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samedi, 11 mars 2006

Un entretien avec Pierre Castagnou - Part. I (3/3)

...Suite et fin de la 1ère partie de notre entretien...

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Paris14.info (P14) : En 83, vous êtes Conseiller de Paris du 14e. Avez-vous une anecdote à nous raconter sur cette première campagne?

Pierre Castagnou (PC) : Oui, J'avais l'intention de me présenter dans le 14e, mais étant collaborateur du Président de la République, je devais avoir son accord. Je lui ai demandé le feu vert. Il m’a répondu : « Oui si vous êtes élu ». Si j'avais été battu je ne serais pas resté à l'Elysée. Si un de ses collaborateurs était battu aux élections, il devait démissionner. C’est une règle qui ne souffrait d’aucune dérogation.

P14 : Dans le 14e arrondissement, quelles relations aviez-vous avec le Maire d’alors ?

PC : Lionel Assouad a été élu en 83. Chirac réalise alors le Grand Chelem à Paris. C’était un climat national très dur. La droite relevait la tête. En 82-83, les élections furent mauvaises pour la gauche ! Au plan local, Lionel Assouad était un homme courtois, mais nous étions politiquement adversaires.

P14 : Dans votre travail d'opposant d'alors qu'est-ce qui vous a marqué ? Quel regard jetez-vous sur le Pierre Castagnou opposant ?

PC : L’opposition était très minoritaire. C’était dur car Chirac dirigeait la mairie de manière très centralisée et autocratique. Il était très peu présent lors des débats du Conseil de Paris… C’était l'administration préfectorale d'avant transposée au niveau d'un maire élu. Cela n’a rien à voir avec la période d'aujourd'hui. Les séances ne duraient pas 2 jours ou 2 jours ½ et le Conseil d’Arrondissement était une simple chambre d’enregistrement. Il n’y avait pas lieu de débattre.

P14 : Au regard de votre travail d’opposant d’alors, comment jugez-vous le travail de l’opposition d’aujourd’hui au Conseil d’arrondissement ?

PC : No comment. Ce n’est pas à moi de juger son travail. En revanche, je crois que quand on est un élu local, il faut être très présent sur le terrain. Je crois l'avoir été dès le début.

P14 : En 86, vous intégrez la fonction publique et vous rencontrez Laurent Fabius.

PC : Non, Laurent Fabius, c’était bien avant, même si nous n’avions pas de lien particulier.

P14 : …Et depuis 86, le site officiel de la Mairie du XIVe arrondissement nous apprend que vous êtes Inspecteur Général de l'Industrie et du Commerce

PC : J'ai été nommé effectivement début 86. Cela m’a permis de découvrir, de l’intérieur, la fonction publique, le service de l’Etat… Je suis fils de fonctionnaire. Mon père était Ingénieur général du génie rural des eaux et forêts.

P14 : Vous exercez toujours une activité professionnelle ?

PC : Oui, j’ai été un temps chef de l'inspection générale de l'industrie et du commerce, et j’ai demandé à être déchargé de mes fonctions quand je suis devenu Maire. Aujourd’hui je suis Contrôleur général économique et financier au Ministère des Finances, de l’Economie et de l’Industrie… Mais je vais bientôt prendre ma retraite professionnelle...

P14 : Nous allons peut-être ouvrir une parenthèse personnelle… Parce que nous n’avons pas abordé ce sujet. Etes-vous marié ?

PC : Je suis marié. Je n’ai pas d'enfant. Mais je veux préciser une chose : je me suis engagé en politique assez tard. Vous ferez le calcul… Mais j’ai toujours tenu à exercer parallèlement à mes engagements politiques une activité professionnelle parce que j'ai toujours voulu être indépendant ; garder totalement ma liberté. Je ne suis pas un homme d’appareil, je ne suis pas un apparatchik. Cela n'a pas que des avantages sur le plan d'une carrière politique.

P14 : Il est vrai que dans l’univers politique, certaines questions anodines perdent leur sens commun. Est-ce qu'on peut lui faire confiance peut parfois être traduit par « est-il libre ? ». On peut donc comprendre votre analyse… Vous avez des hobbies ?

PC : Oui, pendant quelque temps, j’ai dirigé une rubrique consacrée au cinéma et au théâtre dans un journal. J’ai ainsi rédigé un grand nombre de critiques cinématographiques. Evidemment, aujourd’hui, c’est plus difficile pour des raisons de disponibilité…

J'aime aussi le sport. Je pratique le tennis au stade Elisabeth dans un club du XIVe, Femina Sport. Je fais du ski. J'aime voyager mais ce n’est pas toujours compatible avec ma fonction de maire.

P14 : Et le vélo alors ?

PC : J'ai fait beaucoup de vélo pendant mon adolescence. J'ai un vélo que j’utilise trop rarement.

P14 : 89-93 : Délégué interministériel aux professions libérales auprès du Premier Ministre : Michel Rocard, puis Edith Cresson et Pierre Bérégovoy.

PC : …Mais avant, j’ai été quelque temps au Cabinet de Laurent Fabius, Président de l’Assemblée Nationale.

P14 : Donc… Une anecdote relative à chacun d’entre eux ? Michel Rocard habitait le 14e…

PC : Il n’habite plus le 14e. Il est toujours adhérent au Parti Socialiste dans le 14e, mais il me semble qu’il est retourné à Conflans-Sainte-Honorine…

Non, je n'ai pas d'anecdote particulière parce que j’étais assez indépendant comme délégué interministériel aux professions libérales et n’étais pas membre du gouvernement. J’ai été nommé à ce poste par François Mitterrand. Il a fallu un certain temps pour convaincre Michel Rocard de remplacer mon prédécesseur qui avait été nommé par Chirac… Mais il a fini par accepter l’idée de voir ce poste repris par un fidèle de François Mitterrand.

Je connaissais mieux Edith Cresson et Pierre Bérégovoy, moins bien Michel Rocard. Ils m’ont laissé très libre. J'ai apprécié cette grande autonomie qui m'a permis de mettre sur les rails des projets de réformes importants.

P14 : Justement, dans le cadre de ces fonctions, y-a-t-il une ou plusieurs réformes dont vous revendiquez la paternité « technique » ? C’est souvent un travail de l’ombre…

PC : Il y a trois réformes très importantes qui ont été réalisées à ce moment-là : l'une fusionnant les professions d'avocat et de conseil juridique, l’autre introduisant le salariat dans les professions libérales, la dernière permettant aux professionnels libéraux de se regrouper sous la forme de sociétés d’exercice libéral.

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Propos recueillis par Pierre Vallet et Dan Krajcman.
Merci à MRV pour son aide dans le travail de retranscription.

Plus d'info :
+ Un entretien avec Pierre Castagnou - Part. I / épisodes 1 et 2.

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