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vendredi, 01 juillet 2005

Ferme Tombe-Issoire et Carrières de Port-Mahon : de nouvelles menaces sur le site ? (1/3)

Depuis plus de 3 ans, le Collectif de Port-Mahon se bat pour la sauvegarde du Monument historique sis au 26-30 rue de la Tombe-Issoire. Paris14.info fait le point avec Thomas Dufresne, Président du Collectif, sur les nouvelles menaces qui pèsent sur le site.

Episode 1 : un constat d'insalubrité contestable

Paris14.info : Vous venez de remporter une victoire juridique importante. Une opération immobilière est-elle toujours possible sur le site du 26-30 rue de la Tombe-Issoire ?

Thomas Dufresne : Le 9 juin 2005, le Tribunal Administratif a considéré que la technique de réhabilitation choisie par le promoteur n'a jamais été expérimentée, que les risques qu'elle comporte n'ont pas été étudiés. Dès lors le Tribunal note que ces risques constituent pour le monument historique « une menace de dénaturation définitive », c’est-à-dire d’éclatement et d’effondrement.

Dans la foulée, le Tribunal administratif a rejeté toutes les demandes du promoteur et confirmé le refus du permis de construire.

Ce jugement, sur le fond, condamne le principe même de fondations d’immeubles modernes dans le monument historique souterrain. C'est donc tout permis de construire et même toute réhabilitation lourde qui sont ainsi proscrits puisqu’un permis de construire impose de telles fondations.

P14 : La Ferme de Montsouris et les Carrières de Port-Mahon sont-elles sauvées ?

T. D. : Hélas, non, puisque des événements nouveaux ont redonné de l’espoir au promoteur…

P14 :Quels sont ces événements ?

T. D. : D’une part,le promoteur a encore déposé deux nouveaux permis …de démolir cette fois-ci. L’Hôtel de Ville doit lui répondre. S’il ne le fait pas, les permis seront tacitement accordés. Nous attendons donc de la Mairie de Paris qu’elle les refuse avant qu’il ne soit trop tard.

D’autre part, la Direction du Logement et de l'Habitat de la Ville de Paris, service qui dépend de Jean-Yves Mano, adjoint au maire de Paris chargé du logement, vient de faire réaliser un constat d'insalubrité du site. C’est une énorme bévue car 80 personnes, parmi lesquelles des enfants en bas âge et une femme enceinte, risquent maintenant d’être expulsées et mises à la rue.

P14 : Comment en est-on arrivé là ?

T. D. : Les inspecteurs des services de Jean-Yves Mano, venus sur place pour réaliser ce rapport, n’ont pas caché à leurs divers interlocuteurs qu'ils étaient là pour déclarer l'insalubrité irrémédiable, dans le seul but d'appliquer la loi Vivien. Jean-Paul Millet, adjoint au maire du 14e chargé du logement, est venu à l’une des dernières réunions de notre Collectif pour nous le confirmer. Il a même annoncé que cela serait discuté dès le prochain Conseil de Paris.

On peut s’étonner, car cette loi Vivien est destinée à raser des bidonvilles et non à protéger un patrimoine parisien.

En outre, curieusement, ce rapport d’insalubrité des services de Jean-Yves Mano est plus alarmiste que les constats réalisés par le promoteur lui-même qui pourtant cherche à en expulser tous les occupants et à démolir les bâtiments.

P14 : Pouvez-vous nous dire ce qu’il y a dans ce rapport ?

T. D. : Il faut d’abord préciser que l’insalubrité irrémédiable est avérée à partir d'un coefficient de 0,40 et elle n'existe pas à 0,30. Or, le rapport en question plafonne avec un coefficient de 0,33 sur la fiche d'évaluation (1).

De plus, dans ce rapport, on relève des singularités, comme par exemple :
- On oublie que tout le réseau électrique a été refait et mis aux normes en 1995, à grands frais, au moment de la réquisition de l'immeuble par la Mairie de Paris (2).
- Le plomb (dont le diagnostic par la Préfecture est actuellement toujours en cours) est coté à la valeur maximale, sur la foi du diagnostic du promoteur...
- Les conséquences de l'édification, par le promoteur et sans aucune autorisation administrative en juillet 2004 d'un portail métallique qui condamne l'accès à la cour, augmente le total de 7 points – ce sont donc des travaux menés par le promoteur qui le font basculer administrativement dans l’insalubrité !
- Enfin, le seul fait irrémédiable pointé est le bruit du RER et de la circulation automobile, on frise le ridicule.

Au vu de ces éléments, on ne peut que se poser des questions.

Mais, il y a plus grave encore, l’auteur de ce rapport et le cabinet de Jean-Yves Mano, lui-même, nous ont confié que l’insalubrité avait été exagérée dans le but d’exproprier le promoteur et de réaliser une opération d’urbanisme au profit de la Ville...

Propos recueillis par Pierre Vallet

(1) Un ou deux points peuvent avoir un impact important. Le rapport donne une note de 36 points sur une échelle de 108. 32 points correspondent à 0,30 et 43 à 0,40.
(2) "48 logements ont été réquisitionnés au 93, rue Saint-Dominique (7e) et au 26, rue de la Tombe-Issoire (14e) à la demande du Maire de Paris, sur arrêtés préfectoraux des 25 et 27 janvier 1995. Ces logements ont été livrés au mois de mai 1995, après la réalisation de travaux à hauteur de 4,5 millions de francs." cf. lien recommandé.

Plus d’info :
+ Les 80 squatteurs sont présents sur le site depuis décembre 2002.
+ Pour prendre un peu de recul, notre fil d'actu "Ferme Montsouris".
+ ...Le site officiel du Collectif.
+ Demain, suite de notre entretien avec Thomas Dufresne.




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