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dimanche, 08 octobre 2006

En chemin avec Marie... d'Istambul à Katmandou

Et si après des années de travail sage et consciencieux, on se prend à déterrer de vieux rêves. Et si après une vie sociale dans les normes, appartement parisien, famille et amis tous au bon endroit, on veut se jeter sur la route en nomade. Et si après avoir régler un quotidien balisé sans surprise, on s’imagine improviser chaque journée… Faut-il pour autant nous traiter de fada, de fugitive, d’immature ? Bien sûr, lorsqu’on apprend que le voyage en question, d’Istanbul à Katmandou on veut le faire à vélo, là, je suis d’accord, il y a de quoi s’inquiéter !

C’est donc sur un animal à deux roues que je suis partie un matin pour cheminer à travers le monde. La folie, je l’ai de croire que le monde n’est pas si grand pour moi. La fuite, je la prend pour décider moi-même de la direction vers laquelle je veux avancer, loin des schémas tout tracés. L’enfant, il est là en moi plein d’innocence pour aller vers les autres, plein de rires pour regarder les obstacles et les aléas de la route sans se décourager.

Sans pouvoir la justifier, l’envie d’ailleurs m’habite et me fait prendre le chemin vers l’Orient le 16 Juillet 2005 : le temps de créer un site internet et de m’équiper d’un vélo et de sacoches. Je ne me sens ni courageuse, ni baroudeuse, encore moins illuminée. Je brûle seulement de curiosité de franchir ma ligne d’horizon quotidienne, de savourer le goût du vent… Rien de plus simple, il suffit d’un premier coup de pédale !

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Au fil déroulé depuis la Turquie jusqu’au Népal, seule ou en compagnie, à pédale ou à moteur, j’ai appris à dompter l’animal à roulettes ! Ce vélo, devenu compagnon à part entière sur le chemin est baptisé dès les premiers tours de roue : Pégazou. Que ne vanterais-je encore une fois ses qualités ! Il va partout où m’en prend l’envie. Léger il se glisse dans tous les transports imaginables : camion, rickshaw, train, bus, taxi, avion... Il ne fait pas de bruit et ne réclame pas de fourrage à la halte. Il est simple, peu précieux et attire la sympathie de tous. Il avance bien : 60 à 80 kilomètres par jour et ces traits de route parcourue visibles sur une carte à grande échelle m’impressionnent encore. Et puis il m’a permis d’être active, de vivre le chemin avec toute ma tête et tous mes sens.

Avancer, changer d’horizon chaque matin, parcourir avec son corps le monde, vivre en nomade pendant cinq mois, ne poser son sac que le temps d’une halte. Et manger du vent, de l’azur et de l’espace. Délice de l’éphémère, liberté du lendemain toujours neuf, plaisir de la route. J’ai 28 ans et réalise un beau rêve à travers ce grand voyage qui laisse une place majeure à l’improvisation, la rencontre et la providence. Toutes seront au rendez-vous sur ce chemin parcouru en Turquie, en Iran, au Pakistan, en Inde et au Népal.

Je mets les pas dans ceux de Nicolas Bouvier, découvert il y a plusieurs années à travers son récit "L’usage du monde", voyage initiatique à la découverte du monde, de ses habitants et de lui-même. Ce sont ces mots que j’emprunte souvent : un voyage se passe de motifs; il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait ou vous défait.

Ce chemin, qu’en ai-je retenu ? Les rencontres, ces centaines de rencontres d’un instant ou d’un peu plus, preuves de la fraternité qui nous réunit de par le monde. Turcs, iraniens, pakistanais, indiens, népalis, mes frères et soeurs, nous avons une langue commune basée sur la richesse de nos différences. Ne jamais se comparer ou décider du meilleur : le meilleur pays, la meilleure ville, la meilleure religion... Qu’est-ce que cela signifie ? Simplement différent, ce qui multiplie l’intérêt de se rencontrer ! L’anglais est devenu le vecteur de cette communication le long de la route. Et pourquoi pas si l’on voit cette langue comme ce qu’elle est : une façon universelle de s’exprimer et se comprendre. L’anglais n’est pas forcément l’anglicisation des cultures.

Justement, je pensais trouver moins de particularismes régionaux, moins d’habits traditionnels, moins de coutumes locales... Je pensais trouver une certaine uniformisation venue de nos pays occidentaux. Mais voilà que non, le village planétaire si redouté n’est pas arrivé là où j’ai fait rouler mes pneus... Peut-être est-ce encore un mérite de Pégazou de pouvoir sortir des voies touristiques.

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Et puis en chemin, je réalisais un autre rêve, celui d’écrire. Récit créé dans l’action, il attend aujourd’hui patiemment de mûrir pour devenir d’autres mots d’aventure à lire auprès des dessins et des photos récoltés au bord du chemin. Vous pouvez le trouver tel quel sur mon site : http://en.chemin.marie.free.fr.

C’est de retour sur Paris qu’il me fallait partager autrement. La Case d’ABM (Aventures du Bout du Monde) est là pour orienter le voyageur désorienté. On ne peut reprendre la vie comme on l’a laissé : le voyage nous a fait, ou plutôt nous a défait comme le dirait Bouvier. Décapées les couches d’impatience, d’impuissance, d’intolérance... Et ce que l’on a découvert, on a envie de le crier aux gens d’ici. Bon, je ne vais pas crier, promis ! Mais je vais vous harmoniser toutes ces rencontres, couleurs et odeurs cueillis sur le chemin dans une projection organisée par ABM le Mercredi 11 octobre au FIAP (Paris 14).

Marie Demont

Plus d'info :
+ En chemin avec Marie... - mercredi 11 Octobre à 20h30 au FIAP (salle Lisbonne) - 30 rue Cabanis 75014 Paris (M° St Jacques, RER : Denfert –Rochereau) avec ABM – Aventure du Bout du Monde.
+ Pégazou sera absent de cette réunion. Marie se l'est fait voler ...quelques jours après son retour à Paris.