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mardi, 16 novembre 2021

Isabelle Demongeot

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Isabelle Demongeot est une ancienne joueuse de tennis professionnelle. Elle a été n°1 française mais a subi un véritable traumatisme puisqu’elle a été violée pendant plusieurs années par son entraîneur Régis de Camaret. Lundi 22 novembre va être diffusée sur TF1 une fiction tirée de son histoire et de son livre « service volé «  écrit il y a déjà plusieurs années… C’est l’occasion de s’entretenir avec elle.

Mais avant écoutons Patrice Hagelauer ancien coach de Noah lors de sa victoire à Roland Garros parler d'elle :

" J'ai admiré la joueuse et à aucun moment sur le circuit on la sentait dans une situation aussi dramatique que celle qu'elle a pu vivre. Elle formait une petite équipe à l'époque un peu à part avec Nathalie Tauziat et leur entraîneur Régis de Camaret. Ce dernier essayait de mettre des barrières avec la fédération prétextant que personne ne savait enseigner correctement. C'était probablement une manière pour lui de rester à l'écart sans que personne ne vienne voir un peu ce qui se tramait. On allait les voir de temps en temps car les résultats étaient excellents mais les contacts étaient assez distants. On n'a jamais pu vraiment percer ce qui se passait derrière et lorsqu'on a appris la vérité on était tous effondrés. 

Le jeu d'Isabelle était pur, très complet; elle savait tout faire. C'était à la fois élégant et efficace, avec un sacré tempérament. Quand on la voyait jouer, on se disait " Le tennis c'est facile". 

C'est une personne rare et riche , très intelligente qui a envie et besoin d'enseigner et de transmettre ses connaissances et son expérience. Discuter avec elle a quelque chose d'exceptionnel car elle ne parle pas souvent ni de ce qui lui est arrivée ni de ce qu'elle voudrait ou pourrait faire pour le tennis. La fédération aurait tout intérêt à la prendre en considération.."

Deuxième avis celui de Florence de La Courtie ex n° 1 française et entraîneur reconnu : "C'est un coach extraordinaire. Mes petits fils dès que ça ne va pas vont la voir  alors qu'ils ne jouent pas si mal que ça. L'un est à O et l'autre à 2.6. Ils adorent être entraînés par elle. A chaque fois, elle est très dure sur le terrain mais elle leur donne la pêche  et ils sont vraiment heureux de travailler avec elle. Et tous les entraineurs n'ont pas ces qualités là!...

J'espère que ça va aller pour elle car c'est une fille qui a énormément de qualités et qui a beaucoup souffert. C'est vraiment regrettable qu'à l'époque la Fédération n'ait pas trouvé une solution avant que les problèmes n'éclatent. Car il y a quand même eu 20 filles qui ont témoigné contre Régis de Camaret.  Ce qui est dommage c'est qu' Isabelle soit  davantage connue pour ce qu'elle a vécu que pour son palmarès tennistique..."

 

                                                  Interview

Un film sur le drame que tu as vécu va être diffusé sur TF1 lundi 22 novembre. Que ressens-tu ?

Tout s’est un peu précipité et le film est sorti un peu plus tôt que prévu. Mais je m’y suis préparée et c’est la fin d’un processus après l’écriture de mon livre. J’ai trouvé que c’était intéressant de prendre un petit peu de recul par rapport à toute cette histoire en déléguant à une actrice Julie de Bona qui joue merveilleusement ce rôle. Et j’ai envie de dire que c’est quelque chose qui ne m’appartient plus.

 

Concernant le déroulement du film, as-tu laissé complètement libre cours à l’équipe ou es-tu intervenue quelque peu ?

Cela fait 3 ans que l’on est sur le projet et c’est Jérôme Foulon le producteur qui est venu à moi et qui m’a dit qu’il avait envie de tourner quelque chose. Et je dois dire que l’on a fait un bon travail ensemble. Il a écouté, fait quelques interviews de différentes personnes, est retourné sur les lieux. Pour moi, forcément c’est une forme de reconnaissance avec une chaîne de télé qui propose de montrer ce qui m’est malheureusement arrivée. C’est un projet dans lequel je me suis beaucoup investie. Cela se passe dans mon village, la partie que j’adore qui est le côté de La Ponche avec de très belles images du côté sauvage. On a tourné évidemment quelques scènes dans mon petit club et je précise que c’est une fiction adaptée de mon livre intitulé «  Service volé ».   Je ne suis pas allée tous les jours sur le tournage et n’ai pas assisté à toutes les prises de vue car l’actrice redoutait de devoir affronter mon regard quand elle jouait les scènes. Ce n’était pas simple pour elle. J’ai respecté totalement sa demande mais je ne pouvais pas tenir et il fallait que  je rencontre les acteurs et actrices , tout ce petit monde qui a d’ailleurs été extraordinaire  avec moi. Cela m’a permis de vivre des choses inconnues jusqu’alors et qui font du bien comme mon père qui prend la parole , qui dit être fière de moi à la fois comme une femme qui porte un message et qui dénonce des agissements et également comme joueuse de tennis.  J’ai ressenti de belles émotions et je me dis que c’est arrivé au bon moment et que c’était chouette.

 

Et maintenant que deviens-tu ?

Ma passion pour le tennis m’accompagne toujours. J’ai envie d’exprimer beaucoup de choses sur l’enseignement puisque cela fait des années que je suis dedans. Après mon expérience au centre d’entraînement avec Amélie Mauresmo et plusieurs autres joueurs et la création de mon association «  Tennis en liberté » dans les quartiers sensibles, j’ai souhaité toucher à l’aspect loisir et j’avoue que je m’y adonne  régulièrement à Ramatuelle un très bel endroit. J’ai beaucoup réfléchi à cet aspect d’accueillir un joueur de tennis qui a envie, peu importe son niveau, de ressentir des choses, d’évoluer, d’apprendre. C’est primordial qu’on le respecte de A à Z. Et qu’il puisse repartir avec quelques notions supplémentaires. J’y ai mis toute mon énergie comme si c’était une Amélie Mauresmo ou un joueur ayant envie de devenir pro.  Ayant exercé au sein d’un centre d’entraînement aves des joueurs et joueuses de haut niveau et d’un autre côté ayant goûté au tennis loisir, j’avoue mieux m’y retrouver dans le tennis loisir….

 

Pourquoi ?

Car une forme de reconnaissance s’installe. Déjà il règne beaucoup moins de pression, et il existe un véritable échange. A l’époque des joueurs n’ayant pas les moyens de payer me demandaient de leur faire des prix… C'était très peu financé, or l’entrainement se déroulait jour et nuit. C’est un encadrement total et qui est parfois épuisant. Sans compter que du jour au lendemain le joueur ou la joueuse est capable de nous quitter en deux minutes ayant envie de changer d’encadrement et d’entraîneur. A l’époque, lorsque j’ai monté mon centre d’entraînement, j’avais dans l’idée de faire en sorte que les enseignements soient sur une forme de turn over et que ce ne soit pas toujours le même entraîneur qui entraîne la même joueuse ou le même joueur. Que l’on puisse arriver à échanger ensemble et que chacun apporte sa petite pierre à l’édifice, afin que le joueur se développe totalement. Mon combat est là aussi. Il ne se borne pas à parler uniquement des femmes victimes et isolées. L’entraîneur, l’enseignant doit essayer d’adopter un comportement plus juste et ne pas aller à l’encontre de ce que l’élève souhaite aussi. C’est un vrai échange, partenariat et aujourd’hui c’est essentiel dans l’apprentissage. C’est à plusieurs que l’on pourrait former de nouveaux champions et championnes. Je ne crois plus à l’isolement d’un enseignant ou d’un prof qui pense qu’il a la science infuse et qu’il va réussir..

J’avais un peu d’avance dans les années 99-2000 puisque c’est là qu’Amélie Mauresmo a éclaté au plus haut niveau mondial. Mais les enseignants ou les coaches de ma structure n’ont pas réussi à échanger et à le mettre en pratique. Ainsi un Christophe Fournerie qui était détaché pour s’occuper d’Amélie Mauresmo pendant quelques mois, lorsque je lui ai demandé de s’occuper de joueurs et joueuses de la structure, et que je lui ai annoncé que ce serait Sophie Collardey qui reprendrait, il n’a pas supporté. A présent, l’enseignant ne doit absolument pas devenir indispensable à son joueur à tel point que celui-ci soit totalement emprisonné et sous la coupe de cet entraîneur. Plein d’autres personnes pourraient lui donner de bons conseils.

 

C’est un vrai travail d’équipe que tu proposes ?

Oui, j’y crois vraiment et l’on peut d’ailleurs s’en rendre compte  lorsque l’on observe les joueurs et joueuses de haut niveau. Il existe toute une équipe autour. Nadal, Federer se sont entourés d’anciens joueurs expérimentés et dotés d’une certaine approche. Une victime isolée, c’est très mauvais, un entraineur isolé aussi.  Et c’est là où je trouve que notre fédération a le plus gros travail à effectuer. Il faut arrêter de mettre les clubs ou les coaches en concurrence et qu’un joueur de Saint-tropez puisse aussi aller s’entraîner dans d’autres clubs aux alentours. Et pourquoi pas bénéficier de coaches travaillant sur place. C’est dommage d’avoir un joueur tous les jours en face de soi et de ne pas ouvrir le discours vers d’autres enseignants. Ce n’est pas du tout dans l’air du temps, et il faut changer les mentalités.  Je pousse vraiment dans ce sens là en essayant de créer une dynamique entre clubs, et que l’on soit capable de vivre différentes expériences..

 

 

Tu as eu l’occasion de travailler avec Mauresmo lorsqu’elle était junior. Que penses-tu lui avoir apporté et qu’avez-vous travaillé ensemble ?

Je dirigeais la structure et ne voulais pas partir sur les tournois. J’avoue qu’à cette époque là je n’avais totalement repris la confiance en moi que j’ai acquise à l’heure actuelle pour peut-être la mener au plus haut niveau. En tout cas, j’avais peur d’y aller et j’avais envie d’une pause voyage et de ne plus préparer mon sac. En revanche, j’ai essayé de faire en sorte de lui procurer des entraîneurs disponibles et motivés pour ce challenge. Quand on l’a récupérée, elle était championne du monde juniors et en quelque temps elle s’est retrouvée en finale de l’Open d’Australie. Elle savait que j’étais présente, j’encadrais, je surveillais et j’avais un œil sur l’entraîneur qui s’occupait d’elle. J’étais un peu comme une médiatrice par moment, et elle savait que si ça n’allait pas, elle pouvait me parler. Mais c'était compliqué car on avait une joueuse très talentueuse, qui en même temps était en train de vivre une vie amoureuse avec une de mes meilleures amies.  J’aurais aimé comme elle a su le faire après la guider vers plus de travail et d’assiduité à l’entraînement. Mais finalement c’est peut-être en Australie qu’elle a joué son meilleur tennis car elle était libérée psychologiquement. Effectivement, elle avait déclaré son homosexualité et je crois que ce fut un moment très fort aussi. 

C’’est un fait que j’ai joué surtout la carte avec Amélie de savoir comment elle allait pourvoir vivre avec cette particularité. Et ce n’était pas simple. On a d’ailleurs pu voir tout ce qui s’est passé en Australie. Elle avait un revers fantastique qui tuait littéralement ses adversaires sur place mais c’était dur de la motiver côté travail. On était encore sur son talent, ses acquis et le travail dépendait de sa bonne volonté. Je me suis battue un peu avec cette situation en lui disant que pour atteindre la plus haute marche, il s’agissait de s’investir davantage. Finalement, elle a décidé de quitter la structure et c’est ce qu’elle a fait après avec ses divers coaches. Que ce soit Alexia Dechaume ou Loïc Courteau. Ce fut une belle expérience, je ne regrette pas du tout mais il y avait de gros enjeux difficiles à gérer. C’ était une Amélie Mauresmo encore jeune et presque ado…

 

As-tu des idées vu le drame que tu as subi pour qu’il y ait moins d’agressions sexuelles ?

Mon idée repose surtout sur tout ce qui se rapporte à l’enseignement. Il faut que l’on arrive à faire pratiquer du beau tennis, de beaux gestes. Et l’on doit mettre les bouchées doubles lorsque l’on a affaire à de petites jeunes filles au sein de l’école de tennis et au mini-tennis. Pour moi c’est de là que ça part, c’est le starter. Nos meilleurs coaches doivent être dans cette palette là pour apporter le plus d’éléments possibles . Je dois dire que je me suis un peu embêtée par moment dans le tennis féminin avec un jeu trop stéréotypé et j’avoue être un peu nostalgique. Est-ce la faute des enseignants, des coaches, des joueuses ? On ne sait plus trop aujourd’hui qui est la meilleure au monde, ça change tout le temps et on n’a plus vraiment de repères.  Mon idée c’est de délivrer un peu de fun et de plaisir sur un court et je ne suis pas sûre que toutes ces joueuses soient dans cette dynamique là et ça me dérange. Il me semble que l’on a un gros travail à réaliser à ce niveau là. Au départ, le joueur doit effectuer un certain travail, c’est une évidence. Il doit être un peu besogneux pour acquérir toute une gamme de coups. Ce qui m’a fait plaisir en tout cas c’est qu’on vu revenir des coups comme le shop et l’amortie. Puis on a vu se développer davantage de joueurs dotés d’un revers à une main. On avait entendu à un moment donné certains joueurs qui disaient » Le revers à une main c’est fini, ce n’est plus à la mode, ça ne sert plus à rien, il ne faut plus enseigner que le revers à deux mains." Mais pour moi, le revers à une main reste le coup le plus magique et le plus beau du monde car il se joue totalement relâché. Et permet un jeu vers l’avant, vers la volée, vers le développement d’un jeu plus fin.

J’ai l’impression que tous ceux qui ont appris un jeu besogneux de fond de court, à faire des ronds, des lifts à outrance, aujourd’hui ont un peu décroché. Ils gagnaient peut-être quand ils étaient jeunes, mais plus après.  C’est un peu ce que j’ai subi avec ce monstre d’entraîneur. Il m’a empêchée de développer un tennis vers l’avant, or j’étais faite pour ça. Pour aller à la volée, pour avoir un chop de revers et pas un tennis de contre et de renvoi. Et c’est très important d’arriver à amener le joueur dans des zones où il se sent bien.


Que penses-tu des joueuses françaises d’aujourd’hui ?

C’est un peu compliqué en ce moment. Le Covid a aussi beaucoup terni le circuit. Des filles comme Mladenovic, Garcia sont en train de décliner un petit peu mais la concurrence est rude. Ont-elles fait les bons choix à un moment donné concernant leur entourage ? Caroline aurait pu ne pas avoir toujours comme accompagnateur son père et peut-être s’octroyer des coaches un peu plus renommés. Ou tenter une expérience avec des étrangers. Il n’existe pas que la technique française, il est bien d’aller piocher ailleurs. Actuellement, j’ai un jeune qui joue très bien, j’ai envie de lui dire » Va faire ton expérience en Espagne, va découvrir un peu tous les secteurs de jeux avec des terrains différents."  C’est cela qu’il faut absolument apporter. Nos jeunes joueuses comme Burel et autres sont intéressantes mais elles n’arrivent pas encore véritablement à percer. Pourquoi ? Je ne suis pas assez le tennis pour pouvoir véritablement répondre à cela, mais les derniers résultats de la Coupe Billie Jean King sont assez décevants. Il y a encore du boulot, un travail mental est nécessaire c’est une évidence. On n’a peut-être pas non plus assez la niaque qui consiste à passer des heures à peaufiner où à construire de nouveaux gestes. On n’est pas prêt à cela.

 

As-tu un rôle au sein de la fédération ?

Au nom de l’affaire Sarah Abitbol qui m’avait beaucoup touchée en 2020, j’avais fait un article dans l’Equipe où je disais espérer qu’un jour on tendrait la main à toutes ces victimes. Fin 2020, la fédération est enfin venue vers moi. Je suis prestataire de service et je réfléchis sur la thématique de la protection des mineurs mais pas uniquement. J’avais besoin aussi que l’on me respecte, que l’on me reconnaisse dans mes qualités d’enseignante. Et d’ancienne joueuse évidemment. Je joue encore aujourd’hui, je donne des leçons sur le terrain, frappe la balle et on m’a demandé comment relancer le tennis loisir. J’ai fait toute une étude là-dessus. Ainsi que sur le mur que j’ai demandé à remettre absolument au cœur de nos pratiques. A l’âge de 6,7,8,9 ans un enfant qui joue contre un autre enfant qui ne renvoie pas la balle est habité par une certaine frustration. Or s’il tape contre un mur, la balle revient toujours. J’ai développé toute une réflexion à ce sujet sur les sens et l’ouïe, le son de la balle et sa trajectoire contre un mur. Ce travail parle énormément aux enfants et les résultats sont concluants. La fédération a tout ceci en main aujourd’hui et j’espère que l’on va pouvoir développer  ensemble mes suggestions dans les prochains mois avec la nouvelle direction qui a envie d’évoluer. J’espère pouvoir continuer à leur côté pour faire en sorte d’approfondir et ça me plaît. J’aurais pu à l’époque en 90, arrêter ma carrière tennis et dire «  Il faut que je sorte de tout ça, que j’oublie toute cette période et couper avec le tennis. Et bien non. J’ai fait le choix de toujours y rester et je prends énormément de plaisir. C’est incroyable combien ce tennis m’anime encore en tout cas dans ma tête. C’est une remise en question comme quand j’étais joueuse. Je suis capable chaque soir de faire un bilan des joueurs que j’ai pu avoir en loisir et de me dire comment puis-je faire pour que ce soit encore mieux et faire passer des étapes à mes élèves.

 

C’est beau cette passion du tennis ! Tu joues encore pour toi-même ?

Je n’avais plus envie de faire de compétition, je ne voulais plus être restreinte à mettre la balle dans le cours, plus envie de compter les points. C’est quelque chose qui me permet de me défouler. J’ai pu faire une compétition pour les plus de 40 ans et suis partie en nouvelle Zélande où malheureusement on a subi un tremblement de terre. Mais la compétition pour moi ce n’est plus d’actualité. Récemment j’ai fait de la compétition dans une toute autre activité qui s’appelle le pickabull qui fait fureur aux Etats-Unis avec une balle en plastique. Une activité qui demande beaucoup moins financièrement en tout cas pour les clubs comparé à la mise en place d’un paddle . C’est une activité qui m’a beaucoup plu. J’ai fait les championnats de France et j’ai perdu en finale du double mixte. C’était très chouette et très convivial. Je joue encore très bien et par moment je me challenge.

Je vais raconter une petite expérience que j’ai vécue il n’y a pas longtemps avec un client. C’est un joueur américain en vacances à Saint Tropez qui m’a demandé de taper la balle. Il était dans le challenge, et avait envie de se préparer en vue d’un événement de double. Il m’a proposé de faire un match où il avait les couloirs de double et pas moi. Je ne sais pas si tu imagines mon cerveau qui pendant 40 ans n’allait pas chercher les balles dans le couloir et qui du jour au lendemain devait changer son fusil d’épaule. Il m’a fallu quelques jours pour que je conditionne et c’était un nouveau challenge. Côté enseignement, j’arrive toujours à me projeter sur un challenge personnel et c’était une belle expérience. On a bien rigolé ensemble après et je lui ai que ce qu’il me demandait m’avait obligé à retourner mon cerveau…

 

 

C’est une constante adaptation !

Oui c’est ça. J’ai envie de former des enseignants et leur dire « regardez », « écouter », « véhiculez une image positive. Il faut penser à l’énergie que l’on va déployer lorsque l’on donne un cours, sa voix et l’attention que l’on porte à l’élève. Je trouve qu’avec les enfants, trop d’enseignants s’en foutent. C’est dommage mais je ne veux pas parler de cette réalité. Je souhaite que l’on retourne dans les clubs à la base et il faut que l’on revalorise les coaches et qu’on leur redonne envie d’avoir envie.

 

 

Justement quels sont les erreurs que tu as pu constater chez les enseignants ?
Trop souvent c’est de la garderie avec trop d’enfants sur un court ; ce n’est pas possible. Il y a aussi trop de demandes des parents qui ne comprennent pas pourquoi leur enfant ne joue pas mieux. Il ne joue qu’une fois par semaine, donc… Nous lorsque nous étions enfants quand on jouait une première fois ,on rejouait à côté avec les copains ou contre un mur. Si l’enfant n’est pas demandé par l’enseignant à venir pour un cours, il ne revient pas de lui-même. Il y a toute une éducation à fournir avec un mode de vie qui a changé.  Je vois trop souvent les enseignants sur les portables, peu motivés pour faire progresser  l’enfant quelque soit son niveau. Il y a des enfants talentueux d’autres beaucoup moins ; il y en a qui sont en grande difficulté et ceux là il faut quand même s’en occuper. Donc l’enseignant qui est apathique  et qui ne bouge plus sur un court de tennis, pour moi c’est très néfaste pour notre sport.

 

Et la relation avec les parents. Comment un enseignant doit-il se comporter avec les parents ?

C’est un vaste sujet. Certains enseignants de clubs passent aussi beaucoup de temps à discuter avec les parents en dehors du court. C’est épuisant par moment et on nous demande aussi des résultats très rapides sans vraiment fournir des efforts à côté. J’ai enseigné il y a quelques années au Racing Club Lagardère et je dirigeais l’école de compétition. On demande beaucoup d’efforts aux coaches et je trouve que les générations d’aujourd’hui  ne sont pas prêtes à véritablement s’impliquer davantage. Je dirais que la séance service que j’ai demandée à beaucoup de  jeunes consistant à retravailler tout seul ce coup dans leur club, je  l’ai rarement vue reproduite. On ne peut pas faire de miracle. L’enseignement pour moi c’est de taper un maximum de balles pendant 1 heure. C’est notre objectif. L’objectif de l’école suédoise c’est je crois de taper au moins 200 balles dans l’heure, on en est loin en France. Rien qu’en regardant les sceaux de balles des enseignants où il y a à peine 20 balles dedans c’est significatif. Je ne voiis pas comment on peut s’en sortir pour obtenir plus de résultat. Même si on ne peut pas faire que des champions, si on renforce un peu notre base avec un certain nombre de joueurs qui jouent bien au tennis, qui ont une belle technique, c’est déjà satisfaisant . Un enseignant doit pouvoir amener son joueur au moins en seconde série. Avoir mis le cota d’un enseignant à 15/2 me paraît peu judicieux. Je n’ai rien contre ce niveau là mais je pense que quand on est enseignant, une bonne qualité de balle est nécessaire. Sinon, il ne peut pas donner du plaisir ni en prendre et inciter son joueur à en redemander.

On aurait d’ailleurs bien besoin de femmes et de mixité dans les clubs. Pour moi, une femme à 3/6 a toutes les possibilités de répondre à tous les niveaux de clientèle à entraîner.  Je suis passée comme directrice de l’école de tennis de Villiers Le Bel, à l’époque une activité très prisée, où je n’étais pas salariée à l’année. J’étais en libéral et si le joueur ne revient pas le lendemain, tu ne manges pas.. C’est aussi simple que ça. Les cours que tu donnes, les joueurs que tu approches, il faut leur donner envie de revenir.

 

On voit l’expérience de la sportive de haut niveau qui a travaillé dur !

Voilà oui, et je suis obligée de continuer à travailler dur. Mais mon corps fatigue, et je dois dire qu’à certains moments, je suis contente de pouvoir faire évoluer mon sport par le biais demes réflexions. Avec un peu moins de terrain quand même car parfois je fatigue. On vieillit ! 55 ans. Mais je prends un sacré plaisir à taper dans la balle et par moment c’est un pur bonheur.

 

Tu as une fille ?

Oui, ma petite Cloé sans H. Elle a 7 ans, est mignonne comme tout et c’est le centre de ma vie aujourd’hui. Je suis malheureusement séparée de ma femme et je m’adapte ; elle aussi. Ma fille est en train de me découvrir et ça fait du bien. Par rapport à tout ce que j’ai pu traverser c’est le bonheur de ma vie et quand je suis avec elle, je suis avec elle.

 

Elle joue au tennis ?

Oui mais rarement sur un court car j’ai eu un gros problème de santé à l’oreille, et je n’ai pas pu taper dans une balle pendant deux ans.  Je l’ai fait jouer dans l’appartement, sur une pelouse. Je mettais les filets un peu n’importe où et avec lors du confinement je suis partie à Porquerolles avec elle. Et on a fait des trucs incroyables. Elle a tapé contre un mur à genoux, avec les deux mains, avec raquette à gauche, à droite, avec plusieurs balles, en jonglant, en sautant, en employant des jeux d’adresse. L’enseignement des petits était sans doute le secteur que je n’avais pas abordé, elle m’a poussée à y réfléchir.  Les enfants ont changé, ils ne veulent plus être compétiteurs à tout prix, ils veulent jouer. Elle voulait me montrer comment il fallait jouer et je l’ai laissée faire. Il faut que l’on change notre approche sur cette nouvelle génération qui fait tout plus que tout, qui ne souhaite pas de challenge de compétiteur one to one mais qui veut jouer en équipe. A nous sans doute de redonner sa place au jeu de double, à retrouver le plaisir de jouer en famille, de partager des choses à plusieurs. Il m’arrive de faire des confrontations où ils sont 4 contre 4 . Parfois aussi je me dis "Pourquoi ne fait-on pas que des lobs? Pourquoi n’apprend t-on pas le lob à 6,7 ans. J’ai déjà joué sur deux terrains côte à côte avec un filet plus haut sur l'un des deux pour travailler le lob au-dessus du grillage. J’ai remis le lance-balles au goût du jour qui amène de la gaité. Ce n’est pas le coach, ce n’est pas un lancer ; c’est une improvisation d’un lancer et c’est rigolo.

Pour en revenir à ma fllle, elle  a peut-être envie de devenir prof. Sa maman a un magasin de crocodiles et de chemises lacoste, elle veut aussi tenir ce magasin. On verra bien plus tard. C’est une sportive, elle est sagittaire. Elle a plein d’idées ; elle est merveilleuse….

Agnès Figueras-Lenattier

dimanche, 07 novembre 2021

Docteur Virot

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Psychiatre, le docteur Virot a tout de suite  débuté en pratiquant l’hypnose. . « Lors de mes études, expliqiue t-il, on me proposait en gros deux voies thérapeutiques : soit je devenais marchand de médicaments, soit je faisais de la psychanalyse. Ces deux voies ne me plaisaient guère, et ce n’est pas ainsi que je concevais mon métier. Concernant les médicaments, je pensais que les gens avaient d’autres ressources. Quant à la psychanalyse, cette discipline ne m’intéressait pas tellement car elle me semblait trop lente, trop floue.   Je voulais trouver quelque chose de pragmatique, d’efficace et c’est à ce moment là qu’est apparue la première formation d’ypnose ericksonienne en France à laquelle j’ai participé.   Lorsque l’on commence comme médecin, on a le droit car c’est très réglementé d’aller donner sa carte de visite à des confrères. Et sur ma carte j’ai mis Hypnose éricksonnienne ».  Ce qui a beaucoup inquiété mes professeurs qui m’ont dit « Il ne faut pas le dire, ni annoncer des choses comme ça, tu vas avoir des soucis ». En 1988, personne ne faisait de l’hypnose.  Mais je pense que cette initiative a fait partie de mes bonnes idées. Egalement de faire ma thèse sur l’hypnose car j’étais reconnu par la faculté. Dans un livre didactique et très complet intitulé « Hypnose, et auto-hypnose «  aux éditions Robert Laffont, il explique les diverses particularités de l’hypnose ainsi que son histoire.

 

 

Vous pratiquez l’hypnose ericksonnienne. Y en t-il d’autres ?

Pas vraiment si ce n’est l’hypnose classique, celle de Charcot. On l’enseigne toujours à l’Institut français d’hypnose. Mais quand est arrivée l’hypnose ericksonienne , c’est comme si on avait lancé des graines sur tout le pays de la France et elle s’est étendue partout. De même dans d’autres pays. Quant à l’hypnose classique, quelques personnes la pratiquent encore mais très peu. Englobant des suggestions plus directes, plus autoritaires, elle  peut être intéressante sur certaines personnes mais c’est très marginal.

 

Dans votre livre vous dites que l’hypnose à orientation médicale et thérapeutique est née à l’époque de la révolution française. Pourriez-vous préciser dans quelles circonstances ?

Alors que beaucoup de gens étaient à l’époque un peu occultistes, Mesmer médecin autrichien prétendait pouvoir soigner des gens à distance sans contact direct. Mais c’était en totale opposition avec toutes les logiques matérialistes. Il fallait soit toucher les gens, soit donner des médicaments, des aliments, ou faire des saignées ou des purges. Il a présenté sa méthode au sein des sociétés viennoises médicales mais il s’est fait traiter de tous les noms On a dit que ça n’avait pas de sens, que c’était impossible. Mesmer en réaction a commencé alors à prétendre qu’il existait quand même un support matériel : un fluide animal dans l’éther avec des espèces de petites particules qui se transmettent qu’il était capable de capter. C’était assez sulfureux et il s’est fait virer de Vienne. A ce moment là, il régnait une atmosphère frémissante à Paris et il existait des ferments importants sur le plan social, politique, religieux, philosophique. La tendance notamment chez les philosophes des lumières était une ouverture aux idées et aux expériences nouvelles dont le fait de transmettre le savoir et de le partager. Or à l’époque celui-ci était destiné aux riches. Toute une dynamique interne à la France qui permettait de proposer quelque chose de nouveau aussi dans la médecine.

 

Mesmer à Paris

 

Mesmer est donc venu à Paris avec ses pensées et ses hypothèses et il a été bien accueilli. Il a obtenu un large succès avec les malades et a donc retenu l’attention autour de lui. Deux enquêtes ont été réalisées diligentées par ce qu’on appellerait aujourd’hui le Ministère de la Santé sous l’autorité du roi. Ils ont cherché ce fameux fluide mais n’ont rien trouvé. Là encore on a parlé de foutaise, de charlatanisme. Il a été dénigré une fois de plus. Mais les scientifiques ont pu vérifier que beaucoup de gens étaient guéris et ont émis dans leur rapport officiel d’ailleurs consultable la théorie de l’imagination. Une porte ouverte sur un nouveau monde puisque jusqu’à présent l’imagination et les corollaires comme l’impalpable, le magique, le mystique se situaient dans le monde de la religion, de la croyance. Or tout d’un coup il pénètre dans le monde médical ce qui n’était pas prévu. Ce principe a été repris, développé et l’on a fini par penser que l’imagination constituait une dimension naturelle de tout être humain et qu’en l’activant, on pouvait aller mieux et même guérir.

 

Comment le concept de l’imagination a-t-il évolué ?

Ll’imagination va petit à petit devenir l’inconscient et de nombreuses théories sur l’inconscient vont être élaborées tout au long du XIXè siècle. Pour finir dans les mains de Freud avec sa théorisation un peu complexe. On a l’habitude de dire que l’hypnose naît en France à peu près en 1900. Un premier congrès mondial d’hypnose se déroule à Paris en 1889, un deuxième aussi en 1900. Dans toutes les écoles du monde ; on apprend que la France est le berceau de ce domaine. Puis à partir de 1900,  plus rien. On affirme qu’avoir recours à cette méthode n’est pas sérieux, pas nécessaire, pas prouvé. Et on en revient aux modèles purement matérialistes de la médecine. Le modèle neurologique, l’infectiologie reprennent le dessus, Pasteur passant par là. Entre temps Charcot a perdu la partie. Il s’est intéressésé à l’hypnose pendant une vingtaine d’années ce qui a donné de l’essor à cette branche. Il a voulu trouver une théorie neurologique de l’hypnose, trouver un support matériel mais en vain. Puis cette hypnose qui avait carrément disparu en Europe s’est un peu installé aux Etats-Unis notamment par le biais d’un médecin Clark Hull dont Erickson était l’élève. Aujourd’hui, on dit que l’hypnose est très créative, imaginative, personnalisée mais à l’époque elle était très standardisée et tout le monde était soigné de la même manière.

 

Erickson s'oppose à Clark Hull

 

C’était ainsi que travaillait Hull qui se basait sur les premiers enregistrements en train de se mettre en place et qui pensait que cela suffisait pour permettre aux patients d’aller bien.  C’est ce qu’on appelait l’hypnose directive, aujourd’hui appelée hypnose classique qui comprenait beaucoup de déchets et finalement ne convenait pas à grand monde.  Elle ne prenait pas en compte l’histoire de chaque personne, son histoire, ses valeurs, ses émotions, sa constitution interne. Cela n’a pas du tout plu à Erickson qui pensait au contraire que les ressources hypnotiques, l’imagination étant très personnelles, il fallait s’adapter à chacun. C’est de cette manière qu’il a emprunté un chemin original et très controversé mais il a fini en pleine gloire.

 

 

Vous disiez que lors de la première consultation, il ne faut pas faire d’hypnose !

Je compare toujours l’hypnose à de la chirurgie. J’ai failli être chirurgien, c’est peut-être la raison… Ainsi, avant de faire un acte majeur de soin, on fait d’abord une évaluation, une espèce de check up pour mieux connaître le patient, la raison de sa venue, qui il est. Vous imaginez aller à une consultation chez le chirurgien qui dès la première visite vous opère sur le coin de la table. Pas sûr que cela vous plairait. Pour l’hypnose, je pense que c’est le même principe.  Il y a aussi une autre dimension qui consiste à penser qu’il est intéressant  d’en faire mais  intéressant aussi de ne pas en faire.


Justement comment décidez-vous d’y avoir recours ou pas ?

En voyant les gens. J’ai vu un monsieur qui a une pathologie un peu spéclale,  la maladie des jambes sans repos. Quand il veut se reposer et particulièrement quand il veut dormir, son corps s’agite et en particulier ses jambes. Elles bougent tout le temps. Il a ce symptôme là depuis très longtemps. Quand il est venu, il m’a demandé de le revoir au bout de 15 jours et m’a demandé si l’on ferait de l’hypnose. « Je ne sais pas" lui ais-je répondu ce qui l’a surpris. « Si vous allez bien dans 15 jours ais-je ajouté, je ne vais pas en faire avec vous, donc je ne sais pas »… Une première rencontre comme j’ai fait avec cet homme, c’est très thérapeutique et des changements peuvent se produire car il a pris la décision de venir. Très régulièrement,  je vois lors d’une première séance, des patients souffrant de douleurs éparses, de troubles du sommeil, d’anxiété et qui reviennent en me disant «  C’est bizarre, ça va mieux ». Je leur explique alors que ce n’est pas la peine d’avoir recours à l’hypnose. S’ils continuent à aller suffisamment bien et que ça évolue favorablement, je ne les vois plus.

 

Vous êtes doué alors !

Non, ce n’est pas la question. Il existe beaucoup de techniques lors d’une première rencontre, et un grand travail à élaborer. C’est une séance très complexe, la plus complexe de toutes. Certaines personnes qui décident de prendre rendez-vous avec un médecin vont déjà mieux avant même de l’avoir vu. C’est placebo d’une part, et c’est aussi parce qu’ils se sont mis en route vers un processus évolutif. Mais parfois c’est vain et il y a quand même beaucoup de gens avec qui je fais de l’hypnose.

 

Uniquement de l’hypnose ou aussi de la psychothérapie ?
Oui j’en fais, bien sûr. D’ailleurs, certains patients quand ils viennent ne savent pas de quoi ils ont besoin. C’est toujours le thérapeute qui sait.  Souvent,  ce qui leur fait du bien c’est de parler avec quelqu’un, donc des séances de psychothérapie. Je peux faire des thérapies de groupe, des thérapies familiales et aussi des thérapies brèves.

 

Vous insistez beaucoup sur la respiration !

C’est un processus corporel très important. Il existe de nombreuses personnes à qui il suffit d’apprendre à respirer pour qu’ils aillent bien. C’est d’ailleurs étonnant comme il faut peu de choses parfois pour soulager. Je vais vous raconter une histoire récente. Une dame vient me voir qui a des douleurs dans le mollet, au- dessus de la jambe droite. J’ai utilisé la technique de thérapie brève en lui demandant de faire des choses un peu bizarres. Je lui ai suggéré de trouver chez elle une grande chaussette qu’elle mettrait tous les soirs sur sa jambe gauche, et tous les soirs de placer deux pièces de monnaie sous la chaussette à chaque fois à des endroits différents. Elle l’a fait pendant 15 jours . «Au début m’a-t-elle expliqué ça m’embêtait , mais n’empêche que depuis 10 jours, je ne souffre plus ». Je lui ai dit « Vous allez bien rentrez chez vous »

 

Vous faites très attention aux mots et aux émotions du patient !

Oui, les mots sont très importants, c’est tout le cœur d’une première rencontre. C’est aussi le cœur de toutes les formations, apprendre à communiquer. On a deux dimensions de l’inconscient qui n’ont pas le même langage. Celle que l’on utilise avec une connotation  un peu négative. Des mots comme douleur, peur, tristesse qui fabriquent de la tristesse, de la peur ou de la douleur. Effectivement, plus vous parlez de douleur, plus vous avez mal.  Que fait-on dans les hôpitaux ? On ne parle que de douleur tout le temps, on l’évalue à longueur de journée. . On a une deuxième dimension de l’inconscient qui s’appelle la conscience virtuelle et qui prend tous les mots de manière littérale. Si elle entend le mot colère, douleur, elle fabrique tout ça. Quelle est celle qui prend le dessus sur l’autre ? Cela dépend de l’état émotionnel dans lequel on est. Si on va bien ça va mais quand on va voir un soignant c’est parce que l’on ne va pas bien, donc on se retrouve très vite dans une transe d’alerte, une transe négative. Et dans une transe, c’est la conscience virtuelle qui prend le dessus. L’on est alors beaucoup plus sensible à tous les mots que l’on utilise. Chaque mot, chaque geste va avoir une importance. Je fais très attention à mon langage, cela s’appelle la communication thérapeutique. Il faut apprendre à maîtriser le langage, et dans mon institut d’enseignement on y a beaucoup recours.  D’ailleurs, les gens s’y intéressent de plus en plus. En médecine on n’apprend pas à utiliser le langage verbal, l’intensité de sa voix, son rythme, ses gestes.

 

A-t-on observé le cerveau avant et après une séance ?

On l’a observé avant et pendant une séance. Beaucoup d’études sur le sujet extrêmement importantes ont été réalisées entre 1997 et 2000. Elles ont montré que le cerveau ne fonctionne pas pareillement lors d’une séance ou dans un état de conscience ordinaire. Les images montrent des zones du cerveau plus actives et d’autres moins actives. Cela a permis de valider le fait que l’hypnose a un impact mais les connaissances sur la conscience sont très parcellaires aujourd’hui.


Pourriez-vous décrire une séance ?

Beaucoup de gens pensent que toutes les séances se ressemblent mais il existe plein de formes d’hypnose différentes.  Quand je reçois un patient, j’ai un catalogue de 20 ou 25 techniques.  Mais voici la classique, celle que l’on enseigne : Je demande au patient d’imaginer mentalement un endroit où il se sent bien, comme par exemple être au bord de la plage. Je vais employer cette technique avec un patient qui m’affirme ne pas être bien, qui est anxieux, tendu, enfermé dans ce malaise. Il peut aussi me dire quelque chose qu’il aime faire, du vélo, du ski, de la cuisine. Il va aussi me décrire la météo, les gens avec qui il aimerait être. Je vais recueillir ses propos, on appelle cela recueillir un thème. Je vais l’aider à se dépasser mentalement, à emporter sa conscience ailleurs. Quand on arrive à imaginer suffisamment fort et pendant un certain temps, un effet régulateur se fait sentir sur tout le monde intérieur du patient.

 

Parfois vous employez des techniques mixtes. A la fois médicaments et hypnose ?

J’ai fait cela quand je me suis installé en 88. Je prescrivais des médicaments. Soit je ne faisais que cela, soit je ne prescrivais rien avec de la psychothérapie.. Il m’arrivait d’avoir des médicaments dans une main, et d’avoir recours à l’hypnose dans l’autre. Cela ne marchait pas terrible, donc j’ai arrêté les médicaments au bout de 10 ans. Par rapport aux dépressions, je considère qu’il y en a 90% qui s’améliorent pas rapport à un diagnostic précis.  Et dans ces 90% assez rapidement il n’y a plus plus besoin ni de psychiatres, ni de médicaments. Des échecs complets, je dirais 10%.

 

Et avec les patients qui prennent des médicaments notamment des neuroleptiques peut-on agir efficacement ?
On peut très bien travailler avec des patients psychotiques. Ca va les aider mais il faut être un expert de la psychose, au moins psychologue ou psychiatre . C’est un trouble de la conscience extrêmement complexe donc il faut avoir l’habitude de s’y investir.  Les neuroleptiques  sont faits pour figer la conscience alors que l’hypnose est faite pour faire bouger la conscience.  Ce sont des faits qui se contredisent . Comme les neuroleptiques vont bloquer essentiellement la conscience virtuelle, cela provoque un certain apaisement.. La conscience ne part pas dans tous les sens. Donc l’hypnose et ces médicaments là,, ne sont pas très amis… Maintenant, je vois des jeunes qui ont des troubles psychologiques récents. Avec eux, on va pouvoir éviter des aggravations de psychose. Avec aussi des psychiatres et des institutions qui veillent sur eux et qui contrôlent un peu leur état.  Mais il y a des psychoses multiples de niveau, 1,2, 7,8…On peut aider à peu près tout type de patient car il a en lui des capacités pour améliorer sa conscience, à trouver des solutions. A changer sa manière de voir la vie, de modifier ses sensations corporelles, ses émotions.  On peut faire beaucoup de choses avec beaucoup de gens.

 

 

Peut-on expliquer d’où proviennent ces échecs ?

La plupart viennent de l’incapacité du thérapeute, de ses limites à comprendre, à aider et à s’intégrer dans le schéma mental du patient. Cela demande beaucoup de souplesse, d’attention, d’expérience.  Pour les dépressions par exemple, il existe pratiquement autant de dépressions que de patients. Il y a les légères et les récentes et d’autres extrêmement violentes, anciennes et modérées, ou anciennes et très complexes. Des contextes de vie un peu tordus dans tous les sens, des expériences traumatiques, de décès, de violence. C’est mon parcours et il est corroboré par mes collèges. Au début quand on fait des soins on arrive à soigner des dépressions relatives et légères mais c’est plus compliqué pour les pathologies complexes. L’expérience est nécessaire pour s’intégrer, pour entrer en résonance et  synchronisation avec le patient. Il faut arriver soi-même à se modifier intérieurement avec chaque patient. C’est pour cette raison que la première rencontre est primordiale.  A l’époque, je faisais deux, trois séances avec les patients avant histoire d’être suffisamment accordé avec eux.

 

L’âge rentre t-il en ligne de  compte ?
Ce n’est pas tellement une question d’âge même si cela a quand même une importance.. Il va intervenir dans la capacité ou non d’établir une relation durable avec un interlocuteur. Quelqu’un de très âgé qui a des troubles de type alzheimer possède une  conscience  très fluctuante, fragmentaire, floue. Cela  peut devenir compliqué avec des troubles  de l’attention, de la mémoire. Je peux par exemple m’occuper de dépressions extrêmes mais pas de patients de type Alzheimer. Je n’ai pas cette expérience là.  Avec les enfants dont la conscience fonctionne différemment, il faut là aussi des capacités d’adaptation. Il faut apprendre encore et encore. Pour le nombre et l’espace entre les séances, pas de règles vraiment de règles. Là  aussi c’est adapté à chaque personne. Cela dit,. si je vois une personne une première fois, la fois d’après ne dépassera pas un mois car l’effet peut disparaître. .  Il faut savoir que des personnes aux cas très compliqués peuvent évoluer très vite alors qu’au contraire des patients aux troubles moins compliqués vont curieusement demander plus de travail.  Chacun d’entre nous à un moment donné dispose de ressources , de capacités qui peuvent se mettre en route. Même face à des troubles assez importants…  Les médecins classiques n’aiment pas du tout ce genre de discours, mais pourtant c’est ma vérité quotidienne depuis 30 ans.

 

Et l’’hypnose lors d’opérations ?

Quand j’ai découvert cette possibilité, cela m’a fasciné et ça me fascine encore. J’ai le souvenir de la première fois où je suis allé dans un bloc opératoire et qu’une patiente était opérée non anesthésiée de manière habituelle.  Cela  m’a impressionné et démontre qu’il existe de sacrées compétences dans la nature humaine pour faire face à des situations complexes. Mais ces compétences là ce n’est pas toujours facile de les utiliser seul, il faut être aidé.  C’est pour cela que les anesthésistes et le personnel se forment. Toute une technique relationnelle va être utilisée. Même l' hypnose n'est pas utilisée durant l’opération, une séance faite juste avant va permettre aux gens de s’endormir, et de rentrer en anesthésie générale de manière plus paisible, plus tranquille. Avec un réveil plus serein et plus confortable…

 

La profession n’est pas réglementée !

`C’est effectivement un gros souci car n’importe qui peut se proclamer hypnothérapeute. On a fait une étude qui a révélé que 90% des gens ne savent pas faire la différence entre un professionnel de santé et quelqu’un qui n’a pas de compétence autre que d’avoir fait une formation en hypnose. Les gens ont parfois des troubles simples, mais parfois cela  peut être beaucoup plus grave et si on n’a pas un volume de compétences suffisant, on n’a aucune chance. Soit les symptômes vont s’aggraver, soit les soins vont être retardés, soit ils vont conclure que l’hypnose n’est pas efficace.  Aujourd’hui c’est à tour de bras que les gens s’installent pour gagner leur vie avec l’hypnose.  La reconnaissance par l’OMS a été arrêtée à cause du Covid mais des processus sont en cours. On a mis en place un annuaire spécifique des professionnels de santé « L’hypnose santé « pour orienter les gens vers des professionnels qui ont des bagages vraiment solides…

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

 

 

samedi, 06 novembre 2021

Chick Corea par Ludovic Florin

Chic-Corea.jpgEditions du Layeur

 

Un livre magnifique (le premier en langue française sur ce pianiste), tant sur le plan références que sur le plan artistique. Englobant l’intégralité des enregistrements de Chick Coréa,  il est joliment illustré de l’ensemble des pochettes des albums auxquels cet artiste a participés. L’auteur Ludovic Morin musicologue nous invite à découvrir des facettes ignorées de Chick Coréa pianiste, claviériste, percussioniste, leader et compositeur étatsunien, et nous donne des informations nous permettant de mieux connaître ses particularités, ce qui fait son talent et les gens avec il a travaillé. Notamment avec Miles Davis et la création de «  Return For Ever ». En 1968, après la haute réussite de « Now he sings », il intègre le groupe de cette légende du jazz… « Jamais auparavant, une formation n’avait fait entendre ce genre de musique : agrégation de funs et de free, d’explorations electroniques et de groove.  Une maîtrise et un lâcher prise absolus « assure Ludovic Florin. Pour ses participations aux albums en leader de Wayne Shortel, il se présente en tant que batteur et percussionniste. Ce grand musicien a travaillé avec Keith Jarrett, Bela Fleck, Herbie Hancock, Joe Farell , Joe Henderson., Roy Haynes, Miroslav Vitous. Son duo avec Gary Burton est un des,  si ce n’est le plus long pour un tel format de l’histoire du jaz

Mort le 10 février 2021 des suites d’un cancer foudroyant, la flûte occupe une place singulière dans son expression musicale.  En 1965, il travaille avec Herbie Mann, un flûtiste renommé. Il sera aussi employé comme trompettiste par Blue Mitchell. S’étant d’abord préoccupé de musiques latines et de jazz issus du bop, il effectue un virage en 1971 avec un retour au mélodisme et au tempo complet. Ses lectures de L.Ron Hubbard et son engagement sociologique l’aident  de trouver un sens dans son rapport à la musique.

Entre 71 et 76 , il crée plusieurs courtes pièces «  Children’s Songs » basées sur les qualités enfantines qu’il apprécie. Il se rapproche alors de nombreux compositeurs classiques.

Un exercice qu’il aime tout particulièrement : les portraits musicaux. « On place un siège à côté du piano et plusieurs volontaires se succèdent sur scène, ne sachant pas exactement ce qui va arriver. Je regarde la manière avec laquelle ils marchent, comment ils sont habillés. Je leur demande leur prénom et ensuite, j’essaie de dresser leur portrait en improvisant. « 

L’auteur qui donne des précisions sur ses projets musicaux, explique que sa qualité jubilatoire porté à  un niveau de contrôle supérieur incarne sa particularité. Et que sa philosophie de vie est fondée sur la joie et la communication.

Chick Coréa qui a découvert Mozart  à 42 ans, n’a cessé de développer les échanges à deux pianos. Il a toujours eu un faible pour les cuivres et les cordes.

A partir  de 1967, il s'évertuera à accentuer sa touche espagnole au point d’en faire un signe distinctif. « Un récent voyage en Europe a réactivé mon intérêt pour la musique de flamenco et m’a conduit vers une complète nouvelle prise de conscience de mon amour pour cette musique à parité avec les musiques d’Amérique Latine et d’Afrique. »

Une phrase de sa part me donne envie de terminer là-dessus : «   Nous les musiciens et les artistes sommes l’antidote aux maux du monde. Nous sommes les seuls capables de mettre fin à la guerre et à la cruauté parce que nous faisons chanter et danser les gens » En effet, quoi de plus apaisant pour les sens que de les régaler avec une musique que l’on aime et qui vous fait du bien à l’âme…

Agnès Figueras-Lenattier

 

10:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 03 novembre 2021

Amélie Oudéa-Castéra

fédération,tennis,objectifsActuelle directrice générale de la fédération française de tennis, Amélie Oudéa-Castéra a été championne du monde des moins de 14 ans en 1992, et 18ème joueuse française. Après une brève carrière dans le tennis, elle a bifurqué dans une autre vie en entamant de brillantes études ( Sciences Po, Essec,, Ena), puis a travaillé au sein de grands groupes comme Carrefour, Axa. Elle a été élue femme digitale de l’année 2020. A l'occasion du Rolex Paris Masters 2021, elle se confie sur sa politique tennistique :

 

Vous avez fait quelques années sur le circuit professionnel de tennis, une vie qui finalement n’était pas faite pour vous. Vous n’étiez pas heureuse !

C’est vrai. A 18 ans, j’ai senti que mon bonheur serait plus important ailleurs. Sur le circuit pro, c’est parfois très austère , très solitaire avec beaucoup d’attente dans les avions, les gares, les aéroports, les chambres d’hôtels. Une vie faite aussi de beaucoup de rivalité, parfois de jalousie et le sport de haut niveau, la haute performance ne compensait plus ces aspects qui me faisaient davantage souffrir. Et à l’occasion d’une blessure qui m’a empêchée de bien jouer ces mois-là, je me suis dit qu’il fallait finalement que je boucle un peu cette première vie dans le sport de haut niveau et lle tennis pour aller en conquérir une deuxième dans un environnement plus équilibrant : études, copains, classe, émulation et ouverture intellectuelle plus forte.

 

Vous avez été la compagne de Gustavo Kuerten lorsqu’il a gagné Roland Garros en 1977. Avez-vous quelques recettes à nous donner concernant la manière dont doit se comporter une compagne pour faire gagner un grand Chlem ?

En fait, c’était une situation et un contexte très atypique, car je le connaissais du circuit junior. On s’était rencontrés quand on avait 14 ans, on avait beaucoup sympathisé, on avait eu une petite histoire d’adolescents quand j’avais 15 ans et demi, 16 ans. Or quand j’ai arrêté Roland Garros l’été qui a suivi ma décision d’arrêter, c’était très difficile de ne pas y participer et pas possible pour moi. Pour combler ce manque, j’avais candidaté pour contribuer à l’organisation du tournoi. Le directeur général de l’époque Gilbert Ysern m’avait alors proposée un petit job au planning des courts, la gestion des balles, la relation avec les joueurs. C’est là que j’ai retrouvé Gustavo que je n’avais pas vu depuis environ 2,3 ans et on a très vite reconnecté, sympathisé. On s’est revus au fil de la quinzaine, et de plus j’étais proche de son entraîneur Larri Passos. De fil en aiguille Gustavo et moi avons discuté, pris un verre ensemble, puis son entraîneur m’a proposé de venir dîner avec eux. Et cette petite histoire d’adolescents a repris au fil du tournoi, même si Gustavo était extrêmement concentré sur sa réussite. Mais c’était justement très bien. Je participais au tournoi d’une manière différente, et je pouvais suivre son épopée au jour le jour. 

 

Une brasserie nommée " Victoria"

 

Nos petits rendez-vous qui consistaient à se retrouver dans une brasserie intitulée Victoria, la bien nommée… du boulevard Victor tout près de chez moi étaient devenus un petit rituel porte-bonheur. C’était merveilleux avec des moments de bonheur volés à droite et à gauche pour égayer le quotidien et se donner une forme de petit cocon de douceur dans ce monde très compétitif. Une sorte de petit dérivatif…

 

Lorsque vous avez bifurqué vers une autre vie avez-vous gardé un pied dans le tennis ?

Le tennis était complètement dans mon ADN, j’ai été constituée par lui. En effet, je suis née dans une famille de passionnés de tennis, toute ma famille joue et c’est un élément extraordinairement important pour nous tous culturellement. Donc il était impensable que je coupe vraiment avec ce sport. J’ai arrêté de jouer en compétition, mais j’ai toujours maintenu un lien avec certains amis du monde du tennis. Et puis, j’ai toujours été membre d’un club,  d’abord au TCP puis au Racing, puis les deux. J’y allais de temps en temps pour avoir le bonheur de taper un peu la balle ou de prendre un verre avec des personnes après une bonne séance de gymnastique. En outre, j’ai toujours maintenu un lien avec l’institution fédérale elle-même. En 1997, je me suis occupée d’un groupe de travail sur la reconversion des sporifs de haut niveau. M’a ensuite été proposée de faire partie d’une commission fédérale sur l’éthique. Je suis également entrée pendant un moment au Comité directeur de la Fédération sur l’initiative de Jean Gachassin alors président de la fédération et de Gilmbert Ysern. Cela m’a permis de m’investir dans cet objet fédéral, de continuer à me tenir au courant des politiques tennistiques à la fois localement et au niveau central.  J’ai beaucoup apprécié de garder ce lien avec les élus et les équipes fédérale

 

 

Maintenant que vous êtes directrice générale de la Fédération, quels sont vos divers objectifs ?

On se dit souvent avec  Gilles Morreton, l’actuel président que l’on a 5 +2 objectifs.
Le premier c’est de bien organiser nos grands événements notamment Roland Garros et le tournoi du Rolex Paris Masters 1000 du circuit ATP.

Le deuxième objectif c’est tout ce qui a trait au haut niveau. Comment aider la direction technique nationale à essayer de vraiment relancer le tennis français. Et de partir à la conquête de la haute performance que ce soit dans l’éducation et la formation des jeunes dans les territoires ou après dans leur formation vers l’élite avec tous les compartiments que cela peut représenter := préparation tennistique mais aussi tactique, technique, mentale, médicale. Faire des champions de demain et permettre à nos espoirs de libérer tout leur potentiel. Le 3ème objectif c’est  le développement de la pratique dans les territoires pour les familles, les enfants, un peu pour toutes les couches de la population. On a l’habitude de dire que le tennis est le sport de toute une vie. Cela commence à 2,3,4 ans jusqu’à un âge très avancé. Notre doyenne a aujourd’hui plus de 100 ans. Avec également le développement du padel avec comme leader Arnaud Di Pasquale. C'est  une discipline dont s’occupe la fédération depuis 2014. 

 

Une seule femme présidente de ligue

 

Le 4ème objectif vise les enjeux transversaux sociétaux : la lutte contre le dopage, la corruption, les paris sportifs manipulés. Egalement tout ce qui a trait à la gouvernance et le fait de féminiser les instances dirigeantes de la fédération un peu à tous les niveaux de responsabilité. Aujourd’hui on n’a qu’une seule femme présidente de ligue et faire accéder plus de femmes à des responsabilités dans la vie fédérale est donc quelque chose auquel on est très attaché. Le 5ème thème a pour but la modernisation de notre modèle économique. C’est là que rentre le fait d’organiser dans le stade Roland Garros toute une série d’événements culturels, de divertissements dans des secteurs comme la gastronomie, la mode. Mais aussi d’autres événements se rapportant à d’autres sports. Ainsi a-t-on organisé récemment une compétition de boxe et un événement pour la fête de la musique.. On essaye de développer l’utilisation du stade au-delà du tournoi pour diversifier nos recettes. On a en plus monté un fond de dotation, sorte de mini-fondation au sein de notre fédération pour essayer de lever des fonds. Y compris en terme de mécénat pour derrière renforcer les moyens que nous avons pour accompagner les associations par exemple en matière de prévention des abus sexuels. Toutes ces thématiques transversales alimentées par ce fond de dotation.
Et puis pour finir le +2 que j’ai évoqué au début : D’abord l’influence et la présence de notre fédération au niveau de la gouvernance internationale du tennis. Avec les autres tournois du Grand Chlem et les tours que sont L’ATP et la WTA qui représentent les joueurs et joueuses nous avons plein d’enjeux communs , afin d’essayer de pousser le rayonnement du tennis à l’international en engageant notamment davantage la communauté des femmes. Enfin,  nous nous attachons à développer une bonne gestion humaine de notre fédération. Je suis actuellement à la tête d’une équipe de près de 470 personnes et je veux qu’ils soient heureux, épanouis et très engagés dans leur mission au quotidien

 

Vous croyez beaucoup à l’approche multi sports pour faire vivre les clubs !

Absolument ! On vit aujourd’hui dans une société où il existe des sports qui font beaucoup de bien comme les pilates ou le yoga.  Ce sont des activités devenues importantes dans la vie des femmes car ça permet d’apprendre à mieux respirer, à être davantage à l’écoute de son corps, de compenser des vies parfois trop sédentaires qui peuvent faire naitre des problèmes de dos, aux articulations. Et je pense que de marier ces disciplines là avec le tennis dans les clubs, avec des cours de gym, des animations musicales fait partie de la façon dont les gens ont envie de faire du sport.  De bouger en rythme, d’avoir en même temps des instants de vrai calme et d’être un peu sur tous ces accords de manière un peu continue concentrés en un seul endroit afin de pouvoir passer de l’un à l’autre. Depuis 6 mois, je fais moins de pilates,, mais j’en ai fait très régulièrement ces dernières années. En revanche, le yoga est devenu un élément de ma vie quotidienne et je ne commence pas ma journée sans en faire un petit peu. Ca m’apporte énormément.

 

Vous disiez vouloir féminiser les instances fédérales. Etes-vous par exemple en pourparler avec de grandes championnes ?
Oui, on essaye de vraiment nous appuyer sur nos anciennes championnes. Cela nous fait un peu râler quand on nous dit que depuis Noah il n’y a pas eu de champion français. On a eu trois championnes qui ont gagné un voir plusieurs Grands Chlems : Amélie Mauresmo, Mary Pierce et Marion Bartoli. On cherche à travailler avec elles et c’est pour nous un élément de mentoring que l’on voudrait pouvoir donner à nos jeunes joueuses. On veut comprendre ce que ça implique de gagner un. Grand Chlem de l’intérieur. Leurs enseignements peuvent être super précieux pour la jeune génération. Saisir les exigences du haut niveau, les émotions, comment apprendre à les gérer ? Qu’est-ce que tout cela représente. Ces conseils et cette transmission ont trop souvent manqué par le passé  et on veut réussir cette fois-çi. Oui on est en discussion avec les trois et puis dans la perspective des JO de 2004 cette action de mentoring sera vraiment importante à mettre en place pour nos joueuses mais peut-être aussi pour nos joueurs. Nous discutons d’ailleurs avec des joueurs comme Pioline.

 

Que comptez-vous faire pour le padel 

On a un plan de développement très complet avec notamment l’accélération des équipements des clubs. On était récemment Arnaud Clément et moi avec le président de la République pour l’annonce du grand plan de développement des équipements sportifs de proximité par lequel l’Etat va co financer 500 nouvelles pistes de padel à l’horizon 2024. Ce volet équipement est très important car on a aujourd’hui 245.000 pratiquants dont 130.000 pratiquants réguliers. Mais qui ne se partagent que 955 pistes de padel sur l’ensemble de la France. Ce qui représente une piste pour 120, 130 pratiquants réguliers. Alors qu’en tennis il y a un court pour 25 joueurs. Il faut donc combler ce retard et ce soutien de l’Etat va beaucoup nous aider. Un autre volet est celui de la formation, de la création d’écoles de padel, du repérage de jeunes talentueux avec en perspective des délégués inter régionaux. Nous souhaitons nous rapprocher du Word padel tour au niveau de la fédération internationale pour essayer de créer des compétitions innovantes au plus haut niveau.  Enfin nous voulons bien faire connaître cette discipline et l’on a développé un guide du padel expliquant les caractéristiques et les exigences qu’elle implique. Par le biais d’une plus forte communication nous allons accompagner l’essor incroyable de cette discipline hyper ludique, très accessible et joyeuse..

 

Et pour le tennis en fauteuil ?

On fait déjà beaucoup de choses en essayant d’accompagner le mieux possible les clubs et les structures ; pour  faire connaître cette discipline y compris à travers nos relations avec l’éducation nationale. Avec un dispositif comme le pass sport, accessible aux jeunes enfants souffrant d’un handicap, on arrive à les faire s’intéresser au tennis. On fait en sorte de développer davantage de compétitions avec des enfants sourds ou malentendants pour que cela puisse vraiment créer du lien social. A Roland Garros on a des compétitions en tennis fauteuil et puis de quad que l’on souhaiterait faire monter en puissance dès la prochaine édition de Roland Garros. Il faut que cela permette de montrer le côté inspirant des grands champions. On a par exemple des joueurs comme Stéphane Houdet et Nicolas Pfeiffer qui ne l’oublions ont gagné la médaille d’or aux Jeux Paralympiques de Tokyo. C’est un énorme exemple pour nous de les voir se battre avec autant de courage et d’avoir su au mental gagner cette performance…

 

Pour finir avez-vous une explication sur le fait qu’en France nous avons des jeunes filles et des jeunes garçons qui gagnent souvent les championnats du monde juniors ou autres et qui après n’ont pas les résultats que l’on escomptait ?

Il y a plusieurs explications. D’abord une raison un peu culturelle : En France on a parfois un petit peu tendance à vouloir que l’on dise de nous que l’on a du potentiel, que l’on est talentueux plutôt que de dire qu’un joueur ou une joueuse a la gagne. Ce côté un peu romantique, un peu dans le panache plus que dans l’obsession de la victoire jusqu’au dernier centimètre est parfois un trait de caractère un peu français.  Il faut du reste que l’on se batte contre cette réalité car comme  le dit une célèbre marque «  Seule la victoire est belle ». C’est quelque chose qu’il faut retenir… Autre raison : On a une belle densité de compétition en France au début du circuit sénior et chez les juniors et quelquefois l’âpreté du circuit professionnel requiert un mental pas suffisamment aguerri, affûté chez nos jeunes pour vraiment serrer les dents, tenir et être rivé coûte que coûte sur sa passion pour le jeu. La mise en place à la DTN au niveau du pôle de préparation mentale des territoires et de filières de formation est quelque chose de très important.  Enfin, je pense qu’il existe un facteur générationnel.

 

L'effet de grappe

 

On a eu il y a peu ,une génération extraordinaire avec les Gasquet, Monfils, Tsonga, Simon qui étaient vraiment dans un mouchoir de poche  et qui se sont tirés vers le haut les uns les autres. J’appartiens à une génération où il y avait Mauresmo, Nathalie Dechy ; Emilie Loit, Anne-Gaëlle Sidot, Amélie Cocheteux, un vrai petit groupe d’élite à un moment donné. Selon moi, survient un effet de grappe. Quand il y en a un ou une qui commence à sortir la tête de l’eau, cela montre aux autres que c’est possible. Se développe alors un effet hyper stimulant du champion en train d’émerger. tous y croient à leur tour et ils se tirent la bourre au bon sens du terme. Nous sommes actuellement dans un moment de creux qui ne génère pas cette émulation mais cela peut changer très vite. On l’a d’ailleurs vu avec le dernier US Open avec les trajectoires fulgurantes de Leylah Fernandez et d’Emma Raducanu. Si on lève un certain nombre de difficultés, de freins pour accélérer le développement de la joueuse ou du joueur , cela fait surgir un effet d’entraînement qui peut emmener toute une génération au meilleur niveau…

Agnès Figueras-Lenattier

Egoyan Harlow et la la légende de Tihuac » de Nicolas Reading

Egoyan accompagné de son amie Léa et flanqué du fidèle Allonzo part à la recherche de Viverene apparue dans la forêt de Brocéliande. De la ville close au Loch Ness, avec pour guide le nain Jevys, il affronte dans son périple des créatures de légende qui barrent son chemin vers le domaine de Tihuac où tout commence.

On trouve dans ce livre poésie, humour et références littéraires.
L’auteur est par ailleurs dramaturge et metteur en scène sous le nom de Nicolas Brudenne. Ce livre que l’on peut qualifier d’héroïc Fantasy est né de sa rencontre avec l’académicien René de Obaldia. 

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