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vendredi, 21 octobre 2016

De l'alcôve aux barricades.

De David à Fragonard

Cette exposition, fruit d'un partenariat entre les Beaux-Arts de Paris et la Fondation Custodia présente actuellement de magnifiques dessins provenant de la fin du règne de Louis XV jusqu'à la révolution. Une transition du rococo au néo-classicisme s'opère alors avec passage de la Royauté à la République. En parcourant les salles de la Fondation Custodia, on trouve une grande variété de styles aussi bien dans les sujets que dans les techniques. C'est l'occasion de bien différencier le style rocaille avec son côté très minéral , très organique et l'art néo-classique plus austère. Lignes plus droites, plus sobres..

Sont d'abord exposées plusieurs études de nus masculins avec tout au début des contorsions du corps, puis par la suite des attitudes plus statiques. Viennent ensuite des dessins de paysages résultant d'un séjour en Italie. Notamment des représentations du Colisée. Puis c'est le retour en France amorçant une nouvelle approche du paysage dès la seconde moitié du XVIIIè siècle. Les détails sont plus marqués et les imperfections de la nature (formes étranges d'un rocher ou d'un arbre mort) se voient davantage. Autre évolution: L'abandon des sujets mythologiques emplis de sensualité au profit de thèmes héroïques souvent tirés de l'histoire antique.

Egalement dans la seconde moitié du XVIIIè siècle, des programmes de concours de plus en plus tournés vers la conception d'édifices utilitaires. Ce qui fait apparaître des dessins d'architecture très grands formats composés à partir d'un sujet donné. L'ensemble de ces projets architecturaux propose une solution utopique avec en rose les parties maçonnées. Le plus grand au sein de cette exposition mesure 3 m 66, c'est dire... Exemples de projets : des monuments funéraires, des ménageries, une salle de comédie, un pavillon de fête pour un souverain, une bibliothèque. Des dessins d'ornement complètent le tableau comme les décors d'appartements à la chinoise et à la turque de Pierre Ranson ou ses trois lits de modèles distincts.

Tout au long de l'exposition, la beauté se profile. Quelle belle feuille par exemple que " La douleur" de Jacques-Louis David pour lequel il obtint le premier prix du concours de la Tête d'expression. Un pastel associé à de la craie blanche. Ou encore ses nombreux dessins montrant bien l'évolution qui s'est opérée à cette époque. Le dessin de Jean-Baptiste Regnault " La surprise mêlée de joie" est également à noter. Et que dire des sanguines d'Hubert Robert et de Fragonard. Ces deux artistes utilisèrent beaucoup cette technique et lui donnèrent un nouveau départ. L' "Enlèvement de Ganymède " de Fragonard d'après Rembrandt possède un bel effet de clair obscur.

Jean-Baptiste Greuze est aussi à l'honneur avec neuf dessins. .. Les trois études pour "La Scène de déluge" (tableau au Louvre) d'Anne-Louis Girodet de Roucy-Trioson sont très belles. Et l'on pourrait continuer la liste encore longtemps tellement c'est une merveille pour les yeux….

Agnès Figueras-Lenattier

Plus d'infos : Fondation Custodia 121 rue de Lille

Métro : Assemblée nationale

12:09 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : david, fragonard, transition

lundi, 17 octobre 2016

Comment Haussmann a transformé Paris?

 

                       DVD éditions Zaradoc

 

Dans ce film, Yves Billon le réalisateur rend hommage au baron Haussmann (1809-1891) et fait parler trois connaisseurs : un écrivain historien Jean Des Cars et deux architectes historiens Pierre Pinon et Nicolas Chaudun. Chacun à leur façon, et de manière complémentaire, ils analysent avec simplicité et au moyen d'un langage condensé, les nombreuses transformations qu'a opérées Haussmann au sein de la capitale. Devenu d'abord secrétaire général puis sous-préfet et préfet, cet homme a pendant 17 ans totalement remanié Paris s'occupant des voies de communication, de l'éclairage, des hôpitaux, de l'hygiène, du confort des parisiens, du transport du courrier. Possédant une force de travail inépuisable, s'appuyant sur sa haute stature (1m92), il s'impose sur les questions qui lui sont soumises.

Lorsqu'il arrive à Paris en 1853, le choléra est présent, et il existe un véritable problème de circulation de l'eau. Il va assainir les égouts, et doter la ville d'organes souterrains en même temps qu'il aménage les nouvelles avenues. Haussmann souhaite le bien-être matériel des habitants, s'occupant peu de questions philosophiques ou culturelles. De par son initiative, les arrondissements passent de 12 à 20 avec la naissance de cafés, de restaurants, de grands magasins.. La traversée de Paris est mise en place avec 25 commodités de déplacement. Par exemple la construction de la rue de Rennes pour aller de la gare Montparnasse à Saint-Germain des Près.. Bien sûr beaucoup d'amputations se mettent en place, mais en contrepartie le parc Montsouris et le parc des Buttes-Chaumont voient le jour. Près de 80 squares sont aménagés.

En revanche, malgré le souhait de Napoléon III de prendre en compte le sort des personnes défavorisées, le programme ouvrier est délaissé. Très peu de cités ouvrières sont créées avec une exode des pauvres en périphérie. Haussmann pense qu'il est important que les riches puissent venir habiter dans le centre de Paris.. Des personnalités s'élèvent contre ce manque de programme ouvrier mais Haussmann n'en a que faire. Un domaine qu'il n'abordera pas : la circulation automobile.

C'est sur la question financière qu'Haussmann sera destitué. Ce préfet très doué dans la gestion financière aura réussi pendant 10 ans à endetter la ville de Paris d'une centaine de millions d'euros sans que les parisiens s'en aperçoivent. Le livre de Jules Ferry " Les contes fantastiques d'Haussmann" dénonce le pot au rose ce qui entraîne sa chute. Mais apparemment parfaitement intègre, le baron ne se serait jamais enrichi.

Haussmann n'était ni architecte, ni ingénieur, mais d'après les témoignages, il savait rassembler les talents et les diriger. En outre, bénéficiant du pouvoir central, il a toujours rejeté avec une grande aisance, toutes les contestations contre son plan et ses projets. Il mourra sous la IIIème République pratiquement oublié.

Ce DVD divisé en différents chapitres ( Le Paris avant Haussmann, le début des grandes percées, les travaux d'Haussmann, le nouveau pari d'Hausmann, l'organisation des travaux, les espaces verts, l'habitat ) est bien conçu, et semble assez objectif. Les divers reproches faits à Hausmann sont évoqués. Comme l'expropriation, les dépenses inconsidérées, la démolition des quartiers historiques.

Pour accompagner les explications, quelques peintures, des images du vieux Paris,, l'ambiance des travaux, de la vie parisienne. Que l'on apprécie ou pas ce qu'a réalisé Haussmann c'est instructif…

Agnès Figueras-Lenattier

lundi, 10 octobre 2016

Rendez-vous théâtre avec l'oeil éclairé d'Agnès notre critique du XIVè

Le chien

Ce texte savoureux d'Eric Emmanuel Schmitt raconte l'histoire d'un écrivain narrateur (Mathieu Barbier) et de son ami ancien médecin Samuel (Patrice Dehent) qui s'est suicidé 5 jours après la mort de son chien Argos écrasé par une voiture. Pourquoi? Tout le monde se pose des questions tellement Samuel était discret sur sa vie et ses sentiments. Personne même pas sa fille Miranda ne sait quel homme était son père et ce qui se tramait dans sa tête. Or il se trouve que ce docteur plein de pudeur a écrit une lettre à Miranda qu'il a confié à cet écrivain.. .

Ainsi petit à petit, Samuel qui s'était contenté d'écouter son ami parler, va se confier sur scène. La vérité va alors éclater au grand jour, et l'on va comprendre le secret de cet homme âgé de 80 ans. Son passé va resurgir et le suspens qui jusqu'à présent battait son plein va enfin se terminer. Dans un décor presque nu, l'on est tenu en haleine du début jusqu'à la fin. En effet, ces deux comédiens et les deux metteurs en scène (MF et JC Broche) ont l'art de faire progresser le fil du récit de manière à exciter vivement notre curiosité. Quant à Eric Emmanuel Schmitt, par le biais de cette grande affection qu'éprouve Samuel pour son chien, il nous fait réfléchir avec finesse sur le rôle de cet animal, et sur la manière dont il peut retourner cet amour. Une atmosphère émouvante, et séduisante…

Agnès Figueras-Lenattier

Plus d'infos Théâtre Rive Gauche 6 rue de la gaîté Métro : Edgar Quinet

14:19 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médecin, chien, mystère

mercredi, 05 octobre 2016

La Bretagne comme ils l'ont aimée

 

Editions Omnibus

 

Dans ce charmant mélange littéraire et pictural, des peintres et écrivains illustres puisent leur inspiration au sein de la culture bretonne. Composé de 5 chapitres thématiques, ce livre à travers le regard de personnalités comme Paul Gauguin, Emile Bernard, Renoir, Monet, Flaubert, Balzac, Zola, dépeint les particularités de la Bretagne, et évoque sa lumière si caractéristique.
Des poètes un peu moins connus mais tout aussi talentueux sont également présents tels que Stéphane Alzan ou Ludovic Jan. Quelles belles sensations s'offrent à nous en lisant " Guerande" du premier ou " Un pâtre de mon âge" du deuxième. A noter aussi le poème "Rennes" à la musique si joliment rythmée de Charles Alexandre secrétaire de Lamartine. Olga Boznanska se distingue également par son portrait d'une bretonne illustrant un texte de Guy de Maupassant.

Bref, la beauté artistique résonne ici d'un son délicieux et enchanteur…

Autre belle initiative de cet éditeur, la publication de " Poèmes de notre enfance" comprenant 9 chapitres faits notamment de comptines, de chansons, de berceuses là aussi agréablement illustrés.. Voici par exemple un extrait sur " Le chat noir de la palissade" d'Henri Monnier : 

"Il mène sa vie à sa guise

ne faisant que ce qui lui plaît

Il se complaît dans des bêtises

Qui ne valent pas un couplet"

Tout est charmant dans ces différents textes (René de Obaldia, Paul Verlaine, Marceline Desbordes-Valmore, Guy de Maupassant…), et l'on aurait envie de citer plein de phrases tellement c'est ravissant…

Agnès Figueras-Lenattier