mardi, 09 septembre 2008
Logement social : pour une géographie intelligente
Bertrand Delanoë vient d'écrire à François Fillon. Objet de ce courrier (cliquer ici pour le consulter - format .pdf), demander au Premier Ministre des opérations de conversion d'immeubles appartenant à l'Etat en logement social. La raison de cette demande ? Rétablir une certaine mixité sociale dans deux des arrondissements parisiens les plus déficitaires en matière de logement social (les 3 immeubles cités dans le courrier sont situés dans les 7e et 8e arrondissements).
Et le Maire de Paris de proposer au passage la création d'un comité de suivi des cessions des propriétés de l'Etat et de ses établissements publics.
Dans le XIVe, Pierre Castagnou souhaite quant à lui aller au-delà de ces objectifs. Dans son contrat de mandature, il s'engage ainsi à porter à 25% le taux de logement social de notre arrondissement. Rappelons que la loi SRU donne une obligation d’un pourcentage de 20% de logements sociaux dans les communes de plus de 3 500 habitants à l'horizon 2020.
A Paris, où en sommes-nous ? Au 1er janvier 2007, les logements sociaux représentent 15,4% des résidences principales contre 13,4% au 1er janvier 2001. Pour atteindre les 20%, la capitale doit aujourd'hui mettre en service environ 52 000 logements supplémentaires (source APUR - consulter l'ensemble du document - format .pdf).
Le 14e, avec 15 287 logements soit 21,1%, dépasse déjà les objectifs fixés par la loi.
Louable ou non, l'effort supplémentaire souhaité par notre Maire, Pierre Castagnou, portera essentiellement sur les zones ou le foncier lui permettra de développer de nouveaux programmes. Hélas, l'outil permettant de définir les zones géographiques cibles reste étrangement inadapté et imbécile. Où le Maire du XIVe compte-t-il développer de nouveaux logements sociaux ? Dans le sud de notre arrondissement où le taux dépasse déjà largement les 20% ? Sur le site de Saint-Vincent de Paul ? Boulevard Raspail ? Boulevard Arago ?
Derrière l'intention louable de la mixité sociale, il faut veiller à l'intelligence géographique. Les frontières de nos arrondissements ne sont pas un outil pertinent de mesure. Il conviendrait plutôt de traiter les objectifs de mixité sociale sur des matrices plus fines et ojectives permettant de définir le taux de logement social dans un rayons de 250, 500, 750 m, etc. De tels outils permettraient une mixité sociale intelligente, qui dépasse les incantations électorales, les oppositions légitimes ou illégitimes des riverains en leur proposant des données locales plus précises et un respect de l'équilibre social de leurs quartiers. A travailler avec les outils du cyclope, on perd tout relief. Car la variation du taux local de logement social, outil certes intelligent d'ancrage électoral, reste également le facteur clé du bien-vivre ensemble. Dépasser certains seuils vide ici certains quartiers de ses classes moyennes supérieures - il leur suffit parfois de franchir le périphérique - et constitue là de nouveaux ghettos de riches comme de pauvres puisque les frontières de ces quartiers ne sont pas nécessairement celles de nos arrondissements ou villes. Souhaitons donc que notre Maire, les maires de communes voisines de la Petite Couronne et le gouvernement adoptent une vision en 3 dimensions...
Pierre Vallet
Plus d'info :
+ 44% des communes d’Ile-de-France (83 sur 181) ne respectent pas la loi SRU et son objectif de 20% de logements sociaux pour la période 2005-2007, selon le comité régional de l’habitat. [6] 77 communes sur ces 83 pourraient payer une amende majorée après un arrêté «de carence». La majoration de l'amende à payer dépend de l’écart entre le nombre de logements sociaux effectivement construits et le nombre de logements qui auraient dû l’être.
Parmi les communes les plus hors-la-loi se trouvent Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) (48,8%, soit 378 construits sur 774 demandés), Le Raincy (Seine-Saint-Denis) (26,7%) et Lésigny (Seine-et-Marne).
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