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samedi, 19 mai 2007

La lettre de Guy Môquet à ses parents

Pour sa première décision en tant que président de la République, Nicolas Sarkozy a souhaité, le 16 mai 2007, que la lettre d'adieu du jeune Guy Môquet soit lue au début de chaque année scolaire à tous les lycéens de France. Nous vous la proposons donc ici pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion.

Petit rappel historique tout d'abord : Son père, député communiste du 17ème arrondissement de Paris est déchu de son mandat en 1940, puis est déporté sous le gouvernement de Vichy dans un camps de concentration français en Algérie. Guy Môquet, son fils alors âgé de 16 ans, décide d'entrer dans les Jeunesses communistes. Arrêté un an plus tard lors d'une distribution clandestine de tracts à Paris, il est emprisonné à Fresnes et à la Santé, puis transféré malgré son acquittement à Clairvaux et enfin au camp de Châteaubriant en Loire-Atlantique. Désigné comme otage par Pucheu, ministre de l'intérieur du gouvernement de Pétain, « pour éviter de laisser fusiller 50 bons Français » en représailles au meurtre d'un officier allemand, le jeune homme sera fusillé le 22 octobre 1941, avec 26 autres prisonniers du camp. Guy Môquet est le plus jeune. Il est abattu à 16h00.

Avant de mourir, il écrit une lettre à ses parents.

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Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé,

Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable, je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.

Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.

17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.

Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage !

Votre Guy qui vous aime.

Guy

Dernières pensées : vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !

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Dan

Plus d'info :
+ Une station de métro parisien et de nombreuses rues portent aujourd'hui son nom.
+ Pierre Pucheu, secrétaire d’État à l’Intérieur du gouvernement de Vichy, sera jugé et fusillé à Alger le 20 mars 1944.
+ A voir aussi le film Section spéciale , film français de 1975 réalisé par Costa-Gavras, qui évoque la création par Pierre Pucheu et le gouvernement de Vichy d'une Cour spéciale pour juger les résistants.