Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 23 décembre 2020

" Malades de sport"

cancers,bienfaits du sport,témoignagesVincent Guerrier 26 ans a été diagnostiqué en 2016 souffrant d’ un cancer du système lymphatique. Avant même que le diagnostic ne soit posé, il a beaucoup réduit l’activité physique, éprouvé par de lourds effets secondaires. Or à la suite d’une réflexion d’un radiologue qui l’a fait douter de ses capacités physiques futures, il a réagi courageusement en reprenant  la course à pied encouragé par sa compagne Léa Dall ‘ Aglio.  Il est même allé jusqu’à faire un marathon et a pu constater combien le sport lui était bénéfique pour mieux appréhender son cancer. Voulant alors témoigner de cette réalité pas encore suffisamment connue, il a avec sa compagne créé un site, un documentaire sur France III Normandie. et un livre, les trois intitulés «  Malades de sport »…

 

Lorsque l’on vous a diagnostiqué ce cancer du système lymphatique où en étiez-vous sur le plan sportif? 

Vincent :  A l’époque, je faisais beaucoup de vélo, mais j’avais un petit peu arrêté de pratiquer depuis les premiers symptômes de la maladie encore inconnue à ce moment là. Notamment de fortes démangeaisons nocturnes  et un essoufflement qui me limitaient un peu sur le plan corporel. C’était une fatigue assez chronique et c’est la réflexion d’un radiologue qui a engendré ma reprise du sport. Il m’avait dit sur un ton assez léger que les rayons pouvaient tuer des cellules au niveau des poumons et réduire mes capacités pulmonaires m’empêchant par la suite de courir un marathon.  Assez désemparé, j’en ai parlé à ma compagne qui a eu le bon réflexe de ne pas prendre cette nouvelle comme une fatalité et qui m ‘a proposé que l’on s’entraîne ensemble dans le but de courir un marathon. J’ai donc  repris la course à pied avec elle pratiquement à zéro assez vite après le début des traitements. Sur la balance avant d’attaquer les traitements, je pesais 6 à 7 kg de moins que d’habitude ayant perdu une grande partie de mes muscles… 

 

Comment s’est passée cette reprise de la course à pied ?

Léa:  L’on se savait pas du tout comment Vincent allait réagir avec la fatigue de la chimiothérapie et l’on a recommencé très progressivement.  Nous avons toujours couru ensemble afin que si un effet secondaire important se produisait, je serai là pour réagir  et appeler les secours si besoin.  Or, même si Vincent était dans un état un peu limité, aucun incident n’est survenu. On s’est même aperçu que plus vite il courait après sa chimie, plus les effets secondaires se dissipaient…Nauséés, fatigue écrasante. Et près 20 mn d’effort, il se sentait mieux immédiatement… Quand l’on s’est rendu compte de cela, on a cherché à comprendre pourquoi et l’on a découvert les études existantes sur le sujet depuis les années 1980 et montrant les bienfaits de l’activité physique sur les cancers. En fait, le sport est le seul médicament qui lutte contre la fatigue induite au traitement et à la maladie elle-même. Aucune molécule chimique n’existe pour lutter contre cet épuisement. 

 

Pourriez-vous parler des effets du sport sur votre état ?

Vincent :  Je comparais l’effet des chimiothérapies à une gueule de bois qui durait plusieurs jours. J’étais un peu apathique et le fait de faire assez régulièrement de la course à pied diminuait cette impression. Je mettais un petit peu moins de temps à m’en remettre qu’au début. Souvent deux jours après, j’étais revenu à un état pour ainsi dire normal au niveau de la fatigue. Je ne passais plus une après-midi au lit…  Six mois après la reprise, j’étais en bien meilleure condition physique qu’au début et supportais beaucoup mieux les traitements.  Le sport m’aidait aussi à me sentir mieux psychologiquement.  J’ai fait quelques séances en groupe avec d’autres personnes  ce qui me permettait ainsi de maintenir un lien avec le collectif, avec la société.  J’étais complètement en arrêt maladie, seul à la maison et je planifiais une petite séance plusieurs fois par semaine pour ne pas être totalement coupé du reste du monde… 

 

En tant qu’aidante cela s’est-il bien passé? 

Léa : On s’occupe surtout du malade et l’aidant est souvent délaissé ou mal conseillé.  Dès que l’on a eu le diagnostic et que l’on a commencé à faire des allers-retours à l’hôpital pour faire des examens , tout mon entourage me disait de ne surtout pas pleurer devant Vincent , de ne pas craquer. On m’a mis une pression énorme, et le fait que l’on m’ait conseillée de ne rien montrer de mes sentiments  a été extrêmement difficile à vivre. Je m’interdisais de « craquer », et parfois je sortais en pleine nuit pour téléphoner à mes parents et pleurer au téléphone. Jusqu’au jour où une infirmière a demandé à  Vincent comment il allait  et s’est ensuite tournée vers moi, me demandant la même chose. C’était la première fois que l’on me posait cette question depuis le diagnostic et je n’ai pas pu me retenir; j’ai fondu en larmes. Vincent s’est alors rendu compte que je n’allais pas bien et il m’a dit «  Je veux que tu pleures devant moi . Je veux m’occuper de toi également, tu as aussi le droit de ne pas être bien. Je trouvais ce soutien à double sens essentiel dans notre relation malade aidante. 

 

Vous dites que le corps s’habitue vite à l’inactivité!

Vincent :Oui, et moins on en fait, plus l’on se dit que cela va être difficile de reprendre et douloureux pour le corps. Une fois que l’on est déconditionné, c’est très difficile de reprendre. Au contraire quand on éprouve des bénéfices , quand on se sent mieux dans ses baskets et dans sa tête, il existe une sorte de culpabilité positive de ne pas en faire . Cela devient une drogue très saine où l’on s’impose de sortir pour son propre bien-être. C’est un jeu de spirale où il faut garder un équilibre…

 

Vous avez du aussi lutter contre les a priori des parents concernant l’activité physique!

Vincent : Oui, c’est vrai. Pour les parents de Léa je ne sais pas, mais les miens étaient effectivement un petit peu sur le frein à main en disant «  Attention, n’en fais pas trop, repose-toi.  C’était un peu le poncif de dire «  Tu es malade, il faut que tu te ménages et que tu restes au lit. Ils savaient que j’étais de nature assez active et avaient peur que je fasse des bêtises et qu’éventuellement je fasse un malaise. Une crainte de parents non objective.  Le frein que l’on met aux malades, c’est souvent l’entourage proche qui le provoque . L’on incite trop la personne à faire très attention et cet excès de prudence en devient délétère. . Or l’on sait maintenant  que rester inactif et trop sédentaire provoque des maladies chroniques et ne fait qu’accentuer les effets secondaires des traitements. C’est vraiment la chose à ne pas faire, et il faut le faire rentrer dans les moeurs. Cela  prend du temps, mais les choses bougent à ce niveau là…

 

Les médecins étaient au courant de votre activité physique?

Léa : Oui, ils ont  même dit à Vincent qu’il faudrait faire une étude sur lui car ils étaient assez stupéfaits de voir que courir lui faisait autant de bien. Qu’il a pu faire un marathon malgré son cancer. C’est une petite fierté pour nous car au début c’était un médecin sceptique. Il nous a même avoué que c’était grâce à nous qu’il avait fait embaucher au centre du service d’hématologie du CHU des Caen une enseignante en activité physique venant donner des séance directement dans les chambres du patient en s’adaptant complètement à l’état de la personne…

`

Vous expliquez qu’au delà d’un certain nombre d’heures de sport, il n’existe plus de dose réponse!

Vincent : Oui, on compare vraiment le sport à un médicament dans le sens où il y a un dosage à respecter, une posologie. Selon l’OMS Il faut faire au moins 30 mn d’activité physique modérée à intense ou 150 minutes 3 fois par jour.  Les études montrent que les effets bénéfiques ont une limite et qu’au bout de 300 mn, les effets s’amenuisent. Ce n’est pas exponentiel. Même si l’on en fait quatre heures par jour, on n'aura pas quatre fois plus de bénéfices que quelqu’un qui n’en fait qu’une heure. Au contraire, si l’on en fait trop l’ on peut avoir des blessures ou autre effets néfastes. C’est comme tout, il faut trouver un juste équilibre… 

 

Malgré le fait que vous ayez fait du sport, vous avez fait une rechute!

Vincent : Oui. Même si les études démontrent que les patients souffrant de cancers les plus fréquents ( sein, colon, endomètre, prostate) les plus actifs ont 30 à 40% de baisse de récidive, cela reste de la statistique et le sport n’est pas non plus un remède miracle. Même quelqu’un de très sportif qui ne boit pas, ne fume pas et qui se nourrit bien peut quand même faire une rechute.  A ce moment là, j’ai été soigné uniquement par rayons et j’ai eu une auto-greffe (un prélèvement avec une souche qu’il faut réintégrer après une séance en chambre stérile à l’hôpital pour rebooster les défenses immunitaires). Avec ce principe d’auto-greffe, je ne devrais plus avoir de problème. J’ai du rester un long moment alité, mais j’avais demandé que l’on m’apporte un vélo d’appartement. Trois semaines au lit c’est vraiment délétère, et j’avais très envie de rester un minimum actif. Je faisais à peu près 3/4 d’heure, une heure de vélo tous les jours même la première semaine où j’avais de grosses chimiothérapies. C’était assez dur physiquement de s’y mettre mais je ressentais réellement  un effet immédiat sur la fatigue.  Les jours où je n’en ai pas fait à cause d’une trop grosse fatigue, j’étais assez mal. Le fait de bouger me donnait l’impression de rester maître de la situation…

 

Où en êtes-vous actuellement?

Vincent : Je suis en rémission depuis 2 ans et demi maintenant et pour l’instant tout va bien. J'ai retrouvé des capacités tout à fait normales. Sans aucun signe de rechute . Léa et moi avons voulu parler au maximum de ces bénéfices du sport  à l’aide d’ un site, d’un documentaire et d’un livre.  C’est vraiment une thématique qui prend de plus en plus  de place au sein de la société. Maintenant dans chaque centre anti-cancer, il existe un enseignant en activité physique adaptée.  Dans les 10, 15 ans à venir, quelqu’un de malade passera très probablement par un programme sportif. Ce qui implique moins de dépense en terme de médicaments et moins de rechute éventuelle, ce qui permettrait à la Sécurité sociale de faire des économies.  C’est en tout cas ce pourquoi l’on milite… 

 

Vous avez d’abord lancé en septembre 2017 le site «  Malades de sport ». Puis un documentaire. Pourriez-vous en parler?

Léa : Au départ, ce que l’on voulait c’était réaliser un documentaire pour la télévision car c’était pour nous la meilleure manière de toucher le plus grand monde possible.  Dans ce but, nous avons rencontré des  chercheurs, médecins, patients et toutes les informations que nous avons recueillies n’ont pu être diffusées lors de ce documentaire. Ainsi avons-nous eu l’idée de créer un site avec des interviews de spécialistes, des reportages sur des structures développant des initiatives sur l’activité physique adaptée.  On suit aussi l’activité législative en essayant de donner une parole toujours précise et en faisant comprendre qu’il ne faut pas nécessairement être un grand sportif pour faire de l’activité physique adaptée. Que celle-ci repose d’abord sur de toutes petites choses comme par exemple jardiner ou marcher. … Concernant le documentaire, c’est un défi que l’on a lancé à des personnes souffrant de cancers  rencontrées grâce à notre réseau local comme par exemple participer à la course «  Les courants de la liberté » un week-end d’épreuve de course à pied qui a lieu chaque année à Caen en juin.  Ainsi Fred ultra-traiter  émérite,  a repris la course à pied grâce au documentaire après en avoir fait pendant plusieurs années. Pour Magali qui n’avait jamais fait de sport de sa vie l’objectif était de réussir une marche de 6km.  

 

Vincent : Réussir ce pari a permis à Magali d’avoir une meilleure qualité de vie et de mieux vivre son cancer. Dans le documentaire, on le voit, elle a maintenant une vie entre ses rendez-vous de chimiothérapie  pratiquement normale et elle arrive à rester active. Des réactions diverses? On reçoit régulièrement des témoignages de personnes qui parlent de situations similaires. D’autres nous demandent comment ils peuvent pratiquer près de chez eux, et ont besoin d’être un peu orientés. Et puis avec le livre, on a eu un assez bon retour des médias qui n’avaient pas trop l’habitude de l’activité physique adaptée. Le métier d’enseignant d’activité physique est nouveau, et c’est pratiquement une découverte au sein de la société.  Cet accueil des médias a permis de mettre en lumière cette thématique là… Un médecin au CHU de Caen que l’on voit dans le film montre beaucoup notre reportage à ses patients et étudiants.  Et les patients disent se retrouver complètement  au niveau sensations et bénéfices sur les effets secondaires.  Ce film est devenu un support pédagogique  dans l’enseignement pour l’instant à petite échelle mais nous espérons une diffusion plus importante dans l’avenir…   

 

Le livre est un sorte d’enquête montrant les diverses études scientifiques sur le sujet et montre que de nombreuses initiatives naissent de plus en plus mais qu’il reste encore beaucoup de choses à faire!

Léa : Oui, on évoque les nombreux freins comme la loi du sport sur ordonnance qui n’est pas financée et le fait que de nombreux médecins ne savent pas bien comment orienter leurs patients. C’est un plaidoyer et ce que l’on veut c’est que le plus grand nombre soit au courant des bienfaits du sport dans le traitement des cancers, et qu’à terme l’activité physique soit systématiquement proposée dès le diagnostic de cancer. On pourrait même dire au moment des recherches d’avant précédant le diagnostic. C’est ce que l’on appelle la préhabilitation : préparer le patient à d’éventuels futurs traitements comme on prépare un athlète de haut niveau à une compétition. Le préparer mentalement, au niveau de son alimentation et au niveau physique afin qu’il soit prêt à recevoir de lourds traitements.  Après si les malades  ne font pas d’activité physique c’est leur choix et cela n’appartient qu’à eux. 

 

Vincent : Un des freins principaux ce sont vraiment les médecins traitants au niveau législatif qui sont les seuls à pouvoir prescrire le sport sur ordonnance... C’est possible maintenant depuis 2016 pour les maladies chroniques et cela concerne 20 millions de français.  Ce qui ressort aussi dans le livre c’est qu’il n’y a aucun bloc d’enseignement pour les futurs médecins. C’est abordé au fil de l’eau en fonction des spécialités d’une manière très succincte . Mais à priori, cela devrait bouger. C’est un peu un paradoxe d’avoir tant d’études qui démontrent les bienfaits du sport et de voir que les médecins même s’il y en a de moins en moins ne sont pas toujours au fait de cette thématique là. La preuve c’est que nous n’étions pas au courant avant de l’avoir testé par nous-même.  On se rend compte que c’est vraiment la société civile, les associations, les enseignants et les professionnels du monde du sport et de la santé qui portent vraiment cette thématique sur le terrain et assez peu les institutionnels ( médecins, comités olympiques… )…  Ce sont surtout les initiatives individuelles qui permettent que le sport sur ordonnance existe. 

 

Vous citez la Suède comme un pays exemplaire!

Vincent : Oui, les pays scandinaves sont assez développés dans la prévention primaire des maladies et dans l’activité physique grand public. Ils savent bien s’y prendre pour que la population quelle que soit son âge bouge, particulièrement chez les scolaires. L'on trouve notamment beaucoup de pistes cyclables. Concernant la recherche, les Canadiens sont bien avance sur nous. En revanche, point où la France est devenue une référence selon les chercheurs que l’on a interrogés c’est la mise en pratique pour les malades à l’hôpital. On est devenu très fort  en France ces dernières années pour installer des programmes dans les centres anti-cancer. Mais ce sont fréquemment  des programmes difficiles à pérenniser car ils sont la plupart du temps financés par des associations disposant de petits budgets. Mais de plus en plus de gens s’en occupent actuellement…

 

Agnès Figueras-Lenattier 

 

 

lundi, 31 août 2020

Sport et litterature

 

 

En 1919, quelques jeunes écrivains, peintres, musiciens épris d'art, se réunissaient le dimanche matin au stade «  Duvigneau de Lanneau » dans la banlieue de Paris. Ils pratiquaient l’athlétisme sous la houlette de Marcel Berger créateur de Plume-Palette-Club. Ce club deviendra quelques années plus tard «  l’Association des écrivains sportifs ». Parmi les membres on peut noter des personnalités telles que Jean Giraudoux, Maurice Genevoix, Paul Morand, Tristan Bernard. Ce dernier premier président de cette association pratiquait aussi le cyclisme. Egalement ancien directeur du vélodrome de Buffalo, il restera le seul coureur à n’avoir jamais gagné une course. Lui succédèrent Marcel Berger recordman de France scolaire au lancement du disque, puis Paul Vialar également président de la «  Société des Gens de lettres ». Bernard Destremeau six fois n’° 1 français de tennis présidera aussi l’association….

Le sport a toujours été lié à la littérature et des philosophes comme Platon, Aristote en parlaient déjà. Beaucoup d’écrivains en ont parlé avec éloge, en ont fait et ont reconnu qu’il pouvait être une bonne source d’inspiration. Ecoutons par exemple Simone de Beauvoir raconter ses impressions après avoir découvert la randonnée à pied et à bicyclette : «  Je n’avais jamais pratiqué de sport, et je prenais d’autant plus de plaisir à utiliser mon corps jusqu’à la limite de mes forces, et le plus ingénieusement possible ». Elle écrivit même un jour à Jean-Paul Sartre qu’elle aurait bien donné le prix Renaudot pour savoir le «  Christriana aval ».. Camus reconnaît que ce qu’il sait de plus sûr sur la morale et les obligations des hommes, c’est au sport qu’il le doit. Quant à Bergson il déclare : «  Ce que j’estime surtout dans les sports, c’est la confiance en soi qu’ils procurent à l’homme qui les cultive »..

 

Pour ma part, le sport est également indispensable à ma vie d’écrivain. Comme le pensent certains «  collègues », écrire est une véritable épreuve sportive. Physiquement on se donne à fond, et on peut se sentir vraiment vidé après avoir écrit longtemps. Il m’est arrivé d’être atteinte de petites courbatures et quand j’écris il me faut courir, faire du vélo d’appartement pour me vider la tête. Sinon, je deviendrais vite «  neurasthénique » car on est transporté dans un monde qui si on ne se méfie pas peut conduire à la déraison. Et il faut se dépenser pour garder les pieds avec la réalité. Et puis en courant, en pédalant, les idées peuvent jaillir. On voyage avec ses personnages de façon consciente ou inconsciente, et après on transcrit ces impressions sur papier avec davantage de facilité. Même en période de maturation c’est indispensable aussi. Les idées sont plus claires, plus structurées et le déclic conduisant à la réalisation » se fait plus naturellement.

Flirter avec la puissance des mots est un orgasme spirituel merveilleux, et qui peut amener aussi à l’orgasme corporel. Diverses sensations plus intenses les unes que les autres et accentuées par la dépense physique vous animent. Le doute, puis la certitude, l’angoisse de ne pas y arriver, la libération d’y être parvenue, et une espèce de nirvana, une fois le but atteint. On est comme apaisé, et l'on a le sentiment d’avoir égrené toute sa substance Mais cette sensation ne dure pas très longtemps car on a très vite envie de recommencer pour retrouver sa drogue, son LSD... C’est une activité finalement égoïste qu’il est impossible en pleine action de faire partager. Comme disait Montherlant dans «  Les Olympiques » «  Le masseur aux mains magiciennes faisait tomber du corps du pugiliste la graisse inutile, c’est l’écrivain massant sa page jusqu’au style plein et décharné ».

J’aurais beaucoup aimé faire du sport avec mes écrivains préférés notamment avec Stefan Zweig, Edgar Poe et Baudelaire. Quelle joie ça aurait été pour moi de faire des gammes de revers avec Edgar Poe, de disputer un tie-break avec Baudelaire, , de faire un match en compagnie de Stefan Zweig en refaisant le monde. Je lui aurais appris comment faire un coup droit, il m’aurait appris comment transporter le lecteur avec autant de profondeur et d’analyse aussi fine des personnages. J’en rêve et cela décuple mon imagination. Je me mets dans la peau de Zweig, il devient mon double et j’écris. Même si je suis loin de l’approcher complètement, son esprit me pénètre quand même un peu . ’Et c’est orgastique !..

 

 

                                       

 

 

                                             Cinq écrivains parlent de sport

 

 

 

                                                           JEANNINE BOISSARD

Auteur notamment de " L'esprit de famille", œuvre en plusieurs tomes et véritable succès populaire

Quels sont les sports que vous pratiquez ?

Le ski et le tennis sont les deux sports que je pratique depuis l’âge de 12, 13 ans. Ce sont deux sports où l’on rit. Au tennis on s’amuse beaucoup, notamment avec ses partenaires de double, et au ski parce qu’on tombe par terre. Pour quelqu’un comme moi qui suis assise devant ma feuille de papier cinq à six heures par jour, c’est indispensable d’aller s’aérer la tête, de courir et de faire bouger ses bras, ses mains et son corps. Je me vide complètement l’esprit et ne pense à rien d’autre. C’est un fait que lorsqu’on se dépense physiquement, on est d’autant plus créatif et agile avec son stylo et son papier.. En outre, écrire est une activité très angoissante et si on ne se dépense pas physiquement, la tête risque d’éclater..

 

Pratiquez-vous ces deux activités souvent ?

Je fais du tennis une fois par semaine et tous les jours en vacances. Après avoir pensé aux grands problèmes de la vie, c’est merveilleux de se concentrer uniquement sur une balle et de se détendre en riant. Dans mon métier, le rire constitue un élément important de ma vie, j’en ai besoin et ça me fait un bien fou. Je n’arrête pas de me moquer de moi-même, des autres..Quand je vais à la montagne faire du ski, c’est vraiment le seul endroit où j’ai beaucoup de mal à écrire. En effet, après quatre ou cinq heures de ski, une très grosse fatigue m’envahit, ce qui m’empêche d’être vraiment lucide et disponible pour l’écriture. Donc, si je veux écrire, je le fais très tôt le matin avant d’aller skier.

 

Avez-vous déjà fait de la compétition

A une époque j’en ai fait beaucoup, mais c’était un plaisir un peu trop accaparant. J’ai été classée à 15/4. Un élément qui m’a quelque peu éloignée des courts, c’est l’âge de mes adversaires. Celles-ci à 16,17 ans vous regardent comme une vieille mémé. Souvent très mauvaises joueuses, elles n’hésitent pas à tricher, encouragés par leurs parents. On dirait qu’elles jouent toute leur vie et sont à peine polies. Autant, j’aime affronter des femmes courtoises, autant rencontrer une fille qui trépigne, lance sa raquette par terre ne me dit rien qui vaille..

 

Considérez-vous l’écriture un peu comme un sport ?

Disons que c’est un sport de l’esprit et lorsqu’on se donne complètement à son livre, on maigrit. La difficulté consiste à trouver le mot et la phrase justes, et il existe la crainte de mal remplir sa page blanche. Pour moi, l’enfer ce serait de se dire après avoir terminé son livre, que vais-je faire maintenant.. .

 

 

 

 

                                                  CHRISTIANE COLLANGES

Rédactrice en chef de " L'Express" et du " Jardin des Modes", elle a surtout écrit sur la vie des femmes et leur libération et la famille.

 

Quels sports pratiquez-vous ?

Le tennis, la randonnée, le ski de fond et le ski alpin. J’ai commencé à jouer au tennis en Normandie, région où j’avais l’habitude de passer mes vacances. Mais je n’ai jamais pris de cours. Ce sont mes cousins qui m’ont initiée, et très vite ce sport m’a séduite..

 

Faites-vous du sport en période d’écriture ?

La plupart du temps lorsque j’écris c’est en Normandie et comme les courts de tennis sont tout près de chez moi, j’en fais souvent. Je m’adonne aussi à de grandes marches car le décor m’y encourage. En fait lorsque j’écris, je fais plus de sport qu’en période creuse. La forme physique est fondamentale dans ma vie car je suis un écrivain optimiste qui s’efforce d’être gaie. Et si la machine ne tournait pas rond, mon humeur aurait tendance à friser la morosité. Par exemple si mon dos me fait mal, écrire m’est presque impossible. Ainsi si tout d’un coup j’étais immobilisée, je ne suis pas sûre que je pourrais continuer à écrire..

 

Que vous apporte le tennis ?

Je le pratique essentiellement du mois de mars au mois de novembre. C’est un jeu très amusant et qui m’apporte un véritable défoulement. J’ai de nombreux amis qui m’incitent à jouer au golf, mais abandonner le tennis ne me dit rien. En outre, je n’aime pas la mentalité des gens qui pratiquent le golf car la plupart du temps ils sont coincés, sérieux et complexés. Il existe sûrement des gens de ce style là au tennis, mais je n’ai jamais eu l’occasion de les affronter..

 

Le sport a-t-il un impact sur votre humeur ?

Oui. Lorsqu’il m’arrive de ne pas avoir le moral, j’enfile mes nike et tout va mieux après. Pour me remonter le moral, le fait de remuer est plus efficace que de rester des heures allongée dans un fauteuil. Certaines personnes au contraire, préfèrent rester couchées toute la journée en compagnie d’une lumière tamisée. Je ne critique d’ailleurs pas ce comportement, mais il me semble simplement utile d’agir en fonction des besoins de son organisme..

 

Selon vous le sport influe t-il sur votre manière d’écrire ?

Oui dans la mesure où je suis connue pour écrire des livres où règne la bonne humeur. A ce propos, il existe effectivement une hygiène de vie qui ressemble à celle du sportif. En effet, partir pendant trois ou quatre mois munie de sa documentation et de son ordinateur pour rédiger un livre demande une vie aussi stricte que celle d’un sportif. Il ne faut pas boire et bien dormir..

 

 

 

 

 

                                                     MICHEL DEON

Décédé le 28 décembre 2016, il est membre de l'Académie française et auteur notamment du livre " Taxi mauve " adapté au cinéma en 1977

 

Quels sont les sports que vous avez pratiqués ?

La boxe, l’aviron, le tennis, l’escalade, la marche en montagne, la bicyclette. J’ai aussi pratiqué la natation à assez haut niveau. Je me suis approché des championnats universitaires. Ce qui m’ennuyait profondément c’était l’entraînement et les contraintes qu’il implique..

 

Au tennis quels genres de partenaires aviez-vous ?

Je m’arrangeais pour avoir des partenaires plutôt jolies.. 

 

Le sport est –il utile pour votre vie d’écrivain ?

Oui notamment la marche qui pour moi est essentielle. Elle représente la gymnastique du cerveau et c’est en pratiquant cette activité que le travail s’élabore. La solitude dans laquelle on s’imprègne permet à l’esprit de se délier. Le corps se laisse porter et physiquement on ne sent plus rien..

 

L’écrivain Marcel Berger a dit «  Pour ceux qui ne s’en sont aucunement préoccupés le style a modifié leur style à leur insu en le rendant incisif, rapide, dépouillé, musclé ». Etes-vous d’accord avec lui ?

Pas du tout. Pour moi il a dit des bêtises..

 

Que vous a appris le sport de manière générale ?

Surtout à bien me concentrer et à avoir l’esprit complètement disponible. Quand on nage par exemple on ne peut pas se permettre d’avoir la tête ailleurs…

 

Vous possédez aussi des chevaux ?

Oui mais je ne suis pas très doué pour autant en équitation. Ma femme et mes enfants en revanche montent très bien et je leur laisse cette supériorité. Et puis ayant eu un accident, je suis obligé de faire très attention car je risque la petite chaise roulante. Ma passion c’est de regarder vivre les chevaux..

 

Quelles sensations cela vous procure t-il ?

Ces animaux sont merveilleux de grâce et de charme. Un poulain qui naît représente comme la naissance d’un petit miracle..

 

Evoquez-vous le sport dans vos livres ?

Dans «  Le jeune homme vert » le héros parcourt les routes à bicyclette et une espèce d’atmosphère de compétition s’instaure. Certains de mes ouvrage évoquent la boxe que je continue d’ailleurs à beaucoup suivre en tant que spectateur. Enfin sont parfois relatées dans mes livres des scènes de bateau.. 

 

 

 

 

                                                    IRENE FRAIN

Possédant une prédilection affirmée pour l'Orient, elle participe régulièrement à des actions favorables à la cause tibétaine. Parmi ses livres " Dévi", " Julien Gracq et la Bretagne"…

 

Vous faites du vélo et notamment du VTT. En faites-vous souvent et quelles sont les sensations que ça vous procure ?
Dès que mon mari et moi sommes à la campagne, nous parcourons les chemins à vélo en essayant de goûter aux joies ludiques du sport. Découvrir la campagne française représente un petit côté aventure qui me plaît bien. Et puis il ne faut pas oublier la grosse dépense physique que cette activité procure. M’adonner ainsi à un sport physique intense m’aide beaucoup pour ma vie d’écrivain. Mon cerveau s’oxygène et je fais le vide dans ma tête..

 

Pratiquez-vous d’autres sports ?

En hiver je fais du ski et puis j’aime aussi nager. Je ne me porte bien que si je fais du sport et si je pouvais j’en ferais plus. J’ai toujours eu la sensation que si je faisais du bien à mon corps cette initiative se reportait sur mon psychisme. C’est pour cette raison que le sport m’interesse.

 

Pensez-vous à vos livres en exerçant une activité sportive ?

Lorsque je fais du vélo oui mais beaucoup moins en VTT où il faut être très vigilante. La bicyclette traditionnelle fait jaillir des idées . D’une part mon esprit peut vaguer et d’autre part aucune idée de performance n’est ancrée dans ma tête. Cette pensée est d’ailleurs selon moi plus masculine que féminine car l’homme cherche la compétition. Pour ma part, je suis interessée par le bien-être, le plaisir lié à mon corps et le contact avec la nature. L’esprit est plus clair et on dort mieux..

 

Pour vous écrire est-il un sport ?

Oui écrire un roman consiste à accomplir un grand marathon. Il existe la rigueur, le souffle, la longévité et il faut tenir. Lorsque j’ai écrit mon livre «  Dévi » il a fallu que j’aille dans les ravines, et je me devais d’être en excellente condition physique. Être en forme physique me paraît très important pour écrire même si certains écrivains disent «  plus sale, plus alcoolique, plus drogué que moi tu meurs ».. Cela dit, je n’irais quand même pas me priver d’un coup de rouge avant de faire du VTT. J’aime profiter de la vie…

 

 

 

 

Philippe Labro

 

Journaliste, écrivain, réalisateur, il a raconté dans " Tomber sept fois, se relever huit" comment il s'est sorti de sa dépression. Au cinéma, il a réalisé par exemple " Sans mobile apparent et " Rive droite, rive gauche"…

 

Vous avez pratiqué le rugby, le tennis. Que pourriez-vous dire de vos expériences sportives ?

Lorsque j’ai éffectué étudiant des séjours en Virgine ou en Amérique, le sport faisait partie intégrante de ma vie. Ca m’a beaucoup aidé car quand je suis allé là-bas je savais à peine ce qu’était mon corps. J’ai pris conscience de l’importance de ce dernier et de l’utilité d’être en harmonie avec ses muscles, son souffle, sa respiration..

 

 

Quel est le rôle du sport selon vous ?

Il vous fait prendre conscience que vous êtes entier, que vous ne représentez pas simplement un paquet de sentiments, de pensées, d’impulsions, de réflexions, de désirs. Que vous êtes aussi un organe vivant auquel vous pouvez faire appel et qui correspond à ce que votre tête et votre corps expriment. Le sport n’est pas indispensable pour le savoir, mais il le confirme.

 

 

Selon vous la différence entre les sports individuels et les sports collectifs ?

Le sport individuel donne des leçons sur le comportement de l’individu seul face à ses défis, ses efforts, ses erreurs, la victoire ou la défaite. Il permet de conclure par rapport à ce que l’on doit essayer de faire face aux confrontations que vous apporte l’existence. Le sport collectif donne aussi des leçons inouïes pouvant s’appliquer à l’entreprise, et servir à l’exercice de tous les métiers. J’ai longtemps pratiqué la mise en scène de cinéma, je dirigeais des équipes. Au sein de RTL, je manageais des gens qui avaient leur comportement, leur mental, leurs atouts, leurs faiblesses. Tout ce travail le sport l’illustre bien. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si dans le vocabulaire contemporain qui s’applique aussi bien à la politique, aux affaires, à l’industrie ou aux médias que l’on fasse tout le temps référence au langage du sport : course en tête, leadership, come back..

 

 

 

Parlez-vous de sport dans vos romans ?

Quelquefois dans les livres sur mon enfance. Dans «  Le petit garçon » par exemple on trouve des notions de rugby. De même que la musique, le sport fait partie de la vie et il peut s’inscrire dans certaines scènes mais en aucun cas il ne constitue le sujet central..Mais je ne suis pas à l’bri de m’inspirer un jour du sport..Si par exemple vous deviez écrire un roman sur le tennis quel sujet choisiriez-vous ?

Ce qui m’interesserait c’est le phénomène survenu dans les années 70. Lorsque les joueurs ont été pris en main par des hommes d’affaire, des coaches, des entraîneurs, et qu’ils se sont peu à peu détachés du monde de la vie et de la réalité. A la manière de forçats modernes, ils allaient de galère en galère, d’avion en avion ; de tournoi en tournoi afin de gagner leur vie. Et aussi pour permettre à leur entourage et aux entreprises de gagner aussi de l’argent. Aussi entre l’âge de 16 et 30 ans ont-ils été tellement coupés du monde qu’ils ne le connaissent pas. Et quand leur carrière s’arrête seulement 1/3 de leur vie a été consumée. IL est donc captivant de savoir ce qu’ils vont faire ensuite et le genre de vie qu’ils vont mener. L’exemple de Borg est extraordinaire. Comment ce joueur est-il passé d’une ascension irrésistible à l’anonymat le plus total en tombant dans tous les pièges que la vie lui a tendus ?..

 

 

En tant que romancier comment regardez-vous un match de tennis ?

Je prends en permanence des notes écrites ou mentales. L’observation du monde du tennis représente pour moi une importante source d’interet dans le sens où chaque être humain est différent. Lorsque j’assiste à un match de tennis de très haut niveau ce qui m’attire surtout c’est la singularité de l’individu. Et puis le côté humanitaire à savoir l’humain différent ou proche de l’animal, l’être vulnérable ou au contraire l’être fort et qui se surpasse. La façon dont un individu joue cette mini-comédie, ce mini-drame lors d’un match me passionne

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mardi, 27 août 2019

Des rêves sans étoiles DVD

Mehrdad Oskouei réalisateur iranien a beaucoup souffert pendant sa jeunesse du fait notamment de l'incarcération de son père et de son grand-père . Désireux de faire des films depuis toujours, il a décidé de parler des malheurs de l'humanité. Ses sujets de prédilection sont les femmes et les enfants, et c'est une des premières personnes dans son pays à avoir pu tourner plusieurs films dans un centre d'éducation.  Relater en images l'espoir de mettre fin aux injustices est sa volonté première : " Je voulais montrer la vérité sur ce qu'était devenu une majorité silencieuse dans la société iranienne contemporaine." " La maison de ma mère" qui raconte le parcours épineux de deux femmes isolées, une mère centenaire et sa fille pêcheuse de 70 ans , est son premier film professionnel.

Ce DVD qui contient quatre films " La maison de ma mère", " De l'autre côté de la burqa", " Les derniers jours de l'hiver" et " Des rêves sans étoiles" est très explicite sur la dureté de vie de toutes ces personnes choisies par le cinéaste. Dans " De l'autre côté de la burqa", l'on voit des femmes au sud de l'Iran tellement à bout moralement qu'elles en arrivent à se suicider…

Quant aux témoignages des adolescents (tes), ils sont édifiants et montrent leur clairvoyance malgré leur jeune âge. Les garçons qui ont tous moins de 15 ans sont en manque affectif et parlent avec nostalgie de leur famille. L'un d'entre eux déclare " : " Si on me permet de voir ma mère, j'accepterai la perpétuité, et ma famille 5,6 fois la peine de mort. Je n'ai pas peur de la mort, mais de la vie." Un autre âgé de 10 ans : " J'ai assez souffert pour avoir besoin de me reposer ici. Le pire moment de ma vie c'est quand je commençais à goûter à l'amour de ma mère et qu'elle est partie, et le moment le plus heureux quand elle est revenue"…

Les filles pour leur part, semblent davantage satisfaites du fait d'être dans un centre; et témoignent avec un certain contentement. Mais leur parole n'en est pas moins aussi violente, et elles n'ont  pas l'air de regretter vraiment l'absence familiale. L'une a été victime de sa mère qui l'a brûlée avec un réchaud. Elle a des implants aux doigts car elle s'est immolée. Une autre a poignardé son père qui a abusé d'elle à 12 ans. Leurs agissements passés sont variés  :  meurtres, vols, drogues, prostitution…

En écoutant ces jeunes, l'on est un peu éberlué par leur maturité, et leur grande sensibilité pour la plupart. L'on pourrait penser que ce sont des enfants qui portent le mal en eux, or il n'en est rien et on leur attribue vite des circonstances atténuantes. C'est tout l'art du réalisateur d'avoir montré cela. C'est d'ailleurs ce qu'il avait dit aux filles : " J'aimerais montrer votre intelligence, votre créativité, votre gentillesse et votre beauté. Je pense que vous n'êtes pas différentes des autres filles…"

Mehrdad Oskuei a réussi son pari et pose des questions judicieuses et profondes ce qui permet aux enfants d'être en confiance et de se confier sans crainte et avec authenticité.

Du beau travail…

Agnès Figueras-Lenattier