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vendredi, 27 octobre 2006

Politique de déplacements à Paris : réflexions, critiques et statistiques...

Une tribune - relative à la politique de lutte contre la pollution automobile - qui nous est adressée par Hubert. Nous vous la retransmettons. Spéciale dédicace à ceux qui ont passé leur soirée dans les bouchons.

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La diminution de la circulation automobile est un objectif louable en soi : pollution, bruit, danger, etc. Je crois qu'on ne trouverait pas aujourd'hui une majorité de parisiens pour blâmer la mairie sur le principe, ni même, et c'est là la difficulté, pour regretter ce qu'elle a fait depuis 4 ans quelle que soit la gêne occasionnée. Il faut dire que Paris était très en retard et que beaucoup de Parisiens dont je suis se rendent compte qu'ils peuvent très bien se passer de leur voiture dans Paris. Il convient donc d'être prudent et de faire porter la critique non sur la politique anti-voiture mais sur les moyens et leurs conséquences.
 
Premier constat : si la dissuasion joue certainement déjà un peu, c'est à un coût très élevé sur le plan économique et dont on va vite se rendre compte : aucune politique de stationnement d'envergure n'a été mise en place, soit à proximité, soit près des transports collectifs. Il s'ensuit une réduction sensible de la fréquentation commerciale et une situation dont on va s'apercevoir qu'elle appauvrit dramatiquement un quartier comme Montparnasse qui souffre de la baisse de clientèle des cinémas et restaurants, où des commerces ferment et des sociétés s'en vont.

La seule réponse serait la construction de grands parkings à bon marché. Je parle de parkings de 3 000 ou 4 000 places comme on en voit couramment dans les autres grandes villes, où le samedi, les centres entièrement piétonniers sont noirs de monde. Car il ne faut pas non plus croire les commerçants souvent rois de l'immobilisme.
 
Deuxième constat : non seulement ceux qui roulaient en voiture sont découragés de venir faute de trouver des parcs de stationnement, mais ceux qui prenaient déjà les transports en commun n'ont guères de raison de se féliciter, car les mesures prises n'améliorent en rien leurs conditions de vie : pas d'augmentation de la cadence des dessertes (cf. la ligne 6 en particulier), presque pas de travaux d'infrastructure. Dieu sait pourtant combien le métro est fatigant et mal adapté aux handicapés, aux mamans avec enfants, à ceux qui portent des bagages : rares escaliers roulants, correspondances conçues il y a 60 ou 80 ans, etc.

C'est pour tous ceux-là, et pour tous ceux dont on souhaite qu'ils abandonnent leur voiture, qu'une véritable politique de déplacement à Paris devrait inclure des financements mis à la disposition de la RATP pour réaliser tout ce genre de travaux qui faciliteraient la vie de tous les jours, y compris les jours de course.
 
Enfin troisième constat : l'apparition de nouvelles nuisances, la principale à mon avis étant la multiplication des deux roues motorisés qui font énormément de bruit, stationnent sur les trottoirs, se faufilent partout sans respecter aucune règle de circulation ni de bonne conduite tout court. J'ignore ce qu'on peut faire à cet égard, mais leur présence croissante rend les déplacements plus dangereux et la vie dans la ville encore moins civilisée qu'avant.

Je crois qu'avec tout cela, on devrait pouvoir élaborer un bon programme pour la prochaine mandature, sans revenir à la politique tout-voiture précédente que les Parisiens n'ont pas vraiment de raison de préférer à celle pratiquée par la municipalité actuelle.

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...Dans un autre genre et pour nourrir la réflexion de nos lecteurs sur la politique des déplacements à Paris, Guillaume nous signale la parution d'une étude... Résumé.

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Déplacements à Paris, une étude reproche à la Ville de Paris de privilégier le bus au détriment du métro

Deux chercheurs indépendants chargés par le conseil scientifique de la Ville de Paris d'analyser les outils d'évaluation de la politique des transports parisiens contestent "l'ambition" affichée par la Mairie de Paris de réduire la circulation automobile en misant sur le vélo, le bus et le taxi.

Parue en septembre, l'étude de Jean-Pierre Orfeuil et Marie-Hélène Massot avance les éléments suivants :
- Ces "modes de déplacement en surface" n'assurent que "7,8 % des déplacements (...) et 8,3 % des distances parcourues".
- Ce qui "conditionne l'équilibre entre voiture et transports publics", c'est le développement du métro et du RER. "C'est le réseau ferré qui fait fonctionner Paris", insiste l'étude.
- Métro et RER totalisent 33,4 % et 56, 5 % des distances parcourues. La voiture, les deux-roues motorisés "servent surtout aux besoins des actifs, le bus aux besoins des inactifs".
- 78 % des automobilistes et 60 % des usagers du métro et du RER sont des actifs, contre 39 % de la clientèle du bus. Limiter la circulation automobile pourrait donc avoir des effets négatifs sur l'activité économique à Paris.
- Alarmistes, les auteurs mettent en garde la Mairie contre une approche "strictement parisienne, qui ne peut constituer qu'une réponse très partielle" aux problèmes de déplacement. Un automobiliste sur deux est banlieusard et 56,5 % des trajets parisiens sont le fait de liaisons avec la banlieue - et les deux chercheurs de citer l'exemple du développement du stationnement résidentiel, qui pénalise les banlieusards en les obligeant à tourner longtemps pour se garer, contribuant ainsi à alourdir le trafic et la pollution.

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Pierre

Plus d'info :
+ ...Denis Baupin, adjoint au Maire de Paris en charge des transports a quant à lui réagit à ce rapport. Extraits : "Les auteurs de cette note ont une vision (...) fondée uniquement sur l'efficacité économique. La façon dont on organise le partage de l'espace dans la Ville et dont on assure les déplacements des moins jeunes, via le bus notamment, n'est pas leur problème !" Arguant du fait que M. Orfeuil est membre du conseil scientifique de l'Institut pour la ville en mouvement, un organisme soutenu par PSA Peugeot-Citroën, l'élu écologiste a affirmé par ailleurs que les conclusions du chercheur sont "l'émanation du lobby automobile".
+ Notre rubrique "Circulation et transports en commun"...