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vendredi, 22 septembre 2006

Téléphonie mobile et antennes relais (suite)

Notre article sur le revers subi par les opérateurs de téléphonie mobile (sur la question de l'indépendance des expertises de dangerosité des téléphones portables) a suscité un commentaire de René Dutrey, Premier adjoint au Maire du XIVe et Président du groupe Vert au Conseil de Paris. Nous vous le retransmettons.

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A la demande du Conseil de Paris, B. Delanoë avait saisi le Conseil Scientifique de la Ville de Paris par lettre du 23 janvier 2006, lui demandant de faire un bilan critique des diverses études ayant conduit à penser que le seuil retenu à Paris pour les antennes d’émissions et de réception de téléphonie mobile était très en dessous des niveaux pouvant présenter des dangers sanitaires. Le Conseil avait ainsi adopté à l’unanimité le 16 juin dernier les conclusions formulées dans le rapport d’un groupe de travail ad hoc. La Ville avait fait sien cet avis en publiant ses conclusions dans le dernier journal « A Paris ».

Ce groupe de travail avait suivi les positions de deux experts, Bernard Veyret et René De Seze, étayées par deux rapports : un rapport de l’OPECST (l’office parlementaire des choix scientifiques et technologiques) de 2002, et une étude de l’AFSSET de Juin 2005. Les deux experts en questions sont également les co-auteurs de ces deux études. Les autres éléments examinés allant à l’opposé des positions de ces deux experts avaient été purement et simplement écartés : une étude du TNO – Septembre 2003, les « Documents du CRIIREM » ainsi que les auditions de Michèle Rivasi, Madeleine Madoré et Pierre Le Ruz.

Or voici qu'un rapport de l’IGAS de janvier 2006, a été rendu public ce mois, et met très clairement en cause l’expertise de l’AFSSET tant sur ses méthodes, ses moyens, que sur l’indépendance de ses experts. Dans ce rapport, il est pris comme exemple de ces dysfonctionnements, le dossier de la téléphonie mobile. Il est noté en particulier l’existence de liens financiers avérés (directs ou indirects) entre les opérateurs de téléphonie mobile et certains de ces experts, dont font partie MM Bernard Veyret et René De Seze.

Ce nouvel élément, confirmant la position des associations travaillant dans ce domaine qui mettent en cause depuis des années l’indépendance des experts, porte gravement atteinte à la crédibilité de cet avis.

D'où une proposition de voeu du groupe Les Verts au prochain Conseil de Paris, que voici : "Le conseil de Paris émet le vœu que le Maire de Paris demande au Conseil Scientifique de la Ville de Paris de retirer cet avis. Qu’une communication dans le journal « A paris » annonce cette décision. Et qu’en tout état de cause, il ne soit tenu aucun compte de l’avis du conseil scientifique de la Ville de Paris sur les antennes de téléphonie mobile et que celui-ci soit retiré de toute communication de la ville."

René Dutrey, Premier adjoint au Maire du 14ème, Président du groupe Vert au Conseil de Paris.

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Pierre

Plus d'info :
+ Notre rubrique Antennes Relais.

mercredi, 20 septembre 2006

Les experts de la téléphonie, très mobiles

La téléphonie mobile vient d'avoir ses premières interférences. Deux articles, parus dans le Parisien et Libération (éditions du 13/09/06), ont mis en lumière un rapport explosif de l’IGAS, l’Inspection Générale Des Affaires Sociales d’une part, et de l'IGE, L'inspection Générale de l'Environnement d’autre part : les deux mettent en cause les méthodes de l'AFSSET, l’Agence Française De Sécurité Sanitaire et de l'Environnement. Ces rapports, restés enterrés huit mois au LMinistère des affaires sociales et dans celui de l’Environnement, n'ont été rendu publics que récemment, sous la pression de deux associations, Priartem et Agir pour l’environnement.

Les "experts de la mesure" semblent en avoir pas mal manqué puisqu'ils ont fini par se faire épingler. Ils auraient ainsi, en contradiction avec le règlement intérieur de l'Agence, entretenu des liens financiers avec les opérateurs de téléphonie mobile : pointé du doigt par les Inspecteurs Généraux, on apprend que l'expert en chef mandaté pour mener de façon indépendante le rapport sur les dangers des portables remis en 2003, était payé par Bouygues Télécom à titre permanent, puisqu’il faisait parti du conseil scientifique de cette entreprise. On apprend aussi que trois membres du comité d'experts ont leur laboratoire financé par les trois opérateurs… Pour les mesures établies, on pourrait donc reprendre le fameux slogan de Pierre Desproges : étonnant, non ?!

Le journaliste du Parisien, Eric Giacometti, précise : « les enquêteurs notent que ces experts n'ont pas auditionné certains scientifiques (plus critiques) ou analysé l'investigation sur les cas de cancer de Saint-Cyr-l'Ecole (dans les Yvelines). Les conséquences en termes judiciaires ne sont pas écartées ».

Un bref historique : le 17 mai 2003, l'AFSSET présentait son rapport qui innocentait les dangers des portables, alors que des cas douteux de tumeur au cerveau étaient apparus chez des enfants de Saint-Cyr-l'Ecole après l'installation d'une antenne relais. La polémique avait rebondi, certains experts du rapport ayant livré les conclusions quatre mois avant dans un document de l'opérateur Orange (« le Parisien » du 17 avril 2003). En 2005, Le Pr. Zmirou, directeur scientifique de l'AFSSET, démissionne avec fracas. Le 10 octobre, le président de la même agence, Guy Paillotin, provoque un tollé au Sénat en révélant à propos du rapport de 2003 que « c'est une expertise que je considère comme n'existant pas (...) car elle ne tenait pas devant une expertise juridique (...) ».

Stephen Kerchove, délégué général de l'association Agir pour l'environnement, ajoute : « Cette enquête était enterrée et nous les avons obligé, avec Priartem, à la rendre publique. Ce rapport a été rendu aux ministres de la Santé et de l'Environnement il y a huit mois. Nous l'avons demandé, aucune réponse. Avec un avocat, nous sommes revenus à la charge et avons saisi la Commission administrative d'accès aux documents, l'arme ultime pour faire plier l'Etat. Quelques jours plus tard, l'enquête était mise en ligne en catimini sur le site de la Documentation française... ».

Aujourd'hui, ces deux associations réclament une « expertise pluraliste, contradictoire et transparente » sur les effets sanitaires de la téléphonie mobile. Ce que dénonçait (dans notre dossier antennes relais) Etienne Cendrier, lors d’un récent procès (qu’il a gagné), nous interpelle ici dans notre arrondissement, qui a vu trois de ses six Conseils de quartier demander il y a deux ans au Maire d’appliquer pour l’implantation des antennes relais, le principe de précaution établi par l’OMS, à savoir 0,6 volts par mètre en pic - et non comme la loi Française l'y autorise 45 v/m, ou la charte de Paris négociée avec les opérateurs par Yves Contassot à 2,5 v/m (en moyenne). Pierre Castagnou s'était engagé publiquement - notamment devant le Conseil de quartier Jean Moulin / Porte d'Orléans réuni en séance pleinière - à soutenir ces voeux issus des Conseils de quartier. Quelques mois plus tard, en Conseil d'arrondissement, il se rétractait adoptant une position plus mobile...

Dan

Plus d'info :
+ Le site officiel de Priartem : www.priartem.com
+ Le site officiel d'Agir pour l'environnement : www.agirpourlenvironnement.org
+ Rappelons que cet enjeu de santé publique - la limitation de la puissance des antennes-relais - a fait l'objet d'une proposition de loi commune à des députés de gauche et de droite, preuve s'il en est que ce débat peut échapper à la bêtise d'un affrontement partisan...