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mardi, 03 janvier 2023

L'art en prison

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Fin 2022 a eu lieu à la Mairie du XIIIè arrondissement, une très belle exposition sur de magnifiques peintures réalisées par des détenus du monde entier. Une initiative résultant d’un partenariat entre deux associations l’une créée par Peter Echtermeyer "Art and Prison" un ancien aumônier allemand ayant longtemps travaillé dans des prisons et l’autre, "Art et prison en France"créée par Bruno Luvolé. Cela donne un résultat étonnant où l’on peut se rendre compte que les détenus ont en eux des capacités insoupçonnées et sont capables par le biais de l’art de se transformer… Un nouveau regard sur le milieu carcéral…

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Pourriez-vous parler de votre association « Art et Prison en France » ?

C’est une association qui a été créée en 2014, au départ pour organiser l’exposition en France d’œuvres d’art détenues dans le monde entier. Ce qui a déterminé cette initiative c’est la rencontre de mon épouse avec Peter Echtermeyer.  Nous étions en voyage en Italie et elle a vu cet homme devant une galerie qui lui a dit « Entrez, voyez ». Elle a donc vu une exposition de tableaux, et Peter Eschtermeyer lui a demandé ce qu’elle en pensait. Elle lui a répondu que quelque chose d’étonnant émanait de ces peintures et c'est alors qu'elle a appris que ces tableaux étaient réalisés par des détenus du monde entier.  A l’époque Peter Echtermeyer était aumônier dans une prison en Allemagne et il a mis en place cette association dans le but de promouvoir l’art pictural des prisonniers.. Il a également créé un concours international de peinture réservé aux détenus. Comme il avait de nombreuses relations dans des prisons se situant dans différents endroits, il a réussi à obtenir des tableaux qui venaient de 40, 50 pays (aujourd’hui, il y a près de 60 pays représentés) et en 2022, il en est à son 6ème concours. Un jury avec artistes et spécialistes est présent, et des sponsors donnent de l’argent ce qui permet d’attribuer des prix.. Mon épouse est cinéaste, et elle a eu envie de faire un film sur le sujet car c’était inédit pour nous. Il s’intitule «  Un demi- mètre carré de liberté. » Pour le moment, nous ne l’avons pas encore mis sur une plate-forme, nous l’avons montré lors de festivals notamment aux Etats-Unis et  il a obtenu un prix en Angleterre. Nous l’avons aussi montré 2,3 fois à Paris particulièrement lors de l’exposition à la Mairie du XIIIè arrondissement. Nous n’avons pas trouvé de financement pour le mettre en vente, Il aurait fallu davantage de sensationnel. Si un gangster était devenu peintre, la situation aurait davantage intéressé les médias mais ce n’est pas ce que l’on a voulu démontrer. Nous avons parlé avec Peter Echtermeyer de notre documentaire qui nous a donné son accord mais nous a expliqué que ce qui l’intéressait surtout c’était d’exposer ses tableaux en France.  Il avait déjà exposé dans divers pays d’Europe. C’est ainsi que nous avons créé notre association pour exposer cette collection en France. Nous avons  trouvé une galerie près de la Bastille qui s’appelait Dorothy’s Galerie tenue par une américaine qui a bien voulu prendre l’exposition gratuitement même si les œuvres n’étaient pas à vendre. Nous avons pu bénéficier de la galerie pendant 3 mois.

 

 

Pourquoi les œuvres ne sont-elles pas en vente ?
L’une des difficultés c’est qu’il existe un contrat de cession signé avec les pays. Ce n’est pas possible de vendre car tout dépend  des règles de chacun. C’est vraiment au cas par cas et c’est extrêmement compliqué à gérer. Quand on a exposé les œuvres en 2014, il a fallu trouver une structure juridique pour financer le transport. On avait levé des fonds en créant cette association et on avait organisé à l’époque 18 soirées sur la détention et surtout sur l’art en prison. Une soirée avec des juges, des anciens détenus, diverses personnes a été mise en place. Des films ont été projetés dans la galerie et certaines personnes nous ont encouragé  à continuer notre action en faveur  de l’art en prison. On a donc persévéré, et l'on a refait des expositions à Saint-Nazaire, Paris et Strasbourg en 2018. Et en 2022 on a fait cette exposition à la Mairie du XIIIè. On aurait du le faire avant mais le covid nous en a empêché. Nous avons également un réseau de galeries d’art qui s’appelle « Carré d’artistes « qui nous a accueilli pendant un mois à Marseille pas très loin du vieux port.

 

 

Quel est le but essentiel de ces diverses démarches ?

De donner au public une vision différente de l’univers carcéral  et des détenus en exposant  ces œuvres qui sont souvent magnifiques. Ce sont des personnes qui ont à un moment donné de leur vie commis des actes répréhensibles même dans certains cas un acte criminel mais on ne peut pas résumer le profil d’une personne juste à un agissement dépourvu de tout contrôle à un moment donné. Et puis les gens évoluent. Les personnes libres à l’extérieur évoluent, les détenus aussi et on veut changer le regard envers ces prisonniers. Ce sont des personnes qui peuvent créer un bel univers avec tout ce que cela implique. Un public qui regarde les détenus différemment va aider à leur réinsertion. En effet, souvent l’une de leurs difficultés, vient du fait qu’ils ont fait quelque chose de condamnable et c’est marqué sur leur front à vie. Il existe beaucoup de récidives car on ne leur donne pas la possibilité de ne pas récidiver. Comme l’a bien dit Peter Echtermeyer lors d’une interview, si on leur tend la main, si on les aide, s’ils ont un accueil favorable, cela peut multiplier leurs chances de s’en sortir.  Les personnes qui récidivent je ne parle pas forcément des crimes les plus violents se trouvent à leur sortie à la rue. Ils perdent leur logement faute de payer le loyer, sont souvent rejetés par leur famille quoi qu’ils aient fai. Ils se trouvent désocialisées car leur contact se résume aux personnes qu’ils ont fréquenté pendant 1 ou 2 ans en détention. Donc ils en viennent à voler faute de pouvoir se nourrir. L’art les aide à changer de comportement, à se cadrer, à se poser, à réfléchir éventuellement sur ce qu’ils ont fait.  Il faut être conscient que l’on demande à la prison de pallier les faiblesses de la société à intégrer ces personnes là. Il y a beaucoup de personnes quand on parle de récidives qui espèrent que la prison va corriger en 4,5, 10 ans ce qui n’a pas été fait pendant les 20 premières années de la vie de la personne.

 

 




 

Quelles sont les œuvres qui ont été exposées à la mairie du XIIIè ?

Celles du concours de 2020 avec quelques œuvres emblématiques que l’on réexpose plusieurs fois. A chaque fois, c’est extrêmement bien reçu, et l’intitative  soulève beaucoup d’interrogations . On se rend compte que des détenus peuvent s’exprimer par l’art, que c’est universel, et que ce n’est pas une lubie sociale dans un pays. On a de plus en plus de gens qui rejoignent notre association et l’on est maintenant un peu plus de 40 membres. Je pars avec une camionnette et quelques amis de l’association  et l’on va chercher les tableaux à Berlin, Marseille, puis on les ramène à Paris.  C’est un budget qui cette année a représenté au total 15.OOO euros et il faut les trouver. On a fait des levées de fond sur financement participatif et on avait encore des fonds acquis lors des précédentes expositions.  En 2018, on avait reçu une subvention de l’administration pénitenciaire dans le Grand Est lors d’une expo à Strasbourg. En 2014, on avait eu des subventions de la Sodexo justice services et en 2022 on a obtenu une subvention du secours catholique et une subvention de la Mairie de Paris.  A chaque fois, on essaye de taper large avec des personnes qui nous soutiennent. Globalement, peut-être parce que les gens qui viennent sont déjà intéressés par le thème, les réactions sont toujours très positives. Les gens de la Mairie du XIIIè avec qui j’ai pu en parler sont étonnés par la qualité des œuvres et se rendent compte que ces personnes qui parfois ont fait de longues peines sont capables de réaliser de très belles choses…

 

 

 

 

Existe-t-il beaucoup d’ateliers culturels en prison ?

Oui plus qu’on ne le croit. Il y a deux ans est sorti un film intitulé « Le triomphe » une fiction qui recréé un atelier théâtre en détention . Présente aussi de la danse avec l’intervention de chorégraphes comme Pierre génie qui a monté un spectacle Porte de la Villette avec des détenus de Nanterre. On trouve également des arts visuels comme la peinture, la sculpture, le chant, la musique . Mais c’est un nombre limité de détenus qui en profitent à chaque fois. Des initiatives se mettent en place pour apporter un peu d’art dans les murs . A eu lieu une exposition au centre pénitentiaire sud francilien à Réau. Les détenus sont devenus des spectateurs et ont pu observer des reproductions d’œuvres au sein  de grands tableaux. Certains détenus avaient été formés pour être des commissaires d’exposition dans le but de faire visiter les expos à d’autres détenus. C’est bien, mais ce que l’on regarde aussi c’est ce que produisent les détenus eux-mêmes. A Paris, une organisation « Talents cachés » organise des œuvres qui viennent de la région parisienne. Ils les montrent  depuis quelques années à la Mie de Pain tous les ans au mois d’octobre. Ce qui implique qu’il existe quand même beaucoup d’ateliers comme des ateliers théâtre à la Santé. Quand nous avons projeté notre film à la Mairie du 13ème, une jeune femme qui intervient en atelier théâtre dans ce lieu a lu des textes. On peut donc voir des œuvres qui viennent d’autres institutions que celles du concours allemand. Mais c’est parfois compliqué à monter pour des raisons de cession. Prendre des œuvres, les retourner en détention, réussir à les faire sortir demande toute une logistique…

 

 

Comment se passe un atelier ?

Dans les ateliers auxquels on a assisté il règne souvent une certaine forme de liberté, ce sont les personnes qui choisissent. Un modèle est parfois suggéré mais pas obligatoirement. On peut aussi être simplement des guides ou des professeurs en disant : Vous faites un peu ce que vous souhaitez mais soyez un peu plus structuré dans ce que vous faites.  Quand vous fais ceci, essayez de le représenter de telle ou telle façon. » On peut aussi proposer un texte sur lequel il faut parler, un thème.  Chacun créée différemment et la fréquence dépend des centres. Dans une maison centrale comme Saint-Maur, les gens ont la possibilité de se promener à certaines heures de la journée. Tout est très sécurisé, mais des plages horaires sont instaurés et ceux qui le veulent peuvent avoir accès à la salle qui en général est fermée. Il faut que quelqu’un procure l’accès mais on peut y rester le temps que l’on veut. Si un détenu a envie de peindre, il peut le faire seul dans sa cellule si les conditions présentes dans les maisons centrales le permettent… C’est moins restreint qu’on ne le pense mais je manque un peu de statistiques là-dessus sachant qu’il existe en France 187 établissements pénitentiaires. Ceux pour les longues peines les maisons centrales et les maisons d’arrêt. Dans les maisons d’arrêt, on trouve généralement trois catégories de détenus : les prévenus en attente de jugement, les détenus pour courte peine moins de deux ans, les détenus en attente de transfert et entre deux affectations. Ceux qui sont en courte peine ont moins de chance d'avoir accès aux ateliers vu l’attente.  On aura donc plus de gens condamnés à de longues peines.

 

 

Est-ce réservé à un certain profil de détenus ?

En général ce sont quand même des détenus qui se comportent correctement, ceux en rébellion ou autres, on a plus de mal. Les places sont chères et quand on avait réalisé notre film, un détenu nous avait dit qu’il avait attendu un an et demi avant de pouvoir intégrer un atelier de peinture d’environ 10,12 personnes pour 800 détenus. Et puis peut-être que c’est plus facile de se projeter, de participer à des ateliers pour les détenus qui ont déjà un certain bagage artistique. C’est à titre personnel d’oser se lancer. La plupart avaient déjà un contact avec le domaine, mais il peut exister des personnes totalement ignorantes sur le sujet. En général dans ces ateliers les artistes qui interviennent et guident les prisonniers sont extérieurs à la prison.  C’est vraiment dans les années 80 du temps où Robert Badinter était ministre de la Justice que cela a vraiment démarré.  

 

Possibilité pour des personnes de l'extérieur d'intervenir

 

Un partenariat avait été signé entre le Ministère de la Justice et le Ministère de la Culture avec une convention qui permettait à des personnes extérieures d’intervenir. Il fallait quand même le cadrer et l’organiser.  C’est souvent pris en charge par des associations locales et ces prisonniers peuvent effectivement être totalement dépourvus d’éducation artistique. On en rencontre un certain nombre y compris parmi les longues peines qui nous ont dit quand on a fait le film qu’ils n’avaient jamais eu de contact avec l’art. Mais l’un d’entre eux a confié avoir déjà pris un carnet pour dessiner.  Ce sont généralement des gens qui ont quand même une petite démarche de fibre artistique. Certains peuvent dire « Je ne connaissais pas, et dans l’enfermement ça m’a permis tout à coup d’être plus apaisé.  Cela oblige le détenu dans un milieu assez anxiogène et agité à se poser, se calmer, réfléchir et à se demander ce qu’il peut produire, ce qu’il a envie de montrer et comment. On peut juste barbouiller une toile, mais ce n’est pas le cas en général. Ce sont souvent des moments que les détenus apprécient dans un atelier ou même en cellule. Etre tout à coup plongé dans une création, s’exprimer par l’art alors qu’’ils ne sont pas forcément à l’aise dans la langue du pays est pour eux une sorte de réconfort. Ce sont des personnes qui bougent, qui ont d’autres origines culturelles. Il existe tout un ensemble de cheminements pour le détenu qui l’incite à aller vers cela même s’ il n’avait pas la fibre artistique au départ. Un rapport réalisé en 2022 devant l’Assemblée Nationale sur le système pénitentiaire français démontre que le niveau d’études des personnes en détention est quand même très faible. On considère qu’il y a 10% d’illétrés, 20% qui maîtrisent mal l’écriture et 75% qui ont un niveau maximum CAP.. Il viennent de milieux défavorisés soit par l’environnement, soit par les hasards de la vie, ce qui les bloque complètement et les font réagir de manière totalement dépourvu de sens social.

 

 

 

Des exemples de reconversion ou autres ?

Je pense à un détenu que l’on connaît assez bien qui a été le parrain de nos expos en 2018. Il a fait des conneries jeune et s’est remis au dessin, a repris des études de communication alors qu’il était en détention et qui maintenant est dessinateur et publie des BD. Il a fait une attaque à main armée, s’est laissé entraîner dans un groupe. Il s’est retrouvé condamné à 10 ans, et a du en faire 6. Il ne peignait pas avant, et il est même devenu acteur dans le film «L’innocent » où il joue l’un des gangsters.  Lui qui a eu une enfance difficile affirme que tout ce que l'on a en soi notamment contre la société qui nous a mal traité, qui ne nous a pas aidé ou jamais tendu la main , c'est plus judicieux de  le mettre sur une peinture plutôt que d'agresser les gens.  La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot auditionné en octobre à l’Assemblée Nationale qui justement citait des détenus devenus positifs pour la société a parlé immédiatement de lui.

 

le livre d'un détenu s'en étant sorti

 

 Mais il y en a d’autres comme Karim Noktari qui a écrit un livre « Rédemption, itinéraire d’une enfance cassée ». Il a eu une enfance telle que je ne sais pas comment nous aurions réagi à sa place. Quand on est tout petit dirigé dans la mauvaise direction c’est très dur de s’en sortir et lui s’en est sorti en prison. Tout d’un coup, il a eu la force de caractère de s’ en sortir. C’est un exemple de personne qui par l’accès à la culture en détention a pu commencer à se cultiver, à changer. C’est quelqu’un de remarquable, très brillant, coordonné, très structuré dans sa pensée. J’ai aussi entendu parler d’une femme nommée Diana par Peter Estermeyer qui a fait des années de prison en Ukraine et qui est l’auteur de deux tableaux et qui en sortant est devenue travailleuse sociale. Sa capacité à s’exprimer par l’art l’a contrainte à réfléchir. Elle a peint dans une cellule avec 30 femmes autour d’elle. Il faut avoir une capacité à sortir de l’endroit où l’on est… Il existe cela dit des génies de la peinture qui ont été des voyous comme Caravage.  Il ne faut pas idéaliser les choses mais ça aide à s’en sortir. Une directrice qui s’exprime dans notre film témoigne que la vie est dure pour beaucoup de gens qui sont mécontents de leur sort et qui expriment cette colère par la violence. S’ils sont face à un obstacle du fait qu’ils n’ont peut-être pas la maîtrise du langage, l’art peut leur permettre de dire ce qu’ils ont en eux et de témoigner leur rage de façon positive.  Des statistiques concernant l’effet de l’art sur les récidives ? Je n’ai pas de chiffres sur la récidive, la non récidive et à ma connaissance il n’existe pas vraiment d’étude sociologique ayant permis de suivre les gens de façon suffisamment vaste pour dire quoi que ce soit. Une étude faite par le profeseur Keliotis en Angleterre portait sur seulement 90 personnes . Or chaque année il y a plus de 90.000 personnes qui sortent. C’est donc difficile d’en tirer des conclusions. Beaucoup de détenus une fois sortis de prison, ne souhaitent pas rester en contact avec le milieu pénitentiaire et on ne sait pas ce qu’ils sont devenus. Ils disent que cela fait partie de leur passé, et veulent définitivement tourner la page. . On ne sait donc pas ce qu’ils deviennent sauf s’ils retournent en prison.

 

Quels sont les pays ou l'art en prison est davantage développé ?

Ce que l’on constate d’après le concours allument, c’est que pratiquement aucune œuvre ne provient d’Afrique. Ceci pour des raisons purement matérielles et financières. Les pays où c’est le plus développé c’est en général l’Angleterre avec une fondation qui s’appelle « The Koestler Trust". Ils sont financés par l’administration pénitentiaire et organisent chaque année également un concours d’art et exposent dans un lieu emblématique à Londres. 250 œuvres venant des prisons britanniques. Il y a quelques années quand on en avait parlé, ils recevaient annuellement 8000 œuvres sachant qu’un autre concours a lieu en Ecosse. Ils servent un peu un modèle et sont financés par l’administration pénitentiaire britannique. En Californie, il existe une association « The  lawyers for the Art « , « les avocats de Californie pour l’art » qui a organisé un grand colloque avec des intervenants de plusieurs Etats. Aux Etats-Unis, cela dépend des Etats et on en trouve de plus ou moins répressifs. Les échos que l’on a en France indiquent que si c’est l’administration pénitentiaire elle-même qui s’en occupe, ce n’est pas très bien reçu. En effet, on ne va pas transformer un gardien de prison en professeur d’art et de plus en plus, il peut survenir une réaction psychologique négative  si c’est imposé par l’administration. Donc la richesse vient de l’intervention de gens venant de l’extérieur.  Ce sont souvent des initiatives d’associations qui permettent d’avoir ce foisonnement et je dirais que dans les pays occidentaux globalement c’est assez développé.  Beaucoup d’œuvres également viennent d’Amérique latine. De temps en temps, les conditions d’emprisonnement font la une des journaux et disent que la situation ’est assez catastrophique.

 

 

Quels sont vos projets ?

Refaire des expositions. Le 6ème concours international se déroule en ce moment et comprend davantage de tableaux venant de centres français. Nous allons exposer de nouveau ces collections en 2024. On est aussi présent jusqu’à début mars à Villeneuve sur Yonne . Un débat va avoir lieu le 16 janvier à 18h30 sur l’art et la culture en prison à l’auditorium de la Mairie de Paris. L’on va faire parler des intervenants come Mr Cotte ancien magistrat, président honoraire de la chambre criminelle de la cour de cassation, et ex président de chambre au tribunal pénal international, Laurent Ridel directeur de l’administration pénitentiaire, Karim Moktari un ancien détenu, et Peter Echtermeyer l'aumônier. Ils expliqueront ce que l’art apporte aux détenus. Pourquoi et comment il faut le développer, quels sont les enjeux et les défis que représente l’introduction de l’art et de la culture en détention.  Au mois de janvier, 12 tableaux vont être reproduits sur de grands panneaux en impression aluminium et exposés rue de Rivoli juste avant l’hôtel de ville dans un bâtiment de la Mairie de Paris la caserne Napoléon … On devrait également essayer de monter une exposition en 2023 ou 2024 dans le Sud de la France à Nimes avec un coordinateur culturel. J’ai suggéré l’idée à l’administration pénitentiaire de faire une exposition venant de la collection à la fois en détention et en extérieur afin que les deux initiatives soient jumelées.  

 

Agnès Figueras-Lenattier