mercredi, 08 mai 2024
LOBOTOMIE
Comme le chantait Serge Reggiani
`pour sa liberté il a perdu des amis
Pour la mienne j’ai vécu l’enfer
Entraînée dans un tourbillon grégaire
J’ai perdu mon honneur
Réduite à néant dans le malheur
`je vivais comme une zombie
`sans pouvoir mettre mes habits
`Le pyjama était de rigueur
Dans un endroit sans coeur
Ou l’humanité est inconnue
Et où l’esclavage pue.
Les médicaments coulaient à flot
`mettant le cerveau dans un tombeau
`lynchant le corps et ses mouvements
L’empêchant de verser son sang
Tou était bloqué, la paralysie
Était là, anesthésiant la vie
`plus question de nature
Mais de la chimie bien mûre
Ah ces psychiatres qui se croient tou permis
Vous volant votre intelligence
`la réduisant en un horrible tamis
Sans trou pour bien anéantir les sens
Ah ce bel endroit qu’est l’hôpital psychiatrique
Avec sa charte à la con
Qui vous donne d’affreux tiques
Au lieu de vous conduire à la guérison
La camisole de force guette
Les rebelles en goguette
`pas question de dire un mot
Ou alors on vous transforme en robot
En robot bien dressé, bien stressé
Qui avance comme une momie
Traînant tout son maudit passé
Sans pouvoir allumer une bougie
La bougie de l’espoir, de la résurrection,
L’espoir de revivre, de s’en sortir
Pas question de cette solution
Tout ce qui est encore sain doit partir
Vous êtes malade, vous êtes condamné
Vous resterez toute votre vie ainsi
c’est la litanie depuis que vous êtes né
Dans cet endroit putride et ranci
L’état de légume est quotidien
Il est votre plus profond lien
Les psychiatres vous étouffent
Pour mieux dormir dans leur pouf
Les médicaments sont leurs précieux jouets
Ils en usent comme d’un fouet
Vous cautérisent, vous immobilisent
Au lieu de plutôt vous faire la bise
Le sadisme est roi, la souffrance plaît
À ces êtres dignes de la conduite de nazis
Qui vous donnent de purulentes plaies
Qui vous dégoûtent du zizi
Plus de sexualité, plus de libido
Les caresses n’ont plus lieu d’être
Les seins font littéralement dodo
Et plus question de parler d’urètre
Les sens sont inconnus là-bas
Ils font partie d’un autre monde
Et même si l’on regarde une mappemonde
Le pays dont on rêve n’est plus là
Et bien messieurs, mesdames
Les infirmiers, les affreux quidams
Je ne crois plus à vos sornettes
Et je vais maintenant faire des dînettes
Les médicaments sont partis de mon estomac
Et même si cela vous indispose
Je préfère m’adresser aux macs
Afin que mon corps revoit la vie en rose
Adieu, adieu terribles bourreaux
Je m’en vais maintenant vers le beau
Plus de dépendance à la chimie
Et retour à la vie et à ses amis
Adieu, adieu les faux anges de la vie…
Agnès Figueras-Lenattier
« Sans érotisme, pas de pensée ». Remy de Gourmont
21:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
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