Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 19 février 2005

Chantier du tramway : ça déraille

medium_tramway_travaux_porte_orlea.jpgC'est désormais une histoire fréquente. Sylvie était en scooter, avenue du Général Leclerc à deux pas de la Porte d'Orléans. Elle raconte : "J'étais coincée dans la circulation. Un non-voyant cherchait à traverser. Les passages piétons ayant été déplacés à plusieurs reprises, il était clairement désorienté et a commencé à traverser à 20 mètres des clous. Il a buté sur une pallissade du chantier puis à essayé de la contourner vers la droite. Hélas, il se dirigeait droit vers le milieu du carrefour de la Porte d'Orléans. Pas un piéton n'a cherché à lui venir en aide... Il avait pourtant une canne blanche et ses difficultés étaient évidentes. A deux mètres de lui, il y avait une dame qui traversait tranquillement. Elle avançait, sans se soucier de lui, tout en l'observant partir dans la mauvaise direction. Je peux te dire qu'elle m'a entendu chanter et que plusieurs générations d'ancètres ont du être remués... L'égoïsme des gens n'a vraiment pas de bornes."

Individualisme forcené ou simple bêtise, il est clair que les travaux du tramway [NDLR : cliquer ici pour voir notre diaporama] provoquent de nombreux désagréments. Pour les handicapés visuels qui s'égarent sur le chantier, les enfants qui dépassent à peine des palissades et que les voitures découvrent à la dernière seconde, les personnes âgées ou à mobilité réduite qui butent sur les plaques ou se retrouvent tout simplement bloquées dans leur immeuble, les travaux du tramway sont tout simplement un cauchemar.

Les "équipes de médiateurs" ? Eh bien... Comment couvrir une zone de chantier qui s'étend sur plusieurs kilomètres ? En se promenant ! De long en large, mais bien loin des boutiques. Dè reste, essayez de trouver un commerçant qui ait reçu leur visite...

Dès lors, les "médiateurs" apparaissent très en retrait au regard des besoins. Et, outre l'accompagnement des personnes les plus fragiles, elles semblent ne pas avoir très bien saisi leur mission d'agents intelligents de prévention et de coordination. Combien de commerçants découvrent le matin même que les travaux ne leur permettront pas d'ouvrir de la journée ?!

medium_tramway_travaux_2.jpgAinsi, une sympathique libraire s'est retrouvé avec une pelleteuse en train d'éventrer le trottoir devant son pas de porte un mardi matin ! Dans l'impossibilité de sortir de son magasin ses présentoirs, elle a du se battre pour trouver le nom d'un chef de chantier qui comprenne ses problèmes... Résultat : deux jours complets de chiffre d'affaires perdus, un store endommagé par la bête et des plaques disjointes pour masquer les flaques et la boue devant sa boutique. Il lui faudra maintenant attendre 8 mois pour que l'on pose un peu de bitume devant chez elle.

Un cas isolé ? Pas vraiment. Pour tous les petits commerces des Maréchaux, le coup est rude. Faîtes un sondage express : ils rapportent tous des pertes de 30 à 80% de chiffre d'affaires. Certes, ils peuvent demander des indemnisations, mais ils doivent souvent faire appel à un expert comptable pour remplir le dossier puis attendre 4 à 6 mois pour obtenir les sommes promises. Pendant ce laps de temps, il faut tenir, et la trésorerie voire le fond de caisse sont mis à mal.

Et encore, les indemnisations ne sont pas proposées à tous les commerçants. Les camelots, kiosquiers et autres vendeurs de crêpes (porte d'Orléans par exemple) ne toucheront pas un centime d'indemnités alors qu'ils ont été priés de dégager en attendant la fin des travaux. Et pourquoi se plaindraient-ils ? La Ville est déjà bien gentille de tolérer leur activité, n'est-ce pas ?

Le tramway sera certainement un atout pour les riverains des Maréchaux comme le proclame le dernier numéro du journal édité par la Ville de Paris [NDLR : ils sont gonflés tout de même...]. Enfin, pour ceux qui auront survécu à la requalification du site. D'ici là, si vous souhaitez nous faire part de vos difficultés, faîtes-nous parvenir vos témoignages en cliquant sur le lien "commentaires" ci-après. Vous êtes sur un blog. La parole est ici (courtoise mais) libre. Profitez-en...

A suivre.

Pierre

Plus d'info :
+ Notre fil d'actu tramway.
+ Pour les commerçants qui y ont droit, le dossier d'indemnisation (format .pdf) et sa notice explicative (format .pdf idem) sont disponibles en ligne sur l'espace Pro riverains du site www.tramway.paris.fr, qui est bien joli, joli... Ca a l'air assez simple pour peu qu'on n'ait rien à faire de ses journées et que l'on dispose d'un expert comptable :-(
+ Notre album de photo : "Les travaux du tramway Porte d'Orléans".

Commentaires

Je suis commercial dans une entreprise située à Gentilly, et j'habite rue Gassendi. Je viens de résumer l'enfer. Je ne sais plus quel chemin emprunter pour sortir de cette "prison" quand j'ai RDV hors de Paris. Et quand je dois revenir dans Paris, même problème.

Je ne compte plus le nombre d'accidents sur les boulevard, ou le nombre de voiture qui roulent à contre-sens sur plusieurs mètres avant de se rendre compte que la route à encore changée.

J'oublie les nerfs de tous, pietons et automobilistes (moi compris) qui craquent, et qui maudissent ce tramway qui n'est que source d'ennuis.

Vous parlez d'indemisation pour les commerçants, mais quid des accidentés ??? J'ai aussi oublié de parler des places de stationnement supprimées, des labyrinthes concoctés pour empêcher les voitures de déranger certains élus qui habitent dans certains quartiers, les travaux présents sur au moins 38 sites dans Paris, et qui contribuent à l'enfer.

J'habite depuis 20 ans dans le quartier, et ma femme depuis 41 ans. Je ne rêve que d'une chose, quitter Paris avec mes 4 enfants et ma femme, avant que la plus belle ville du monde ne finisse par être invivable, et tout cela à cause de gens qui ne vivent pas ou qui ne circulent pas dans cette ville...

A moins que les choses ne changent.

Écrit par : Thierry | lundi, 28 février 2005

Je comprends les désagréments temporaires d'une minorité. Personnellement, je vis à Paris depuis plus de 20 ans sans voiture - comme un Parisien sur deux...

La lutte contre la pollution automobile - écrite dans la Constitution - n'est pas entrée encore dans certaines têtes! Le futur tram devra convaincre.

C'est incroyable! Le Parisien ignore les réalisations de San Francisco, de Melbourne... et d'autres villes françaises qui sont des succès.

Écrit par : FAUQUET Dominique | mardi, 01 mars 2005

Vous êtes riverain du chantier du tramway des maréchaux sud, votre point de vue nous interesse... Nous préparons une émission sur France3 IDF sur le tram et son chantier. Commerçants, riverains...merci de me contacter : pascale.manzagol@france3.fr, que vous soyez farouchement opposé au tram ou pas.

Écrit par : pascale manzagol | mercredi, 09 mars 2005

Je suis obligé de reprendre la plume, à cause de certains qui se croient majoritaires.
En effet, j'ai du mal à croire que l'on puisse qualifier de "désagréments temporaires " des travaux qui vont durer au moins trois ans, si toutefois le chantier ne prend pas de retard.
Il est vrai que cela ne représente qu'environs 4 à 5% d'une vie moyenne.

D'autre part, pour ce qui est de la lutte contre la pollution, j'ai une voiture de fonction afin de pouvoir travailler, et fort heureusement, elle est équipée d'une climatisation et d'un filtre. Je plains les gens qui n'en n'ont pas vu les heures entières où je reste bloqué au milieu de centaines d'autres voitures, et tout cela à cause des multiples travaux entammés simultanément dans Paris, y compris ceux du tramway.

Je pense que question pollution depuis le début des travaux, nous sommes servis. Tant pis pour toutes les personnes agées, les enfants, et tous les autres qui auront eu à la subir. Sans doute sont-ils comme moi, "minoritaires" comme le disent certains.
Ou alors peut-être ne sont-ils jamais allés à San francisco ou à Melbourne, comme moi. Si nous l'avions fait, nous aurions compris cette pollution "temporaire".

Pour ma part, je suis allé de nombreuses fois à Strasbourg, ainsi qu'à Nantes ou demeure ma mère, et je crois me souvenir que dans ces deux villes, le tramway, oh miracle, rentre dans leur coeur.

A l'inverse, de celui du maire de paris et de mon interlocuteur tourne autour de paris. De plus il y a des parkings pour les voitures à proximité des stations de tramway en périphérie de la ville de Strasbourg.

Ma tête est ce qu'elle est, mais elle ne fait malheureusement que constater tout cela.
N'oublions pas le coût que représente l'ensemble de ces travaux. J'espère que 2012 sera l'année parisienne pour les JO, sinon gare aux impôts.
Soyons positifs.

C'est incroyable! des Parisiens ne se laissent pas faire.

Écrit par : Thierry | vendredi, 11 mars 2005

Les commentaires sont fermés.