Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 17 novembre 2020

Fabienne Delacroix

peintre,art naïf,interviewFabienne Delacroix est la fille du peintre naïf Michel Delacroix et a repris le flambeau en trouvant sa voie avec selon les dires un brin de féminité en plus.  C'est une peintre émérite de la Belle époque, illustratrice, représentant des scènes de la vie parisienne ou campagnarde, les bords de mer, les châteaux de la Loire.  Elle a peint des séries comme les 24 vues de La Tour Eiffel, et a représenté les quatre saisons de Notre Dame de Paris.  Dotée d’un grand coeur,  contribuer à la collecte de fonds au profit de grandes causes a beaucoup de sens pour elle». Elle a par exemple soutenu l’action  contre le sida en partenariat avec l’AMFAR (American Foundation for Aide research) et la recherche contre le cancer en partenariat avec les joueurs de hockey de la NHL (National Hockey League… ). Ce qui a lui a donné l’occasion de rencontrer la famille Kennedy et Arnold Schwarzenegger. Possédant plusieurs cordes à son arc, elle a également un passé dans le domaine du théâtre et de l’adaptation de grandes oeuvres littéraires.  Elle a été présidente de plusieurs compagnies de théâtre, a collaboré à de nombreux spectacles à Paris et en province et à Madagascar où elle a habité de 2005 à 2014, elle a également été très présente théâtralement avec la création de la Compagnie Arts and Events et l’organisation de nombreux spectacles pour enfants et adultes…

 

C’est votre père peintre reconnu qui vous a initié à la peinture? 

Plus ou moins mais avec beaucoup de liberté. Je n’ai fait aucune école et suis complètement autodidacte.  Je me raccroche souvent à l’école des naïfs,  avec toutefois de petites nuances car l’on m’a qualifiée de « naïf raffiné « . En effet, la peinture naïve ignore la lumière, la perspective  et tout un tas de règles qui constituent l’art de peindre..  J’aime bien le terme «  figuratif poétique » …J’aime énormément cette idée de rêve, c’est d’ailleurs une époque un peu rêvée même si je n’ai évidemment pas de souvenirs. Je dis souvent que je rêve pour les autres… 

 

Pourriez-vous parler de votre manière de peindre?

C’est difficile d’expliquer, c’est un grand mystère d’inspiration.  Bien sûr je suis influencée par mes lectures, sur ce que je peux faire et puis l’inspiration vient  naturellement Je travaille avec des pinceaux très fins pour aller dans le détail.  J’ai peint à l’huile, mais pour des raisons d’odeurs très fortes;  j’ai basculé vers l’acrylique.  Cela sent très mauvais, et un jour j’ai été chez mon dentiste qui m’a dit «  Vous avez bu du white spirit ou quoi?  Je me suis rendue compte que j’inhalais cela à haute dose. Avec l’acrylique, l’on arrive maintenant à avoir un peu de matière ce qui n’était pas le cas il y a 30 ans. On ne trouvait pas toutes les nuances. Il n’y a aucune odeur et le séchage est instantané. Il m’arrive d’écouter des livres audio quand je peins notamment ayant rapport au sujet que je traite de manière picturale.  Par exemple, j’ai réalisé un triptyque, trois toiles qui communiquent entre elles autour du grand magasin «  Le Printemps » et j’ai réécouté «  Le bonheur des dames » de Zola . J’ai fait une affiche pour Annie Vergne directrice du théâtre du Guichet Montparnasse en liaison avec  son adaptation d’ » Une vie » de Maupassant, et j’ai réécouté l’histoire.  J’écoute aussi de la philosophie. et suis une philosophe de la joie… Spinoza et Montaigne par exemple sont des amis même si je n’ai pas forcément toutes les capacités intellectuelles et la patience de lire «  L’ »Ethique » . Quant à Montaigne  c’est un personnage si humain. Il existe des versions magnifiques comme l’enregistrement des essais de Montaigne par Michel Picolli.  Je suis dans la philosophie toute la journée et m’intéresse aussi à la littérature et à l’histoire. 

 

Est-ce vital pour vous de peindre?

Oui et quand je ne peins pas, cela me manque. J’en ai besoin; c’est ma vie et je suis heureuse car je fais vraiment ce que j’aime. Je suis comblée par mon travail et mes trois enfants.  Désirer ce que l’on a c’est cela le bonheur. Je suis complètement ailleurs, et il m’arrive de ne pas sortir pendant plusieurs jours. C’est mon petit chien en fait qui me force à sortir…  C’est tellement calme, j’ai la lumière, les plantes. Cela fait 25 ans que j’ai cet atelier et jamais je ne m’en séparerai.  Je me sens chez moi. Dans mes tableaux, ce que je cherche à faire ressortir, c’est la joie. Ma manière de peindre est tellement instantanée; rien ne transparaît à part  la joie. C’est d’ailleurs le retour que l’on me fait. Mes clients me disent qu’ils ont un rapport amical avec mes tableaux, que des fenêtres s’ouvrent qui les rendent joyeux et leur procurent du bien-être. Pour moi, ma mission est accomplie et contrairement à beaucoup de peintres, je n’ai aucune ambition particulière et ne cherche aucunement à faire passer des émotions ou des messages. Ma seule crainte c’est de ne plus pouvoir peindre. Quand j’étais plus jeune, j’ai eu des périodes où je n’arrivais jamais à rien. J’avais la toile blanche.  Il faut de la patience et de l’assiduité et je travaille tout le temps.  

 

Au niveau des couleurs vous avez forcément des préférences!

Oui, et je dois un peu me forcer à mettre du bleu. C’est un peu étrange d’ailleurs car c’est une couleur magnifique. Tout le monde aime le bleu, c’est le ciel, c’est l’infini. Quand on lit «  Le dictionnaire amoureux » de Michel Pastoureau, le bleu représente la couleur de l’infini.  Mes bleus sont plutôt pâles, je ne vais pas dans du cobalt, mais j’aime le ciel, la mer. Sinon je travaille toutes les couleurs, même si je ne suis pas dans les couleurs pop comme le violet. Mais c’est parfois amusant  de mettre un petit grain de folie. Une petite touche de couleur qui va faire toute la toile finalement dans un univers très uniforme. 

 

La musique vous inspire t-elle?

Mon rapport à la musique est totalement déconstruit et c’est l’art qui me donne le plus d’émotions soit dans les pleurs, soit dans l’allégresse.  En ce moment, vu mon état psychique personnel , la musique me fait trop d’effet et je n’arrive plus pour l’instant à en écouter. Je suis une modeste pianiste et j’ai quand même rapporté mon piano de Madagascar sur un bateau. Mais là aussi, je suis incapable de jouer en ce moment. 

 

Comment cela se passe t-il côté exposition?

J’expose environ 1fois par an et à chaque exposition,  c’est comme si je passais mon bac.. Je mets tout sur la table, et c’est ma seule source de revenus. Imaginez donc si mes tableaux ne se vendent pas…  Après cette exposition annuelle qui dure un mois,  je participe à une exposition collective.  Lors de mes expositions j’ai carte blanche mais les galeries aiment bien que je présente quelques vues de Boston ou de New York.  Maintenant que j’ai pris l’habitue de le faire; je le fais volontiers. A Boston et New York, j’ai une chance extraordinaire car là ou j’expose, ce sont des galeries magnifiques placées sur West Broadway, un emplacement de rêve. 

 

L’art naïf ne plait pas en France?

Je ne sais pas. Je pense que les Américains achètent avec leur coeur, alors qu’en France souvent on achète beaucoup avec ses oreilles. Il faut être simple et retrouver une âme d’enfant pour aimer l’art naïf.  Ce n’est pas une démarche forcément naturelle en France. J ’ai fait signe aux musées d’art naïf français notamment celui de Nice le musée Jacovsky. Mais ça ne s’est pas concrétisé pour l’instant. Nul n’est prophète en son pays; ce n’est pas très grave. 

Et en Europe? Je pense qu’il existe des possibilités en Allemagne et en Suisse. Aussi beaucoup en Europe de l’Est, c’est pour cela que je suis au musée en Bulgarie le Musée d’art naïf et intuitif à Belogradchik avec quatre toiles. Je fais partie de la collection permanente du Musée. 

 

Et au Canada?

Il y a un beau musée d’art naïf à Magog au Québec  (Mian Musée international d’Art Naïf), et j’en fais aussi partie avec deux toiles. Le directeur du Musée est très gentil avec moi et il est  d’ailleurs cité dans l'un de mes catalogues d'exposition.. «  Paris, jours heureux » C’est lui qui m’a qualifiée de » naïf évoluée » car il se demandait si en présence de mon oeuvre on était encore  dans l’ art naïf. Je suis un peu à la frontière de la peinture figurative traditionnelle et de l’art naïf. Il existe aussi une belle école d’art naïf canadienne par exemple. 

 

Vos influences?

Séraphine, le douanier Rousseau auquel on ne peut être indifférent, Henri Rivière qui était assez proche des estampes japonaises que j’aime aussi beaucoup, . Puis Bruegel, et les impressionnistes évidemment puisque c’est ma période, même si ma patte n’est pas du tout impressionnistes. On peut voir dans la manière dont je traite l’eau un peu de pointillisme. Personne n’échappe aux influences, on n’est que le produit de son passé, de son histoire  et des événements  auxquels on a été exposés. 

 

Vous avez sorti en 2018, un livre  édité chez Hervé Chopin  «  Paris, jours heureux ». Cet éditeur est-il de la famille du musicien. Et vous qui portez le nom de Delacroix êtes-vous de la famille d’Eugène Delacroix?

Non, Hervé Chopin n’a rien à voir avec le musicien. En ce qui concerne notre famille, , nous ne savons pas vraiment si nous sommes de la même famille qu’Eugène Delacroix. mais c’est possible. Comme il n’a pas eu d’enfants, c’est difficile de savoir.  Ce livre sur Paris est à la fois en français et en anglais. Cela me rend bien service et  me permet de vendre aux Etats-Unis.  J’ai aussi illustré  chez le même éditeur «  Les malheurs de Sophie » . C’est Sophie de Ségur arrière, arrière, arrière petite fille de la comtesse qui a signé la préface du livre. Ce qui donne donc Ségur, Chopin, Delacroix!… Quand j’étais enfant, je n’avais pas été particulièrement sensible à l’histoire des malheurs de Sophie mais plus récemment la rencontre avec la comtesse de Ségur a été comme une révélation. En tant que femme je me suis sentie finalement assez proche d’elle notamment lorsque je me suis rendue au musée de la comtesse. Elle a commencé à écrire à peu près à l’ âge que j’ai maintenant . Je vais vous confier quelque chose qui me tient à coeur. Concernant cette collection sur les malheurs de Sophie j’avais une trentaine de peintures et je ne savais pas quoi en faire. Les responsables du musée les ont gardés et je devais les exposer mais la Covid est arrivé et le musée a fermé. Ne voulant pas les vendre pièce par pièce, j’ai eu l’idée de faire une vente au profit de Madagascar où j’ai passé de longues années. L’argent récolté serait destiné à construire une petite école qui s’appellerait «  L’école de la comtesse de Ségur ».  Il me faudrait trouver un partenaire; j’ai deux ans pour ce projet; c’est le timing que je me suis fixée. J’ai des pistes de galeries, de ventes aux enchères.  C’est un projet qui me tient à coeur; c’est tellement pauvre là-bas.  Mais malgré le dénuement total, la joie est de mise . C’est  tellement différent de chez nous et de notre société de consommation.  C’est une belle leçon de vie et j’espère que ce projet verra le jour. Je compte retourner à Madagascar dans deux ans. Là-bas, il y a des gens que j’aime beaucoup, des gens très simples et pour mes 50 ans, je veux y retourner.   C’est le cadeau que je veux me faire...

 

y a t-il un écrivain que vous aimeriez illustrer?

Mon rêve est d’illustrer Marcel Pagnol qui est un amour de toujours et même si ça ne s’est pas encore réalisé, mon éditeur est tout à fait partant. J’ai même été en contact avec Nicolas Pagnol son petit fils, mais la famille a sa propre maison d’édition avec différentes versions.  J’espère vivement que ça se fera. . Au bout de 70 ans, cela tombe dans le domaine public et je ne quitterai pas ce monde sans avoir illustré Pagnol. Je suis née en 1972, il est mort en 73 ou 74 et j’attendrai 70 ans!…C’est un univers fait pour moi… Une différence entre la peinture et l’illustration? Pour moi c’est similaire même si parfois je me demande si je ne vais pas davantage du côté de l’illustration ou si je reste du côté de la peinture.  Je n’ai pas poussé intégralement la réflexion, mais parfois je suis entre les deux. Ça me va bien.

 

Il y a aussi les illustrations avec le chocolat de poche, les puzzles!

 Je fais ces projets surtout pour les rencontres même si l’on a tous besoin de sécurité et avec la Covid je diversifie. La peinture c’est très solitaire er rencontrer des gens est important pour moi. C’est enrichissant, et ça crée une émulation. Quand je travaille sur des projets collectifs, je travaille vraiment bien; ça me stimule. 

 

Le chocolat de poche est une histoire d’amitié!

Oui c’est un peu mon défaut , et je travaille  toujours ainsi.  J ’ai eu un coup de coeur pour le produit. Je trouvais ce chocolat  délicieux, et aimait la poésie qui en  émanait. J’aime beaucoup aller chercher des extraits pour illustrer des peintures; ça m’a emballée. Le créateur explique que tout le monde lui piquait ses tablettes, du coup il a eu l’idée de les cacher dans sa bibliothèque et s’est alors lancé dans la conception de tablettes dont l’emballage imite la couverture de livres. Ce sont des tablettes de chocolat qui se dévorent comme un livre, avec un pur beurre de cacao, sans OGM ni graisses hydrogénées. Il existe aussi une transmission de savoir en matière de gastronomie, d’art et de littérature. Le fondateur est  un grand passionné d’art, de littérature, de peinture qui a fait une reconversion. Il vient du milieu de la banque; il a pris les chemins de traverse et l’on s’entend très bien . On collabore régulièrement sur de nouvelles tablettes et puis on se stimule intellectuellement. Et c’est formidable.

 

Les puzzles

C’est une autre société située dans le 14ème arrondissement. «  Les puzzles Michèle Wilson ».   On a commencé avec deux sujets, c’est tout récent :  le château d’Azay-Le- Rideau et le Moulin Rouge. J e m’interroge parfois sur la valeur de mon travail : Est-ce que l’image est bien respectée, pas trop  banalisée? A partir du moment où le produit est un travail d’art en lui-même, c’est juste une chance de faire cela…

 

Vous avez aussi une carrière interessante dans le théâtre. Comment avez-vous débuté dans ce domaine?

Le théâtre a toujours été ma grande passion et monter des pièces que j'inventais, lorsque j'étais enfant constituait mon jeu préféré. Je tendais un rideau à un fil, quelques éléments de décor que je peignais et tout pouvait commencer. N'ayant  pas du tout le don du jeu. je laissais mes camarades jouer et préférais diriger… Puis à l'âge adulte le destin a provoqué de belles rencontres au sein de ce milieu. Je me suis formée sur le terrain comme c'est souvent le cas en étant assistante.

 

Votre séjour à Madagascar a favorisé cet amour du théâtre!

Oui, c’est là que  j'ai commencé "à voler de mes propres ailes" passant de l'écriture à la mise en scène. Rapidement les choses ont pris de l'ampleur grâce à un partenariat avec l'Institut Français. Je me suis tournée vers l’adaptation, car écrire pour le théâtre est un long travail qui suppose  une maturité que je n'avais pas et n’ai toujours pas.  Mais c'est une très belle aventure que de rentrer dans une œuvre de cette manière. Un mariage entre esprits avec l'auteur peut presque se mettre en place. Celui-ci  devient un grand ami, le compagnon de projet, on peut même dire de vie, au moins le temps de l'écriture. Et lorsque l’on est en expatriation, dans une culture toute autre, cela fait énormément de bien. Ce qui me tient le plus à cœur dans l'adaptation c'est la fidélité au texte.

 

Voyez-vous une ressemblance entre le théâtre et la peinture?  

Le théâtre est une peinture vivante. Un tableau qui se met en mouvement. Ce sont les mêmes ressorts créatifs qui sont à l'œuvre, la magie s'opère de la même manière. Dans un cas on passe du blanc de la toile à la couleur, dans l'autre du noir à lumière, mais c'est la même émotion de la création.

 

Que devient votre rapport au théâtre depuis que vous êtes revenue à Paris?

J’étais très abattue moralement suite à un drame personnel lorsque je suis revenue à Paris. Il fallait en plus que je me réhabitue à la vie en France après presque 10 ans à l'étranger et que je relève bien des défis. Mes contacts avaient poursuivi leur chemin, tout est en somme à recommencer. J’en ai alors surtout profité pour aller au théâtre selon mes envies, cela m'avait tellement fait défaut. Des rencontres ont eu lieu à nouveau comme cette belle amitié qui est née avec Annie Vergne directrice du Guichet Montparnasse. Les projets sont comme les désirs, ils existent toujours, notamment autour de Balzac et de Maupassant. Le contexte sanitaire va forcément les ralentir. Mais j’espère vivement remettre un pied dans le milieu du théâtre et peut-être faire encore plus se correspondre  les deux univers en  instaurant les toiles sur scène, à moins que ce ne soit la scène dans les toiles. 

Agnès Figueras-Lenattier

mercredi, 19 août 2020

Muriel Besnard

m.besnard,peintre,portraitm.besnard,peintre,portraitMuriel Besnard artiste peintre détentrice de nombreux prix dont le premier prix européen de l'imaginaire et la médaille d'or de l'Académie française des Arts-Sciences-Lettres, est une adepte de l'éclectisme et une ennemie de la routine."Selon moi, un artiste qui n'est pas en recherche risque de voir son art s'éteindre. On est comme un scientifique; on cherche tout le temps.

Une partie de sa famille étant asiatique, les œuvres se rapportant à ce monde là l'ont hantée dès son enfance. En outre, étudiante elle a fréquenté de nombreux artistes japonais. L'école supérieure de dessin de Paris Montparnasse lui a fourni une formation à la fois classique très solide, et en même temps basée sur toutes les recherches se rapportant à la grande époque où Montparnasse était un lieu où les artistes passaient leur temps… Puis fidèle à son image de femme curieuse et voulant constamment se perfectionner, elle a plongé dans l'univers de la sculpture, de la céramique et du design ce qui l'a fait voyager à Rome, Florence, Londres. " Ce sont un peu les hasards des rencontres qui m'ont amenée à découvrir ces univers. Ce sont des métiers dont j'ignorais l'existence notamment le désign, les arts de la table et la décoration. J'étais fascinée par l'esprit du compagnonnage, par les maîtres verriers, les maîtres orfèvres. A chaque fois, je me suis adaptée à ces techniques, et tout me semblait magique… J'en suis arrivée à faire mes propres sculptures…

La pratique de la danse l'a accompagnée pendant 20 ans, ce qui lui a permis de découvrir l'art du mouvement. " Quand j'étais sculptrice, on me disait que mon travail semblait toujours comporter une part de mouvement. On me l'a dit après dans ma peinture. Par la suite, j'ai poursuivi cette recherche sur le mouvement qui pour moi symbolise l'art premier. Et depuis 10 ans, je m'adonne au taï chi, au Qi Qong avec plusieurs profs de Qi Qong. " Cela m'a appris la connaissance de soi, le lien entre le geste et le souffle. Si un geste est fait dans l'esprit du Qi Qong, on va l'accompagner jusqu'au bout en faisant naître la sensation. En art c'est pareil avec l'approfondissement du geste. On débute par un travail dans la lenteur puis on aboutit à l'émergence, la fulgurance. On utilise l'énergie et non la force. Pour moi le corps en tant qu'objet n'existe pas, il existe en tant que mouvement. J'ai besoin non pas de bouger mais de me mouvoir. " Bouger c'est extérieur alors que le fait de se mouvoir part de l'intérieur. Il est important de chercher le mouvement au centre de son être. "

Après toutes ces expériences, la voilà installée en Bretagne depuis 2003, et se consacrant de plus en plus à la peinture. Partant toujours d'une tradition, et développant une peinture innovante et très personnelle, c'est à l'art celtique ancré dans un esprit hindouiste qu'elle se consacre alors avec la participation à des expositions comme axe principal. Puis stoppe l'art d'inspiration celtique, la sculpture en se consacrant désormais à la peinture asiatique avec 3 axes : Le premier a pour thème la femme avec des portraits retranscrivant la manière d'être femme. Les cheveux longs avec un langage graphique font partie du programme. Deuxième axe : Le paysage découlant de l'esprit de la peinture asiatique mais très coloré et occidentalisé avec du papier xuan, dans une technique de xieyi représentant l'art du spontané. Un mélange entre maîtrise et spontanéité. Par exemple, il peut lui arriver de travailler sur un lion et finalement de faire un chat.… Elle laisse le pinceau faire son chemin, et laisse une grande part d'improvisation. Quant au troisième axe, basé sur les animaux, il englobe une autre technique le gongbi une peinture sur soie impliquant un toucher soyeux. Le Gongbi représente le contraire du xeiyi en reprenant 7 fois la peinture. Pourquoi l'un ou l'autre? "C'est vraiment au feeling explique l'artiste et cela dépend des périodes et aussi beaucoup des saisons. Au printemps et en été l'on est plus facilement dans le mouvement, et la spontanéité donc on utilise davantage la xeiji. En hiver où l'on est vraiment dans les racines, l'intériorité, on a davantage recours au gongbi avec son côté patient, et où l'on revient sur les choses. Il paraît d'après mes amis spécialistes de l'art chinois ou japonais que la différence entre les deux techniques se voit de moins en moins dans ma peinture car il règne aussi une spontanéité dans le gongki. Et j'ai aussi une maîtrise dans le xeiyi. Je me suis appropriée ces techniques petit à petit et j'en ai fait quelque chose de réellement personnel.

Muriel Besnard qui possède une conception très personnelle de la peinture se laisse guider par le geste sans lui faire obstacle, sans penser au but. Et entre en état méditatif pour peindre : " C'est l'art qui m'a fait découvrir la méditation mais je savais déjà ce que cela représentait grâce à ma fréquentation du milieu japonais La méditation ce n'est pas une chose que l'on fait, on crée les conditions pour que l'état méditatif arrive. Or l'état méditatif peut aussi survenir par surprise. Vous êtes en haut d'une montagne, vous contemplez le paysage et tout d'un coup quelque chose se passe en vous d'assez indicible, que l'on peut appeler la méditation. Et quand on peint, cet état là arrive aussi de lui-même… A chaque fois? Oh oui, et au début, plus je peignais, plus j'approfondissais et plus cet état devenait profond. Et plus j'apprenais à le connaître, à le découvrir, et plus cela devenait une partie de moi-même même dans la vie de tous les jours. La pratique de l'art, surtout l'art asiatique développe un impact énorme sur le développement personnel. "

Ce qu'elle peint, elle ne le considère pas comme un objet mais comme un sujet et entre en communion avec lui pour saisir son intimité profonde. Elle essaye d'enlever le côté subjectif pour saisir la réalité profonde des choses. Pratique l'art gestuel méditatif dans la relation entre corps et esprit avec le corps dans son mouvement artistique, dans sa gestuelle. C'est une artiste de la sensation, et une espèce de cohérence soutient son œuvre. "Je ne suis jamais autant reliée au monde que quand je suis dans mon atelier, mais d'un autre côté j'ai besoin de solitude et de silence. Je ne suis pas réglée du tout, mon travail s'accomplit de manière extrêmement spontanée. Par contre, il faut que je le ressente. Comme ma façon de peindre est surtout basée sur le geste, il m'arrive même de commencer une œuvre les yeux fermés et de la réinterpréter. J'aime bien que ce soit la lumière du jour même si je peux peindre dans la pénombre.

Pour moi un modèle est un support de l'imagination. C'est une espèce de fluidité. On ne copie pas un modèle, on essaye de saisir son essence, d'entrer en communion avec. On peut entrer en communion avec l'essence d'un sujet, et on peut également entrer en communion avec sa propre essence. Par exemple lorsque je fais une série de portraits de femme, je ne vais pas chercher à faire un portrait de femme mais à me mettre en relation, en communion avec l'essence d'une certaine façon d'être femme. Comment l'on est une femme rebelle, une femme adolescente rebelle, une femme romantique et en même temps pleine de dynamisme. En essayant à chaque fois de le faire ressortir, après l'avoir déja ressenti moi-même, en allant le chercher en mon for intérieur. Certaines femmes que je peins me ressemblent terriblement, d'autres pas du tout. Les personnes de ma famille, de mon entourage proche peuvent me reconnaître à travers certains tableaux. Pas dans les traits physiques mais à travers le caractère, la posture, le regard etc… C'est cela qui m'intéresse.

Quelles sensations la peinture sur un toucher soyeux, sur de la soie provoquent t-elle? : " Cette découverte a été assez fascinante et inattendue. L'on est en contact avec un matériau très organique. En peignant un loup comme le pinceau à force de faire poil par poil caresse cette soie, on a vraiment une sensation physique très puissante. La main gauche touche la soie, on est en connexion avec l'animal, et c'est quelque chose de vraiment intense. Il lui arrive d'utiliser cette technique pour peindre un paysage mais jamais pour un portrait. Et quand on lui demande pourquoi elle affirme : " Il y a quand même le côté respect de l'autre, mais oui c'est une bonne question. Cela peut arriver avec les cheveux, mais la peau je ne me permettrai pas. Peut-être vais-je essayer… J'aime les suggestions, les questions du possible."

Pour Muriel Besnard qui enseigne également mais dans un esprit " Maître disciple" et non professeur élèves, c'est une époque quelque peu charnière avec un nouveau concept " le sophro-art ", site rédigé pendant le confinement en s'inspirant de Caycedo le fondateur de la sophrologie lui-même allé à la rencontre des techniques asiatiques. Un art qui relie la gestuelle et le souffle dans un état de conscience équilibré et harmonieux, en mettant en scène des arts asiatiques comme le Sumi-é japonais, le Xieyi et le Gongki chinois, en synergie avec nos approches occidentales de l'art. Avec un état méditatif développant d'un côté la fusion du savoir-faire et de l'autre la spontanéité, ce qui engendre un bien-être du corps, de l'esprit et du cœur et une diminution du stress. Sont activées les capacités de concentration, d'observation et de disponibilité de l'esprit avec éventuellement quelques exercices en rapport. Cet atelier est destiné à tous ceux, jeunes ou moins jeunes qui veulent s'initier à l'art du pinceau asiatique et tendre vers plus de beauté en oubliant la notion de bon ou de mauvais et en laissant de côté tout désir volontaire de succès ou d'ambition.

"Avant même de faire de la sophrologie, on commence par quelque chose de l'ordre de la danse ou du Qi Qong, avec découverte de son corps, de la posture, son ancrage au sol, la manière de respirer. De nos jours, les gens ne savent plus respirer, ils sont hors d'haleine. Ensuite on fait éventuellement une petite séance qui peut s'apparenter à de la sophrologie mais qui est tout à fait adaptée à ce qui va se passer. Après, cela peut éventuellement comporter un nouveau moment sur la respiration, sur la conscience du corps, ou aussi des visualisations. Puis on va passer côté atelier avec cette fois la découverte de la relation du corps de l'artiste avec son matériel. La relation art pinceau, la prise de conscience tactile des différents rebords des pinceaux, l'entrée en relation avec l'eau, la façon de poser le lien entre la respiration et le toucher du pinceau. En fait une vraie conscience de la présence de son corps autant que de son esprit, du lien entre le corps, l'esprit et le matériau. Une façon de faire prendre conscience aux participants du lien dans lequel ils se trouvent, de manière à avoir une attention diffuse et non focalisée".

Chaque séance sera quelque peu différente et pourra évoluer avec le temps. On l'a bien compris, c'est ainsi que travaille Muriel Besnard. Dans la recherche permanente, l'originalité et la profondeur…

sophro.art

murielbesnard.fr

Agnès Figueras-Lenattier

 

jeudi, 13 janvier 2011

Rendez-vous théâtre avec l'oeil éclairé d'Agnès notre critique du XIVè

Dialogue avec mon jardinier

Ce texte du peintre et auteur Henri Cueco (editions Points ) qui raconte une amitié entre un peintre et un jardinier avait déja été adapté de manière tout à fait charmante au cinéma par Jean Becker. Et voici qu'il est maintenant adapté au théâtre par Didier Marin et Philippe Ouzouninan qui interprètent également les deux personnages. L'accent est mis sur les relations amicales et confidentielles entre les deux hommes et la mise en scène est appréciable car simple, sans prétention mais malgré tout assez poétique et attachante. Le décor est presque inexistant, un moyen de faire ressortir davantage la fraîcheur des mots, de l'atmosphère et la complicité de plus en plus profonde qui unit ces deux hommes. Et pourtant ils évoluent dans un univers totalement différent. Mais c'est justement cette différence qui fait l'intérêt du dialogue car leur ouverture d'esprit et leurs interrogations réciproques leur permettent d'engager une discussion destinée à mieux connaître leur interlocuteur. Possédant une certaine admiration l'un pour l'autre, ils en arrivent d'une certaine manière à philosopher et à se poser de nombreuses questions. " Une peinture s'exclame le jardinier c'est plus beau qu'une salade même si on ne sait pas pourquoi".. Et quand son ami lui avoue que lorsqu il peint il ne sait pas où il va il lui rétorque que c'est un drôle de métier et qu'il ne pourrait pas le faire.. Le peintre pour sa part essaye de donner à son acolyte le goût des beaux paysages,l lui parle avec un certain raffinement des plaisirs que procure la mer. Modeste,il lui propose de lui donner un tableau en échange de quelques salades. Mais le jardinier est quand même conscient que cette proposition n'est pas équitable...C'est bien joué, on sent bien la tendresse entre les deux protagonistes et on passe une agréable soirée. Le seul petit défaut vient du jardinier qui est un peu trop caricatural. On aurait aimé le voir un peu moins benêt côté expression et sans doute plus naturel..
Agnès Figueras-Lenattier
Plus d'infos
Akteon Théâtre 11 rue du général Blaise
Métro : Saint-Ambroise
 

samedi, 17 mai 2008

Mercredi 21 mai vernissage de l'exposition du Peintre Lescaux "L'envers du temps" à l'entrepôt

Mercredi 21 mai à 18h30 venez rencontrer l'artiste peintre Lescaux à l'occasion du vernissage de son exposition "L'envers du temps" à l'entrepôt!

b04d1b40f076d4502ef6f2902a9f0ed6.jpgNé en 1928 à Lille, Lescaux est diplômé de l’Ecole des Métiers d’Art de Paris. Il entre dans la vie active chez le réalisateur de dessins animés Paul Grimault où il travaille sur le film "Le Roi et l'Oiseau", puis chez un décorateur où il réalisera décors, trompe-l'oeil, vitrines. En 1953, il commence une longue carrière dans la publicité. Il sera directeur de création dans les plus importantes agences anglo-saxonnes et françaises. Depuis 1976 il se consacre entièrement à la peinture.

Ses toiles teintées à la fois de réalisme et de surréalisme nous racontent une histoire. Elles nous convient dans un univers poétique et sont une véritable invitation au voyage. Des personnages solitaires font face à une urbanité surdimensionnée. Les trains, les paquebots, les gares sont ses principales sources d’inspiration et deviennent paysages oniriques.

Ses toiles sont aussi irrésistiblement attachées à l’univers de l’enfance, la fascination de Lescaux pour les jouets anciens lui fait intégrer dans son oeuvre des pantins, des masques, des objets insolites.

D’autres toiles tendent vers l’abstraction, les couleurs vives sont rehaussées de fines lignes noires. Rêve, humour, poésie et dérision font partie intégrante de la démarche de Lescaux.

 

Plus d'info:
+ Rendez-vous mercredi 21 mai à 18h30 dans la galerie de l'entrepôt
+ L'entrepôt , lieu des cultures, 7 rue Francis de Pressensé 75014 Paris, Métro Pernety.
+ Entrée libre
+ Le site de l'entrepot
+ Renseignements au 01 45 40 07 50*6
+ Possibilité de diner au réstaurant, réservation au 01 45 40 07 50

dimanche, 03 décembre 2006

Christelle Sauzet expose...

...les peintures qu'elle réalise à la cire chaude dans son atelier 15 rue Saint Yves (voir le plan du quartier dans le XIVe arrondissement. Pour l'occasion, elle présente les magnifiques sculptures en bronze de son père, André Sauzet. A découvrir !

medium_03122006339.jpg

Pierre

Plus d'info :
+ Christelle donne des cours d'art plastique le mercredi ouverts aux plus jeunes dès l'âge de 5 ans...