dimanche, 12 juin 2005
Une pension de famille dans le 14e : un projet associatif qui crée du lien
Les pensions de famille représentent un type d'habitat alternatif intéressant pour les exclus. Elles offrent un logement durable à des personnes en difficulté n'ayant pas accès à un logement autonome classique. De taille humaine, elles visent à diversifier les formes de logement en proposant un cadre semi-collectif chaleureux et convivial à des personnes adultes, seules ou en couple, aux parcours variés et de tous âges.
Aujourd'hui, une cinquantaine de structures de ce type existe en France, dont plusieurs en région parisienne. Leur statut juridique est celui d'une " Maison relais ". Plusieurs principes fondamentaux permettent de saisir l'esprit de ces structures :
- l'existence d'espaces collectifs, à côté des espaces locatifs privés
- l'organisation de moments conviviaux, à l'heure des repas par exemple
- le souci de la mixité, socio-culturelle et générationnelle, de la population hébergée
- l'intégration et l'ouverture de la pension de famille sur le quartier
- le personnel est garant du projet social, basé sur l'échange, la présence, la convivialité
Aujourd'hui, dans le 14e arrondissement, il est envisagé de créer une pension de famille dans le quartier Pernety-Plaisance. Elle s'adressera à des personnes disposant de ressources modestes, ayant connu des parcours difficiles et souffrant d'isolement social. Elle leur offrira l'accès durable à un type de logement plus convivial que les HLM, du fait de la présence permanente d'un hôte ou couple d'hôtes et d'espaces collectifs intégrés dans la maison. Elle accueillera aussi, en veillant à l'équilibre entre les différentes populations et leurs parcours, des personnes en grande errance sans pour autant être un lieu spécialisé.
L'association " Pension de famille à Bauer-Thermopyles-Plaisance " a été créée en 2003. L'ouverture de la pension de famille est prévue pour 2006.
Toute personne intéressée par ce projet, ou souhaitant s'impliquer dans la vie de la maison ou de l'association, est bienvenue dès maintenant.
Camille
Plus d'info :
+ Le site officiel de l'association une pension de famille à Bauer-Thermopyles-Plaisance.
+ Par mail : pensiondefamille.14e@free.fr.
+ Par téléphone - Sabine Bröhl - 06 24 26 28 59.
+ Et à l'ancienne, pour ceux qui aiment le papier et l'encre : Association "Pension de famille Bauer-Thermopyles-Plaisance" - 30, rue Didot - 75014 Paris.
07:00 Publié dans 14e arrondissement, 14e solidaire, Logement, Pernety Plaisance, Vie Citoyenne | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Paris 14e arrondissement
Commentaires
Pension de Famille Paris 14e est un exemple à suivre et à méditer.
Je ne puis que me réjouir. L'ambiance en dit long. L'action est des plus nobles.Comment pourrait-on ne pas y adhérer corps et âme ?
Saïd ALMI
Écrit par : ALMI Saïd | dimanche, 18 septembre 2005
Un exemple à méditer : l’association « Pension de famille à Bauer-Thermopyles-Plaisance » (Paris 14è)
« Si nous voulons sauvegarder la nature, commençons par protéger les êtres humains : ils font partie de la biodiversité ». Wangari Muta Maathai, Prix Nobel de la Paix 2004. Courrier de l’Unesco, décembre. 1999.
En matière d’énergie, les qualificatifs sont, à la mesure des débats en la matière aujourd’hui, légion : fossiles, nucléaires, renouvelables (végétale, solaire, géothermique, hydraulique, éolienne…). Etymologiquement, le mot énergie (du grec energeia) désigne une « force en action », (energein : agir, lui-même dérivé de ergon : travail). Or, par un curieux détournement de sens, à l’action, force ou mouvement qu’elle dénote, la notion désigne de mieux en mieux les « matières »-sources, premières ou transformées, elle-mêmes. Cette conception moderne de l’énergie est récente. Elle date du milieu du XIXè siècle. Avec le développement de la physique moderne, la frontière entre matière et énergie est abolie ; tout est énergie.
Dans le milieu rural, il est aujourd’hui, dans l’ordre de la promotion des énergies dites renouvelables, question d’énergie animale (traction, portage…). Mais en ville ? Creuset de coexistences et de rencontres, l’espace urbain favorise la production et la circulation d’un autre type d’énergie : l’énergie humaine. Endogène parce qu’étroitement lié à la vie urbaine, le travail dit « social » en faveur des plus démunis en est précisément une. L’action de l’association Pension de famille à Bauer-Thermopyles-Plaisance dans le 14è arrondissement de Paris, nous en offre une illustration d’autant plus significative qu’elle s’inscrit dans le registre du bénévolat. Créée en novembre 2003, Pension de famille œuvre actuellement à la réalisation dans le quartier Pernety-Plaisance d’un immeuble d’ «habitat alternatif » pour les plus défavorisés. Certes, une cinquantaine de structures ayant un statut juridique analogue, qui est celui de « maison-relais », existent déjà à travers la France, mais leur création relève à chaque fois du parcours du combattant.
Confrontés à une logique implacable d’aménagement urbain, dissuasive envers les plus démunis - fermeture progressive des espaces communs par la généralisation des digicodes, développement de la vidéosurveillance … - (1), ces derniers disposent de moins en moins d’espaces interstitiels, (« espaces du possible » dirait le paysagiste Gilles Clément), susceptibles de leur servir de refuge. Consciente de cette réalité critique, Pension de famille se mobilise. Elle cherche à protéger les exclus en récusant les solutions provisoires et en s’employant à réunir toutes les conditions susceptibles de conférer à son projet un caractère « durable », dans le double sens du terme. Car, synthèse entre la protection de l'environnement et le bien-être économique et social des peuples, le « développement durable », autre étendard à la mode, est pris ici à la lettre. Le projet architectural lui-même autant que son insertion dans le tissu urbain du quartier observent un grand souci de mixité et d’autonomie à la fois tout en veillant aux règles fondamentales de l’écologie.
L’action de l’association est d’autant plus courageuse qu’elle est risquée : la loi punit en effet sévèrement toute personne venant en aide à des étrangers en situation irrégulière (Article 21 de l'ordonnance du 2 novembre 1945, toujours en vigueur). Or, au sein de la population visée, il est souvent quelques individus ou familles en situation administrative incertaine. A la philanthropie il est généralement reproché une certaine confusion entre aide et contrôle social. A Pension de famille, il n’en est précisément rien. Dans cette association se côtoient des « militants » et des bénévoles de toutes confessions, convictions et origines et de tout âge. Qu’importent en effet les considérations à caractère idéologique devant l’urgence et la gravité de la situation ? (2)
Bien mieux, au-delà de son intervention ciblée sur l’immeuble en question, Pension de famille tente au travers d’une autre association (Udé, Urbanisme et démocratie 14ème) dont elle est issue, de créer un climat favorable au développement d’une solidarité de quartier qui tranche avec l’égoïsme et le repli sur soi, caractéristiques de la vie urbaine contemporaine dont les « gated communities » constituent la quintessence dans la périphérie de certaines villes.
Bref, l’action de Pension de famille est digne d’intérêt et de considération.
C’est pourquoi son exemple nourrira vraisemblablement les discussions d’un colloque organisé par la revue Urbanissimo et prévu pour le mois de mai prochain au Centre de l’Université de Chicago (Paris 13è) autour d’un ouvrage paru récemment. (3). Car la rencontre abordera des questions aussi controversées que celles de l’exclusion ou marginalisation économique et sociale en milieu urbain, les solidarités naissantes, institutionnelles ou improvisées, et le retrait de certaines couches de la population et leur repli sur l’entre-soi.
Elle rassemblera, élus, praticiens, chercheurs, travailleurs sociaux, bénévoles, militants et étudiants sensibles à la question de la précarité urbaine et ses conséquences d’une part, et au développement de l’individuation et son cortège de systèmes d’exclusion : multiplication d’interphones et de digicodes, de vidéo-surveillance… d’autre part.
En effet, si parmi les observateurs aujourd’hui les uns s’attachent à la démonstration de l’inanité de certains préjugés ou critiques à l’égard de l’habitat pavillonnaire en périphéries urbaines, d’autres, au contraire, dénoncent les modes ségrégatifs d’organisation dissuasive et sécuritaire des espaces urbains ou pointent les injustices sociales inhérentes au libéralisme triomphant.
A un moment où il est plus que jamais question de brassage social, de mixité urbaine et de solidarité, et où l’étalement du tissu urbain prend une dimension sans précédent, nous assistons, impuissants, à une décomposition-recomposition sociale et spatiale que nous révèlent deux indicateurs flagrants : la précarité et l’individuation, si marquées qu’elles convoquent des pendants : réseaux d’entraide et de sociabilité dans les quartiers. C’est toute cette dualité, ou ambivalence, caractéristique des « villes » aujourd’hui qui sera débattue sans concession.
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(1) Cf. Daniel Terrolle « La ville dissuasive : l’envers de la solidarité avec les SDF », Espaces et sociétés, n° 116-117, 2004.
(2) Cf. Michel Falise : Combattre les exclusions. Aux sources de nos engagements, (Ed. Chronique Sociale), 2004.
(3) Eric Charmes : La vie périurbaine face à la menace des gated communities, (Paris, L’Harmattan), 2005.
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Suggestions de lecture : Christopher Alexander : Une expérience d’urbanisme démocratique, (Paris, Ed. du Seuil), 1976, 176 p. Brigitte Camdessus : La spirale ascendante. Faire reculer l’exclusion, (Paris, Desclée de Brouwer), 2002, 232 p. Henri Coing : Rénovation urbaine et changement social (L’îlot n° 4, Paris 13è), (Paris, les éditions ouvrières), 1966, 304 p. Albert Cossery : Mendiants et orgueilleux, (Paris, Gallimard, Coll. Folio), 1979, 249 p. Michel Falise : Combattre les exclusions. Aux sources de nos engagements, (Ed. Chronique Sociale), 2004, 167 p. Arlette Farge et alii : Sans visages. L’impossible regard sur le pauvre, (Paris, Bayard), 2004, 272 p. Jacques Guillou, Louis Moreau de Bellaing : Figures de l’exclusion, (Paris, L’Harmattan), 2003, 259 p. Bernard Haumont et Alain Morel (dir.) : La société des voisins. Partager un habitat collectif, (Paris, Maison des sciences de l'homme, Coll. Ethnologie de la France, Cahier 21), 2005. 360 p. Patrick Pelège : Hébergement et réinsertion sociale, (Paris, Erès), 2004, 278 p. Collectif Habitat alternatif social : L’insertion durable. Pratiques et conceptions, (Paris, L’Harmattan), 2002, 185 p. Périodiques : - Espaces et sociétés, n° 116/117, 2004, « Habiter sans logis » - Lien social et politiques (Montréal) (revue franco-canadienne) - Lien social (Toulouse)
Saïd ALMI
Docteur en Urbanisme & Aménagement. Chercheur associé au laboratoire TMU. Membre du Comité technique des Assises nationales de l’Energie. Membre du Comité de rédaction de la revue Urbanissimo (Triel sur Seine) Correspondant scientifique de la revue Vies de Villes (Alger).
Écrit par : Saïd ALMI | vendredi, 20 janvier 2006
Pourquoi en 4 exemplaires ? Et cette tartine de références, cette lourdeur, ne sont-elles pas un chouïa pré-électorales ?
Et pourquoi ne pas dire clairement que les SDF sans ressources n'ont pas accès aux pensions de famille ? Qu'ils resteront des exclus parmi les exclus.
Écrit par : Claudine Ch. | vendredi, 20 janvier 2006
...Pour info, le message de Saïd avait été posté en 4 exemplaires identiques. Nous n'en avons laissé qu'un.
Écrit par : Pierre Vallet | vendredi, 20 janvier 2006
Madame Claudine Ch.,
D’abord, je ne suis candidat à aucune élection, quelle qu’elle soit. Ensuite, le fait d’avoir posté mon « papier » à quatre reprises ne s’explique que par des raisons purement techniques qui m’échappent. Enfin que les SDF sans ressources n’aient pas accès aux pensions de famille est sûrement une réalité, mais que j’ignorais. Preuve s’il en est que le dialogue est bénéfique. C’est précisément ce à quoi j’appelle, en toute modestie, mais avec réalisme (1), malgré, ou plutôt à la faveur de, l’apparence « tartine », comme vous le dites, de ma contribution, sans doute à juste titre.
Cordialement.
(1) Car s’il pouvait en être autrement, cela se saurait. Aucune utopie n’a, malheureusement, fait, jusqu'à présent, ses preuves. Et Pension de famille oeuvre dans l'urgent-immédiat.
Écrit par : Saïd ALMI | samedi, 21 janvier 2006
Si vous l'aviez demandé à Sabine, Sabine Brohl, vous auriez su que les SDF sans ressources n'avaient pas accès aux pensions de famille. Vous savez au moins qu'elle est responsable de cette pension de famille Bauer-Thermopyle, Sabine ? Ou je vous l'apprends aussi ? Ah, ces urbanistes de colloques !... ma bonne dame.
Écrit par : Claudine | dimanche, 22 janvier 2006
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