lundi, 19 septembre 2005
Ferme Montsouris : nouveau coup de poker du promoteur
La dépêche AFP est tombée à 13h29. L'immeuble du 26 rue de la Tombe-Issoire, évacué le 2 septembre dernier par la police, sera "rénové intérieurement" pour le transformer en une trentaine de logements étudiants pour début 2006, a annoncé lundi son propriétaire, un promoteur qui a précisé qu'une autorisation de travaux pour le ravalement et la remise en ordre de la toiture a été déposée.
Dans la foulée de cette évacuation, la SOFERIM affirme dans cette même dépêche avoir "immédiatement entrepris des travaux d'assainissement du bâtiment". Et d'ajouter que "si les fermetures, les alarmes et le gardiennage ont été renforcés pour éviter un nouveau squat, il a été procédé à une désinfection, à un nettoyage et au démarrage des travaux pour remettre le bâtiment en état d'habitabilité".
Rappelons que la SOFERIM s'était jusqu'alors vu retirer le permis de construire par la Mairie de Paris puis l'autorisation de travaux par le Ministère de la Culture. La Ville venait d'ailleurs de faire une offre de préemption... On s'étonnera qu'il faille à peine 3 mois à la SOFERIM pour remettre en état un immeuble qu'elle déclarait elle-même haut et fort en état d'insalubrité irrémédiable il y a quelques jours... Un nouveau coup de poker du promoteur qui avec cette annonce alléchante et apaisante semble une fois encore revenir dans la course. Alors, la hache de guerre sera-t-elle prochainement enterrée ?
Le Collectif pour la sauvegarde du site s'est toujours battu pour la restauration du site, le principe même d'une réhabilitation et donc du percement de fondations modernes apparaissant incompatibles avec la sauvegarde du site classé des Carrières de Port-Mahon situé sous l'ensemble du sous-sol de la Ferme et certains immeubles du voisinage. Il sera donc intéressant d'analyser permis de construire et demande d'autorisation de travaux pour en savoir plus et analyser la validité de ce nouveau projet. A suivre...
Pierre
Plus d'info :
+ ...Le sort des 80 résidants du squat, toujours dans l'espoir d'une solution de relogement durable, n'est quant à lui pas mentionné dans cette dépêche.
+ Une petite note qui tente d'analyser la situation des résidants...
+ Le site officiel du Collectif - réalisé par des bénévoles...
+ Le site internet que la SOFERIM consacre à son projet du 26-30 rue de la Tombe-Issoire.
16:35 Publié dans 14e arrondissement, 14e solidaire, Denfert-Rochereau Arago, Ferme Montsouris, Logement, Montsouris Dareau, Porte d'Orléans Alésia, Vie Citoyenne | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Paris 14e arrondissement
Commentaires
Doit-on en conclure que l'expulsion des squatteurs ne bénéficie qu'à la Soferim ?
La ville a désormais sa préemption bloquée, et de toute évidence le promoteur va rénover au plus vite (pas au mieux..) pour pouvoir justifier devant la Mairie d'un prix très élevé à la négociation.
Résidence étudiante ? On sent un promoteur immobilier en quête de popularité... Ce n'est pas ce qu'il projetait de faire dans le passé, on s'en souviendra tout de même. La préservation du monument historique ? Il n'a plus le choix, la municipalité non plus du reste.
Ce qui est cynique, c'est d'avoir vu la force publique agir à l'encontre de gens pauvres, aux services d'une entreprise spécialisée sur les plus-values immobilières. Vous avez dit Etat de Droit ?
Écrit par : dan | lundi, 19 septembre 2005
Pierre, votre commentaire montre bien votre attachement à des valeurs de droite. D'extrême droite peut-être même. Je suis choquée par ce que vous écrivez. D'abord la plupart des expulsés avaient des papiers. Ensuite, ils n'ont pas squatté des appartements habituellement occupés par leurs propriétaires, mais logeaient dans des appartements insalubres qui leur étaient loués à des prix exhorbitants. Je me demande si vous êtes conscient des réalités et comment vous avez trouvé votre logement, mais de nos jours, c'est pas évident de se loger à Paris sans un salaire confortable et une caution parentale.
Vous ne voulez pas être traité de gros pourri, mais vous manquez d'humanité. Mettez-vous à leur place (pouvez-vous seulement le faire, confortablement installé devant votre écran ?) : vous travaillez dur toute la journée (et parfois même la nuit) pour un salaire proche du SMIC, vous payez votre loyer pour un logement insalubre parce que, vu vos revenus, c'est le seul endroit où l'on a accepté de vous louer, et du jour au lendemain on vous expulse.
Pierre, dormez dehors 1 nuit dans votre vie. Avez-vous seulement des enfants, pour pouvoir comprendre l'angoisse et la colère de ces parents, un jour de rentrée scolaire ?
Écrit par : betty75014 | mardi, 20 septembre 2005
[...Je me suis permis d'ajouter un "X" après le prénom de Pierre car je ne tiens pas à me voir attribuer ses propos par mégarde...]
Le dossier de la Ferme Montsouris n'est pas une affaire de squat comme les autres. C'est une affaire plus complexe qu'il n'y paraît.
Je comprends les propos de Pierre "X". Il m'est arrivé personnellement d'avoir affaire à un locataire indélicat (un amis d'amis). Il a mis un pied chez moi, m'a payé un mois de loyer et a passé 11 mois aux frais de la princesse. J'étais étudiants aux US et je comptais sur ce loyer pour m'aider à financer ces études. Ce couillon m'a mis dans une merde noire. A mon retour, j'ai porté plainte et fini par réussir à le faire partir. Lorsque j'ai récupéré mon appart', j'ai bien cru qu'Attila était encore de ce monde...
2 ans plus tard, il a été condamné mais il avait disparu sans laisser d'adresses. Je n'ai bien entendu jamais touché un centime.
JE PEUX DONC COMPRENDRE l'agacement, l'exaspération que peut provoquer un squat... Je ne peux souhaiter ça à personne.
Il convient cependant de distinguer squat chez un particulier et squat chez un promoteur ou institutionnel. Les "désagréments" ne sont tout de même pas de même nature lorsqu'on est soutenu par la Caisse des dépôts, la Caisse d'épargne voire la Ville de Paris - qui pour calmer votre infortune et se donner bonne figure vous donnera d'autres chantiers, d'autres terrains sur lesquels vous pourrez faire votre beurre.
Il y a donc "squat" et "squat". Je ne crois pas qu'on puisse s'émouvoir, étant donné la crise du logement actuelle, lorsque des squatteurs envahissent un immeuble laissé vide par un institutionnel parce qu'un immeuble vide rapporte le prix de la hausse de la pierre - un prix relativement intéressant à en juger par la hausse de 68,7% du prix de l'immobilier entre le 1er trimestre 1998 et le 1er trimestre 2004. La pierre n'est pas un placement comme un autre lorsque celle-ci est laissé vide...
Et puis il y a le squat "promoteur" qui est le cas "Ferme Montsouris" qui nous préoccupe. Nous sommes ici face à un promoteur qui n'a eu de cesse de mettre en danger le Monument historique classé qui se trouve sous le terrain qu'il a acheté en connaissance de cause. Ce promoteur a décidé de s'engager dans une bataille juridique sans fin pour obtenir le droit de faire ce qu'il souhaite sur ce site. C'est son choix. Il doit d'ailleurs le regretter puisqu'il a touours perdu en justice et qu'il s'est ainsi vu retirer progressivement son permis de construire (par la Ville de Paris) puis son autorisation de travaux (par le Ministère de la Culture).
Pris au piège de ses mauvaises manières - je ne mets pas tous les promoteurs dans le même sac, celui-ci est tout simplement en retard d'une époque puisqu'on n'agit pas en 2005 comme dans les années 70 - ce promoteur a, un temps, des vigiles sur le site. Ces mêmes vigiles, constatant que le bâtiment qu'ils surveillaient était vide, y ont installé leurs familles. Il ne s'agissait donc pas de dealers, de sans-papiers ou de voyous...
Le voisinage a été plutôt rassuré par ces nouveaux résidants. La carrière classée Monument historique se prolonge en effet sous certains bâtiments voisins... La Ferme Montsouris habitée, c'était l'assurance de ne plus voir le promoteur introduire des engins de 9 tonnes sur le site pour "débroussailler" sans provoquer l'alerte générale... Rappelons que, si le site en l'état ne présente aucune dangerosité, intervenir sur une carrière stabilisée n'est pas sans danger et l'effet domino aurait pu pour le coup mettre en danger de nombreux bâtiments alentours... C'est dire à quel point les habitants du quartier étaient attachés à leur squatteurs outre à leur patrimoine historique (sans oublier le petit pavillon de style troubadour de l'impasse voisine)...
Il y a donc squat chez des privés ou particuliers "à taille humaine", squat chez institutionnels qui n'ont sans doute pas saisi l'aspect parfois scandaleux d'un "placement pierre" et squat à la Ferme Montsouris. Ne mettons pas tout dans le même sac...
S'agissant enfin de l'évacuation des squatteurs, nous ne pouvons que constater qu'elle n'a rien résolu. En l'absence de solution de relogement durable, ces familles sont logées à l'hôtel. Personne ne sait où elles iront d'ici une quinzaine de jours lorsque le deuxième délai qui leur a été accordé sera écoulé. Pour le moment, elle déboursent 50% du prix de leur hébergement - soit 600 € / mois pour une famille de 4 personnes ...et 600 € qui sortent de je-ne-sais-trop-où-mais-de-notre-poche pour les 50% restants. Entre nous, je préférais quand ils occupaient des logements vides et condamnés à le rester puisque la justice allait mettre encore 18 mois à juger si oui ou non la Ville devait préempter le site...
S'agissant enfin, Pierre, de l'exemple que vous citez : "malien, sans papier, je vis en France depuis des années et perçois des aides sociales, en particulier grâce à ma nombreuse progéniture née en France", je crois que vous abordez un autre problème, celui de l'immigration clandestine, qui n'est pas le débat du jour, ni le sujet dont nous parlons. De près ou de loin.
Je ne vois pas, comme Betty (qui est visiblement dans le camp des justes), dans vos propos de racisme mais une exaspération face à une situation qui semble toujours aujourd'hui hors de contrôle et qui met à rude épreuve des systèmes sociaux ou d'intégration conçus pour la plupart d'entre eux dans l'après seconde-guerre mondiale - un temps où la mondialisation, c'était la France qui l'incarnait...
Je pense simplement qu'à trop grossir le trait, votre propos perd en crédibilité. Vous me permettrez cependant de me réjouir que certains crève-la-faim de la planète puissent encore trouver en France l'espoir d'une vie meilleure...
Écrit par : Pierre Vallet | mardi, 20 septembre 2005
Betty,
Les propos de pierre ne sont pas tous dans la finesse, mais font pourtant preuve de véracité quant aux squatteurs.
Vous nous parlez de locataires de logements auprès de ceux qu'on appelle les "marchand de sommeil". Ce n'était pas le cas des personnes du 36 rue de la tombe-issoire, où j'ai raté quelque chose.
Ensuite il y avait des sans papiers, ce qui pour moi devrait être traité différemment, par la stricte application de la loi.
Écrit par : Jean-Claude | mardi, 20 septembre 2005
oui, vous avez raté quelque chose jean-claude puisque vous ne connaissez pas le 26, 26 rue de la Tombe Issoire et non 36
en attendant les familles expulsées galèrent dehors, on n'est jamais squatteur par plaisir
Écrit par : zineb | jeudi, 22 septembre 2005
Je ne sais pas pourquoi mais ds mais stat j'ai pu voir bcp de gens qui atterissent sur mon blog d'ici - Mai sje ne vois pas de liens...? Mystere! j'y comprends rien.
Écrit par : Marion | vendredi, 23 septembre 2005
Contrairement à la plus grande partie des membres des collectifs de « défense » de la « ferme de Paris », j’habite depuis 18 ans à 20 mètres de cet immeuble lépreux : si lépreux que la rue se désertifie et que les commerces qui ont essayé de rester dans le voisinage ont finalement fermé les uns après les autres.
Je puis vous dire que le voisinage n’était en rien rassuré par la présence de ces occupants squatters. Je ne vais pas les plaindre d’avoir été expulsés d’un immeuble qu’ils devaient garder et qu’ils ont occupé illégalement. La fréquence de stationnement des grosses Mercedes noires me laisse penser qu’ils n’étaient pas tous des enfants de cœur.
Nous sommes dans un monde droit et il n’y a pas de raison de juger les promoteurs –comme tout citoyen- autrement que sur leurs actes. Le promoteur en question décrit publiquement un projet et ce projet respecte les zones protégées. Qu’il y ait des ajustements à faire est incontestable, mais je n’ai vu aucun autre projet sérieux.
Les associations n’ont fait que bloquer une réhabilitation sous prétexte que ce promoteur voulait se « faire du fric ». Les squatters faisaient l’affaire des associations de défense dans leur objectif de bloquer le système et de se faire plaisir en cassant du promoteur. Chacun doit être conscient que les projets du promoteur et leurs amendements ont été refusés pour une bonne part suite aux pressions des nombreuses associations qui ne représentaient qu’elles même et pas du tout le voisinage comme elles le prétendent.
Que l’on remette en cause notre modèle économique capitaliste, pourquoi pas, mais Paris comme d’autres villes ne sont le plus souvent réhabilitées que par des promoteurs dont c’est le métier et qui gagnent de l’argent ainsi [en procurant aussi des salaires à de nombreuses personnes qui peuvent se payer un loyer et ne sont plus obligées de squatter]. Si la mairie de Paris a un projet crédible et veut se transformer en promoteur, pourquoi pas, mais ce n’est pas encore le cas d’après les informations accessibles.
Le voisinage fait les frais d’un bras de fer idéologique anti-promoteur, et ce malheureux immeuble est depuis des années le terrain de jeu de gens qui habitent loin et ne peuvent pas prétendre être représentatives de quoi que ce soit.
Si vous ne connaissez pas cet immeuble et lisez simplement ce qui est écrit à son sujet, prenez la peine de venir le voir en vous demandant si vous pourriez apprécier d’habiter en face en sachant que les associations qui prétendent vous défendre n’ont comme objectif que de faire durer cette incurie pour se faire un plaisir idéologique.
Écrit par : José C. | dimanche, 02 octobre 2005
Wow! Attention José!
C'est des gros mots que vous écrivez là... ici c'est le site de l'UMP compassionnelle!
Écrit par : Solal | dimanche, 02 octobre 2005
Eh bien si vous habitez en face, vous avez pu au moins profiter du beau balcon fleuri jusqu'au 2 septembre, qui a remporté le 1er prix à Paris. Donc pas si moche que ça, cet immeuble. Avec son porche de taille à laisser passer chevaux et fourage, il pourrait même être classé.
Et sont d'ailleurs classées les carrières souterraines. C'est pour cela que toute construction sur ce site est impossible. Et si les carrières venaient à s'effondrer (par mégarde d'un engin de chantier de 15 tonnes), non seulement nous perdrions le dernier vestige de carrières visitables à Paris, mais on vous retrouverait, cher voisin du 26 tombe Issoire, 25 mètres sous terre avec l'ensemble de votre voisinage...
Je vous invite surtout à lire l'histoire de ce bâtiment unique à Paris (corps de ferme, cellier-crypte, jardins,...), et à acheter le livre de l'association Monts14, dont le recensement du patrimoine immobilier du 14ème arrondissement fait partie des références de la Ville de Paris depuis une dixaine d'années.
Depuis dix ans, le promoteur n'a cessé de combattre le projet pour lequel il fait aujourd'hui sa publicité. Quand à l'adjoint au logement de la Ville de Paris (J.L. Mano), pourquoi a-t-il fait fabriquer un constat d'insalubrité dans un immeuble privé où le promoteur n'attendait que cela pour faire intervenir la force publique ?
Écrit par : Dan | dimanche, 02 octobre 2005
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