août à 10 H 00
Nous espérons vous retrouver pour partager un excellent moment de poésie et chansons, de souvenirs.
Je vous accueillerai avec plaisir, avec Brigitte de Morgan et Yves Tarantik.
Bien-sûr il vous faut vous inscrire (très important) pour le déjeuner à la demande du restaurateur afin qu'il prévoie le nombre nécessaire de repas
Inscrivez-vous par mail ou par SMS, par facebook également...
Venez nombreux et faites suivre aux amis
Thierry SAJAT 0688337524
07:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 28 août 2023
Rodolphe Marics
Vers l’âge de 7 ans déjà passionné par le modélisme, , ce pilote photographe a commencé à construire de petites maquettes. Cela lui permettait de se plonger dans ses rêves et de s’imaginer qu’il pilotait des avions. Quelques années plus tard à 15 ans l’âge minimal pour débuter dans le vol libre, il a entrepris une semaine de stage de delta plane au Menez Hom, sur le sommet breton à côté de Douarnenez. Souhaitant par la suite devenir pilote, il n’a pu accéder à ce rêve, à cause d’une myopie à un œil. C’est alors, peut-être par revanche explique t-il qu’il a décidé de devenir photographe. Très passionné par ce métier, il en a même oublié le pilotage pendant un moment. Puis, en 2005, ce désir de jeunesse a resurgi et il s’est de nouveau investi dans la pratique du vol.
Deux ouvrages récents de photos marines magnifiques sur la Bretagne sont aussi à mettre à son actif : . Le 1er d'ailleurs épuisé « Bretagne verticale » paru en 2021 qui a obtenu le Prix du beau livre maritime à Concarneau. Le deuxième en 2023 « Bretagne à ciel ouvert » avec un lancement au Festival des étonnants voyageurs. « Maintenant qu’il a goûté à la joie de publier des livres, il compte bien ne pas en rester là et a d’autres projets dans ce domaine…. « Le livre est pour moi un objet qui me convient, un support idéal et abordable pour diffuser. J’ai réalisé pas mal d’expos depuis une dizaine d’années mais pour rentabiliser, il faut des tarifs commercialement jouables. ». Journaliste à un moment donné de sa vie, le livre lui permet aussi le retour à l’écriture, et de jouer sur l’association avec la photo… «
Vous avez commencé vos premiers vols en delta plane. Pourquoi cet engin là ?
C’était assez accessible niveau budget, mes parents n’ayant pas forcément les ressources financières suffisantes pour que je puisse voler sur des aéroplanes ou autres. Et puis, à l’époque, cela faisait partie de cette tendance lilbériste, celle de la pratique du vol libre. Quelques années plus tard, j’ai repris le parapente en retournant au Menez Hom, mes premières amours. J’ai acquis une autonomie, et j’ai petit à petit commencé à photographier le bord de côte. Par la suite, je me suis rendu compte que cette activité était un peu limitée, et j’ai passé mon brevet de pilote paramoteur dans la catégorie ULM la plus légère, parapente et motorisée. J’ai alors photographié toute la Bretagne et voyagé un peu partout dans le monde. J’ai fait partie d’une association « Les chants photographiques » pas très loin de la Baie du Mont Saint-Michel et me suis occupé de la partie aérienne. Ce fut pour moi le début des expositions itinérantes. Et depuis 2012, j’organise régulièrement des expos dans ce domaine d’observation du littoral. Je suis très attaché à ce qui se passe en Bretagne que j’occupe une partie de l’année.
Et en dehors de la Bretagne qu’avez-vous photographié ?
J’ai beaucoup voyagé au sud du Maroc à plusieurs reprises, au Bénin, en Afrique du Sud, en Inde (Rajasthan) et proposais des sujets à différents magazines, ce qui permettait de financer mes pérégrinations. Une formation ? C’est en partie un travail d’autodidacte. A Paris, entre l’âge de 20 à 30 ans, j’ai vu le plus d’expositions possibles pour me familiariser avec la culture photographique et j’ai été aussi assistant photographe dans un studio de nature morte. On photographiait les produits de luxe, la joaillerie, les bijoux de la place Vendôme, les parfums. C’était intéressant d’un point de vue technique, mais ça ne correspondait pas tellement à mon souhait qui était plutôt de réaliser des reportages. J’ai poursuivi en intégrant l’agence Gamma, et en parallèle j’essayais de constituer un book qui allait me permettre de me présenter en tant que photographe indépendant. A Grenoble, j’ai revu des gens qui volaient, ai repris pied dans le milieu et de retour en Bretagne j’ai décidé de me consacrer davantage à la partie aérienne.
Vous souvenez-vous de vos premiers pas dans cette partie aérienne ?
Oui c’était vers Erquy, un beau site la plage de Saint-Pabu avec un matériel un peu encombrant. J’avais trouvé que les premiers clichés étaient intéressants et porteurs mais je ne savais pas exactement comment j’allais procéder par la suite. Je travaillais à ce moment là sur du négatif, et il fallait que je développe tout ce travail qui demandait plus de temps que maintenant. C’était le tout début avec de gros appareils un peu lourds. Je prenais une dizaine de vues, me reposais, repartais. C’était très artisanal, très expérimental, puis est arrivé le numérique dans les années 2000. J’ai donc appris petit à petit toutes les possibilités de cette nouvelle technique.
Le numérique offre davantage de possibilités ?
Oui surtout au niveau autonomie. On peut réaliser pas mal de prises de vues avec des possibilités de retouches derrière, intervenir sur des clichés pour mieux les équilibrer. C’est plus souple. Actuellement je ne fais pratiquement plus que du numérique, même si j’utilise encore un peu de noir et blanc classique. Ne serait-ce qu’avec un petit robot des années 40 qui possède encore ce côté artisanal englobant cette belle richesse de graines. J’aime bien encore de temps en temps avoir recours à ces techniques anciennes.
Vous avez eu un accident à la colonne vertébrale lors d’un vol en parapente !
Oui, je me suis laissé surprendre par l’environnement. J’ai chuté d’à peu près 7 mètres avec double fracture de la colonne et immobilisation pendant 4 mois. Cela m’a permis un temps de réflexion, j’ai analysé comment je pouvais poursuivre ; ce n’était pas évident. Je me suis vraiment concentré sur l’aspect photographique, cela représentait un prolongement. Voler c’est bien c’est un loisir, un jeu un petit dangereux en l’occurrence, et à partir de ce moment là, je me suis dit qu’il fallait donner un sens à tout cela. Une fois remis d’aplomb, j’ai recommencé à voler. Le 1er vol en parapente était un peu fébrile mais je n’ai pas eu d’appréhension, la passion du vol étant la plus forte. Au bout d’un moment, j’ai encore trouvé mon rayon d’action un peu limité. J’ai recommencé mon rêve de pilote avec des possibilités géographiques plus étendues. Je me suis dirigé vers le vol ULM et en 2019, j’ai pris mes premiers cours de pilotage à Dinard. Ce fut assez rapide avec une partie théorique et une partie pratique. J’avais déjà le théorique pour le paramoteur.
L'achat d'un petit avion
Possédant de nouvelles ailes, j’ai acheté un petit avion. J’avais enfin mon engin qui me permettait de me balader en toute liberté. Depuis, j’ai revendu ce premier appareil pour utiliser un motoplaneur qui donne un rayon encore plus large. Il m’est possible maintenant d’envisager de traverser la France, d’aller à l’étranger. C’est l’avantage de pouvoir planer si on le souhaite, de voler très lentement, 90Kmh, tout étant relatif. Pour les prises de vues souvent je me déplace en cercle, ou je rejoins un lieu de prises de vue. Je vais mettre 45 mn pour aller sur la côté sud, ce qui élargit le rayon d’action. Le silence, puis la possibilité de voler ; d’observer. C’est la plate-forme iidéale pour la photographie.
Lors de la remise en forme après votre accident, vous avez eu recours au QI Qong, Tai-chi. Cela a du vous aider !
Oui à tout niveau. Je pratiquais les arts martiaux quand j’étais ado et cet accident m’a complètement abattu. J’ai eu la chance de rencontrer un enseignant de QI Qong à Rennes ce qui m’a donné la possibilité de travailler sur ma santé. De 2005 à 20009, j’ai pratiqué et j’ai commencé une formation pour enseigner. Cette expérience m’a permis de récupérer plus vite de cet accident. . Mouvements lents, concentration, visualisation ont fait partie de ma convalescence. Je pense d’ailleurs que c’est quelque chose qui va me suivre toute ma vie.
Et pour la photo cela vous aide t-il aussi?
Oui aussi et je fais également de la méditation. Cet exercice permet un recul intérieur, d’observer avec un regard neuf, de trouver certainement un peu plus de calme. Le vol me permet également de m’éloigner du monde, avec un oeil différent de la plupart des pilotes qui voit des choses magnifiques. Je dois habituer mon regard avec un angle peut-être plus précis avec une interprétation interne. Mes photos laissent apparaître une lumière qui va donner une émotion, un graphisme. Les paysages vont faire appel à l’imaginaire. En vol, il existe énormément de tâches à réaliser : le pilotage mais dans ce domaine je suis entraîné ; c’est un peu comme faire des gammes au piano, la radio à gérer, l’aspect photographique. L’ensemble fait que la succession de ces actions se déroule très rapidement ce qui évite de trop réfléchir. Tout ce que j’ai réalisé, ce sont des prises de vues assez spontanées. Après, je fais le tri, avec une association photographique à l’ordinateur.
« La musique me porte » dites-vous !...
J’écoute de la musique en volant avec un casque pour entendre à la fois la radio et écouter en même de la musique en bruit de fond. J’aime bien voler en musique, parfois je me sens comme dans une danse, ça s’accorde bien avec la photo. Une atmosphère riche qui fait swinguer mon cerveau parmi tous ces éléments. Il faut être vigilent en vol et au fur et à mesure que l’on pratique, on va lâcher une part d’attention, sans jamais lâcher totalement, et se concentrer sur une action qui peut être tout simplement le pilotage ou seulement la radio. C’est captivant, toute cette ambiance globale qui s’associe au vol.
La différence entre la prise de vue d’ensemble et le détail ?
J’évolue dans un espace qui me donne la possibilité de me déplacer dans toutes ses dimensions, d’avoir une vision large sur le paysage et en même temps de descendre à basse altitude, et d’utiliser un objectif servant à cadrer les détails dans ce paysage. Je peux jouer avec les nuages, prendre des vues de Saint-Malo. De cette manière, on voit la cité au milieu d’un petit creux de bleu. Le Mont St Michel apparaît au milieu d’un ensemble de stratus ; et des éléments humains peuvent aussi ressortir. Des vues sur les cours d’eau, des formations d’algues. Par exemple,en photographiant une maison, je me suis aperçu qu’une personne se trouvait à l’intérieur, je ne m’en étais pas rendu compte en faisant la photo. On peut ainsi avoir des détails assez précis. Tout dépend du sujet, j’adapte. Je descends rarement en dessous des 150m, avec une altitude moyenne de 300m, et plusieurs objectifs. D’abord une vue assez globale et en même temps du détail avec un petit télé objectif.
L’harmonie des couleurs doit être intéressante à peaufiner !
Oui, et tout est présent en fait, tout est dans l’harmonie. Il suffit d’ouvrir puis de capter selon certaines heures du jour. Les belles lumières le matin ou les lumières du couchant. Dans la journée la côte d’émeraude et ses magnifiques nuances. Des ombres peuvent surgir avec les nuages, tout cela forme un ensemble de teintes, un kaléidoscope qui sont par essence à la base harmonieux. Après par le biais du cadrage, le choix des lumières, on peut créer des séries dans les bleus, les verts. Avec la terre parfois un peu ocre, des sortes de plantes oranger, des verts du printemps. Les algues vertes notamment ont une couleur quasiment phosphorescente à l’état naturel, une couleur fluo en plein soleil avec cette teinte complémentaire de bleu à proximité ce qui donne une belle harmonie . Cela peut être des nuances de gris. Selon l’heure on a des bleus gris, des bleus vert. Ce sont vraiment des palettes qui s’offrent à nos yeux. Il faut savoir dans ces propositions rechercher une harmonie ou un chant visuel.
Quel est le moment de la journée que vous préférez ?
On a le droit à ½ heure avant le lever du soleil et à une ½ après mais l’hiver on peut avoir des éclairages de nuit qui commencent à se manifester. Un bleu de nuit avec de petites lumières jaunes sur les parties habitées. Ces extrêmes limites du jour sont intéressantes. .Se servir du soleil rasant pour mettre en évidence des ombres. Un relief de paysages, un peu comme une peau, la peau de la terre qui va apparaître avec des douceurs, les pensées de la roche, le sable lisse. Une lumière zénithale quand le soleil est au maximum à la verticale que l’on doit mettre en évidence. On a vraiment de pleines couleurs avec la réflexion des sables sous l’eau, et des contrastes intéressants. Le soir des lumières assez chaleureuses avec des nuages. On voit comme un village dans une sorte de vapeur et selon l’ordre du jour, le traitement des paysages peut être très varié. C’est ça l’intérêt, on découvre sans cesse. Sur ce lieu de côte d’émeraude que j’explore depuis 10 ans, j’ai toujours autant de plaisir à redécouvrir de petits détails mis en évidence par une lumière bien particulière.
Par rapport à vos débuts, en quoi avez-vous progressé ?
Auparavant, j’utilisais des parapentes avec soumission à certaines règles de l’air. Quand on pilote un avion, on doit se conformer à toute une circulation aérienne. Il existe tout un ensemble de paramètres plus techniques et plus précis dont l’entrée dans des CTR, des zones comme à Dinard. Tout un contrôle est mis en place englobant l’aspect radio, les échanges de paroles... Au fur et à mesure, on acquiert avec tous ces vols et ces pratiques des zones contrôlées, cette liberté de photographier dans des régions plus restreintes et de se poser un peu partout. Au cours de ces dix dernières années, il ya donc eu cette progression dans le pilotage avec un sentiment de liberté d’évoluer à ma guise. Cette possibilité de compresser le temps me semble extraordinaire. Ne pas à avoir à subir la route, le stress des embouteillages, un patron.. Les seules règles sont celles des variations de la météo qui vont ou non donner la possibilité de voler. Tempête, trop de vent, pluie. Il faut s’assurer qu’au départ et à l’arrivée, tout sera clair. C’est vraiment une observation qui s’affine avec le temps, avec un espace aérien dans sa globalité, une interprétation même si ça reste relativement approximatif. Un fois qu’on a le brevet, on est pilote mais on n’a pas encore toute cette capacité d’évoluer, de faire de longues navigations. J’ai maintenant le sentiment d’être plus affûté.
" On me dit souvent que mes photos ressemblent à des peintures"
Pour l’aspect photographique, c’est un peu la même chose. Au départ, je n’étais pas photographe aérien mais plutôt de paysages au sol. J’ai commencé par du reportage en noir et blanc, du reportage humaniste en rencontrant les gens, ce que je fais encore de temps en temps. Cette pratique aérienne de plus en plus élaborée, m’a ouvert tout un champ sur la photographie paysagère et une expression assez personnelle, plus la photo aérienne. On me dit souvent que mes photos ressemblent à des peintures et certains se posent des questions. Est-ce une aquarelle ? Cela trouble un peu la lecture, et j’en joue un peu. Mon approche du paysage est plus fine ; l’écriture vient s’ajouter pour donner tout un ensemble : aventure, liberté, ouverture vers l’imaginaire, narration en quelque sorte de petites histoires, des anecdotes, plusieurs pistes pour les lecteurs avec une part de rêve. Voler la nuit ? il faut un équipement spécial adapté, c’est plus coûteux, et dans l’obscurité, on voit moins de choses. .Je n’ai pas encore approfondi la question, mais je pense que ça viendra.
Vous aviez des modèles avant de commencer ?
J’ai recherché tous les photographes qui ont travaillé sur l’aérien. C’est un genre qui date de l’époque de Nadar avec son ballon. Il avait déposé un brevet, un peu les prémices. Le plus connu est Yann Arthus Bertrand qui a été diffusé très largement, mais avant lui d’autres spécialistes notamment un qui m’a beaucoup inspiré Georges Steinmetz, un américain ayant travaillé pour le National Géographic, le reportage d’observation avec de très belles choses. Alex Maclean un autre américain qui a travaillé sur la construction et qui a largement contribué au développement de la photo aérienne m’a bien inspiré également.. Chez les photographes classiques, j’aime bien l’approche de Raymond Depardon, Eugène Smith, Robert Franck un suisse qui a sorti un livre novateur à l’époque » Les Américains », Cartier Bresson toujours indémodable.
Vous avez sorti deux livres « Bretagne vertical, et Bretagne à ciel ouvert ». Pouvez-vous en parler ?
Le premier m’a été proposé par La « Nouvelle Bleue », maison d’édition créée par deux personnes dont Xavier Dubois avec qui j’ai notamment travaillé sur le festival de Mor Braz, « escale photo » dans le Morbihan. C’est un projet que j’avais depuis plusieurs années, comprenant à peu près toutes les photos que j’avais réalisées en une dizaine d’années avec une sélection bien précise. Le second provient d’une rencontre locale avec l’éditeur Christian Fraud de La Cité des Livres ». En voyant le premier, il a été emballé et a émis le souhait de faire ce deuxième livre. Pour la constitution du second, il m’a proposé de faire l’introduction et j’ai repris la plume de mes débuts de journaliste. A l’époque, j’écrivais régulièrement des textes sur mes photos quand je travaillais pour des magazines. Il s’agissait donc de reprendre un peu ce côté autobiographique, puis de le lier avec la façon d’appréhender les photos .
Le deuxième ouvrage et son aspect plus littéraire
Dans ce deuxième ouvrage, j’ouvre un petit peu mon cœur avec cet aspect intimiste. Il constitue une large part d’imaginaire au travers du vol et des photos qui vont trouver une interprétation chez chacun des lecteurs de tous les âges. L’autre jour j’ai eu une petite fille de 7 ans qui s’est arrêtée d’un seul coup devant le stand à Saint-Briac et qui m’a posé de nombreuses questions. Mais ça peut aussi bien être des personnes très âgées, de tout lien social qui vont retrouver une petite part d’enfance, de rêve, d’imaginaire. Pour moi, c’est aussi un aspect de liberté, une occasion de voyager, une façon de raconter et d’observer l’espace littoral, de découvrir une nature sous un angle peu utilisé, de contempler la construction humaine et d’examiner comment tout est installé. La fille de l’éditeur Anne-Cécile Fraud qui travaille aux côtés de son père été très séduite par l’aspect abstrait de certaines photos pouvant permettre d’éditer un livre de photographies d’art. Pour le genre de lecteurs de La cité des livres, au contraire, il fallait des lieux que l’on puisse reconnaître ; un savant mélange. J’ai proposé un lot avec pas mal de pistes qu’ils ont organisé à leurs façons, avec une belle suggestion de chapitres thématiques. Notamment des citations, choisies par l’éditeur et juste le titre des photos. Il a recherché des auteurs classiques aidé par des libraires qui ont un lien avec la Bretagne ou qui sont bretons eux-mêmes. Une autre approche que le précédent avec un aspect plus littéraire.
Comptez-vous réaliser un livre sur vos photos concernant les pays étrangers ?
C’est mon prochain projet et j’en ai d’autres ensuite. J’ai toujours de petits carnets de notes où je peux puiser des éléments que j’ai pu relever, des souvenirs associés aux clichés. En dehors de la Bretagne, je travaille beaucoup en ce moment sur la côte Atlantique, les îles notamment avec le grand boom de l’été, je suis parti sur l’île de Groix. Je n’ai pas pu m’y poser, je me suis posé à Quimper, j’ai pris le bateau pour m’y rendre., je suis ensuite allé sur l’île Dieu et l’année dernière je suis allé à Ouessant.
Voici pour finir deux citations d’u grand photographe Elliott Erwitt dont les photos sont exposées en ce moment au Musée Maillol. Que vous inspirent-elles ?
Première citation : « Mes plus belles photos sont celles que je n’ai pas prises »
Je connaissais cette citation. Effectivement, il m’arrivait parfois de ne pas avoir mon appareil même si c’est assez rare. Parfois aussi, j’utilisais des films donc avant le numérique et cela m’arrivait d’avoir un problème de chargement, ou d’être à la fin de la pellicule. Il existe donc des photos que j’aurais aimé réaliser et que je n’ai pas pu faire. Il peut rester juste des représentations mentales et des observations très fugaces et cette inspiration m’inspire grandement . Cela me fait d’ailleurs penser aux moments rares aussi où l’on sort son appareil et le sujet est passé. Est-ce vraiment une frustration ? Non, cela reste une image mentale que l’on ne peut transmettre par la photo…
Deuxième citation « Je pense que la chose la plus importante que l’on puisse faire, c’est de susciter l’émotion, de faire rire ou pleurer ou les deux."
C’est tout à fait vrai. Personnellement, je trouve plus difficile de faire rire que de faire pleurer. J’aime partager, représenter la beauté du monde et la transmettre; Mes photos sont faites pour émouvoir ou faire appel à l’imaginaire quelle que soit la personne. Aussi bien adultes, enfants, pauvres ou riches. Mon but est de procurer un petit peu de bonheur à chacun, et de faire rêver…
Agnès Figueras-Lenattier
09:55 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livres, photos maritimes, bretagne
vendredi, 25 août 2023
Rendez-vous théâtre
Gustave Eiffel en fer et contre tous
Le théâtre comme l’a conçu l’auteur et en même temps, l’interprète Alexandre Delimoges, trouve ici sa vraie mission : divertir et en même temps instruire. C’est ainsi qu’avec cette pièce, on apprend beaucoup sur Gustave Eiffel bourreau de travail, de son vrai nom Bonickhausen, le constructeur de cette tour haute de plus de 1000 pieds. Inspiré de l’idée de deux de ses ingénieurs, et après avoir convaincu le gouvernement, Il financera le projet aux trois quarts. Il fera notamment preuve d’une belle persévérance puisque malgré la forte hostilité de personnalités éminentes comme Alexandre Dumas fils, François Coppée, Leconte de Lisle… , de la presse et des riverains du Champ de Mars , il n’hésitera pas à lancer le chantier. Et finalement, une fois le monument achevé pour l’exposition universelle de 1889 , le public sera enchanté, et Gustave Eiffel rentrera dans ses frais dès la première année. Parmi quelques détracteurs, on peut citer certaines citations dont l’une amusante de Guy de Maupassant répondant à un journaliste alors qu’il déjeune dans l’un des restaurants de la tour : « C’est le seul endroit de la ville où je ne la vois pas. » Verlaine parle d’un squelette de beffroi…. Mais la Tour Eiffel en enthousiasme aussi d’autres comme Roland Barthes : « Symbole universel de Paris, elle est partout sur la terre où Paris doit être énoncé en image. « Ou une encore : « Je pense que la tour est devenue une des merveilles du monde. Pour l’avoir aimée et pour le plaisir qu’elle m’a donné, je ne trouve pas de mérite de lui avoir donné depuis 1910 de multiples formes de mon amour. « Gustave Eiffel lui-même ironisera « Je vais être jaloux de cette tour. Elle est plus célèbre que moi… »
Alexandre Delimoges aime son sujet. Cela se sent dans son regard, dans son sourire et il nous fait partager ses émotions de manière sympathique et naturelle. Il nous éclaire sur un personnage dont finalement on connaît assez peu l’histoire. Celui-ci sera d’ailleurs « abîmé » par le scandale de Panama mais restons sur la tour Eiffel avec un acteur original dans sa manière quelque peu humoristique et originale de dire au revoir au public.
Rendez-vous donc au Lucernaire tous les soirs sauf dimanche et lundi à 20h. Dimanche à 17H.
Agnès Figueras-Lenattier
11:50 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 19 août 2023
La légende du Saint-Buveur DVD paru chez Carlotta film
Beau film sorti en 1988 d’Ermano Olmi cinéaste italien d’après une nouvelle de l’écrivain austro-hongrois Joseph Roth et sur une musique d’Igor Stravinski.
Andréas Karkas qui vit sous les ponts rencontre un homme attendri par l’histoire de Sainte Thérèse de Lisieux qui a décidé d’aider les plus démunis. Celui-ci lui donne de l’argent et il décide de le rendre et de le déposer à l’église Sainte-Marie des Batignolles. Y parviendra t-il? Une question qui alimente le suspens...
La caméra se déplace habilement, et l’on observe avec beaucoup d’intérêt grâce à l’histoire bien menée, au jeu de l’acteur Rutzer Hauer de surcroît bel homme, aux éclairages parfois dignes des tableaux de Vermeer comment ce clochard utilise cet argent notamment en s’offrant pas mal d’alcool. D’un côté, il vit la grande vie, avec des costumes élégants, fréquentant des endroits chics, et d’un autre il épouse la condition d’un miséreux. Ce contraste possède un côté qui interpelle savamment, et rappelle l’ambivalence qui fait à la fois le sel et la difficulté de la vie et des rapports entre les êtres humains. Quant à la musique et l’esthétique elles s’entremêlent harmonieusement et les sens sont comblés.
Bref, un film à voir qui réunit beaucoup d’éléments intéressants et qui permet d’avoir un aperçu du travail d’un réalisateur récompensé en 2008 par un « Lion d’or » pour la carrière à la Mostra de Venise… …
Agnès Figueras-Lenattier
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mercredi, 26 juillet 2023
" La maison du lac"
Cette comédie d'Ernest Thomson écrite en 1977, se joue actuellement à Dinard dans la salle Stéphane Bouttet. C'est la Compagnie " Les Feux de l'harmattan" avec comme metteur en scène Marie-hélène Janin qui a pris cette initiative et qui réussit avec brio à mettre en valeur la fine analyse des personnages utilisée par l'auteur . Dans un joli décor, on voit évoluer un couple ensemble depuis longtemps se servant de la tendresse et d'une patience bienveillante pour affronter la maladie. Autres sujets abordés avec profondeur et psychologie : les rapports mère fille, père fille et les liens qui deviennent plus serrés entre le grand-père et le petit fils. L'harmonie est là, laissant une impression d'un spectacle apaisant et agréable.
5 représentations sont au programme au mois d'août : Mardi 1er, 22, jeudi 10, 17 et 24.
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