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vendredi, 27 janvier 2023

LIRE AUTREMENT

jacques portrait 2.jpgLa compagnie « Lire Autrement a été fondée en 2001 par la comédienne Simone Hérault. Elle se produit à Paris, en région parisienne , en province et à l’étranger.  Elle propose des événements très variés axés sur la promotion de la culture française. Jacques Pagniez le complice de Simone Hérault en explique les différents fondements :

 

J’ai découvert Simone Hérault en 1981 lorsque le TGV a été mis en service. J’étais à l’époque directeur de production au service cinéma de la SNCF et nous avions des speakerines de RTL à la SNCF pour enregistrer les annonces de gare. C’était la grande époque de FIP de 1970 à 1981 et un jour j’ai dit à mes dirigeants « Il faudrait peut-être changer les voix dans les gares. » Nous avons alors décidé de faire un casting. J’ai appelé Radio France, je voulais des journalistes de France Inter. En fait, la standardiste a fait une erreur d’aiguillage, et elle m’a passé FIP. Quelque temps après, j’ai vu arriver 8 femmes travaillant à FIP et dans les 8, il y avait Simone Hérault. Sa voix a été choisie pour plusieurs critères : d’abord la qualité esthétique de la voix, et aussi parce qu’à ce moment là, c’était de nouvelles gares en béton, et les études de sa fréquence de voix répondaient au mieux à l’architecture des gares. Elle représente maintenant depuis plus de 40 ans la voix de la SNCF. En 2001, quand j’ai été mis à la retraite, elle m’a dit «On va faire quelque chose, j’ai envie d’être en contact avec le public. Et c’est là que l’on a créé le statut de ‘ Lire Autrement ». On a commencé notre lecture dans un petit bistrot de Stalingrad qui a bien voulu nous accueillir « La bicyclette café".  Il y avait juste deux personnes au tout début, puis on a ensuite beaucoup lu dans le 14ème au "Bock de Bohême". Ils avaient un poêle et l’ambiance était chaleureuse. Mais quand on parlait lecture dans un bar, cela faisait peur aux gens.. Puis la situation a évolué et des personnes nous ont fait confiance comme Daniele Pourtaud. Elle était conseillère municipale et travaillait à la Mairie de Paris et était très à l’écoute de ce que l’on faisait.

 

Comment s’est effectuée l’évolution de « Lire autrement » ?

Je me suis occupé d’une troupe de théâtre amateur pendant 25 ans. J’ai joué un petit peu, mais j’ai surtout fait de la mise en scène. Etant autodidacte, c’est par le biais de rencontres que j’ai progressé dans le théâtre. J’ai animé des stages photo et j’ai également fait du cinéma d’entreprise pendant 25 ans. J’ai beaucoup appris sur les arts et par la suite, me suis intéressé à la musique qui a complété les lectures. Cela a constitué un atout supplémentaire et il a fallu que je m’imprègne du milieu et que je comprenne les finesses avec notamment une flûtiste qui aujourd’hui est soliste à l’Opéra de Mexico. C’était surtout du classique. Puis est arrivé le jazz et un peu de fantaisie sur des airs d’accordéon.

 

La musique un lien de convivialité entre le public et les textes

 

Ce qui m’a passionné, c’était de trouver un média intermédiaire pouvant créer un lien de convivialité entre le public et les textes. On a d’abord travaillé avec 1 puis 2 musiciens jusqu’à arriver à un orchestre symphonique de 80 musiciens salle Gaveau deux fois. On a montré que l’on pouvait tout faire avec les textes et ce fut vraiment cette complémentarité qui fut au cœur de mes préoccupations.  J’ai beaucoup appris sur le terrain aussi bien dans le domaine du théâtre, du cinéma que de la musique. Une auto formation toute ma vie. Moi qui n’étais pas un grand lecteur, j’ai appris aussi grâce à Simone à pénétrer la littérature. On a rencontré pas mal d’écrivains dont le dernier Jean Teulé mort dernièrement. Parallèlement on a essayé de promouvoir la culture française dans plusieurs pays du monde en particulier l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan, l’Algérie grâce à l’attaché culturel du Ministère des affaires étrangères   On a créé un programme culturel et on est allé là-bas pendant pratiquement 10 ans. On a été en Algérie chez Maïssa Bey. Ce sont des pays où résident beaucoup d’artistes et l’on faisait des tournées.  En Ouzbékistan, il y avait 4000 professeurs qui enseignaient le français dans les années 2005, 2010. A chaque fois que j’y allais, j’étais séduit par les peintres ouzbeks, particulièrement les miniaturistes, par la musique qu’elle soit folklorique ou classique. .

 

Vous avez aussi promu la culture de ces pays en France !

Oui, car il faut toujours que j’aille plus loin, que je creuse. Le dernier c’était en 2005 au studio Gabriel avec la fille du président de la République d’Ouzbékistan. On a fait venir un écrivain ouzbek que j’ai contribué à traduire en français. On a joué de la musique de compositeurs ouzbeks avec notre pianiste classique. Trois peintres dont un miniaturiste étaient là également. C’était au champagne avec de gros moyens. Des choses aussi au centre culturel d‘Azerbaïdjan au pied de la Tour Eiffel. Ca s’est arrêté faute d’argent, les financeurs ne sont plus là… En Algérie, ça a changé aussi. On a été là-bas avec un écrivain devenu une amie Sylvie Germain. En Algérie, ils voulaient toujours des « Plus-values ». On a été en Ouzbékistan avec Sylvie Germain et elle a discuté avec les étudiants qui avaient lu tous ses livres. D’autres événements ont été réalisés comme Boris Vian jazz, et j’espère qu’on les a enrichis comme on s’est nous-même enrichis.

 

 

Pourriez-vous parler de votre travail avec Simone Hérault qui doit comporter une certaine complicité !

 !I y a dans le mot complicité quelque chose d'indéfinissable que l'on ressent mais ne s'explique pas toujours par les mots. 

Je n'emploierai donc que des synonymes pour expliciter mon propos : collaboration+ soutien+ concours+ aide + Foi et enthousiasme inconditionnel partagé. En ce qui concerne la complémentarité nous sommes dans quelque chose de plus pratique.

Lors de la création d'un spectacle de lecture quel qu'il soit, il obéit à des engagements, des contraintes et des règles immuables.

 Simone s'occupe de la partie littéraire de A à Z, contact avec les auteurs, lectures d'œuvres et sélection de textes, thématiques, des droits d'auteur, des intermittents du spectacle, de la présentation scénique et du ressenti du spectacle

En ce qui me concerne je suis très souvent à l'origine d'un projet, l'idée de base, le concept, la communication indispensable, la gestion comptable (Devis facture) de la vie de l'association dont je suis président : Subventions, commercialisation., Image

 Tous ces éléments sont donc complémentaires et nécessaires à la réalisation d'un spectacle littéraire.

 

Vous avez aussi travaillé avec les bibliothèques, musées, fait des créations littéraires dans le cadre de sites historiques

Par exemple en Normandie quatre jours dans un château Louis XIII le château de Beaumesnil. On a invité des écrivains régionaux, avec des spectacles littéraires et musicaux comprenant 9 musiciens. Quelque chose que j’adorais juste avant le Covid c’était des lectures dans les kiosques notamment au kiosque du jardin du Luxembourg. On disait des textes pour un public international. Quelques soirées privées chez des gens désireux de lectures à domicile. Une fois à l’école militaire.  Un monsieur qui nous a connus à une lecture voulait offrir à sa fille nommée capitaine une lecture pour son anniversaire. Aussi un monsieur parti en retraite qui a voulu qu’on lui fasse une lecture sur les récompenses et médailles. On répondait à la demande ; c’était personnalisé. Mais c’était quand même assez anecdotique, car il fallait payer les comédiens. Les collaborations avec les bibliothèques et les musées sont de plus en plus rares.. D’abord, ils n’ont pas d’argent, et de plus, ils ont des horaires de fonctionnaires pas toujours compatibles avec une soirée lecture. 

 


Les bibliothèques un lieu où l'on fait tout 

 

 

Maintenant, les bibliothèques sont un peu devenues des maisons de culture. On y fait tout : informatique, cours de cuisine. Tout ce qui peut réunir des gens et leur apprendre quelque chose.  Dans leur programme proprement dit, les lecteurs ont progressivement disparu.  On trouve beaucoup de conférences, des choses qui ne coûtent pas cher. Mais on a beaucoup œuvré au sein des bibliothèques du 14 et 15ème et aussi pour la nuit de la lecture.  Une lecture possède une proximité, une intimité que l’on ne trouve plus.  Je ne juge pas, cela peut évoluer dans le bon ou mauvais sens. La DRAC qui nous a soutenus pendant longtemps veut maintenant des «coups » mais d’une part, on ne sait pas le faire, et d’autre part on ne veut pas.  « Le printemps des poètes était très bien. Il existe toujours mais plus avec le même état d’esprit. « Lire en fête » dans les jardins dits extraordinaires était très bien aussi. L’événement avait lieu au mois d’octobre et c’était une fête de la lecture. Bien aussi « Les Belles étrangères avec chaque année le Ministère de la culture qui invitait 13 écrivains étrangers.  Pendant 15 jours, ils rencontraient des français et ils se promenaient dans des bibliothèques. Par ce biais, on a notamment connu des écrivains libanais.  Il existe toujours « Partir en livre » mais on n’a pas pu suivre ce format là…

 

Comment cela se déroule t-il côté mise en scène ?

Pour les spectacles de lecture pas de mise en scène mais une mise en espace. Les comédiens sont statiques, lisent au pupitre, au pire avec un texte à la main. Le principe de la lecture à voix haute consiste à projeter vers le public, en regardant les gens. J’ai beaucoup travaillé de par mon métier au cinéma sur la lumière et je fais toujours très attention à la qualité de l’éclairage et à la manière de s’en servir avec les comédiens. Je suis obsédée par la lumière surtout depuis que je travaille sur Monet, cela fait 40 ans et récemment j’ai fait la connaissance de la créatrice lumière de tous les spectacles de Jean-Louis Barrault qui a 86 ans. Quant à la musique, Il ne faut pas que la musique  écrase l’artiste qui va lire avec une priorité au texte avec  des choix musicaux qui correspondent. En principe le décor est noir. Sauf pour des spectacles comme Monet avec même une technologie très ancienne au théâtre, le rideau de tulle.   Au Turkménistan, on a fait Monet avec pianiste et flûtiste du conservatoire en place et projection d’images des œuvres de Monet. J’avais transformé le spectacle de manière à y associer l’image au texte et à la musique car les habitants ne comprenaient pas toujours bien le français. Ayant travaillé avec de grands comédiens, et j’avais la connaissance suffisante. La dernière grande mise en scène que l’on a faite c’était en 2022 au Musée de Montmartre que j’adore sur Octave Mirbeau. On a aussi fait des lectures dans des églises, dont une à l’Eglise du 12ème siècle à Montmartre Saint-Pierre d Montmartre. Notamment au son de l’accordéon avec des textes très variés.

 

La maison de la poésie inaccessible

 

 

En revanche, nous n’avons jamais pu accéder à la maison de la poésie, ni à « Paris en toutes lettres », c’est très fermé et je n’ai pas insisté.  Le problème c’est la location des salles qui coûte cher. Pour Monet par exemple, bien qu’on nous ai fait un prix à 50%, ça nous a quand même coûté 5000 euros.  Donc difficile de rentrer dans nos frais vu ce que l’on met en œuvre du point de vue technique. On le fait quand on a une réserve d’argent. Nous avons beaucoup travaillé avec l’entrepôt et Philippe Brizon qui avait sa galerie de peintures au 1er étage spécialement consacré aux spectacles de lecture gratuits pour le public. Avec juste le chapeau et salle gratuite pour la troupe. Nous avons ainsi reconstitué le repas de noces de Madame Bovary, un projet qui me tenait à cœur. Nos comédiens se sont mis en costume, j’ai repris in extenso le menu. On a négocié avec les chefs cuistots qui ont reconstitué le repas avec je crois 8 plats et un énorme dessert en pâte de fruits. J’ai fait venir une équipe de musiciens normands avec dégustations de cidre et tout… Tout était normand et le succès était au rendez-vous. Les gens payaient le repas, c’est tout.  On avait la même chose bien avant autour d’un repas de Georges Sand qui aimait bien manger. Les costumes ? Avec des boîtes de location. Mais je ne veux pas attirer trop l’attention sur les comédiens ni les musiciens avec ces moyens là.  Le texte, rien que le texte. Le maquillage ? Un peu ou pas du tout. Pas de déguisement, ni de nez rouge. Comme on se maquille à la télé tous les jours. 

 

Un comédien est-il forcément un bon lecteur et vice-versa ?

C’est la voix et le comédien n’a pas à interpréter les textes mais à les dire. Donc un comédien n’est pas forcément un bon lecteur, et un très bon lecteur n’est pas forcément un bon comédien. Un bon lecteur sait faire passer une émotion à travers des mots qu’il transmet sur une histoire qui intéresse les gens. Il est capable de captiver un auditoire pendant ¾ d’heure, 1 heure en entendant une mouche voler.  Je dis que les comédiens ne sont pas forcément de bons lecteurs car un très bon comédien pour se mettre dans la peau d’un lecteur peut avoir besoin d’une certaine retenue. Il n’a plus le côté gestuel, ni le déplacement sur scène, ni les décors. Quant à la lumière, elle est plutôt statique. Donc c’est uniquement la voix et la conviction qui comptent. l faut que les notes tombent comme les mots. 

 

La SNCF attache t-elle de l’importance à la lecture ?

Depuis plus de quarante ans, elle a toujours investi dans la lecture et le train est certainement l’un des meilleurs supports sauf qu’aujourd’hui tout se fait par le biais du téléphone portable. La SNCF était partie du principe que l’on n’est pas obligé de regarder que des bêtises sur le portable et elle avait investi dans une bibliothèque numérique d’environ 10.000 bouquins. Les gens dans le train pouvaient lire 5 minutes, une demi-heure. Cette bibliothèque est accessible chez vous sans obligatoirement prendre le train.  Ca fonctionnait très bien. Mais la SNCF a du abandonner pour des raisons financières.  Je le dis même si c’est prétentieux, il faudrait faire de la lecture une cause nationale.  J’ai deux petits enfants 11 et 13 ans qui ne lisent pas. Ils sont sur leur téléphone, les réseaux sociaux, la télé. Pourtant, il y a beaucoup de livres qui sortent, avec notamment un fabuleux salon du livre à Montreuil.  C’est inquiétant, car la lecture constitue une porte vers la culture, vers le développement de la personnalité.  Même Macron l’a dit il y a deux ans, mais ce n’est pas parce qu’on le dit qu’on le fait. Erick Orsenna avait fait une très belle enquête dans toutes les bibliothèques de France et le titre était « Faisons de la lecture une cause nationale."

 

 

Et maintenant où en est votre association ?

Elle vit au ralenti. Globalement, on a un problème ce qui ne veut pas dire pour autant que l’on est obligé de faire tout pour rien. On en a fait des spectacles gratuits notamment pendant 2 ans lors d’un travail avec le service social. Beaucoup de gens dans ce service écrivaient très bien et l’on faisait des soirées avec ces textes. On les lisait et c’était très flatteur pour nous. Après, la situation est devenue compliquée. Beaucoup de gens sous prétexte que l’on est une association ont le réflexe dire pourquoi devriez- vous être payé ? Les gens avec qui je travaille ont le statut d’intermittents du spectacle et vivent des galères. Un comédien sur deux est au RSA.   Et puis, l’évolution au niveau de la lecture est telle qu’il est très difficile maintenant de rentrer dans le cadre avec des événements très spectaculaires. Je ne veux pas passer 6 mois de mon temps à monter ce genre de « coup » et ne rien faire d’autre.  Il existe tout un public avec qui j’ai envie de me confronter. Maintenant, on ne fait plus que des spectacles que l’on nous achète ce qui ferme beaucoup de portes. Les subventions n’ont pas augmenté, voir même ont été supprimées. Et l’on ne rentre pas dans le moule de ce que l’on nous impose. Les lectures doivent rester quelque chose de simple, convivial, et communicatif. On n’est pas obligé de faire les pieds au mur pour faire un spectacle de lecture.  A mon âge, j’ai encore des idées mais sans support derrière pour vous encourager et vous soutenir financièrement on ne peut plus. J’aimerais bien refaire un joli printemps des poètes ; nous en avons fait à l’Entrepôt avec 70 places, et on distribuait une rose à chacun. Une âme transparaissait lors de ces spectacles. Nous réfléchissons à faire quelque chose sur Raymond Devos . On aime bien les jeux de mots ; ça se prête bien à la lecture…

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

 

 

mercredi, 18 janvier 2023

Rene Vauléon

 

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Ancien champion de France d’athlétisme (semi-marathon, marathon et 100km),  président de l’ARPE une association culturelle et sportive comprenant 47 activités.  René Vauléon a créé pendant le COVId une association «  Rando 13 ». Le but était de s’aérer et de découvrir de beaux endroits autour de Paris ou bien assister à des fêtes comme la fête du champagne à Epernay.  Aimant aider, il intervient au Secours Catholique, a travaillé à la chaîne de l’espoir dans l’humanitaire, , puis avec l’archevêché de Paris pour secourir les personnes en difficulté, . Détenteur de diplômes d’entraîneur, il s’est occupé d’handicapés physiques dans le sport sur une discipline de 400 m. Un de ses athlètes a été qualifié pour les JO de Rio. Il a également passé trois an et demi en Guinée à l’époque d’EBola... 

 

Pour ton association«  Rando 13 », tu enseignes la marche rapide et la marche nordique. Peux-tu préciser ta manière de faire ?

J’apprends aux gens la connaissance et le respect de son corps de façon à se sentir bien lorsque l’on marche, quand on court, quand on fait ses courses. Tout le monde a besoin de libérer son corps. Il faut apprendre à respirer, et cela se rapproche de la sophrologie, de certaines pratiques ayant trait au développement personnel. Une façon de respecter son corps pour qu’ensuite, il nous respecte.

 

Quelles sont les erreurs que l’on peut commettre en marchant ?

`Déjà dans la façon de se chausser avec des chaussures mal adaptées, et trop contraignantes au niveau du coup de pied. Avec une mauvaise protection au niveau des structures du pied notamment la maléole. Un bon choix de chaussettes est également important. Quant à la posture, j’insiste sur le fait de posséder une posture dirigée vers le haut pour libérer le bas du corps et avoir une amplitude non astreignante pour le corps. Un bon posé sur le talon, une bonne poussée sur le devant du pied et une ouverture du bassin qui permette aux jambes d’être libres et d’avoir le sentiment d’une marche naturelle. La marche forcée est à déconseiller car elle va contraindre la colonne vertébrale. Ce qui implique d'avoir  une bonne sangle ventrale, de bons abdominaux, une bonne structure lombaire et abdominale permettant au corps de se sentir bien.  Il existe dans ce but de faciles exercices par exemple de yoga ou autres avec une position à genoux, un pied levé avec un bras en sens inverse . Faire la chaise longue le long d’un arbre, et faire en sorte que le bras droit s'harmonise plutôt  avec le pied gauche. En effet, si tout est du même côté, peuvent survenir des problèmes d’articulation, de coordination. On le voit bien avec les personnes qui prennent de l’âge et qui ont du mal à coordonner leurs mouvements.

 

L’alimentation joue sûrement un rôle important !

Il existe des aliments perturbateurs comme le mauvais gras, l’abus de charcuterie. Je préconise davantage le poisson gras et les produits naturels. On parle beaucoup du blé, particulièrement le blé noir.  J’ai par exemple organisé une randonnée dans une forêt à Bures sur Yvette, où l’on pouvait ramasser des châtaignes. C’est un nutriment riche dans tout un tas de domaines. Il est important d’essayer d’inculquer le fait de manger mieux et pas plus cher en intégrant le sport. Les deux peuvent se conjuguer et apporter beaucoup plus.

 

 

 

Et la course à pied tu l’enseignes aussi ?
Un peu mais pas trop car il ne faut pas tout mélanger. La marche rapide débouche vers la course à pied. Sur 10 personnes à qui l'on va apprendre la marche rapide, une ou deux vont s’intéresser à un sport plus qualitatif, plus compétitif comme la marche athlétique.

 

 

Et toi tu continues-tu  de courir ?

Oui 2 à 3 fois par semaine, parfois 4 avec un laps de temps d’1h 30 à 2h30. Quelquefois en intensité, quelquefois en longueur de temps et quelquefois selon les sensations. Si le corps se sent bien, je pousse  davantage les efforts avec une adaptation aux conditions climatiques. S’il fait froid je m’échauffe davantage, et je mets une huile à base de camphre sur le corps pour ne pas l’habituer à être trop douillet. Certains mettent un survêtement, pas moi. Je suis en short. En revanche, il ne faut pas que le muscle parte à froid. Surtout quand on fait du fartlek ou des séances de qualité avec montée en intensité de côtes brutes et accélération sur 20 à 50m. C’est un travail de rythme cardiaque, et c’est très bon pour l’organisme que ce soit en courte ou longue distance.  C’est ce qu’oublient certains coureurs avant l’épreuve. Et au bout d’une heure, ils sont à bout de souffle, déjà en train de récupérer et pendant ce temps là, les autres filent.  Ce qui importe à l’ARPE c’est surtout le sport de plein air pas forcément du footing. Rien que de marcher c’est déja beaucoup. Pas forcément une mesure aussi stricte que 10.000 pas mais une bonne heure par jour c’est bien. Et surtout éviter de prendre sa voiture pour aller chercher son pain ou son journal. Et s’il fait beau aller, à pied plutôt que de prendre le bus.

 

 

Faisant du sport régulièrement tu dois être un peu protégé contre les maladies de l’hiver et autres…

Effectivement, je suis rarement malade et le sport renforce les défenses  immunitaires. Il s’habitue à se battre, à réagir, à fabriquer aussi des anti corps. De plus, les 4 murs emprisonnent et moralement c’est très mauvais. Cette situation conduit certaines personnes à de la boulimie entraînant la disparition de la maîtrise de son corps.. . J’ai 75 ans, je n’ai jamais fumé, jamais bu du moins à outrance ; c’est aussi un avantage pour conserver bonne santé.  Il y a peu de temps, j’ai fait une compétition autour du viaduc des forêts, 40 m de haut. Quand les gens à l’arrivée m’ont demandé mon âge, ils étaient scotchés. En général à l'ARPE, l'on se fixe  chaque jour de la semaine un objectif particulier. On établit un plan d’entraînement avec recherche d’impulsivité. Selon les objectifs, on ajoute un entraînement physique en plus de la course.  Avec l’âge,  une baisse des performances se fait sentir avec une endurance peut-être plus longue, mais sur le plan vélocité on perd.  Ce qui entraîne aussi une perte de confiance. En ce moment, j’essaye de travailler ce problème,, c’est pour cette raison que j’ai fait cette compétition pas faite pour moi. mais je voulais me prouver que je pouvais le faire. A partir de cette confiance en soi, on peut retravailler plus intensément la vitesse.  Même un marathonien doit quand même avoir des qualités de vitesse même s’il s’en sert peu.  Il faut pouvoir être à l’aise et pas être  toujours à 5 ou 6 à l’heure où à 10h à l’heure régulièrement.

 

As-tu été souvent blessé ?

Pratiquement jamais à part une ou deux contractures dans ma vie. Les ampoules, je ne connais pas, les courbatures quelquefois. J’ai une alimentation saine, et une hygiène de vie normale sans être un ascète.  Je mange  rarement de la viande, mieux vaut du foi de veau une fois de temps en temps par gourmandise si on aime ça. Un foi persillé c’est très bon mais il ne faut pas abuser de la viande et il faut bannir les steaks hachés. Je mange une fois par an une bavette à l’échalotte car j’adore cela et je me permets quelques petits écarts notamment au moment de Noêl. Mais je préfère manger une bonne raie au capre ou une bonne roussette. Pour moi, un bon poisson c’est toujours préférable. Il faut étudier les aliments favorables, comme les pommes de terre, quelques féculents, les sucres lents.  Il n’y a pas  que les pâtes, les patates douces. Le maïs il ne faut pas en abuser.  Les amandes, les fruits secs quelque que soit le sport ce sont des bons aliments. Mon seul défaut c’est d’abuser un peu trop du café. .

 

Y a t-il des choses à respecter sur le plan médical?

IL est important de faire des tests d’effort une fois tous les deux ans quand on  est athlète  et une fois par an quand on avance en âge. Le 100 km ? En Mauritanie, je me suis assoupi avant les 20 derniers kilomètres un quart d’heure le temps de récupérer et de repartir. En cours de nuit et de jour, c’est une habitude et il faut bien se préparer, sinon on ne passe pas la nuit. On s’entraîne à peu près de la même manière sur le plan de l’intensité et on travaille beaucoup la durée.. Avant en semi-marathon, il y avait l'épreuve des 30 km, cela n’existe plus c’est dommage. On travaille aussi la récupération.  Certains athlètes vont manger et boire correctement la semaine d’avant. Ce n’est pas suffisant, il faut le faire les deux mois qui précèdent l’épreuve.  Sinon l’organisme va être chamboulé et l’on risque des problèmes intestinaux.  Au niveau course, on va faire sur 100 bornes des épreuves test  2,4 mois avant en faisant le point sur l'état de l’organisme et préparer l’entraînement suivant. Cela implique une grande connaissance de soi-même, de son corps, de son état de fatigue, de liesse dont il faut se méfier. Quand il y a deux kilomètres euphoriques, ce n’est pas bon. Il faut aussi être bien dans sa tête. Un athlète bien préparé qui a un problème soit au travail, soit dans sa famille, ou prépare mal un examen ne sera pas bien forme pour courir ce genre d'épreuve.  Il faut faire très attention surtout si l'on est entraîneur à ce que l’athlète soit bien dans sa tête et dans son corps et l’inverse est une réalité.

 

Les projets de l’ARPE ?

Il est possible que l’on créé les plannings familiaux laissés un peu pour compte depuis 10 ans. Apprendre à une famille à gérer son budget, à maîtriser les rentrées, les sorties d'argent, savoir profiter de ses droits.  Une fois que l'argent est sur le compte, le garder pour le gamin et non pas le dépenser pour une télévision ou autre. A l’heure actuelle, nous nous occupons de différentes familles de Roumanie. On leur apporte à manger, on les invite à participer à une fête... 

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

Pour cette nouvelle année l’A R P E vous propose :

     D’organiser pour vous et avec vous des évènements tout au long de       

    l’année 2023 :

    En mars : commémorons ensemble les droits de la femme

    Du 2 au 16 mars : exposition de peinture de l’association 4A 

    Le 08 mars        : ciné-débat sur les femmes en Iran

          Les 11 & 12 mars : salon du livre axé sur la femme dans le monde

   Sans oublier le 18 mars      : une soirée musicale pour la Saint Patrick

   En juin : l’animation sur l’environnement proposée par l’activité RANDO

   N’oublions pas le ciné-club jeunes avec ‘’Balto’’ et Nicolas VANNIER

    et avec nos voisins nous aurons l’occasion de partager :

    … et la fête des voisins … et la fête de la musique.

    Je renouvelle, ici, le souhait de voir chacune et chacun se sentir à l’aise

    au sein de l’ARPE en proposant des idées à mettre en place :

    club d’échec et autre tournoi de belote, de coinché … de tarot et ou groupe           

    de lecture et de discussion-partage littéraire.

Ensemble faisons preuve de créativité …

 

le Président de l’A R P E et le Conseil de Gestion souhaitent que vous

soyez acteurs de vos activités et force de proposition pour le développement de votre

association sportive et culturelle : l’A R P E … en cette année pré-olympique

 

 

René VAULEON

 

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Daniel Gassin au Baiser Salé le 28 janvier

Daniel Gassin

gassin.jpgPianiste de jazz et compositeur né à Melbourne, il a débuté dans la musique à 3 ans ½ en tapant sur le piano de sa grand-mère.  Un jour en attendant son cours, il a entendu jouer un morceau de musique pouvant s’apparenter à un concept de jazz. « C’est cela que j’ai envie de jouer « s’est-il dit. "Mes parents ont trouvé que j’avais un talent musical, m’ont fourni un piano et m’ont inscrit à des cours à l’âge de 4 ans en mode apprentissage basique et classique. Ce concept de jazz un peu un pont entre classique et jazz a parlé à ma personnalité, car j’ai toujours fonctionné plus à l’oreille et à l’improvisation qu’à la lecture des partitions. Je me souviens avoir fait une petite composition que la prof de musique m’a fait jouer devant la classe. Je devais avoir 7,8 ans, un petit truc assez jazzy.  Plus que dans l’univers du classique le jazz demande de faire de la scène et de jouer avec d’autres pour progresser . Contrairement à la majorité des musiciens pro de ma génération, il n’est  pas issu d’un conservatoire."

Tout en continuant sa carrière de pianiste, il commence un double diplôme : lettres et droit.  Puis enregistre son 1er album : « Roundtrip »  lors de son retour en Australie. A 25 ans, il devient avocat au barreau de Melbourne et commence les tournées en tant que leader de son trio et de son 2ème album. Pendant 7 ans, il aura de grosses journées au cabinet et le soir sur scène, ce qui le satisfaisait pleinement. Puis, il arrête sa carrière d’avocat : « Quand je suis arrivé en France, exercer le droit n’était plus possible car ce n’est pas le même système qu’ en Australie. Là-bas on pratique un système davantage similaire à celui de l’Angleterre ou des Etats-Unis . En outre, à un moment donné je me suis dit « Est-ce que je ne regretterai pas de ne pas avoir fait de la musique à plein temps ? Et le fait de venir en France a été l’occasion de tenter la musique à temps plein en me fixant 2,3 ans minimum. 8 ans plus tard je suis toujours là. »


En 2017,il  fonde son crossover Band (un multi iinstrumentiste, un batteur, un contrebassiste, et une chanteuse, des musiciens traversés par différents courants du jazz.  Son album « Change of heart est un croisement entre harmonies jazz modernes et influences rythmiques plus contemporaines et des touches néo-soul.

"Ce nouvel album est venu de manière un peu organique avec des influences plus actuelles. Un mélange entre jazz moderne et new soul. Un peu un départ d’une esthétique purement jazz moderne instrumental . Ce dernier album comprend un jeu de mot « Change oh heart qui veut dire changer un peu de vie, c’est une expression idiomatique en anglais. Ce disque parle d’un, parcours de vie, c’est une progression avec des thèmes et styles de morceaux qui parlent d’expériences de vie compliquées. Mais si on arrive à les digérer on en sort grandi. C’est un peu le point de bascule vers les moments difficiles pour en sortir plus positif. »

 

Daniel Gassin est un fan de tennis : « J’adore le tournoi de Melbourne ; c’est mon Grand Chlem préféré.  J’y  ai été pratiquement toute ma vie chaque année. Ma mère m’a emmené voir jouer Edberg lors des premiers tours et même les quarts et ce fut mon premier héros. Je l’ai vu jouer sur le central, et ce sont de beaux souvenirs. Je regardais aussi les grands joueurs et joueuses et cherchais quelques autographes. J’ai eu notamment Kafelnikov et sans doutre Hanke Huber. Il faudrait que je les récupère, ils doivent être quelque part chez ma mère, au fond d’un tiroir. C’est ma mère qui tapotait la balle de manière très douce, qui m’a initié.  J’avais 5 ans et très vite je l’ai dépassée et elle m’a alors inscrit à des cours. Puis j’ai intégré assez rapidement l’équipe de compétition du club local junior. Puis mon lycée m’a demandé de jouer pour lui ce que j’ai fait en tant que junior puis ensuite j’ai fait un peu de compétition en tant que sénior en Australie. 

On fait beaucoup de doubles en Australie au quotidien, à l’instar de la France où c’est plus individualiste même s’il y a de super joueurs de double en France à haut niveau. J’ai fait aussi des mixtes, c’était très sympa. Selon moi, le double est de moins en moins efficace pour progresser en simple car le tennis actuel est très formaté. Avec les changements de surface et de matériel, il n’existe plus qu’une seule manière de jouer et c’est du fond du court. Si on monte au filet actuellement c’est un peu kamikaze à moins de monter vraiment derrière des coups très puissants .Maintenant on monte au filet pour serrer la main de son adversaire.  Je regrette un peu l’époque où c’était possible de gagner de différentes façons.  A l’heure actuelle, le double devient un art à peu à part. Personnellement, je suis un peu spécialiste du double, j’aime beaucoup pouvoir jouer un peu partout sur le terrain, anticiper, faire une volée. Quand j’étais jeune, mes héros c’étaient plutôt des joueurs pratiquant le service volée, Tom Rafter , Pat Cash. J’aimais regarder les grosses demi-finales de Winbledon comme Rafter Agassi, un contraste de style de jeu et un match très équilibré. Je trouvais ça génial.

Mahut, Herbert sont des joueurs très classe surtout Mahut un joueur que j’adore . Il est très fort, collectif et il s’entraîne dur pour être au top.

`Quand je suis en forme, je joue à peu près 15/2 et je pourrais être meilleur si je consacrais un peu plus de temps. En tournée c’est rarissime de jouer car le séjour se réduit la plupart du temps à la gare, l’aéroport et le concert. J’ai beaucoup joué en temps de Covid, car j’ai été presque 1 an et demi sans travail comme tous les musiciens. Je jouais environ une fois tous les deux jours quand les restrictions étaient un peu moindres car dans mon club il y a des courts extérieurs ce qui a été le seul point positif de cette pandémie. Je participe aux matches par équipe et l’on joue en ligue 1 île de France. J’essaye de faire de la compétition dès que je peux et j’aime bien ça. C’est juste une question de temps, ça ne se goupille pas très bien avec la musique car globalement pour les tournois il faut s’inscrire 3 mois à l’avance. Il y a des années où je dispute 30 tournois et d’autres pas grand-chose. Tout dépend des opportunités de concert. Mon style? : Gaucher, service volée, polyvalent, coup droit correct, revers moyen. Je suis un peu australien dans l’âme, j’aime bien jouer tout terrain. En compétition, plus le niveau est bas, plus on tombe sur de drôles de personnes. Certaines fois, il a fallu que je fasse venir des juges-arbitre parce que certains trichaient. Il y en a qui jouent leur vie sur des tournois locaux. C’est très important pour eux, ils sont là avec la vidéo caméra pour se filmer et ils sont 4èmesérie. Le premier match de compétition que j’ai joué en France était mal engagé. Ils m’ont mis 30, je suis tombé sur quelqu’un de pas très fort un 30/2. Sur la balle de match, je lui mets un ace et il dit « On rejoue le point, je n’étais pas prêt. Or il était prêt depuis 30 secondes. Plein de choses comme ça. Certains joueurs prennent ça trop au sérieux.

Je suis moins branché tennis féminin depuis quelque temps. J’adorais Justine Hénin, et depuis qu’elle a pris sa retraite les joueuses me font moins rêver… J’aimais beaucoup Ashleigh Barty. J’aimais beaucoup son jeu et elle était bien plus polyvalente que la plupart des femmes qui jouent de manière homogène au fond du court… C’était vraiment la classe absolue. En tant que jazz man, Federer m’intéressait car c’était un véritable improvisateur. Il s’adaptait à des situations très différentes. J’ai eu le plaisir de le voir s’entraîner à Melbourne et là aussi c’était très différent. Nadal frappait 25 coups droits incroyables alors que Federer ne faisait que des points improvisés en essayant plein de trucs différents. L’esthétique joue aussi."

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

 

Ping 4 Alzheimer

D’après des informations sur Internet, le docteur Daniel Amen membre éminent de l’Américan Board of psychiatry and neurology, affirme que tennis de table est le meilleur sport pour le cerveau. Il active diverses parties du cerveau simultanément, et il est maintenant recommandé comme méthode pour lutter contre la maladie d’Alzheimer et aider au traitement de la démence.

Voici la liste de ce qu’apporte le ping-pong selon ce médecin :

-Il augmente la concentration et la vigilance

-Il stimule la fonction cérébraleIMG_6113.JPG

-Il développe des compétences de pensées tactiques

-Il développe la coordination main/œil. La vitesse, la rotation et le placement de la balle sont des éléments cruciaux au tennis de table. Sa pratique nous amène à gérer rapidement ces trois facteurs.

-Il constitue une activité physique aérobie

-Il permet une interaction sociale et récréactive.

Selon un autre médecin, le Docteur Wendy Suzuki, professeur de neurosciences à l’Université de psychologie de New York, le ping-pong améliore les fonctions motrices, les capacités à élaborer la stratégie, et les fonctions de la mémoire à long terme.

Trois grands domaines sont touchés : le contrôle de la motricité fine et la coordination œil-main qui sollicite et développe le cortex primaire et le cervelet, les zones responsables des bras et des mouvements de la main… 

 

 

Stimulé par ces affirmations et ayant été touché de près par la maladie d’Alzheimer, son grand-père en ayant été atteint, Renato Walkowiak professeur de ping-pong depuis 25 ans a créé avec une psychologue et un kiné une association intitulée Ping 4 Alzheimer destinée à faire faire du ping-pong aux malades d’Alzheimer. Voici son témoignage :

 

Pourriez-vous expliquer comment est né Ping Four Alzheimer ?

Mon grand-père a eu la maladie d’Alzheimer lorsque j’avais 15,16 ans et j’ai pu constater les dégâts que cela provoquait chez une famille. Puis en 2015, j’ai vu passer une étude au Japon sur les bienfaits du ping-pong sur le cerveau. Les chercheurs avaient fait de l’imagerie mentale et découvert que 5 zones du cerveau étaient stimulées pendant la pratique du ping-pong et dans le sport en général. Ce constat a ensuite été confirmé par le King’s Collège à Londres qui a également effectué une phase d’imagerie mentale sur un groupe de personnes qui allaient jouer au ping-pong. Ils se sont rendu compte que l’hippocampe grossissait, une région du cerveau qui rétrécit en cas de maladie d’Alzheimer. Le ping-pong a aussi été mis en avant par quelques neurologues américains comme les docteur Amen et Suzuki comme le sport stimulant le plus le système cognitif. Il existe une densité de stimulation intéressante et la partie visio-spatiale est aussi grandement développée en terme de coordination, motricité et sur le plan de la proprioception par rapport à l’activité que l’on pratique. Suite à ces informations, j’en ai parlé à un kiné du club et à une psychologue pratiquant le ping-pong en compétition et en 2018, nous avons mis en place cette association d’abord au club de Levallois où je travaille. Le plus grand club de ping-pong d’Europe. Le kiné a beaucoup travaillé sur ce qu’il fallait mettre en avant ou pas. On a essayé de se polariser sur des exercices simples pour mettre les patients en confiance avec avant une partie dédiée à l’équilibre. Un des objectifs étant si possible de ralentir la maladie et de prolonger l’autonomie. La première chute pour une personne âgée est un peu traumatisante et pour un Alzheimer cela peut lui faire perdre énormément en confiance. Et lui ôter toute envie de bouger de chez lui.  On a décidé de travailler sur la partie sportive en insistant sur le côté ludique du ping-pong. Avec la psychologue, on a beaucoup travaillé sur la maladie en elle-même et elle m’a expliqué comment aborder le groupe et travailler sur tous les moments où l’on n’est pas dans l’activité elle-même : L’accueil, les pauses, les interactions sociales, les sujets de discussion, et comment stimuler un peu le malade. Nous avons aussi parlé de tous les ancrages de mémorisation que ce soit lors d’exercices ou lors de situations moins précises. On répète toujours les mêmes choses de façon similaire avec les mêmes mots pour essayer de vraiment stimuler la mémoire des malades.

 

Pourriez-vous préciser !

Par exemple lors d’un jeu d’équilibre que l’on réalise, on touche le pied du malade toujours de manière semblable pour voir si cela permet qu’il se reconnecte. Un malade Alzheimer va avoir des phases où il est là et d’autres où il est hors circuit. Il suffit d’un petit coup de pouce et hop il revient avec nous et va se rappeler où il est… C’est rassurant pour lui car dans un premier temps il sait qu’il est en train de partir… On essaye toujours d’être bienveillants et de donner confiance… La dernière chose très importante dans ce programme au niveau de l’encadrant c’est le sourire. C’est la seule chose qui montre à l’autre qu’il est en train de bien faire.  Dire oui ou non ce n’est pas la même chose en Inde, en Chine ou en France alors que le sourire quelles que soient les cultures, les générations veut dire la même chose pour tout le monde. Un malade alzheimer se demande constamment s’il va bien et le fait de sourire le tranquillise. Le cœur du projet, c’est l’activité avec en plus tous ces petits détails qui font que cela fonctionne et créé un bien-être chez les patients. Dernièrement, j’ai un patient qui venait pour la première fois. Première approche, on s’est dit que cela n’allait pas être facile et finalement il a réussi à renvoyer quelques balles. Après, il s’est reposé, a bu un coup, on a discuté et en partant il m’a dit « Merci, je suis aux anges »… C’est hyper gratifiant. Mais j’ai beau en parler à mille médecins, mille neurologues, tous me disent qu’il faut prouver l’efficacité. Or quand j’entends ce genre de propos, je me dis « Il faut foncer. « 

On essaye de sensibiliser les aidants pour qu’ils nous donnent un petit coup de pouce, ce n’est pas juste entre malades. Des retraités valides jouent depuis des années au même créneau horaire et l’on essaye de les mélanger avec les malades les plus autonomes afin de jouer la carte de l’inclusion au maximum. On fait aussi en sorte que les aidants se sentent bien. Un aidant va souvent commencer à jouer un petit peu avec son aidé et très rapidement on mélange et on remercie l’aidant. Ensuite, l’aidant qui nous a aidé pour la logistique de base, va avoir quelques minutes pour jouer avec quelqu’un qui sait bien jouer, se défouler, et prendre plaisir à bouger. Certains aidants continuent à venir au club même après que l’aidé n’ait plus les capacités de venir et ait été placé en Ehpad ou dans un foyer de vie.

 

 

 

Comment se passe une séance ?

Les malades arrivent, s’assoient, posent leurs affaires souvent au même endroit sous l’œil des aidants. Une fois qu’ils sont là, on discute un petit peu, on analyse quelles sont les nouvelles de la semaine, on fait de petites blagues sur des thématiques qui plaisent aux malades. Par exemple, un de nos malades adore partir au ski et l’on parle souvent de ce sport par le biais d’une actualité ou autre. Un autre c’est la musique. J’ai été voir un concert l’autre jour, je lui ai raconté. On essaye de créer une petite atmosphère. L’échauffement se fait en jouant au ping-pong. Dans un premier temps on met les malades en confiance, et ils vont commencer à jouer avec quelqu’un qu’ils connaissent bien-. Cela dure entre 10 et 15mn ; puis on fait des rotations. Dans la version officielle tout le monde joue avec tout le monde, mais en réalité, cela se déroule autrement. Il y a des malades qui ne peuvent pas jouer avec d’autres malades, qui n’aiment pas certaines personnes et qui ont leurs têtes. On essaye en tout cas qu’il y ait le plus d’interactions possibles. Un aidant qui va jouer avec un malade sait quel est l’exercice qu’il doit lui faire faire mais il ne va pas lui dire. Le malade va d’abord être plongé dans un état second de concentration avec un échange régulier et petit à petit on va complexifier la situation pour accentuer la stimulation cognitive tout en gardant les encouragements. Dès que l’on voit un malade qui se repose on le laisse tranquille pendant 5 mn. S’il veut rejouer on le fait rejouer et si on voit qu’il n’est pas trop chaud rapidement on le fait participer aux jeux d’équilibre en fonction de son autonomie. L’idée c’est de les faire tous passer sans que ce soit imposé…  Aucune friction ne doit être présente, il faut que ce soit très fluide. Certains après les jeux d’équilibre sont un peu fatigués et l’on fait aussi un peu de renforcement musculaire.  On veille également à ce que les malades boivent suffisamment. A la fin on, boit un jus d’orange avec quelques amandes, on discute un peu et ça se termine ainsi.  Cela fait partie des situations importantes pour que le groupe des non malades puisse s’approcher d’un malade et arrivent à une discussion même celle-ci n’est pas très cohérente. Un malade alzheimer est quelqu’un qui a l’air totalement normal ce qui n’est en général pas la vision qu’a le grand public.  On explique à ceux qui émettent quelques réserves pour trop se mélanger que les malades les plus autonomes vont souvent jouer avec de vrais joueurs.

 

 

En quoi consistent les jeux d’équilibre ?

Le premier exercice le plus simple même à un stade très avancé consiste simplement à être en équilibre sur un pied. Cela se fait en tournant un petit peu la tête ou en fermant les yeux. On est toujours à côté en cas de perte d’équilibre. Ensuite en équilibre sur un pied et avec la pointe de pied il faut toucher quelque chose devant et quelque chose derrière. Ce qui  renforce tout l’équilibre avant arrière et certains muscles au niveau des jambes que l’on n’a pas sur une situation statique. On le fait avec eux.  Quand on le fait une minute sans s’arrêter musculairement on sent que l’on a travaillé. Puis pour l’équilibre droite gauche marcher le long d’une ligne à petits pas avec une progression plus ou moins importante selon le stade de la maladie. Pour le dernier exercice eil faut en étant bien droit s’asseoir, se lever, s’asseoir, se lever, s’asseoir. On leur conseille souvent de le faire en levant un peu les mains. C’est le mouvement le plus complet pour tout ce qui est gainage et bas du corps.  Une étude a été réalisée à l’Insep prouvant la corrélation entre la puissance des quadriceps et le maintien de l’équilibre de la personne.  Garder des jambes un petit peu plus musclées ne peut qu’aider à se rétablir si on a une petite perte d’équilibre. Ces exercices sont réalisés toutes les semaines. Seul l’équilibre avant arrière n’est pas destiné à tous les malades.

 

 

Au niveau physique quels sont les progrès ?

Comme les personnes en bonne santé, les malades arrivent à jouer de plus en plus longtemps au fur et à mesure des séances. Une vraie progression s’effectue au niveau vasculaire et physique.  Mais c’est un sport fatigant car on est debout, on piétine, ; on va de droite à gauche, on ramasse les balles avec à chaque fois une flexion supplémentaire. Sans s’en apercevoir on est tout le temps en mouvement.  La proprioception de la personne évolue aussi.  Par exemple, pour Laurent notre plus jeune malade, le premier confinement a été une catastrophe. Il a beaucoup perdu en terme de capacités physiques, et intellectuelles. Quand il est revenu au début, il se cognait contre la table et parfois il saignait. Mais malgré la maladie qui avait beaucoup avancé ; on s’est rendu compte qu’au bout de trois semaines, il arrivait à jouer ces balles très basses en ne se cognant plus contre la table.  Il sentait mieux ce qu’il devait faire et il a conservé cette aisance.  Pour la partie motricité, coordination, tout le monde progresse. On a un malade qui a une visibilité réduite, et une neurologue lui avait déconseillé de venir, sa femme aussi, mais lui voulait venir. Il est venu une fois, il a adoré mais pendant deux mois, une balle sur deux au lieu de la taper tout de suite il reculait, la laissait rebondir par terre, la tapait ensuite comme au tennis. La balle rebondissait sur la table, par terre. Il reculait, la tapait et arrivait à la renvoyer sur la table. On maintenait un échange de cette façon et petit à petit on le rapprochait un peu de la table. En deux mois, il est parvenu à jouer tout le temps à la table, comme quelqu’un qui apprend à jouer et qui fait des progrès. Il n’a plus aucun problème de coordination par rapport au ping-pong.

Le but c’est l’activité physique. Donc que la balle rebondisse quatre fois ou 10 fois peu importe du moment qu’il y a cet échange de balles.

 

 

 

Les bénéfices annexes auxquels vous ne vous attendiez pas ?

On n’avait pas anticipé le fait que les aidants allaient autant apprécier venir, discuter entre eux, jouer et participer à une vie de groupe.  Autre chose non prévue : la partie intergénérationnelle. Ainsi pendant les vacances les petits enfants des malades peuvent venir jouer avec eux et un foyer de vie dans le 77 veut lancer l’activité. Ils se rendent compte qu’un alzheimer a de moins en moins de discussion avec ses petits enfants ou enfants et le ping-pong reste un moyen de se reconnecter et de partager un petit moment ensemble. Un malade d’Alzheimer est plutôt bien physiquement, il faut en profiter et le stimuler. C’est très plaisant de voir ce partage entre un père et sa fille. La maladie de notre plus jeune malade  a avancé très vite et actuellement il a du mal. Mais dans un premier temps il jouait avec sa fille. Alors qu’à la maison il ne parle quasiment plus. La partie apathique que l’on voit dans le cadre privé disparaît complètement quand il se plonge dans cette activité. Cela lui provoque  ainsi qu’à sa famille un réel bien-être.  On a des malades qui aiment bien inviter de temps en temps leur frère, leur sœur à venir jouer un petit peu avec eux. Ils sont fiers de montrer qu’ils y parviennent, qu’ils font partie d’un club. Il règne une grosse émulation. L’on s’est rendu compte que le ping-pong avait un effet hypnotique. Le fait de sentir le rythme de la balle met certains malades en état de flow, un état second englobant un état de concentration optimale. Un peu comme une auto hypnose… En cas de gros problèmes moteurs on arrive quand même à maintenir un petit peu des échanges et quand des problèmes intellectuels surviennent, la partie fonctionnelle qui renvoie  la balle se réactive.  Etienne par exemple qui à la maison n’arrive quasiment plus à faire d’activités et abandonne au bout de 5 minutes joue au ping-pong 1 heure et demi sans s’arrêter. On a mis en place des exercices destinés à développer cette concentration en essayant de prolonger cet état second. Etienne pour rester concentré a besoin de mouvement, d’action de rythme apporté par des échanges continus. Pour ce faire, on a une bassine pleine de balles à côté de nous et l’on envoie des balles sans arrêt. L’important au ping-pong c’est de suivre la raquette de l’adversaire pour savoir si elle va à droite, à gauche, si elle va être rapide, haute, si on va faire une feinte. Autre exemple : Marie-Pierre qui  a d’énormes problèmes de concentration. L’on a trouvé une astuce pour qu’elle reste longtemps à la table, et qu’elle joue. On lui met Carmen sur un téléphone posé sur la table de ping-pong. Elle est là, elle chante, joue pendant 1h et balance le bras comme un chef d’orchestre, sourit, regarde un peu partout. La musique la remet dans cet état de flow. Chaque malade a des besoins un peu différents. Certains ont besoin d’un repaire visuel.. Mais on ne cherche pas à mettre en avant les repères de chacun car on ne veut pas non plus stigmatiser telle ou telle personne.

 

 

 

Est-ce du ping-pong  en simple, ou en double ?

Souvent en simple, et quelquefois en double. On ne compte jamais les points, ce n’est pas de la compétition. Le but c’est de jouer un maximum. En terme de matériel, on a beaucoup de balles, pleins de paniers remplis. Les entraîneurs, les bénévoles ramassent souvent les balles, et il n’y a pratiquement aucun temps mort, le but étant de garder beaucoup de dynamisme.  Tout le matériel est fourni et les bouteilles d’eau aussi si besoin. On fait attention aux raquettes et on dit à tous les clubs qui mettent en place le programme de se servir de raquettes plutôt résistantes. La raquette peut tomber par terre, cogner un peu la table. Il faut une raquette qui n’accroche pas trop, qui n’ait pas trop d’adhérence. On respecte beaucoup le geste naturel de chacun. Les effets doivent être peu existants car la personne dotée du même niveau ne va pas pouvoir renvoyer la balle à chaque fois. On prend donc des raquettes qui ne mettent pas beaucoup d’effets. Les balles sont exactement les mêmes que pour un groupe normal afin que les non malades puissent se mélanger au maximum.

Ils vont être à peu près au même niveau et s’amuser ensemble. On va créer des situations leur permettant de progresser en groupe. Cette première phase est la plus facile à appréhender. La pathologie peut être plus axée soit sur la mémoire , soit au contraire sur la partie coordination, motricité et l’on utilise des exercices ou des situations spécifiques. Pour certains c’est difficile de renvoyer la balle à chaque fois au-dessus du filet. A ce moment là, on l’enlève en gardant les échanges et le même concept. Les malades très avancés et plus âgés vont jouer sans filet et assis. Les plus jeunes même avancés peuvent se tenir un peu debout devant la table. On va les mettre en confiance avec une situation très simple, la balle va juste rouler et on va changer un petit peu les trajectoires. Il ne faut jamais que ce soit présenté comme une contrainte et les malades doivent agir en fonction de leur humeur du jour. On a un créneau en début d’après-midi et un le matin. En période normale, 16 malades ont 30 tables à leur disposition dans une salle de 900 m2. Le plus âgé a 87 ans, mais il n’est pas très avancé dans la maladie.

 

 

Qu’est-ce qui est le plus difficile côté enseignement ?

De voir que la maladie avance quand même.  Mais tout montre que s’ils étaient moins actifs ils auraient avancé plus vite dans la maladie. Mais c’est difficile de faire une évaluation  car l’on ne connaît que la réalité actuelle. On s’occupe du même patient depuis plus de trois ans et chaque famille stimule différemment son malade. On en a deux ou trois qui en trois ans sont très stables mais qui après les vacances d’été prennent un petit coup quand même.  Ils ont perdu soit en motricité soit en tenue de corps.  On ne sait pas si c’est le manque de ping-pong ou le fait de ne pas être stimulé comme habituellement au quotidien.  Lors du premier confinement, tous ont perdu un peu en autonomie.  Ou en tout cas ont avancé dans la maladie. Le plus gros problème pour nous ce n’est pas la mémoire, c’est la concentration. Avoir un malade qui va se mettre à déambuler, que l’on a du mal à garder avec nous.  C’est pour cette raison qu’une des priorités au début c’était de savoir comment les garder à la table. Et puis l’on s’est rendu compte que chacun avait un besoin différent. Au début, on n’avait pas trop les solutions, maintenant on les laisse déambuler un petit peu. Après si on sent qu’ils n’ont pas trop envie de jouer on les fait s’asseoir et l’on discute.  Si certains ont besoin de marcher dans la salle pas de problème, la salle est grande.  La déambulation c’est simplement parce qu’ils ont décroché. Des déclencheurs nous permettent de les remettre en route.  Notamment la phrase « Renvoies la balle « que l’on utilise tout le temps. En tout cas cela fait plaisir, car ils rigolent, racontent des blagues. Les aidants nous disent qu’ils ne sont jamais comme çà chez eux.  Apparemment c’est le jour et la nuit, mais je ne les vois que pendant le jour. Ils parlent de cette activité chez eux et one envie de revenir.  Les bénévoles de France Alzheimer nous ont dit qu’il y en a certains qu’ils ne reconnaissent plus. Même si parfois ils ne se souviennent pas d’une personne, ils n’oublient jamais qu’il vont au ping-pong. Des réactions surprenantes ? Une ou deux fois, un malade au lieu de nous renvoyer la balle nous a lancé sa raquette mais c’était avec douceur donc sans incidence...

Je pense aussi que certains professionnels voient des différences mais ils ne vont pas s’avancer sur ce terrain là, sans études. Ils veulent des preuves scientifiques.. Dans quelques  clubs, l’on peut jouer toute l’année et l’idée c’est de le mettre en place dans ce genre de club Même encore plus régulièrement comme un foyer de vie. La fédération allemande est intéressée. Il y a peu, j’ai fini de former des professeurs à Toronto au Canada. Quatre Ehpad veulent lancer le programme en association avec des clubs locaux. Ils vont faire exactement la même chose que nous et veulent aussi utiliser le ping-pong comme un média de reconnaissance avec la famille. C’est un réel questionnement pour des résidences de personnes âgées.

 

 

Avez-vous eu l’occasion de discuter avec des professeurs utilisant d’’autres sports avec les malades Alzheimer ?

Un peu avec des professeurs de basket, activité lancée dans l’est de la France. Mais au final ils ont arrêté car le ballon peut faire mal et ils ne peuvent pas le donner à n’importe qui.  Aussi avec quelqu’un qui a lancé un tai-chi-chuan très doux. C’est pareil il existe un moment où à un certain stade de la maladie on ne peut plus expliquer les mouvements.  Même si on montre le malade ne réagit plus. Une partie du cerveau du malade n’est plus là.

 15 clubs en France ont maintenant lancé l’activité ping-pong.  On essaye de recréer des connections entre les antennes France Alzheimer et les clubs de ping-pong où il règne un peu de dynamisme.  Beaucoup de clubs sont intéressés car ils s’aperçoivent vite des bénéfices et et l'on, espère que de plus en plus de clubs adopteront  le projet.

Agnès Figueras-Lenattier

 

 

 

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mardi, 17 janvier 2023

Mes conférences

Agnès Figueras-Lenattier 

ex joueuse de tennis professionnelle : n° 8 française,

Championne d’ Europe  des moins de 21 ans,08-agnes.jpg

biche.af@wanadoo.fr

 

Journaliste sportive ( créatrice notamment d’une émission tennis et musique  «  jazz ace » sur la radio web «  Jazz Box Radio International »), culturelle et scientifique, poète et auteur à ses heures

 

 

 

MES CONFERENCES :

 

«  La vie d’une joueuse de tennis professionnelle » d’après ma propre expérience de joueuse et de journaliste . Avec aussi des témoignages de joueuses ayant fait le circuit.  Plus celles de françaises sur leur affrontement contre Steffi Graf. A travers ce qu’elles disent l’on peut se rendre compte de ce qui peut se passer dans la tête d’une joueuse. Des poèmes de mon cru sur le tennis ou autres peuvent être lus soit par moi-même soit par un acteur ou une actrice. Pour finir un débat sur le tennis féminin peut s’instaurer…

 

Sur demande, pour des clubs, associations  ou autres, je propose des conférences sur les meilleures joueuses du monde ou sur des sujets variés autour du tennis comme par exemple "le tennis et le théâtre" ou le tennis vu par des musiciens

 

 

 

TRANSPIRATION

 

 

Tennis je t’ai dans la peau

Sans mes aces je n’existe pas

Smash en mon oripeau

Service volée dont je subis l’appât

 

J’aime frapper la balle qui chancelle

Miss Coup droit était mon surnom

Quant à mon revers il m’appelle

A me faire grande dans mon giron

 

Mes jambes gambadent sur le court

Affublée d’une jolie tenue

Mes chaussures me font la cour

Et pas question de faire de bévue

 

Tennis je t’ai dans la peau

Avec toi je me marie

Grâce à toi j’ai bien chaud

Et toujours j’écouterai ta rhapsodie.

dimanche, 15 janvier 2023

Michel Bouzigues

Michel Bouzigues 2.jpgCet ancien kinésithérapeute a toute sa vie partagé son temps entre le tennis de table et le tennis, deux sports  qu’il a découverts tard. Le premier à 23 ans et le deuxième à 28 ans. 10ème français en tennis de table, il fut le meilleur top spiner français. En tennis il a été classé 0. Et c’est uniquement en regardant les grands joueurs des deux disciplines qu’il a réussi à atteindre ces classements. Ainsi se passionnait-il tout petit, pour Laver, Rosewall, Gonzalès…
En plus de ce don de mimétisme, il possédait un vrai tempérament de gagneur. Grâce à son lift très appuyé au tennis de table, il dominait ses adversaires à la différence du tennis où c’est par le biais d’un jeu régulier mais sans coups d’éclat qu’il battait selon ses dires des joueurs plus forts que lui. « Je ne jouais pas du tout de la même manière dans les deux sports. Au tennis de table c’était moi le patron, et j’étais physiquement capable de jouer très vite et de mettre beaucoup de violence dans la balle.  Au tennis, je me contentais de remettre la balle à l’endroit où ça gênait mes adversaires. Je n’ai jamais gagné un match, je faisais tout le temps perdre l’autre. Je suis monté à 0, car j’étais très solide au niveau vision du jeu. »  Une manière de jouer qui lui a d’ailleurs valu cette réflexion suivante de la part du 5ème mondial qu’il a battu en Croatie lors du championnat du monde par équipe des plus de 75 ans en  2019 : « Vous avez un jeu diabolique. »

C’est le hasard de la vie qui lui a permis de commencer le tennis en rencontrant le professeur du club de tennis de Tarbes François Lacaze. « Il voulait faire un match de tennis de table avec moi. Je lui ai donné 18 points d’avance, et je l’ai battu 21/18…. « Michel Bouzigues ayant fermé son cabinet de kinésithérapie à 27ans, avait besoin de gagner sa vie d’une autre manière et il pensa alors à devenir prof de tennis. Après quelques conseils donnés par François Lacaze pour obtenir le diplôme, il se mit à taper la balle régulièrement et après être monté à 15/2 réussit à passer avec succès le monitorat. Ce n’est que plus tard grâce aux relations obtenus avec le tennis, qu’il reprit son travail de kiné dans la rééducation vestibulaire (troubles de l’oreille interne) et fut très sollicité sur ce plan là.  Actuellement à plus de 80 ans et à cause de pépins physiques, il joue essentiellement en double et s’amuse.  C’est ça le secret du tennis. Il permet de par ses possibilités de jeu et de convivialité et malgré les handicaps de la vie d’être comme il en a d’ailleurs la réputation d’être le sport de toute une vie…

Agnès Figueras-Lenattier

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dimanche, 08 janvier 2023

Deux spectacles enchanteurs :

Arsène Lupin sur les planches

Corneille et la beauté de ses vers 

Comme le chante si bien Jacques Dutronc de sa voix suave retranscrite  lors du spectacle Arsène Lupin  de Delphine Piard, Arsène Lupin est le plus grand des voleurs. C’est la première fois que le personnage créé par Maurice Leblanc est mis en scène au théâtre et c’est une belle réussite. La mise en scène est judicieuse, enlevée , les costumes magnifiques et le texte raffiné. L’élégance de ce gentleman cambrioleur est  très bien dépeinte d’abord par le biais d’un écran blanc et des silhouettes noires et fines aux gestes agiles.  Puis par l'intensité du suspense et l’interprétation des comédiens. La rouerie de ce cambrioleur se déploie sur le plateau au moyen de forts rebondissements et dans un décor moderne et agréable pour les yeux. C’est amusant, entraînant et l’enquête policière nous transporte loin de la réalité parisienne. On ressort de bonne humeur et quelque peu galvanisé par l’atmosphère chaleureuse du spectacle. A la fin Jacques Dutronc nous charme à nouveau et l’on a envie de dire merci à cette troupe de nous avoir mis en contact avec cet aventurier aux mains pécheresses et à l’esprit diabolique.

En plus, le Lucernaire est un lieu magique avec tous ces bouquins exposés un peu partout et son programme de cinéma souvent intéressant. Théâtre et cinéma s’entremêlent pour notre plus grande joie. Un lieu à découvrir ou à redécouvrir..

Autre spectacle magnifique " Le menteur " de Corneille au théâtre de Poche Montparnasse. C'est délicieux d'écouter les beaux alexandrins de Corneille surtout quand ils sont si bien dits. Le décor est assez sobre ce qui permet au jeu des comédiens d'être encore davantage mis en valeur. Les costumes sont harmonieux avec des couleurs là aussi assez sobres. Les deux femmes de l'histoire sont très féminines, fraîches et interprètent leur rôle avec grâce et leur complicité résonne de manière charmante sur scène. Bref là aussi, c'est un spectacle à voir... 

Agnès Figueras-Lenattier

Plus d'infos :

Théâtre du Lucernaire  53 rue Notre-Dame-des- Champs

75006 Paris

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jeudi, 05 janvier 2023

Sonate d'automne de Bergmann adapté au théâtre

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Les bons neuroleptiques

"Si le christ ou saint François d'assise venaient aujourd'hui dans le cabinet d'un psychiatre très scientiste, ils seraient immédiatement envoyés à l'hôpital saint-Anne  pour y recevoir une injection de neuroleptiques!... Une phrase du docteur Pierre Coret, qui était psychiatre, homéopathe, co-fondateur de le Gestalt-thérapie analytique trouvée dans le très bon  livre de Stéphane Allix " Un fantôme sur le divan" . Je comprends d'autant mieux ce message car je suis la femme de Jésus et j'en ai bien eu une avec tout ce que ça comporte d'horreur... Pas de chance, je suis née à la mauvaise époque!... 

Agnès Figueras-Lenattier 

mardi, 03 janvier 2023

L'art en prison

prisonniers,peintures,expositionBruno Luvolé

Fin 2022 a eu lieu à la Mairie du XIIIè arrondissement, une très belle exposition sur de magnifiques peintures réalisées par des détenus du monde entier. Une initiative résultant d’un partenariat entre deux associations l’une créée par Peter Echtermeyer "Art and Prison" un ancien aumônier allemand ayant longtemps travaillé dans des prisons et l’autre, "Art et prison en France"créée par Bruno Luvolé. Cela donne un résultat étonnant où l’on peut se rendre compte que les détenus ont en eux des capacités insoupçonnées et sont capables par le biais de l’art de se transformer… Un nouveau regard sur le milieu carcéral…

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Pourriez-vous parler de votre association « Art et Prison en France » ?

C’est une association qui a été créée en 2014, au départ pour organiser l’exposition en France d’œuvres d’art détenues dans le monde entier. Ce qui a déterminé cette initiative c’est la rencontre de mon épouse avec Peter Echtermeyer.  Nous étions en voyage en Italie et elle a vu cet homme devant une galerie qui lui a dit « Entrez, voyez ». Elle a donc vu une exposition de tableaux, et Peter Eschtermeyer lui a demandé ce qu’elle en pensait. Elle lui a répondu que quelque chose d’étonnant émanait de ces peintures et c'est alors qu'elle a appris que ces tableaux étaient réalisés par des détenus du monde entier.  A l’époque Peter Echtermeyer était aumônier dans une prison en Allemagne et il a mis en place cette association dans le but de promouvoir l’art pictural des prisonniers.. Il a également créé un concours international de peinture réservé aux détenus. Comme il avait de nombreuses relations dans des prisons se situant dans différents endroits, il a réussi à obtenir des tableaux qui venaient de 40, 50 pays (aujourd’hui, il y a près de 60 pays représentés) et en 2022, il en est à son 6ème concours. Un jury avec artistes et spécialistes est présent, et des sponsors donnent de l’argent ce qui permet d’attribuer des prix.. Mon épouse est cinéaste, et elle a eu envie de faire un film sur le sujet car c’était inédit pour nous. Il s’intitule «  Un demi- mètre carré de liberté. » Pour le moment, nous ne l’avons pas encore mis sur une plate-forme, nous l’avons montré lors de festivals notamment aux Etats-Unis et  il a obtenu un prix en Angleterre. Nous l’avons aussi montré 2,3 fois à Paris particulièrement lors de l’exposition à la Mairie du XIIIè arrondissement. Nous n’avons pas trouvé de financement pour le mettre en vente, Il aurait fallu davantage de sensationnel. Si un gangster était devenu peintre, la situation aurait davantage intéressé les médias mais ce n’est pas ce que l’on a voulu démontrer. Nous avons parlé avec Peter Echtermeyer de notre documentaire qui nous a donné son accord mais nous a expliqué que ce qui l’intéressait surtout c’était d’exposer ses tableaux en France.  Il avait déjà exposé dans divers pays d’Europe. C’est ainsi que nous avons créé notre association pour exposer cette collection en France. Nous avons  trouvé une galerie près de la Bastille qui s’appelait Dorothy’s Galerie tenue par une américaine qui a bien voulu prendre l’exposition gratuitement même si les œuvres n’étaient pas à vendre. Nous avons pu bénéficier de la galerie pendant 3 mois.

 

 

Pourquoi les œuvres ne sont-elles pas en vente ?
L’une des difficultés c’est qu’il existe un contrat de cession signé avec les pays. Ce n’est pas possible de vendre car tout dépend  des règles de chacun. C’est vraiment au cas par cas et c’est extrêmement compliqué à gérer. Quand on a exposé les œuvres en 2014, il a fallu trouver une structure juridique pour financer le transport. On avait levé des fonds en créant cette association et on avait organisé à l’époque 18 soirées sur la détention et surtout sur l’art en prison. Une soirée avec des juges, des anciens détenus, diverses personnes a été mise en place. Des films ont été projetés dans la galerie et certaines personnes nous ont encouragé  à continuer notre action en faveur  de l’art en prison. On a donc persévéré, et l'on a refait des expositions à Saint-Nazaire, Paris et Strasbourg en 2018. Et en 2022 on a fait cette exposition à la Mairie du XIIIè. On aurait du le faire avant mais le covid nous en a empêché. Nous avons également un réseau de galeries d’art qui s’appelle « Carré d’artistes « qui nous a accueilli pendant un mois à Marseille pas très loin du vieux port.

 

 

Quel est le but essentiel de ces diverses démarches ?

De donner au public une vision différente de l’univers carcéral  et des détenus en exposant  ces œuvres qui sont souvent magnifiques. Ce sont des personnes qui ont à un moment donné de leur vie commis des actes répréhensibles même dans certains cas un acte criminel mais on ne peut pas résumer le profil d’une personne juste à un agissement dépourvu de tout contrôle à un moment donné. Et puis les gens évoluent. Les personnes libres à l’extérieur évoluent, les détenus aussi et on veut changer le regard envers ces prisonniers. Ce sont des personnes qui peuvent créer un bel univers avec tout ce que cela implique. Un public qui regarde les détenus différemment va aider à leur réinsertion. En effet, souvent l’une de leurs difficultés, vient du fait qu’ils ont fait quelque chose de condamnable et c’est marqué sur leur front à vie. Il existe beaucoup de récidives car on ne leur donne pas la possibilité de ne pas récidiver. Comme l’a bien dit Peter Echtermeyer lors d’une interview, si on leur tend la main, si on les aide, s’ils ont un accueil favorable, cela peut multiplier leurs chances de s’en sortir.  Les personnes qui récidivent je ne parle pas forcément des crimes les plus violents se trouvent à leur sortie à la rue. Ils perdent leur logement faute de payer le loyer, sont souvent rejetés par leur famille quoi qu’ils aient fai. Ils se trouvent désocialisées car leur contact se résume aux personnes qu’ils ont fréquenté pendant 1 ou 2 ans en détention. Donc ils en viennent à voler faute de pouvoir se nourrir. L’art les aide à changer de comportement, à se cadrer, à se poser, à réfléchir éventuellement sur ce qu’ils ont fait.  Il faut être conscient que l’on demande à la prison de pallier les faiblesses de la société à intégrer ces personnes là. Il y a beaucoup de personnes quand on parle de récidives qui espèrent que la prison va corriger en 4,5, 10 ans ce qui n’a pas été fait pendant les 20 premières années de la vie de la personne.

 

 




 

Quelles sont les œuvres qui ont été exposées à la mairie du XIIIè ?

Celles du concours de 2020 avec quelques œuvres emblématiques que l’on réexpose plusieurs fois. A chaque fois, c’est extrêmement bien reçu, et l’intitative  soulève beaucoup d’interrogations . On se rend compte que des détenus peuvent s’exprimer par l’art, que c’est universel, et que ce n’est pas une lubie sociale dans un pays. On a de plus en plus de gens qui rejoignent notre association et l’on est maintenant un peu plus de 40 membres. Je pars avec une camionnette et quelques amis de l’association  et l’on va chercher les tableaux à Berlin, Marseille, puis on les ramène à Paris.  C’est un budget qui cette année a représenté au total 15.OOO euros et il faut les trouver. On a fait des levées de fond sur financement participatif et on avait encore des fonds acquis lors des précédentes expositions.  En 2018, on avait reçu une subvention de l’administration pénitenciaire dans le Grand Est lors d’une expo à Strasbourg. En 2014, on avait eu des subventions de la Sodexo justice services et en 2022 on a obtenu une subvention du secours catholique et une subvention de la Mairie de Paris.  A chaque fois, on essaye de taper large avec des personnes qui nous soutiennent. Globalement, peut-être parce que les gens qui viennent sont déjà intéressés par le thème, les réactions sont toujours très positives. Les gens de la Mairie du XIIIè avec qui j’ai pu en parler sont étonnés par la qualité des œuvres et se rendent compte que ces personnes qui parfois ont fait de longues peines sont capables de réaliser de très belles choses…

 

 

 

 

Existe-t-il beaucoup d’ateliers culturels en prison ?

Oui plus qu’on ne le croit. Il y a deux ans est sorti un film intitulé « Le triomphe » une fiction qui recréé un atelier théâtre en détention . Présente aussi de la danse avec l’intervention de chorégraphes comme Pierre génie qui a monté un spectacle Porte de la Villette avec des détenus de Nanterre. On trouve également des arts visuels comme la peinture, la sculpture, le chant, la musique . Mais c’est un nombre limité de détenus qui en profitent à chaque fois. Des initiatives se mettent en place pour apporter un peu d’art dans les murs . A eu lieu une exposition au centre pénitentiaire sud francilien à Réau. Les détenus sont devenus des spectateurs et ont pu observer des reproductions d’œuvres au sein  de grands tableaux. Certains détenus avaient été formés pour être des commissaires d’exposition dans le but de faire visiter les expos à d’autres détenus. C’est bien, mais ce que l’on regarde aussi c’est ce que produisent les détenus eux-mêmes. A Paris, une organisation « Talents cachés » organise des œuvres qui viennent de la région parisienne. Ils les montrent  depuis quelques années à la Mie de Pain tous les ans au mois d’octobre. Ce qui implique qu’il existe quand même beaucoup d’ateliers comme des ateliers théâtre à la Santé. Quand nous avons projeté notre film à la Mairie du 13ème, une jeune femme qui intervient en atelier théâtre dans ce lieu a lu des textes. On peut donc voir des œuvres qui viennent d’autres institutions que celles du concours allemand. Mais c’est parfois compliqué à monter pour des raisons de cession. Prendre des œuvres, les retourner en détention, réussir à les faire sortir demande toute une logistique…

 

 

Comment se passe un atelier ?

Dans les ateliers auxquels on a assisté il règne souvent une certaine forme de liberté, ce sont les personnes qui choisissent. Un modèle est parfois suggéré mais pas obligatoirement. On peut aussi être simplement des guides ou des professeurs en disant : Vous faites un peu ce que vous souhaitez mais soyez un peu plus structuré dans ce que vous faites.  Quand vous fais ceci, essayez de le représenter de telle ou telle façon. » On peut aussi proposer un texte sur lequel il faut parler, un thème.  Chacun créée différemment et la fréquence dépend des centres. Dans une maison centrale comme Saint-Maur, les gens ont la possibilité de se promener à certaines heures de la journée. Tout est très sécurisé, mais des plages horaires sont instaurés et ceux qui le veulent peuvent avoir accès à la salle qui en général est fermée. Il faut que quelqu’un procure l’accès mais on peut y rester le temps que l’on veut. Si un détenu a envie de peindre, il peut le faire seul dans sa cellule si les conditions présentes dans les maisons centrales le permettent… C’est moins restreint qu’on ne le pense mais je manque un peu de statistiques là-dessus sachant qu’il existe en France 187 établissements pénitentiaires. Ceux pour les longues peines les maisons centrales et les maisons d’arrêt. Dans les maisons d’arrêt, on trouve généralement trois catégories de détenus : les prévenus en attente de jugement, les détenus pour courte peine moins de deux ans, les détenus en attente de transfert et entre deux affectations. Ceux qui sont en courte peine ont moins de chance d'avoir accès aux ateliers vu l’attente.  On aura donc plus de gens condamnés à de longues peines.

 

 

Est-ce réservé à un certain profil de détenus ?

En général ce sont quand même des détenus qui se comportent correctement, ceux en rébellion ou autres, on a plus de mal. Les places sont chères et quand on avait réalisé notre film, un détenu nous avait dit qu’il avait attendu un an et demi avant de pouvoir intégrer un atelier de peinture d’environ 10,12 personnes pour 800 détenus. Et puis peut-être que c’est plus facile de se projeter, de participer à des ateliers pour les détenus qui ont déjà un certain bagage artistique. C’est à titre personnel d’oser se lancer. La plupart avaient déjà un contact avec le domaine, mais il peut exister des personnes totalement ignorantes sur le sujet. En général dans ces ateliers les artistes qui interviennent et guident les prisonniers sont extérieurs à la prison.  C’est vraiment dans les années 80 du temps où Robert Badinter était ministre de la Justice que cela a vraiment démarré.  

 

Possibilité pour des personnes de l'extérieur d'intervenir

 

Un partenariat avait été signé entre le Ministère de la Justice et le Ministère de la Culture avec une convention qui permettait à des personnes extérieures d’intervenir. Il fallait quand même le cadrer et l’organiser.  C’est souvent pris en charge par des associations locales et ces prisonniers peuvent effectivement être totalement dépourvus d’éducation artistique. On en rencontre un certain nombre y compris parmi les longues peines qui nous ont dit quand on a fait le film qu’ils n’avaient jamais eu de contact avec l’art. Mais l’un d’entre eux a confié avoir déjà pris un carnet pour dessiner.  Ce sont généralement des gens qui ont quand même une petite démarche de fibre artistique. Certains peuvent dire « Je ne connaissais pas, et dans l’enfermement ça m’a permis tout à coup d’être plus apaisé.  Cela oblige le détenu dans un milieu assez anxiogène et agité à se poser, se calmer, réfléchir et à se demander ce qu’il peut produire, ce qu’il a envie de montrer et comment. On peut juste barbouiller une toile, mais ce n’est pas le cas en général. Ce sont souvent des moments que les détenus apprécient dans un atelier ou même en cellule. Etre tout à coup plongé dans une création, s’exprimer par l’art alors qu’’ils ne sont pas forcément à l’aise dans la langue du pays est pour eux une sorte de réconfort. Ce sont des personnes qui bougent, qui ont d’autres origines culturelles. Il existe tout un ensemble de cheminements pour le détenu qui l’incite à aller vers cela même s’ il n’avait pas la fibre artistique au départ. Un rapport réalisé en 2022 devant l’Assemblée Nationale sur le système pénitentiaire français démontre que le niveau d’études des personnes en détention est quand même très faible. On considère qu’il y a 10% d’illétrés, 20% qui maîtrisent mal l’écriture et 75% qui ont un niveau maximum CAP.. Il viennent de milieux défavorisés soit par l’environnement, soit par les hasards de la vie, ce qui les bloque complètement et les font réagir de manière totalement dépourvu de sens social.

 

 

 

Des exemples de reconversion ou autres ?

Je pense à un détenu que l’on connaît assez bien qui a été le parrain de nos expos en 2018. Il a fait des conneries jeune et s’est remis au dessin, a repris des études de communication alors qu’il était en détention et qui maintenant est dessinateur et publie des BD. Il a fait une attaque à main armée, s’est laissé entraîner dans un groupe. Il s’est retrouvé condamné à 10 ans, et a du en faire 6. Il ne peignait pas avant, et il est même devenu acteur dans le film «L’innocent » où il joue l’un des gangsters.  Lui qui a eu une enfance difficile affirme que tout ce que l'on a en soi notamment contre la société qui nous a mal traité, qui ne nous a pas aidé ou jamais tendu la main , c'est plus judicieux de  le mettre sur une peinture plutôt que d'agresser les gens.  La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot auditionné en octobre à l’Assemblée Nationale qui justement citait des détenus devenus positifs pour la société a parlé immédiatement de lui.

 

le livre d'un détenu s'en étant sorti

 

 Mais il y en a d’autres comme Karim Noktari qui a écrit un livre « Rédemption, itinéraire d’une enfance cassée ». Il a eu une enfance telle que je ne sais pas comment nous aurions réagi à sa place. Quand on est tout petit dirigé dans la mauvaise direction c’est très dur de s’en sortir et lui s’en est sorti en prison. Tout d’un coup, il a eu la force de caractère de s’ en sortir. C’est un exemple de personne qui par l’accès à la culture en détention a pu commencer à se cultiver, à changer. C’est quelqu’un de remarquable, très brillant, coordonné, très structuré dans sa pensée. J’ai aussi entendu parler d’une femme nommée Diana par Peter Estermeyer qui a fait des années de prison en Ukraine et qui est l’auteur de deux tableaux et qui en sortant est devenue travailleuse sociale. Sa capacité à s’exprimer par l’art l’a contrainte à réfléchir. Elle a peint dans une cellule avec 30 femmes autour d’elle. Il faut avoir une capacité à sortir de l’endroit où l’on est… Il existe cela dit des génies de la peinture qui ont été des voyous comme Caravage.  Il ne faut pas idéaliser les choses mais ça aide à s’en sortir. Une directrice qui s’exprime dans notre film témoigne que la vie est dure pour beaucoup de gens qui sont mécontents de leur sort et qui expriment cette colère par la violence. S’ils sont face à un obstacle du fait qu’ils n’ont peut-être pas la maîtrise du langage, l’art peut leur permettre de dire ce qu’ils ont en eux et de témoigner leur rage de façon positive.  Des statistiques concernant l’effet de l’art sur les récidives ? Je n’ai pas de chiffres sur la récidive, la non récidive et à ma connaissance il n’existe pas vraiment d’étude sociologique ayant permis de suivre les gens de façon suffisamment vaste pour dire quoi que ce soit. Une étude faite par le profeseur Keliotis en Angleterre portait sur seulement 90 personnes . Or chaque année il y a plus de 90.000 personnes qui sortent. C’est donc difficile d’en tirer des conclusions. Beaucoup de détenus une fois sortis de prison, ne souhaitent pas rester en contact avec le milieu pénitentiaire et on ne sait pas ce qu’ils sont devenus. Ils disent que cela fait partie de leur passé, et veulent définitivement tourner la page. . On ne sait donc pas ce qu’ils deviennent sauf s’ils retournent en prison.

 

Quels sont les pays ou l'art en prison est davantage développé ?

Ce que l’on constate d’après le concours allument, c’est que pratiquement aucune œuvre ne provient d’Afrique. Ceci pour des raisons purement matérielles et financières. Les pays où c’est le plus développé c’est en général l’Angleterre avec une fondation qui s’appelle « The Koestler Trust". Ils sont financés par l’administration pénitentiaire et organisent chaque année également un concours d’art et exposent dans un lieu emblématique à Londres. 250 œuvres venant des prisons britanniques. Il y a quelques années quand on en avait parlé, ils recevaient annuellement 8000 œuvres sachant qu’un autre concours a lieu en Ecosse. Ils servent un peu un modèle et sont financés par l’administration pénitentiaire britannique. En Californie, il existe une association « The  lawyers for the Art « , « les avocats de Californie pour l’art » qui a organisé un grand colloque avec des intervenants de plusieurs Etats. Aux Etats-Unis, cela dépend des Etats et on en trouve de plus ou moins répressifs. Les échos que l’on a en France indiquent que si c’est l’administration pénitentiaire elle-même qui s’en occupe, ce n’est pas très bien reçu. En effet, on ne va pas transformer un gardien de prison en professeur d’art et de plus en plus, il peut survenir une réaction psychologique négative  si c’est imposé par l’administration. Donc la richesse vient de l’intervention de gens venant de l’extérieur.  Ce sont souvent des initiatives d’associations qui permettent d’avoir ce foisonnement et je dirais que dans les pays occidentaux globalement c’est assez développé.  Beaucoup d’œuvres également viennent d’Amérique latine. De temps en temps, les conditions d’emprisonnement font la une des journaux et disent que la situation ’est assez catastrophique.

 

 

Quels sont vos projets ?

Refaire des expositions. Le 6ème concours international se déroule en ce moment et comprend davantage de tableaux venant de centres français. Nous allons exposer de nouveau ces collections en 2024. On est aussi présent jusqu’à début mars à Villeneuve sur Yonne . Un débat va avoir lieu le 16 janvier à 18h30 sur l’art et la culture en prison à l’auditorium de la Mairie de Paris. L’on va faire parler des intervenants come Mr Cotte ancien magistrat, président honoraire de la chambre criminelle de la cour de cassation, et ex président de chambre au tribunal pénal international, Laurent Ridel directeur de l’administration pénitentiaire, Karim Moktari un ancien détenu, et Peter Echtermeyer l'aumônier. Ils expliqueront ce que l’art apporte aux détenus. Pourquoi et comment il faut le développer, quels sont les enjeux et les défis que représente l’introduction de l’art et de la culture en détention.  Au mois de janvier, 12 tableaux vont être reproduits sur de grands panneaux en impression aluminium et exposés rue de Rivoli juste avant l’hôtel de ville dans un bâtiment de la Mairie de Paris la caserne Napoléon … On devrait également essayer de monter une exposition en 2023 ou 2024 dans le Sud de la France à Nimes avec un coordinateur culturel. J’ai suggéré l’idée à l’administration pénitentiaire de faire une exposition venant de la collection à la fois en détention et en extérieur afin que les deux initiatives soient jumelées.  

 

Agnès Figueras-Lenattier