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lundi, 25 avril 2016

Trois regards sur Modigliani

Trois œuvres de Modigliani, trois écrivains. C'est ainsi que les éditions Invénit (Collection Ekphrasis) à l'occasion de l'exposition sur Modigliani à " La piscine" de Tourcoing ont permis à Colette Nys-Mazure ( " Quand tu aimes il faut partir sur "Maternité" de Modigliani" ), Régis Detambel ( "Louise au vitriol sur " Tête de femme" de Modigliani" ), et Patrick Varetz ( "Modigliani une bonté bleue"), de laisser libre cours à leur imagination en compagnie de ce peintre décédé en 1920.

Colette Nys-Mazure professeur de lettres, conférencière, évoque avec charme la vie du peintre de son enfance jusqu'à sa mort. Elle raconte ses aventures féminines. Se basant sur " Maternité" représentant Jeanne Hébuterne également peintre, portant sur ses genoux le premier enfant qu'elle a eu avec Modigliani, elle parle en détail de l'amour intense qui unissait ces deux artistes. Lorsqu'ils se rencontrent, elle est âgée de 19 ans alors qu'il en 34. Fuyant sa famille pour vivre avec lui, elle se suicidera le lendemain de la mort du peintre enceinte de leur 2ème enfant.

Régine Detambel masseur kinésithérapeute, formatrice en bibliothérapie créative, imagine une liaison entre Louise et ce sculpteur. Elle montre avec acuité la difficile cohabitation entre l'amour et la création. Louise est subjuguée par le physique de ce peintre. Elle parle de sa clarté, de son lumineux visage, de son corps musclé. Elle est profondément jalouse de la tête de femme que va sculpter Modigliani. " Ce matin, j'ai essayé de lui expliquer combien c'est terrible d'imaginer toujours cette pierre entre lui et moi, comme s'il voulait m'empêcher de m'approcher encore de lui. Ce machin, ce truc qui ne ressemble à rien, juste une barrière entre lui et moi. Tu es ridicule de te promener toujours avec cette chose dans les bras et de parler tout seul comme un ivrogne. Je vais la foutre par la fenêtre, tu m'entends.." Et Modigliani de s'exprimer avouant l'impuissance de son amour comparé à son art: " Et puis Louise, je n'ai plus envie d'elle. Je préfère mille fois l'atelier où ma volonté se réveille, où ma vision s'éclaire. A présent, la tête me réclame. Elle veut être protégée comme une blessure. Je la laisse parler, je la goûte pour m'imprégner de sa saveur. Emporté dans une reconnaissance plus sensuelle encore, il m'arrive de la masser. Sa chaleur me gagne sans peine…"

Patrick Varetz pour sa part travaille à Lille. Il a publié trois romans et un recueil de mille poèmes aux éditions P.O.L. Dans son livre, il joue les observateurs et insiste surtout sur le bleu de la vareuse de Moïse Kisling parti combattre dans une Europe en guerre.. Il prend comme prétexte une phrase d'Henri Michaux sur le bleu et va en faire la trame de son récit. " Après plusieurs semaines, le bleu t'encourage à tout abandonner de ton ancienne vie. Tu réclames une ouverture dans le vide obscur de la poitrine, et tu rêves d'y installer en creux cette bonté bleue qui t'obsède. La description des mains de Moïse Kisling est très belle et le style attachant.

Bref, trois livres vendus séparément, qui chacun dans leur style permettent une vision assez originale de l'œuvre de ce peintre mort d'une méningite tuberculeuse.. On se laisse volontiers prendre au jeu de l'imagination de ces trois auteurs…

A noter également si l'on veut encore approfondir ses connaissances sur Modigliani l'intéressant film de Jacques Vichet dans la collection "Les plus grands peintres du monde." L'oeil intelligent du réalisateur ainsi que des conservatrices de musée expliquent en détail la technique du peintre...

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

 

07:19 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : modigliani, livres, dvd

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