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jeudi, 25 mai 2023

" Native Son" film de Pierre Chenal DVD

Richard Wright auteur du roman adapté au cinéma par le réalisateur Pierre Chenal même s'il n'est pas comédien professionnel joue bien le rôle de cet homme noir auteur de deux meurtres et victime de racisme. Sans doute le fait de l'avoir imaginé l'aida t-il dans l'interprétation authentique du personnage. Richard Wright n'est d'ailleurs pas le seul comédien amateur, pratiquement tous le sont. Et c'est tout l'art de Pierre Chenal devenu célèbre avec son film " Crime et Châtiment" en 1935  d'avoir fait en sorte que l'on ne s'en aperçoive pas réellement. 

Ce film censuré aux Etats-Unis et d'abord vilipendé par la critique passera sur la chaîne américaine TCM en 2021. C'est là qu'il obtiendra les éloges d'Eddie Muller spécialiste du roman noir.  Et c'est mérité car c'est un très bon film, bien maîtrisé et qui traite avec une certaine originalité  d'un sujet toujours d'actualité. 

Il est interessant de voir la manière dont il est évoqué ici et il serait interessant si ce n'est déja fait de lire le livre afin de se rendre compte si le point de vue de l'auteur et du réalisateur, chacun dans leur style, se rejoignent. Ce que l'on peut dire en tout cas c'est qu'ils ont été tous les deux confrontés au " rejet", l'un parce qu'il était juif et l'autre parce qu'il était afro-américain. Cela les a rapprochés et cette réalité se ressent dans le film. Un beau témoignage sur les préjugés et le manque de tolérance...

Agnès Figueras-Lenattier

10:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, film, adaptation

dimanche, 06 novembre 2022

Maman a dit " Bandes de nuls"

livre,troubles schizophréniques,témoignagelivre,troubles schizophréniques,témoignageUn livre autoédité par Céline et Killian Leutellier que l’on peut trouver sur le  site bandesdenuls.com

Une belle ode à l’amour maternel et à la solidarité familiale, avec un lien très fort et pas toujours évident des frères et sœurs, voilà ce qui ressort de ce livre au titre évocateur. Celui d’une révolte et d’un combat qui ont triomphé et conduit à une belle réussite : l’épanouissement d’un enfant Killian dont on a détecté très jeune des troubles autistiques et schizophréniques et qui travaille maintenant dans un institut spécialisé.  Ceci sans aucun médicament auquel la mère a toujours refusé d’avoir recours malgré les dires du personnel d’un centre médico-psychologique. Elle raconte qu’elle n’a jamais trouvé aucun secours là-bas, aucune écoute, aucune compréhension, que l’état de son fils Killian était mère pire qu’avant. En outre, on la culpabilisait aussi en prétendant que c’était de sa faute…

Assez découragée, elle a eu la chance de rencontrer un psychologue Thierry Faivre d’Arcier qui a soigné son fils à domicile au moyen du défoulement par la parole, le rire, le jeu, et a appris à Killian à se dominer pour mieux appréhender les symptômes qui le taraudaient. Quant à la maman, elle a fait preuve d’une patience d’ange, a su trouver les mots pour réconforter son fils et a utilisé des méthodes naturelles qui toutes ont eu un bienfait sur son fils. Que ce soit le théâtre, les massages accompagnés d’une musique relaxante, l’apprentissage d’une autohypnose, le sport, les plantes de temps à autre.Et vu les symptômes dont souffrait Killian, notamment l’obsession du rangement, cela n’a pas du être facile tous les jours d’autant plus que la maman avait également une fille et deux autres fils. Et qu’elle a donc dû sacrifier quelque peu ses autres enfants pour se consacrer davantage à Killian. Et même si ceux-ci en ont forcément souffert quelque peu notamment la sœur, ils ont donné toute leur affection à Killian ce qui a également fortement contribué à sa belle évolution.

Actuellement, Kiliian a 20 ans et s’exprime avec beaucoup d’aisance et de lucidité. Il a encore parfois des angoisses mais a appris à les gérer. Ce qui le déstabilise c’est l’inconnu et il a besoin d’avoir une vie bien réglée. Sa plus grande thérapie maintenant c’est le sport en particulier la course à pied. Il y trouve un tel bien-être qu’il a tendance à trop en abuser et à se diriger vers la bigorexie. Il s’est d’ailleurs blessé et a compris qu’il fallait être plus raisonnable. Il rêve de tenir une épicerie et même s’il n’a jamais été amoureux (il veut d’abord être stable au niveau du travail et travaille au sein du dispositif ULIS), cela lui donne envie et fonder une famille n’est pas exclu pour lui.

A la fin du livre, plusieurs témoignages sont présents, les frères, la sœur, les maîtresses et ce qu’il faut retenir c’est ce que dit la sœur : Heureusement qu’ il existe la « différence. » Et ces êtres que l’on a tendance à juger trop négativement sont souvent très intelligents et très attachants. Oserais-je dire comme me l’avait affirmé une fois un psychiatre que contrairement à ce que l’on prétend ils n’ont pas « une case au moins, mais « une case en plus ».

 

Rencontre avec la maman et le fils :

 

 

Le titre est évocateur. Qu’avez-vous voulu faire passer comme message ?

Killian : «  Le titre est vraiment en lien avec tout ce qui se rapporte au livre. C’est assez familier, assez commun.  Ce n’est pas une insulte, mais c’est assez surprenant et parlant. Cela évoque le lien qui existe entre nous et raconte un combat solitaire, juste au sein de la famille, celui de résister aux médicaments. C’est un titre qui sort vraiment du lot et significatif.

 

A quelle occasion Killian a- t-il été détecté « troubles autistiques et schizophrènes ?

La maman : «  Il n’existe pas de diagnostic vraiment établi. A l’âge de 10 ans, un psychologue l’a pris en soin et a établi ce diagnostic. « Mais on ne pose pas d’étiquette dessus. Killian est killian et on va l’aider à aller le plus loin possible sans s’arrêter à la maladie. Chacun est différent et on va l’accompagner dans son chemin. »

 

Quels étaient les symptômes de JKillian ?

C’était surtout auditif. La nuit il m’appelait car il entendait des voix et il était terrorisé. Il avait l’impression que quelqu’un respirait donc évidemment il avait très peur.  Il disait aussi que la maison était penchée et d’autres choses de ce genre. Ce qui le gênait c’est qu’il était le seul à vivre ça. Il avait parfois des idées suicidaires . A un moment donné, j’ai été dans son sens et je lui disais même si ce n’était pas vrai que je voyais les mêmes choses que lui ce qui l’a beaucoup aidé.

 

Vous êtes aide-soignante et vous avez été très marquée par un stage en psychiatrie

La maman : Oui j’ai été confrontée à des enfants atteints de schizophrénie ou de toutes sortes de maladies psychiques. J’ai vu leur état de souffrance et ils prenaient des traitements tellement lourds qu’ils ne sortaient même plus de leur lit. Ils étaient dans un état léthargique toute la journée.  Ca m’a tellement choquée que je me suis dit que jamais je mettrai mon enfant dans un endroit pareil. Killian n’était pas encore né ; c’était au début de ma carrière d’aide soignante et j’ignorais qu’un jour je serai confrontée à ce problème.  C’est une expérience qui m’a servie pour Killian.

Killian : J’ai un bon ami qui était sous médicament à cause de son état un peu dépressif. C’était un légume, je ne pouvais plus parler avec lui tellement il était fatigué, c’était dur de le voir dans cet état. Or il a trouvé récemment une copine,  je ne

l’ai jamais vu aussi heureux et il ne prend plus rien. Comme quoi, il faut trouver son médicament naturel.

 

 

 

Finalement le personnel du CMP au lieu de vous aider vous a plutôt pénalisé dans votre démarche avec Killian !

Killian : Ils ont mis une étiquette sur mon problème et pour eux c’était médicaments ou rien.

La maman : Les psychologues n’avaient pas de temps à consacrer aux enfants et il n’y avait aucune écoute envers les parents. De toute façon, c’était de notre faute s’il était ainsi, soit disant je l’écoutais trop. Je n’avais aucune réponse à mes questions, aucun échange et pas question de consulter un autre psychologue que celui du CMP qui ne voulait rien entendre à part sa vérité à lui. . Il m’a envoyé chez un psychiatre qui l’a vu 5 minutes sans moi. Il m’a ensuite appelée et m’a dit « On commence les médicaments. » En plus c’était un traitement fort. Il devait avoir 9 ans et était suivi depuis l’âge de 6 ans à peu près. Ca n’allait pas et je suis sorti de ce circuit car je le voyais toujours aussi triste et je ne voyais aucune amélioration.

Killian : Les médicaments auraient eu un impact sur mes capacités à réfléchir et j’aurais été dépendant d’un traitement. On ne cherchait pas à résoudre mes problèmes, on ne faisait que les aborder en surface et plus ça allait, plus je m’enfermais dans ma bulle.  Je peux comprendre qu’à un certain stade certains soient très atteints, et aient besoin de médicaments. Mais dans mon cas, il était possible d’avoir recours à des méthodes plus naturelles. Massage, musique, sport aussi pour l’équilibre. Chacun possède ses méthodes pour lutter contre les angoisses et il ne faut pas systématiquement utiliser les médicaments quand tout va mal.

 

 

Vous avez alors eu recours à un nouveau psychologue !

La maman : Oui, et il est venu travailler à domicile car Killian était complètement paniqué dans les transports. Et ainsi, il a réussi à créer du lien avec Killian. A chaque fois que je posais une question en tant que maman, il me répondait tout le temps. Je me sentais écoutée, comprise ; c’était la première fois. Et j’ai retrouvé du courage. J’ai cru en ce psychologue et je me suis dit qu’on allait y arriver. Il prenait parfois un petit temps avec moi, et si j’avais besoin, on faisait le point. Il avait aussi un lien avec toute la famille. Il m’accompagnait aussi dans les réunions MDPAH ce qui m’aidait car c’était compliqué pour moi de m’expliquer car au premier abord c’était difficile de se rendre compte qu’il avait ces problèmes. Au début, il avait peur d’avoir des ennuis, car il n’avait pas les qualités nécessaires pour s’occuper de jeunes enfants.  Mais je lui ai mis un peu la pression et finalement il a accepté. Killian partait pendant une heure avec le psychologue dans sa chambre. Je l’entendais rire ; il évacuait tout ce qui n’allait pas et l’humour était de la partie.

 

Killian : Oui, et ce fut un changement radical avec un vrai travail.  Il me faisait des tests et plein de choses qui bougeaient dans ma vie de tous les jours. Par exemple ma chambre c’est comme un musée. Tout est bien rangé, avec chaque chose à sa place. Il perturbait mes habitudes pour m’apprendre à en changer. Il me faisait sortir de ma chambre, dérangeait tout. Et pendant toute la séance d’une heure , heure et demi où je parlais avec lui, je ne devais pas ranger. C’était dur car j’aime bien quand tout est sa place.  Ca me démangeait mais je me dominais. C’était très dur et à force de faire ces petits exercices, ces petits rituels, ça ne me faisait plus rien. Après, ce n’était plus juste le temps de la séance, il fallait que je me domine 1 ou 2 jours et quand il revenait tout devait rester au même endroit. Parfois je trichais un petit peu, je remettais en place, et quand il revenait je dérangeais à nouveau. C’était mon petit secret. Il m’a mis dans l’action ce qui n’était pas le cas au CMP. C’était mon seul point d’extériorisation par rapport à tout le mal être que je vivais. J’étais très agressif et il a utilisé un magnétophone et quand il revenait on écoutait la conversation. Je lui confiais tous mes secrets ; il me donnait des astuces. Pour moi c’était plus qu’un psy même si au début j’ai eu du mal à m’ouvrir à lui. On rigolait, on avait vraiment un lien de confiance.  Moi qui étais  tout le temps triste et renfermé, le fait de rire me faisait un bien fou. Quand il partait, je me sentais bien car j’étais vidé. Je disais ce que j’avais à dire, et j’avais hâte à la fin de la semaine qu’il revienne pour recommencer à dire ce que j’avais accumulé.  Pour ma mère c’était un soulagement que je ne me rabatte pas uniquement sur elle. Actuellement, je ne suis plus suivi mais j’ai toujours son numéro sur moi au cas où. Il m’a toujours dit qu’il serait disponible pour moi. Mais maintenant j’ai toutes les clés et c’est à moi de jongler avec tous ces éléments.

 

 

Comment réagissiez-vous quand il avait ses crises ?

La maman : j’essayais de l’apaiser, de rester calme et je réagissais au jour le jour en fonction de ses crises. Pour les devoirs c’était très compliqué, et le psychologue m’a beaucoup aidée.  Et quand on avait eu le malheur de déplacer un objet, c’étai terrible. Parfois, il n’y avait pas d’autre solution que de lui laisser faire sa crise. Sinon, il aurait envahi toute la maison. Ca le mettait dans des états pas possibles, il s’accaparait les escaliers. Il y avait des choses qu’on ne pouvait laisser passer. Ses troubles à lui c’était les alignements, le rangement à tout prix. Avec les autres, il ne parlait pas, il se mettait de côté.

Killian : « Lors des récréations, j’étais souvent dans mon coin. Des groupes se formaient, mais je n’allais dans aucune case et donc je me retrouvais seul. Je ne voulais pas non plus être trop dérangé et souhaitais être dans mon petit coin, réfléchir et faire des jeux tout seul.

 

 

En quoi le sport vous a-t-il aidé ?

«  Killian :

Ca m’a beaucoup aidé à me sentir bien dans mon corps. En plus des problèmes sociaux que j’avais, les angoisses, je souffrais aussi d’un mal-être. Je me sentais nul, pas bien , j’étais dégoûté du corps humain, et le fait de faire une activité physique , de me libérer, de penser à autre chose , de rencontrer du monde m’a vraiment fait beaucoup de bien. Ca m’a changé, et psychologiquement bouger a joué un grand rôle dans ma vie de tous les jours.  Mais me sentant tellement bien avec le sport, la sensation de liberté est si forte que j’ai tendance à trop abuser. Je fais beaucoup de course à pied et me suis blessé assez récemment. Je suis aussi inscrit dans une salle de sports avec beaucoup de cours collectifs. Au programme : impulsions, sauts, pompes que je fais quasiment 7 jours sur 7.  2à 3h par jour, j’adorais ça.  Plus j’en faisais, plus je voulais en faire. Et depuis que je me suis blessé, j’ai compris que mon corps avait des limites. Mais le sport constitue une bonne partie de mon équilibre. J’ai commencé à 11,12 ans avec le judo. Au début, c’était vraiment pour avoir une activité et un contact physique.  Le fait que l’on se prenne par les kimonos, que l’on s’entraîne à faire des prises m’a incité à m’ouvrir davantage. Mais on voulait déjà que je fasse de la compétition et c’est devenu trop stressant.  Comme on faisait beaucoup d’exercices, j’ai pris l’habitude jusqu’à mes 16 ans de faire de la musculation chez moi, du renforcement avec le matériel adéquate, et après j’ai été dans une salle.  J’y suis allé de plus en plus. Au départ, ma mère ne voulait pas m’inscrire car elle craignait que j’en fasse trop. En effet, quand je commence quelque chose, j’ai besoin de le faire à fond, à l’excès. Ce qui m’a aidé aussi c’est le théâtre qui m’ appris à maîtriser mes angoisses. Respirer et jouer un autre que moi me permettaient de gérer le stress.  Je ne sentais plus du tout mes problèmes. Quand ma mère venait me voir, elle avait les larmes aux yeux, car elle ne me reconnaissait pas. Par exemple, quand je disais des poésies, je le faisais vraiment avec gestes et puissance.

 

 

Vous avez eu recours aux plantes. Notamment le millepertuis et l’aubépine. A quel moment ?

La maman : Comme je ne voulais pas de médicaments, ce psychologue me disait de prendre ces produits. Ca lui faisait du bien, mais avec le temps, sa souffrance revenait.  C’était des moments courts à cause d’un stress important.

 

 

Vous avez aussi eu recours à des méthodes comme le massage !

Killian : «  Oui, cela se passait surtout le soir quand je m’étais confiée à mon psychologue. Ma mère venait dans ma chambre, avec une petite musique relaxante et elle me massait tout en jouant avec un jeu de lumière.

La maman : Ce qui lui faisait du bien aussi c’était l’hypnose. J’imaginais vraiment toute la scène, je parlais du sable chaud. Il partait tout de suite dans ce que je lui racontais et comme j’adore raconter des histoires ; ça fonctionnait bien.

Killian : j’avais vraiment de bonnes sensations et je me transportais bien là où ma mère m’emmenait. C’était efficace aussi bien pour mon corps que pour mon esprit. Un vrai soulagement et sans effets secondaires.  J’écoutais beaucoup de musique relaxante également, des bruits de mer, de nature, d’oiseaux. Et puis de temps à autres de petites musiques ayant une action sur le cerveau, qui le stimulent.

 

 

Dans quel ordre les choses se sont-elles organisées ?

Killian : Au début, je m’appuyais beaucoup sur ma maman pour alléger mes angoisses. Est arrivé le deuxième psychologue, puis la mise en place des massages et ensuite le sport ; C’était un nouveau chapitre avec en même temps le judo et le théâtre.  Et actuellement, c’est le sport qui m’équilibre.  J’avais des liens très forts aussi avec mes frères et sœurs et ça a pesé dans la balance. J’ai continué mes études, c’était ma façon à moi de montrer que l’on peut y arriver avec des difficultés et des troubles. J’ai toujours aimé apprendre.

 

 

Votre sœur a eu un mot très juste « La différence est un espoir pour l’humanité. »

Killian : Tout à fait. Si on était tous pareils on n’arriverait pas à faire des choses qui sortent du commun et on ferait tous la même chose. Alors que là on apporte tous quelque chose de singulier et on change son regard en fonction de chacun.  On est tous unique et l’on apporte aux autres et les autres nous apportent. Les gens qui m’ont jugé je ne leur en tiens pas rigueur car dans le monde où l’on vit, la différence vous catalogue et vous met une étiquette. Mais ça ne m’a pas empêché d’avancer dans mes projets professionnels et personnels.  Le jugement est partout, on ne peut y échapper. C’est ça aussi qui m’a fait grandir, qui a construit ma personnalité.

 

Et vous Madame comment avez-vécu le fait d’avoir un enfant différent ?

Je me disais que ça allait être compliqué pour lui dans la vie. Quand on parle de schizophrénie, c’est toujours évoqué superficiellement dans les médias.  Dans les films par exemple, ce sont des tueurs. Je ne le disais à personne, je parlais toujours de troubles autistiques mais n’employais pas le mot schizophrénie. J’avais peur que mon fils soit mis,à l’écart, qu’on le rejette, qu’il ne soit plus invité.

Killian : C’est vraiment dommage que la société juge les schizophrènes comme des « fous » incapables de réfléchir. Ce n’est pas du tout ça en fait. C’est lié au cerveau ; c’est quelque chose qui est en nous,  mais qui n’est pas mauvais. On a juste une autre perception des choses.

 

 

A présent comment se passe votre vie ?

Killian : J’ai toutes les clés pour me débrouiller et j’arrive à vivre avec mes troubles. Quand ça ne va pas, quand j’ai peur à un moment donné de faire une bêtise, je prends des pauses, je souffle, joue avec la respiration ou alors je fais du sport. Mes angoisses sont beaucoup moins fréquentes que quand j’étais plus jeune. Le mal être est très court maintenant. J’ai encore de petites paniques quand je dois passer des contrôles mais j’ai toujours ma petite fleur de Bach sur moi au cas o%. C’est surtout psychologique mais ça m’aide. J’ai beaucoup de mal avec l’imprévu mais j’arrive maintenant à sortir à aller à des fêtes, à inviter des amis dans ma chambre. Je suis capable de déplacer des objets pour 1 jour ou deux.

 J’ai besoin en revanche d’avoir une vie bien réglée, bien organisée.

 

 

Avez-vous déjà été amoureux ?

Killian : Je ne recherche pas spécialement l’amour pour l’instant, d’abord mes études et ma stabilisation professionnelle. Mais il m’arrive d’y songer, ce qui n’était pas possible il y a quelques années. C’est vrai que ça me manque de ne pas avoir quelqu’un sur qui je pourrais réellement m’appuyer et avec qui partager ma vie. Mais j’ai peur vu ma vie ritualisée de ne pas être asse disponible pour une relation avec une femme. Il faudrait que je fasse l’impasse sur certaines choses, ce qui n’est pas possible pour l’instant.

 

 Vous voulez ouvrir une épicerie dans un petit village !

Killian : Oui. Il en manque beaucoup dans les campagnes, c’est moins le cas en ville. J’ai envie de créer quelque chose qui vienne de moi, de pouvoir échanger et d’avoir vraiment un contact avec tout le monde. C’est un projet qui me pousse à avoir des connaissances commerciales et à développer ma gestion des chiffres  pour plus tard peut-être engager ma famille.

 

Madame que pourriez-vous dire pour conclure cette belle réussite ?

La maman : Je suis fière de lui ; il est très courageux. Il n’a plus d’envie suicidaires, il arrive à avoir une vie normale. Je suis contente pour lui et de ne pas avoir lâché.

Killian : Je voudrais dire pour terminer que le but du livre n’est pas de dénigrer les médecins et le personnel médical. C’est simplement de montrer qu’il y a d’autres solutions que de se rabattre systématiquement sur les médicaments. J’ai eu beaucoup d’amour et les méthodes utilisées ont été efficaces..

Agnès Figueras-Lenattier

lundi, 11 avril 2022

Lautrec/Valadon

lautrec,valadon,livreMontmartre Belle Epoque

Editions de la Bisquine

Un livre bien écrit, très documenté où l’on voit distinctement la relation mouvementée entre Suzanne Valadon et Toulouse Lautrec, et l’atmosphère qui règne à cette époque. En particulier à Montmartre avec des renseignements détaillés sur les personnalités du moment et les dates importantes…

Valadon et Lautrec même s’ils partagent la même sensualité ne cessent de se disputer. Elle est jolie, infidèle et ne cesse de mentir. Lui, infirme, laid, amoureux des femmes s’auto-détruit dans l’alcool et le sexe. « Je creuse ma tombe avec ma queue » ironise t-il… Cela lui vaudra d’ailleurs de mourir de la syphilis à 37 ans…  Elle a une haute opinion d’elle-même, lui a plutôt tendance à se dénigrer…

Suzanne Valadon dont le prénom est en fait Marie-Clémentine ( il semblerait que ce soit Lautrec qui l’ai appelée Suzanne… ), terriblement indisciplinée quitte l’école à 11 ans et commence très tôt le dessin : «  Ca m’a pris jeune, à 8 ans ça y était. «  Lui fait deux chutes en début de puberté avec comme conséquences des jambes qui ne grandiront plus alors qu’il est en pleine croissance.

Suzanne Valadon qui aura une histoire de 6 mois avec EriK Satie, aura sûrement choqué son fils Maurice Utrillo car elle se mariera avec un de ses amis  à lui, André Utter de 25 ans son cadet, après avoir demandé le divorce à Paul Mousis en 1896… Son fils converti tardivement au catholicisme deviendra aussi pieux qu’alcoolique et sera interné plusieurs fois pour alcoolisme. D’ailleurs, elle ira souvent le récupérer ivre dans les cafés, commissariats, hôpitaux, et elle le forcera à peindre comme substitut à l’alcool. Contrairement à son fils, elle peindra beaucoup de portraits, et grâce à la protection de Degas jusqu’à la mort de celui-ci, elle sera la première femme à exposer à la Société des Beaux Arts en 1894.  Elle peindra aussi beaucoup de natures mortes, de bouquets fleuris dans des vases, et n’aura pas peur de montrer des pubis féminins. En revanche, elle couvrira les sexes masculins d’une feuille de vigne… Possédant comme devise « "Donner, aimer, peindre », elle ralentira sa production à partir de 1930 minée par l’urémie et le diabète.  Elle mourra d’une hémorragie cérébrale le 7 avril 1938.

Fervent admirateur de Manet, et possédant un penchant pour la femme rousse, Toulouse-Lautrec n’est jamais mieux que dans les bordels : « Nulle part, je me sens plus chez moi. »   Gros travailleur, il est très cultivé et tous les sports l’intéressent. Mais c’est le sport hippique qui a sa préférence. Il possède même un appareil permettant de faire du galop en chambre. Il a comme professeur d’anglais Stéphane Mallarmé et attache beaucoup d’importance à l’amitié et à la famille. Quand il peint à l’intérieur, il garde son chapeau de feutre ou d’osier, et lors de fêtes entre amis, aime se déguiser. Il permet à ses modèles de bouger si elles en ont envie, et leur demande non pas de poser mais d’être naturelles.

Après sa rupture avec Suzanne, il connaîtra une descente aux enfers physique et mentale mais excellera dans la lithographie.

Valadon et Lautrec se sont sûrement beaucoup aimés malgré leur mésentente continuelle et se sont stimulés artistiquement, cela se ressent bien dans ce livre de Yonnick Flot enseignant, journaliste et auteur de plusieurs scénarii, de pièces et d’essais sur l’Education et l’Audiovisuel. C’est un précieux témoignage car apparemment, il n’existe pas la moindre trace d’une correspondance entre ces deux peintres…

Agnès Figueras-Lenattier

09:43 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lautrec, valadon, livre

dimanche, 07 novembre 2021

Docteur Virot

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Psychiatre, le docteur Virot a tout de suite  débuté en pratiquant l’hypnose. . « Lors de mes études, expliqiue t-il, on me proposait en gros deux voies thérapeutiques : soit je devenais marchand de médicaments, soit je faisais de la psychanalyse. Ces deux voies ne me plaisaient guère, et ce n’est pas ainsi que je concevais mon métier. Concernant les médicaments, je pensais que les gens avaient d’autres ressources. Quant à la psychanalyse, cette discipline ne m’intéressait pas tellement car elle me semblait trop lente, trop floue.   Je voulais trouver quelque chose de pragmatique, d’efficace et c’est à ce moment là qu’est apparue la première formation d’ypnose ericksonienne en France à laquelle j’ai participé.   Lorsque l’on commence comme médecin, on a le droit car c’est très réglementé d’aller donner sa carte de visite à des confrères. Et sur ma carte j’ai mis Hypnose éricksonnienne ».  Ce qui a beaucoup inquiété mes professeurs qui m’ont dit « Il ne faut pas le dire, ni annoncer des choses comme ça, tu vas avoir des soucis ». En 1988, personne ne faisait de l’hypnose.  Mais je pense que cette initiative a fait partie de mes bonnes idées. Egalement de faire ma thèse sur l’hypnose car j’étais reconnu par la faculté. Dans un livre didactique et très complet intitulé « Hypnose, et auto-hypnose «  aux éditions Robert Laffont, il explique les diverses particularités de l’hypnose ainsi que son histoire.

 

 

Vous pratiquez l’hypnose ericksonnienne. Y en t-il d’autres ?

Pas vraiment si ce n’est l’hypnose classique, celle de Charcot. On l’enseigne toujours à l’Institut français d’hypnose. Mais quand est arrivée l’hypnose ericksonienne , c’est comme si on avait lancé des graines sur tout le pays de la France et elle s’est étendue partout. De même dans d’autres pays. Quant à l’hypnose classique, quelques personnes la pratiquent encore mais très peu. Englobant des suggestions plus directes, plus autoritaires, elle  peut être intéressante sur certaines personnes mais c’est très marginal.

 

Dans votre livre vous dites que l’hypnose à orientation médicale et thérapeutique est née à l’époque de la révolution française. Pourriez-vous préciser dans quelles circonstances ?

Alors que beaucoup de gens étaient à l’époque un peu occultistes, Mesmer médecin autrichien prétendait pouvoir soigner des gens à distance sans contact direct. Mais c’était en totale opposition avec toutes les logiques matérialistes. Il fallait soit toucher les gens, soit donner des médicaments, des aliments, ou faire des saignées ou des purges. Il a présenté sa méthode au sein des sociétés viennoises médicales mais il s’est fait traiter de tous les noms On a dit que ça n’avait pas de sens, que c’était impossible. Mesmer en réaction a commencé alors à prétendre qu’il existait quand même un support matériel : un fluide animal dans l’éther avec des espèces de petites particules qui se transmettent qu’il était capable de capter. C’était assez sulfureux et il s’est fait virer de Vienne. A ce moment là, il régnait une atmosphère frémissante à Paris et il existait des ferments importants sur le plan social, politique, religieux, philosophique. La tendance notamment chez les philosophes des lumières était une ouverture aux idées et aux expériences nouvelles dont le fait de transmettre le savoir et de le partager. Or à l’époque celui-ci était destiné aux riches. Toute une dynamique interne à la France qui permettait de proposer quelque chose de nouveau aussi dans la médecine.

 

Mesmer à Paris

 

Mesmer est donc venu à Paris avec ses pensées et ses hypothèses et il a été bien accueilli. Il a obtenu un large succès avec les malades et a donc retenu l’attention autour de lui. Deux enquêtes ont été réalisées diligentées par ce qu’on appellerait aujourd’hui le Ministère de la Santé sous l’autorité du roi. Ils ont cherché ce fameux fluide mais n’ont rien trouvé. Là encore on a parlé de foutaise, de charlatanisme. Il a été dénigré une fois de plus. Mais les scientifiques ont pu vérifier que beaucoup de gens étaient guéris et ont émis dans leur rapport officiel d’ailleurs consultable la théorie de l’imagination. Une porte ouverte sur un nouveau monde puisque jusqu’à présent l’imagination et les corollaires comme l’impalpable, le magique, le mystique se situaient dans le monde de la religion, de la croyance. Or tout d’un coup il pénètre dans le monde médical ce qui n’était pas prévu. Ce principe a été repris, développé et l’on a fini par penser que l’imagination constituait une dimension naturelle de tout être humain et qu’en l’activant, on pouvait aller mieux et même guérir.

 

Comment le concept de l’imagination a-t-il évolué ?

Ll’imagination va petit à petit devenir l’inconscient et de nombreuses théories sur l’inconscient vont être élaborées tout au long du XIXè siècle. Pour finir dans les mains de Freud avec sa théorisation un peu complexe. On a l’habitude de dire que l’hypnose naît en France à peu près en 1900. Un premier congrès mondial d’hypnose se déroule à Paris en 1889, un deuxième aussi en 1900. Dans toutes les écoles du monde ; on apprend que la France est le berceau de ce domaine. Puis à partir de 1900,  plus rien. On affirme qu’avoir recours à cette méthode n’est pas sérieux, pas nécessaire, pas prouvé. Et on en revient aux modèles purement matérialistes de la médecine. Le modèle neurologique, l’infectiologie reprennent le dessus, Pasteur passant par là. Entre temps Charcot a perdu la partie. Il s’est intéressésé à l’hypnose pendant une vingtaine d’années ce qui a donné de l’essor à cette branche. Il a voulu trouver une théorie neurologique de l’hypnose, trouver un support matériel mais en vain. Puis cette hypnose qui avait carrément disparu en Europe s’est un peu installé aux Etats-Unis notamment par le biais d’un médecin Clark Hull dont Erickson était l’élève. Aujourd’hui, on dit que l’hypnose est très créative, imaginative, personnalisée mais à l’époque elle était très standardisée et tout le monde était soigné de la même manière.

 

Erickson s'oppose à Clark Hull

 

C’était ainsi que travaillait Hull qui se basait sur les premiers enregistrements en train de se mettre en place et qui pensait que cela suffisait pour permettre aux patients d’aller bien.  C’est ce qu’on appelait l’hypnose directive, aujourd’hui appelée hypnose classique qui comprenait beaucoup de déchets et finalement ne convenait pas à grand monde.  Elle ne prenait pas en compte l’histoire de chaque personne, son histoire, ses valeurs, ses émotions, sa constitution interne. Cela n’a pas du tout plu à Erickson qui pensait au contraire que les ressources hypnotiques, l’imagination étant très personnelles, il fallait s’adapter à chacun. C’est de cette manière qu’il a emprunté un chemin original et très controversé mais il a fini en pleine gloire.

 

 

Vous disiez que lors de la première consultation, il ne faut pas faire d’hypnose !

Je compare toujours l’hypnose à de la chirurgie. J’ai failli être chirurgien, c’est peut-être la raison… Ainsi, avant de faire un acte majeur de soin, on fait d’abord une évaluation, une espèce de check up pour mieux connaître le patient, la raison de sa venue, qui il est. Vous imaginez aller à une consultation chez le chirurgien qui dès la première visite vous opère sur le coin de la table. Pas sûr que cela vous plairait. Pour l’hypnose, je pense que c’est le même principe.  Il y a aussi une autre dimension qui consiste à penser qu’il est intéressant  d’en faire mais  intéressant aussi de ne pas en faire.


Justement comment décidez-vous d’y avoir recours ou pas ?

En voyant les gens. J’ai vu un monsieur qui a une pathologie un peu spéclale,  la maladie des jambes sans repos. Quand il veut se reposer et particulièrement quand il veut dormir, son corps s’agite et en particulier ses jambes. Elles bougent tout le temps. Il a ce symptôme là depuis très longtemps. Quand il est venu, il m’a demandé de le revoir au bout de 15 jours et m’a demandé si l’on ferait de l’hypnose. « Je ne sais pas" lui ais-je répondu ce qui l’a surpris. « Si vous allez bien dans 15 jours ais-je ajouté, je ne vais pas en faire avec vous, donc je ne sais pas »… Une première rencontre comme j’ai fait avec cet homme, c’est très thérapeutique et des changements peuvent se produire car il a pris la décision de venir. Très régulièrement,  je vois lors d’une première séance, des patients souffrant de douleurs éparses, de troubles du sommeil, d’anxiété et qui reviennent en me disant «  C’est bizarre, ça va mieux ». Je leur explique alors que ce n’est pas la peine d’avoir recours à l’hypnose. S’ils continuent à aller suffisamment bien et que ça évolue favorablement, je ne les vois plus.

 

Vous êtes doué alors !

Non, ce n’est pas la question. Il existe beaucoup de techniques lors d’une première rencontre, et un grand travail à élaborer. C’est une séance très complexe, la plus complexe de toutes. Certaines personnes qui décident de prendre rendez-vous avec un médecin vont déjà mieux avant même de l’avoir vu. C’est placebo d’une part, et c’est aussi parce qu’ils se sont mis en route vers un processus évolutif. Mais parfois c’est vain et il y a quand même beaucoup de gens avec qui je fais de l’hypnose.

 

Uniquement de l’hypnose ou aussi de la psychothérapie ?
Oui j’en fais, bien sûr. D’ailleurs, certains patients quand ils viennent ne savent pas de quoi ils ont besoin. C’est toujours le thérapeute qui sait.  Souvent,  ce qui leur fait du bien c’est de parler avec quelqu’un, donc des séances de psychothérapie. Je peux faire des thérapies de groupe, des thérapies familiales et aussi des thérapies brèves.

 

Vous insistez beaucoup sur la respiration !

C’est un processus corporel très important. Il existe de nombreuses personnes à qui il suffit d’apprendre à respirer pour qu’ils aillent bien. C’est d’ailleurs étonnant comme il faut peu de choses parfois pour soulager. Je vais vous raconter une histoire récente. Une dame vient me voir qui a des douleurs dans le mollet, au- dessus de la jambe droite. J’ai utilisé la technique de thérapie brève en lui demandant de faire des choses un peu bizarres. Je lui ai suggéré de trouver chez elle une grande chaussette qu’elle mettrait tous les soirs sur sa jambe gauche, et tous les soirs de placer deux pièces de monnaie sous la chaussette à chaque fois à des endroits différents. Elle l’a fait pendant 15 jours . «Au début m’a-t-elle expliqué ça m’embêtait , mais n’empêche que depuis 10 jours, je ne souffre plus ». Je lui ai dit « Vous allez bien rentrez chez vous »

 

Vous faites très attention aux mots et aux émotions du patient !

Oui, les mots sont très importants, c’est tout le cœur d’une première rencontre. C’est aussi le cœur de toutes les formations, apprendre à communiquer. On a deux dimensions de l’inconscient qui n’ont pas le même langage. Celle que l’on utilise avec une connotation  un peu négative. Des mots comme douleur, peur, tristesse qui fabriquent de la tristesse, de la peur ou de la douleur. Effectivement, plus vous parlez de douleur, plus vous avez mal.  Que fait-on dans les hôpitaux ? On ne parle que de douleur tout le temps, on l’évalue à longueur de journée. . On a une deuxième dimension de l’inconscient qui s’appelle la conscience virtuelle et qui prend tous les mots de manière littérale. Si elle entend le mot colère, douleur, elle fabrique tout ça. Quelle est celle qui prend le dessus sur l’autre ? Cela dépend de l’état émotionnel dans lequel on est. Si on va bien ça va mais quand on va voir un soignant c’est parce que l’on ne va pas bien, donc on se retrouve très vite dans une transe d’alerte, une transe négative. Et dans une transe, c’est la conscience virtuelle qui prend le dessus. L’on est alors beaucoup plus sensible à tous les mots que l’on utilise. Chaque mot, chaque geste va avoir une importance. Je fais très attention à mon langage, cela s’appelle la communication thérapeutique. Il faut apprendre à maîtriser le langage, et dans mon institut d’enseignement on y a beaucoup recours.  D’ailleurs, les gens s’y intéressent de plus en plus. En médecine on n’apprend pas à utiliser le langage verbal, l’intensité de sa voix, son rythme, ses gestes.

 

A-t-on observé le cerveau avant et après une séance ?

On l’a observé avant et pendant une séance. Beaucoup d’études sur le sujet extrêmement importantes ont été réalisées entre 1997 et 2000. Elles ont montré que le cerveau ne fonctionne pas pareillement lors d’une séance ou dans un état de conscience ordinaire. Les images montrent des zones du cerveau plus actives et d’autres moins actives. Cela a permis de valider le fait que l’hypnose a un impact mais les connaissances sur la conscience sont très parcellaires aujourd’hui.


Pourriez-vous décrire une séance ?

Beaucoup de gens pensent que toutes les séances se ressemblent mais il existe plein de formes d’hypnose différentes.  Quand je reçois un patient, j’ai un catalogue de 20 ou 25 techniques.  Mais voici la classique, celle que l’on enseigne : Je demande au patient d’imaginer mentalement un endroit où il se sent bien, comme par exemple être au bord de la plage. Je vais employer cette technique avec un patient qui m’affirme ne pas être bien, qui est anxieux, tendu, enfermé dans ce malaise. Il peut aussi me dire quelque chose qu’il aime faire, du vélo, du ski, de la cuisine. Il va aussi me décrire la météo, les gens avec qui il aimerait être. Je vais recueillir ses propos, on appelle cela recueillir un thème. Je vais l’aider à se dépasser mentalement, à emporter sa conscience ailleurs. Quand on arrive à imaginer suffisamment fort et pendant un certain temps, un effet régulateur se fait sentir sur tout le monde intérieur du patient.

 

Parfois vous employez des techniques mixtes. A la fois médicaments et hypnose ?

J’ai fait cela quand je me suis installé en 88. Je prescrivais des médicaments. Soit je ne faisais que cela, soit je ne prescrivais rien avec de la psychothérapie.. Il m’arrivait d’avoir des médicaments dans une main, et d’avoir recours à l’hypnose dans l’autre. Cela ne marchait pas terrible, donc j’ai arrêté les médicaments au bout de 10 ans. Par rapport aux dépressions, je considère qu’il y en a 90% qui s’améliorent pas rapport à un diagnostic précis.  Et dans ces 90% assez rapidement il n’y a plus plus besoin ni de psychiatres, ni de médicaments. Des échecs complets, je dirais 10%.

 

Et avec les patients qui prennent des médicaments notamment des neuroleptiques peut-on agir efficacement ?
On peut très bien travailler avec des patients psychotiques. Ca va les aider mais il faut être un expert de la psychose, au moins psychologue ou psychiatre . C’est un trouble de la conscience extrêmement complexe donc il faut avoir l’habitude de s’y investir.  Les neuroleptiques  sont faits pour figer la conscience alors que l’hypnose est faite pour faire bouger la conscience.  Ce sont des faits qui se contredisent . Comme les neuroleptiques vont bloquer essentiellement la conscience virtuelle, cela provoque un certain apaisement.. La conscience ne part pas dans tous les sens. Donc l’hypnose et ces médicaments là,, ne sont pas très amis… Maintenant, je vois des jeunes qui ont des troubles psychologiques récents. Avec eux, on va pouvoir éviter des aggravations de psychose. Avec aussi des psychiatres et des institutions qui veillent sur eux et qui contrôlent un peu leur état.  Mais il y a des psychoses multiples de niveau, 1,2, 7,8…On peut aider à peu près tout type de patient car il a en lui des capacités pour améliorer sa conscience, à trouver des solutions. A changer sa manière de voir la vie, de modifier ses sensations corporelles, ses émotions.  On peut faire beaucoup de choses avec beaucoup de gens.

 

 

Peut-on expliquer d’où proviennent ces échecs ?

La plupart viennent de l’incapacité du thérapeute, de ses limites à comprendre, à aider et à s’intégrer dans le schéma mental du patient. Cela demande beaucoup de souplesse, d’attention, d’expérience.  Pour les dépressions par exemple, il existe pratiquement autant de dépressions que de patients. Il y a les légères et les récentes et d’autres extrêmement violentes, anciennes et modérées, ou anciennes et très complexes. Des contextes de vie un peu tordus dans tous les sens, des expériences traumatiques, de décès, de violence. C’est mon parcours et il est corroboré par mes collèges. Au début quand on fait des soins on arrive à soigner des dépressions relatives et légères mais c’est plus compliqué pour les pathologies complexes. L’expérience est nécessaire pour s’intégrer, pour entrer en résonance et  synchronisation avec le patient. Il faut arriver soi-même à se modifier intérieurement avec chaque patient. C’est pour cette raison que la première rencontre est primordiale.  A l’époque, je faisais deux, trois séances avec les patients avant histoire d’être suffisamment accordé avec eux.

 

L’âge rentre t-il en ligne de  compte ?
Ce n’est pas tellement une question d’âge même si cela a quand même une importance.. Il va intervenir dans la capacité ou non d’établir une relation durable avec un interlocuteur. Quelqu’un de très âgé qui a des troubles de type alzheimer possède une  conscience  très fluctuante, fragmentaire, floue. Cela  peut devenir compliqué avec des troubles  de l’attention, de la mémoire. Je peux par exemple m’occuper de dépressions extrêmes mais pas de patients de type Alzheimer. Je n’ai pas cette expérience là.  Avec les enfants dont la conscience fonctionne différemment, il faut là aussi des capacités d’adaptation. Il faut apprendre encore et encore. Pour le nombre et l’espace entre les séances, pas de règles vraiment de règles. Là  aussi c’est adapté à chaque personne. Cela dit,. si je vois une personne une première fois, la fois d’après ne dépassera pas un mois car l’effet peut disparaître. .  Il faut savoir que des personnes aux cas très compliqués peuvent évoluer très vite alors qu’au contraire des patients aux troubles moins compliqués vont curieusement demander plus de travail.  Chacun d’entre nous à un moment donné dispose de ressources , de capacités qui peuvent se mettre en route. Même face à des troubles assez importants…  Les médecins classiques n’aiment pas du tout ce genre de discours, mais pourtant c’est ma vérité quotidienne depuis 30 ans.

 

Et l’’hypnose lors d’opérations ?

Quand j’ai découvert cette possibilité, cela m’a fasciné et ça me fascine encore. J’ai le souvenir de la première fois où je suis allé dans un bloc opératoire et qu’une patiente était opérée non anesthésiée de manière habituelle.  Cela  m’a impressionné et démontre qu’il existe de sacrées compétences dans la nature humaine pour faire face à des situations complexes. Mais ces compétences là ce n’est pas toujours facile de les utiliser seul, il faut être aidé.  C’est pour cela que les anesthésistes et le personnel se forment. Toute une technique relationnelle va être utilisée. Même l' hypnose n'est pas utilisée durant l’opération, une séance faite juste avant va permettre aux gens de s’endormir, et de rentrer en anesthésie générale de manière plus paisible, plus tranquille. Avec un réveil plus serein et plus confortable…

 

La profession n’est pas réglementée !

`C’est effectivement un gros souci car n’importe qui peut se proclamer hypnothérapeute. On a fait une étude qui a révélé que 90% des gens ne savent pas faire la différence entre un professionnel de santé et quelqu’un qui n’a pas de compétence autre que d’avoir fait une formation en hypnose. Les gens ont parfois des troubles simples, mais parfois cela  peut être beaucoup plus grave et si on n’a pas un volume de compétences suffisant, on n’a aucune chance. Soit les symptômes vont s’aggraver, soit les soins vont être retardés, soit ils vont conclure que l’hypnose n’est pas efficace.  Aujourd’hui c’est à tour de bras que les gens s’installent pour gagner leur vie avec l’hypnose.  La reconnaissance par l’OMS a été arrêtée à cause du Covid mais des processus sont en cours. On a mis en place un annuaire spécifique des professionnels de santé « L’hypnose santé « pour orienter les gens vers des professionnels qui ont des bagages vraiment solides…

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

 

 

lundi, 05 novembre 2018

Fous rires 2019

Toute l'actualité de l'année en près de 1000 blagues hilarantes

 Faire rire n'est pas à la portée de tout le monde, et c'est sûrement un don que beaucoup de gens aimeraient posséder. Là en l'occurrence dans ce livre, il est un fait que les auteurs, François Jouffa, homme de radio, ethnomusicologue, Frédéric Pouhier auteur de one-man-show, homme de radio, auteur de nombreux livres d'humour et Olivier Ranson dessinateur pour " Le Parisien/ Aujourd'hui en France" sont assez experts en la matière même si les blagues sont inégales et quelquefois un peu faciles. Mais il y en a de vraiment excellentes, d'autres plus attendrissantes, et c'est varié. Certaines sont longues, d'autres courtes, parfois frisant l'humour noir et nos hommes politiques en prennent souvent pour leur grade. On trouve aussi les plus belles perles de Johnny Hallyday, de Donal Trump, des devinettes bien ficelées, des témoignages, des phrases de stars, des citations. L'on sourit beaucoup, même plus parfois, et en groupe vu l'émulation qui s'installe, on peut sûrement en arriver aux fous rires.

Il serait bon, en tout cas l'hiver approchant, de lire une ou deux pages chaque matin, histoire d'arriver l'humeur plus guillerette au travail, ou plus en forme quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve. C'est une sorte de yoga du rire que tout le monde devrait pratiquer pour amoindrir l'agressivité, le stress, le mal être, et les humeurs moroses.

En conclusion cap sur l'une des blagues de l'introduction : " Ca y est c'est décidé, je change de voiture et de femme. Ah bon? Pourquoi? Parce que l'une suce trop et l'autre pas assez. Ou encore : Pendant le Conseil des ministres, le président Macron glisse à l'oreille de son premier ministre : Est-ce que tu sais ce qu'est un fonctionnaire qui travaille une demi-journée par jour? " Non, lui répond Edouard Philippe. Un hyperactif!

La dernière : Un journaliste interroge Patrick Balkany : Monsieur Balkany, que pensez-vous des impôts? Je ne ferai aucune déclaration…

Agnès Figueras-Lenattier

09:15 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, fous rires, 2019

vendredi, 02 avril 2010

Joyeuses Pâques !

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Voilà que Météo France prévoit des orages pour le week-end de Pâques !

Cette année, la chasse aux oeufs en chocolat se fera donc bien au chaud, dans la maison.  Alors, pour faire venir le printemps, rien de tel qu'une petite recette exotique et rafraîchissante à réaliser en famille ou entre amis !

Rien que pour vous, la recette indienne du lassi à la rose, tirée de Drôles de Marchés ! (cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Pages de DROLEDEMARCHES-2.jpg


Retrouvez dans Drôles de Marchés de nombreuses recettes régionales ou exotiques qui vous accompagneront, saison après saison, tout au long de l'année. Et, pour le délice des yeux, de magnifiques illustrations colorées vous invitent au voyage...

Bon appétit !

mercredi, 31 mars 2010

Cadeaux, surprises et inédit chez ABC MELODY



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Pour fêter notre emménagement dans le 14ème arrondissement,
et à l'occasion de la prochaine sortie de Retour d'Islande, Drôles de Fêtes, et Eva de Stockholm,
nous vous couvrons de cadeaux !
Passez nous voir à la boutique

le mardi 6 avril 2010
de 12h à 14h
dans notre boutique
26, rue Liancourt
(métro Denfert-Rochereau)

tel : 01 44 78 92 43

Nous offrirons aux 6 premiers visiteurs un livre de nos collections :

Retour d'Islande (inédit) collection Retours

Eva de Stockholm (inédit)
Marie de Paris, Paolo de Rome collection Viens Voir Ma Ville

Drôles de Fêtes (inédit), Drôles de Marchés collection Drôles d'Escapades

Hello I'm Max from Sydney, Hello I'm Charlie from London,                                                                                                                         Hello I'm Lily from New York City, Hello I'm Fiona from Scotland collection Hello Kids

Alors venez vite !

Une petite surprise attend même les retardataires ! ^^

A mardi !