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jeudi, 09 mars 2006

Un entretien avec Pierre Castagnou - Part. I (2/3)

...Suite et fin de la 1ère partie de notre entretien...

Paris14.info (P14) : Vous avez donc travaillé dans le privé… Dans quelle entreprise ?

Pierre Castagnou (PC) : Oui. Parallèlement, de 75 à 81, j'ai travaillé chez Sodexho – qui s’appelle aujourd’hui Sodexho Alliance – une grande entreprise française de dimension mondiale. Je suis entré dans cette entreprise comme Directeur de la communication interne et externe du groupe. Mes opinions et mon engagement politiques étaient connus du Président de l’entreprise. Et à cette période, j'ai pris des responsabilités nationales au sein du Parti Socialiste comme Délégué national aux Cadres. Mais pas des cadres du Parti…

P14 : Dans la droite ligne de vos fonctions au sein du Centre national des jeunes dirigeants d'entreprise.

PC : Oui. Le Parti Socialiste avait besoin à l’époque de pénétrer le milieu de l’entreprise et des cadres. Donc j’avais un profil qui intéressait le 1er Secrétaire du Parti Socialiste qui était François Mitterrand.

P14 : Dans ces fonctions, vous le rencontriez régulièrement ?

PC : Oui. Je le rencontrais… Mais vous savez, c’était un homme qui avait un mode de fonctionnement particulier. Il ne tenait pas de réunions. Les rencontres se passaient très rapidement. Je lui adressais des notes. Et puis le PS est une organisation politique très structurée, avec des instances dirigeantes, un Secrétariat national, etc.…

P14 : Mais à cette époque, vous étiez avec François Mitterrand ou avec Michel Rocard ?

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PC : J’ai toujours été avec François Mitterrand. Pourquoi ai-je adhéré au Parti Socialiste ? J’ai fait du syndicalisme étudiant à Sciences-Po avec l'UNEF, au moment de la fin de la guerre d'Algérie. C’était assez vif dans le milieu étudiant. Il y avait l’OAS. J'ai adhéré au PS pour des convictions qui tiennent à ma conception de la justice, de la solidarité, de l'organisation de la société… Mais j’ai adhéré à ce moment là parce que je considérais que François Mitterrand était le seul homme politique à gauche capable de faire gagner la gauche, de nous sortir de cette longue période d’opposition et d’arriver enfin au pouvoir… La stratégie d’Union de la Gauche – que ne défendait pas Michel Rocard – était à mes yeux la seule à même de faire gagner la gauche.

P14 : De 81 à 86 vous êtes Conseiller à la Présidence de la République. Comment avez-vous été « embauché » ? Du suivi de quels dossiers étiez-vous en charge ?

PC : Quelques jours après l’arrivée de François Mitterrand à l’Elysée, Pierre Bérégovoy, qui en était le Secrétaire Général, m'appelle et me dit : « Viens me voir. » J'avais déjà travaillé avec Pierre Bérégovoy lorsqu’il était Secrétaire national du parti socialiste... Il m'annonce :  « le Président a décidé de t'engager comme conseiller technique ». Je lui ai dit : « Je suis très honoré. » Je ne m'y attendais pas du tout. Je ne demandais rien. Il me dit : « Tu viens dans 8 jours. ». Je lui ai répondu : « Non. Je dirige un service et je ne peux partir comme ça sous huitaine. » Il m’a répété : « Tu viens dans 8 jours ».

Je suis allé voir le Président de mon entreprise qui m'avait dit : « Si on t'appelle au lendemain de son élection, tu me préviens aussitôt ». Je préviens : « lundi prochain, je ne serai plus là ». C’était tout de même un peu difficile à accepter pour lui… J'ai organisé les choses et je suis arrivé en juillet à l'Elysée.

P14 : Sur quels dossiers donc ?

PC : Mon domaine de compétence n'a cessé d'évoluer : relations avec le parlement, PME, organisations patronales, Conseil Economique et Social au début. Et puis, au fur et à mesure des années, tout en gardant ces attributions, j’ai été chargé de l'artisanat, du commerce, du tourisme et des professions libérales. Quand les collaborateurs du Président quittaient l’Elysée, François Mitterrand répartissait leurs attributions entre les autres collaborateurs.

P14 : Comment interprétez-vous cette méthode de management ? C’est assez étrange ? Elle isolait le Président progressivement…

PC : Il avait appris à nous connaître dans l’exercice de responsabilités totalement différentes de celles que nous avions pu avoir au sein du Parti Socialiste. Très tôt, le Président a fait comprendre à ses collaborateurs qu’ils n’étaient plus là en tant que militants. Il avait demandé très rapidement à tous ses collaborateurs d'abandonner leur fonction au sein du Parti Socialiste. En entrant à l’Elysée, vous étiez au service du Président de la République, au service de la France. Du reste, je me souviens au début, nous préparions des projets de discours qu'il renvoyait régulièrement, en disant « Je ne suis plus premier secrétaire du Parti Socialiste. » On s’est adapté.

Quand on est conseiller à l’Elysée, on n'est pas seul. Il y a les administrations, les ministres et leur cabinet… Lorsqu’ on a à faire une note au Président de la République, on n'a pas à entrer dans le détail technique. Mais, j'ai refusé de m’occuper de l’environnement.  J’ai peut être loupé le coche. C'est Ségolène Royal qui a dit « Moi, je le prends l’environnement »

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Propos recueillis par Pierre Vallet et Dan Krajcman.
Merci à MRV pour son aide dans le travail de retranscription.

Plus d'info :
+ Pour ceux qui l'auraient raté, l'épisode 1 de notre entretien.
+ Après-demain, suite et fin de la première partie de notre entretien.

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