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jeudi, 27 avril 2006

Une expo Joan Colom à la Fondation Henri Cartier-Bresson

medium_joan_colom_les_gens_du_raval_1.jpgVéritable théâtre social, le Raval, quartier de Barcelone également connu sous le nom de « Barrio Chino », a offert à Joan Colom une scène qui lui a permis de réaliser des images désormais emblématiques d’un quartier et d’une époque. Dans ses photographies, la modernité avant-gardiste se mêle intimement à la tradition pessimiste « noire » de l’Espagne franquiste des années 1950.

L’exposition rassemble 85 photographies noir et blanc réalisées entre 1958 et 1961, épreuves d’époque tirées par Colom, et épreuves modernes présentant les images telles qu’il les voit aujourd’hui. Les oeuvres proviennent pour la plupart de Foto Colectania, ainsi que de la collection personnelle de l’auteur et du Musée National d'Art de Catalogne (MNAC). On y découvre un univers peuplé d’âmes vagabondes, de prostituées, d’enfants de la rue, évoqué par Marta Gili dans son medium_joan_colom_les_gens_du_raval_2.jpgessai « Barrio Vencido, Barrio Ganado » (Quartier vaincu, quartier gagné) publié dans le catalogue: "Un lieu d’échanges intimes, négociés en public, et dont les rues étaient un refuge pour les corps et les âmes en errance, se cherchant les uns les autres. Evité par la majorité bien-pensante des citadins dans leur promenade dominicale sur les Ramblas, le Barrio Chino de la Barcelone franquiste évoquait nombre des stéréotypes de l’imaginaire catholique et petit-bourgeois, rattachés à l’enfer : lieu sordide, sombre, malodorant, principalement occupé par des souteneurs, des voleurs et des prostituées. (...)

Pour les enfants barcelonais sous le franquisme, l’imaginaire du Barrio Chino était délimité au Nord par l’interdiction, et au Sud par le châtiment de Dieu. Ainsi, pour les adolescents les plus turbulents, et surtout ceux qui vécurent, comme nous, dans les contradictions du franquisme déclinant, se lancer à la découverte du Raval supposait l’expression d’une résistance contre l’indifférence et la résignation."

La découverte de la photographie

medium_joan_colom_les_gens_du_raval_3.jpgJoan Colom est né à Barcelone en 1921 ; après son service militaire, il devint comptable dans une entreprise jusqu’à sa retraite. C’est à 36 ans qu’il se prit de passion pour la photographie et entra à l’association photographique de Catalogne, où il apprit très vite les rudiments techniques qui allaient l’accompagner dans sa carrière atypique. Peu de temps après, il fit une rencontre déterminante : « J’ai découvert le Barrio Chino en 1958 ; j’ai compris que mon monde était là. J’étais fasciné par sadiversité et sa richesse sociale… Je me suis senti littéralement aspiré par la qualité humaine des personnages ». Tous les week-ends pendant près de trois ans, Colom arpenta les bas-fonds de Barcelone en photographiant sans viser, par discrétion. C’est dans la chambre noire qu’il cherchait ensuite le cadre le plus simple possible avec un souci constant de vérité – rompant ainsi avec la tradition esthétisante des anciens. « Il pressentit que pénétrer et photographier le Barrio Chino était une façon métaphorique de le « gagner » face au regard du reste de la capitale, et de se constituer ainsi un espace de liberté.» (Marta Gili)

On a parfois comparé sa démarche à celle de Walker Evans dans le métro newyorkais : l’honnêteté maximale de la vision, le refus de l’esthétique pictorialiste, recherchant avant tout un réalisme photographique pur ; et, naturellement, à celle de Brassaï - « Paris de nuit » (1932) ou « Voluptés de Paris » (1934).

Un livre scandaleux désormais légendaire

medium_joan_colom_les_gens_du_raval_4.jpgEn 1964, une partie de ses images fut publiée dans le livre Izas, rabizas y colipoterras, (Grues, escaladeuses, escamoteuses) aux éditions Lumen, avec un texte de Camille José Cela, prix Nobel de littérature. Le livre fut un grand succès mais aussi l’objet d’un scandale : dans cette période totalement répressive dominée par le franquisme, il n’était pas étonnant que la mise en évidence de cet espace de liberté ne fût pas au goût du jour. L’une des femmes photographiées voulut intenter un procès, ce qui découragea à tout jamais Joan Colom de poursuivre son travail : « Ces femmes avaient tout mon respect et rien d’exotique, ces images faisaient partie d’un tout qui prétendait décrire un quartier avec un esprit de fidélité respectueuse ». Ainsi, à la suite de cette polémique, Colom, personnage discret, réfractaire à la controverse, abandonna volontairement l'exercice de la photographie, qu’il ne reprit qu’au moment de sa retraite en 1986.

Joan Colom arpente la rue selon son principe de base : « Yo hago la calle » - Je fais le trottoir - jeu de mots qu’affectionnait également beaucoup Henri Cartier-Bresson. Colom et Cartier-Bresson s’étaient rencontrés en 2003 lors de la rétrospective HCB à Barcelone. Colom venait de recevoir le Grand Prix National de la Photographie espagnole. Les quelques images incontournables de l’Espagne des années trente par HCB sont bien sûr présentes dans toutes les mémoires. Joan Colom ne les connaissait pas quand il a commencé son travail, certes différent mais animé par cette même envie impétueuse de saisir la vie au plus près : « Nous voulions une photographie qui capte la vie ; nous voulions vivre la rue. »

L’imaginaire de la vie du Raval est désormais enraciné dans ses images.

Avec le concours de la Fondation Henri Cartier-Bresson

Plus d'info :
+ Joan Colom, Les gens du Raval - en collaboration avec Fundació Foto Colectania, Barcelone - exposition ouverte du 26 avril au 30 juillet 2006 - Entrée : 5 € plein tarif -  3 € tarif réduit : chômeurs, moins de 26 ans, plus de soixante ans - Gratuit pour les Amis de la Fondation - Gratuit en nocturne le mercredi de 18h30 à 20h30.
+ Horaires : du mardi au dimanche de 13h00 à 18h30, le samedi de 11h00 à 18h45 , nocturne gratuite le mercredi jusqu’à 20h30. Fermé lundi et jours fériés - adresse : 2, impasse Lebouis, 75014 Paris - métro: ligne 13 (Gaité), ligne 6 (Edgard Quinet) - bus: lignes 28 et 58 arrêt Losserand-Maine, ligne 88, arrêt Jean Zay – Maine.

Commentaires

Une des époques ou j'ai le plus galéré "matériellement parlant" c'est quand je bossais comme serveuse dans un café théâtre dans le "Raval".
Le quartier le plus magique selon mois!
Le moins catalan aussi (quoique il y ait plein de rumbero catalan).
Du pakistanais au chilien...de la française au sénégalais...de l'italien au marocain....des gitans, des russes....c'est une espèce de Babylone, hippi, pauvre, ou l'on trouve de tout! Les prostituées aussi font partie du spectacle! Entre un ancien montmarte croisé avec l'Orient et le tout posé sur une coupe d'escudelles catalanes, on croise des anciens drag queen des années 70, qui chantent encore(...) des vendeurs de shit et de bière dans la rue...des musiciens du monde entiequi jusqu'à présent jouez sur la Rambla du Raval...( Ajourd'hui la musique dans la rue est devenue un acte de délinquance...un truc de fou)... des fous...des alcolos qui t'agressent gentiment...Il se peut que tu croises une transexuelle avec un couteau dans la main et qui essaie de tuer le nain du quartier...Qu'un mendiant sans jambe et aveugle te sortes une prophétie...Qu'on essaie de te voler ton sac! Mais ça vaut le coup d'oeil!

Tu découvriras des quelques restes (qui vont bientot disparaitre) du show bizz de l'époque du moulin Rouge, de la drogue, des restos, des bars, des squats, des afters....des flics...de la musique pour tous les gôuts ( electro, rock, rumba, flamenco...)
Et également les cafards...les bulldozers...des constructions d'hôtel 5 étoiles...au milieu de Babylone! Des arrestations de soi-disant terroristes!
C'est qui les plus terrorites dans ce monde?

je dois ajouter que le thème "squatt" (casa okupa) devient aussi tabou que la musique dans la rue. Elles ferment les unes aprés les autres sous l'autorité policière.

C'est dommage! Les vieux retraités travailleurs se plaignent du bruit des squatters (qui ne font la fête que le week end )...les jeunes se plaignent des prix trop élevés du logement!

Barcelone se convertit en vitrine pour touriste! Le mot "humain" disparaît...tout devient client, patron, consommation, argent...
Ne pourront se permettre de venir à Barcelone que les "guiris"!! Si les salaires n'augmentent pas....ça sera dur!
Soi-disant les prix de l'immobilier vont baisser!
a ver!

Voila, tout ça pour dire que si vous avez l'occasion de voir le quartier du Raval
(le Barato et ses afters le dimanche aprés midi electro, en plein centre!! Pas cher en plus!
Le Big Bang pour les rockers, le 23 pour les flamenquistes, l'armari ou la porte est une armoire, le 3tombs si t'as faim à 6h du mat! Et si tu a envie de voir Peret ( el rey de la rumba catalana)...plein d'autres bars ont malheureusement fermé !!

Boire des bieres dans la rue aussi! faut faire gaffe, ya des poulets partout!!

Pour comprendre la personnalité de ce quartier je conseille un film:

Raval, raval

d'antoni Verdaguer! j'ai connu le réalisateur et il est adorable. Son film est gentil, malgré les clichés, il y beaucoup de vérité. il raconte plusieurs histoires (inspirée du réel)parallèles de personnages du quartier.

Il y a aussi " El destino" de Mireia ros, sur les gitans flamenquilio...mais c'est un peu trop romancé!

Bueno,
hasta pronto

Écrit par : Lune | mercredi, 27 février 2008

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