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samedi, 13 mai 2023

Ghali Hadefi

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Eclectique, doué dans plusieurs domaines Ghali Hadefi est guitariste, contrebassiste et compose différents styles de musique ( jazz manouche, rap, rock… ). Il possède aussi un salon de tatouage, a décoré plusieurs restaurants.  Sportif, il a joué au basket à un très bon niveau entre 15 et 20 ans, et a une passion dans laquelle il s’est beaucoup investi ensuite : la pétanque. Même si actuellement, il pratique un peu moins intensément cette activité, il en parle toujours avec enthousiasme.

 

Comment avez-vous débuté dans la musique ?

Mon père n’a jamais été un grand musicien mais il sait faire un peu de piano et de guitare et il a eu une carrière de chanteur. De ce fait,  une guitare traînait toujours à la maison, et petit, j’ai posé les doigts dessus tout en suivant un cursus classique. Je me suis vite affranchi de cette formation, ayant beaucoup recours au rap, adolescent. Puis, je suis revenu à la guitare par le biais de la musique de Django Reinhardt quand j’avais environ 20 ans.  La musique a toujours fait partie de mon univers, mais avec l’éclectisme qui me caractérise, j’aime varier. Un jour, je fais du rap, le lendemain du jazz ou du rock. Faire toujours la même chose m’est impossible, et j’ai sorti à peu près une trentaine d’albums.

 

Vous jouez aussi de la contrebasse. A quel moment avez-vous commencé à vous en servir ? ?

J’allais souvent le lundi aux Jam Cessions du Palais Bar et de nombreux guitaristes s’y trouvaient. J’avais un copain qui possédait deux contrebasses et je lui ai demandé s’il pouvait m’en prêter une afin d’utiliser un autre instrument que la guitare. C’est ainsi que j’ai commencé et trois mois après encore tout débutant dans la contrebasse, je jouais au Duc des Lombards avec David Reinhardt et David Ossa.

 

Vous dites être très éclectique. En fonction de quels critères choisissez-vous de vous adonner à telle ou telle musique ?

Tout dépend des circonstances de la vie. Je ne sais toujours pas si c’est une qualité ou un défaut mais quand j’écoute une musique qui me plaît à la radio ou sur internet, j’ai envie de jouer dans le même esprit. Je dessine beaucoup, je fais des tatouages également et lors de ces deux activités,  il m’arrive souvent d’avoir envie de m‘inspirer d’un morceau en particulier que je viens d’entendre et la plupart du temps je le fais. Pour 2024, j’ai un projet de chanson très acoustique, un peu influence Mathieu Bogart et j’ai aussi un projet rap. J’ai fait le buzz il y a quelque temps avec un clip intitulé « TIre la boule » autour de la pétanque et quelques personnes m’attendent au tournant dans l’univers du rap.  Ce sont mes premières amours et j’ai envie de m’y consacrer. Mon fils a 16 ans, et je me rappelle les années où j’ai vraiment découvert la musique avec ce style là, en me passionnant pour un artiste, et ses disques. .  De manière générale, je n’ai pas beaucoup de règles quant à mes créations, tout dépend si l’on parle de rock, de jazz manouche ou autre. J’accompagne  aussi beaucoup de chanteuses. Je parlais de Mathieu Bogart, mais je pourrais aussi citer Dick Annegarn, Alain Souchon, avec une petite touche de Philippe Catherine. C’est un peu le genre de musique que j’apprécie et je mixte tout cet ensemble  à ma sauce. J’ai la cinquantaine qui approche et l’un de mes projets, c’est de sortir un CD en tant qu’auteur, compositeur, instrumentiste et interprète . Je me vois bien jouer différentes guitares, contrebasse,  faire un peu de clavier et créer un disque à moi. J’en ai fait beaucoup pour les autres, et ce serait mon petit cadeau personnel de faire un album de ce genre pour mes 50 ans.

 

Vous jouez sous différentes formes, seul, en duo, trio etc... Que préférez-vous ?

Ayant expérimenté toutes les formules, je peux dire que jouer seul c’est plus ponctuel. Avec une guitare, on peut jouer seul ou dans une formule classique ou flamenco ou kicking. Ce sont des styles de guitare qui s’y prêtent mais généralement le jazz manouche implique la présence de deux guitares. Le batteur, le poumon du groupe doit accompagner et ensuite se trouve le soliste devant. Sur une vraie base traditionnelle de jazz manouche c’est quand même à partir du duo que tout se met en place et par la suite  vous choisissez la contrebasse, l’ accordéon, le violon suivant soit les budgets de concerts, soit vos propres envies, ou vos projets. Cela peut engendrer parfois  un trop grand nombre de musiciens mais en général,  les formules les plus répandues comportent 3, à 4 musiciens. .  Pour ma part, j’aime le duo car c’est une formule facile à vendre et puis musicalement, je trouve qu’il se passe plein de choses lors d’ un dialogue.  A partir du moment où l’on est trois ou quatre dans un orchestre, il existe toujours un moment où l’on peut se cacher harmoniquement, rythmiquement si l'on n’est pas sûr, si l'on ne connaît pas trop le morceau. Alors que lors d’un duo on ne peut pas tricher et aucune erreur ni hésitation n’est possible. On se livre en entier. Quand on joue seul on est assez libre au niveau du tempo, de l’harmonie et si l’on flotte un peu, ce n’est pas très grave. Mais le duo demande une vraie rigueur. Le tempo doit être stable et les musiciens très solides si l’on veut que le dialogue s’installe vraiment. C’est une formule que j’affectionne tout particulièrement.

 

Comment s’effectue votre travail entre la guitare et la contrebasse  ?
 Il faut savoir rester à sa place en fonction de l’instrument que l’on joue et du poste que l’on occupe. Par exemple pour la guitare rythmique en jazz manouche, c’est une place où il faut être assez humble pour tenir le tempo, tenir la grille d’abord. Et être fiable  dans ce sens là afin de dérouler le tapis aux solistes qui eux vont jouer devant pour davantage briller. Et justement, les jours où je suis en soliste, je prends cette place. Ce n’est pas pour parler d’égo mais devant, c’est davantage le soliste que l’on écoute. Un peu comme quand vous écoutez une chanteuse et que vous ne vous préoccupez pas trop de qui joue derrière. C’est un peu pareil pour la contrebasse.  Quand on accompagne dans un style très jazz manouche, la contrebasse est le poumon du groupe. Il existe toujours cet aspect rigueur et solidité qu’on demande à un bassiste, tout en sachant que l’on n’est pas là pour briller mais pour mettre en valeur les solistes. Or il arrive parfois que de jeunes contrebassistes oublient ce rôle un peu fondamental. Quand vous écoutez Django Reinhardt vous vous penchez  très rarement sur la contrebasse, or elle est bien présente.  S’il elle n’est pas là, il n’y a plus de swing derrière Django. Et quand vous écoutez Django vous écoutez Django. Tout dépend des postes que l’on occupe et dans quel esprit.

 

Avant un concert avez-vous un rituel ?

Je bois 7,8 bières. Non, je plaisante

 


Mais cela pourrait être vrai !

Oui, dans les blagues il règne toujours un petit fond de vérité et le milieu du jazz manouche est un univers où l’on picole pas mal. Django est mort à 53 ans, on sait à peu près de quoi. Les grands cadors, un peu les héritiers ont un penchant pour la bouteille. C’est un peu ce qui symbolise le milieu et jouer est synonyme de fête. Dans un mariage vous allez être accueilli avec du champagne, dans un restaurant vous buvez du vin avec une petite bière à la pause. C’est une musique qui se vend facilement car elle se déroule toujours dans un contexte assez festif. Les semaines ou vous jouez chaque soir signifient sept occasions de boire un coup et  malheureusement  pas mal de musiciens tombent dans le piège. C’est un cercle un peu vicieux et jouer sobre semble un peu bizarre.  J’ai un ami qui  a accompagné pendant pas mal de temps  Tchavolo Schmitt un grand monsieur de la guitare jazz manouche. Il paraît qu’il a  beaucoup  recours à l’alcool et que s’il n’a pas bu 10 bières avant un concert,  il ne peut pas jouer. Mais s’il en boit 20, il ne pourra plus jouer…

 

Vous donnez des cours aussi ?
J’ai eu ma période, mais je le fais actuellement de manière occasionnelle. Déjà je n’en ai pas besoin pour vivre et même si j’ai un côté assez pédagogue, je ne cours pas après les élèves. Mais on m’appelle souvent de manière ponctuelle et c’est avec plaisir que je le fais. Aussi bien guitare que contre basse. Je fais une petite parenthèse sur la Selmer 607 school  une école de jazz manouche en ligne comprenant  un niveau assez élevé  que j’ai montée avec mon ami Clément Reboul. Pas  mal d’adhérents en font partie mais pas spécialement des débutants. Pour moi la musique est un langage et j’aime bien décanter certains aspects. . C’est ce mécanisme là que j’essaye de faire comprendre aux élèves. Et non pas juste montrer la position d’accord ce qui se fait dans dans la plupart des cours. C’est cela le jazz, avoir assez de connaissances en orthographe, grammaire et autres pour rencontrer quelqu’un et constituer un duo. Une fois acquis ce travail de fond, chacun apporte ensuite sa forme, sa couleur…

Passons maintenant à une autre de vos passions la pétanque ? Comment en êtes-vous venu à cette activité ?

Je suis obligé de parler de mon grand-père. J’ai des souvenirs de vacances où l’on jouait aux boules en bas de chez lui. On rencontrait les petits vieux du quartier et  je me suis retrouvé à jouer mais vraiment en dilettante. A vrai dire, je ne sais plus vraiment comment est revenue la flamme. J’’ai toujours fait des parties en vacances, lors de réunions de famille ou autres événements et j’ai été mordu sur le tard. Comme je ne fais pas les choses à moitié, un peu comme pour les tatouages, je m’y suis mis à fond. J’ai fait des rencontres, et plein de petites occasions ont fait boule de neige. J’ai maintenant ma petite notoriété dans le milieu alors qu’au départ je ne cherchais absolument pas cette reconnaissance. Entre 2010 et 2017, j’ai vraiment beaucoup joué avec une passion dévorante. Maintenant, j’en ai fait un peu le tour, j’adore toujours mais je regarde les résultats avec un peu moins d’intensité.

 

 

Quelle est la stratégie ?

Déjà c’est de gagner la partie. Pas de coups bas, de toute façon seuls deux gestes tirer ou pointer font partie du jeu, et suivant les niveaux de chacun c’est cela  qui est intéressant à haut niveau ; Quand on observe les cadors, ils ont tous un bon niveau que ce soit au point ou au tir. On apprend vraiment car ils se craignent.entre eux.  Un joueur lambda qui pointe à côté du cochonnet, va être content. Mais chez les élites si vous vous satisfaisez de cette situation, vous avez de grandes chances de vous faire prendre à carreau : le joueur en face va tirer et sa boule va être aussi proche du cochonnet qu’était la vôtre. C’est cette stratégie là qui change entre un joueur lambda et un joueur de haut niveau.  D’une manière générale ayant un passé de sportif, je me suis toujours inspiré des grands, je ne regardais pas le niveau de ceux avec qui je jouais. Pareil quand j’ai commencé la musique, j’ai écouté  les grands guitaristes pour m’inspirer de ce qui constitue la crème de la crème. J’ai fait du basket à un très bon niveau entre 15 et 20 ans, j’étais fan de NBA , le niveau français n’était pas terrible, et j’avais carrément occulté. Je ne regardais que Michael Jordan, Magic Thomson. Et comme j’ai une capacité à apprendre rapidement, je progresse assez vite et je passe un cap plus vite que les joueurs du dimanche qui vont juste lancer les boules, et de la ferraille pour « passer le temps ».

 

Voyez-vous un rapprochement entre la pétanque et la musique ?

Il existe un dénominateur commun qui s’appelle manouche. Quasiment tous les manouches jouent à la pétanque. Adrien Moignard un guitariste est l'un des musiciens avec lequel j’ai le plus partagé de moments de pétanque. Il a en plus cette passion manouche la pêche. Pour les Manouche, il faut toujours avoir la triplette dans le coffre avec une gôle (canne à pêche) . On ne sait pas où l’on se gare, et comment va se dérouler la soirée. On boit un coup, on joue de la guitare à un moment donné,  et si cela débouche sur une partie de pétanque, on a les boules dans le coffre, et si au contraire cela  part sur une partie de pêche, on a la gôle et l’on va pêcher.  Je n’ai que deux passions sur trois la musique et la pétanque. Jouer à la pétanque avec tous ces musiciens dans le jazz manouche avant ou après un concert a été très fédérateur pour moi et des liens amicaux se sont tissés qui après se sont ressentis même sur scène.

 

De quelle manière ?
Il règne une complicité et il existe un jargon de la pétanque que l’on applique à la musique. Cela nous fait rigoler, et ce sont comme des blagues privées car c’est un jargon qui appliqué à la musique est amusant.  Je me souviens avoir dit bravo à Noé Reihnardt  une fois fini son solo ou une autre fois  lui avoir  glissé « Allez mon poto « fais plaisir ».  Quand on est sur scène, le public ne comprend pas vraiment ce que l’on dit mais lors d’une blague, les visages s’illuminent. Ils assistent à l’éclosion d’une complicité assez communicative.

 

Pour vous qu’est-ce qu’un tournoi de pétanque bien réussi ?

Ii ne faut jamais perdre de vue que c’est un sport loisir et il est important de s’amuser. Actuellement,  j’ai un peu arrêté la compétition car parfois vous jouez avec quelqu’un de bon niveau mais avec qui humainement, le courant ne se passe pas très bien. Et au final, vous ne passez pas une journée très sympa même si vous faites un bon résultat. Je préfère maintenant privilégier la convivialité avec un bon niveau. Et puis j’ai atteint un niveau qui implique que jouer avec des débutants ou des gens qui ne connaissent pas trop les codes de la pétanque ; ça m’ennuie vraiment. Il existe des codes qui quand on les connaît sont logiques, mais un débutant ne va pas les comprendre. C’est un peu agaçant quand vous jouez avec de vrais novices même si j’ai aussi cette propension à les former. Les belles parties que je fais maintenant c’est quand je vais à Samois sur Seine le lieu légende de la pétanque. C’est là où Django a vécu à la fin de sa vie et c’est là où se déroule l’un des plus beaux festivals manouche…


Vous deviez sûrement avoir à peu près  les mêmes partenaires en musique et en pétanque ?
Oui à la Belle époque, la plupart de mes partenaires de pétanque étaient des amis musiciens avec lesquels on avait le groupe Selmer 607. On a réalisé ensemble trois albums dont le 1er en 2008, 2009 encensé par la critique et qui fut un vrai succès d’estime chez les afficionados du jazz manouche. J’avais rassemblé les meilleurs solistes parisiens, l’élite du jazz manouche. 5 solistes pour jouer sur un instrument mythique. Cela ne s’était jamais fait et ne s’est toujours pas reproduit. Je n’avais pas trop mesuré ce que ça allait donner. Le deuxième album est arrivé assez rapidement, et c’est ainsi que l’on s’est retrouvés à faire beaucoup de concerts dans le monde entier en passant par plein de dates en France. Et partout où l’on allait on avait la guitare sur le dos et la sacocche de boules dans les mains. Avant et après le concert, on jouait  et les organisateurs devaient se demander qui était cette bande de fous avec leur pétanque.

 

Contrairement à beaucoup de sports, il existe des compétitions mixtes !
Oui, j’ai beaucoup de copines qui jouent aux boules. Sinon, en dehors de la relation pétanque musique, j’ai joué dans des clubs plus sérieux, et j’étais partenaire avec des femmes. J’ai joué à la Poterne des Peupliers, j’ai aussi été licencié dans un petit club dans le 15ème, au Jardin du Luxembourg avec des gens venant du sénat. J’adore la mixité sociale.  Il existe des femmes très aguerries sur les gestes techniques qui peuvent être associées aux hommes, et une fois que la technique est maîtrisée ; ça fonctionne bien . Evidemment quand vous devez lancer une boule de 700 grammes  et qu’il faut la tirer à 15 mètres à cause d’un déplacement du cochonnet,  c’est plus facile pour un homme qui aura davantage d’envergure et de force. C’est sur la longueur de jeu la seule différence quiu  peut se ressentir.

 

Il y a trois formules, le tête à tête, la doublette et la triplette. Que préférez-vous ?
Comme je suis adroit naturellement, j’ai vite occupé le poste de tireur donc celui qui dégomme la boule adverse. Tirer demande plus d’adresse mais finalement avec un peu d’expérience on réalise que ce n’est pas ce geste  qui fait gagner les parties mais le point. Le meilleur pointeur va de toute façon au bout d’un moment essouffler le meilleur tireur. J’ai commencé à me mettre au point mais par la suite quand on joue en tête à tête on est amené à faire les deux. Après avoir pointé, il faut tirer pour défendre son propre point. Il faut maîtriser ces deux gestes fondamentaux et quand on a passé un certain cap technique, on peut jouer à n’importe quel poste que ce soit en doublette ou en triplette. Cette dernière combinaison est la plus belle des pétanques  avec un pointeur attitré, un tireur attitré et un milieu qui sait faire les deux. Selon la physionomie de la mele, il faudra tirer ou pointer et c’est là où il ne faut pas se tromper.

 

Il y a des différences dans les boules (diamètre, dureté)!

Pour mon clip « Tire la boule » j’ai été sponsorisé par « Au But » le fournisseur principal des boules de pétanque. Je joue avec du 73 » de diamètre et 690 grammes pour le poids. J’ai de grandes mains et sur le papier je devrais jouer avec du 75,76. On joue vraiment sur des millimètres et ça ne change pas foncièrement le jeu.  Plus la boule est tendre, plus ce sera facile à pointer. S’il y a des cailloux, elle va rouler sur des terrains un peu glissants, alors que pour le tir cela va plutôt favoriser les carreaux. Des choses qui me  gênent ? Le vent, certains terrains ? Non et c’est la raison pour laquelle  on aime la pétanque un peu extrême. Le joueur lambda va vouloir jouer sur un terrain tout plat alors que passé un certain cap, on aime bien quand il y a une pente, quand ça descend, qu’il y a des trous, de gros cailloux. On lance vraiment la boule là où on l'a décidé pour éviter tous les obstacles. Je me souviens d’une partie avec Rocky Gresset le guitariste manouche de Thomas Dutronc. On était à Dinard en thalasso. On a fait un tête à tête le soir et je l’ai ’emmené dans un terrain incroyable et je l’ai battu. Il m’a rétorqué   « Tu es fort car tu as quand même battu un gitan sur un terrain de gitan. « … Ils sont ainsi Les Manouche, ils jouent vraiment à la pétanque pour chercher la difficulté et élever le niveau de jeu…

 

 

Bon ou mauvais joueur ?
J’ai toujours été impliqué et si je joue bien et que je perds pas de problèmes. Je peux m’énerver contre moi les jours où je joue mal. La pétanque a au moins cet avantage que tout le monde peut battre tout le monde.  Si je suis très affûté, très entraîné je peux jouer et battre un champion du monde si lui sort d’une grippe et qu’il a pris une cuite la veille.   Si lui est diminué et moi au top c’est possible. Dans les grands concours, de grosses équipes se font d'ailleurs sortir dès les premiers tours par des amateurs. Ils sont passés à côté et les adversaires ont fait une partie de rêve. C’est ça que j’aime, jouer avec les vrais codes, utiliser la stratégie avec des connaisseurs. Sinon, on fait un peu n’importe quoi. Pour moi si quelqu’un tire à la pétanque, et qu’en face l’adversaire bouge, ce n’est pas bon.  C’est le genre de partie que maintenant j’évite. Il faut de la concentration, pas de bruit, et il ne faut pas brouiller son champ visuel; Evidemment un joueur du dimanche ne respecte pas ces conditions là. A un moment donné, je notais combien de boules je tapais, selon les distances. Je faisais un peu mes statistiques et c’est vraiment un sport loisir qui change tous les jours. Ce côté-là  aussi est intéressant. Un jour vous allez taper 9 boules sur 10 et le lendemain péniblement 2 ou 3. Il existe ce petit fonctionnement en dent de scie qui fait que le plus dur c’est d’être régulier et c’est ça qui constitue la différence de niveau entre les joueurs. On dit souvent mieux vaut taper 3 boules sur 4 plutôt que de faire 1 ou 2 carreaux de temps en temps.

 

A quoi est-ce du ?

C’est le mystère de la pétanque. Parfois, en ayant bu un coup la veille, vous jouez mieux ou alors au contraire si vous buvez c’est une catastrophe. La seule chose que j’ai vraiment observée c’est qu’il faut s’impliquer entièrement. Si vous avez un rendez-vous après ou que vous êtes stressé par quelque chose, vous n’êtes pas vraiment dans la partie. Il ne faut pas avoir d’obligation. Le plus beau suspense ? Quand le score est de 12/12 à la dernière mene, le premier à 13 ayant gagné. Il y a des parties où j’étais mené zéro à 12 , j’ai remonté et gagné… Tous les scénarios on les connaît, une fois aguerris. Un dicton provençal affirme que si l’on mène 7/0 on ne gagne jamais.  C’est très bizarre, l’adversaire va remonter, vous allez moins bien jouer et très souvent on perd la partie.

 

Quels sont vos bons souvenirs de parties à l’étranger ?

Je me souviens de parties en Martinique. Il y avait de très bons joueurs locaux et comme par hasard lors d’un concours j'ai revu des manouches qui se trouvaient là et l’on a fait de belles parties. J’ai joué en Equateur, je m’étais même fait arrêter à l’aéroport car ils avaient scanné le matériel, croyant que c’était des bombes. Avec les copains, on a joué aussi au Brésil.  Au Maghreb il y a toujours eu pas mal de pétanque, au Maroc ils ont une très bonne équipe, et les vrais nations qui rivalisent avec la France sont la Thaïlande et Madagascar. Tous les thaïlandais qui sont dans l’équipe de pétanque sont des militaires. C’est la reine revenu d’un voyage en France qui l’a rapporté dans son pays. Elle a adoré ce jeu et  l’a imposé  à l’armée. Quand on observe ces militaires, ils font tous quasiment les mêmes gestes et sont assez rigides. On ressent déjà une espèce de rigueur derrière. En tout cas, cela porte ses fruits car ils sont tous très adroits et utilisent bien la bonne stratégie. A Madagascar ils sont un peu plus fous fous . Ils misent beaucoup leurs tirs, sont très adroits mais par contre font de temps à autre quelques fautes de stratégie. Ils devraient pointer et comme ils ne le font pas, ils n'obtiennent pas encore de gros résultats.

 

 

Vous faites aussi des tatouages !

Oui, j’ai un salon de tatouage à Paris. Après le bac, je suis entré en architecture et je dis souvent que je me suis orienté dans cette voie car je dessinais bien. Mais en fait, c’est là que j’ai réalisé que je ne voulais pas dessiner des maisons. Avec le confinement et mes enfants qui ont grandi, je me suis davantage investi dans le dessin et je n’arrête pas. J’ai décoré trois restaurants à Paris et ai d’autres projets de ce côté-là. Jje mène un peu de front les trois carrières musique, peinture et tatouage. La cinquantaine arrivant, il va falloir que je fasse des choix. Peut-être un peu moins de concerts avec éventuellement la peinture ou le tatouage prenant le dessus. Ou autre chose…

 

Vous aimez vous lancer des défis !

Oui c’est pour ça que je m’appelle Galhi Hadefi….

Agnès Figueras-Lenattier

13:45 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (0)

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