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lundi, 07 mars 2022

Erick Monjour

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Erick Monjour artiste peintre est le fondateur d'un mouvement de peinture «  La world painting" qui réunit de nombreux courants artistiques et de ce fait possède comme caractéristique principale la variété.   Les trois bases de peinture d'Erick Monjour sont les pigments, l'acrylique et les peintures fluorescentes. Il travaille par séries et ne s'intéresse pas beaucoup à la représentation humaine... Il a également d'autres cordes à son arc comme l'organisation en septembre 2021 d'un salon du livre africain...


Vous dites que la peinture ne s'apprend pas, mais vous avez quand même fait vos armes à l'école Parson's à Paris et au Curculos de Belles Artes à Madrid. Qu'avez-vous appris?

C'était essentiellement des cours de dessin et aucunement des cours de peinture. Du dessin sur modèle et du dessin de forme. 

 

Vous dessinez toujours avant de peindre?

Non. Souvent, quand j'ai du figuratif à faire, ce que je fais assez peu, je dessine soit à main levée, soit par rétroprojection quand c'est plus simple. Mais cela m'arrive assez rarement de dessiner avant de peindre. J'ai un peu dessiné lorsque je faisais des peintures rupestres. J'aimais bien reprendre  les formes qui avaient été dessinées des milliers d'années avant et me mettre dans la peau du dessinateur de l'époque en créant cette passerelle. Je le faisais à main levée ce qui était intéressant car ça permettait de se rendre compte de la qualité du dessinateur de cette époque. Il travaillait essentiellement sur de la gravure puisque c'était gravé sur des parois ce qui demandait encore un peu plus de technicité. C'était la démarche d'alors mais sinon tout ce que je réalise ne nécessite pas au préalable de travail de crayonnage. Je ne fais pas de perspective, je pars souvent de modèles ou d'inspirations qui n'appellent pas le dessin. J'aime bien en même temps être dans une forme de liberté par rapport à ce que je vais créer et ne pas être lié à un trait de crayon au départ. En effet, c'est souvent de la liberté que naissent des choses un peu plus puissantes. 

 

Vous ne vous prétendez ni un peintre figuratif ni un peintre abstrait!

Je travaille sur des séries avec un certain nombre de thématiques. Celles des journaux, des mandalas, des tableaux rupestres, des codes barres qui est ma signature que j'ai déclinée sur différents supports...

 

Vous ne vous intéressez pas à la représentation humaine. Pour quelle raison?

Parce beaucoup de tableaux ont déja été faits sur ce thème là d'une manière quasiment non reproductible.



Pourquoi? Parce que trop parfaite?

Les Italiens qui ont dessiné au XIIIè, XIVè , XVè avaient une technique vraiment extraordinaire et reproduire leur travail c'est compliqué et demande beaucoup de temps. La représentation humaine implique une forme de rapprochement d'un esthétisme de la représentation pour arriver à donner à des visages des expressions particulières qui n'est pas trop ma tasse de thé. Mon travail artistique n'est pas basé sur ce type de création sauf quand je pars de collages ou autres éléments de ce style. J'interviens en peinture pour rehausser certains traits mais ce n'est pas ce que j'aime faire...

 

En quoi vos origines malgaches ont-elles une influence sur votre peinture?

Ce n'est pas forcément mon origine malgache. C'est plutôt le fait que j'ai vécu en Afrique jusqu'à l'âge de 14 ans, et mon travail a quelque chose qui a trait au voyage. Pas forcément un voyage en Afrique mais un voyage toutes destinations confondues. D'ailleurs, ma peinture s'appelle la " World painting" la peinture du monde. Mes inspirations sont très variées, allant de toute notre histoire picturale européenne, jusqu'à tout ce qui se fait sur les autres continents. Avec des représentations faites en Afrique, en Océanie, en Amérique du Sud. Tout notre héritage non européen qui est important et souvent traité de façon exotique. J'essaye d'intégrer cet ensemble dans une peinture contemporaine en enlevant un petit peu de cet exotisme. De quelle manière? Dans les compositions, le choix des couleurs, les matières. Egalement en contournant un petit peu le principe de représentation dans ses cultures en se l'accaparant, en le transformant. Notamment par l'utilisation de couleurs fluorescentes sur des représentations ou des esthétiques souvent à l'opposé de ce qui a été fait, avec des teintes très caractéristiques, reconnaissables... 

 

Vos mandalas sont inspirés de l'iconographie malgache!

Certains oui car à l'époque où je faisais ces mandalas, je préparais une exposition àTananarive. Je me suis inspiré du travail des artisans qui utilisent le bois à Madagascar dans une région donnée. Ceci pour faire des représentations d'ordre un peu cosmique s'apparentant d'une certaine façon à des mandalas. Mais j'en ai fait d'autres davantage inspirés des mandalas tibétains et qui s'en détachent aussi un petit peu. 

 

Pour vos oeuvres sur papier journal, comment procédez-vous? 

Je choisis un journal, souvent " Libération" pour le format et les photos de la première page. Je détourne ou récupère le visuel présent à cet endroit là et ne travaille que sur cette première page. En général, les oeuvres sont présentées dans cette intégralité là, et c'est tout le journal qui est mis sous cadre. Au départ, c'est né d'une envie de conserver un journal qui représente quelque chose à un moment donné, et de l'immortaliser. Comme la disparition d'un personnage connu avec un beau visuel. Cela peut aussi provenir du choix d'un sujet...

 

D'où vous vient votre inspiration? 

Elle est liée aux séries sur lesquelles on se positionne à un moment donné. Par exemple une série rupestre part souvent d'une recherche iconographique de dessins réalisés dans différents endroits du monde  après les avoir compilés ou organisés.  J'ai fait pas mal de collages à partir de journaux des années 30,40 car j'aimais bien la façon de dessiner de l'époque. Ce côté un peu nostalgique, rétro.  En fonction des périodes l'inspiration surgit. Soit à partir de quelque chose, d'un sujet ou même d'une toile vide.  Il faut essayer de trouver quelque chose de pertinent et tâcher de ne pas faire de redite.  Si je différencie beaucoup mon travail c'est que je n'ai pas envie d'être cantonné à faire toujours la même chose comme une grande partie des peintres. Une fois qu'ils ont trouvé une forme d'expression, ils en restent là. Ca leur permet de vivre. Mais c'est en même temps une satisfaction assez relative car la façon de peintre est toujours un peu similaire. . Et dans ces cas là, on peut la reproduire à l'infini.. Pour ma part, j'aime bien me confronter à la nouveauté. Depuis 2 ans, je fais des toiles sur du raffia, je ne pense pas l'avoir vu ailleurs même si tout a été fait d'une certaine façon. J'ai trouvé quelque chose qui m'intéresse et que je vais décliner. Je vais essayer de pousser un peu pour trouver des choses  à dire avec cette matière et donner une forme de cohérence à ce travail. 

 

Quels sont les pays ou vous avez exposé?

En dehors de la France, Italie, Espagne, Amérique du Sud, Afrique. Un peu en fonction des opportunités. Les expositions que j'essaye d'organiser se font avec des gens que j'apprécie , c'est aussi un peu une aventure.  J'ai par exemple passé 15 jours en Allemagne et c'était intéressant d'observer la vie d'un petit village.  Quand j'ai exposé à Tananarive, c'était interessant aussi  car c'était une expérience que je n'ai pas l'habitude de faire tous les jours. Et puis pendant 5 ans, j'ai travaillé dans des squats artistiques à Paris au sein d'ambiances un peu particulières. Déja quand on squatte un bâtiment on est un peu sous le feu de l'actualité et l'on est susceptible d'être expulsé à tout moment.  D'un autre côté, on est entouré d'artistes avec les mêmes préoccupations que soi ce qui implique une émulation  qui n'est pas souvent présente lorsque l'on travaille dans son atelier.  On est à la fois dans une forme d'insécurité et en même temps on est très libre  car aucune forme d'autorité extérieure ne peut pénétrer, ni la police. Il existe de mauvais penchants mais c'est très intéressant.. Je travaillais pas mal sur les mandalas à l'époque, sur la peinture rupestre, sur des formats de grande taille. C'était l'occasion d'en faire car les ateliers étaient très grands... 

 

Vous faites autre chose que peindre. Vous avez exercé plusieurs jobs et là vous avez organisé le salon du livre africain. La peinture ne vous suffit pas sur le plan équilibre personnel!

La peinture en tant qu'activité principale , il faut d'une part pouvoir en vivre et d'autre part avoir envie de ne faire que ça. Je me suis rendue compte car je peins depuis l'âge de 20 ans que la peinture pouvait avoir des côtés un peu solitaires et ingrats. Que c'était également agréable d'être plongé dans le monde, d'y aller et de revenir à la peinture. On peut se consacrer tout le temps  à la peinture si on n'est pas ouvert aux autres et que l'on est un peu replié sur soi. J'aime bien la vie sociale , et je n'ai pas été programmé pour n'être que peintre. 

 

Vous lisez beaucoup la littérature africaine?

Oui, jai lu un certain nombre de livres évoquant la littérature africaine notamment le livre de Mohamed M Bougar Sarr " La plus secrète des mémoires", prix Goncourt 2021 que j'ai beaucoup aimé. Au salon du livre africain, la première édition il y avait 200 auteurs et une quarantaine d' éditeurs avec tous les genres et aussi des livres pour enfants. La littérature africaine raconte des histoires qui se passent dans ce pays avec une autre façon de vivre et d'autres problématiques.  C'est aussi une langue traitée de façon différente.  Les écrivains n'ont pas le même vécu que les européens.  Il existe des différences dans les histoires racontées et dans la façon de les raconter.  C'est très riche...

Mes souhaits? Essayer de  refaire un deuxième salon du livre africain en mars 2023. Et faire aussi quelques expositions...  

site : worldpainting.com

`Agnès Figueras-Lenattier

 

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