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lundi, 10 avril 2023

Victoria Rummler

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Victoria Rummler est pianiste, guitariste de jazz, chanteuse, compositrice d’origine américaine. Elle a grandi avec les standards de jazz, des années 30,40 comme Gerschwin, Cole Porter… Mais tout ce qui est jazz plus poussé  ou jazz instrumental, elle l’a découvert essentiellement en arrivant en France il y a 20 ans. Elle aime réécouter des musiques qui lui rappellent son enfance comme  les années 7O,80 et en même temps découvrir ce qui se fait maintenant. LA musique classique fait également partie de ce qu’elle écoute.  «  Cela me fait  du bien d’entendre du Bach, ça me motive pour faire des choses que je n’ai pas envie de faire. Et puis tout ce qui est folk, rock, rapp si c’est bien fait  peut me plaire.  Il faut que je sente que c’est authentique, bien conçu, bien produit."

 

 

 

 

Vous jouez de la guitare et du piano. Par quel instrument avez-vous commencé ?

J’ai débuté par le piano à 6 ans en prenant des cours aux Etats-Unis. Et j’ai commencé à chanter assez tôt car mon père qui adorait chanter en harmonie, en polyphonie m’a montré comment chanter une 2ème voix  lorsque nous roulions en voiture.  J’ai chanté dans des chorales d’enfants et d’adolescents. On a fait des tournées au Mexique, en Amérique centrale avec l’église. Ensuite, à l'Université j'ai dirigé un groupe a capella. Ce style de chant sans instruments et avec des nuances m'a tout de suite emballée. Puis, j'ai pris des cours de chant, j’ai fait de la comédie musicale et j’ai continué tout en m’adonnant à la pratique du piano.

 

 

Quand avez-vous commencé la guitare ?
Seulement il y a une dizaine d’années pour pouvoir m’accompagner lorsqu’aucun piano n’était disponible sur place. Auparavant, j’ai fait beaucoup de piano classique en travaillant le chant. Je trouvais les notes du piano très sonores, ce qui m’aidait beaucoup pour trouver la justesse et la précision.  La guitare donne un autre son, une autre ambiance. C’est plus fluide, et cela se mélange un peu avec la voix. Il règne un côté plus amical.  Ces cinq dernières années, j’ai commencé à mélanger ce que je faisais instrumentalement avec ma voix. Après m’être fait accompagner par des gens plutôt spécialisés dans le piano jazz, j’ai utilisé la guitare jazz. C’est un univers qui exige des compétences particulières et où il faut prendre le temps d’approfondir. Je me suis centrée sur mes compositions, ma musique, et je m’accompagnais comme je le sentais intérieurement. Avec un peu moins de jazz et un mélange réunissant tous les sons de mon expérience personnelle.

 

Vous aviez des modèles comme Betty Carter, Shirley Home. Pourquoi ?

Shirley Home est une pianiste chanteuse qui a le don de faire passer un maximum d’émotions avec le minimum de notes. Je trouve qu’il existe une magnifique expressivité dans ce qu’elle fait. Betty Carter c’est un peu l’opposé car elle prend des risques, improvise énormément avec la voix . Elle a non seulement une présence assez fascinante, mais aussi une manière très particulière de diriger son groupe musicalement avec une puissance qui m’a marquée.

 

 

 

Lorsque vous vous faisiez accompagner, vous avez sorti trois albums !

Oui, et le premier est épuisé. Le deuxième « Am I am » s’assimile quelque peu à du jazz pop. C’est un ami guitariste qui a fait les arrangements et qui  a fait appel à des solistes assez connus dans le milieu du jazz. Les instruments sont le piano, une basse, une batterie et une guitare. Je ne joue pas d’instruments, et chante beaucoup. Quelques chansons sont de moi. Le troisième «Take two » est un hommage au cinéma. Quand on pense à des musiques de films, on pense souvent à l’orchestration , aux cordes et j’ai décidé de prendre le contre-pied de cette méthode avec des duos voix plus guitares. Sont présents des airs de cinéma très connus comme « La panthère rose », «  La chanson d’Hélène », «  Les choses de la vie », plus deux de mes chansons.

 

 

Le 4ème est totalement différent dans la manière dont il a été conçu !

Oui, c’est le fruit d’une résidence artistique dans la nature sauvage du Michigan où je suis née. On m’a proposée de passer 15 jours dans une cabane au milieu de la forêt sans eau courante, ni électricité, ni réseau. Me retrouvant face à moi-même avec ma guitare, j’ai du pendant ce laps de temps me faire inspirer par la nature pour écrire des chansons, faire de la randonnée et réfléchir à plein de choses. J’ai écrit une dizaine de chansons que j’ai étoffées pendant un an. J’ai enregistré la guitare seule, les voix, les chansons et suis rentrée en studio car j’avais écrit quelques arrangements pour le piano . L’ensemble me représente vraiment. Le titre « Leaps and bound »  veut dire en français avancer à pas de gant et c’est vraiment la vérité  car j’ai réellement  eu la sensation de me trouver moi-même artistiquement. Tout en jouant, j’avais cette sensation depuis des années de vouloir utiliser mes mains pour la musique. C’était vraiment un gros projet pour moi.

 

Cela n’a pas du être facile tous les jours !

Effectivement, et c’est la raison pour laquelle ce projet a été très important pour moi. J’avais fait du camping petite avec les scouts, mais ce n’est pas du tout la même chose. Vivre en ville pendant plus de 50 ans puis se retrouver dans un milieu sans personne pour m’aider si au cours d’une randonnée je me tordais la cheville, m’a poussée à être plus autonome, à trouver des solutions. A tenter des choses, à faire du feu tous les soirs. De petits défis quotidiens.  Quand je raconte cette histoire lors de mes spectacles et que je parle de la première nuit où j’étais complètement dans le noir absolu, j’entendais le public frissonner et avouer qu’il n’aurait jamais pu tenter une telle expérience.  Je marchais tous les jours plus ou moins longtemps selon le temps qu’il faisait et je chantais souvent lors des randonnées. J’utilisais aussi beaucoup ma voix dans la cabane et quand j’avais peur, chanter m’aidait. Quelquefois je chantonnais quelque chose qui m’inspirait, je l’enregistrais et je développais après. J’ai bien profité et une fois, j’ai même pris la voiture pour aller voir de magnifiques cascade…

 

Et puis vous aviez l’habitude de faire du sport !

Oui, depuis longtemps. Quand j’ai l’occasion, je fais de la randonnée mais en région parisienne je n’ai pas trop l’occasion. De manière générale, ma philosophie consiste à  prendre plutôt l’escalier que l’ascenseur et chez moi j’ai 4 étages à monter. Sinon, je cours deux fois par semaine, j’adore me dépenser de cette manière. , C’est toujours bien de faire tout ce qui est à base de cardio et d’être consciente du souffle, de l’air qui sort, qui rentre. J’aime bien la sensation d’être essoufflée, d’avoir cette liberté d’aller où je veux. Je cours toujours seule, j’apprécie vraiment ce moment avec moi-même et en plein air.  J’aime être dans la nature, regarder autour de moi, et sentir mes muscles bouger. Sinon, j’ai toujours fait aussi de l’aérobic, de la danse, du yoga, de la natation. C’est intéressant d’essayer différents sports car les effets ne sont pas les mêmes. J’ai fait un petit peu de boxe aussi. On travaille vraiment la confiance. C’est un sport qui défoule bien et qui développe les réflexes.. Mais c’est la même chose, je le fais toute seule avec une sorte de punching ball. Quant au yoga discipline beaucoup plus calme, et comportant des mouvements plus lents, j’aime aussi.  Je fais quelques postures  quand je me lève et  vais dans un centre une fois par semaine. Si je suis en vadrouille et que je ne peux y aller, j’en fais toute seule. Je suis surtout attirée par les sports individuels même si j’ai fait un peu de football et de rugby à l’Université pour découvrir. Tout ce qui est sport en groupe, gym n’a jamais été ma tasse de thé.  Je n’ai aucun but de compétition, si ce n’est avec moi-même. Je ne suis pas dans cette énergie là.

 

Faire du sport vous aide- t-il pour  votre métier ?
Oui, énormément. Si je ne fais pas de sport ne serait-ce qu’une semaine ; j’ai plus de mal à me concentrer. Et puis quand j’écris, j’essaye de trouver de belles paroles sans toujours y parvenir. Je pars courir et le déclic survient. Les paroles viennent, c’est très étonnant et c’est tout de suite plus facile d’arriver à un bon résultat  . Cela permet de prendre du recul et de focaliser les choses.

Trouvez-vous un point commun entre la concentration sportive et la concentration musicale ?

Oui, on est un peu dans l’idée d’aller au bout, de se pousser à aller plus loin. Prendre des risques dans les improvisations ; oui je pense que ça se rejoint. Avant un concert, courir fait vraiment du bien. Cela permet d’être centrée et puis aussi parce que dans certains projets, je bouge également. Pour les chorégraphies, c’est important être en forme physique.  Parfois je suis en talon et il faut un bon équilibre, ce en quoi le yoga est utile.

 

A ce propos comment aimez-vous vous habiller pour un concert ?

Ca dépend vraiment du projet. Pour les projets folk c’est plutôt jean avec une blouse sympa.  Pour Voice Messengers, où les chorégraphies sont présentes, c’est plus glamour avec un costume et des paillettes.  J’ai un bonnet rouge et des talons. Pour les soirées jazz, dans des endroits très classes, je mets plutôt une robe pour paraître encore plus élégante. Quand j’étais jeune je mettais rarement des couleurs, maintenant j’aime bien en mettre un peu.

 

 

Avez-vous des moments privilégiés pour créer ?

Il faut vraiment que je protège ces moments là. J’ai souvent de petits bouts de phrases qui me viennent, je les note et ensuite il me faut trouver le temps pour les développer. Je dois jongler avec tout ce que je fais. Je ne prends pas toujours le temps d’écrire, c’est vraiment par moment. C’est pour cela que cette résidence artistique était vraiment formidable. Quand je peux me concentrer uniquement sur ma création, cela change tout. J’essaye quand même tous les matins de me plonger un peu dans cette énergie créatrice. Je joue du piano, je travaille sur mes arrangements. Ces moments  avec le silence, le cerveau reposé en  profitant des idées qui jaillissent sont importants…

 

La nuit vous inspire t-elle ?
Le matin m’inspire plus que la nuit. Mais il peut arriver que la nuit me surprenne. Surtout après un concert où je vis de drôles de situations avec des étincelles qui  peuvent se produire. Dans mes chansons, j’essaye de créer une authenticité, de dire vraiment ce que je ressens. C’est un peu lyrique et pour le dernier album, c’était vraiment lié à la nature. Mes inspirations par rapport à l’eau, l’air , le feu et aux éléments de la nature.  Parfois c’est nostalgique, parfois certains passages sont drôles. Je fais des jeux de mots, j’aime beaucoup cet exercice. Dans mon univers musical,  il règne vraiment ce contraste entre ce qui est  réflexion parfois un peu triste sur mon passé et puis au contraire le côté «  Allez on s’amuse ».

 

 

 

Avez-vous des endroits favoris pour vos concerts ?
J’aime bien découvrir. Tout dépend des opportunités. Avec ce projet solo, j’ai fait des concerts en appartement, et c’est vrai qu’il existe a un côté passionnant. Les gens sont tout près et on peut vraiment recréer l’ambiance de la cabane.  Lorsque je raconte, les gens ont vraiment l’impression d’être avec moi . Il règne quelque chose d’intime. Comme ce que j’ai fait au théâtre de l’Essaiön. C’était très intense, car tout le monde avait l’impression d’être près de moi. J’aime bien ces ambiances plutôt que d’être en plein air où beaucoup de personnes circulent. Dans les festivals par exemple, c’est un peu plus dur d’établir cette connexion. Ce qui m'importe le plus lors d’un concert ? La relation avec le public ? Oui, je peux dire cela. Je ne fais pas de la musique pour moi, mais pour les gens qui écoutent. Ce qui ne veut pas dire que je fais des chansons uniquement pour plaire, mais je suis là pour être vraiment moi-même et essayer de transmettre mon expérience aux autres. On a tous vécu de bonnes et mauvaises choses…

 

 

 

Des publics que vous préférez à d’autres ?

J’aimerais avoir davantage d’expérience pour pouvoir le dire. Je travaille actuellement en vue  d'une tournée américaine pour parler de mon aventure dans la forêt et finalement, je n’ai pas tellement tournée aux Etats-Unis depuis que je suis basée en France. Le public français est assez merveilleux mais tout  dépend des lieux, des conditions. Si le son n’est pas bon, la réaction du public est moins réceptive. J’ai joué en Russie en 1999 et les gens étaient fous. Je ne savais pas que les Russes adoraient à ce point la culture française. Ils étaient debout à chaque fois à la fin du concert. A Taïwan, le public a adoré aussi. C’est très beau ce genre de surprise…J’ai joué en Chine où tout s’est très bien passé aussi. Il existe des publics peut-être un peu plus réservés comme en Hollande, en Autriche.

 

Des rituels avant un concert ?

J’aime prendre le temps de me préparer, faire un petit peu de yoga et bien échauffer ma voix . Cela varie en fonction des projets mais pour certains, je suis beaucoup dans les aïgus et  suis bien consciente des exigences physiques de certains répertoires . J’ai plein de vocalises dont je me sers.. Avant un concert, je ne mange pas beaucoup car une nourriture trop abondante peut bloquer les cordes. De petites astuces de chanteurs qui aident aussi. Pour protéger la voix c ’est bien de bien dormir, de ne pas trop parler fort ça car je trouve que ça fatigue la voix. Et puis bien s’échauffer, bien respirer pour bien soutenir les sons, ne pas avoir la gorge tendue. Bien manger, moins boire d’alcool, fait du bien à la voix.  Eviter de s’enrhumer car dès que l’on commence à avoir les bronches prises, le nez bouché, c’est compliqué pour faire résonner, pour respirer. Si on fume, cela a des effets sur la voix. Je pense par exemple à Sarah Vaughan qui fume beaucoup. Elle n’a plus cette voix légère qu’elle avait au début.

 

 

Vous êtes aussi chef de chœur ?
C’est quelque chose que je fais depuis longtemps. Déjà lors de ma dernière année à L’Université, je dirigeais un chœur et j’ai chanté dans plusieurs chœurs. J’ai deux chœurs chorale amateur de bon niveau en jazz, je fais des arrangements, j’enregistre des fichiers audio plus le travail à la maison. C’est agréable à faire. Les gens qui font partie d’une chorale ont une joie de vivre et sont souvent heureux d’être là. Ils s’engagent et sont là pour toutes les séance et travaillent chacun leur partie assidument.  Et puis l’harmonie, la polyphonie c’est vraiment une autre manière d‘être ensemble, on se fait plaisir à développer cette technique. Plein de gens après avouent après une séance que ça leur fait beaucoup de bien.

 

en quoi consiste votre travail en tant que professeur au Havre ?

Une fois j’ai fait un concert dans cette ville et il y a deux ans on m’a appelée pour créer une classe de jazz vocal et je la développe en y allant une fois par semaine.  J’ai des élèves qui font vraiment le cursus complet. Je donne des cours individuels ; et tout dépend si l’élève a besoin de travailler ce qui est technique, la prononciation notamment en anglais, la détente de la gorge, le placement ou le souffle, la respiration. J’ai aussi deux ateliers avec deux groupes, un groupe découverte de jazz vocal et un groupe plus avancé. Ce sont des groupes de 5 à 10 chanteurs. Je les fais chanter en polyphonie, je leur fais travailler le rythme, un petit peu de percussions corporelles, je leur fais prendre conscience du rythme, je développe le langage du jazz, le scat c’est-à-dire l’improvisation vocale en jazz, une manière d’imiter un instrument. Il n’y a pas de paroles, on improvise avec des syllabes qui rythment une mélodie. C’est tout un langage à développer. Les arrangements vocaux ? Cela prend beaucoup de temps et des amis chefs de choeur peuvent aussi en proposer. Il faut vraiment les adapter au niveau des élèves, car il en existe de plus ou moins difficiles. J’aime travailler avec des harmonies assez riches. On trouve un peu de gospel, des chansons françaises qui vont plutôt vers le jazz Nougaro.


Vous participez aux Grandes Gueules !

Oui cela fait plus de 15 ans maintenant. On appelle ce groupe l’électro a capella car on n’utilise pas d’instruments.  Par contre, tout ce qui est électronique est vraiment poussé. On enregistre un motif rythmique reproduit par l’ordinateur pendant tout le morceau, puis on imite beaucoup les instruments, les sons de guitare. On fait des percussions vocales, c’est vraiment très riche.  On a produit des spectacles originaux du leader du groupe Bruno Le Cossois mais on a également rendu  des hommages à Bobby Lapointe , Baudelaire. Actuellement on tourne avec un hommage à Henri Salavador, . On l’a présenté plusieurs fois au Festival d’Avignon, et peut-être cette année encore. On est 4 chanteurs sur ce spectacle.

 

Vous faites également partie des Voice Messengers ?

C’est vraiment passionnant et j’ai beaucoup de chance de faire partie de ces 2 groupes qui sont vraiment à l’opposé l’un de l’autre. Voice Messengers est un Big Band très prestigieux basé à Paris. Il y a 6 voix et l’on est accompagné par piano, basse, batterie. On est vraiment dans la tradition du jazz vocal à la française. Avec les Grandes Gueules on fait différentes choses mais pas en même temps. Au contraire avec Voice Messengers on est vraiment ensemble, on a cette masse sonore qui se cultive et c’est vraiment très précis. C’est presque comme de la musique classique parce que c’est un Big Band vocal. On attaque les phrases ensemble, on lâche les notes ensemble.  C’est passionnant à cultiver, avec un certain nombre de chorégraphies. un autre aspect à découvrir et à développer.

 

Un prochain album ?

J’en ai plein la tête et il faudrait que je vois comment m’y prendre. J’ai commencé à écrire en français, un gros défi pour moi même si je suis en France depuis longtemps. J’ai toujours trouvé cette langue intimidante. Elle est  plus difficile que l’anglais et je me demande si je vais y arriver.  J’ai aussi le projet d’un album accompagné par un Big Band avec une dizaine de musiciens. Et puis des amis enseignants me conseillent de faire un album pour les enfants. Ils me disent que ce 4ème album plaît beaucoup à la jeunesse. Dans quelques chansons j’ai un côté enfantin, et les enfants sont touchés par cette connexion avec la nature...

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

 

 

 

04:50 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (0)

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