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lundi, 18 avril 2011

Rendez-vous théâtre avec l'oeil éclairé d'Agnès notre critique du XIVè

Le gorille

 

Ce spectacle est tiré d’une nouvelle de Kafka «  Compte rendu à une académie ». C’est l’histoire d’un gorille qui se retrouve enfermé dans une caisse à bord d’un navire en direction de Hambourg. Il doit être exposé au zoo. Mais refusant cette situation, il va finalement trouver la solution pour y échapper : devenir un homme. Après de multiples efforts, il se mettra à parler et se distinguera dans le milieu du music-hall. Puis après avoir obtenu son statut d’homme, il deviendra un riche industriel. Dénigré en tant que singe, il finira à son tour par mépriser les autres. Alexandre Jodorowsky écrivain chilien venu s’installer en France à l’âge de 24 ans, a découvert ce récit lorsqu’il était jeune. Pour lui ce gorille kafkaïen n’est qu’une victime. Il s’explique : «  Il m’a semblé que Kafka ne donnait pas à son singe l’opportunité de s’exprimer, de se révolter, de se réaliser dans la prise de conscience que le bonheur consiste à être ce que l’on est non ce que les autres nous imposent d’être ».. S’inspirant d’un texte selon lui inachevé, il a pourvu le gorille d’un esprit qui finira par s’accomplir et par se rapprocher d’une certaine authenticité. Puisant dans ses souvenirs d’enfant d’émigrés russo-juifs résidant au Chili et rejeté par la société il dépeint un gorille se battant dans un monde qui le méprise à cause de sa différence. Et il en parle de belle manière avec humour et causticité.

Qui pouvait jouer sous sa direction le rôle du singe et faire vivre sur scène une histoire qui le touche de près ? Bien évidemment son fils qu’il a trimbalé d’un pays à l’autre dans son enfance. Et ce duo familial est une véritable réussite. Alexandre le père a appris le mime auprès d’Etienne Decroux et Marcel Marceau. Et cela se voit clairement dans l’interprétation de Brontis le fils qui joue avec son corps et ses gestes de manière remarquable. Son regard aussi est terrible et lorsqu’il expose le déroulement de sa vie, comment il a soudain appris le langage humain, ses difficultés pour serrer une main, son apprentissage du métier du music-hall, c’est vraiment un régal.. Le voilà se racontant déambulant dans les rues, léchant les vitrines, regardant la télévision..Et franchissant avec succès le dernier obstacle : l’amour. Brontis est plein de vivacité et ses gesticulations, son aisance générale se rapprochent quelque peu de la clownerie. Il est drôle et pour ne rien gâcher sa diction est très bonne. De ce fait, le texte de son père en devient encore plus savoureux et piquant. «  Quand dans les derniers jours de répétition explique Alexandre nous avons crée la scène où le singe se révolte enfin, nous nous sommes pris dans les bras pour pleurer en pensant à nos ancêtres, cette longue lignée de tristes mais vaillants gorilles ». Cette confession n’a rien d’étonnant et «  la patte » Jodorowsky ressort ici avec brio et éclat. Un spectacle d’une grande qualité..

Agnès Figueras-Le nattier

Plus d’infos :

 Théâtre Petit Montparnasse 31 rue de la Gaîté

 Métro : Gaité ou Edgar Quinet

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