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vendredi, 24 mars 2006

Un entretien avec Pierre Castagnou - Part. II (3/3)

...Suite et fin de la deuxième partie de notre entretien avec le Maire du XIVe (*)...

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Paris14 (P14) : Vous nous avez dit que pour être un bon Maire, il faut être un bon manager… Vous devez donc gérer une équipe municipale. Lorsqu’on assiste au Conseil d’arrondissement, on constate que, la politique ayant horreur du vide, il semble que l’espace laissé un peu « libre » - nous ne parlerons pas de vacance - par l’opposition a tendance à être rempli par les élus Verts. On pourrait presque parler d’opposition en votre sein. La tension est parfois perceptible et les rapports semblent musclés. Etes-vous finalement satisfait du fonctionnement de votre équipe municipale ? Qu’aimeriez-vous améliorer ?

Pierre Castagnou (PC) : Vous êtes un très bon observateur de la vie politique locale. Mais vous remarquerez que les Conseils d’arrondissement se déroulent quand même de manière plus paisible que les séances du Conseil de Paris…

P14 : Je parle vraiment du niveau local. On a aussi besoin d’une opposition au niveau local…

PC : Je souhaiterais effectivement avoir une opposition plus présente. Mais je ne vais pas décider à sa place. Quand l’opposition ne remplit pas vraiment son rôle, un espace se crée, et à ce moment là, le débat a tendance à avoir lieu au sein de la majorité. Comme elle est diverse et que cette diversité fait partie de sa richesse, on assiste à des débats - pas systématiques - mais parfois animés. C’est intéressant d’ailleurs. Les Verts sont la deuxième force de la majorité au niveau de l’arrondissement comme de Paris... Alors quelquefois, je dis à mes amis : « Nous ne sommes pas en réunion interne à la majorité. Faîtes attention à cela… »

Mais s’il y a des divergences entre telle ou telle composante de la majorité municipale, pourquoi ne s’exprimeraient-elles pas au sein du Conseil d’arrondissement. Mais il faut aussi qu'il y ait une solidarité... Cependant, vous remarquerez qu’il est très rare qu’il n’y ait pas de vote unanime de la majorité municipale…

P14 : Sauf sur les vœux…

PC : …Même sur les vœux.

P14 : …Sur des points très précis…

PC : Oui. Il existe forcément des différences entre nous, sinon nous serions tous dans le même parti politique.

P14 : Le fait que votre Premier Adjoint [ ndlr : René Dutrey ] soit devenu en cours de mandature Président du groupe des Verts au Conseil de Paris, alors que vous-même êtes vice-Président du groupe PS, est-ce que cela n’interfère pas avec la vie locale du 14e ? Cela ne fait-il pas entrer le jeu politique parisien au sein du Conseil d’Arrondissement ? …Pas nécessairement au détriment des habitants du 14e, mais on a parfois le sentiment que cela fait monter la pression un peu inutilement…

PC : Je disais il y a quelques minutes que vous étiez un très bon observateur. Je confirme. Vous avez raison, mais c’est le débat démocratique et la vie politique... Cela ne date pas du moment où René Dutrey que je n’ai pas d’ailleurs pas choisi comme 1er adjoint, vous le savez…

P14 : Non. Vous ne l’avez pas choisi ? C'est-à-dire ?

PC : J’ouvre une parenthèse. Le Premier Adjoint est en général de la même formation politique que le Maire. C’est son bras droit. Il a une forte délégation, il remplace le Maire, etc… Là, je n’ai pas choisi René Dutrey. C'est la conséquence d'un accord électoral entre le Parti Socialiste et les Verts entre le premier et le second tour des élections municipales de 2001.

Je reviens à votre question. Le fait que je vais évoquer ne date pas de l’accession de René Dutrey à le présidence des Verts au Conseil de Paris… On vote des vœux en Conseil d’arrondissement. Ces vœux sont normalement destinés au Maire de Paris qui répond au Conseil d'arrondissement. Un jour j'ai vu s'instaurer une pratique nouvelle, qui ne m’a pas choqué en soi, mais qui m’a interpellé : les vœux votés au Conseil d'arrondissement étaient transformés en voeux au Conseil de Paris.

P14 : Ils étaient donc votés deux fois…

PC : …On me dit que cela leur donne plus de force…. Certes ce n'est pas faux. Mais c’est une façon d’introduire aussi le débat politique parisien global au niveau du conseil d'arrondissement parce que déposer un vœu au Conseil d’arrondissement permet maintenant de le déposer au Conseil de Paris… Et lorsqu’on veut introduire un sujet au Conseil de Paris, on dépose d’abord un vœu au Conseil d’arrondissement… On inverse le problème…

Cela dit, je dois le reconnaître, depuis que René Dutrey est Président du groupe des verts à l'Hôtel de Ville, les relations entre la majorité socialiste – les socialistes sont majoritaires - et les Verts n'ont pas été modifiées.

P14 : …A ceci près que parfois pour l'assistance, le Conseil d'arrondissement s'étire en longueur… Pour la qualité des débats, ne faudrait-il pas qu’il ait lieu en deux séances ?

PC : C’est difficile. Les projets de délibérations soumis - à quelques rares exceptions - au Conseil d’arrondissement sont des projets transmis par la Mairie centrale. Leur inscription est prévue à la séance suivante du Conseil de Paris.

P14 : …parce que parfois à minuit…

PC : Non, mais je suis d’accord avec vous… Je me méfie d’ailleurs beaucoup des ordres du jour courts ! Quand la majorité municipale se réunit avant le Conseil d’arrondissement, je dis souvent à mes amis :  « Ce n'est pas parce que vous serez long que vous serez mieux entendu » ! Je ne sais plus qui a dit : « les discours éternels ne sont pas nécessairement voués à l’immortalité ! ».

P14 : Alors il n’y a pas d’opposition entre Verts et PS ?

PC : Non.

P14 : Quelquefois, sur certains dossiers, c’est un peu flou pour le public du Conseil d’arrondissement…

PC : Il y avait une tradition, avant 1995, les élus de la majorité avaient le doigt sur la couture du pantalon ! Les séances du Conseil d'arrondissement étaient très courtes. Qui les animait ? Les élus de l’opposition ! Moi, en tant que leader de l’opposition c’était ma tribune… Les élus de la majorité d’alors ne pipaient mot. Cela a changé quand la droite a commencé à se déchirer entre 1995 et 2001…

P14 : Dans la vie spécifiquement locale du 14e qu’est-ce que cela signifie « être fabiusien » ? Ca apporte quelque chose ? Vous êtes classé comme tel…

PC : On aime bien étiqueter les gens, mais moi, je suis le maire de tous les habitants du 14e. Ma couleur politique est connue. Je ne crois pas être un homme sectaire. Je n'ai pratiqué aucune chasse aux sorcières. Quand j’exerce ma fonction de Maire, je considère qu’il ne doit pas y avoir de considération partisane au sens politicien du terme. Mais, je n’ai pas pour autant mon drapeau dans la poche. J’agis en fonction de mes convictions et des valeurs auxquelles je crois.

P14 : Au niveau local, qu’est ce qui différencie la droite de la gauche ? Y-a-t-il des dossiers « politiques » ?

PC : On parle bien de politique locale. Alors tout est politique. Les électeurs en 2001 ont choisi entre un programme de gauche et un autre de droite. Il y a bien une différence entre la gauche et la droite. Par exemple en matière de politique de logement social ou de solidarité. Nous avons beaucoup agi dans le 14ème en faveur de la réalisation de résidences sociales pour personnes en difficultés, pour l’instauration du quotient familial dans les cantines et les centres de loisirs, pour la construction d’équipements collectifs…

Est-ce que pour autant, parce qu'on mène une politique de gauche – et je considère que nous menons une politique de gauche - il faut que cette politique soit partisane. Non, non et non. Notre politique répond à une certaine conception de la ville, celle d’une ville pour tous où la mixité sociale et le mieux vivre ensemble soient une réalité.

Tenez, pour preuve que notre action n’est pas partisane, tout en étant inspirée par des conceptions de gauche, nous avons mis en place des commissions de transparence pour l’attribution des logements et des places de crèches. L’opposition y est représentée et participe aux décisions. Une vraie révolution par rapport au passé !!

P14 : Lors de la cérémonie des « vœux pour 2006 » vous avez fait part de votre « motivation intacte ». Cela veut-il dire dit que vous serez candidat à un second mandat ?

PC : Ecoutez, il vaut mieux garder sa motivation intacte tant que la mandature n’est pas terminée !

P14 : Vous serez candidat à un deuxième mandat ?

PC : Je me place dans la situation où je ne commence pas à préparer ma retraite ! Car à ce moment là, ça risquerait d’être un facteur de démotivation.

Après, ce seront les militants du parti socialiste dans les deux sections du 14ème, qui désigneront leur candidat. Vous voulez savoir si je serai candidat ? Le moment venu, je prendrai ma décision et je le ferai savoir :-)

P14 : Si vous étiez à nouveau candidat, quel projet vous tiendrait le plus à cœur dans l’arrondissement ? Une idée phare sur un deuxième mandat ?

PC : Mais le problème ne se pose pas tout à fait en ces termes selon moi. De toute façon, il appartiendra à la majorité sortante de faire aux parisiennes et aux parisiens, aux habitants du 14e, des propositions fortes, dynamiques, qui leur donnent envie de nous renouveler leur confiance.

Nous n’avons pas à rougir de notre bilan. Loin de là ! Et qu’il s’agisse de Paris ou de notre arrondissement.
Nous avons mis le 14ème en mouvement. Logement, crèches, transports, équipements publics, vie locale, emploi… jamais autant n’a été engagé en si peu de temps.  Mais si nous ne sommes pas capables de proposer aux habitants du 14e, comme nous l’avons fait en 2001, un projet stimulant qui réponde aux besoins et aux nouvelles attentes, qui incarne un nouveau souffle, alors…

Tout ce que nous avons lancé ne pourra pas être terminé d'ici à la fin de la mandature. Sept ans, c’est à la fois court et long…

P14 : ...Eh... C’est déjà long pour un Président :-)

PC : …Nous avons engagé des opérations qui n'aboutiront qu’après 2008 : la couverture du périphérique, le renouvellement urbain de Plaisance Porte de Vanves, l’aménagement de Broussais... Voila, quelques gros dossiers qui sont devant nous…

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(*) Propos recueillis par Pierre Vallet et Dan Krajcman. Merci à MRV pour son aide dans le travail de retranscription.

Plus d'info :
+ Un entretien avec Pierre Castagnou - Part. I / épisodes 1, 2 et 3.

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