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mercredi, 23 août 2006

Une interview de Pierre Castagnou (Part. V)

C'est bientôt la rentrée. L'occasion pour Paris14.info de faire le point sur les dossiers en cours dans notre arrondissement avec Pierre Castagnou, Maire du XIVe...

Aujourd'hui, deux des thèmes phares de la mandature : petite enfance & crèches.

Paris 14 (P14) : À quand une crèche dans le secteur de la Porte d'Orléans, n’était-elle pas prévue rue Morère ?

Pierre Castagnou (PC) : C’était difficile rue Morère pour des raisons techniques ; ou alors le coût aurait été très élevé… Mais il y aura des places réservées à la Mairie d’arrondissement dans la crèche de la poste Bachelard, qui va ouvrir près de la Porte d'Orléans : 15 places.

P14 : S’agissant des crèches, pourriez-vous nous donner quelques chiffres ? Combien y-a-t-il de places de crèches dans le XIVe et pour combien d’enfants en bas âge ? A la fin de la mandature, combien de places supplémentaires aurez-vous construit ?

PC : Il y a très exactement 1758 places de crèche pour un total de 3900 enfants de moins de 3 ans. Nous aurons attribué en fin d’année 2005 un peu plus de 600 places sur 1600 demandes. La manque de places est un vrai problème, même si, en la matière, le 14e n’est pas l’arrondissement le plus mal loti. 

P14 : Mais il y a l’air d’avoir une forte disparité, comme par exemple entre le quartier de la Place de Catalogne qui a plus de places que dans le sud de l'arrondissement.

PC : Oui, c’est vrai ; le problème est souvent celui de locaux ou de terrains disponibles.

P14 : Le fils de Laurent Fabius, Thomas Fabius, a pour métier d’installer des crèches dans les entreprises privées. La Mairie ne pourrait-elle pas négocier des accords et demander des contingents de 10-15 places pour le secteur public, quitte à financer une partie ?

PC : Oui, je connais cette initiative. Nous sommes ouverts à toute discussion. Pour preuve, le projet engagé avec la poste, qui  est un établissement public, ou avec l’hôpital Ste Anne dont la crèche accueillera les enfants du personnel mais aussi des enfants de l’arrondissement.

P14 : La gare de la petite ceinture sur l’Avenue du Général Leclerc, dite gare de Montrouge, ne pourrait-elle pas être utilisée pour une crèche ? Au passage, est-il prévu de protéger ce patrimoine ?

PC : Elle est en très mauvais état. Mais la Ville n’est pas chez elle. La gare appartient à Réseau ferré de France (RFF).

A la fin de la mandature, nous aurons créé 290 places. C’est encore insuffisant, bien évidemment, mais le retard accumulé est important et ne pouvait pas être comblé en une mandature. Cela d’autant plus qu’au niveau parisien les arrondissements de l’Est parisien souffraient d’un manque encore plus important qu’il a fallu essayer de combler.

P14 : A combien estimez-vous les besoins ?

PC : Un millier de demandes n’ont pu être  satisfaites cette année. Mais parfois les parents peuvent trouver une solution avec la garde à domicile... Ce qu’il faut, c’est, au minimum, pouvoir satisfaire les demandes des familles qui financièrement n’ont pas d’autres solutions que les crèches.

P14 : Les gens posent des questions sur les suivis des dossiers. Les familles pourraient-elles avoir la possibilité de suivre leur dossier sur internet ? Et d’autre part, quels sont les critères d’attribution au sein de la commission transparente ? Un seuil de revenu ?

PC : Je retiens cette idée d’accessibilité du dossier en ligne… Nous avons crée un Bureau des crèches auquel tout le monde peut s’adresser pour déposer une demande ou savoir ou en est son dossier. Sous l’ancienne équipe, les demandes de places étaient gérées par le cabinet du maire…
Une commission de transparence se réunit tous les trimestres. Des critères d’attribution ont été fixés : l’emploi (ou la formation), les horaires de travail et le temps de trajet, les revenus, la domiciliation, la situation familiale (on sait qu’à Paris, il y a un pourcentage très élevé de familles monoparentales), l’âge des enfants, d’éventuels rapports des services médico-sociaux.

Cette commission fonctionne très bien. Personne ne critique son fonctionnement. Elle est présidée par mon adjointe chargée de la petite enfance ; y siègent également mon adjoint chargé des affaires scolaires, un représentant de l’opposition, la coordinatrice des crèches de l’arrondissement, un médecin…

Propos recueillis par Dan Krajcman et Pierre Vallet - cette interview a été relue par Pierre Castagnou

Plus d'info :
+ Subventions aux associations, accès aux équipements municipaux, finances de la Ville... Suite de notre interview après-demain.
+ Interview de Pierre Castagnou Part. I / II / III / IV...

samedi, 19 août 2006

Une interview de Pierre Castagnou (Part. III)

C'est bientôt la rentrée. L'occasion pour Paris14.info de faire le point sur les dossiers en cours dans notre arrondissement avec Pierre Castagnou, Maire du XIVe...

Aujourd'hui, logement social, Loi SRU et spéculation immobilière...

Paris 14 (P14) : Nous allons aborder le thème du logement social. La Ville de Paris finance 4000 logements sociaux chaque année, le chiffre couramment évoqué est celui de 100.000 demandeurs de logements sociaux, près de 5000 pour le seul 14ème arrondissement. Quelle est la durée moyenne d'attente pour un logement social ? Faut-il attendre plus de 10 ans ?

Pierre Castagnou (PC) : La difficulté à laquelle nous sommes confrontés, c’est d’abord le très faible taux de rotation : 4% sur Paris et 2,5% sur le 14ème arrondissement. Donc il y a peu de logements qui se libèrent.

La Ville construit beaucoup. Elle rachète aussi des immeubles privés pour les transformer en logements sociaux. Dans l’arrondissement, nous avons aussi 3 projets de maison relais pour les personnes en grandes difficultés sociales. Jamais autant n’a été fait en matière de logement. Mais il faut que tout le monde s’y mette. Le problème du logement n’est pas que parisien, il est aussi francilien. Trop de villes refusent de construire des logements sociaux !

P14 : Vous dites que l’un des problèmes dans le 14ème c’est le faible taux de rotation. Mais la Ville achète dans le 16e où le taux est encore plus faible. Ma question c’est le problème n’est-il pas le droit au logement social à vie ? On vous donne à l’âge de 30 ans un logement correspondant à vos besoins familiaux. 40 ans plus tard, vos besoins ont évolué mais vous êtes toujours dans le même appartement…

PC : Quand la situation du locataire évolue mais qu’il souhaite rester dans son logement, on ne peut pas non plus lui dire « vous dépassez le plafond, donc vous quittez » ! La loi prévoit des surloyers.
La Ville, par l’intermédiaire des bailleurs sociaux comme l’OPAC, développe les échanges de logements  pour que par exemple les foyers où il n’y a plus d’enfants, puissent trouver un logement plus adapté et laisser leur appartement à une nouvelle famille.  C’est une politique nouvelle mais elle n’est pas aisée à mettre en oeuvre. Les gens sont attachés à leur logement, leur immeuble, leur quartier…

P14 : Combien de logements sont réellement disponibles sur les 4000 logements financés par la Ville ? Le chiffre de 1200 est avancé…

PC : Dans le 14e, la grande majorité des logements financés sont des logements construits et non acquis, soit les deux tiers. Dans l’arrondissement, sur le millier de logements sociaux nouveaux financés sur 2001-2008, 650 relèvent de la construction neuve et 365 de l’acquisition.

P14 : Il y a une situation d’urgence absolue : au sein de la commission transparente d’attribution, comment fait-on le tri ?

PC : Il y a 4600 demandeurs de logements dans le 14ème. En raison du très faible taux de rotation, à peine 80 logements peuvent être proposés par an. Et il est déjà arrivé que certains mois aucun logement ne puisse être proposé… Après, la commission examine selon les critères qu’elle a définis, et sélectionne (ce qui n’est pas facile) trois demandeurs par logement avec un ordre de priorité. Puis c’est le bailleur, et non la commission, qui attribue.

Mais il faut être réaliste : la crise du logement n’est pas que parisienne. Elle est nationale. Il y a trois millions de personnes en France qui sont mal logées, ou pas logées du tout. Emmaüs reconnaît dans son rapport annuel l’effort fait par la Ville de Paris. Mais Paris n’est pas en mesure, à elle seule, de résoudre le problème du logement à Paris. Dans ce domaine, il faut une impulsion très forte, une politique très volontariste de l’Etat ; il faut une mobilisation des collectivités locales, et s’agissant de Paris, c’est en associant les communes limitrophes qu’on pourra mieux répondre à une vraie politique foncière. Il a fallu toute l’énergie de Jean Paul Huchon pour obtenir le feu vert de l’Etat afin de créer une agence foncière Régionale.

Il faut lutter contre la spéculation immobilière et contrôler la hausse des loyers. Dans une ville comme Paris c’est essentiel. Il faut aussi utiliser le droit de réquisition. Dans le passé ça a été fait par des gouvernements de gauche, ceux de Pierre Bérégovoy et de Lionel Jospin. Marie-Noëlle Lienemann, alors ministre du logement, avait réquisitionné le 26 rue de la Tombe Issoire où l’on avait fait des travaux pour loger provisoirement des familles en difficulté.

Cela sera l’un des thèmes majeurs des campagnes présidentielle et des législative. En tant qu’homme de gauche, j’ai trouvé invraisemblable que l'Abbé Pierre ait été obligé de faire un deuxième appel après son premier appel de 1954. Et 50 ans après, on est toujours dans la même situation, même pire ! Ce n’est pas acceptable. Cet hiver, Médecins Sans Frontières a distribué des tentes au sans-abri pour attirer l’attention sur ce grave problème.

P14 : Dans la rue du Commandeur, il y a des bureaux vides… ?

PC : Il s’agit d’un immeuble privé. Nous avons souhaité le racheter mais le prix était trop élevé. Finalement, c’est le siège national de l’UCPA qui s’y est installé.
Le 14e va dépasser en 2006 20 % de logements sociaux. D’ici la fin de la mandature, l’arrondissement comptera plus de 7% de logements sociaux supplémentaires.

P14 : La loi SRU oblige à 20 % de logements sociaux : faut-il aller au-delà de la loi ? Faut-il s’arrêter là ?

PC : La loi est destinée à contraindre les communes qui ne le font pas à construire des logements sociaux. Sur Paris, chacun a pu constater la résistance de certains maires, dont certains ne se gênent pas pour faire la leçon, à construire des logements sociaux dans leur arrondissement où ces 20% sont très loin d’être atteints. 20% est un minimum. Nous devons être en mesure d’apporter une réponse aux demandeurs de logements sociaux. Paris va aussi plus loin. Le PLU impose 25 % de logements sociaux dans les programmes de construction neuves.

Bien sur, il ne s’agit pas de construire n'importe où, n'importe comment. Mais les programmes de logements sociaux sont aujourd’hui de belle qualité architecturale. Il y a aussi le problème des ventes à la découpe qui touchent beaucoup d’immeubles à Paris et dans le 14ème, comme rue du Commandant Mouchotte, où finalement le propriétaire à renoncé à vendre après que la Ville ait annoncé qu’elle entendait acheter.

Propos recueillis par Dan Krajcman et Pierre Vallet - cette interview a été relue par Pierre Castagnou

Plus d'info :
+ Suite de notre interview après-demain avec la question des sans-abri.