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mardi, 06 février 2007

Ferme Montsouris et carrière de Port-Mahon : en attendant le désastre ?

C'est désormais coutumier. La SOFERIM, promoteur a renouvelé - bien à l'abri derrière les murs du 26, rue de la Tombe-Issoire - ses atteintes au Monument historique. Arguant qu'elle devait procéder à des consolidations, elle a entamé une série de forages "dans les piliers sains" de la carrière.

Un avis d'expert ? Oui, puisque le Collectif de sauvegarde a dépéché sur le site M. Aimé Paquet.

Voici une copie du courrier qu'il a adressé au Collectif à l'issue de son enquête. Edifiant.

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Monsieur,

Vous avez bien voulu m’interroger sur les dernières évolutions concernant ce dossier et sur lequel nous avons depuis maintenant des années établi un suivi avec des rapports remis sur les travaux envisagés dans le cadre d’un permis de construire et sur les réels dangers de déstabilisation du recouvrement dans le cas ou les méthodes décrites seraient mises en oeuvre.

Nous apprenons maintenant que des sondages seraient programmés ou, mieux, déjà en cours. Nous avons l’honneur de vous préciser ci-joint, notre analyse du problème et les réflexions que nous inspirent les travaux entrepris, en dépit des plus élémentaires précautions qu’il nous paraîtrait nécessaire de réaliser.

Tout d’abord, avez-vous les plans d’implantation des deux sondages ? Qui va les implanter ? Avec l’accord écrit de l’IGC [ndlr : Inspection Générale des Carrières] ? En l’absence écrite de l’IGC pour les mettre en œuvre, il y aura à l’évidence un problème de responsabilité dans le cas ou un sinistre viendrait à se produire. En l’absence d’autorisation écrite de l’Inspection Générale des Carrières, il ne paraît pas possible de mettre en œuvre ces sondages. Par contre, après avis écrit de cette administration, et dans le cas avéré - et hélas, avec des « chances » non négligeables - d’un sinistre, l’IGC ne pourra pas dire : « nous ne savions pas »...

Ensuite, nous notons, dans la lettre de la DRAC [ndlr : Direction Régionale des Affaires Culturelles], décision du 30-11-06, signée de Mr Dominique Cerclet : « le procédé employé devra être le moins traumatisant ». C’est donc bien reconnaître que ces sondages seront obligatoirement traumatisant. Il y a donc lieu de se demander si l’entreprise chargée de ces travaux a conscience des risques qu’elle prend ? Là aussi, un écrit de sa part attestant qu’elle a pris en compte l’ensemble des risques inhérents à faire des sondages le moins traumatisant possible - sic ! Nous demandons qui a mis au point le cahier des charges de ces sondages. Qui a passé la commande ? Pourquoi faire ? Est-qu’un bureau de contrôle a donné un avis avec accord écrit à ce sujet ?

Avant de mettre en œuvre quelque sondage que ce soit, nous pensons qu’il serait bien plus intelligent de faire un calcul de stabilité du recouvrement tel que maintenant le prévoit la notice IGC de juillet 2004. Quant au remplissage à la chaux, c’est une première, nous n’avons jamais vu cela : chaux vive ou chaux éteinte ? D’ailleurs si les sondages débouchent dans la carrière, il faudra aller par en dessous reboucher les forages afin d’éviter que la chaux n’envahisse les galerie vide, et rendent la carrière classée « invisitable ». Nous lisons aussi « aucun sondage ne sera fait dans les piliers abîmés ». Qui décide lesquels des piliers sont abîmés et ceux qui ne le sont pas ?

De nombreuses autres questions se posent et nous en soulignons quelques-unes sans que nos interrogations soient exhaustives. De quel type de sondage parle-t-on ? Destructif enregistré, rotatif taillant, tricône, diamant... ou roto percussif avec mise en œuvre d’essai pressiométrique ? Dans ce dernier cas, la sonde gonflante servant à la réalisation des essais pourrait se révéler être un superbe éclateur hydraulique pour le pilier qui évidemment n’y résisterait pas.
Qui met en place le collège dont parle la DRAC ? Il faut savoir qui en fera partie, puis se demander si les personnes participant à ce collège sont assurées pour cela. Dans le cas d’une réponse positive, nous pensons qu’il faut demander les attestations d’assurance et à ce moment-là, nous proposons d’écrire à ces assureurs pour leur demander s’ils sont prêts à assurer de tels risques : tout cela évidemment fait par écrit.

Pour notre part, ces sondages ne servent strictement à rien vis-à-vis de la carrière. Celle-ci est connue et les caractéristiques du calcaire aussi. Par contre, nous ne pouvons que réitérer nos plus expresses réserves sur le caractère néfaste d’une telle intervention et sur l’augmentation des risques de déstabilisation des piliers et du ciel - recouvrement.

Nous espérons que ces quelques réflexions permettrons à l’ensemble des intervenants de prendre leur responsabilité vis-à-vis d’une seule question : que fera-t-on quand la carrière aura été effondrée ? »

Nous restons à votre entière disposition pour tous renseignements complémentaires que vous pourriez désirer.

Aimé Paquet

Plus d'info :
+ Pour prendre un peu de recul, notre catégorie Ferme Montsouris.
+ Le blog du Collectif de Port-Mahon.