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lundi, 20 mars 2006

Un entretien avec Pierre Castagnou - Part. II (1/3)

Interviewer Pierre Castagnou, Maire du XIVe. L'idée nous trottait dans la tête depuis belle lurette... A l'occasion du Conseil d'arrondissement du 16 janvier 2006, nous avons donc franchi le pas et sollicité un entretien d'une heure. Pierre Castagnou en a accepté le principe et nous a reçu le 3 février 2006 ...pendant près de 3 heures ! Parcours personnel, premiers pas en politique, dossiers locaux et parisiens...

...Nous vous livrons ci-après la fidèle retranscription de cet entretien (*).

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Un entretien avec Pierre Castagnou

Part II (1/3)


Paris14.info (P14) : En avril 2001, vous êtes élu Maire du XIVe arrondissement. Vous étiez dans l’opposition depuis 1983… Après 18 ans dans l’opposition, quel est votre sentiment au soir de cette victoire ?

Pierre Castagnou (PC) : La joie et la satisfaction. Gagner le 14e était nécessaire pour conquérir la mairie de Paris. Mon objectif a toujours été la mairie du 14e. Depuis 95, la gauche progressait continuellement dans cet arrondissement réputé sociologiquement et électoralement conservateur. C'était donc pour moi une grande satisfaction. Mais cette victoire était d’abord une victoire collective.

P14 : Justement, une victoire collective ça commence par un travail d’équipe. Mais pour l’emporter, il faut parfois faire des concessions, notamment entre le 1er et le second tour… Il y a les fusions de listes et il faut parfois faire des choix douloureux pour son équipe. Ces négociations font parfois fi d’un travail de terrain de longue haleine… Quel souvenir avez-vous de ces négociations ?

PC : Les négociations furent difficiles, mais cela fait partie de la vie politique aussi...

P14 : La semaine du Maire ? A quoi ressemble-t-elle ? Combien d’heures de travail par semaine ?

PC : Je vais vous répondre par une banalité… La semaine du Maire, c’est une semaine de 7 jours. C’est une semaine bien remplie. De plus en plus remplie. Les exigences de nos concitoyens sont de plus en plus fortes. La vie démocratique parisienne s'est considérablement développée. La vie locale et associative est très riche.

…Ce n’était absolument pas le cas jusqu’au milieu des années 90. Il n’y avait pas la même vitalité démocratique. Le maire d'arrondissement représentait le Maire de Paris, il inaugurait les chrysanthèmes, il n'y avait pas de vraie vie dans cette mairie d'arrondissement. D’ailleurs, lors de la campagne municipale en 2001, je parlais de « réveiller la Belle au bois dormant » qu’était la Mairie du XIVe.

P14 : La mairie d'arrondissement n'est pourtant toujours pas une mairie de plein exercice : quelles seraient pour vous les compétences à récupérer ? Quel serait votre premier choix ?

PC : Difficile question. Le choix est à effectuer en fonction de l’intérêt pour les habitants et non pas en fonction de considérations ou de centres d’intérêt personnels. Allez, je chercherais la difficulté ...probablement la propreté.

P14 : Qu'est-ce qui vous plaît le plus au quotidien dans votre mission de Maire du 14e ?

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PC : J’aime bien le terme de mission. Je considère que Maire, ce n’est pas exercer une profession. C’est une mission ou une fonction. Mais c’est un tout. Si on a voulu être maire, et on vous force rarement à l’être, c'est parce qu'on s'intéresse à ses concitoyens, à l'intérêt général et que l’on veut améliorer la vie des habitants… Cela veut dire que j’éprouve un réel plaisir à rencontrer les habitants, les responsables associatifs, les animateurs de conseils de quartier… J'ai besoin de ce contact.

P14 : Il y a tout de même des servitudes… Qu’est-ce qui vous déplaît le plus dans cette fonction ?

PC : Rien ne me déplaît même si c’est une fonction lourde.

P14 : Allons, il y a des temps forts de l’action municipale qui reviennent chaque année… Il n’y a pas une corvée ? Des discours qui se répètent ? Des occasions où l’on se dit, tiens, je vais encore raconter le même truc que l’année dernière… [ rires ]

PC : Mais j'ai complètement oublié ce que j’ai dit l’année précédente ! [ rires ]

Vous allez douter de ma sincérité. Mais non. C’est peut être plus satisfaisant de travailler à la réalisation d’un équipement sportif, d’une crèche, de logements, d’une école, à l’aménagement d’un quartier que d’entendre parler de crottes de chiens ou de trous dans les trottoirs, oui ! Mais l’un ne va pas sans l’autre. Vraiment.

Parfois, des habitants viennent me voir et me disent « Excusez-moi de vous parler de ceci… ». Je leur réponds toujours : « Mais vous n’avez pas à vous excuser. Mon rôle et mon devoir, c’est d’abord de vous écouter. » Il n’y a pas de petits problèmes. Un Maire qui croit qu’il y a des petits problèmes, qui par conséquent ne sont pas de son niveau, et de gros problèmes, qui sont de sa compétence exclusive, n’est pas, selon moi, un bon maire.

P14 : Quelles qualités faut-il pour être maire ?

PC : Etre à l'écoute ; être tenace et persévérant ; être capable d'animer des équipes, c'est-à-dire d’être– le terme surprendra peut-être – une sorte de manager. Tout en sachant que c’est plus difficile, quand la Mairie n’est pas une mairie de plein exercice…

P14 : Et si un homme comme moi [ndlr : Pierre Vallet] devenait maire, que penseriez-vous ? ;-)

PC : Ecoutez, si c'est dans quelques années, c'est-à-dire si vous devenez Maire quand j’ai décidé de ne plus l’être, grand bien vous fasse !!! ;-)

P14 : Tous les élus du 14ème ont une permanence où l’on peut venir les rencontrer sans prendre de rendez-vous. Vous n’avez pas fait ce choix, pourquoi ?

PC : Non. Je sais que certains Maires tiennent une permanence. Mais je ne sais pas très bien dans quelles conditions ils la font. Parce que je sais très bien que si je tennais une permanence comme mes adjoints…

P14 : …Ce serait l’émeute…

PC : … Je me mets à la place des habitants. Je n’irais pas voir les adjoints, j’irais voir le Maire. Ma permanence ne durerait pas 3 mais 6 h et je serais obligé de dire aux habitants que je n’ai pas pu recevoir « Revenez la semaine prochaine ». C’est frustrant et ce n’est pas satisfaisant. Et pourtant, j'ai fait des permanences hebdomadaires de 1983 à 2001… J'ai l'expérience de la permanence…

En revanche, je reçois !

P14 : Eh… Nous sommes là… :-)

PC : …Je reçois des habitants, des responsables d’associations, les présidents des Conseils de quartier...

Mais je fais très attention parce que les gens prêtent au Maire des pouvoirs qu'il n'a pas, notamment pour l’attribution de logement. Donc, quand quelqu’un demande à me voir pour un logement, je réponds que ce n’est pas utile – contrairement à ce que l’on peut penser - mais qu’en revanche, il faut rencontrer notamment mon adjoint au logement, Jean Paul Millet. Les gens pensent que c’est moi qui attribue les logements. Pas du tout. Nous avons créé une commission de transparence pour cela.

Il m’arrive d’intervenir auprès du Préfet, de tel ou tel bailleur, de Jean Yves Mano, adjoint au maire de Paris chargé du logement, pour attirer leur attention sur les difficultés d’un demandeur. Mais le fait de recevoir un demandeur de logement ne fait pas avancer son dossier.

C’est la même chose pour les demandes de place en crèche. Au début j’ai parfois eu du mal à le faire comprendre. Beaucoup de gens l’admettent aujourd’hui.

(...suite de notre entretien après-demain...)

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(*) Propos recueillis par Pierre Vallet et Dan Krajcman. Merci à MRV pour son aide dans le travail de retranscription.

Plus d'info :
+ Un entretien avec Pierre Castagnou - Part. I / épisodes 1, 2 et 3.

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