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dimanche, 25 avril 2021

Michel Pastoureau

interview,tennis,michel pastoureauLes couleurs ont une réelle influence sur les zones de notre cerveau mais l’impact diffère si ce sont des couleurs froides ou chaudes. Ainsi, les couleurs froides comme le bleu sont apaisantes alors que le jaune couleur chaude est censée apporter une certaine énergie. En fonction de la couleur perçue, le cerveau secrète un certain nombre de messages qui vont agir sur l’organisme. Ceci est valable dans tous les domaines notamment dans les médecines traditonnelles chinoises et indienne. Là en l’occurence, il s’agit de sport et plus particulièrement de tennis.

 A Winbledon, le plus vieux tournoi du circuit, la couleur est proscrite depuis 1963. Il consacre ses champions dès 1877. On peut y voir les uniformes violet et verts des ramasseurs de balles, le gazon si vert, les costumes et les robes de gala. Les vêtement de tennis pour hommes apparaissent vers 1874-1876. Ce sont les  mêmes que pour le cricket. Seuls les hommes pratiquent le tennis : pantalon de toile, ceinture large de soie, chemise à manches longues, chapeau, chaussures de toile et cravate obligatoire avec le thé entre deux changements de côté. Le blanc  devient obligatoire dans les années 1890. Le short  apparaît seulement en 1933 avec Bunny Austin. Pas de blanc mais des rayures. Avec l’apparition de la compétition en 1877 les tenues changent. Lacoste en 1920 se lance dans le textile arrêtant la compétition pour raison de santé. Au tournoi de tennis des jeux de Londres à Winbledon, le blanc n’est pas de rigueur. 172 joueurs arboreront les couleurs de leur pays avec le rouge pour Federer «  Ce sera un peu bizarre mais ça ne me déplaît pas." La balle de tennis telle qu’elle est aujourd’hui a vu le jour en 1978. Certains joueurs et joueuses ont eu maille à partir avec la couleur : 

Eugénie Bouchard a eu  une pénalité car une bretelle de son soutien gorge trop noire dépassait.  Deux ans plus tard, le coach de Benoît Paire a été  prié de quitter le cours d’entraînement car  il portait une veste de survêtement noire.  Des joueurs et joueuses se sont distingués comme Ann White en 1985 avec sa tenue transparente en lycra blanc, Agassi en 1992 mode grunge. .   . Navratilova  à l'Open d’Ausrtralie  porte une robe éclatante et fleurie de Ted Tinling . Je l'aimais explique Navratilova car elle me ressemblait." S'incline contre Chris en une belle demi-finale. En 1981 devient plus féminine : " J'aimais bien jouer devant la foule des spectateurs dans mon nouvel ensemble orange avec un peu de couleur sur les pommettes. Maquillée, blonde, avec des vêtements qui m'allaient bien. J'aimais bien mon nouveau look."

J’ai eu une longue conversation avec Michel Pastoureau le grand spécialiste des couleurs qui s’exprime sur le sujet de manière brillante et précise. Ecoutons le parler d’un domaine qui visiblement le rend heureux quand il en parle et sur lequel il est incollable. Mais avant voici quelques témoignages de personnes qui donnent leur avis en fonction de leu vie et de leur personnalité. Voici tout d'abord l'argumentaire de    Alexandre Katenidis  qui a lu beaucoup de ses livres et qui donne ses impressions. Il fait des critiques sur le site " critiques libres" sous le pseudonyme de Veneziano. 

A propos des ouvrages de Michel Pastoureau, j'ai apprécié leur enrichissement historique, l'importance donnée à la charge symbolique de chaque couleur, aux conséquences psychologiques sur leur emploi. Ces livres me sont apparus très porteurs d'enseignements, et ils montrent l'apport "psycho-sociologique" d'un phénomène qui ne peut pas totalement rester rationnel. Comme réserve partielle, j'aurais apprécié un prolongement plus appuyé vers l'époque contemporaines, avec l'emploi des couleurs dans l'art contemporain, la publicité, les dessins animés, par exemple.

Sur ma perception des couleurs, j'ai toujours connu une préférence pour le jaune et l'orange, et une relative déception subséquente à la faible popularité de ces teintes. J'apprécie également l'ensemble des bleus, le violet vif, et avoue un attrait bien moindre pour le noir et les couleurs sombres, outre le rouge Hermès.
Je porte du bleu marine, du gris anthracite et du noir, par convenance sociale, regrettant le peu de choix chromatique réservé aux hommes en termes de choix de couleurs dans le domaine vestimentaire.
Je suis peu sportif et l'effort ne diffère pas des autres moments de détente ou extra-professionnels, pour le choix des couleurs, portant vers les couleurs vives et claires.
 

Trini Derbesse vient des Philippines. Elle est très croyante et retraitée. Elle  fait partie d’un groupe opérant bénévolement pour la paroisse Saint-Albert dans le 13ème arrondissement de Paris :

 

Croyez-vous à l’influence des couleurs :

Oui. J’adore le bleu depuis toujours; ça me donne un effet calmant. J’aime le blanc aussi car je trouve que c’est la couleur qui me va le mieux. Le vert ça va aussi. Le jaune et surtout le rouge. A chaque fois que je porte du rouge, j’ai du succès. Mais on ne peut pas porter cette couleur tous les jours. D’autant plus que je n’aime pas attirer le regard à chaque fois. Mais pourquoi pas les jours où il fait beau et où je suis en forme. A une époque, je portais beaucoup de blanc mais un peu moins maintenant si j’aime toujours beaucoup cette couleur. Je n’en mets pas l’hiver. J’aime beaucoup le jaune et j’avais une très robe de cette couleur quand j’avais 8 ans. Quand je vois ma tante, elle m’évoque toujours ce moment. 

 

 

Pourquoi le bleu? 

A cause du ciel et de l’océan. Lorsque je vais à Cannes, dès que j’arrive je regarde le bleu de la mer et ça a déjà un effet sur loi. La première nuit c’est déjà bien puis au fur et à mesure la mer est de plus en plus présente. La lumière envahit toute la vue. Dès que je suis en bas; c’est l’espace infini…

 

Et le blanc?

C’est beaucoup par symbolisme à cause de la Vierge Marie donc de la pureté. Mais rien de plus. Je regarde les choses sur le plan psychique et psychologique et en même temps pour le visuel. Le blanc c’est la lumière aussi. Dès que le soleil se lève tout change. 

 

 

Et quand vous pensez à Dieu quelles couleurs vous viennent à l’esprit?

Le blanc et le bleu; pas d’autres couleurs.

 

Et le rouge du sang du christ?

Je ne sais pas. J’ai été tellement habituée à voir sur le christ sur la croix depuis mon plus jeune âge. Et le rouge ne m’est pas apparu en fait. C’est plutôt l’effet du christ crucifié que le sang.   Il y a peut-être un de violence avec le rouge. Quand j’étais petite, dans la rue je voyais des enfants qui se battaient et dès qu’il y a du sang ça me glace un peu. 

 

Existe t-il pour vous une couleur de la souffrance?

Le noir. C’est triste, ténébreux. Ce que je regrette un peu c’est qu’en France en hiver tout est noir. C’est une couleur que je n’aime pas, mais j’en mets de temps en temps pour changer. Pour le Vendredi Saint par exemple j’étais presque toute en noir. J’avais juste un tee-shirt avec un petit peu de blanc. Il faut un peu doser pour le noir. J’ai été étonnée de la remarque d’une dame âgée de la paroisse qui m’a fait la remarque que j’étais habillée en noir. Ça veut dire que j’ai l’image de quelqu’un qui ne porte pas beaucoup de noir. 

 

 

Les gens qui vont à la messe quels couleurs portent t-ils? 

Le bleu marine, le gris et le noir. Les gens qui portent des couleurs sont rarement français. Il y a des Africains, des Asiatiques. Je connais une indonésienne qui adore le rouge et qui en en porte tout le temps. J’aime les couleurs suggérées mais pas vraiment éclatantes.

 

Pour la couverture de la Bible avez-vous une couleur préférée?

Non, ça m’est égal. Ce qui compte c’est ce que je lis et le message qui en découle. 

 

 

Vous dites ne pas trop aimer l’orange car vous l’avez beaucoup porté!

Lorsque j’étais jeune, je suis allée exprès acheter du tissu et je me suis fait une robe orange que j’ai beaucoup portée. Et je me suis lassée. Certains oranges sont violents, d’autres plus doux. La couleur mandarine par exemple ça me va et ça donne un peu de lumière. Le jaune j’aime beaucoup et il m’arrive d’acheter des vêtements juste pour la couleur. 

 

 

Etes-vous sensible à la grisaille parisienne?

Je suis habituée, mais comme je suis tellement dans ls spirituel que je vois la lumière dans ce que je vis. Et puis aussi avec les gens que je fréquente. On est tous dans la même direction; ça me porte. Et puis avec toutes mes activités, je n’ai pas le temps de penser à la grisaille parisienne.

 

 

Aux Philippines quelles sont les couleurs les plus répandues?

On adore la variété et les couleurs. On a été colonisé par les Espagnols qui étaient proches du Maroc. Les Philippines ont été aussi administrées par le biais du Mexique qui influence beaucoup notre pays. 

 

Pour les danses philippines?

Pas de couleurs particulières mais du multicolore. Au lieu de porter une couleur pour un costume on utilise plein de couleurs alors qu’en France c’est très rigoureux. Chez nous ce sont un peu des couleurs de la fête. 

 

 

Quand vous chantez quelle couleur adoptez-vous?

Si je dois chanter Ave Maria pendant la fête de la Vierge, je vais me mettre tout en blanc. Ou bien un blanc avec une touche de bleu… 

 

 

Quelle est la couleur de l’enterrement aux Philippines?

On se met en noir, de plus en plus de noir et de blanc. C’est devenu à la mode de porter du blanc en Asie, mais à mon époque c’tait très strict et tout était en noir. 

 

 

Côté sport, quel est le sport le plus important? 

Nous sommes des champions de boxe avec Mani Pacquiao qui est très connu. Il y a quelques années j’étais à New York et je suis allée faire une course. Quand on a vu que j’étais des Philippines on m’a parlé de ce boxeur. Il est tellement connu qu’il a présenté sa candidature pour être sénateur et il a été élu. Il continue à poser quand cela se présente. 

 

 

Vous avez fréquenté des metteurs en scène philippins? Ont-il des habitudes vestimentaires?

Ils ont une tenue noire spéciale quand ils vont à Cannes. Ils se distinguent des acteurs et actrices en s’habillant tout en noir ou tout en blanc. 

 

 

Et au Canada?

Les gens viennent d’un peu partout. En Amérique du Nord et aux Etats-Unis, la population est multi-raciale. Beaucoup portent des couleurs et c’est plus simple qu’en France où la rigueur est présente. Il y a un style et aussi un choix de couleurs. Au Canada, on regarde moins comment on s’habille. Les gens sont plus décontractés. Je suis moins regardante pour m’habiller qu’ici. Les gens sont choqués quand tu mets des couleurs qui flashent. 

 

Pour finir parlons de votre silhouette. Vous n’êtes pas très grande. Cela joue t-il dans votre manière de vous habiller?

Oui, j’essaye de porter une couleur toute droite sans trop de contrastes. Par exemple je ne mets pas du bleu et du rouge… 

 

Georges fonctionnaire 
Vous faites des arts martiaux depuis 30 ans. Quelles sont les couleurs spécifiques de ces disciplines?
Le blanc et le noir lorsque l’on a dépassé une certaine initiation. Quand on porte une ceinture noire, cela veut dire que l’on a été initié à un art martial. Il y a l’alpha et l’oméga. L’alpha c’est le blanc pour les débutants qui peut dans certains arts martiaux être la couleur de la maîtrise totale. Quand on est dans le noir; ça veut dire que rien n’est clair, que l’on maîtrise un peu l’art martial mais que l’on n’est pas encore abouti. Le blanc peut être à la fois l’alpha et l’oméga. 

 


Le noir ne représente donc pas le grade le plus haut!
Ca dépend des arts martiaux, au judo c’est le rouge. Ce sont les grands maîtres qui sont en rouge, une ceinture rouge. Je ne sais pas s’ils retournent au blanc. 

 


Quelles sont les tenues pour les arts martiaux? 
On porte une espèce de pantalon toujours bleu  le hakama pour l’aïkido et les broderies. Le haut pour les grands maîtres c’est blanc. 

 


Et au début que portiez-vous? 
J’avais une ceinture blanche avec un pantalon blanc et une veste blanche. C’est ce que portaient les paysans dans les rizières. Un pantalon qui monte jusqu’aux mollets et une veste dont les manches ne sont pas trop longues qui se terminent juste avant les poignets. Et quand on pense que tu es capable de poursuivre la discipline on t’autorise avec la ceinture blanche à porter le hakama. Ça correspond à la ceinture bleue au judo. L’équivalence entre chaque art martial ce sont les kyu. Le premier grand dam c’est le grade des débutants. Comme si tu avais appris à lire et que maintenant tu lis. Tu restes débutant tant que tu n’as pas quelques années de pratique. Le blanc signifie que tu as fait un tour. 

 


Pourquoi ces deux couleurs là? 
 Le blanc c’est la purification, le noir l’obcur. Plus tu montes, plus c’est difficile jusqu’au moment où tu a atteint un tel niveau que tu peux ouvrir ton école et faire des livres sur la discipline. Cela fait 30 ans que j’en fais et suis 3ème dan. Dans les arts martiaux, il y a les plus et les moins. Les plus se rapportent aux dans et les moins aux kyu. Les plus signifient que tu maîtrises les fondations de la discipline et que tu as pris conscience de la puissance respiratoire.  Le premier dan s’adresse à quelqu’un qui a saisi les fondations de l’aïkido et est capable de les mettre en pratique à une vitesse disons raisonnable. Avoir son 2ème dan c’est être capable de maîtriser la technique avec une vitesse un peu plus véridique.  Le 3ème dan implique que tu puisses dégager de l’énergie qui vient de ton ventre lorsque tu fais des projections.  Quant au 4ème dan cela représente une maîtrise technique plus élaborée avec des connaissances étendues. Et puis tu maîtrises également bien les armes. Kawashi maître japonais au judo a compris que pour les Occidentaux, il fallait créer des paliers et inventer un système basé sur l’éducation nationale. . Et que comme nous sommes cartésiens, il fallait nous faire progresser par étapes et successives. C’ est la raison pour laquelle il a créé des couleurs qui n’existaient pas au Japon. Il y avait la ceinture blanche, après une marron et après la noire. Kawashi  a crée en plus la jaune, l’orange, la verte, la bleue et la marron. C’est un traitre au Japon. Il s’est adapté à l’esprit européen alors que les Japonais estimeront toujours que le judo doit conserver son esprit japonais; cela fait partie de la culture japonaise. C’est considéré par certains orientaux comme une hérésie. C’est grâce à cette initiative que la compétition a pu se mettre en place dans le judo. On l’a vu avec David Douillet qui a remporté les jeux Olympiques face à un japonais et après Teddy Riner. J’ai connu un maître japonais qui après la ceinture noire est repassé à la blanche. C’est une ceinture blanche un peu plus épaisse, plus large. Ça veut dire qu’il a fait une spirale, un tour complet. 

 

Et le 4ème dan?
Il y a plus d’examens techniques et c’est une reconnaissance de ce que tu fais par la fédération. Après, cela consiste à aider la Fédération, à faire partie des jurys d’’examens. Avant d’atteindre l’initiation il faut du temps et il faut compter une année pour un kyu. Comme il y en a 6, il faut compter 7 ans pour être ceinture noire. C’est pour les arts martiaux modernes.

 

Dans la vie de tous les jours cette évolution vous porte t-elle?
C’est compliqué. L’aikïdo c’est destiné à faire évoluer l’être humain, les arts martiaux sont soi-disant faits pour éduquer l’homme, pour qu’il s’améliore. Donc si l’on parle d’éduquer l’homme, on parle d’école d’art martiaux. Une école où en fait il n’existe pas d’unité et où chaque professeur fait sa sauce dans son coin, prêche le bon enseignement à sa manière. Donc progresser au sein d’un club n’est pas évident. Un club ne consiste pas seulement à évoluer techniquement. Il doit aussi s’occuper des autres notamment des débutants, les aider à progresser. Cela implique d’être altruiste, de faire partie d’un jury d’examens pour faire passer les kyu ce qui demande du temps. Et pendant que tu t’occupes des autres tu ne progresses pas ou moins vite. De plus, il n’existe pas de concertation entre les professeurs pour donner des cours de haut niveau. Les gens qui possèdent un haut niveau sont peu nombreux et on ne peut pas faire spécifiquement des cours de haut niveau si seulement trois haut gradés sont présents. Des réunions de professeurs c’est possible mais cela demande encore plus de disponibilité si l’un habite à Paris, l’autre à Antony… Je ne suis pas dans une secte mais c’est devenu une entreprise. Napoléon l’a dit «  « Une association est une entreprise ». Je fais progresser les gens , je progresse à mon niveau. J’ai les genoux un peu abîmés à cause de l’arthrose et c’est vrai que si j’étais bien pourtant, je progresserai plus vite techniquement. Il arrive aussi un moment où il y a la vie professionnelle, privée, les loisirs et il faut faire la part des choses. J’ai également fait une introspection sur moi-même. Je me suis demandé ce qui a déclenché mon envie de faire de l’aïkido. En fait, je cherchais un sanctuaire de paix, à faire la paix avec moi-même car j’avais été déçu par des gens. Ou parce que j’étais dans un milieu où gravitaient des gens peu scrupuleux. Je sortais du milieu scolaire où j’avais fréquenté des potaches qui ne me plaisaient pas du tout, et le milieu professionnel où j’évoluais n’englobait pas forcément des gens altruistes. En tout cas, je ne pense pas que les arts martiaux soient une école de la vie même s’ils détiennent des fondations très hautes basées sur la loyauté, sur le code des samouraïs avec la politesse, la piété, la courtoisie, la fidélité. Un code par rapport aux autres maîtres qu’ils défendaient à l’époque et qui est toujours présent. Mais est-ce vraiment une école de la vie. Pas sûr. Est-ce que les grands maîtres ont réellement changé? Je pense qu’ils ont développé au sein d’eux-mêmes un instinct de conservation, mais ont-ils moins de défauts? L’instinct de conservation compense un peu leurs défauts et ils ont acquis une certaine souplesse, et plus d’anticipation . Pour ma part, j’ai acquis plus de souplesse avec les gens. Quand j’ai commencé j’étais habité par une petite misanthropie même si je ne suis pas quelqu’un de méchant ni d’agressif. Mais les vraies valeurs que je cherchais sont trop compliquées à mettre en oeuvre pour chaque école. C’est de plus en plus compliqué de faire évoluer les gens lorsqu’ils ont atteint un certain niveau. Ce que j’ai remarqué chez les gens qui pratiquent l’aîkido, c’est leur côté asocial. Je connaissais une femme assez haut gradée qui venait aux repas annuels de fin de saison. Il fallait tout le temps qu’elle vienne avec son petit copain. Et 95% du temps, elle ne parlait qu’avec lui. En revanche on trouve peu de caractériels. 

 

Vous pensez  qu’ils font de l’aïkido car au départ ils avaient ce côté asocial?
C’est très possible. Je connais quelqu’un d’hypocondriaque. Il n’ouvre jamais son téléphone car il a peur des ondes pouvant le rendre malade. Par contre en 29 ans d’aîkido, je n’ai jamais rencontré quelqu’un  de mysogine, ou qui rejetait les femmes. C’est un point positif. 

 


Les femmes aussi ont ce côté asocial?
Oui. Il y a cet instinct de protection destiné à se protéger. C’est vrai que quelqu’un de timide qui va affronter quelqu’un lors d’un combat va devenir plus courageux et sans doute moins timide. Mais jusqu’à quel niveau?  Personnellement, l’aîkido m’a rendu plus volontaire, et m’a quand même permis d’aller au devant des problèmes. 

 

Vous vous intéressez au surnaturel. Quand on parle de ce domaine, y a t-il des couleurs qui vous viennent à l’esprit plus particulièrement?
Le rouge. Si je mets trop de rouge, je peux devenir agressif, colérique. Si je mets du bleu, je me protège beaucoup. Pour moi, c’est une couleur de protection, le jaune  est une couleur de lumière mais je n’en mets pas souvent. Sinon je vais devenir un peu mégalomane. 

 

Et les couleurs susceptibles de jeter un mauvais sort?
Je ne suis pas sûr. Le noir protège des mauvaises influences; les banquiers y ont beaucoup recours. Mon ancienne banquière en portait tout le temps. Les prêtres aussi pour ne pas être influencés par les paroles des autres s’habillent en noir. Les Touaregs sont tout le temps en noir.  On ne les verra jamais en blanc. car c’est le noir qui les protègerait des rayons du soleil.  Je connais beaucoup de gens qui reçoivent du personnel qui sont en noir. Pour moi, la couleur de la communication c’est l’orange. D’ailleurs lorsque l’on joue aux cartes la couleur du facteur, c’est l’orange. C’est le valet de carreau. On t’apporte de la communication. On met de l’orange quand on est altruiste. 

 


Quelle est la ou les couleurs auxquelles vous pensez quand vous évoquez les hommes politiques?
Cela me fait penser à François Mitterrand qui dans le film de Georges Benhamou «  Le promeneur du champ de mars » disait que la couleur de la France c’était un gris couleur lavande. Chaque pays a sa couleur et pour moi la couleur de la France c’est le gris. 

 

Vous vous  intéressez aussi aux hommes politiques. Il paraît que Trump a souvent une cravate rouge. Qu’est-ce que cela vous inspire?
Il se met souvent en colère. Quelque part, c’est un négociateur et le rouge c’est la couleur de celui qui fonce. Face à la fermeture de la Corée, il leur est un peu rentré dedans.  C’est le seul président des Etats-Unis à avoir été invité en Corée du Nord. Il en impose et donne des coups de poing sur la table. Dans l’armée, les saints-cyriens sont toujours en pantalon rouge, c’est pour impressionner. Ils ont un costume qui impressionne.  En judo, il y a beaucoup de gens qui se blessent et qui sont obligés d’arrêter. En aïkido, il n’y a pas de compétition donc on se blesse moins. J’ai donné des cours à un judoka ceinture noire. Pourquoi faisait-il du judo? A cause de la compétition. Il avait un bureau de direction. Les arts martiaux sont faits pour utiliser les valeurs qu’ils prônent dans la vie de tous les jours et demandent une recherche personnelle de tous les jours. C’est un travail sur soi. Cet homme aimait les valeurs de la compétition dans le judo, et pouvait les transmettre dans la vie de tous les jours.  Mais le jour où il n’a plus pu faire de compétition, il est venu à l’aïkido pour acquérir d’autres valeurs et mettre en application une technique basée sur la droiture, la position des corps basée sur la respiration, le fait de garder ses distances. Mais il recherchait la compétition et l’on a arrêté.  La compétition existe aussi dans les entreprises , dans les start up. Il règne beaucoup de compétition dans les sociétés de service face aux autres entreprises. Pourquoi? C’est possible que l’entrepreneur qui  reçoit recrute en interne. Il va chercher le meilleur parmi les prestataires.  En aïkido, il n’y a pas de compétition; quelque part c’est une lacune. Mais en ce qui me concerne ça va peut-être m’avantager par rapport à mon poste de fonctionnaire où la compétition est moins rude… 

 

 

Jocelyne 

 

 Aujourd’hui, vous portez une veste rouge. Est-ce un hasard ou croyez-vous à l’influence des couleurs sur l’être humain ?

Non, pour moi ce n’est pas du hasard et le rouge représente la couleur de l’énergie. Quand je me sens fatiguée instinctivement, je mets du rouge. On sent les choses à l’intérieur de soi. Normalement, le rouge se porte en bas du corps car c’est une couleur qui correspond au chakra racine qui se trouve au niveau du périnée. Mais ça me fait du bien quand même… Même si l’on n’y croit pas, les couleurs jouent sur notre humeur. Les gens qui choisissent certaines couleurs le matin, même s’ils n’y connaissent rien et ne savent pas l’exprimer, ont besoin de cette couleur sur l’instant. On est né avec selon moi, et l’on est en liaison avec les couleurs plus ou moins tout au long de sa vie.

 

 

Que pouvez-vous dire sur votre rapport avec les couleurs ?

Quand j’étais plus jeune, il y avait des couleurs comme par exemple l’orange que je ne supportais pas. Et maintenant, ce n’est plus le cas. J’ai dû résoudre certains problèmes car les couleurs correspondent à des organes vitaux. L’orange correspond au système de reproduction le bas ventre et se rapporte au plaisir aussi bien sexuel qu’alimentaire. Tous les plaisirs. Je devais avoir un blocage de ce côté-là que je suis arrivée à surmonter.  Je me suis même achetée un ciré orange que je porte souvent lorsque je vais voir ma sœur à Cabourg et je suis bien dedans…Avant, je n’aurais jamais pu…C’était la même chose pour le vert, qui correspond au chakra du cœur, symbolisant l’ouverture, l’amour. Je ne pouvais pas mettre de haut vert. Je m’étais achetée plus jeune un beau chemisier vert et je ne l’ai jamais mis. Je ne sais pas exactement ce que j’en ai fait, peut-être l’ais-je vendu. Je ne sais pas vraiment pourquoi. A l’époque, je n’étais branchée comme maintenant. Quoi qu’il en soit, là aussi c’est bon actuellement. Cela prouve que l’on avance et d’un certain côté c’est rassurant. C’est comme une séance de psychothérapie, on un éveil de conscience.

 

 

Il n’y a donc plus aucune couleur que vous ne supportez pas !

J’ai encore du mal avec les hauts noirs. Beaucoup disent que ce n’est pas une couleur mais pour moi si. Moi qui aime bien communiquer ; je me sens enfermée.  J’ai une voisine plus jeune que moi, mais je ne pense pas que ce soit une question d’âge qui s’habille toujours en noir de la tête au pied. En plus, elle a de longs cheveux très noirs. Je le connais un peu mieux maintenant, et elle ne va pas bien du tout aussi bien physiquement que psychologiquement. Elle ne sait sans doute pas faire autrement. Ma fille avant s’habillait beaucoup en noir. Et depuis qu’elle est devenue maman, elle met davantage de couleurs. Un haut rouge, un beau vert… Il me semble que lorsque l’on est un peu renfermé, on porte du noir. On est comme dans une armure et on a l’impression que rien ne passe. C’est aussi la couleur du deuil, mais heureusement on en sort un peu ; tant mieux…  Il existe également des phénomènes de mode et dans les magasins parfois c’est tristounet. Beaucoup de couleurs sombres, noires, marrons. Je ne me vois pas m’habiller tout en marron, tout en gris, j’ai besoin de couleurs plus gaies. Le gris d’ailleurs ne correspond à aucun centre d’énergie et peut être le reflet d’une maladie. J’aime bien les bracelets de montre rouge. Mais la prochaine fois j’en achèterai un en métal, car avec la transpiration, il s’use assez vite…

Les chakras sont représentés par les couleurs de l’arc en ciel !

Oui, et par les notes de musique de la gamme de sol. On en a sept connus mais paraît-il qu’il en existe d’autres. Ils ont tous un rôle distinct jouant directement sur notre physique, notre système nerveux, notre comportement et nos émotions. Pour que les énergies circulent bien, ils doivent être ouverts et en parfaite synergie.  Le 1, le chakra racine  (jambes, pieds, système osseux) est représenté par le rouge, le deux le chakra lombaire (zone lombaire, abdominale, système de reproduction)  par l’orange. Le trois, chakra du plexus solaire (zone du plexus solaire) par le jaune la belle couleur du soleil. Lorsque l’on met du jaune, j’en mets rarement ; c’est que l’on rayonne, c’est magnifique.  Le 4  le chakra du cœur (zone thoracique) par le vert, le 5 chakra de la gorge (gorge, bras et mains) par le bleu ciel, le 6 le chakra du front (zone du visage) par l’indigo et le 7 le chakra couronne par le  mauve/ blanc.

 

On a chacun une aura et des couleurs à l’intérieur de soi ! Mais comment le savoir ?

Quelquefois quand je me concentre et que sur mes mains se profile une couleur un peu sombre, je vois un petit peu de verre. Cela veut dire qu’on possède cette couleur verte de guérison. On a tous en soi ce genre de choses même si c’est plus ou moins développé d’une personne à l’autre. Il paraît que les couleurs auriques changent constamment selon notre état d’esprit. C’est ce que disent les bouddhistes qui au fur et à mesure de la journée changent d’humeur. Quelquefois ce sont mes pieds qui dégagent du jaune...

 

 

Le vert c’est la couleur de la guérison n’est-ce pas ?

Contrairement à ce que l’on dit, l’amour n’est pas un sentiment ; c’est une énergie très puissante de guérison qui correspond au vert. D’ailleurs, on dit souvent que les gens ont les mains vertes et ce n’est pas par hasard. Ma fille par exemple a cette particularité. Lorsqu’elle est partie en vacances, je me suis occupée de ses plantes. Celle-ci se sont tout de suite portées beaucoup mieux quand elle m’a remplacée. Elle a une énergie guérison dans les mains, l’énergie de l’amour.

 

 

Le jaune est une couleur qui n’est pas très aimée !

A une époque, c’était une couleur assez répandue et elle revient un peu à la mode. Ne porter que du jaune n’est pas facile. L’autre jour j’ai vu une robe jaune avec de petites fleurs en magasin, qui me plaisait bien. Je l’ai mise devant moi, elle était magnifique, et pourtant je n’ai pas pu l’acheter. Elle ne me correspondait pas, ; comme quoi les couleurs ont bien une influence…

 

Au niveau des éléments, vaisselle ou autres avez-vous des couleurs préférées ?

J’avais cassé une assiette verte appartenant à ma fille et je lui en ai racheté. Elle n’en a pas voulu, j’en ai donc hérité et cela me fait plaisir de manger dans des assiettes vertes. Chez moi, j’ai acheté pour mettre dans mon salon une magnifique tapisserie avec des masques à dominante jaune. La coïncidence veut que j’ai repeint mon salon en jaune très pâle. Et je m’y sens très bien, j’ai l’impression par moment que ça rayonne. C’est dû aux couleurs que j’ai autour de moi. Ma chambre à l’origine est bleue et je n’ai jamais voulu changer.  La chambre de ma fille est orange, et j’ai plus de mal. La couleur des murs de la chambre influe sur le sommeil et il ne faut pas mettre n’importe quoi. Même si ça m’est arrivée d’avoir des draps rouges !... J’ai une amie qui a peint un mur chez elle en rouge. Personnellement, cela ne me viendrait pas à l’idée.  J’ai déjà pensé à peindre un mur chez moi mais en vert.

 

 

Y a t-il des atmosphères en France ou ailleurs qui vous ont séduite de par leurs couleurs ?

Quand j’étais dans le Sud-Ouest avec ma fille, pourtant je ne suis pas spécialement branchée ni curé ni messe, j’étais attirée par une belle église. Dans cette église, se trouvait une espèce de hublot où le soleil prenait parfois racine et j’éprouvais le besoin de m’y glisser. Comme je me sentais bien. .. J’y allais pratiquement tous les jours et je me dis que de belles énergies devaient être présentes. C’était un vrai ressourcement ; j’ai vécu de petites expériences de ce genre…

 

 

Au sein des Ehpad savez-vous s’il existe des couleurs particulières ?

Ma mère atteinte de la maladie d’Alzheimer vivait en Ehpad et les murs étaient saumon très pâle. Sa chambre aussi. C’est surement étudié et je ne pense pas qu’ils choisissent les couleurs par hasard. Psychologiquement, c’est important de bien choisir les couleurs pour les personnes âgées.  Tout est d’ailleurs calculé. Le rouge par exemple ; ça met en appétit. Il y a un restaurant près de chez moi qui était rouge avant et qui m’attirait beaucoup. Il a changé de couleur et mon attrait pour lui est beaucoup moins important maintenant.

 

 

Vous avez un petit fils de 3 ans.  Manifeste t-il déjà de réelles préférences au niveau des couleurs ?

Oui pour le jaune. Quand il doit choisir un vêtement, un jouet, il va tout de suite vers cette couleur. C’est gai, lumineux ; ça prouve qu’il a ça en lui. Le 4 est son chiffre préféré. Or dans le tarot de Marseille, cela correspond à l’empereur. C’est un homme assis confortablement sur son fauteuil, un pied en avant et un sceptre dans la main.. Il domine et est sûr de lui. Cela représente le symbole de la puissance. C’est étonnant à son âge. En tout cas, c’est un bon présage pour le futur…

 



 

Michel PASTOUREAU :

 

Avant de commencer à parler des couleurs dans le tennis pourriez-vous expliquer ce qui vous a donné envie de devenir historien des couleurs?

Je viens d’une famille de peintres et du côté de ma mère j’avais trois grands oncles artistes peintres. J’ai donc fréquenté les ateliers d’artistes quand j’étais petit garçon. Ce sont de très beaux terrains de jeux quand on est enfant. Et puis du côté de mon père, c’étaient ses amis qui étaient peintres.  Aucun d’ailleurs n’arrivait à vivre de sa peinture mais là aussi c’étaient des terrains de jeux magnifiques. J’ai grandi dans la peinture et les couleurs m’intéressent depuis que je suis enfant. Devenu étudiant et historien, j’ai décidé d’en faire mon sujet de recherche. 

 

 

Votre couleur préféré c’est le vert!

Oui, depuis que je suis tout petit, sans que je puisse dire réellement pourquoi. Mais c’est resté jusqu’à aujourd’hui. J’aime tous les verts spécialement les verts foncés. Une personne sue deux a le bleu comme couleur préféré et une sur cinq le vert. C’est la couleur qui vient en deuxième. 

 

Scientifiquement, y a t-il eu des études sur l’influence des couleurs sur le cerveau?

Il y en a eu, mais c’est toujours assez fragile ou en tout cas c’est très culturel. Ce qui peut être valable pour l’Europe ne l’est pas tout à fait aux Etats-Unis et plus du tout en Asie ou en Afrique Noire.  La couleur n’est pas universelle mais culturelle. On a cru remarquer en rugby par exemple qu’une équipe qui joue en rouge a dès le départ un certain avantage si elle affronte une équipe qui joue en bleu, le rouge contenant une espèce de forte agressivité. En revanche, ce n’est plus le cas si cette même équipe joue une équipe qui joue en noir comme la Nouvelle Zélande par exemple. Ce n’est pas absurde mais c’est un peu fragile comme explication d’autant que dans les sports d’équipe il y a toujours le problème de savoir qui reçoit, qui visite. 

 

 

Au départ comment s’est décidé le choix des couleurs dans le tennis?

C’est une évolution de longue durée. Le tennis vient de loin, et les règles pour le tennis moderne se stabilisent à la fin du XIXè siècle. Le tennis est vraiment institué  dans les années 80. Il ressemble tout à fait à celui d’aujourd’hui pour les règles mais il ne se joue que sur gazon. Il y a encore chez les britanniques des gens qui pensent que le tennis qui n’est pas sur gazon ce n’est pas du tennis. Il faudrait trouver un autre nom. Mais sur gazon, on peut pas jouer toute l’année, ça demande un entretien extraordinaire donc rapidement d’autres surfaces sont apparues notamment la terre battue un peu plus facile d’entretien quand elle est de qualité. Après il y a eu le tennis en salle  sur des parquets et puis des matériaux plastifiés goudronnés. Quand j’étais enfant, on jouait souvent sur du goudron, le même que pour les routes. Le terrain était dessiné sur ces surfaces. On se faisait drôlement mal quand on tombait et comme manquait de souplesse on se tordait facilement la cheville. 

 

 

Quel est la différence entre le tennis amateur et le tennis professionnel?

Dans le sport amateur, il faut distinguer le sport amateur organisé avec de petits règlements et des compétitions et puis le sport amateur de pur loisir. Là, on fait absolument ce que l’on veut à partir du moment où l’on n’abîme pas le terrain. On peut mettre tout ce que l’on veut sur soi. Quand on est amateur mais que l’on appartient à un petit club, il existe peu de correction demandée  ou de respect des habitudes. Pour le sport professionnel, il existe beaucoup plus de règlements et de contraintes. Tout est organisé, légiféré, sinon c’est invivable. 

 

 

Et pour les enfants?

C’est un sport magnifique pour les enfants. Ma fille cadette a eu un petit niveau quand elle était ado et pré ado et j’ai fait le chauffeur pour l’accompagner ici ou là pour des matches entre enfants. Il faut commencer tôt, et il faut absolument que l’enfant aime ça. Il ne faut surtout pas le forcer et que ce soit un plaisir. Que ça déborde un peu le simple fait de jouer. Que l’enfant s’intéresse au tennis des autres, des aînés et un peu à la mythologie de ce sport et à son histoire.

Quand les enfants sont affiliés à un club, ils sont fiers de porter les couleurs de leur club si celui-ci possède des couleurs emblématiques. Autrement, ils sont davantage habillés selon le goût des parents. Ça dépend quel âge ils ont. A l’adolescence, ils commencent à avoir des idées bien à eux et imitent souvent tel ou tel champion ou championne . Parfois au contraire, ils n’’imitent personne. Le goût personnel est plus affirmé et puis le paraître joue un rôle important. Quand on a un petit niveau convenable à 14,15 ans, évidemment la tenue compte, les accessoires aussi avec tel logo plutôt que tel autre. Tout cela m’échappe maintenant, mais je sais que cela existe. J’ignore quels sont les logos à la mode, et quelles marques de chaussure fonctionnent bien.

 

 

 

Vous avez pratiqué le tennis. Quels couleurs aimiez-vous porter lors de ces moments là?

Je suis d’une génération où l’on jouait en blanc. C’était assez rare que l’on porte une autre couleur sauf s’il faisait froid. On mettait alors un survêtement avec un pull bleu ciel ou bleu marine. Il n’y avait pas vraiment de règlement écrit pour le sport amateur si je puis dire mais c’était une tradition. Or le tennis est un sport de tradition, ce qui lui a permis de traverser des décennies. Même dans les petits clubs de stations balnéaires ou de vacances, l’usage était de jouer en blanc ou à dominante blanc. J’ai joué entre 1957 et 1980 environ et le double était en vogue à l’époque. Par exemple, dans les grandes compétitions, le double mixte avait davantage de prestige qu’aujourd’hui. Les Australiens et les Américains en étaient particulièrement friands. Quand mes filles ont commencé à me battre j’ai su que ma carrière était finie. Elles avaient 12,13 ans. 

 

 

Vous avez également fait d’autres sports. Etait-ce toujours du blanc?

 J’ai joué aussi au football et l’ on avait les contraintes des couleurs de l’équipe de football et le goal que j’étais devait se distinguer de ses camarades pour être reconnaissable. C’est encore le cas à l’heure actuelle. Pendant 7 ans bizarrement, nous avons joué en noir et blanc, les couleurs du lycée. Puis en classe préparatoire au lycée Henri IV, c’était jaune et noir. J’étais gardien de but de l’équipe de handball , et puis je faisais de l’athlétisme au PUC. Là c’était violet et blanc , les couleurs traditionnelles du PUC pendant plus d’un siècle. 

 

 

 

 

Concernant les balles, elles étaient blanches au départ!

Je me souviens des polémiques avec les balles au milieu des années 70 pour des raisons télévisuelles. Les balles blanches ont commencé à devenir jaunes et la plupart des joueurs et joueuses étaient contre. Borg par exemple qui ne disait jamais rien s’est mis à parler. Il était assez hostile au jaune, ce qui implique qu’aujourdh’ui encore les balles blanches sont tout à fait acceptées et acceptables. On peut jouer à Roland Garros avec des balles blanches. C’est pareil pour les femmes, et il n’’existe pas beaucoup de différence entre les deux sexes. Sauf à un moment donné pour les prix accordés aux femmes qui étaient vraiment désavantagées. On pensait que certaines tenues convenaient mieux aux dames pas tellement pour des questions de décence, de peau nue, mais de transpiration qui apparaissait davantage sur le blanc. Dans les années 20,30 le fait de transpirer n’était pas absolument indécent pour un homme mais desservait la femme et mieux valait ne pas la voir transpirer.  Tout ceci est un peu dépassé à l’heure actuelle, mais c’était encore un peu ainsi lorsque j’étais petit garçon. 

 

 

Pour le tournoi de Winbledon c’était un des arguments en faveur du blanc!

Oui. Actuellement, le blanc n’est pas obligatoire, mais il doit y avoir une dominante blanche. De la tenue du joueur ou de la joueuse devait émaner un contraste coloré avec la couleur de la surface. Ça reste un principe mais ce n’est pas une règle absolue.  Si le sol est foncé, il est préférable de jouer en clair. Si au contraire le sol est clair, la couleur saturée est plus adaptée. Au début, en compétition, le blanc était la couleur imposée pat l’hygiène. Il n’y avait pas de machine à laver et comme on se salissait beaucoup en sport, il fallait faire bouillir le linge et le blanc était de mise. car la couleur ne tenait pas.  Tous les vêtements étaient blancs, ainsi que toutes les tenues de sport. La machine à laver a changé pas mal de choses aussi. Quand j’étais enfant, on jouait tous en coton. Puis les tissus synthétiques se sont imposés.. 

 

 

Quelle a été l’évolution des couleurs pour les tournois du Grand Chelem?

Maintenant, les équipementiers ont pris les choses en main et l’on voit tout et n’importe quoi si je puis m’exprimer ainsi. Une liberté totale régnait même si des hurlements survenaient lorsque Vénus ou Séréna Williams se présentaient en combinaison.  Non pas que leurs tenues étaient indécentes, mais plutôt inhabituelles. Le tennis est vraiment un sport de tradition et ce qui va à son encontre est censé nuire au tennis. Ce sport tient surtout à cause de ses traditions et c’est pour cette raison que les nouveaux sports ont beaucoup de mal à se faire une place. Un sport se doit d’être ancien et s’il est ancien il a du mal à émerger aux Jeux Olympiques ou ailleurs. En ski par exemple, on a multiplié les disciplines . Par exemple, le ski alpin avec la descente, , le géant, le slalom ça va mais les autres formes de ski ont du mal à percer.  Les titres n’ont pas la même valeur, et être champion olympique dans des disciplines tout à fait récentes n’a pas beaucoup d’impact au niveau du grand public. Aux Etats Unis quand l’Open était encore à Forest Hills, on a vu un peu de couleur apparaître aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Ce n’était pas un logo, mais les couleurs de la marque étaient représentées.  Puis à partir des années 1980,  Agassi s'est mis à porter des tenues volontairement provocantes. Des shorts en jean déchirés etc mais ça n’ a pas apporté grand chose au tennis. On est revenu un peu en arrière et une période un peu hippie est apparue  et a progressivement gagné du terrain.  Cela a d’abord consisté en un tee-shirt tout blanc avec le bord des manches bleu marine puis le bas du tee-shirt , puis le bleu marine a tout envahi.  Sont apparues des couleurs sages et assez respectées dans le monde du tennis avant que ça ne devienne le bariolage complet.  Il y a eu le blanc, puis le bleu ciel et blanc, le bleu marine et blanc puis le vert et blanc. Toujours blanc plus une couleur. Puis une couleur acceptée et une couleur raisonnable en quelque sorte. Puis le bariolage complet avec des vêtements extravagants comme des shorts à carreau, des shorts léopard. Seul Winbledon résiste un peu.  Ce n’est pas tant les joueurs d’ailleurs qui sont demandeurs d’une grande variété de tenues, ce sont leurs équipementiers. De même que dans les sports d’équipe, il y a toujours des problèmes non pas pour les maillots mais souvent pour les chaussures. Il y a des rivalités incroyables entre les marques de chaussures.  Concernant la Coupe Davis et la Fed Cup il y aussi quelques règles puisque c’est par équipe nationale. Les joueurs sont obligés de porter une tenue choisie par leur fédération et qui évoque plus ou moins les couleurs du drapeau du pays concerné. . Cette tenue varie à chaque édition de l’un ou l’autre événement. Mais là l’équipementier habituel ne joue plus aucun rôle. C ’est l’équipementier de la fédération qui prend la place. 

 

Pour Roland Garros, la répartition des couleurs ça dépend des partenaires!

Oui des équipementiers selon que c’est Adidas, Lacoste ou autres marques. Chaque année, cela change et le contrat passé avec telle ou telle marque plutôt qu’avec telle autre est important. La couleur ne fait pas logo, et il n’y a pas vraiment de couleur emblématique comme il peut y en avoir dans d’autres  domaines. En tout cas, le crocodile Lacoste restera toujours vert mais les vêtements prendront toutes sortes de teintes. 

 

Il ya des modes!

Oui avec aussi la volonté de se distingue du concurrent et des enjeux économiques derrière qui nous échappent.  Des couleurs excentriques ou inhabituelles apparaissent parfois mais ça ne dure pas car le succès n’est pas au rendez-vous. Le monde du tennis en général reste assez attaché à une certaine forme de sagesse et s’autorise des transgressions de temps à autre. Si la marque Adidas entend dire que Lacoste l’année prochaine va lancer des maillots avec beaucoup de rouge, elle va faire exprès d’imposer le bleu pour se distinguer. Est-ce qu’il y a a des accords entre les marques, je ne saurais vous dire. Mais c’est très important pour eux car à partir de la tenue d’un champion ou d’une championne se déclinent toutes sortes de vêtements sportswear’s qui vont être vendus par millions d’exemplaires dans le monde entier. Il ne faut donc pas faire de bêtises et c’est pour cela que l’excentricité se vend mal.. La plupart des gens acceptent une certaine fantaisie mais sans trop d’excès quand même. 

 

 

Pensez-vous que les marques calculent si c’est un attaquant ou un renvoyeur? 

J’ignore si cela rentre en ligne de compte ou pas. Pour les marques, ce qui compte c’est de vendre beaucoup d’exemplaires des tenues. D’ailleurs y a t-il encore des attaquants dans le tennis, je me demande. Comparé à l’époque de mon adolescence; il y en a de moins en moins.  Mon honnêteté m’oblige à le reconnaître, mais c’est pareil partout. En football, on marquait beaucoup plus de buts que de nos jours. Le score le plus fréquent aujourd’hui c’est 1 à zéro. Or quand j’avais 15 ans, 4 à 3 ,  5 à 4 c’était fréquent. En tennis c’est pareil, service volée on ne voit plus tellement. 

 

 

Quelle est la marque qui rencontre le plus de succès au niveau de la couleur?

Je pense que lorsque l’on a une marque trop répandue, elle se fait du tort à elle-même car elle fait un peu plouf, et déploie une image assez vulgaire. Donc Adidas, Nike, Reebook sont moins chics que Lacoste.  En matière de raquette par exemple, Wilson est mieux qu’Adidas. 

 

 

Profitons-en pour évoquer l’histoire de la marque Lacoste! Le logo est toujours vert!

Il existe deux traditions sur l’histoire du crocodile Lacoste. Lacoste a été un très grand joueur , mais pas un attaquant. Il renvoyait tout, ne lâchait rien et on disait que son jeu s’assimilait aux mâchoires d’un crocodile qui s’accrochait, s’accrochait. Il n’y avait pas moyen de le faire décrocher et c’est vrai que lorsque l’on analyse les scores, Lacoste va fréquemment au 5ème set. A l’époque, il n’y avait pas de tie-break ce qui impliquait des scores astronomiques et le surnom de crocodile lui a été donné alors même qu’il était encore joueur. Quand il est devenu homme d’affaires, créateur de vêtements et de sport, il en a fait intelligemment son logo devenu l’un des plus célèbres au monde. Pas la peine d’écrire Lacoste en dessous lorsque la réputation est là. En plus, c’est un animal, ce qui est encore mieux. Une autre tradition mais moins répandue raconte l’histoire d’une valise en crocodile très chère que l’entraîneur de  Coupe Davis  au début des années 30 avait promis à Lacoste s’il remportait son match. Il était amateur à l’époque, et il aurait gagné cette valise. Je crois que le surnom de crocodile lui convient lui qui ramenait tout. Il a créé sa firme de vêtements et c’est une des plus belles histoires de reconversion du sport. En plus, sa fille a été une grande championne de golf et lui-même a été à Roland Garros jusqu’à un âge très avancé. Mais il avait une sorte de maladie qui faisait qu’il avait toujours froid. On le repérait facilement car la plupart du temps lors des finales il fait chaud et il avait quasiment un manteau de fourrure. 

 

 

Le bleu marine est une des couleurs les plus demandées chez Lacoste!

D’une manière générale c’est la couleur la plus portée pour le vêtement en Occident en tout cas. Ce n’est pas le noir et pour les polos et les tenues de sportswear c’est le polo bleu marine car c’est le plus passe-partout, le plus facile à marier avec le reste. Aussi bien pour les hommes que pour les femmes. 

 

 

Quelle était la première couleur de la chemise ?

Blanche. Actuellement, il y a beaucoup de coloris et l’on n’arrive plus à mettre un nom dessus. Mais elles ne sont pas toutes disponibles en même temps. Il y en a que l’on ne retrouve plus aujourd’hui et de nouvelles teintes apparaissent. On cherche à diversifier. Les goûts n’étaient pas les mêmes selon les marchés asiatiques, américains ou européens et certaines gammes se vendent mieux en Europe, d’autres en Asie.  Mais pour ne pas tomber dans la routine, les décideurs de chez Lacoste changent régulièrement les nuances. Bien sûr il y aura toujours du rouge, du jaune, du vert mais tous les deux, trois ans on change la nuance de bleu, de rose pour renouveler et attirer l’oeil. 

 

 

Avez-vous vous-même une chemise Lacoste?

J’en ai eu, je n’en ai plus. Je ne sais pas pour les femmes, mais il faut reconnaître que pour les hommes c’est très mal coupé. Je ne comprends pas pourquoi les manches sont si courtes et si resserrées. Il y a quelque chose qui ne va pas aux manches ou alors c’est moi qui par goût quand j’ai des manches souhaite qu’elles ne soient pas trop courtes et aillent jusqu’au coude. Mais à moins d’être très mince ça ne fait pas une jolie silhouette. Au niveau du col aussi, il y comme une sorte de défaut. Je n’ai jamais aimé beaucoup ces chemises mais lorsque j’étais adolescent dans mon milieu, les classes moyennes on était tous habillés pareil. Un jean, une chemise Lacoste et un pull bleu marine.

 

Pensez-vous que c’est étudié lorsque les joueurs ou joueuses mettent telle ou telle tenue!

Eux-mêmes ne sont pas libres pour les compétitions de s’habiller comme ils l’entendent puisqu’ils sont sous contrat. Ils doivent porter tel short, tel tee-shirt. On le voit bien d’ailleurs quand en cours de partie aux changements de côté, ils changent de maillot et reprennent le même. Ils en ont 5 ou 6 à disposition de la même taille et avec le même dessin. 

 

Par exemple quand Kuerten vainqueur 3 fois  de Roland Garros a arboré des tee-shirts orange qu’avait-il comme idée selon vous?

Il a porté une couleur inhabituelle sur un terrain de tennis. De l’orangé, une couleur peu tennistique. En plus à Roland Garros sur terre battue; ça s’accorde très mal; ça jure. L’orangé et la couleur rouge brique ça fait bizarre. Il a expliqué qu’il était sud américain et qu’en Amérique du Sud l’orangé se voyait beaucoup dans la vie quotidienne et qu’il n’avait pas le même statut qu’en Europe. Ce qui était vrai d’ailleurs.  Du coup, cela a fait naître une petite mythologie Kuerten.  Mais ça n’a pas suffi pour lancer la mode de l’orangé qui est quand même assez difficile à porter en sport. 

 

 

Et Agassi quand il a mis ses jeans?

C’était pour provoquer. Agassi était un grand transgresseur et quand il était jeune il portait des cheveux  très longs. Il n’était pas d’une propreté extraordinaire et il portait des tenues quelque peu hippies. Son équipementier jouait sûrement là-dessus. C’était tout à fait nouveau dans le tennis. Il y a des gens qui ont hurlé « Je n’ai jamais vu ça, ça devrait être interdit. » Il n’avait pas 20 ans, c’était un gamin. Ce n’était pas très habituel dans le tennis européen et australien, c’était plutôt américain. C’est assez amusant parce qu’avec l’âge, il est devenu extrêmement propre. Il s’est fait raser le crâne et est devenu connu pour son élégance.  

 

 

Pour celui qui est en face quel effet cela produisait-il? 

Quelques joueurs se sont plaints de la couleur portée par leur adversaire, notamment quand le soleil tape très fort. Il y a des couleurs qui renforcent le côté aveuglant de la lumière comme les couleurs vives.  De ce fait, les couleurs neutres passent en général pour plus sportives. C’est la raison pour laquelle lorsque l’on joue la couleur on joue la bichromie blanc plus une couleur. Les équipementiers c’est blanc et rouge, blanc et bleu, blanc et vert, blanc et noir. Quelqu’un qui joue entièrement en orangé déja ça a l’air excentrique et ensuite ça peut gêner l’adversaire. 

 

 

Vous disiez que le joueur devait s'habiller de telle façon. Mais il a quand même le choix entre quelques tenues!

Oui, il a 4,5 tenues dans lesquelles il doit puiser. C’est vrai pour les sports d’équipe aussi. Une équipe un peu importante dans un sport professionnel a toujours 3,4 possibilités de tenue selon les couleurs de l’adversaire, selon s’il fait chaud ou froid. Les superstitions jouent un rôle aussi et un sportif ne remettra ps forcément telle tenue avec laquelle il a perdu. C’est la même chose pour les sports d’équipe.  Une équipe qui a un peu de prestige dans un sport professionnel a toujours 3,4 possibilités de tenue selon les couleurs de l’adversaire, selon la météo, les superstitions et ses différents résultats.

 

Federer avait ralé lors d’un tournoi à Londres car on lui a interdit de porter des chaussures où il y avait un peu d’orange!

Ce n’est pas un problème de couleur, c’est un problème de crampon, de type de semelle qui abîme certaine surface ou qui donne un avantage aux joueurs par rapport aux autres qui n’en sont pas dotés. On accuse l’apparence, mais ce n’est pas ça le vrai problème. . C’est le fait de l’accorder à un joueur et pas à un autre. Je me rappelle les cordages dans les années 70 lorsque les raquettes se sont agrandies de manière illimitée avant que chacun ne puisse prendre une raquette à son idée. Elles étaient  beaucoup plus petites quand je jouais au tennis, en bois et petit tamis comme on dirait aujourd’hui. Très petit tamis comparé à maintenant. Je crois que je ne pourrais pas jouer avec une raquette grand tamis. 

 

Les joueurs qui jouent en double, pensez-vous qu’ils se consultent avant d’entrer sur le court?

Oui et non car là aussi ils ont des obligations individuelles par rapport à leur équipementier et il se peut très bien qu’ils forment une paire avec deux équipementiers différents.  C’est très fréquent qu’en début de tournoi un joueur soit délaissé par son partenaire et prenne quelqu’un de disponible qui veuille bien jouer avec lui. ILs ne se sont donc pas consultés auparavant. Ils ont peut-être des liens amicaux, mais  peuvent être tout à fait disparates sur le terrain en matière de tenue. Pareil d’ailleurs pour les deux en face. Que ce soit un double homme, dame ou mixte.

 

 

Et parmi les vainqueurs  que ce soit en simple ou en double y a t-il des couleurs qui reviennent plus fréquemment?

Quelques superstitions existent là aussi, mais il y a toujours une dominante blanche. Si vous regardez bien les joueurs dans les tournois du Grand Chelem c’est rare qu’ils ne portent pas du blanc quelque part en plus de la couleur.

 

 

Le noir n’a jamais triomphé en tennis?

C’est difficile d’imposer le noir sur un terrain pour des raisons de tradition, de visibilité. Les gestes se voient moins bien. Par exemple, j’aime beaucoup regarder le tennis féminin car les gestes sont davantage décomposés pour le spectateur.  Si les joueuses étaient toute en noir ce serait moins perceptible qu’en blanc. 

 

 

Quelles sont les couleurs que vous aimez chez un joueur ou une joueuse?

Des couleurs claires. Si c’est sur terre battue que ça fasse un contraste avec la couleur du terrain. C’est cela qui me semble important. Un joueur ou une joueuse qui aurait un polo , un short ou une robe rouge brique ça n’irait pas. Il doit vraiment y avoir un contraste avec le sol quelque soit sa couleur. Donc, si c’est de la terre battue traditionnelle , le blanc, le bleu ciel, le jaune se voient mieux que les couleurs foncées. Sur gazon c’est important aussi. J’ai lu récemment que la reine d’Angleterre  quand elle va aux courses où à un match de polo ne s’habille jamais en vert. Il faut qu’on la repère, donc pas de vert sur un terrain où le vert est très présent. 

 

Que pensez-vous du tennis actuel?

JJe m’élève contre une idée qui circule qui dit qu’avec Djokovic, Nadal, Federer et quelques autres joueurs jamais le tennis n’a eu autant de grands champions. Ça n’est absolument pas vrai. Dans les années 50 et 60, le nombre de grands champions du même âge était beaucoup plus grand et les compétitions bien plus acharnées qu’aujourd’hui. Ceci y compris dès les 8ème de finale. Ce n’était pas comme aujourd’hui où les 4 meilleurs se retrouvent systématiquement en finale. 

 

Au niveau des spectateurs comment se passe le rapport avec les couleurs?

Il existe une démocratisation du public et une variété de classe sociale plus importante qu’autrefois avec une impression bien plus colorée que quand j’étais jeune.   Le tennis n’était pas vraiment un sport snob mais disons de classe sociale un peu aisée aussi bien sur le terrain que dans les tribunes. Surtout lorsqu’il faisait beau l’été , on voyait beaucoup de blanc dans les tribunes avec des tenues relativement sobres avant que ça ne devienne bariolé. A un moment donné, les Etats-unis étaient en avance sur le reste du monde au niveau des couleurs, du bruit. Un grand tournoi était un peu comme une messe, on n’entendait rien.  Avec la circulation, les pop corns c'était tout à fait autre chose. 

 

 

`Analysons le court. Il y a d’abord le filet

Il est règlementé et doit être foncé avec une bande blanche. On ne dit pas noir, mais les règlements disent bien qu’il doit être foncé. Hauteur 91 cm, tout ça est bien précisé. 

 

 

Au niveau de l’arbitre?

Rien n’est précisé dans le règlement mais le bon usage veut que l’arbitre ait une tenue qui fait que d’une part on le distingue des joueurs et d’autre part qu’il y ait quelque chose qui souligne non seulement sa place sur la chaise mais aussi lorsqu’il descend voir une trace de balle etc… Mais pas d’autre règle. 

 

Il paraîtrait à ce sujet peut-être pas dans le tennis que les arbitres seraient plus sévères avec des sportifs portant telle ou telle couleur!

Je n’y crois pas beaucoup. En revanche inversement, je crois beaucoup que les arbitres qui étaient en noir pour des raisons télévisées et qui ont laissé tomber pour porter de la couleur ont perdu une grande partie de leur autorité. Sur un terrain de rugby, c’est vrai que quand on voit un arbitre habillé en jaune ou en rose il a l’air moins sévère que s’il était vêtu de noir. Ça marche un peu de cette manière. Le monde des arbitres est un monde mystérieux. Comment dans un sport d’équipe et même individuel un arbitre peut-il être totalement neutre?  C’est un mystère.  Ce serait étonnant qu’il n’ait pas une petite préférence pour tel ou tel joueur. Il n’est pas tout seul, il y a les juges de ligne, le public. Mais il a un rôle important et il doit se montrer le plus neutre possible. Ce n’était pas toujours facile dans ma génération mais ça doit être la même chose maintenant. Dans le tennis complètement amateur, ce n’est pas rare que deux joueurs aient un arbitre. Est-il complètement impartial? On ne fait que s’amuser, il n’y a pas d’enjeu mais quand même…

 

 

Et pour les ramasseurs, les ramasseuses?

Ils doivent être habillés pareil. Je ne sais pas qui choisit mais en général c’est l’organisateur du tournoi pour les Grands Chlems. Les ramasseurs si possible doivent porter une tenue que les joueurs ne porteront jamais afin qu’aucune confusion ne puisse survenir. 

 

Au niveau des couleurs concernant les retransmissions télévisées comment cela a t’-il évolué?

La télé a joué un grand rôle au niveau des changements. Pas seulement dans le tennis mais dans tout le sport en général. Pour des questions de visibilité, ce qui était bien visible en noir et blanc l’était moins en couleur. Il a fallu changer certaines choses , certains contrastes. En football par exemple, la séance de tir au but s’est imposé par la télévision pour que le match ne dure pas trop longtemps. Quand j’étais moins jeune, ce n’était pas rare qu’un match nul soit rejoué deux jours après, le nombre de fois qu’il fallait.  Quand j’avais 20 25 ans il y avait encore des gens qui disaient qu’à partir du moment où le sport était télévisé, ça n’était plus du sport. Quand des nouveautés se mettent en place, il y a toujours d’un côté des résistances et de l’autre côté des partisans des nouveautés quelles qu’elles soient.

 

Pour finir, si vous aviez du être un joueur de tennis qui auriez-vous aimé être?

J ’ai longtemps beaucoup admiré Rosewall. Il n’a jamais gagné Winbledon et a été finaliste en 54 et 74 à 20 ans d’intervalle.  Mais c'est Rod Laver avec ses deux grands Chlems que je choisirais... 

 

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

 

 

 

 

 

vendredi, 23 avril 2021

Exposition sur l'orange

Un dimanche à la campagn	e.jpgL'orange de mes yeux, 100 x 75 cm.jpgFrançois Lemaire peintre va à partir du 3 mai présenter une exposition sur la couleur orange. Cela se passe à la Fabrique contemporaine au 30 rue Vergniaud tous les jours de 14h à 18h. C’est un orange qu’il fabrique lui-même, soit au couteau, soit au pinceau avec différents rouges et différents jaunes assemblés les uns aux autres. Par exemple s’il met un petit peu plus de rouge, il va avoir un orangé assez fort, s’il met un peu plus de jaune il va avoir un orangé plus pâle, plus jaune. Il avait déja fait une exposition sur le bleu en utilisant la même technique.

 

Si vous voulez un rendez-vous en dehors des heures d’ouverture vous pouvez appeler François Lemaire au 0619533416. 

Ou au galeriste au 0613080969

 

 

Agnès Figueras-Lenattier

13:33 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition, peinture, orange

lundi, 12 avril 2021

Sport en tête

Sport en tête est une association à vocation européenne qui a pour but de regrouper les associations sportives des établissements psychiatriques et des structures médico-sociales. Il s'agit de promouvoir le sport comme outil de soin, véritable complément thérapeutique aux traitement médicamenteux.

 

Christophe Bernelle

Un nouveau président Gilles Moreton a été nommé assez récemment. Mais que faut-il retenir de positif ou de négatif des années  Bernard Guidicelli?

Il attachait beaucoup d’importance aux résultats internationaux pour les très jeunes. C’était en quelque sorte son dada ce qui me semblait un peu exagéré. Il tenait beaucoup à ce que les moins de 14 ans soient dans les tous meilleurs dans l’épreuve Tennis Europe avec une course au point pour obtenir une bourse. Or l’important en moins de 14 ans c’est quand même de penser à améliorer son jeu même s’il faut faire des tournois.. Quelque chose a changé en junior ces dernières années c’est le classement ATP. Il est maintenant très important d’être le mieux classé possible surtout la dernière année junior. En effet, si un jeune est  dans les 20 ou 30 meilleurs mondiaux, il peut bénéficier de wild card pour les 15.000 dollars.  En revanche, s’il n’a pas ce classement là, il galère. Pour avoir ses premiers points, il doit passer un tour dans le tableau final et si les concurrents sont nombreux, il ne peut même pas s’inscrire dans les qualifications. Cela ne signifie pas pour autant  qu’il deviendra  très fort dans le futur mais il aura au moins la possibilité d’être sur le circuit pro. A une époque, très peu de choses étaient structurées dans les clubs et les ligues. Ensuite, ce fut au contraire le développement de pas mal de pôles et à un moment donné il y en avait trop. Sois tu allais en pôle, soit tu avais du mal à t’entraîner.  Avec l’arrivée de Bernard Guidicelli, c’était carrément l’inverse. Il voulait presque fermer tous les pôles pour que tout se passe près de la famille avec les entraîneurs de clubs et de ligues.  L’important, c’est que le jeune et sa famille puissent utiliser ce qu’il existe de mieux pour lui, pour son développement.  Certains joueurs préfèrent rester près de chez eux avec un bon entraîneur de club et de ligue sans faire trop de route. Ils peuvent ainsi continuer leurs études. Pour d’autres c’est plus compliqué car les distances sont très importantes. J’ai vu aussi des joueurs qui ne voulaient même pas rentrer le week-end chez eux, tellement le père était à fond derrière ne laissant même pas l’enfant se reposer.

 

Quel est le parent qu’il faudrait avoir pour que l’enfant devienne un champion?

Un parent doit être là surtout pour soutenir son enfant. On trouve surtout chez les filles des exemples assez extrêmes de parents très investis comme ceux de Marion Bartoli.  Mary Pierce aussi pendant un temps. Surtout chez les petits, la présence des parents joue un grand rôle. Généralement ce sont eux qui donnent aux enfants l’envie de jouer au tennis. La plupart du temps, l’un des deux parents  aime le tennis, fait jouer le gamin ou la gamine. Sinon, c’ést un frère ou une soeur qui joue. Le petit ou la petite suit, regarde puis très vite a envie de taper dans une balle. Ce premier désir de l’enfant, ce premier plaisir d’arriver à la remettre de l’autre côté du filet doit être partagé avec les parents. Quand on est enfant, on est super heureux d’avoir réalisé cela. C’est un peu comme un exploit que l’enfant a envie de renouveler et sans cesse. Quand ils commencent à vraiment s’amuser, la plupart du temps les enfants ne veulent plus sortir du court. Quelque chose d’important aussi c’est le mur.  Les jeunes qui commencent et qui sont mordus essayent de continuer à taper la balle contre un mur. Celle-ci revient tout le temps, tout le temps. De nombreux  joueurs et joueuses se font des films et c’est bien. Ils rêvent énormément, s’imaginent jouer contre leur idole, par le biais du mur. La passion est alors transmise. Et cela vient à 80% de la famille. Quand  Djokovic était petit,  il a eu un contact avec le tennis en regardant les cours que donnait une enseignante. Celle-ci l’a vu et lui a dit qu’il pouvait essayer. Il a dit oui, a tapé 2,3 balles et elle a vu qu’il était loin d’être maladroit. "Parle à tes parents, demande lui qu’ils viennent lui a t-elle conseillé. Si tu veux, tu pourras prendre des cours." C’est comme ça que tout a commencé. Il raconte que justement lors de son 1er cours, il est arrivé avec un sac très bien rangé. La prof a eu le malheur de lui dire «  Dis donc tu as un beau sac, tout est bien rangé, tes parents se sont bien occupés de toi.  Et Djokovic de rétorquer «  oh oh, c’est moi qui fait mon sac. «  l était super heureux et l’histoire est partie. Si les enfants deviennent vraiment motivés, les parents vont être énormément sollicités. Ils vont être amenés à trimbaler leur enfant de tournoi en tournoi, la plupart du temps l’entraîneur étant indisponible.  C’est là où le joueur  doit être vraiment son propre  supporter. Si les parents connaissent un peu la compétition et qu’ils en ont fait un peu eux-mêmes, c’est bien car ils savent la difficulté de ce sport. Notamment au niveau du mental. L’enfant doit vraiment être heureux de faire de la compétition. A ce sujet, j’ai une anecdote avec un petit qui était au centre de Potiers.. Un gaucher classé 15, 12 ans, le 2ème de France dans sa catégorie, disputait les poules sans élimination directe que les enfants à partir de 6,7 ans peuvent disputer. Il en parlait, avait encore des étoiles dans les yeux, et  évoquait  les bons goûters qui le motivaient.  D’où l’importance d’un bon état d’esprit, d’une bonne ambiance. Le plus important c’est que les jeunes passent un bon moment. Le nombre de matches qu’ils ont gagné doit être anecdotique. C’est surtout un rassemblement de jeunes, qui tapent dans la balle, avec une initiation de la compétition. Ce n’est pas pour rien que ce jeune a adoré tous ces rassemblements. Les parents sont là pour soutenir leurs enfants surtout ceux qui supportent mal la défaite. Ils doivent relativiser et se dire que le plus important, c’est de participer au tournoi, au rassemblement, de voir ses copains et d’ essayer de faire le mieux possible. S’il n’a pas réussi, il n’a pas réussi, il fera mieux la prochaine fois.  Il ne faut pas qu’il pense à  la victoire à tout prix comme le voulait Bernard Gudicelli  avec de l’argent pour les entraînements et d’éventuels contrats de marque .

 

La tentation de tricher

Qu’un enfant qui a absolument envie de gagner ait la tensation de tricher, c’est assez classique. Comme un enfant qui joue aux cartes, il a envie de gagner, il va être tenté de tricher. La plupart des enfants  le font pas mais le rôle des parents est super important. Certains parentls ferment les yeux, et vont même jusqu’à encourager l’enfant. Certains étrangers de Russie où des pays de  l’Est  n’hésitent pas à piquer des points parce qu’il faut gagner à tout prix. Les parent doivent être là pour éduquer leur enfant et leur faire comprendre que ce n’est pas comme ça qu’ils vont être forts mais en améliorant leur jeu, en travaillant. Evidemment, c’est un discours qui doit être repris par les entraîneurs qui généralement  ont le bon état d’esprit.  Par contre chez les parents, je pense que c’est plus rare car ils ont un peu plus de mal à avoir de la distance avec ce que vivent leur enfant de manière générale. Là encore c’est le rôle de l’entraîneur d’éduquer un petit peu les parents, de leur faire comprendre que c’est important que tout se passe bien. Qu’un match soit avant tout un moment plaisant…

 

Il faut souhaiter à l’adversaire un beau combat?

Oui comme le disent certains grands maîtres d’arts martiaux il faut souhaiter que l’adversaire soit en grande forme pour essayer de le battre à son meilleur niveau. Que ce soit un beau combat où les deux joueurs ou joueuses  ne sont pas loin de leur meilleur niveau. C’est là que se situent les plus beaux matches, les plus belles batailles. Ainsi lorsque l’ on a une balle de match souvent on est très tenté de souhaiter la double faute de l’adversaire. Or, il faut plutôt se concentrer sur le fait qu’il va faire une bonne 2ème balle et essayer d’anticiper cette 2ème. De visualiser l’endroit où l’on veut mettre un bon retour, pour essayer de prendre le jeu à son compte et gagner le point. C’est facile à dire et pas forcément facile à faire mais c’est important de l’avoir en tête. Si l’entourage, l’entraîneur et les parents l’inculquent à l’enfant jeune, c’est super…

 

Comment un parent doit-il réagir si l’enfant est très déçu après un match, qu’il pleure et qu’il va dans sa chambre!

Déjà, il  faut le laisser exprimer ses émotions très vite et arriver à parler avec lui. Et surtout lui montrer que ce n’est pas parce qu’il gagne un match ou qu’il perd que l’amour qu’il lui porte est chargé. Personnellement, c’est vrai que j’ai  ressenti à un moment donné quand le tennis a commencé à être sérieux pour moi, et que j’avais perdu un match, le soir mon père était moins content. Il était un peu fermé.  Un enfant le ressent forcément. C’est ce que l’on appelle du langage infra verbal. Ce n’est pas dit par le parent mais l’enfant ressent le visage d’un parent déçu parce qu’il a perdu un match. L’enfant a davantage de pression pour le match d’après, car il n’a pas envie de rendre malheureux ses parents. C’’est un peu la même chose quand on a une mauvaise note. Certains parents peuvent être très touchés par cela. Le parent doit surtout faire comprendre à l’enfant qu’ils peuvent en parler.  Déjà il faut dédramatiser  et c’est bien si on peut faire parler l’enfant «  Qu’est-ce qui a marché, qu’est-ce qui n’a pas marché? Est-ce que tu penses à ce qu’il faudra que tu fasses la prochaine fois? » On peut l’aider à voir clair par rapport à son match et le faire parler dessus. Et puis peut-être qu’il s’est mis trop de pression car c’est le cas de beaucoup d’enfants.  Ma mère était moins sensibilisé. Elle connaissait un peu plus le tennis mais c’était surtout lié à son caractère. Que je gagne ou que je perde, il n’y avait pas de grande différence.  C’était plutôt une chance. C’est évident que l’entourage est fondamental on en a de plus en plus conscience. Il faut arriver à aider les parents même si c’est difficile et l’on arrive plus facilement à faire comprendre des choses à des parents ouverts. Certains sont assez fermés et ont l’impression de tout savoir. Ils n’ont pas forcément envie d’écouter d’éventuels conseils.  Nadal ok il a des qualités physiques, du talent mais le mental  commence déjà par l’éducation et puis le côté très soutenant. Ça a vraiment bien fonctionné. Son oncle pouvait parfois être très dur à l’entraînement avec lui, il l’a dit, et Nadal pouvait revenir à la maison en pleurant. Forcément la mère de Rafa n’était pas très contente. Donc elle en parlait au père de Rafa et le père qui est le grand-frère de Toni allait parler à Toni pour qu’il aille un petit peu plus mollo.  C’est une dynamique familiale. Le père de Rafa ’était un peu le boss de l’équipe. C’est évident que si Rafa n’avait eu que Toni et qu’il n’y avait personne d’autre pour lui dire d’ y aller mollo de temps en temps il aurait pu casser Rafa. Il aurait pu le dégoûter d’autant plus que Rafa aimait bien le foot. En plus, il avait un oncle qui avait joué à Barcelone. Il aurait très bien pu envoyer balader son oncle, et faire du foot. Et on n’aurait pas eu Rafa.  La dynamique familiale au sens large est très importante. Avec d’abord les deux parents. 

 

 

Quelle est l’attitude idéale d’un parent quand son enfant joue? 

Pas simple d’être parent. Mon fils a fait une ou deux compétitions, ma fille l’aînée en a fait une. Je n’étais pas là, or c’est assez drôle. Elle était au CAM et avait 7 ans. Elle était à l’école de tennis,  aimait bien taper dans une balle sans plus. J’ai quelques souvenirs où je la faisais  jouer, c’était le soir, l’été. Elle pouvait quand même jouer jusqu’à 10h du soir, jusqu’à la tombée de la nuit même.  Quand tu es parent, tu dis c’est bien, tu es en train de transmettre une passion.  Après il y a eu le premier tournoi du club et des enfants de l’école de tennis.  Alizée ma fille n’avait pas trop envie de jouer, elle n’est pas compétition, elle le sentait déjà. Mais comme elle aimait bien Jacqueline Le Boubenec qui filait des bonbons aux enfants, elle lui a dit ok je vais faire le tournoi. Elle le fait, c’était un mercredi, et mon ex femme y était. Elle m’a raconté. Ma fille commence le match, l’autre joueuse sert, n’hésite pas à servir à la cuillère. On me raconte qu’il y a un jeu accroché, mais elle le perd. A elle de servir et elle ne voulait servir que par en haut. Et alors 1 puis 2 puis 3 puis 4 doubles-fautes. 2/O elle sort du court; c’est fini. C’est une artiste; ce n’était pas sa tasse de thé. Mon fils c’était un autre genre. Il est allé faire le tournoi de la ligue, du CAM à 7,8 ans. . Il perd, après il joue la consolante, il gagne deux matches par W0, je ne suis pas sûr qu’il gagne un match , je crois qu’il perd après et puis il se faisait tellement des films qu’il avait l’impression qu’il allait gagner le tournoi. J’ai du le regarder deux fois. Bien sûr tu as envie qu’il gagne, qu’il mette la balle dans le court. Mais j’avais quand même du recul et après il a joué beaucoup plus au basket. Il se mettait une pression . Il faut le soutenir et qu’il soit content d’aller faire son match. Et puis s’il perd ce n’est pas grave, il y aura un autre match après. Faut vraiment qu’il soit heureux d’être là surtout et tout faire pour qu’il soit content. Si possible, il faut éviter qu’il se rende compte que ça stresse les parents. 

 

Quelle attitude les parents doivent-ils avoir avec l’entraîneur?

Là encore l’idéal c’est qu’ils fassent énormément confiance à l’entraîneur sinon c’est compliqué. Ou alors  changer d’entraîneur, ce qui n’est pas toujours simple à l’intérieur d’un club. Tout le monde n’a pas l’argent pour payer un entraîneur privé. Un bon entraîneur va aussi aider les parents qui vont être amenés à accompagner leur enfant en compétition. Il va  les aider à avoir la bonne attitude; à essayer d’être actifs aussi mais dans le bon sens du terme. Il peut peut-être les inclure un peu, leur dire que leur enfant doit avantage attaquer, essayer dès que la balle est courte de se projeter et d’aller vers l’avant. Si l’entraîneur n’est pas là, il peut très bien confier une mission aux parents. Les parents vont alors regarder, vont peut-être compter les fois où il est allé à l’attaque, et les  fois où il aurait peut-être pu le faire et où il n’a pas saisi l’occasion. Et qu’ils ne soient pas centrés uniquement sur le score, je gagne, je perds. Les parents peuvent aussi  regarder les entraînements et voir si leur enfant arrive à refaire la même chose en match.

 

Si un parent prend trop de place!

C’est important que l’entraîneur soit psychologue. Dans le football, les joueurs vont au club, prennent le bus, vont à leur match et l’entraîneur ne rate aucun match. Par contre au tennis, on sait bien que les parents font partie de l’équipe. C’est un pilier important pour que le joueur ou la joueuse s’épanouisse à travers la compétition qui remue beaucoup de l’intérieur. Au niveau des émotions l’enfant est seul sur le court. 

 

Le tennis est un sport difficile car il met les nerfs en boule!

C’est un des sports les plus durs dans la tête. Déjà c’est un sport individuel. Dans un sport collectif, on peut gagner même si on joue mal à partir du moment où les autres joueurs ont bien joué. On peut même dire j’ai perdu parce que l’autre a été nul dans les buts, il a fait une merde. Au tennis,  on ne peut  se cacher. C’est un sport d’opposition différent du judo où il existe la notion du chronomètre. Dès que l’on a un avantage, il suffit de garder son avantage et l’on gagne. Au tennis ce n’est pas ça. Il n’y a pas de chronomètre et même si on a un avantage il faut quand même gagner le dernier point. Tant que le dernier point n’est pas fini, le match n’est pas fini. Alors qu’au judo, s’il reste 10 seconde et que l’on a un avantage on peut tout faire pour ne rien faire. On a juste à tenir, on n’a pas à jouer son meilleur judo. Au tennis au contraire si l’autre est vraiment un combattant, il ne va pas donner le match. J’aime bien cette image de Brad Gilbert qui disait que quand l’autre est mené, il est comme un ours blessé. Et cette image est interessante car l’ours blessé est encore plus dur à tuer. Il faut donc être sur ses gardes encore plus et essayer de jouer le mieux possible. Il ne faut pas dire que l’autre nous a donné le match au contraire. On sait bien que terminer un match c’est ce qu’il y a de plus dur au tennis. Par rapport au golf, un match de tennis  peut durer très longtemps. Il y a eu une finale Djokovic  Nadal à l’Australian Open qui a duré pas loin de 6h, Santoro Clement était aussi un très long match.  Et que dire du fameux match Mahut Isner 11h en 3 jours à Winbledon. Il faut être fort physiquement, mais il faut aussi être fort dans la tête pour jouer 11H. Il n’y a pas d’autre sport où un match peut être aussi long surtout en sport individuel. . Au golf, on est en concurrence indirecte avec les adversaires alors qu’au tennis on ressent vraiment directement l’adversaire. Le tennis c’est vraiment un combat, c’est pour ça que j’aime bien le comparer souvent à un art martial. Agassi le compare à la boxe aussi , c’est vraiment un  combat où l’on se donne des coups. Mais les coups sont dans la tête justement. Quand on prend un full ace et ensuite un 2ème derrière ça fait mal à la tête. L’exemple que j’ai en tête c’est quand Agassi gagne Winbledon en 1992 contre Ivanisevic. Il doit prendre une quarantaine de full aces. Même s’il touche la balle cela fait quand même point pour Ivanisevic.  C’est là où il faut être très fort dans la tête. Agassi prend un ace comme si de rien n’était, va se replacer de l’autre côté sans broncher et il est prêt à retourner. Il prend un autre ace, il fait la même chose. Comme s’il n’était pas atteint alors que l’on peut avoir envie de râler, de dire le mec est incroyable, injouable. Des phrases que l’on entend sans arrêt sur tous les courts de tennis en compétition voir même à l’entraînement. C’est là où il faut être vraiment fort dans sa tête, accepter de prendre des coups et juste être prêt à saisir à un moment donné ce match là.  Agassi a eu l’opportunité de passer devant et de gagner en 5 sets. 

 

 

Que dis-tu à ces jeunes lorsqu’ils affrontent un copain?

C’est arrivé lors d’un tournoi junior en Espagne. Ils étaient plusieurs français, ils se sont joués. C’est important de souhaiter que l’adversaire soit à son meilleur mais là il faut le souhaiter encore plus. C’est un copain, un ami et il faut que  tous les deux on soit en forme. Il faut souhaiter que son ami ait un gros niveau de jeu, que le combat soit magnifique, et puis le meilleur du jour gagnera. En plus, ils sont juniors et  il faut souhaiter qu’ils se se jouent aussi en senior  dans les gros tournois.  L’important c’est de progresser et d’espérer qu’ils se joueront dans des finales. Il faut dédramatiser l’enjeu du match, c’est juste une confrontation. De toute façon, il faut toujours être centré sur son jeu, et essayer de jouer son meilleur tennis  et encore plus contre un ami.  L’ami doit également se dire la même chose. C’est un ami, il est capable de très bien jouer et mieux vaut mieux s’attendre à ce qu’il joue bien, savoir exactement ce qu’il peut faire et anticiper. Si son ami adversaire n’est pas en forme ce jour là, ce ne sera pas un super match et normalement  il le gagnera mais au moins il ne sera pas surpris.  Mais il doit visualiser le fait que son ami va faire un super match. 

 

Tu dis que cela doit se passer normalement comme contre un autre. Mais ce n’est pas possible! 

Deux choses interviennent. S’il existe une vraie amitié, je dirais très souvent qu’il peut vraiment y avoir un grand match car il y a l’envie de montrer à son ami que l’on est fort et vice versa. Généralement ça fait des bons matches. Si on perd bien sûr on est déçu mais c’est notre ami qui va continuer le tournoi donc on est content pour lui. Si on gagne, on est content pour soi et comme c’est un ami il est un peu content pour nous aussi. Après il y a les copains, c’est un peu différent. Et puis cas encore plus important quand on joue quelqu’un que l’on n’aime pas du tout. Cela peut-être plus compliqué et l’ on a plus envie de faire de la vraie boxe. Si on commence à ne pas bien jouer, à rater on risque de se frustrer. On se dit je n’ai pas le droit de perdre contre lui, il est trop con. On rentre dans un cercle vicieux et cela engendre une situation difficile à vivre. Un homme ou une femme prévenu en vaut deux, et là aussi il faut être centré sur son jeu et faire abstraction de la personne qui est en face. On connaît le jeu de cette personne, on sait ses qualités, ses défauts, et il faut être centré uniquement sur son propre jeu à soi. Et  ce n’est pas évident d’arriver à faire abstraction de l’autre. Mentalement c’est difficile mais avec du travail c’est faisable et il faut éventuellement le préparer ce match là. Cela me fait penser à Djokovic  qui travaille énormément mentalement. La dernière finale de Winbledon contre Roger, il a été capable alors que le public était à fond  pour Roger et scandait son nom il a été capable de faire comme si les spectateurs criaient son nom à lui. il l’a dit, il y arrive. C’est incroyable. C’est très facile de se dire « fais chier, ils sont tous pour lui, c’est insupportable, pourquoi ils ne m’aiment pas." Lui il sait ce qui va arriver et arrive à transformer. la situation à son avantage.  Comme si les spectateurs  étaient là pour lui. C’est remarquable. 

 

Et si c’est une bête noire?

On le connait; on sait exactement comment il joue, et ce qui nous gêne.  Idéalement c’est important d’arriver à visualiser un peu sa tactique et de se voir faire des choses dont on pense qu’elles vont l’embêter.  C’est peut-être prendre plus de risques quitte à perdre mais d’une autre façon.  C’est important d’avoir une tactique claire dès le début pour essayer de faire en sorte de le battre. Il faut y croire et là encore il y a un travail mental à faire puisque la façon dont on rentre sur le court va conditionner la performance. S l’ on joue une bête noire contre qui on a toujours perdu, il faut vraiment avoir en tête une tactique à mettre au point et se persuader qu’elle peut vraiment fonctionner.  Et qu’ainsi on peut le battre. Il y a un conditionnement à faire et si l’on ne fait pas ce travail là, cela risque d’ être compliqué. On risque de retomber un peu dans les mêmes travers.  L’autre en face a forcément des faiblesses  sauf si c’est Nadal ou Djokovic.  Gérulaitis  avait perdu 16 fois contre Connors et à la 17ème fois il le bat. Et lors de l’interview il a dit «  Il faut savoir que personne ne peut battre Gerulaitis 17 fois de suite. Faut toujours y croire même si c’est sa bête noire. 

 

Important aussi l’humeur? Ce n’est pas la même chose si l’on est serein ou si au contraire on s’est disputé avec quelqu’un de son entourage!

Là on en revient une fois de plus à l’importance de l’entourage par rapport à un match qui plus est,  important. Je pense au clan Nadal et à son  entourage pour tous les Grands Chelems à chaque fois. Il ya vraiment son cercle proche. Ca fait partie de ces routines pour qu’il soit bien. Tout le monde autour est là pour que justement il dépense zéro énergie en dehors de ce sur quoi il se focalise. Là on parle d’un très grand champion  mais au niveau des jeunes qui sont à un niveau international c’est important que les parents  mettent aussi une certaine ambiance,  dédramatisent le match car le joueur est vraiment concentré dessus. Nadal la dernière fois que je l’ai vu à Bercy jouait aux cartes où à de petits jeux de société avec son coach. Ils sont là comme des gamins en train de rigoler et non pas entrain de se regarder dans le blanc des yeux dans les vestiaires.1h avant on rentre dans les vestiaires et  pour les plus jeunes une demi heure avant . Pas la peine de se préparer 5h avant non plus.. Une espèce de rituel d’avant match se met en place dès que l’on rentre dans les vestiaires, et l’on se réchauffe physiquement. Parfois, on tape un petit peu la balle avant où l’on peut faire une petite sieste…

 

Ces enfants dont tu t’occupes est-ce que tu essayes de les intéresser un peu à autre chose qu’au tennis?

J’essaye  mais  tout dépend de l’âge. Ceux qui sont en terminale, même en première, je peux tenter de leur parler un peu philosophie. On peut commencer à parler un petit peu des différents philosophes que ce soit ceux de l’Antiquité grecque ou asiatique. Faire passer un petit peu des messages de ce style. Les grands joueurs ou joueuses ont quand même des phrases assez proches des philosophes notamment Nadal.  Les joueuses surtout se font mal, et peuvent se taper la cuisse avec une raquette.  On ne peut pas tolérer qu’elles se fassent mal ainsi. Même à l’entraînement elles le font parfois. C’est important que les joueurs ou joueuses se respectent eux-mêmes et l’adversaire aussi. C’est un sport difficile mais qui va les aider à mieux se connaître. La plupart essayent quand même d’avoir leur bac vu la difficulté pour être professionnel. Hugo Humbert a son bac je pense que Lucas Pouille aussi, Fiona Ferro je pense aussi. La filière américaine après le bac est quand même super interessante. Un français qui joue pas mal en ce moment c’est Arthur Rinderknech qui est allé aux Etats-Unis. Il a 25 ans, il est 120ème, et a énormément  progressé après son retour des Etats-Unis. C’est beau…

 

Concernant le tennis féminin, j’ai  eu une conversation avec Christophe Bernelle mais je ne retrouve plus les papiers où j’avais retranscris cette interview. Comme si on ne voulait pas que les femmes soient également à l’honneur. Non pas que je sois féministe tel qu’on l’entend ainsi quand par exemple on écrit cheffe ça me révolte tellement c’est laid, mais j’estime que les femmes ont  droit au même sort que les hommes même si elles ne disputent pas 5 sets. Ce serait ridicule de vouloir que la femme soit l’égale de l’homme physiquement. Ce ne sera jamais possible. Vouloir l’égalité entre les deux sexes est vain selon moi. Chaque sexe a ses qualités, ses défauts, ses caractéristiques et c’est ce qui fait le charme de la vie. Pourquoi vouloir comparer? A ce moment là, il n’y a plus aucun repère et c’est la gabegie totale.  Je le dis d’ailleurs dans mon livre «  La raquette à l’encrier » pour lequel je n’ai pas trouvé d’éditeur pour l’instant que c’est une cause de divorce car plus aucun des deux sexes n’est à sa place. L’homme veut faire la femme et la femme veut faire l’homme. Cela dit, un homme peut très bien être père au foyer j’en connais un avec qui ça se passe très bien, s’il conserve son rôle de père et la femme celui de mère. C’est tout à fait possible si les choses sont faites intelligemment.  Ce petit intermède ayant été réalisé, voici donc ce qu’il ressort de ma conversation avec Christophe Bernelle. Je préfère ne pas faire de distinction entre ce qu’il m’a dit et ce que je pense et c’est un panaché des deux côtés que je réunis là. Suzanne Lenglen a été la première femme hommes compris, à devenir professionnelle et à gagner beaucoup d’argent. C’était une vraie star et de nombreuses personnes venaient la voir lorsqu’elle s’entraînait sur un mur confectionné par son père dans un garage. Elle faisait très attention à la manière dont elle s’habillait et c’est vrai que sur les photos elle est très apprêtée. Et elle a parfois des positions incroyables avec notamment une détente inouïe. A la volée, elle décolle totalement du sol. Comme elle était professionnelle, elle n’a pas eu le droit pendant un certain temps de disputer les Grands Chlems et ce n’est qu’en 68 qu’elle a pu y participer. J’ai entendu dire mais il faudrait vérifier, qu’elle prenait du café pour se doper. Dans le livre rédigé par un journaliste italien dont il faudrait retrouver le nom, il n’est pas question de mental ce qui est un peu dommage. Mais Bill Tilden lui en parle dans son livre et évoque  déjà l’importance  d’avoir un bon état d’esprit… 

Sélès est ensuite la deuxième joueuse dont nous avons parlé. Christophe Bernelle apprécie beaucoup cette joueuse et la trouve touchante même s’il reconnaît qu’elle pouvait en faire un peu trop à la manière américaine notamment en offrant des fleurs au public. Personnellement ses cris m’exaspéraient et je pense que c’était le cas de beaucoup de joueuses. Les spectateurs je ne sais pas. Elle détient le record de 8 grands chelems et elle sera dure à détrôner.  Son père qui était un homme intelligent avait compris l’importance de ne pas se poser de questions sur un court et pendant longtemps il lui a interdit de compter les points. Quand elle faisait des matches, c’est lui qui lui disait le score et lui indiquait quand il fallait tourner.  Ce qui faisait qu’elle tapait la balle très fort sans réfléchir. Lors de ses finales, c’est l’arbitre qui lui indiquait qu’il fallait tourner. Elle ne le savait pas. C’est sans doute une des clés de son succès. Ensuite elle s’est fait agresser et a eu beaucoup de mal à s’en remettre car elle a trouvé que le milieu ne la soutenait pas beaucoup. Parfois quand elle roulait en voiture sans but, elle avait envie de se jeter dans un arbre. Elle a encore gagné un Grand Chelem après. 

Troisième joueuse : Serena Williams. Aux Etats-Unis il y a deux sortes de courts les privés réservés aux gens fortunés et les municipaux pour ceux qui ont moins de moyens. La famille Williams très motivée arrivait très tôt le matin, attendait dans la voiture pour que les filles puissent avoir le court en premier et jouer autant qu’elles voulaient.  La mère avait un très bon état d’esprit et pensait avant tout au bonheur de ses filles. Ainsi quand elle regardait ses filles, elle ne cherchait pas à savoir si elles jouaient bien mais si elles souriaient.  C’est en regardant Navratilova recevoir un gros chèque que le père a eu envie de mettre ses filles au tennis. Il s’est dit super ce sport ça rapporte bien et il a eu comme ambition de faire de ses filles des championnes. Pari gagné! Vénus et Séréna étaient déjà très fortes à 14 ans et il aurait pu les envoyer disputer des tournois à cet âge là pour récolter de l’argent. Mais il a préféré qu’elles mûrissent et a attendu qu’elles aient 16 ans pour les envoyer sur les tournois. Et ce fut visiblement la bonne tactique car elles sont toujours là. Et c’est assez fou ce qu’ a réalisé Séréna revenir au plus haut niveau après une grossesse qui en plus s’est mal passé… Mais, cela démontre aussi que la relève est difficile et que peu de joueuses arrivent vraiment à sortir du lot. 

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

lundi, 05 avril 2021

CONFESSIONS

Aujourd’hui, j’ai décidé de laisser libre cours à ma plume, et de ne pas la gêner dans son effusion. Des pensées diverses vont défiler, et de nombreux domaines vont être évoqués. Notamment le sport, la médecine, la culture, les faits divers. Je vais commencer par le sport qui a de tout temps traversé ma vie, et qui continue à me tenir compagnie quotidiennement. En effet, j'ai pratiqué le tennis à haut niveau (n°8 française, championne d'Europe des moins de 21 ans). J'ai arrêté ce sport à cause d'un accident, mais pas l'exercice physique. Et j'en fais tous les jours (vélo d'appartement, marche rapide, jogging, gymnastique). Comme dit l'ancien sportif de haut niveau en judo et énergéticien de renom Jean-Luc Bartoli dans le livre « Au cœur du mystère des guérisseurs » «  il ne faut jamais arrêter le sport. Si tu as mal au genou quand tu cours, eh bien tu fais autre chose, de la natation, du vélo… Tu fais d'autres sports. Mais par principe, si tu veux garder la santé, il ne faut jamais arrêter le sport. »

Débutons par le vélo d'appartement qui est un bon relaxant, qui a l’avantage de pouvoir être pratiqué par n’importe quel temps, et chez soi. Si l'on est un peu pressé, c’est un moyen rapide d’évacuer le stress de la vie quotidienne. Et puis, pour ne pas perdre son temps, on peut en même temps regarder un DVD, écouter une bonne émission, travailler son anglais. Quant à la marche rapide, c’est très sain pour le corps. Tout en n’étant pas trop sollicité, le corps, s’épanouit, et ressent un certain bien-être. On se laisse emporter, et en même temps que l'on fait bien fonctionner ses muscles, on n’a pas vraiment le sentiment de vraiment souffrir. Et pourtant, on se donne à fond. Le corps revit complètement et jubile. Voici un exemple révélateur de ce que peut apporter la marche rapide cité dans le livre « Marcher une philosophie » du philosophe Frédéric Gros. L’exploratrice et écrivain français Alexandra David-Neel morte en 1969, raconte que lors d’une de ses longues marches himalayennes, elle vit un point noir se rapprochant à grande vitesse. C’était en fait un homme avançant très vite. Ses compagnons de route lui confièrent, que c’était un Lung-gom-pa. Et qu’il ne fallait surtout pas lui parler, ou l’interrompre, car il était en pleine extase. 

Et que si on l’éveillait, il pourrait mourir. Pour ma part, j’ai parlé de jubilation. Bien évidemment, je n’irais pas jusqu’à mourir si l’on m’arrêtait en plein effort, mais j’avoue que si l’on m'interrompait, ce serait pénible à vivre. Parfois, il arrive que quelques obstacles freinent mon allure, et cela entrave quelque peu le bon déroulement de ma marche.

Le jogging pour sa part, est un véritable antidépresseur. Quoi de plus revigorant que de courir une heure plusieurs fois par semaine. Si l'on se sent un peu fatigué avant la course, on en ressort dynamisé, requinqué. Si l'on est un peu triste, après la course on est imbibé d'optimisme et de joie de vivre. Et quelles belles sensations après avoir pris une bonne douche. Apaisement, sérénité…

Pratiquer ces différents sports, varier en fonction de l’humeur, du temps, de l’horaire, procure de très belles sensations. L’agressivité qui peut se loger en chacun de nous disparaît, et la vie qui peut parfois sembler trop routinière et morne, revêt un côté magique. Autre aspect important du sport : il entretient la libido et facilite l’orgasme. Et puis c’est une bonne manière de lutter contre l’obésité, qui s’est considérablement accrue ces dernières années. Un article dans Le Parisien du 24 août 2011, déclarait que 6,5 millions de français en étaient déjà atteints. 

En plus du sport, certaines thérapeutiques complètent bien les effets du sport. Comme par exemple l’acupuncture. C’est aussi une manière d’enlever du stress, et une certaine nervosité. Et si l’on tombe sur un bon acupuncteur, une occasion de retrouver de l’énergie, d’enlever la fatigue, et de repartir à zéro physiquement. J'ai un acupuncteur, le docteur Dang qui m’a toujours redonné la pêche lors de moments de découragement, ou de fatigue physique, ou morale. J’ignore comment il s’y prend, mais ses séances ont toujours eu un bon impact sur moi. Si j’ai des insomnies, il m’aide à mieux les supporter. Non pas comme si je prenais un somnifère. Mais quelquefois, je suis comme dopée la nuit, et n’ai pas vraiment besoin de dormir. Je peux aussi être plus détendue, et mieux accepter le fait de dormir peu. Ces séances me permettent dans l'ensemble de passer de meilleures nuits. 

Plus récemment, fin 2016, j'ai découvert le yoga qui est une source de détente et de bien-être et qui permet au corps de progresser un petit peu à chaque séance au niveau des postures et de la maîtrise du mental. Parfois on est bien dedans, parfois le cerveau n'est pas totalement disponible et c'est là où il faut justement lutter contre « le bla bla » intérieur. Au cours d'une séance, j'ai découvert le chant « le OM » qui est une lettre sanscrite et qui est intéressant pour la communion en groupe. On l'a chanté tous ensemble, avant et après la séance. Au début, je n'ai pas senti grand chose mais en fin de séance, bien détendue j'ai pu observer la différence. J'ai eu le sentiment d'avoir de petites vibrations dans toute la mâchoire et c'était très agréable. J'étais contente car cela prouvait que j'avais bien travaillé. C'est un chant que l'on peut chanter chez soi ou pourquoi pas même dans la rue. Il existe aussi des mantras que l'on peut chanter qui sont paraît-il très beaux.

J’ai également eu l’occasion de rencontrer un professeur d’arts martiaux Gérard Bonnefoy qui soigne également par la digitopuncture. Il m’a fait une fois une séance, et m’a donné une énergie incroyable, qui a duré un bon moment. J’avais véritablement des ailes et mes capacités physiques étaient amplifiées. Également journaliste à ses heures, et très intéressé par le fait d’améliorer l’état des patients malades du sida par le biais du taijiquan, il a écrit un petit texte que voici : « En 1988, a été diffusé aux Éditions Quimétao, un rapport du professeur Lu Weibo, docteur en médecine chinoise et occidentale. Ce dernier, avec son équipe a passé un long séjour en Afrique, afin de soigner, avec un certain succès, des malades du sida. Pour atteindre ce but, il a utilisé toute la complexité de l’énergétique chinoise pour faire des diagnostics très fins sur chaque malade, qu’il a comparé avec d’autres praticiens de part le monde, avant de notifier des syndromes typiques de la MTC (médecine traditionnelle chinoise) appliquée au sida. Il a ensuite utilisé l’acupuncture et la riche pharmacopée chinoise. De ces syndromes découlent des réponses thérapeutiques. Elles sont au nombre de dix : tonifier les poumons, tonifier la rate, tonifier l’énergie, tonifier le yin, rafraîchir la chaleur, éliminer la toxicité, éliminer les facteurs pathogènes de nature chaude, soigner le réchauffeur supérieur, soigner le réchauffeur moyen, activer la circulation sanguine (donc, dissiper sa stagnation). Or il faut savoir que le taijiquan est une discipline qui a été élaborée avec tout un savoir taoïste et médical, chaque posture ayant un rapport avec les cinq éléments, la notion maîtresse du yin yang, et au moins douze organes (y compris les organes « invisibles », ce qui est le cas du « triple réchauffeur »). Sans parler des rapports avec les glandes endocrines, les articulations ou tout simplement la circulation du sang. Pratiquant le taijiquan depuis vingt-sept ans, j’ai eu l’idée, après recherches, de créer une forme de taijiquan contre le sida. Cette dernière comporte dix-sept postures, et se nomme « Poisson en 8 ». Elle prend en compte les réponses du professeur Lu Weibo, dans une construction classique des arts martiaux internes. La forme commence par « Au commencement » et finit par « Coup de poing bas ». (Chaque posture a un nom.). Le but avoué de cette création, est d’aller vers la guérison, ne serait-ce qu’en renforçant le système énergétique du pratiquant, afin qu’il supporte mieux ses médicaments. »

Je voudrais également citer un kinésithérapeute Michel Rousseau actuellement à la retraite qui m'a suivi pendant des années, et qui m'a fait beaucoup de bien physiquement et moralement. En dehors du fait qu’il m’évitait par un ou deux massages par semaine d’avoir des problèmes de dos, il me rassurait. Et m’incitait à aller plus loin dans mes investigations. Comme beaucoup de mes maux sont psychosomatiques, ses paroles réconfortantes et positives m’apaisaient. 

 Ce kiné soignait également par la réflexologie, et parfois m’en faisait profiter. Mon cerveau se libérait, et une certaine pression s’évaporait. Pouvaient aussi s’envoler les maux de ventre dus aux règles. Les réactions d’auto-défense étaient également stimulées. C’était une bonne prévention. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de parler réflexologie avec lui, et j’ai glissé notre entretien, dans le chapitre sur les médecines complémentaires.

 

 Le docteur Michel Angles m’a fait découvrir le Qi Qong. A une certaine époque, je roulais sur mon lit les bras croisés de vingt à quarante minutes, parfois plus, et c’est un vrai moyen de se purger. C’est une thérapie par le mouvement, qui délie le cerveau et enlève les idées destructrices. En pleine action, on peut voir les très mauvais moments de sa vie se dérouler comme un rouleau compresseur, qui vous fait un petit peu mal au crâne. Mais une fois terminé, et après quelques minutes de repos allongé, on va beaucoup mieux. C’est un peu comme un jogging qui redonne des endorphines, et qui peut se faire à n’importe quel moment de la journée. On passe à autre chose, et on repart sur de nouvelles bases. J’ai mis dans le chapitre consacré aux médecines complémentaires l’interview que j’ai faite du Docteur Angles  ... Quant à la mésothérapie, elle a résolu mes problèmes de tendinite au talon d'Achille et de gonflement du genou…

 

Tout ceci est bien meilleur pour la santé que les anti-inflammatoires, les psychotropes, les antidépresseurs, les anxiolytiques, les somnifères… En tout cas si on en a vraiment besoin, c’est un moyen d’en consommer moins, et d’atténuer les effets secondaires éventuels de ces médicaments. Et l’effet négatif qu’ils peuvent avoir sur notre organisme. De moins fumer, de moins boire, ceci sans discours moralisateur. Chacun est libre de ses actes. 

Prenons l’exemple du grand écrivain japonais Haruki Murakami plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de littérature. Le premier avril 1978, il décide de vendre son club de jazz pour écrire un roman. Et voilà ce qu’il dit : « A partir du moment où j’ai passé mes journées assis à mon bureau pour écrire, ma vigueur physique a décru progressivement et j’ai commencé à grossir. Je fumais trop, soixante cigarettes par jour et j’ai arrêté. Le désir naturel de « courir toujours plus » est devenu une motivation puissante pour ne pas recommencer à fumer, et une aide décisive pour surmonter les états de manque. » Bref, l’activité physique régulière permet d’avoir une meilleure hygiène de vie, et de se sentir plus épanoui tout simplement. Elle peut aussi être un moyen d’accepter plus facilement les déceptions de toutes sortes. Je dirais comme Haruki Murakami, que lorsque je suis déçue que ce soit dans mon travail, dans la vie amoureuse ou amicale, je cours plus longtemps. C’est pour moi la manière la plus efficace de se purger, et d’oublier le négatif. Comme on a réussi à progresser, on est satisfait, et on transforme le négatif en positif. Bouger permet aussi de lutter plus efficacement contre les maladies de toutes sortes. Même si bien évidemment ce n’est pas non plus la  panacée universelle. 

David Servan Schreiber malheureusement décédé d'un cancer, avait d’ailleurs fait du sport, et des médecines complémentaires un de ses chevaux de bataille. Ce qui lui a d’ailleurs plutôt bien réussi. Il a quand même tenu dix-neuf ans avant de rechuter. Rarement, la mort de gens célèbres me touche, mais là j’avoue que j’ai été peinée tellement je partage ses convictions. Se sentant mal en France, il avait le sentiment qu’on ne l’écoutait jamais. Parti aux États-Unis, c’est là-bas qu’il a trouvé sa voie. Il explique dans le DVD « Guérir autrement » que le stress est la porte d’entrée de la dépression, gérée dans le cerveau émotionnel par l’amygdale, le centre de la peur. « Chez les personnes dépressives, l’amygdale est persuadée que le danger est permanent. Les hormones du stress augmentent terriblement, et détruisent l’hippocampe. La région du langage est très sous-activée. Il est donc très difficile d’avoir accès au cerveau en passant par le langage. » Pour lui qui a fait dix ans de psychanalyse (jusqu’à quatre fois par semaine), toute l’erreur de Lacan est d’avoir dit, que l’inconscient est un langage. « Il ne faut pas demander à la psychanalyse de soigner. Si on ne lui demande pas ça, elle a toute sa légitimité. C’est à travers le corps, que l’on peut accéder au langage, et ce qui est important c’est la respiration. Avec des techniques comme le yoga, le Qi Qong, le taïjiquan. Et puis les bienfaits du sport. Trente minutes d’exercice physique trois fois par semaine, ont un effet identique aux antidépresseurs. On ne se bat plus avec sa tête, mais avec son corps. On devient acteur de sa vie, et non plus spectateur. » Évidemment comme il le dit, les gens en souffrance, n’ont pas tous envie de bouger. Dans ces cas là, les antidépresseurs ont leur utilité. « Ils aident l’amygdale à se calmer, explique David Servan Schreiber et régulent les émotions négatives. Ils sont utiles, car ils changent l’activité du cerveau émotionnel. Mais ce ne sont que des béquilles, et si le patient arrête, c’est la rechute. Ce qui est beaucoup moins fréquent avec le sport, qui ranime le cortex néo-frontal, siège de la pensée, et qui augmente le débit sanguin de 30%. Et aussi le taux de sérotonine, et de dopamine. « Avec le sport, de nouveaux neurones se forment, avec entre eux de nouvelles connexions. Le tissu neuronal se densifierait, notamment dans l’hippocampe si affaibli. Les neurotransmetteurs permettent une meilleure communication entre les neurones, ce qui quintuple la sécrétion des endorphines. Il y a 8% seulement de rechute avec le sport contre quarante sans. » Pour les patients peu attirés par le sport, la méditation peut aussi être un remède. Elle stimule le fait de passer à l’action. Christophe André psychiatre à Sainte-Anne, vante d’ailleurs les bienfaits de cette technique. Il organise des stages au sein de l’hôpital depuis 2004. Dans la préface qu’il a écrite pour le livre « Méditer pour ne plus déprimer. La pleine conscience, une méthode pour vivre mieux », il écrit : « La dépression nous attire hors du temps présent pour nous projeter dans le passé (regrets et remords) ou le futur (soucis et inquiétudes). La méditation nous fait revenir vers la vie, ici, et maintenant. Et nous apprend à y rester. La méditation évoque une promesse de profondeur, de recul, de lucidité, de clarification, de tout ce qui nous paraît embrouillé. Une promesse aussi de pacification intérieure et de sérénité, si attirante pour les personnes qui souffrent de maladies dépressives et anxieuses. C’est tout l’enjeu des évolutions contemporaines des pratiques méditatives, notamment de leur utilisation en médecine et psychothérapie. » Un autre psychiatre le docteur Rosenfeld a écrit un livre intitulé « Méditer, c’est se soigner » aux éditions Arène.

 Pour les gros chocs émotionnels, existe également l’EMDR, qui d’après David Servan Schreiber est très efficace. Quant à la prévention contre le cancer, ce psychiatre parle bien évidemment du sport. « Le sport donne un meilleur équilibre entre le système sympathique et parasympathique, ce qui est une belle arme contre le cancer. « Le stress ne cause pas de cancer, mais le sentiment d’incapacité de se battre en revanche, peut nourrir l’évolution d’un cancer existant. C’est assez établi scientifiquement. » Or justement, le sport enlève ce sentiment d’incapacité. D’ailleurs, des médecins du sport confirment, que le sport est une très bonne prévention contre le cancer. Un article dans le journal « La Croix » du douze janvier 2011 écrit par Jean-François Fournel parle par exemple des bienfaits des vélos électriques. Le docteur Jean-Luc Grillon président de la Société française de Sport Santé précise « Toutes les études se recoupent pour affirmer que le fait de pédaler, diminue de 25% la probabilité de cancer du côlon et du sein. Et on est en train de réunir des résultats intéressants pour la prostate. » Il est question du vélo électrique, mais il est bien évident que cette affirmation concerne tous les sports. David Servan Schreiber dit d’ailleurs, que la plupart des cancérologues sont d’accord avec lui…

« Notre corps dit David Servan a besoin de deux choses : être touché, et se dépenser physiquement. Or l’industrie pharmaceutique n’est pas intéressée par ce constat, car il n’y a pas d’argent à gagner. De même pour l’industrie agro-alimentaire. Mais il n’y a pas d’accusation à faire, ils font leur boulot. » Je dirais pour finir en accord avec David Servan Schreiber, qu’en France, on ne sait pas soigner le chronique. Lors d’une mission en Inde chez les Tibétains, ce psychiatre a constaté combien le toucher et la circulation des énergies étaient importants là-bas. Et il conclut : « Il existe un travail plus profond au niveau du corps, donc ça prend du temps. Ce qui est très bien pour le chronique, mais pas pour les crises. ». 

Concernant le milieu médical, et mon expérience, les médecins vraiment humains sont de moins en moins nombreux. Je tiens quand même à dire pour être positive, qu’il existe des docteurs consciencieux et dévoués. Mais beaucoup ne se remettent pas en question, or c’est cela le secret d’un bon médecin. Reconnaître ses éventuelles erreurs, et évoluer avec le patient. Ce que je trouve ridicule, c’est cette guerre même si elle s’affadit un peu, entre les médecins allopathes, et les médecins ayant recours aux médecines complémentaires. Ce serait tellement plus intelligent de s’entraider, et d’arriver à des résultats plus probants pour les patients. Je prends l’exemple de mon généraliste, que par ailleurs j’aime bien. Il ne croit pas à l’homéopathie, or plusieurs fois cette méthode a guéri des maux qu’il ne parvenait pas à soigner sur moi, avec la méthode allopathique. Je trouve cela dommage de ne pas le reconnaître. Lui croit aux plantes à cause des principes actifs. Il m’a confié qu’avec les antibiotiques à base de pénicilline, peuvent survenir des allergies avec irruption de boutons, œdème de Quincke. Il a eu une fois le cas d’une patiente qui s’est retrouvée vingt-quatre heures en réanimation. Autres effets secondaires des antibiotiques, les mycoses vaginales ou digestives, des diarrhées. Ou des colites pseudomembraneuses qui peuvent perforer l’intestin. Lorsque la grippe A s’est manifestée, il était très révolté que l’on donne du tamiflu à tire-larigot. Car pour lui ce médicament était plus dangereux que la maladie elle-même. Il était susceptible de provoquer de graves maladies du foie.

J’ai eu souvent recours à l’homéopathie pour prévenir les maux de l'hiver, pour soigner les rhums, les maux de gorge, pour lutter contre les angoisses. Et pour soigner ma fille, ce qui fut très efficace notamment pour ses otites. Combien de fois elle a évité les antibiotiques, qui il faut bien le dire, même si c’est une belle invention, ne sont pas très bons pour la santé. La pédiatre Martine Leconte a soigné des enfants, qui après avoir absorbé des antibiotiques, en particulier ceux contenant de la pénicilline, ont eu des allergies. Des œdèmes et des plaques d’urticaire. « Ce sont des effets secondaires pouvant être très graves avoue-t-elle. Les enfants peuvent avoir la gorge qui gonfle. » Une bonne technique c’est d’essayer deux jours l’homéopathie, tout en donnant un produit contre la fièvre. Et si cela ne marche pas, alors, on a recours aux antibiotiques. Tant qu’on peut éviter le chimique, il faut le faire. En revanche, j'ai très souvent des cystites, et l'homéopathie n'a pas marché. A un moment donné, un traitement à base de canneberge m'a bien aidé pendant deux ans, mais après mon corps s'est habitué et les cystites ont repris. … Un peu plus tard, j'ai été voir une phytothérapeute mais malgré trois traitements différents, le problème a persisté.. J'ai alors été voir le célèbre énergéticien Jean-luc Bartoli qui au bout de deux séances de magnétisme m' a débloqué les intestins, a permis que les infections soient plus espacées mais n'a pas réglé entièrement le problème…

 Même principe pour toutes les maladies psychiques où l'on pourrait compléter les traitements chimiques par des médecines complémentaires. Je joins d’ailleurs dans ce livre, l’interview d’un psychiatre qui utilise aussi l’homéopathie. Du reste, il est dommage que la mésothérapie, la phytothérapie, l'ostéopathie ou autres techniques du même acabit, ne soient pas remboursées. La mésothérapie qui s’effectue au moyen de petites piqures, atténue souvent beaucoup les douleurs, et peut permettre d’éviter les anti-inflammatoires, et leurs effets secondaires. 

 Un sujet qui fait parfois polémique, ce sont les vaccins, avec parfois de graves effets secondaires là aussi. Dans « Voyage au bout de l’autisme », Vanessa Virag par le biais de la journaliste Dominique Prédali évoque la possibilité que son fils soit devenu autiste suite au vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) : « C’est en lisant les différents articles sur les vaccins et l’autisme, que j’ai réalisé que mon fils, tout à fait normal à part ses troubles digestifs, avait commencé à changer à partir du ROR. Ce vaccin a sans doute été un déclencheur, plus les vingt autres qu’il a reçus en un an. Je me souvenais maintenant très nettement que, ce jour là, le pédiatre lui avait administré en une seule fois cinq autres vaccins en plus du ROR. Et qu’il avait utilisé la dernière dose de produits au fond du flacon, dont je venais d’apprendre qu’elle contenait le plus de mercure. Sur le trajet du retour, dans la voiture, Shayan hurlait tellement que nous avons failli avoir un accident. Certains enfants ont eu une réaction foudroyante immédiatement après un vaccin. Pour Shayan, les changements sont apparus progressivement. Il est devenu hyper actif, il s’est mis à régresser, à changer d’habitudes alimentaires. Ses problèmes digestifs se sont accentués, et, après avoir souffert de grosses diarrhées, il a commencé à être très constipé. La disparition progressive du langage datait, elle aussi, de cette époque. A un an, il connaissait une dizaine de mots en français et en anglais. Après ce vaccin, il a parlé de moins en moins. J’en avais informé le pédiatre de Palm Beach, au moment des tests de développement, juste avant de repartir en France : « Shayan disait des mots qu’il ne dit plus maintenant. » L’air étonné, il avait répondu : « Il faudra surveiller ça », mais sans donner plus d’explications. J’ai pris note de ce qu’il m’a dit sans vraiment m’inquiéter. Les gens à qui j’en parlais me disaient tous la même chose : « Ce n’est pas grave, c’est un garçon, ils parlent plus tard, » c’est normal, vous parlez trois langues à la maison, vous déménagez souvent. »

J’ajouterais pour clore le chapitre que les soins pratiqués dans la plupart des hôpitaux psychiatriques, mériteraient d’être largement revus. Les patients sont réduits à l’état de légumes, et tout en eux est anéanti. Notamment le désir de quelque ordre qu’il soit. C’est bien dommage, car sans désir à quoi ressemble-t-on ? Si ce n'est à une larve déliquescente dont le corps et l’esprit sont plongés dans le néant. Il serait important justement que dans ce genre d’endroit, pénètrent les médecines complémentaires. Plus le sport qui permettrait aux patients de se réveiller un peu. Ce ne serait vraiment pas du luxe. Pour moi, tous les médecins et plus particulièrement les psychiatres, devraient suivre une formation en médecine du sport. 

Que les patients internés dans des hôpitaux psychiatriques aient besoin de médecine chimique, peut-être pour certains mais en tout cas, à des degrés bien moindres. Diverses solutions existent pour qu’ils en prennent moins, et retrouvent leur dignité. Pour qu’ils soient également moins victimes de tous ces effets secondaires plus que désagréables. Frédéric Beigbeder revendique la fermeture des prisons. Pour ma part, j’emploierais le même langage pour les hôpitaux psychiatriques, qui pour moi sont de vrais camps de concentration, tenus par des bourreaux du corps et de l’esprit. Ils exercent un pouvoir sadique, ne laissent aucunement la parole aux patients, et abusent honteusement de leur pouvoir. Et pourtant, on peut lire la charte qui dit que l’on respecte le patient, son bien être etc. Or c’est tout le contraire qui se passe. Le patient n’a qu’un droit obéir, se soumettre. Et pour peu qu’il ait le malheur de s’indigner, alors là c’est la camisole de force et tout ce qui s’ensuit. Plus le patient essaye de vivre, de réagir, plus on l’endort, plus on le torture. La lobotomie psychique et physique fait alors son apparition comme dans les dictatures les plus extrêmes. Bref c’est l’enfer où l’on fait croire aux gens, qu’ils ont besoin de tous ces médicaments. On leur fait un lavage de cerveau, et on finit par les persuader qu’ils ne s’en sortiront jamais. Que c’est la fatalité et qu’il n’y a rien à faire à part le beau cocktail de médicaments. Ainsi, les médecins ne se fatiguent pas trop, ne se remettent jamais en question, et ne font pas trop d’efforts d’investigation. Bref que ce genre d’établissement ferme, ou alors que l’on remodèle totalement ce genre d’endroit. 

 J

Pour améliorer les soins psychiatriques, je verrais bien quelques chats ou chiens errer par ci par là. Quoi de plus doux en effet pour la sérénité de l’âme, que de caresser un chat ou de communiquer avec un chien. La relation entre un être humain, et un animal peut donner des indices sur l’état de quelqu’un, et aider à mieux comprendre ses troubles. Le psychiatre et éthologue Boris Cyrulnik dit que dans l’acte même de choisir son chien, il y a une révélation de soi. Il explique : « Dans certaines pathologies comme les maladies maniaco-dépressives, où les gens sont tantôt euphoriques, tantôt mélancoliques, jusqu’à se sentir responsables de toutes les plaies du monde, on voit que le chien s’adapte impeccablement à l’humeur du propriétaire. Quand le propriétaire est gai, il va se mettre à aboyer, à gambader, quand il est triste, le chien ne bouge pas, il se met à trembler. J’avais un patient qui faisait des bouffées délirantes à répétition. Selon l’accueil que me faisait son chien, je savais dans quel état il était, ou allait se trouver. » (Propos recueillis dans l’ouvrage « Un animal et la vie est plus belle de Jean-Luc Vuillemot). 

Autre méthode pouvant faire du bien : écouter une musique qui correspond à notre état du moment, et qui dope. Chaque patient devrait avoir dans sa chambre un appareil, lui permettant de se passer un morceau de Mozart, ou de Michael Jackson. Il pourrait avoir le droit de danser dans sa chambre, et de s’éclater physiquement au gré des besoins de son imagination. La musicothérapie était déjà reconnue dans l’Antiquité. Anna-Maria Nédéva compositrice musicologue et psychanalyste affirme sur Internet : « Durant les mystères grecs, l’on utilisait la musique et les chants pour provoquer des changements d’états de conscience et des guérisons s’ensuivaient. » Elle dit aussi que Pythagore professait dans son enseignement, que l’étude de la musique, et celle des mathématiques avaient la même importance. Aristote et Platon ont aussi vanté les effets bénéfiques de la musique sur l’âme. Xénocrate disciple et ami de Platon préconisait l’utilisation de la cymbale pour soigner la folie. Sylvain Lacouche qui a suivi une formation d’infirmier et dont le thème de mémoire est « La musique, un support thérapeutique en psychiatrie » explique aussi sur Internet, qu’il a découvert les liens très étroits, qui rapprochent le musicien du soignant. Il évoque le philosophe Bacon qui au XIIIe siècle déclarait : « Pour être bon et efficace, le médecin doit connaître les règles de l’harmonie musicale ». Et les travaux de G. Mall qui étudia l’influence du rythme, sur les malades atteints de psychose. Lilian Eyre musicothérapeute qui a animé des sessions de musicothérapie en psychiatrie des adultes à l’hôpital général de Montréal a déclaré également sur Internet : « Les clients anxieux, schizophrènes, maniaco-dépressifs développent ici des habiletés essentielles, pour fonctionner en société. » J’ai interviewé la musicothérapeute Florence Maugard spécialisée en psychiatrie adulte. L’entretien se trouve dans le chapitre « Médecines complémentaires ».

Le patient aurait aussi à sa disposition un petit meuble avec livres, cahier, pinceaux, feuilles de papier, en fonction de ses goûts. Un tapis de gymnastique, des haltères. Pourrait être installée une salle de cinéma, où viendraient des acteurs ou conférenciers, pour distraire les patients, afin qu’ils s’extraient de leurs problèmes. Chacun pourrait choisir ses activités, en fonction de sa personnalité, et ce serait alors un plaisir de se soigner, et non plus une souffrance. Car les patients souffrent, c’est évident. Une fois dehors, le patient pourrait continuer cette thérapie et ainsi éveiller son esprit. Et non plus être complètement déphasé, comme c’est le cas actuellement. Surtout si le patient effectue un long séjour. Mais pour apprécier ce genre de soins, il ne faut pas de grosses doses de médicaments. Si l’on est réduit comme c’est le cas actuellement à l’état de légume, on n’a envie de rien. On est incapable d’apprécier le plaisir de quelque ordre qu’il soit. 

Les thérapeutes seraient obligés d’adopter une autre tactique. Au lieu de soigner uniquement à coups de médicaments, ils devraient être à l’écoute, faire preuve d’empathie, et « chercher » des solutions pour que le patient évolue. Avec la méthode « médicament, médicament », le patient ne peut que stagner et même régresser. On le persuade qu’il ne peut ni guérir, ni s’en sortir, ni évoluer. C’est bien négatif tout ça, et ce n’est pas ainsi que l’on progresse effectivement. Le médecin devrait évoluer avec le patient, et s’impliquer bien davantage. C’est bien plus passionnant que de faire du « systématique. » C’est un travail de chercheur, de scientifique.

Dans le journal « Métro » du 9 novembre 2011, un article de Victoria Zorraquin parle de la dépression. Emmanuelle Corruble, psychiatre au CHU du Kremlin Bicêtre déclare : « En France, un seul patient dépressif sur dix, est correctement soigné pour sa maladie. C’est d’autant plus étonnant qu’un grand nombre de personnes reçoivent des antidépresseurs, alors qu’elles n’en ont pas besoin. » Un témoignage honnête qui étaye mes propos. Et qui confirme que dans notre pays, on prescrit des médicaments de manière abusive. La pression des laboratoires, des médecins « complices », et des médias ont aussi leur part de responsabilité  ... Pour finir en beauté sur les hôpitaux psychiatriques, voici le témoignage de parents, à propos de l’hôpital psychiatrique de Clermont accusé de maltraitance. (Article dans le Parisien du 10 novembre 2011). Ils sont membres de l’Unafam une association de familles de malades présente à Clermont : « Dans l’unité de l’hôpital où elle se trouvait encore récemment, notre fille était surveillée et seulement surveillée. C’était comme une prisonnière dans sa geôle. Quand nous la prenions chez nous, nous étions obligés de l’aider à monter les escaliers, tellement elle était assommée par les médicaments. Mais nous n’avons pas le choix, car il est impossible de trouver des lieux de vie en France pour ce type de personnes. » La patiente a été transférée il y a quelques jours dans un autre service, ce qui rassure les parents.

 On est toujours à la recherche du progrès, de la performance, ce qui en soi est bien. Mais ne pourrait-on le faire avec des moyens plus naturels, sans tout le temps utiliser des grosses machines, sans tout industrialiser et commercialiser. Bien évidemment le « naturel » peut aussi devenir une industrie, c’est inévitable étant donné la cupidité de l’homme, mais au moins c’est plus sain. Et puis comme le dit Hippocrate « La force qui est en nous, est notre plus grand médecin. » Il faut savoir faire appel à ses propres ressources, et se battre sans toujours compter sur des artifices. Hippocrate dit aussi « Lorsque l’on tombe malade, il faut changer sa manière de vivre, car il n’y a pas de guérison, sans un effort mental et spirituel. » Les médecins c’est bien, mais ils ne sont pas à notre place. On voit bien qu’ils n’ont jamais été victimes des effets secondaires. Sans compter ce que provoquent ces médicaments (neuroleptiques, antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères), sur le cerveau. On parle de chances très accrues de développer la maladie d’Alzheimer (Science et Vie du mois d’octobre 2011). Voltaire a raison lorsqu’il affirme : « Les médecins administrent des médicaments dont ils savent très peu à des malades dont ils savent moins, pour guérir des maladies dont ils ne savent rien ».

Agnès Figueras-Lenattier