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vendredi, 31 mars 2023

Académie de poésie

Chers amis de la Poésie  Comme chaque premier jeudi du mois LES AMIS DE LA POÉSIE A MONTMARTRE vous invitent à 

La Crémaillère Place du Tertre

Le jeudi 6 Avril 2023 à 10 H 00 

pour partager un excellent moment de poésie et chansons, de souvenirs.

Nous espérons vous retrouver, Chers Amis.

Je vous accueillerai avec Brigitte de Morgan et Yves Tarantik

Bien-sûr il vous faut vous inscrire au plus tard le lundi 3 avril 2023 (très important) pour le déjeuner 

à la demande du restaurateur afin qu'il prévoie le nécessaire...

Inscrivez-vous par mail ou par SMS, par facebook également...

Venez nombreux et faites suivre aux amis

Thierry SAJAT 0688337524 

 

PS 1 – L’ACADÉMIE DE LA POÉSIE FRANçAISE vous invite au STANDARD (Ex François Coppée) le MERCREDI 12 AVRIL  2023 à 15 H. Nous recevrons Jeanne OZBOLT...  Sur notre Site de l'Académie de la Poésie Française, Mireille Héros présente notre invitée : Victor Hugo par Jeanne Ozbolt le mercredi 12 avril 2023 au Standard

Un mythe Victor Hugo ? Oui, par la dimension colossale de son œuvre littéraire et graphique et par sa vie, mêlée aux soubresauts violents du XIXe siècle, du Premier Empire à la IIIe République, Victor Hugo est un véritable mythe. Symbole puissant, l’hommage à Samuel Patty a été rendu au pied de la statue de l’écrivain dans la cour de la Sorbonne.

Au cours de la conférence organisée par l’Académie de la poésie française le mercredi 12 avril 2023, , Jeanne Ozbolt présentera son livre sur ce monument de la littérature française qu’elle découvre à l’âge de 8 ans.

Elle intègre les bibliothèques de la Ville de Paris et participe à la préparation d'une exposition sur le romantisme fantastique, où elle traite Victor Hugo. Elle occupe ensuite le poste de conservatrice du Service des publications en série à la Bibliothèque de l'Hôtel de Ville de Paris.

En 2008, elle effectue des recherches historiques et topographiques, qui contribuent à l'exposition Paris au temps des Misérables de Victor Hugo, au Musée Carnavalet. En 2021, elle publie « Victor Hugo » aux éditions Ellipses.

 

PS 2 – L’ACADÉMIE DE LA POÉSIE FRANçAISE vous invite à La Bonne Franquette le samedi 15 avril pour fêter l'anniversaire (plus de 70 ans) de notre revue l'Albatros.... 

Programme de la Journée : Historique de l'Albatros  / Hommage à Marie-Thérèse Arnoult / Remise du Prix Roland Jourdan / Spectacle de poésie avec Danielle Carton et Jean-Philippe Azéma, avec une première partie chantée avec les Amoureux du Sacré-Coeur.

Inscrivez-vous  pour cette rencontre !

 

dimanche, 26 mars 2023

Sylvie Monpoint dermatologue

 

Sylvie MONPOINT portrait.jpgSylvie Monpoint est dermatologue, auteur et conférencière. Elle est également présidente d’une association humanitaire destinée à la scolarisation d’enfants pauvres au Cambodge. Dans ses deux livres «  La peau dévoilée » et «  La peau de sagesse », elle traite d’un sujet peu connu, la spiritualité de la peau…

 

 

Vous dites qu’actuellement en tant que dermatologue vous n’avez plus le temps de rentrer dans la psyché humaine !

Oui autrefois la démographie était plus favorable et les médecins étaient plus nombreux. Si on voulait faire de la médecine holistique, c’était plus facile même si cette approche plus globale de la médecine était moins en vogue que maintenant. Si vous voulez accueillir les patients dans un délai raisonnable, vous avez 10 mn, un quart d’heure devant vous pour réduire les problèmes de cancérologie, de psoriasis… Vous devez vous entourer d’autres personnes, comme des psychologues pour que le patient ne se retrouve dans une approche purement technique.  Cela dit, même si je m’intéresse au psychisme humain, ce domaine dans la dermatologie a été longuement étudié et l’on sait que la peau n’est que le reflet du dedans. Et que lorsque l’on est habité par une souffrance psychologique, ou une maladie intérieure comme les maladies de foie ou de rein, , des signes apparaissent sur la peau. Celle-ci  nous donne donc des éléments sur le plan organique et psychique.  Mais mes recherches sont  autres et reposent sur la dimension spirituelle de la peau.

 

 

Vous avez d’ailleurs écrit à ce propos deux livres le premier « La peau dévoilée » et le deuxième « La peau de sagesse ».

Oui j’ai voulu montrer comment l’homme a utilisé sa peau pour fournir d’autres dimensions, comme sa dimension spirituelle, sa quête de sens. Qu’est-ce que la vie, qu’est-ce la mort. Et je me suis penchée sur tous les moyens auxquels l’homme a eu recours dans ce but. Et il y en a plusieurs notamment la peau qui sert de messagère. Avec sa peau, l’individu va inscrire des messages à l’attention des Dieux qui vivent autour de lui. Comme les tatouages, les peintures corporelles, la circoncision … La deuxième fonction de la peau se traduit en utilisant la peau comme un autel de rites pour s’attirer la bienveillance des Dieux avec tous les rites de purification. Un troisième élément très intéressant repose sur la dimension symbolique de la peau. Dans les contes, les mythes, elle vient là comme un symbole d’interface d’un milieu extérieur et intérieur. Aussi va t-elle permettre la communication plus intime de l’individu avec ses questionnements essentiels.  Cette dimension symbolique va lui permettre de construire un chemin de sagesse par le biais de  sa peau qui est là comme une coque apparente qui l’isole du monde et qui va lui donner les moyens de se transformer et d’aller vers sa quête intérieure.

 

 

Par exemple dans les mythes, il existe un lien profond entre peau et naissance ou peau et renaissance !

Déjà à la naissance, dans la manière anatomique et organique, le toucher est le premier organe à se développer. Dès la 7ème semaine de vie, il est présent sans que l’embryon ne voit ni  n’entende. La peau est essentielle dans la construction de l’individu. En plus, elle est liée au cerveau et tous deux sont les deux seuls organes qui dérivent de l’ectoderme. Donc, ce qu’il y a de plus externe et de plus interne découle du même feuillet embryonnaire. Et cette place essentielle de la peau dans la construction de l’individu se retrouve également au niveau symbolique. Cette naissance et renaissance par le biais de la peau a été décrite dans beaucoup de traditions notamment en Egypte ou l’on avait coutume de mettre le mort dans une espèce de peau animale afin qu’il accède à une vie nouvelle.  Cela se pratique également dans les initiations tribales ou lorsqu’un enfant passe de l’âge d’enfant à l’adolescence. On va le séparer de sa mère, le dénuder, et le coucher sur une peau animale.

 

 

Vous parlez du toucher très important dans la vie intra-utérine. Comment le stimuler ? Par des caresses du ventre ?

Déjà par la sensation. Chaque mouvement de la mère fait naître une sensation tactile chez l’enfant. On peut aussi effectivement développer ce côté-là en faisant des caresses, en interpellant l’enfant quelque part par le toucher.  Cela va être déterminant pour que l’enfant intègre l’idée qu’il existe un dedans et un dehors, ce qui va être primordial pour sa propre détermination et sa relation aux autres et au monde.

 

 

Comme peau et cerveau sont liés, le fait de stimuler le toucher va-t-il aider à un meilleur développement du cerveau ?

Disons qu’il existe des sensations connexions immédiates entre la peau et le cerveau. C’est d’ailleurs peut-être pour cette raison que Paul Valéry disait que la peau est ce qu’il y a de plus profond en l’homme ».  Toutes les sensations favorables vont produire une sensation de bien-être avec des sécrétions neuro médiatrices dans le cerveau très favorables au développement de l’enfant. Les sensations spirituelles les plus éclairées sont exprimées par le sens du toucher. Par exemple, on dît être touché par la grâce », touché par l’amour ». C’est un sens que l’on ne met pas assez en avant, on n’ose pas, et pourtant c’est par là que s’exprime  le côté le plus subtil des sensations humaines.

 

Dans les mythes on parle de peau retournée !

Oui, on est dans quelque chose de très symbolique. Par exemple, dans les contes la peau du personnage traduit non pas un état physique mais un état intérieur. Ainsi lorsque l’histoire commence avec un vieillard atteint de nombreuses maladies de peau, il va y avoir à un moment donné, un processus où sa peau va lui être retirée ou retournée pour qu’elle devienne une peau pure, merveilleuse, blanche, sans aucune aspérité. Et qui témoigne de la pureté intérieure de l’âme. On retombe dans cette notion de mort du vieil homme qui va aboutir à une renaissance et à un nouvel état. Et le mythe des arracheurs de peau ? Oui cela rejoint un peu la peau retournée. Mais c’est plus compliqué car dans ce mythe là, car dans l’action d’arracher, se trouve une notion de renouvellement, de flux intérieur. On trouve un certain nombre de rites et de mythes dans lesquels le personnage va raviver son état de spiritualité au sein de son état intérieur, par une peau retirée. Si cette peau est perdue, alors l’être humain ne pourra plus être dans cet état divin, deviendra mortel et mourra.  C’est vraiment un symbole de vie, de mort, de renaissance très utilisée.


Vous dites que le tatouage est une pratique très ancienne !

Oui, il a évolué dans son histoire, et n’a plus le sens qu’il avait autrefois. Pour les premiers hommes, c’était véritablement un message à faire passer aux dieux. Les hommes vivaient entourés dans un monde très hostile de la nature, entourés d’esprits eux-mêmes partout, dans le vent, les feuillages…. On retrouve cela dans le chamanisme. Rien n’était séparé.  Les forces spirituelles sont partout y compris sur la peau de l’homme. C’est pour ça que les chasseurs la récupéraient, elle était chargée  des forces de l’animal. 

Les hommes mettaient sur leur tombe des messages qui bien sûr avaient des significations destinées à se repérer  dans le groupe humain. Des significations sociétales. C’était pour parler aux ancêtres, aux esprits de la nature et les attirer dans le bon sens. Les premiers tatouages sont purement spirituels. Particulièrement ces dix dernières années, le tatouage a considérablement évolué. Il y a 35 ans, il était rejeté socialement, et  y avoir recours témoignait d’un caractère un peu rebelle avec une appartenance à un groupe, une opposition. Aujourd’hui il est au contraire très bien accueilli. Je suis allée au salon du tatouage à Montpellier, et j’ai vu des mamans amener leurs enfants et se faire tatouer en famille.  Le tatouage est maintenant devenu un carnet de notes psychologique, on inscrit sur sa peau des éléments de sa vie, sa rencontre avec quelqu’un, la maladie d’un membre de sa famille, des événements psychologiques nous ayant marqué.  Ce n’est plus que très rarement un tatouage spirituel du moins dans nos régions occidentales. On retrouve encore des tatouages assez spirituels dans les pays d’Asie.

 

La scarification ?
C’est exactement la même chose mais avec une forme beaucoup plus puissante. Elle va faire couler le sang  et va laisser un message véritablement indélébile et qui en plus est souffrant. Cela  témoignait également du courage de celui qui acceptait cette pratique et ça entérinait son alliance aux dieux encore plus forte que le tatouage, lui-même plus fort que les peintures corporelles. La scarification entraîne des choses plus profondes avec une véritable remise en question  de son image. Ca relève souvent d’une souffrance psychologique avec prise en charge par des psychiatres. Il existe bien souvent d’autres manifestations notamment anxio dépressives, et rebelles à l’intégration en société.

 

 

Il y a des couleurs de peau en fonction des dieux !

Oui, une autre façon dont l’homme a fait vivre sa spiritualité au travers de la peau c’est en représentant les dieux avec des peaux de différentes couleurs, selon l’aspect du Dieu que l’homme va faire vivre. Si on représente Osiris avec une peau verte, c’est pour montrer l’aspect fécondation de création du monde. Si on représente un Dieu avec une peau rouge, on va penser plutôt à la force d’amour, à la puissance du Dieu. Si on le représente avec une peau blanche, on va parler de lumière.  En Inde, vous avez des dieux de toutes les couleurs, des Bodhisattva avec peaux blanches, rouges, bleues. Même des représentations de vierges, notamment des vierges à la peau blanche, car  le blanc est un symbole de lumière et de pureté.

 

 

Les maladies de peau découlaient de l’action des Dieux !

Tout à fait. Dans les interprétations de la génétique, ont eu lieu des approches scientifiques chez les Grecs, et aussi des approches religieuses notamment dans nos contrées. Jusqu’au Moyen Age, on a interprété la maladie comme étant un message des dieux. Dans ces temps très anciens c’était les dieux qui jouaient un peu avec les humains ; puis un peu plus tard, ce fut considéré comme une mise à l’épreuve de l’homme. Je pense notamment au texte de Job dans la genèse où il va avoir une maladie de peau pour tester sa foi en Dieu. Puis, ce sera carrément une punition, suite à un mauvais comportement, si les maladies souvent contagieuses apparaissent sur la peau et constituent une menace pour les autres..

 

Ce sont d’ailleurs les rois, les prêtres, les moines qui soignaient ces maladies de peau !

Oui parce qu’ils étaient considérés comme des médiateurs entre le ciel et la terre et  porteurs de l’influx divin. De même que les dieux procuraient la maladie c’était ces médiateurs qui pouvaient les soigner. Ils pouvaient par le toucher faire le lien entre le patient et la divinité et donc quelque part conduire à la guérison de l’individu. Ce qui est incroyable c’est que le toucher guérisseur a duré très tard jusqu’au XIXè siècle.  Mais même si le phénomène  a disparu, même si les religions ont perdu de leur importance,, les gens jettent encore des pièces de monnaie dans les fontaines ou boivent certaines eaux, touchent l’arbre sacré. Il existe encore des croyances, des besoins chez l’humain de s’accrocher à quelque chose, pour mettre son espérance quelque part.  Ces gestes témoignent de notre soif de réponses à des questions dont la science moderne ne se préoccupe pas.

 

Et la circoncision ?

Qui est toujours pratiquée et dont il est intéressant d’observer l’approche symbolique. La peau est un voile qu’il va falloir transformer, retourner pour pouvoir accéder à notre intériorité, à notre flamme intérieure et de la même façon, elle représente l’alliance  du peuple juif à son dieu. Ill existe cette dimension symbolique du voile qu’on pourrait approfondir de manière très puissante avec Annick de Soustelle. Quelque chose à retirer pour accéder à la meilleure part de nous-même.  La circoncision est positive, c’est la manière dont on la fait vivre qui peut être extrêmement délétère. Chez les femmes en revanche, c’est seulement pour empêcher les femmes de jouir et cela n’a rien de symbolique.

 

Il y a aussi les ablutions, la purification par l’eau !

 C’est une chose dont on peut faire l’expérience très simplement. Quand on sort du bain ou de chez le coiffeur, on a le sentiment d’être pur, sain. La peau sur laquelle l’eau va passer va décharger à l’intérieur un certain message de bien-être. Il y a la dimension symbolique, c’est-à-dire que si vous voulez vous présenter à votre Dieu, d’abord vous devez vous présenter propre et ensuite pur. Quand vous lavez la peau à l’extérieur par toutes les techniques de purification de l’eau, vous vous mettez dans l’état d’esprit d’essayer de purifier votre être. On retrouve la dimension symbolique de la crucifixion ?

 

La différence par rapport aux huiles ?
C’est un peu différent parce qu’on ne va pas vous faire prendre un bain d’huile. On va juste poser une couche d’huile sur votre peau. L’huile est beaucoup moins fluide que l’eau. L’eau va passer alors que l’huile va marquer son empreinte sur la peau. L’huile que l’on va déposer sur la peau est une huile chargée, donc sacrée. Et qui donc comme la main du prêtre porte l’influx divin. C’est donc cet influx qui va s’imprégner en glissant sur votre peau pour imprégner son message au-dedans.

 

Le vêtement ?

C’est une deuxième peau quelque part et on va le faire vivre un peu de la même manière que la peau. Soit on va inscrire sur le vêtement notre message spirituel, en utilisant par exemple des habits blancs, des habits religieux pour monter le caractère sacré du personnage qui est un médiateur entre le ciel et la terre. Vous avez des manifestations de dévoilement qui sont une manifestation à haute portée spirituelle. Je pense à Saint-François d’Assise un riche bourgeois fils d’un marchand d’étoffe qui lorsqu’il s’opposa à son père et qu’il décida de partir dans une voie religieuse se dénuda en place publique. Le fait de se dénuder signifiait qu’il voulait épouser la pauvreté telle que l’avait prônée le christ.  Donc le vêtement peut tantôt par sa présence, tantôt par son absence témoigner de la spiritualité d’un individu. Le vêtement porté par exemple par le médiateur entre le ciel et la terre  a une couleur qui fait sens, qui n’est d’ailleurs pas la même dans tous les pays. Les bonzes vont être habillés en couleur de lumière ;  chez nous ça va être plutôt le blanc ou le noir. Ce que je veux dire c’est qu’il existe une dimension symbolique du vêtement pour dire une religion.

 

Mais vous dites aussi que l’habit n’a pas tellement d’importance quand on s’adresse directement aux Dieux !

L’habit est une affaire d’hommes et non une affaire divine. C’est une essence et ce qui s’en rapproche le plus c’est le cœur, la peau.  Le vêtement est trop humain, il est potentiellement porteur du désir de l’humain de se rapprocher de son dieu. Les dieux sont représentés soit par une forme anthropomorphique, soit par un symbole. Pas par un habit.



Les grains de beauté étaient une possibilité de faire de la divination ?

Oui, déjà les grains de beauté étaient chargés de sens. Dès qu’il y avait anomalie ce n’était pas par hasard, ça voulait dire quelque chose. Actuellement, on l’attribue à des raisons génétiques, concrètes, médicales  mais pour les traditions anciennes le grain de beauté était chargé de sens sur l’individu. Pendant de nombreuses années on l'a utilisé comme on se servait des étoiles dans le ciel pour faire de la divination. Sauf que pour les étoiles c’était pour dire le destin des peuples alors que les grains de beauté c’était pour dire la propre destinée de l’individu. Je pense qu’à l’heure actuelle c’est en voie d’extinction. Toutes les anomalies de la peau servaient à interpréter. Si vous aviez un angiome, une tache rouge au Moyen Age en période d’inquisition et qu’en plus vous étiez une femme vous étiez forcément une sorcière. C’est vraiment la peau, l’interface entre l’homme et les dieux. Ce qui était déposé sur la peau, c’était un message divin positif ou négatif pour dire quelque chose à cette personne.. Tout cela se lit dans le développement de l’histoire de l’humanité avec une évolution de la pensée humaine…

 

 

Et les lamas ?
Ce qui est extraordinaire c’est qu’ils arrivent effectivement à dépasser le système anatomique et physiologique normal. Ce n’est pas par simple volonté, en se disant l’eau est froide, je vais m’y plonger et me mettre dans la tête qu’elle n’est pas froide. C’est bien plus puissant et ils arrivent à modifier leur paramètre intérieur. Ainsi quand ils se mettent à coucher dans la neige ou à se plonger dans une eau glacée ; ce n’est pas leur cerveau qui dépasse l’épreuve.  Mais la maîtrise de leur corps qui implique que la température intérieure ne baisse pas comme elle devrait par rapport à l’expérience qu’ils vivent. C’est très puissant et cela demande une ascèse et un entraînement de très longue haleine….

 

A l’heure actuelle, le regard sur la peau a totalement changé !

Oui ceci à partir du moment où la peau ne sert plus à communiquer avec le divin, ou avec la profondeur de l’individu. Actuellement, la peau est destinée à son propre regard et à celui d’autrui.  Elle doit être à l’image que les gens veulent donner d’eux-mêmes. Donc une peau parfaite suivant les critères de notre époque qui ne doit surtout pas montrer ce dont  on a le plus peur le vieillissement, donc la ride et l’annonce de la mort. Celle-ci fait très peur, elle est partout cachée et doit disparaître de la peau. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, ce qui est incroyable, nous avons des jeunes femmes de 25 ans qui font des traitements anti-rides.  Je le dis dans mon livre, la peau est devenue une idole car elle n’est plus là pour se diriger vers quelque chose mais pour dissimuler. Elle est devenue un écran…

 

 

Toutes ces crèmes ont-elles une véritable influence sur la peau?

Non, non. La seule crème vraiment efficace c’est l’écran total. Et si vous supprimez le soleil, vous aurez à 60 ans une peau en bien meilleure santé. Le Botox ? Je ne suis pas très branchée esthétique car pour moi le visage d’expression que nous avons est un peu notre carnet de route. Il vaut mieux ajuster son visage avec le sens qu’il livre aux autres plutôt que de vouloir masquer ce qu’il raconte. Je dis souvent à mes patients ayez plutôt recours aux livres de philosophie. Ceci étant, si une personne ne s’accepte pas avec une ride au nez et que tous les matins devant son miroir c’est un drame de se voir ainsi, bien évidemment il faut agir et le botox est une technique comme une autre. En l’accompagnant et en lui disant que cela ne règlera pas ses problèmes personnels et l’avertir qu’il faudra en refaire. Qu’elle peut le faire pour l’instant le temps de faire un travail en parallèle. Elle doit arriver à accepter ce que cette ride lui dit et pourquoi elle le refuse. Si elle arrive à faire ce travail, cela lui rendra sûrement plus service que de dépenser je ne sais combien d’euros…

 

Le Covid a t-il eu une influence sur la peau ?
Oui, une influence majeure sur la peau puisqu’il nous a empêché pendant des mois de nous toucher. Et cela a été très conséquent. Car à partir du moment où les gens ne se sont plus serré la main, ni embrassé, ni n’ont  plus aller voir leurs aînés, ils se sont renfermés sur eux-mêmes. Et il a été difficile même après pendant un ou deux ans de les faire revenir  dans des réunions. A l’heure actuelle, les patients ne vous serrent plus la main, une espèce de distance  s’est faite entre les êtres. Il y a eu bien sûr quelques troubles, quelques éruptions cutanées mais c’est assez anecdotique. Mais surtout, il nous a privés du toucher et a développé une certaine agressivité. Il a été déterminant par rapport à la peau. Des peaux qui se rapprochent, c’est très important pour créer des relations...

Agnes Figueras-Lenattier

 

 

 

 

 

13:20 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 24 mars 2023

Les colporteurs Coeurs sauvages

Colporteurs Coeurs Sauvages  (c) SÇbastien Armengol (1).jpgColporteurs Coeurs Sauvages  (c) SÇbastien Armengol (3).jpgUNE ODE AU MONDE ANIMAL ET AUX DÉFIS DE L’EXISTENCE

Depuis le début de son évolution, l’être humain s’écarte petit à petit du vivant. Les animaux, au contraire, utilisent toujours leurs sens avec acuité afin de mieux appréhender le monde. Le besoin de reconnexion devient essentiel. En entrelaçant acrobaties et musique au creux d’un maillage suspendu de fils, de mâts, de cordes et de tissus d’où s’échappent des lignes de circulations, Cœurs Sauvages se présente comme une véritable ode au vivant. Sens aiguisés, du sol à la coupole du chapiteau, les corps partent à la rencontre de leur nature animale, de leurs ressentis instinctifs et sauvages. Une glissade de pieds dansant sur le fil, le frottement d’une main sur le mât ou la réception d’un saut génèrent des vibrations sonores ; celles-ci, reprises par des capteurs, s’articulent avec la composition musicale.

Cherchant à affûter leur qualité d’écoute des autres et de leur environnement, circassiens et musiciens portent leur attention à la perception des vibrations où s’entremêlent les émotions, afin de mieux faire corps avec le Vivant. En meute, solitaires ou en couple, les protagonistes explorent ce qui fonde la survie: la continuité et la préservation de l’espèce, la quête de nourriture des corps et des esprits et la solidarité face aux défis de l’existence

Avec une scénographie remplie de fils, le spectateur rentre dans un chapiteau sous tension. Les différents itinéraires proliférants viennent faire vibrer l’espace. La piste devient une caisse de résonnance renvoyant en boucle dans un mouvement infini l’écho de nos émotions. Les yeux fixés vers le ciel, Cœurs Sauvages donne à voir une véritable constellation vitalisée par les performances des circassiens.

Au parc de la Vilette  les Mer ven 20h, Sam 19h
Dim 16h
Relâche les lundis et mardis

jeudi, 23 mars 2023

Rendez-vous théâtre : Una Roberta a Parigi

Una Roberta a Parigi-show-2.JPGPhoto : Federico Anselmi

Roberta Cecchin mise en scène par Christophe Averlan raconte en ce moment sur la scène du théâtre le Bout son expérience d'italienne arrivée en France en 2014 sans parler français. Amoureuse de son pays natal et en même temps de la France notamment de Paris, elle a fait bien des progrès en français depuis puis qu'elle a écrit son spectacle entièrement dans cette langue... " L'Italie et la France sont deux pays très proches explique t-elle mais qui se connaissent mal". La voilà donc en train de réparer la situation en évoquant ses aventures à Paris d'une part, et les coutumes italiennes d'autre part. Avec un accent charmant et un physique agréable à regarder, elle délivre de savoureuses anecdotes, évoque les italiennes, la drague, le bidet si cher aux italiens, les pâtes carbonara. Elle ne manque pas d'y glisser de l'humour, quelques jeux de mots, et un peu d'ironie... C'est du vécu, ce qui est encore plus appréciable... Il est même possible après le spectacle de déguster un apéritif italien...

Maintenant qu'elle a écrit un spectacle en français en France, elle est en train  d'écrire un spectacle en italien qu'elle aimerait jouer sur  ses terres natales. Avec on l'espère de vrais éloges sur les Français et leur célèbre steak frites!... 

A Paris le 22/4 le 13/5 le 11/6 

le 21/4 à Antony, le 26/4 à Bourg Le Valence et le 28/4 à Lyone

Réservations Théâtre Le Bout 6 rue Frochot Paris

Métro Pigalle

01 42 85 11 88

Agnès Figueras-Lenattier

 

17:50 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 22 mars 2023

Coffret Mike de Léon 8 films

8 films philippins8 films philippinsQuel cinéaste ce Mike de Léon nouveau venu au sein du cinéma philippin!... Ses films sont puissants et délivrent de forts messages que ce soit sur le plan politique, familial ou sentimental. Avec une dénonciation de la dictature de Marcos lors de "Kisakpamata"»  Deuxième photo... ) par le biais de l'autoritarisme d’un père d’une grande cruauté avec sa fille.

Comment par exemple ne pas s’émerveiller devant «  Citizen Jake »  ( première photo... ) qui raconte l’histoire d’un journaliste qui se rebelle violemment contre son père corrompu jusqu’à la moelle.  Ou de s’attendrir sans sensiblerie pour autant avec « C’était un rêve », une belle histoire pure entre un jeune couple qui se raconte ses tourments et se voue une passion pleine de romantisme mais un peu triste. Les costumes notamment sont très agréables à regarder et les couleurs bien choisies. Une coccinelle rouge donne de l'éclat au film… Belle histoire aussi avec Melody et Noël dans " Le paradis ne se partage pas". Ils incarnent bien la phrase " Qui aime bien châtie bien", ne cessant de se haïr et finissant par s’aimer d’une folle passion. « 

Batch 81 » a la réputation d’être un des meilleurs films de ce réalisateur mais il est vraiment bien difficile à supporter tellement les scènes pleines de sadisme entourent le film… Mais néanmoins, elles sont belles de par leur authenticité...

Tout est bon, pas de longueur avec une bonne maîtrise de la caméra et des acteurs très performants et vrais… A ne pas rater si l’on aime le cinéma profond et aux messages représentatifs d'une vie pas toujours rose...

Agnès Figueras-Lenattier

10:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 8 films philippins

dimanche, 19 mars 2023

Nora Kann

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Nora Kamm est une saxophoniste allemande. Elle est devenue professionnelle depuis son installation en France à l'âge de 24 ans. Elle a sorti un album récemment " One", le troisième depuis ses débuts, et le premier à son nom. Sur scène, elle a une pêche incroyable et l'on peut aisément deviner qu'elle fait beaucoup de sport. Elle a fait récemment un concert au New Morning, accompagnée d'un très nombreux public... Confidences :

 

 

 

Avez-vous  tout de suite commencé par le saxophone ?

J’ai commencé par la flûte à bec à 6 ans, à 10 ans la flûte traversière et le saxophone à 17 ans. La flûte m’a tout de suite attirée mais je ne me souviens plus exactement dans quelles circonstances.  Mes parents sont musiciens mais non professionnels. Ma mère faisait du piano, du violon, mon père de l’accordéon et de la guitare. C’étaient des mélomanes mais davantage attirés par la musique classique que par le jazz. Personnellement, j’avais envie d’aller vers quelque chose de plus moderne et le saxophone m’a ouvert les portes vers ce chemin là.  A 17 ans, je me suis donc mise au saxophone alto d’abord puis soprano. Mais avant mes 17 ans, j’étais dans un concert symphonique amateur mais qui jouait à haut niveau.  Je suivais aussi d’autres artistes et ça m’inspirait professionnellement.

 

Vous avez fait des études alors !

Oui, des études d’histoire contemporaine tout en continuant à jouer. J’allais beaucoup au jam cessions, je jouais avec des amis mais ne pensais pas du tout en faire ma profession.  C’est mon arrivée à Lyon qui a précipité les choses et qui a fait que la musique a pris le dessus. Je me suis inscrite au conservatoire et j’ai tout de suite fait des rencontres. Mais là encore ce n’était pas dans l’optique d’en vivre. Cela s’est fait naturellement et à 24 ans, il fallait que je commence à gagner ma vie mais je tenais à terminer mon Masters 2. J’ai donc démarré dans la musique avec de nombreux événementiels au début. Ensuite, j’ai monté mon projet, je jouais beaucoup avec un trio jazz moderne, et j’ai senti qu’artistiquement, je pouvais m’exprimer ainsi. Et je n’ai jamais voulu rien faire d’autre après.

 

Ce fut tout de suite le jazz ?

Avec mon trio, on n’avait pas de basse, et notre pianiste était également attiré par le classique et aimait beaucoup Debussy. Et ça s’entendait quelque peu. Nous avons sorti deux CD et le premier a très bien marché avec des distinctions comme la révélation Jazz Magazine et dans le cadre du Festival Saint-Germain le prix 2014 soliste Semler.  On a décidé d’arrêter, car pour le deuxième album on était déjà éloigné les uns des autres. On aurait pu malgré tout continuer, mais je pense que musicalement je cherchais autre chose. Je voulais me concentrer à fond sur ce que je souhaitais faire avec ce nouvel album et mon hommage à la musique africaine. Si on écoute les deux albums précédents, aucune comparaison n’est possible.

 

Vous connaissez bien l’Afrique !

J’ai été deux fois en Afrique du Nord, en Algérie, mais j’ai surtout été en Côte d’Ivoire et ça m’a vraiment donné envie d’explorer cet univers. J’avais travaillé avec pas mal de musiciens africains, déjà avant avec notamment les musiques folkloriques imprégnées d’une certaine culture d’un pays et ça m’a toujours fascinée.

 

Vous aimez particulièrement la batterie car dans ce nouvel album, il y a non seulement une batterie mais aussi des percussions !

Oui, les percussions c’est un peu mois courant. Il s’en dégage un tempo rythmique que je trouve magnifique et j’aime aussi l’énergie que ça apporte.

 

Qu’attendez-vous d’un saxophone ? Pourquoi celui-là et pas un autre ?

J’ai pris modèle sur les saxophonistes que j’aimais beaucoup notamment  un seul ténor  au départ, puis ensuite des altistes. J’ai trouvé ça beau, et j’ai pris la même direction. Après, j’ai beaucoup écouté du ténor avec notamment Coltrane. D’ailleurs on me dit p,arfois que dans mon alto, j’ai un son de ténor.  Cela s’entend peut-être un peu moins maintenant car j’écoute beaucoup d’altistes. C’est infini en fait. Le soprano c’est vraiment particulier comme sonorité, je l’ai découvert plus avec la musique de l’Est, la musique folklorique des Balkans et c’est encore un autre univers. Je l’utilise vraiment ponctuellement dans certaines morceaux.. Quant au ténor ça m’arrive juste quand on me le demande. Je n’en ai pas à la maison. J’ai un soprano et un alto.

 

Toutes les musiques du dernier album sont des compositions !

Oui et c’est la raison pour laquelle, le processus a été un peu long car j’avais au moins trente morceaux et j’en ai choisi 10 pour sortir ceux qui me correspondaient le plus. Je souhaitais aussi que chaque morceau soit différent dans la rythmique, dans l’approche. J’aimerais d’ailleurs m’y remettre car je me ressource dans la création mais avec la sortie de l’album je n’avais vraiment pas le temps. Sinon, je n’ai pas vraiment d’heure pour composer. Si je suis sur quelque chose je peux m’y consacrer trois jours de suite et après faire une pause.

 

Vous êtes aussi chanteuse !

Oui. J’ai toujours chanté et pour la sortie du CD, je me suis beaucoup plus entraînée et je continue à le faire. Pour moi, le saxophone c’est proche de la voix aussi, donc j’essaye quand je joue d’avoir toujours cette idée en tête. On parle souvent de gammes, je n’en fais pas beaucoup. J’aime bien juste faire une jolie mélodie, faire de jolies phrases qui résonnent, c’est mon approche.  J’ai imité des chanteurs , et aussi exactement ce que chantaient les chanteurs maliens. Pour moi, c’est fascinant de le faire sur un saxophone.

 

Pour vous les qualités spécifiques d’un ou d’une saxophoniste ?

Il faut être physiquement en forme et comme j’ai toujours fait beaucoup de sport, je n’ai jamais eu de problèmes à ce niveau là. Cela dit, on voit aussi des saxophonistes avec un gros ventre. Ce n’est pas non plus un obstacle mais en tout cas, j’aime bien m’entretenir. Après la question du souffle c’est assez technique, et il faut être en meilleure forme quand on joue de la trompette ou du saxo, que quand on joue un instrument à corde comme la guitare. C’est physique. Il est important de toujours faire attention à s’exprimer à travers son instrument, être honnête avec ce principe et ne pas tomber dans le piège de vouloir être la meilleure, de jouer rapide. Etre toujours musical. Après, tout dépend de ce que l’on a envie de faire. Il y a des gens qui pensent autrement, il existe de l’audience pour tout. Il faut chercher la beauté dans le jeu.

 

Vous êtes le leader du groupe. Comment faites-vous pour l’être sans vous sentir supérieure ?

C’est vrai que ce n’est pas évident de jouer ce rôle malgré tout nécessaire, car sinon le groupe ne fonctionne pas. Mais en même temps, il faut que chacun ait aussi sa liberté, et que personne ne se sente diminué.  Je pense que c’est juste une façon de communiquer sur le projet et j’ai aussi beaucoup de choses à apprendre. Ensuite c’est également une énergie, et une question de motivation. Je pense que les musiciens qui m’accompagnent ont envie de le faire, et j’avais aussi envie de leur demander . Ils sont donc aptes à s’adapter et accepter que quelqu’un les guide. Je peux être leader aujourd’hui et un autre jour un des musiciens avec son projet. Parfois, il faut aussi s’imposer sur certains sujets. J’ai beaucoup moins de mal dans la musique parce qu’il règne une certaine clarté entre les musiciens et moi. On sait de quoi on parle. Mais c’est beaucoup plus dur dans le métier comme tout ce qui concerne les médias, l’entourage professionnel. En effet, je suis très exigeante et parfois j’ai des difficultés à saisir les codes même en France. Où puis-je pousser, ou dois-je laisser plus de temps ? Je veux toujours aller très vite mais ça s’apprend petit à petit.


Peut-être  le fait d’être une femme !

Oui. Mais comme je disais dans la musique ça va. Je joue beaucoup avec des hommes et je ne sens pas une problématique par rapport à ça. C’est peut-être aussi parce que je choisis des musiciens qui pensent musique et non pas que je suis une femme. Dans les médias, ou dans les festivals les programmateurs, la plupart ce sont des hommes plus âgés que moi et il règne un déséquilibre. Je vais forcément me conduire en tant que femme, je me suis rendue compte de ça. Ainsi pour le concert que j’ai fait récemment au New Morning, parmi les gens que j’ai invités il y avait juste un homme, un guitariste, et trois femmes. Deux chanteuses et une joueuse de cora. J’ai envie de mettre en avant des femmes, et de les soutenir. C’est la même chose pour les hommes qui ont tendance aussi à choisir des hommes.  Il faut que beaucoup de choses changent, en tout cas je vais me battre dans ce sens…

 

 

Y a-t-il beaucoup de femmes saxophonistes ?

Il y en a mais peu qui percent. C’est aussi je pense à cause de ce déséquilibre dont j’ai parlé, et l’on ne donne pas assez leur chance aux femmes. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais j’ai eu des retours parfois incroyables. On ne nous prend pas suffisamment au sérieux au départ. On a toujours en tête le fait qu’il faille qu’une femme soit belle. Il me semble que les chanteuses sont mieux acceptées. Pour les femmes qui jouent d’un instrument, il existe l’image d’une technique qu’il faut maîtriser, faut être fort, et quelque peu s’adapter à l’esprit de compétition qui règne entre les musiciens, quelque chose de pas très féminin. Mais il y a aussi des femmes moi incluse, qui sont un peu compétitives. Doit-on devenir ainsi ou doit-on s’imposer plutôt avec son charme tout en étant quand même sûre de ce que l’on veut et s’imposer? Je pense que petit à petit on se fait respecter mais ç’est long.

 

Faites-vous parfois des solos ?

Oui, ça m’arrive. Pendant le concert, j’étais seule avec la chanteuse noire et ce morceau là me donne envie d’aller dans cette direction. Mais ce n’est pas une solution, ça peut être un projet et cela nous arrive nous les saxophonistes. C’est vraiment la mode. Mais j’aime beaucoup le partage avec les musiciens et je pense que ce serait dur pour moi d’être seule. Mais qui sait ? Je ne dis jamais non.

 

 

Vous faites du sport régulièrement !

Oui plusieurs fois par semaine. Il y a des périodes ou j’en fais tous les jours, d’autres ou j’en fais tous les 2,3 jours et plusieurs sports. Je fais de la boxe depuis 3 ans. Ce qui me plaît c’est le combat, justement le côté compétition. Et puis le fait qu’il y ait surtout des boxeurs hommes, je retrouve la même ambiance que dans la musique. C’est très physique, ça défoule. C’est très complet, tout le corps travaille et on travaille aussi l’endurance. Au départ, je prenais beaucoup de coups mais maintenant je sais mieux esquiver comme dans la vie… J’aime aussi en donner mais sans faire mal. Je trouve un côté totalement différent dans l’équitation. C’est plus paisible même si c’est physique quand même, faut être très sensible avec un cheval, et savoir à quel moment agir de telle ou telle manière. J’aime beaucoup cette relation avec le cheval. J'en fais au bois de Vincennes et j’aime aussi bien le trot que le pas ou le galop. Tout dépend des jours. Parfois, j’ai juste envie de me promener mais je peux aussi aller très vite.  Je monte le cheval de quelqu’un d’autre car je n’aurais jamais le temps de m’en occuper . C’est un cheval plutôt énergique, et il faut faire attention car il peut avoir peur. Après, je peux en monter un plus doux et ça fait du bien aussi. Mais je n’ai pas de préférence comme avec les musiciens. Je m’adapte.

 

 Vous faites du jogging aussi !

Oui et je peux être  en faire trois fois par semaine notamment quand je suis en tournée. Mais j’aime alterner et faire ces trois sports.  Le jogging j’aime parce qu’on est dans la nature avec soi et son souffle. On est seul, c’est très stabilisant, cela se passe dans la continuité. Pendant le confinement par exemple, je faisais de la course et du yoga. C’est aussi une façon de se tenir en équilibre. Si je n’ai rien d’autre, je peux courir tous les jours. Même dans ma chambre d’hôtel, je peux trouver des solutions. Cela m’est déjà arrivée de faire de la boxe et il faudrait d’ailleurs que je le fasse encore plus.

 

Vous retrouvez des atmosphères comparables à la musique !

Oui, je pense que tout est lié.  Dans mon clip « Sensible », je suis au début sur un cheval et après dans une autre scène je suis en train de boxer. J’ai pris ces deux éléments qui ont constitué ma vie pendant trois ans, je les ai inclus dans ce clip, et ils représentent sans doute les deux pôles opposés de ma personnalité. Le côté  combatif, et le côté plus empreint de douceur….

 

 

Au niveau des sensations, ces sports peuvent-ils apporter la même chose que la musique ?

Non, mais en revanche le bonheur que l’on en retire est le même. Quand je fais du sport, je me sens bien pendant et après. La musique c’est un peu différent et  plein de choses se passent sur scène. Notamment ce contact avec le public qui est merveilleux. C’est très riche et pour moi c’est essentiel.

 

Faites-vous du sport avant un concert ?

Oui, mais j’évite la boxe car on peut se faire mal. J’ai déjà eu le cas à la main et c’est trop risqué. Si je pars en tournée, je vais surtout courir. Pas forcément le jour même ; souvent la veille.

 

Au niveau hygiène de vie ?

Je fais attention à la manière dont je me nourris. J’ai des phases où je fais certains régimes sans sucre. Je suis quelqu’un qui aime beaucoup les fruits et pas assez les légumes. J’essaye d’équilibrer.  Mais en tournée, on mange à droite et à gauche et je ne suis pas vraiment bien. J’essaye toujours de retrouver un équilibre par la suite. En tournée, je mange beaucoup de gras, de sucre. Ce qui est important pour moi c’est d’avoir un repas copieux le matin. Je me fais de la banane avec fruits, flocons d’avoine, yaourts. Parfois un lait à l’avocat. Je fais attention que le matin ce soit sain et consistant.

 

Y a t-il quelque chose que vous trouvez difficile dans votre métier ?

On n’a pas toujours beaucoup de concerts et quand on doit tenir la technique, ce n’est pas très motivant. On a tout le temps besoin de la scène. Il faut tenir dans les périodes de creux et le sport m’aide beaucoup. C’est vraiment le domaine que je lne lâche pas. Et puis il ne faut pas s’accrocher qu’à la musique. J’ai plusieurs choses qui me tiennent à cœur.

 

Avant un concert, vous êtes plutôt seule ou avec vos musiciens ?
Pour ce concert au New Morning, j’ai été beaucoup avec eux. On n’avait pas de loge séparée et pour la date en Allemagne on avait une loge séparée mais je n’en ai pas profité. J’aime bien passer du temps avec tout le monde mais je me rends aussi compte que ce temps pour soi, il faudrait davantage en profiter. Normalement, je fais 10 minutes de méditation par jour, mais là avant le concert au New Morning je ne l’ai pas fait, j’avais trop de choses à organiser. Quant aux périodes de creux, je dois apprendre à encore mieux les gérer mais ça va quand même.

 

Qu’est-ce qui peut vous perturber avant un concert ?

C’est justement arrivé avant le New Morning. Un des musiciens n’a pas pu se libérer, il fallait donc chercher quelqu’un et c’est vraiment ce qui peut me stresser. En plus, il y avait beaucoup de monde. Mais c’est aussi une épreuve qu’il faut dominer et il faut quand même y aller.  Le musicien qui a remplacé est un des meilleurs claviéristes de France ; j’ai eu la chance qu’il dise oui. Ce que je souhaiterais c’est vraiment avoir une équipe fixe pour la tournée et que je puisse dire c’est celle-là mon équipe. C’est la base même si ça peut bouger une fois ou deux…

 

Vos projets ?

Déjà bien tourner, encore plus remplir. Et puis me remettre à la composition, faire un ou deux autres singles. Jouer le plus possible musicalement, et rester dans cette phase créative. J’ai très envie de sortir de nouveaux morceaux…

 

Toujours plus haut, plus fort !

Exactement…

 

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

Concert de Nora Kann le 16 et 17 juillet au festival Millau Jazz dans l’Aveyron et le 19 décembre à Saint-Quay Portrieux.

 

 

 

 

Trois films chez BQHL

 

De Stanley Kubrick

« L’ultime razzia »

Son 3ème long métrage décrit le plan d’un braquage d’un hippodrome  avec Johny Clay sorti d’un séjour de 5 ans en prison.

Utilisation de nombreux flashbacks, suspens bien ficelé  et démonstration de la mauvaise influence que peut exercer sur un braqueur une femme qui sait user d'un charme diabolique. 

« Le baiser du tueur 

Après une défaite sur le ring dans un match officiel, Davey Gordon prend la défense d’une entraîneuse de danse maltraitée par son patron. Tous deux sympathisent et tombent amoureux…

Dans ce film, on trouve une scène mémorable d’une poursuite haletante dans un entrepôt de mannequins

Par John Cassavets :

« Un enfant attend » troisième long-métrage de John Cassavetes  met en scène Burt Lancaster directeur d’un institut  pour enfants déficients, ou autistes  et July Garland une musicienne désabusée et obstinée qui va s’attacher à un des enfants Reuken. Est évoqué  le piège dans lequel il ne faut pas tomber celui de trop s’attacher à un enfant et la discorde entre ce directeur et  cette musicienne...

Réalisés par deux  grands cinéastes, ces trois films ne pouvaient être qu’excellents et leur visionnage est un vrai régal.

A.F.L

lundi, 13 mars 2023

Livre et aquarelles Paris 13ème

Ocean Motivant Affiche.png " Paris 13ème d'hier et d'aujourd'hui, ses quartiers, ses secrets"
 
 
Peintre amateur depuis longtemps et par ailleurs médecin, j’ai exposé régulièrement ces
dernières années (à la Mairie du 5ème dans le cadre d’un centre d’animation et au cercle
des Gobelins).
Après avoir rempli des carnets de croquis de voyages et de vacances et suivi de
nombreux stages, je me suis passionnée pour Paris et spécialement pour le 13
ème
j’habite depuis plus 30 ans et où j’ai fait mes études.
Mes peintures enrichies de textes sont reproduites dans un livre consacré à cet
arrondissement (promenades illustrées à découvrir le temps de l’exposition à la Mairie
du 13ème) qui aura lieu du 21 au 31 mars à partir de 10h avec un vernissage le 23 mars 
Marie Pascale Hagenmüller
mphagenmuller@orange.fr

 

dimanche, 12 mars 2023

l LES AMIS DE LA POÉSIE A MONTMARTRE

 

 

mercredi, 01 mars 2023

Hideiko

Hide by JULIETTE RENARD  - copie.jpg

Hidéhiko Kan

Hidehiko batteur japonais de jazz, pratique cet instrument depuis 40 ans. Un des endroits où il se produit le plus est le Sunset Sunside situé rue des Lombards. « Avec l’âge explique t-il, il y a des choses que l’on ne peut plus faire. On n’a plus la même tonicité, la même souplesse mais on progresse tout le temps au niveau des oreilles, de la réflexion, de ce qu’il faudrait faire. Il est important de comprendre l’instrument, comment fonctionne son corps pour apprendre de nouveaux enseignements. " Ayant pratiqué intensément l’aïkido à un moment de sa vie, il en a gardé une certaine expérience qui parfois lui sert dans son métier de musicien. Comme le travail de longue haleine; savoir se remettre en question car une séance qu’elle soit musicale ou sportive n’est jamais la même… Il est aussi enseignant et le matin, il a un petit rituel : Il met sa cafetière sur le feu et programme un disque. Un de ses moments préférés c’est le choix de cette première musique. « Cela dépend de mon humeur, du temps qu’il fait. Mais je n’écoute pas que du jazz…"

 

Quand as-tu été en contact la première fois avec une batterie ?

Ce dont je me souviens c’est d’un séjour linguistique en Angleterre lorsque j’étais hébergé chez un pasteur. Se déroulait alors une messe avec un petit groupe qui accompagnait les chants. Une batterie était là sur place et je me suis dit que cet instrument avait l’air bien. C’était à l’époque où je suis entré au collège. Ensuite, un copain dans mon immeuble qui avait le même âge que moi a commencé à prendre des cours de batterie et comme mes parents ne voyaient pas l’intérêt que je fasse la même chose, j ’ai pris l’habitude de l’accompagner le mercredi. Je l’attendais en écoutant la leçon derrière la porte et je bossais ce que son professeur lui faisait faire…

 

Tu n’as donc jamais pris de cours et tu as du sûrement prendre de mauvaises habitudes !

Si mais bien plus tard auprès d’un professeur de percussion classique à Châtenay Malabry qui travaille maintenant à l’Opéra. Mais je ne regrette rien car dans mon travail, toutes les erreurs que j’ai faites je m’en sers pour en faire part à mes élèves. En outre, j’ai aussi beaucoup appris. J’ai commencé le jazz dans le ventre de ma maman car mes parents n’écoutaient que ce style de musique.. Amstrong, Benny Goodman, Duke Ellington, et surtout Ella Fitzgerald.

 

Pourrais-tu évoquer quelques erreurs classiques que font les débutants qui se mettent à la batterie ?

Quand on veut jouer vite, on a tendance à vouloir travailler vite or c’est exactement l’inverse qu’il faut faire. En sport c’est pareil. Travailler lentement mais longtemps afin d’acquérir naturellement la vitesse. La mémoire musculaire se met en place et lorsque tu as l’habitude faire un geste, tu finis par arriver à le faire vite. Alors que si tu te précipites, cela génère des tensions et c’est maladroit. J’en parle quasiment à tous mes cours, et à tous mes élèves qui mettent plusieurs mois, voir plusieurs années à comprendre. Je leur dis de se calmer et leur explique qu’il faut travailler le même geste avec patience et persévérance. Ne pas se tenir bossu, laisser pendre les épaules et si on  a mal c’est que son corps est en train de dire stop. Si ça ne fonctionne pas, c’est qu’il y a quelque chose que l’on ne fait pas correctement, et il est important de revoir ses méthodes. Si ça ne fonctionne toujours pas, c’est qu’il existe un bug quelque part.

 

A quel moment as-tu réellement débuté en tant que professionnel ?

J’ai eu mon premier cachet vers l’âge de 15 ans et j’ai acheté une batterie. Un collègue de mon père avait besoin d’un batteur pour accompagner un petit tour de chant de standard pop et j’en ai profité. A l’époque Internet n’existait pas, c’était des partitions et des enregistrements sur cassette. Dans le même temps, un copain de lycée jouait dans un groupe de punk rock et je les ai rejoints. On a fait quelques concerts dans les bistrots et après toujours avec des copains de quartiers nous avons joué une musique qui ressemblait étrangement à du free jazz. Puis je me suis retrouvé dans la classe de jazz de Yochk’o Seffer un grand saxophoniste et un grand peintre. J’ai appris avec lui tout ce qui me manquait comme culture du jazz moderne. Dans cet atelier, j’ai fait la connaissance de musiciens et on a commencé à se produire dans les clubs. C’était au début des années 90 et ça s’est enchaîné ainsi.

 

As-tu composé en solo ?

Très rarement. J’ai eu l’occasion de le faire en improvisation totale au cours de spectacles de danse, de vernissages d’art contemporain… Mais je trouve que faire un beau solo en batterie c’est compliqué et je sais par expérience que les gens aiment bien les mélodies, les jolis accords et ce n’est pas évident à réaliser. Je le fais pour moi-même car j’aime bien, mais je ne me risquerais pas à présenter seul un spectacle de batterie. Sinon, je compose pour les projets que je monte avec un groupe « Tokyo Paris Express ». La moitié du répertoire ce sont mes compositions, et l’autre moitié vient du saxophoniste japonais Hirokazu Ishida

 

Peux-tu évoquer le mécanisme de la batterie ?

Le plus important, c’est la relaxation. Ensuite, avoir une frappe précise et développer un sens de la régularité mais sans rigidité. Ainsi, si l’on joue comme un métronome, mieux vaut prendre une boîte à rythme, c’est plus fiable. L’avantage du batteur sur le métronome, c’est qu’il a entre les oreilles un cerveau. Quelque part en lui, bat un petit cœur et davantage d’émotions peuvent davantage se répandre chez un batteur en chair et en os que dans une boîte à rythmes. C’est comme un sport où l’on fait intervenir l’assise, la posture et à partir de là on fait mouvoir l’effet de bras, de pied. Cela demande un certain travail de concentration pour parvenir à une bonne coordination. Les deux pieds travaillent. Quand on est droitier le pied droit commande la grosse caisse, et le pied gauche commande une cymbale double montée sur un pied appelé la cymbale Charlston.

 

Un des secrets c’est d’être synchro !

Oui et il n’y a pas que le métronome pour le tempo. Il faut aussi être branché sur le cycle des jours, printemps, été, automne, hiver. On peut aussi trouver des cycles avec le vent qui souffle dans les arbres. De grands et petits cycles qui peuvent être fixes ou mesurés, ou au contraire être plus amples.

 

Un bon tempo une référence pour un batteur

 

La respiration est un cycle, le cœur est un cycle. Je ne fais pas que du métronome car au bout d’un moment c’est lassant, mais il faut en faire car un batteur qui a un mauvais tempo on l’appellera rarement… Personnellement, je n’arrive pas à jouer sur une batterie électronique.   C’est un interrupteur électrique et il existe beaucoup moins d’influence du geste sur le son de cette batterie. C’est plus mécanique même si la technique a évolué et que c’est maintenant plus varié…  Je trouve que par rapport à une membrane qui vibre, ça ne vit pas de la même manière, on n’a pas la même perception des choses

 

Quelles sont les blessures du batteur ?

La blessure la plus courante c’est le syndrome du tunnel carpien. C’est une variante du tennis elbow. Quand tu fais tout le temps le même geste, que tu es tendu, le ligament finit par dire stop. Et ça devient grave si tu vas au-delà de la douleur, que tu continues et que tu ne te fais pas soigner. Je n’ai pas eu de grosses blessures, je dois faire de la batterie comme un flemmard qui fait attention à ne pas se blesser. Les plus gros soucis que j’ai eus c’est surtout au niveau du transport du matériel. Si on est pressé et que l’on se précipite, le lendemain on ressent des douleurs un peu partout. Avec l’âge, j’ai parfois des crises d’arthrose dans les chevilles, le genou, l’épaule. C’est important de fléchir sur les genoux, de garder la charge près du corps, et puis préférer faire plusieurs voyages qu’un seul avec tout le matériel… Ce qui est fréquent aussi c’est la perte d‘audition irréversible liée au volume sonore. Si on joue plus de 30 minutes par jour, il faut mettre des protections, tout en évitant les boules caisses qui ne filtrent rien et qui permettent juste de faire une sieste tranquille. Les petites protections en mousse que l’on trouve un peu partout sont très bien. Sinon, ce sont des protections professionnelles qu’il faut faire faire chez l’oto rhino.

 

En quoi le fait d’avoir fait de l’aïkido t’aide t-il dans ton métier ?

Ca m’a aidé pour la posture et la respiration en premier lieu. Et puis pour tout ce qui est travail de souplesse. Mais j’ai été obligé de réduire ce sport, (j’en faisais 8h par semaine) quand j’ai passé la vitesse supérieure car je devais mal faire certaines positions qui me bloquaient les poignets. J’avais souvent des douleurs à ce niveau là qui m’empêchaient de jouer correctement. Je ne suis pas un très grand sportif, mais j’ai gardé ma petite routine d’échauffement de l’aïkido et je le fais le matin. Quelques petits exercices pour m’aider à démarrer la journée. Respiration, assouplissements, ; travail des articulations en commençant par le coup, les épaules, les coudes, les poignets, les hanches. L’aïkido m’a permis de discipliner un peu ce corps de jeune homme un peu bouillonnant, qui partait un peu dans tous les sens et qui me conduisait à faire de la batterie n’importe comment.

 

L'acquisition d'une discipline

 

J’ai acquis une discipline en terme de régularité, de respiration. Le point commun entre les deux c’est qu’il faut énormément répéter les mêmes gestes. On peut passer un cours entier d’aïkido à répéter juste la première partie d’une prise pour perfectionner le mouvement, enlever toutes les tensions pouvant parasiter le geste, et arriver à épurer au maximum. Autre point commun entre la musique et le sport la concentration.  L’aïkido est considéré comme le zen en mouvement, c’est très méditatif. Tu poses une question, tu vides la tête et tu refais, tu refais.

 

C’est important de respirer pour la batterie ?

Oui et ça fait partie des erreurs du débutant de bloquer sa respiration quand on se heurte à un passage difficile. Tous le font, c’est une sorte de réflexe naturel. Djo Jones l’inventeur de la batterie moderne le disait déjà : « Quand tu joues de la batterie, respire normalement pour avoir le geste fluide. Pas de respiration spécifique à la batterie. Ce n’est pas un marathon, pas quelque chose de spécial à développer. Simplement être naturel ».

 

En quoi peux-tu comparer l’aïkido à la musique ?

C’est la recherche d’une harmonie avec son partenaire en aïkido que tu peux transformer directement avec la recherche de l’harmonie avec tes partenaires de jeu en musique. Tu ne cherches pas à imposer un rythme, alors que ce serait très facile pour un batteur d’imposer son tempo, le caractère du morceau. J’ai l’instrument le plus sonore donc si je veux être le chef c’est facile.  Mais ce que je recherche d’abord, c’est de pouvoir harmoniser le tempo de tout le monde, d’être sur la même longueur d’onde dans la manière de ressentir les différents tempos. 

Quand on démarre un morceau, le but du jeu c’est que chacun ait vraiment une idée très précise de ce tempo là et arriver à faire en sorte que si ton bassiste joue un petit peu en arrière du tempo de ne pas forcément le suivre. En effet, si c’est mal perçu par les autres, un ralentissement va forcément se produire. Donc essayer de se mettre vraiment pile sur le tempo pour donner un feeling à la musique. L’inverse peut être vrai aussi. C’est moi qui vais me mettre un peu en arrière pour donner une sorte de nonchalance aux sentiments du tempo. Les autres vont aussi se placer différemment, ce qui va leur permettre de jouer d’une autre manière. Toutes ces nuances soit se discutent en répétition, soit se font naturellement. Pour ma part, je préfère la deuxième solution. On n’en parle pas, mais on fait en sorte que ça fonctionne…

 

Et au niveau sensations entre l’aïkido et la musique ?

Quand les gestes sont bien comme il faut, quand tout est centré et juste, il en ressort une espèce de plénitude très proche de la pratique des arts martiaux. On se sent bien dans les deux cas.  En revanche, quand quelque chose cloche, ça peut aller du petit stress aboutissant à un raidissement avec une recherche de la solution, jusqu’à un sentiment de nausée. Quand les gens ne s’entendent pas, ne s’écoutent pas, il ne faut pas hésiter à arrêter, à reprendre les explications pour reprendre dans de meilleures conditions.

 

Avant de faire de la batterie tu t’échauffes ?

Oui, j’ai un petit rituel de mise en condition. J’assouplis mes poignets, je les échauffe tranquillement en faisant des frisées. J’ai un grand grenier où j’ai installé une batterie et dans mon salon tout en bas, il y a une deuxième batterie. Entre les deux j’ai mon petit poste d’échauffement avec une double pédale pour les pieds et une petite caisse claire assourdie pour le travail des baguettes. En général, je commence là mon échauffement. Après, je vais soit en bas, soit en haut selon ce que j’ai à faire. En haut, c’est une batterie plutôt rock et en bas j’ai ma petite batterie de jazz.

 

C’est toi qui règle tes instruments ?
Oui. Autant accordeur de piano c’est un métier, autant un batteur est obligé de savoir régler sa batterie. Mais c’est beaucoup plus facile que d’accorder un piano ; ça s’apprend. On adapte les différents sons aux différentes musiques que l’on accompagne…  Par exemple en jazz on aime bien avoir des sons très ouverts, très tendus avec des sons des plus aigus sur les futs et à l’inverse pour le rock on aime avoir des cymbales un peu sombres. C’est complètement l’inverse…

 

En batterie il faut frapper différemment selon que c’est une musique douce ou plus rythmée !

Exactement, mais avec des contraintes différentes. Selon moi, et je le dis à mes débutants, il faut mieux taper trop fort que pas assez car si on retient son geste on n’a pas assez d’amplitude dans la frappe. Mais une fois que l’on sait réaliser des rythmes avec un bon geste, on peut commencer à vouloir contrôler son geste car on le possède. Si l’on travaille son instrument en retenant ses coups, on n’obtient pas de son, si on travaille en tapant ultra fort on ne peut pas descendre en dessous d’un certain seuil. Il faut trouver une espèce d’entre deux qui vous convienne, qui ne fatigue pas, et qui permette d’avoir un joli son sur l’ensemble de l’instrument. Important également de travailler l’endurance pour pouvoir jouer plus fort plus longtemps ou pour ne pas jouer fort du tout plus longtemps. A partir de là si on veut faire du métal taper plus fort. A ce sujet, je dirais que dans le métal moderne, les jeunes batteurs réalisent des choses tellement techniques qu’ils jouent beaucoup moins fort que les anciens batteurs de hard rock obligés de jouer sans amplification dans les grandes salles…

 

André Cecarelli est considéré comme l’un des plus grands batteurs français. Pourquoi selon toi ?

C’est quelqu’un que j’admire beaucoup car en dehors de toute considération technique, c’est avant tout quelqu’un qui a un tempo infaillible, qui groove et qui swingue. . C’est une des premières qualités que l’on exige d’un batteur et j’ai été obligé de travailler ce côté-là car je ne l’avais pas spontanément. Beaucoup de choses se mettaient en travers de mon chemin, je me perdais très facilement… André Cecarelli a une expérience de jeu incroyable. Il peut jouer énormément de styles de musique différentes et peut balancer un rythme brésilien, faire quatre mesures de jazz et finir par un tempo de rock. Il est très polyvalent et sourit tout le temps…

 

Agnès Figueras-Lenattier