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mercredi, 05 juillet 2006

Editions Montparnasse : interview de Renaud Delourme

Ce mois-ci notre invité ciné, c’est Renaud Delourme, directeur des Editions Montparnasse, située à deux pas de l'avenue du Général Leclerc... Interview (*) :

Jive (P14) : Comment devient-on producteur de DVD, et comment est né ce choix ?

Renaud Delourme (RD) : Par goût pour le documentaire et le cinéma évidement, mais aussi avec le sentiment, surtout pour le documentaire, qu’il fallait sortir les programmes de la banalisation des systèmes télévisés de « flux ». Le support VHS puis DVD crée le sentiment de « l’objet » unique. A nous d’en décrire les qualités puis par notre travail d’édition de le rendre visible et accessible.

P14 : Depuis combien de temps êtes-vous installé dans le XIVe arrondissement de Paris et pourquoi cet arrondissement ?

RD : Nous étions à l’origine en 1988 boulevard du Montparnasse côté 6e arrondissement... C’était devenu trop petit. Nous voulions rester dans le quartier. Nous avons cherché pendant un an et en 1998 nous avons  découvert ce lieu, Villa Coeur de Vey, une ancienne imprimerie. C’était tout ce que nous cherchions : un local ouvert sur deux étages, convivial, paisible dans un quartier commerçant et vivant. Agnès Varda m’a envoyé l’an dernier une vieille carte postale ou au début du siècle il y avait là une ferme avec des vaches laitières. On y achetait son lait tous les jours !

P14 : Sur quel film avez -vous travaillé en premier et quelle est votre ligne éditoriale ?

RD : Sur des grands classiques du cinéma français et américains, pour n’en citer que deux Citizen Kane et la Règle du Jeu, sur un grand documentaire aussi, De Nuremberg à Nuremberg de Frédéric Rossif et Philippe Meyer. Cela résume notre politique éditoriale « populaire et de qualité »

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P14 : Comment choisissez vous les films que vous éditez ?

RD : Par goût !

P14 : Combien de titres avez-vous déjà sortis ?

RD : Près de 1000, le catalogue actuel doit compter 600 titres en exploitation.

P14 : Concrètement comment travaillez vous ? Quels sont les titres dont vous êtes le plus fier ?

RD : De Nuremberg à de Nuremberg évidement, parce que personne ne croyait que cela pouvait devenir un best seller, et que le film est formidable, la collection sur l’art d’Alain Jaubert , Palettes. Nous en avons commencé l’édition en 1990. La série débutait, elle était inconnue. Les huit premiers titres passaient à minuit sur France 3 et le samedi dans la fenêtre de la Sept. C’est à partir d’un article dans Télérama d’Olivier Cena, que j’ai regardé les films, pris l’édition et lancé ce qui est devenu l’encyclopédie sur l’art incontournable, 50 films passionnants. Pour moi une manière étonnante en partant de l’histoire d’une œuvre de remonter jusqu’à l’essence du tableau, le replacer dans son contexte personnel, historique. Le contraire de l’indigestion, le regard personnalisé, vivant. Cela a changé ma façon d’aller au musée.

P14 : Quels sont vos regrets ? (je pense notamment la captive aux yeux clairs qui malgré la version longue inédite était une copie désastreuse) ?

RD : C’est un film merveilleux, une ambiance d’aventure. Le dvd restitue cela. Nous n’avions pas les mêmes durées entre la copie restaurée et la version longue. On a mis les deux versions, une version totalement restaurée et l’originale dans son état actuel. Je comprends que certains le regrettent. L’économie de cette édition demeure déficitaire, on a voulu offrir le choix au spectateur.

P14 : Cette année on a vu 3 belles éditions « la règle du Jeu » et le chien Andalou et King Kong pensez vous sortir encore des choses prestigieuses en 2006 ?

RD : Oui, La Chose d’un autre Monde « The Thing » dont on crédite son prestigieux producteur Howard Hawks d’en être aussi le réalisateur. Un grand classique du cinéma français, Drôle de drame de Marcel Carmé avec Louis Jouvet , et une intégrale Flaherty.

P14 : Pour en revenir à la Règle du jeu pourquoi ne trouve -t’on pas d’interview de Paulette Dubost qui  est la dernière grande dame du cinéma toujours en activité à près de 90 ans ? 

RD : Je ne sais pas. Le collector est incroyablement riche néanmoins, avec des analyses fortes d’Olivier Curchod, de Jean Douchet, des documents d’archives rares où Jean Renoir revient 27 ans plus tard au Château de la Colinière et y confronte ses souvenirs de tournage avec Marcel Dalio (film réalisé par Jacques Rivette), un livret d’accompagnement, des montages d’entretiens avec Claude Chabrol, Noémie Lvovsky. La presse a salué l’édition et nous avons été élu meilleur dvd collector de l’année par le Syndicat de la Critique. On ne peut pas imaginer les compléments comme une « masse », ou il faudrait tout avoir ce qui serait à la fois impossible et ridicule. Je  suis contre l’idée de faire du « marketing remplissage » , de submerger le spectateur. On choisit, on sélectionne, on met en lumière en fonction des matériaux dont on dispose et d’une cohérence globale. Olivier Curchod, spécialiste de La Règle du jeu  est formidable, à lui tout seul il apporte presque le nécessaire de compréhension du film…

P14 : Quels sont les projets, les futurs grands titres ?

RD : The Staircase  (Soupçons) de Jean-Xavier de Lestrade (Oscar du meilleur documentaire en 2002 pour Un coupable idéal), une sidérante série documentaire sur le procès d’un riche écrivain accusé du meurtre de sa femme en Caroline du nord aux Etats-Unis. Construit comme un thriller palpitant, The Staircase n’est pas un e fiction mais la réalité : 18 mois d’enquête folle fractionnés en 8 épisodes de 45 minutes mais avec un vrai verdict à l’arrivée. L’intégralité de la série (avec 1h30 de compléments) sort en coffret  dvd et vod le 5 juillet. A voir absolument.

P14 : Comment est née l’idée de réaliser le projet « La terre vue du Ciel » d’après le livre de Yann Arthus Bertrand ?

RD : La force des photos, la passion des regards, l’idée que ces photos nous amenaient à reconsidérer la terre et son avenir.

P14 : Pensez vous renouveler l’expérience de réalisateur ?

RD : Oui, si j’ai le temps un jour

P14 : Votre prise de conscience de l’état de la planète est- elle née de la découverte du livre de Yann Arthus Bertrand ? Avez vous quelques conseils écologiques de base à donner à nos lecteurs ?

RD : Ceux du bon sens et de la responsabilité. On n’échappera pas à la prise de conscience individuelle. On se réfugie trop souvent derrière l’idée que c’est aux autres de se charger de résoudre le problème de nos vies quotidiennes. C’est faux. La Terre est à nous, nous sommes responsables de son devenir, pour nous et les générations futures.

P14 : Comment jugez vous la politique des verts à Paris et plus précisément dans le 14ème ?

RD : Je trouve que l’on doit se concentrer sur les problèmes d’environnement exclusivement, cela touche tous les monde, rassemblera plus facilement l’ensemble des français à l’avenir. Sinon il y a des idées très positives sur l’automobile, la pollution, le tri sélectif…

P14 : Pourriez-vous expliquer en quelques mots la VOD et pourquoi vous y croyez autant ?

RD : C’est internet qui me paraît passionnant. Un outil qui révolutionne la communication, nos habitudes de consommation, nos modes de fonctionnement  pour le meilleur et pour le pire… nous chercherons à trouver le meilleur … la VOD (video on demand, soit le téléchargement payant à la vente de films, documentaires via internet) permet de télécharger un film de manière quasi spontanée et instantanée. L’internet permet en même temps d’avoir accès à une somme d’informations non négligeables, documentation conséquente, extraits, bande annonce. On peut même créer des mini site VOD par exemple, mettre à la disposition du public des documents inédits autour d’une oeuvre, faire découvrir des extraits d’un programme, permettre de n’acheter (pour 3 ou 5 euros) que le premier épisode d’une série par exemple.

P14 : Enfin pour finir quels sont vos endroits favoris dans le XIVe arrondissement ?

RD : La place devant la mairie, et les rues autour, la villa Adrienne hélas maintenant inaccessible, les petites rues entre l’avenue du général Leclerc et l’avenue René Coty, plein d’autres endroits…


Propos recueillis par Jive Juillet 2006
pour Paris14info

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