mardi, 15 décembre 2020
Les heures chaudes de Montparnasse 6CD
Doriane Films
Edgar Poe disait « Toute certitude est dans les rêves » , une phrase qui s’applique bien à ces deux coffrets englobant chacun 3 DVD et un petit livret résumant le tout. Sous la direction de Jean-Marie Drot écrivain, documentariste, ils évoquent un monde qui dans l’art n’ a son pareil nulle part ailleurs et qui nous font rêver. C’est le monde de la Belle Epoque , où tout était organisé pour les étrangers. Où les Américains débarquaient à Paris pour y trouver la liberté et où peintres et poètes étaient très amis . Une véritable solidarité existait entre les plus démunis. La concurrence semblait inexistante, et les cafés servaient de lien à toutes ces grands personnages . Ils pouvaient y rester des heures et des heures à échanger…
Interviews, témoignages, reportages filmés dans les rues, lectures de poèmes, reproductions d’oeuvres d’art ( dadaIsme, surréalisme, cubisme…) s’entremêlent joliment… La femme est alors la reine incontestée de Montparnasse avec dans les rues une agréable odeur de crottin remplacée de nos jours par celle de l’essence...
On se retrouve au moment de la Ruche, de la Cité Falguière et lorsque Paul Fort jette son dévolu sur La Closerie des Lilas en 1903. Apollinaire, Modigliani, Soutine, Derain, Giacometti, Man Ray, Paul Fargue et tant d’autres deviennent nos familiers. La rue de La Gaité qui a permis à Montparnasse de faire naître cet univers unique défile sous nos yeux.
Les diverses paroles des vrais connaisseurs de Bobino, et celles de Cocteau sont savoureuses. On assiste à la naissance de la librairie Shakespeare and Company fondée par Sylvia Beach avec comme premier client James Joyce. Celle-ci évoque sa rencontre chaleureuse avec Hemingway. Autre évènement de l’époque présent ici : Le bal Nègre découvert par Desnos. Evoquées avec poésie et authenticité, les rencontres entre Aragon et Elsa Triolet, entre Apollinaire et Picasso, la rivalité entre Yvonne Georges et Damia surnommée « La tragédienne de la chanson’. Parmi les inédits, l’interessant témoignage de Fernand Ledoux sur la différence de technique théâtrale entre Gaston Bati et Copeau. Asse stupéfiante la découverte après sa mort, de la maison stupéfiante de misère et de pauvreté d’Erik Satie. Avec plus de 100 parapluies et deux pianos sans corde appartenant à ce musicien créateur des gymnopédies.
C’était l’époque où les artistes de Montmartre du Bateau Lavoir (Picasso, Braque, Jacob… ) descendaient à Montparnasse. Un monde florissant où régnait un véritable bouillonnement d’idées, d’art, et de folle concentration.
Jean-Marie Drot directeur de la Villa Médicis à Rome entre 1985 et 1994, explique que ces émissions réalisées dans les année 1950-60 grâce à l’historien Olivier Robert n’auraient plus lieu d’être actuellement car seulement 4, 5, à 6 % de ceux qui regardent la télé sont aujourd’hui susceptibles d’être intéressés . Il ajoute que le fric n’avait pas encore mis sa patte et qu’ à présent les responsables des chaînes télévisées n’ ont plus rien à faire de ce genre de reportages. Bien dommage en tout cas!…
C’était réellement un autre monde et bravo à Doriane Films d’avoir écarté cette réalité. Et d’avoir pour le plus grand plaisir de certains refait vivre une atmosphère pleine d’enchantement et de féérie…
Agnès Figueras-Lenattier
02:17 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belle époque, reconstitution
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