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lundi, 11 mai 2020

Boris Cyrulnik, Edgar Morin et le sport

Les éditions du Cherche Midi ont sorti récemment dans la collection " Homo Ludens" deux livres traitant de manière spécifique de sport. L'un " J'aime le sport de petit niveau" du psychiatre Boris Cyrulnik, l'autre " Le sport porte en lui tout le poids de la société" du philosophe Edgar Morin. Les deux bouquins contiennent un avant-propos bien formulé et ensuite pour chaque livre une interview de l'auteur avec des questions judicieuses et souvent assez pointues.

Boris Cyrulnik y répond en se servant de sa spécialité l'éthologie et Edgar Morin par le biais de " la philosophie complexe" ,ne voulant pas aborder le sport uniquement de par son côté négatif.

Pour le premier, dès que la technologie a structuré notre culture, le sport a été utilisé comme un argument idéologique : " Le nazisme en est une illustration magique, autant que le communisme ou le libéralisme. Le sportif de l'Allemagne des années 90 a pour enjeu la démonstration de sa qualité raciale, le Soviétique doit gagner pour prouver que la société communiste produit des sportifs de haut niveau, et le libéral achète une star pour la mettre dans son équipe universitaire afin d'augmenter le nombre d'inscriptions payantes"… En ce qui concerne les animaux  Boris Cyrulnik pense qu'ils sont aussi d'une certaine manière des sportifs car ils ont des rituels et jouent notamment les mammifères. " Un animal respecte des codes comportementaux, non verbaux mais qui signifient quelque chose pour se courtiser jusqu'à danser, s'entraîner, s'entraider". Il parle de fonction proto-sportive…

Ayant pratiqué le rugby, il évoque quelques souvenirs et en profite pour faire une vraie distinction entre le sport de bas niveau impliquant bien-être et plaisir et le sport de haut niveau impliquant souffrance et isolement affectif. Et il termine ainsi : " S'il s'agit d'apprendre à être ensemble et à mieux être, vive le sport. En revanche, si la signification dont on l'investit c'est " Je suis plus fort que vous", je vous domine parce que mon pays a une idéologie supérieure à la vôtre, malheur au sport! …

Edgar Morin qui aime le foot et le rugby, était jusqu'à la guerre, un fanatique de toutes les grandes courses de vélo. Il raconte ses souvenirs du Mondial lors de la victoire de la France. Pour lui, la compétition est une bonne chose si elle est régulée, et qu'elle est dotée en complément, de la communauté et de la solidarité. Il donne son avis sur le dopage, sur la vision qui fait du sport une aliénation, sur les salaires mirobolants des joueurs. " Des joueurs professionnels sont achetés très cher. Ce qui à priori peut sembler scandaleux ne l'est pas tant que ça à priori : de même que la rareté d'un Picasso ou d'un Derain qui justifie leurs prix très élevés, c'est la rareté de la qualité d'un grand joueur qui fait sa valeur marchande…"

Il est intéressant de lire ces deux livres à la suite et de comparer les deux opinions car les deux hommes n'ont pas forcément la même idée du sport. Notamment en ce qui concerne la violence dans le milieu sportif... Que l'on soit d'un avis ou d'un autre; il y a de quoi faire naître un beau débat philosophique…

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

15:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)