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samedi, 26 septembre 2020

Jean-Pierre Rageau

médecine,méditation,reflexionsMédecin généraliste à connotation psy depuis 30 ans, Jean-Pierre Rageau est également journaliste médical avec des collaborations au " Généraliste" , au " Quotidien du Médecin" et également dans la presse santé grand public (médisite). Il a notamment beaucoup écrit sur la relation patient-médecin et a obtenu à cette occasion deux prix dont le prix du journal " Le généraliste" et la bourse de recherche sur la compétence humaine du médecin par L'Unafornec (Union nationale des formations médicales).

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Vous vous définissez comme un médecin généraliste mais à orientation psy. C'est à dire?

La psychanalyse a imprégné ma pratique médicale, et je suis un généraliste à l'écoute. Mais je ne me présentais pas comme psy, je disais simplement que j'avais fait une formation psychanalytique. Je proposais un espace où mes patients pouvaient s'exprimer mais ne me considérais pas comme un spécialiste. Je me voyais comme un médecin qui utilise toutes les potentialités de la médecine générale qui n'est pas uniquement technique et scientifique. C'est celle des médecins de famille ou de campagne d'autrefois lorsque la science n'était pas toute puissante. Entre temps, quelque chose s'est perdu mais qui peut se retrouver à travers la compétence humaine du médecin avec la fameuse formation psychologique psychothérapique.

 

Vous avez longuement travaillé sur la relation patient médecin et avez même obtenu des prix sur vos recherches!

Oui, j'ai beaucoup écrit sur le sujet car cela permettait de faire le contrepoids à une compétence inhumaine que je percevais à l'hôpital. C'est une chose qui m'a toujours profondément choqué et c'est la raison pour laquelle je n'ai pas voulu travailler à l'hôpital. . En libéral, j'ai pu faire de la médecine telle que la sentais avec les aspects scientifiques et techniques mais avec en plus une dimension relationnelle et humaine. J'ai fait un travail sur la psychothérapie spécifique du praticien. J'avais écrit pour la faculté qui essayait de retracer les différents aspects de ce qui peut se passer entre un médecin et un patient. Comment il peut mettre en œuvre ces différentes techniques pour rassurer, accompagner, aider à s'exprimer. C'était quelque chose d'un peu nouveau à l'époque. On ne parlait pas beaucoup de psychologie, c'était même assez mal vu. Ensuite, j'ai développé un concept par un groupe de formation qui s'appelle la compétence humaine du médecin. C'est un domaine qui est un peu plus large que la psychothérapie qui est plutôt psychologisante. La compétence humaine intègre la psychothérapie du praticien et l'on peut parler de présence humaine du médecin. Un processus humanisant qui implique qu'un médecin pour devenir pleinement médecin dans son potentiel thérapeutique doit s'humaniser. C'est important de connaître les antécédents des patients, les réactions à certains médicaments. Chacun réagit à sa manière et à son médicament. Important également de connaître le contexte familial, professionnel dans lequel évoluent les patients. Cela a quand même un impact sur leur maladie et ça aide à mieux soigner. Le médecin le plus efficace c'est celui qui est capable de mobiliser les forces curatives et l'effet placebo augmente avec la prescription du médecin. Lorsque les visites sont régulières, c'est essentiel de créer des phénomènes de transfert et de contre-transfert. Ca permet d'augmenter la confiance, les croyances, et de ce fait il y aura beaucoup moins d'effets secondaires, moins de méfiance et de défiance vis à vis des médicaments. Ce sera un bon médicament prescrit par un bon médecin. Tout dépend aussi de la structure psychologique du patient et de ses convictions. Ceux qui croient en la science, l'allopathie va marcher sur eux. J'ai connu des gens qui ne croyaient pas en la chimie, et qui bien que l'indication soit bien posée n'ont pas guéri. L'autosuggestion a une part et cela fait partie du rôle du médecin de motiver le patient et de l'aider à prendre de la distance par rapport à ses pensées négatives.

 

Selon vous beaucoup de vos collègues délaissent ce côté relationnel!

Il existe un manque d'humanisme en général vis à vis du patient. Pourquoi être disqualifiant à son égard, pourquoi se moquer ou humilier. Pour moi c'est antinomique avec le fait de soigner. Il existe en plus la rétention du savoir utilisée par de nombreux médecins habités par une sorte de jouissance du pouvoir. Certains abusent en évitant de transmettre un pouvoir de compétences. J'ai toujours aimé faire de l'éducation thérapeutique et partager mon expérience  avec mes patients pour qu'ils puissent bénéficier d'une connaissance leur permettant de se soigner eux mêmes. Que les malades ne soient pas infantilisés. Actuellement, la tendance s'inverse un peu avec notamment une ouverture vers une médecine davantage axée sur le spirituel qui favorise le côté humain.

 

Vous êtes un médecin généraliste porté sur les médecines douces!

Quand mes patients me disent qu'ils vont voir un homéopathe, un acupuncteur, un ostéopathe, je leur dis que la seule chose qui compte c'est que cela leur fasse du bien et je les encourage à poursuivre. Je n'ai pas d'à priori, car je sais que le mieux-être passe par des voies autres que les voies scientifiques. Parfois par le magico-religieux, les rituels, des choses qui font que les forces curatives se mettent en place et se mobilisent. Les gens que je soigne savent que je suis assez favorable aux plantes, et ça leur plaît bien. J'en prescris même en médicament. Par exemple le cardiocalm à base d'aubépine. Mes patients en redemandent pour l'anxiété mineure et les troubles du sommeil. Deux comprimés d'un coup le soir entre 19h et 22h, ce qui va permettre une petite phase de décompression avant de s'endormir et un meilleur endormissement. Je leur conseille également pendant cette période là d'écouter des musiques relaxantes, de lire tranquillement ou d'être dans un environnement paisible pour ralentir leur rythme de vie. Je cite souvent l'exemple du passage de l'autoroute à la route départementale le soir après le dîner. Il y a une bretelle d'autoroute à prendre et il faut diminuer progressivement la vitesse de 130 km/h à 90. Dans le cadre des psychothérapies informelles, j'utilise plus des images que des propos.

 

Vous avez découvert récemment la méditation. A quelle occasion ?

J'en avais déjà entendu parler il y a 25 ans lorsque j'étais en Californie. Pendant un an, j'ai suivi une formation à Psychologie Conseil. J'avais appris pas mal de techniques psychothérapeutiques du courant de pensée existentielle. Comme l'analyse transactionnelle, l'approche eulérienne centrée sur la personne, l'approche systémique, la gestalt thérapie. A cette occasion, j'avais appris ce qu'est le rêve éveillé, ce qui constituait déjà une forme de méditation. On se mettait dans un état modifié de conscience et le professeur nous disait un certain nombre de choses plutôt non directives ou semi-directives qui nous permettaient d'écrire notre propre histoire, notre propre scénario. Cela m'avait beaucoup plu, et après je me suis installé. Récemment j'ai lu le livre de Christophe André « Méditer jour après jour » et j'ai retrouvé ces éléments que je connaissais. J'ai pensé que comme en France ce n'est pas encore très utilisé que ce serait intéressant d'aller dans ce sens pour mes patients. Pour les aider côté anxiété et même dépression. Une formation permet d'éviter les rechutes dépressives. D'après ce que j'ai compris, il existe des phénomènes neurophysiologiques qui expliquent l'impact de la méditation sur les émotions et le comportement. En particulier avec une reprogrammation cognitive. Notre société nous programme pour être productif, efficace, ce qui nous pousse tout le temps à agir. Cela ne laisse donc pas le temps de se recentrer sur soi et de reprendre contact avec son moi intérieur. La méditation permet de déprogrammer le faire afin de faire en sorte de se retrouver plus souvent dans l'être et dans le ressenti sans pour autant renoncer à l'action.

 

Vous avez été au Cambodge pour approfondir vos connaissances!…

Oui, avec pour objectif après une formation à la méditation d'un an, plus 5 séminaires de 3 jours, de pratiquer la méditation dans des endroits propices à la médiation comme les pagodes et les temples bouddhistes. Chaque jour, nous méditions environ une demie heure. Des moines aidés d'une traductrice nous ont parlé et c'était très enrichissant. En outre, l'on pouvait observer une culture différente avec beaucoup de gentillesse, d'humanité au sein de la population. C'est quelque chose qui m'a frappé, ils n'avaient pas peur de nous, au contraire ils nous portaient de l'intérêt même s'il existait quand même un œil commercial chez ces cambodgiens pas très riches mais curieux de l'autre, de sa différence. Ils ont beaucoup souffert sous le régime tyrannique de Pol Pot avec des millions de gens tués, torturés. Mais la nouvelle génération a peut-être gardé l'esprit de ce peuple plutôt épris de paix et de lien fraternel.

 

Le fait que ce soit dédié à la pratique de la méditation cela change t-il quelque chose?

J'ai le sentiment que cela m'a aidé à méditer plus profondément. Un peu comme quand je suis dans une église, une cathédrale ou une collégiale. L'architecture d'un côté et le fait que beaucoup de gens se soient recueillis, font naître une atmosphère empreinte de plus de spiritualité. L'impression que cela m'a donnée par rapport aux méditations profanes c'est qu'en plus de la profondeur, j'avais à la fin de la méditation, une joie à l'intérieur sans objet. J'étais simplement content d'être là. La méditation profane est peut-être plus intellectuelle, plus technique. Il n'existe pas tout le cadre qui accompagne cette méditation et l'on est beaucoup moins touché que si l'on se trouve dans des sphères réservées à cette pratique. C'est surtout du ressenti, des sensations et de l'émotion. D'ailleurs, lorsque je médite chez moi, je me mets à côté d'un petit autel avec un petit bouddha, une lampe et je peux méditer de manière plus profonde qu'ailleurs en me concentrant plus fortement.

 

Comment cela se ressent-il dans votre vie privée ou professionnelle?

Sur le plan professionnel, je suis bien plus dans le moment présent et dans l'attention qu'auparavant. Ca change quelque chose d'à la fois minime et en même temps de considérable dans la personnalité professionnelle. J'ai le sentiment que je suis davantage conscient de ce que je peux faire , et je comprends mieux ce qui se joue entre le patient et moi Ma présence est plus importante grâce à une pleine conscience face aux patients qui le sentent tout de suite. Je leur transmets une sorte de sourire intérieur et le fait d'aider me procure du contentement. Se met en place un transfert d'énergie du médecin au patient. Cette présence est fondamentale et peu de médecins l'ont compris. Regarder son patient, se pencher vers lui, un peu comme la vierge avec son enfant sont des actes que j'ai essayé de développer au travers de la méditation qui englobe une dimension thérapeutique en elle-même. Les médicaments ne font pas tout, mais j'ignore dans quelles proportions le transfert d'énergie d'un côté et la mise en œuvre d'un savoir scientifique interagit pour soigner une maladie. Les deux participent à la guérison en sollicitant les forces curatives du patient lui-même.. .Côté privé, cela m'a apporté un apaisement avec plus de distanciation par rapport à la réalité. J'ai davantage de détachement par rapport à ce que je fais sans pour autant que ce soit de l'indifférence.

 

Comment  faites-vous  pour en faire profiter vos patients ?

Ce que je propose c'est de la méditation laïque, c'est à dire non pas quelque chose qui se réfère forcément à Dieu mais plutôt basée sur le spirituel. Oui, je m'en sers avec les patients que je connais bien et pour la plupart ça a marché. Notamment parce qu'il règne une relation de confiance. J'ai un patient que je suis depuis près de 25 ans qui a du mal à verbaliser son mal être. C'est quelqu'un qui souffre d'un trouble psychique compulsif mental et qui est toujours dans l'indécision. Il est atteint d'une grande souffrance de type anxio dépression et possède un mental plutôt conflictuel. Il prend des psychotropes pour calmer ses angoisses. Je lui ai fait une séance de méditation et il m'a dit que cela lui a fait beaucoup de bien, qu'il avait moins de pensées négatives. Comme c'est assez simple, il peut le faire. Je pense que je vais continuer avec lui car comme c'est compliqué au niveau de la verbalisation, ce devrait être plus facile ainsi. Je l'ai expérimenté aussi avec une patiente très imaginative. Elle a tout de suite imaginé plein de choses et on a pu parler de ses productions. Pour d'autres c'était simplement un effet de relaxation qu'ils connaissaient déjà. Ce n'est pas miraculeux non plus, mais cela peut aider pour une approche complémentaire de la phytothérapie, voir des psychotropes quand il règne une forte anxiété.

 

Il y a un an et demi on vous a diagnostiqué un cancer de l'intestin et vous avez vécu suite à une opération une expérience de mort imminente.

Oui, à l'occasion d'une opération j'ai eu un problème de choc sceptique (des microbes passent dans le sang, ce qui engendre un choc cardio vasculaire et la tension chute…) et à ce moment là, les anesthésistes m'ont mis en coma artificiel et j'ai alors vécu cette expérience de mort approchée. Comme si cette formation à la méditation et mon séjour au Cambodge m'avaient préparé à cette NDE. Pendant ce moment là, sans doute étais-je au confins de mon inconscient, de mon âme. Mon âme était très paisible avec beaucoup de visages qui flottaient, des visages de bienveillance. Une musique se faisait aussi entendre qui ressemblait un peu à celle que je compose et je me suis dit "C'est quelque chose qui appartient à ma vie." Je me suis senti très bien dans cet endroit, un peu comme chez moi.. J'ai vu une lumière blanche ressemblant à un aquarium avec des méduses qui flottaient. Des sortes de visages bienveillants dont émanait un sourire intérieur; quelque chose de très doux. Sans doute que quand je me suis réveillé, j'ai gardé cette expérience là en moi et ce souvenir a encore renforcé tout ce que j'ai pu vivre et ce à quoi je me suis formé auparavant. Maintenant, peu de choses peuvent me détruire ou m'inquiéter. Je suis dans une sorte de sérénité et même avec un cancer je suis presque plus heureux que je ne l'étais avant, car j'ai vraiment l'impression d'avoir avancé dans l'accomplissement de mon être. Et quand on sent que l'on est sur le bon chemin, cela donne une joie profonde. Etait-ce écrit que j'aurais un cancer? En tout cas, j'ai la sensation que je devais passer par là pour continuer ce chemin que j'avais commencé à emprunter. Peut-être étais-je programmé pour une sorte d'accomplissement qui est en cours mais comment je ne sais pas n'étant pas croyant.

 

Vous êtes pianiste et vous composez. Cette expérience vous a t-elle inspiré?

Je n'ai pas composé après, mais j'ai revu les musiques que j'avais déjà faites et les ai un peu améliorées. Du coup, elles avaient plus de sens et je ne pouvais m'arrêter de les parfaire tant que je n'avais pas le sentiment qu'elles étaient complètes. Dans ces cas là, le temps ne compte pas, et je peux alors composer toute une journée. Quand les notes me viennent, j'ai le sentiment qu'elles me viennent du ciel. Comme si une voix me guidait pour suivre cette mélodie, ces harmonies jusqu'à ce que ce soit vraiment achevé. Une inspiration vient de quelque part, et il faut que j'en rende compte et que je la traduise à travers une musique en cours de développement. Il m'arrive de m'en servir pour mes patients dans le cadre d'une méditation dans un état modifié de conscience, je leur explique ce que j'ai fait. Un jour je suis allée chez une patiente qui a un piano et je lui ai joué une de mes compositions. On en a ensuite discuté et elle m'a avoué qu'elle avait le sentiment de s'être trouvée dans des vagues ou une vallée. Or, c'est une musique qui m'est venue sur les coteaux du Bordelais où il y avait beaucoup de collines. Cette patiente avait ressenti à travers cette musique ce que j'ai pu ressentir et composer à partir de là. Intéressant d'analyser comment l'on peut communiquer à travers la musique…

 

Pour votre cancer avez-vous recours à des médecines alternatives?

On m'a proposé de faire de la sophrologie et cela m'aide mais dans quelles proportions je l'ignore. J'ai visualisé mon cancer, et celui-ci m'est apparu un petit peu comme des lumières. Quelque chose de plutôt rassurant. Cela m'a permis de mieux accepter la maladie même si je n'y étais pas vraiment hostile. J'ai eu une autre vision bien plus positive du cancer qui m'est apparu un peu comme un ciel étoilé avec des cellules qui retrouvent leur liberté. J'ai aussi deux patientes qui m'ont proposé de faire du reiki et ça m'a également fait du bien.   Au début j'y croyais sans y croire mais ce sont des approches complémentaires qui ont à voir avec cette dimension spirituelle au sein de laquelle je commence à m'épanouir. La personne faisait des mantras et ce qui m'a frappé ce sont ses mains au dessus de mon ventre. Elle a trouvé qu'il était un peu froid. Je ne lui avais rien dit et elle a senti quelque chose. C'est un transfert d'énergie, de perception pour les gens hyper sensibles. J'ai aussi expérimenté l'acupuncture au moment où j'avais des troubles digestifs et des nausées du à la chimiothérapie. Et ce fut très efficace; d'un seul coup les nausées et les vomissements se sont dissipés . Tout cela me fait dire que la science et la chimie peuvent aider pour lutter contre un cancer mais que peut-être l'esprit a aussi un pouvoir. La seule question que je me pose c'est le pourcentage d'efficacité de l'un et l'autre. Ni l'esprit, ni les médicaments sont tout puissants mais le mélange peut aider à contenir la maladie. Par rapport au cancer, j'ai plutôt des pensées positives, et je ne me suis jamais dit "Quelle sale maladie! Même si j'aurais quand même préféré en faire l'économie, je ne suis pas terrorisé comme beaucoup. Le cancer est considéré comme le spectre de la mort, mais je ne le considère pas ainsi. Il faut faire confiance à la médecine et il existe des chimiothérapies qui peuvent sauver. L'image du cancer a beaucoup changé et il ne faut pas hésiter à se servir des approches alternatives. C'est quelque chose de très complémentaire qui peut aider en donnant plus de puissance à l'esprit et à la pensée. Important de vivre le cancer non pas en se projetant dans un futur cataclysmique ou chaotique, mais de le vivre dans le moment présent. Essayer de trouver des solutions avec du lâcher-prise et de l'acceptation. Si l'on accepte sans lutter contre quelque chose de toute façon inéluctable, c'est la philosophie de la méditation. Celle-ci m'a aidé à faire aller ma pensée vers des dimensions bien plus spirituelles.

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

dimanche, 20 septembre 2020

Rendez-vous théâtre

Le 25 septembre aura lieu à 20H45 au théâtre de l'Atrium à Chaville le spectacle intitulé " Un amour de Frida Kahlo", première pièce pour la scène de l'écrivain Gérard de Cortanze lauréat de nombreux prix littéraires.

Il raconte les amours passionnées et éphémères entre cette grande et courageuse artiste qu'est Frida Kahlo et Léon Trotski l'exilé pourchassé par la Guépéou. Cela se passe à Mexico en 1937 au moment où Trotski et Natalia Sedova sont hébergés chez Frida et son mari Diego Rivera.

C'est un portrait d'une femme de 29 ans qui malgré un terrible accident aime profondément la vie, notamment boire et chanter que dresse ici Gérard de Cortanze.

" On rit beaucoup dans cette pièce où l'amour n'est jamais présenté comme un ouragan destructeur explique t-il. Interrogée sur cette période de sa vie, Frida dira un jour à un journaliste qu'elle fut une des plus fécondes de son existence. Sa conclusion " Pourquoi voudrais-je des pieds puisque j'ai des ailes pour voler"?"

Gérard de Cortanze est un des grands spécialistes de cette artiste et il a récemment sorti aux éditions libretto un livre englobant 7 chapitres intitulé " Frida Kahlo, le petit cerf bléssé" . Il y montre notamment comment la peinture l'a sauvée du désarroi, et comment toute petite elle était déja prédestinée à souffrir. Et combien elle a aimé Diego Rivera malgré tout le mal qu'il lui a fait. Un joli petit livre qui donne envie d'aller voir sa pièce de théâtre, celle-ci  promettant d'être un beau spectacle par le biais d'un point de vue riche et détaillé...

Agnès Figueras-Lenattier

12:00 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 11 septembre 2020

Alexandre Feltz

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Alexandre Feltz est médecin généraliste et adjoint à la mairie de Strasbourg.. Considéré comme le pionnier du Sport santé sur ordonnance, il a sorti récemment un livre "intitulé " Le sport santé sur ordonnance. Manifeste pour le mouvement" préfacé par Michel Cymes. Il explique pourquoi le sport est le moins cher et le plus efficace de tous les médicaments…

 

 Qu'est-ce que le sport santé sur ordonnance?

Avec le maire de la ville de Strasbourg Roland Ries, nous avons lancé en 2012 pour la première fois en France sur un territoire d'une ville, le sport santé sur ordonnance. Les médecins traitants ont pu prescrire à leurs patients malades une ordonnance, leur permettant de faire de l'activité physique adaptée à leurs symptômes. Au départ, cela concernait plutôt les maladies métaboliques. Puis les prescriptions se sont ouvertes à d'autres secteurs comme le cancer, et les soins orientés vers les personnes âgées fragilisés. Les médecins généralistes évaluent avec le patient la nécessité d'une prescription débouchant sur une activité physique, essayant de le motiver vers la reprise de mouvement. Puis une équipe municipale d'éducateurs sport santé prend le relais. Ceux-ci dressent un bilan des aptitudes du patient à l'effort, mettent en place un protocole en lien avec le médecin. Cette triangulation à trois fait le succès du dispositif.. Deux séances par semaine sur un an sont offertes et ensuite il existe une tarification solidaire..

 

. Tous les sports sont-ils concernés? !

C'est surtout la question d'intensité qui importe. Le sport santé représente une activité physique régulière d'intensité faible ou modérée. Intensité faible lorsque l'activité physique ne change quasiment pas le rythme cardiaque, ni les respirations. Par exemple la marche, la marche nordique, la marche avec des bâtons, des sports doux comme le taï chi, le Qi Qong, le yoga. Intensité modérée, lorsque l'on est à la limite de l'essoufflement. Une petite accélération cardiaque se fait sentir, et l'on transpire davantage. Comme rouler à 15km heure à vélo, ou nager tranquillement. Important aussi dans le protocole, le sport santé prévention avec la pratique de l'activité physique là aussi légère ou modérée. Pour les enfants de 3 à 18 ans,, a été mise en place, la prise en charge précoce des enfants en surpoids ou obèses. Des conseils de nutrition, de psychologues, d'infirmières de santé publique sont également incorporés au programme.

 

 Comment sont choisis les sports?

Le désir du patient joue un rôle important. Ce qu'il a déjà fait, ou pas, ce qu'il aime, n'aime pas. Ensuite, sont évaluées les capacités de chacun avec des tests, les éventuelles douleurs, puis la maladie en elle-même,. En temps de non Covid, plus de 100 activités sont proposées chaque semaine. Lorsque l'on est diabétique c'est bien d'avoir une activité cardio vasculaire qui a pour but de faire entrer le sucre dans le sang. Quand on est âgé, il est recommandé de faire du renforcement musculaire. L'activité physique réduit de moitié les risques de chute chez les patients fragiles ou qui ont déjà chuté. Si l'on ne les encourage pas à faire du sport, les gens ne bougent plus. Ils ont peur de retomber et cela aggrave encore plus le risque. Pour la prévention de l'ostéoporose, tout ce qui est marche est utile. Les gens qui ont des problèmes de hanche, de l'arthrose souvent arrêtent également le sport car ils ont mal, ce qui est compréhensible. Du coup, ils reprennent du poids, ont du diabète, de l'hyper tension et ont toujours mal aux hanches. Dans ce cas là, c'est la marche nordique qui permet de soulager les articulations, plus la marche dans l'eau tout en respectant les endroits douloureux des patients.

 

 Cela permet-il de diminuer ou même parfois d'arrêter les traitements?

Oui. Pour le diabète c'est assez rapide. Certaines personnes ont le matin une glycémie élevée. Ils font un peu d'activité physique et une heure après, leur glycémie a baissé. C'est très efficace. Un diabétique qui marche quotidiennement 30 minutes par jour peut baisser son traitement dans les semaines qui suivent la reprise de l'activité physique. Mais il faut continuer de bouger tout le temps. Pour les hyper tendus c'est la même chose même si c'est un peu plus long. Ceux qui ont une activité physique régulière peuvent diminuer, voir arrêter les médicaments pour l'hyper tension. Côté psychiatrie, on ne devrait plus prescrire un neuroleptique, ou un anti dépresseur sans activité physique. Quant au Covid,19, le sport joue également un rôle important. Ceux qui ont été en réanimation et qui avaient davantage l'habitude de faire du sport s'en sont sortis alors que d'autres sont décédés. Pour la reprise de la respiration, des capacités cardiaques, de l'énergie, le sport est très efficace. De même pour l'anxiété du à la contamination..

 

 De manière générale, les médecins ont-ils pris l'habitude de prescrire du sport santé!

Oui, partout où c'est organisé et financé. A Strasbourg plus de 300 médecins le font, à Biarritz plus de 200... Lorsque le médecin qui est bien ancré dans la réalité, sait que s'il prescrit au patient une ordonnance sport santé qu'il pourra être pris en charge et bien suivi, il prend l'initiative.

 

Un enseignement sur l'exercice physique pour les généralistes existe t-il?

A Strasbourg, oui. .C 'est le docteur Jehan Lecoq président national des médecins du sport qui a lancé le sujet. Je m'en occupe aussi puisque je donne encore des cours à la Faculté sur ce thème... C'est vraiment une nouvelle médecine qu'il faut généraliser un peu partout.

 

 Quel est votre souhait le plus important concernant le sport santé sur ordonnance?

L'enjeu majeur consiste en un financement même forfaitaire par l'assurance maladie.. On vient de signer une tribune dans le Journal du Dimanche mais qui n'a pas eu un fort retentissement avec des anciens ministres, des élus, plus de 40 députés dont certains du gouvernement actuel pour qu'il existe un financement national et local que ce soit à Strasbourg ou dans d'autres villes.. Olivier Véran a l'air un peu plus ouvert que ses prédécesseurs et l'on espère que cette année va être la bonne.. Et puis se servir des prochains Jeux Olympiques et des moyens colossaux réservés au sport d'élite pour développer l'activité physique pour tous. Tony Estanguet s'y est engagé. Mais cela me semble assez mal parti vu les sponsors : Coca, Mac Do, Toyota… Il faut vraiment être très volontariste pour obtenir un bilan santé positif…

Agnès Figueras-Lenattier

 

13:23 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 10 septembre 2020

Le P'tit Cirk et son spectacle Les dodos

cirque, guitare, acrobatiescirque, guitare, acrobaties           La Compagnie " Le P'tit Cirk qui présente en ce moment un spectacle au Théâtre Montfort existe depuis 2004 sous la houlette de Danièle Le Pierrès et Christophe Le Large. Ceux-ci après 17 ans d'expériences diverses notamment aux Arts Sauts, au cirque Arkao, au cirque du soleil et j'en passe ont décidé d'acheter un chapiteau et de créer " Le P'tit Cirk".

Ayant tous deux fréquenté la même école celle des Arts du cirque de Châlons en Champagne qui forme à de nombreuses disciplines artistiques, et nantis d'une formation en trapèze, ils font partie de la mouvance du nouveau cirque apparu dans les années 80. Faire des castings n'est pas dans leur habitude, et ils préfèrent largement le coup de cœur relationnel et fonctionner au feeling.

" Les dodos" est le sixième spectacle dont ils s'occupent et pour la première fois ils ne sont pas sur la piste s'étant simplement occupés avec Sky de Sella de la mise en piste. Au cours des représentations précédentes, ils ont présenté notamment un duo de clowns sur le thème d'Adam et Eve, un travail sur la gémellité, et un spectacle avec leur fils.

" Les dodos" qui dure jusqu'au 20 septembre est la réunion de cinq jeunes artistes qui se sont connus par différents réseaux et qui ont eu envie de monter quelque chose ensemble. Ce cirque est inspiré du " dodo" oiseau disparu de l'île Maurice. Un peu comme un animal totem très maladroit qui ne savait pas voler, et si gentil qu'il se faisait manger par tout le monde. Une analogie en rapport avec la maladresse que l'on peut retrouver dans l'acrobatie mais que ces cinq amis maîtrisent très bien. L'idée de départ était d'apprendre la spécificité de chacun, de les mélanger et de travailler sur la survie. Mais elle s'est transformée en une recherche liée aux instruments de musique notamment les guitares.

" Il y a dans ce groupe explique Christophe Le Large un musicien guitariste Charlie (qui d'ailleurs a appris l'acrobatie pour l'occasion) qui possède une très belle guitare de concert, ce qui a donné aux autres l'envie de s'amuser avec des guitares. Mais Charlie n'a pas voulu qu'on touche à la sienne, et ils ont tous essayé avec d'autres guitares. Or, à un moment donné, Louison a parlé de mettre plein de guitares sur la piste. Une suggestion qui a fait son chemin et qui a abouti à la présence en fin de spectacle de 56 guitares en passant par le violon et la contrebasse.… L'on peut assister entres autres à des lancers de guitares spectaculaires, à des portées acrobatiques, de belles cascades, des portiques coréens. Avec en plus de l'humour venu au fil des improvisations et d'un travail d'observation, et de regards complices. Quant à la musique au départ composée par Charlie et ensuite par la troupe, elle accompagne bien ce spectacle.

Bref, les émotions sont là et l'on sent un fort esprit de groupe et une joie de travailler ensemble. Saluons aussi Alice seule avec 4 gaillards, qui avoue que ce n'est pas toujours de tout repos. " Lorsque l'on est en forme c'est chouette, mais si on est fatigué c'est plus compliqué. Elle confesse d'ailleurs que parfois la douceur d'une présence féminine lui manque, mais philosophe elle conclut : " Je ne peux me plaindre car je l'ai choisie cette vie…"

Agnès Figueras-Lenattier

 

Plus d'infos

Théâtre Montfort rue Brancion

Métro : Porte de Vanves