vendredi, 04 novembre 2016
Paris et l'impressionnisme DVD
Editions GrEz
Manet, Renoir, Caillebotte, Pissaro, Morisot, Monet, Degas, Seurat, tels sont les huit peintres qui apparaissent dans ce film réalisé par Eric Zingraff . Après une petite biographie de chacun, au moins un tableau de ces différents impressionnistes est passé en revue. Des peintures de Paris avec une analyse détaillée du regard de chaque artiste. On peut par exemple observer " La musique aux tuileries" d'Edouard Manet considéré à l'époque par les critiques comme dénué de toute composition. " Le pont des arts" de Renoir avec ses teintes dominantes or et bleu. "Les raboteurs de parquet" peinture qui fera connaître Caillebotte. La Tour Eiffel peinte par Seurat dont les sens sont en affinité avec ce monument...
Nous sommes dans les années 1870 au sein d'une capitale transformée par le baron Hausmann. Les impressionnistes peignent la réalité et la vie de tous les jours. Monet achèvera ses toiles sur Paris avec " Rue Montorgueuil". Berthe Morisot élève de Manet peindra Paris depuis les hauteurs du Trocadéro. Camille Pissaro sera le seul à participer aux huit expositions du groupe et Degas apprendra de Gustave Moreau le travail de la couleur.
En compagnie de musiques de Chopin, Debussy et autres interprétées par Moshiki Sugiura, on devine clairement comment ces artistes se sont inspirés de la beauté de Paris. La différence du "coup d'œil "qui les caractérise est observée avec minutie. Le milieu dans lequel ils ont évolué est relaté et montre l'influence que leur éducation a jouée.
C'est frais, agréable à voir et à entendre. Un bel hommage est rendu à la fois à Paris et à la peinture impressionniste qui s'est libérée de l'art académique pour adopter un style bien à elle…
Agnès Figueras-Lenattier
09:02 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : impressionnistes, paris, analyse
vendredi, 21 octobre 2016
De l'alcôve aux barricades.
De David à Fragonard
Cette exposition, fruit d'un partenariat entre les Beaux-Arts de Paris et la Fondation Custodia présente actuellement de magnifiques dessins provenant de la fin du règne de Louis XV jusqu'à la révolution. Une transition du rococo au néo-classicisme s'opère alors avec passage de la Royauté à la République. En parcourant les salles de la Fondation Custodia, on trouve une grande variété de styles aussi bien dans les sujets que dans les techniques. C'est l'occasion de bien différencier le style rocaille avec son côté très minéral , très organique et l'art néo-classique plus austère. Lignes plus droites, plus sobres..
Sont d'abord exposées plusieurs études de nus masculins avec tout au début des contorsions du corps, puis par la suite des attitudes plus statiques. Viennent ensuite des dessins de paysages résultant d'un séjour en Italie. Notamment des représentations du Colisée. Puis c'est le retour en France amorçant une nouvelle approche du paysage dès la seconde moitié du XVIIIè siècle. Les détails sont plus marqués et les imperfections de la nature (formes étranges d'un rocher ou d'un arbre mort) se voient davantage. Autre évolution: L'abandon des sujets mythologiques emplis de sensualité au profit de thèmes héroïques souvent tirés de l'histoire antique.
Egalement dans la seconde moitié du XVIIIè siècle, des programmes de concours de plus en plus tournés vers la conception d'édifices utilitaires. Ce qui fait apparaître des dessins d'architecture très grands formats composés à partir d'un sujet donné. L'ensemble de ces projets architecturaux propose une solution utopique avec en rose les parties maçonnées. Le plus grand au sein de cette exposition mesure 3 m 66, c'est dire... Exemples de projets : des monuments funéraires, des ménageries, une salle de comédie, un pavillon de fête pour un souverain, une bibliothèque. Des dessins d'ornement complètent le tableau comme les décors d'appartements à la chinoise et à la turque de Pierre Ranson ou ses trois lits de modèles distincts.
Tout au long de l'exposition, la beauté se profile. Quelle belle feuille par exemple que " La douleur" de Jacques-Louis David pour lequel il obtint le premier prix du concours de la Tête d'expression. Un pastel associé à de la craie blanche. Ou encore ses nombreux dessins montrant bien l'évolution qui s'est opérée à cette époque. Le dessin de Jean-Baptiste Regnault " La surprise mêlée de joie" est également à noter. Et que dire des sanguines d'Hubert Robert et de Fragonard. Ces deux artistes utilisèrent beaucoup cette technique et lui donnèrent un nouveau départ. L' "Enlèvement de Ganymède " de Fragonard d'après Rembrandt possède un bel effet de clair obscur.
Jean-Baptiste Greuze est aussi à l'honneur avec neuf dessins. .. Les trois études pour "La Scène de déluge" (tableau au Louvre) d'Anne-Louis Girodet de Roucy-Trioson sont très belles. Et l'on pourrait continuer la liste encore longtemps tellement c'est une merveille pour les yeux….
Agnès Figueras-Lenattier
Plus d'infos : Fondation Custodia 121 rue de Lille
Métro : Assemblée nationale
12:09 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : david, fragonard, transition
lundi, 17 octobre 2016
Comment Haussmann a transformé Paris?
DVD éditions Zaradoc
Dans ce film, Yves Billon le réalisateur rend hommage au baron Haussmann (1809-1891) et fait parler trois connaisseurs : un écrivain historien Jean Des Cars et deux architectes historiens Pierre Pinon et Nicolas Chaudun. Chacun à leur façon, et de manière complémentaire, ils analysent avec simplicité et au moyen d'un langage condensé, les nombreuses transformations qu'a opérées Haussmann au sein de la capitale. Devenu d'abord secrétaire général puis sous-préfet et préfet, cet homme a pendant 17 ans totalement remanié Paris s'occupant des voies de communication, de l'éclairage, des hôpitaux, de l'hygiène, du confort des parisiens, du transport du courrier. Possédant une force de travail inépuisable, s'appuyant sur sa haute stature (1m92), il s'impose sur les questions qui lui sont soumises.
Lorsqu'il arrive à Paris en 1853, le choléra est présent, et il existe un véritable problème de circulation de l'eau. Il va assainir les égouts, et doter la ville d'organes souterrains en même temps qu'il aménage les nouvelles avenues. Haussmann souhaite le bien-être matériel des habitants, s'occupant peu de questions philosophiques ou culturelles. De par son initiative, les arrondissements passent de 12 à 20 avec la naissance de cafés, de restaurants, de grands magasins.. La traversée de Paris est mise en place avec 25 commodités de déplacement. Par exemple la construction de la rue de Rennes pour aller de la gare Montparnasse à Saint-Germain des Près.. Bien sûr beaucoup d'amputations se mettent en place, mais en contrepartie le parc Montsouris et le parc des Buttes-Chaumont voient le jour. Près de 80 squares sont aménagés.
En revanche, malgré le souhait de Napoléon III de prendre en compte le sort des personnes défavorisées, le programme ouvrier est délaissé. Très peu de cités ouvrières sont créées avec une exode des pauvres en périphérie. Haussmann pense qu'il est important que les riches puissent venir habiter dans le centre de Paris.. Des personnalités s'élèvent contre ce manque de programme ouvrier mais Haussmann n'en a que faire. Un domaine qu'il n'abordera pas : la circulation automobile.
C'est sur la question financière qu'Haussmann sera destitué. Ce préfet très doué dans la gestion financière aura réussi pendant 10 ans à endetter la ville de Paris d'une centaine de millions d'euros sans que les parisiens s'en aperçoivent. Le livre de Jules Ferry " Les contes fantastiques d'Haussmann" dénonce le pot au rose ce qui entraîne sa chute. Mais apparemment parfaitement intègre, le baron ne se serait jamais enrichi.
Haussmann n'était ni architecte, ni ingénieur, mais d'après les témoignages, il savait rassembler les talents et les diriger. En outre, bénéficiant du pouvoir central, il a toujours rejeté avec une grande aisance, toutes les contestations contre son plan et ses projets. Il mourra sous la IIIème République pratiquement oublié.
Ce DVD divisé en différents chapitres ( Le Paris avant Haussmann, le début des grandes percées, les travaux d'Haussmann, le nouveau pari d'Hausmann, l'organisation des travaux, les espaces verts, l'habitat ) est bien conçu, et semble assez objectif. Les divers reproches faits à Hausmann sont évoqués. Comme l'expropriation, les dépenses inconsidérées, la démolition des quartiers historiques.
Pour accompagner les explications, quelques peintures, des images du vieux Paris,, l'ambiance des travaux, de la vie parisienne. Que l'on apprécie ou pas ce qu'a réalisé Haussmann c'est instructif…
Agnès Figueras-Lenattier
10:13 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : haussmann, paris, transformations
mercredi, 05 octobre 2016
La Bretagne comme ils l'ont aimée
Editions Omnibus
Dans ce charmant mélange littéraire et pictural, des peintres et écrivains illustres puisent leur inspiration au sein de la culture bretonne. Composé de 5 chapitres thématiques, ce livre à travers le regard de personnalités comme Paul Gauguin, Emile Bernard, Renoir, Monet, Flaubert, Balzac, Zola, dépeint les particularités de la Bretagne, et évoque sa lumière si caractéristique.
Des poètes un peu moins connus mais tout aussi talentueux sont également présents tels que Stéphane Alzan ou Ludovic Jan. Quelles belles sensations s'offrent à nous en lisant " Guerande" du premier ou " Un pâtre de mon âge" du deuxième. A noter aussi le poème "Rennes" à la musique si joliment rythmée de Charles Alexandre secrétaire de Lamartine. Olga Boznanska se distingue également par son portrait d'une bretonne illustrant un texte de Guy de Maupassant.
Bref, la beauté artistique résonne ici d'un son délicieux et enchanteur…
Autre belle initiative de cet éditeur, la publication de " Poèmes de notre enfance" comprenant 9 chapitres faits notamment de comptines, de chansons, de berceuses là aussi agréablement illustrés.. Voici par exemple un extrait sur " Le chat noir de la palissade" d'Henri Monnier :
"Il mène sa vie à sa guise
ne faisant que ce qui lui plaît
Il se complaît dans des bêtises
Qui ne valent pas un couplet"
Tout est charmant dans ces différents textes (René de Obaldia, Paul Verlaine, Marceline Desbordes-Valmore, Guy de Maupassant…), et l'on aurait envie de citer plein de phrases tellement c'est ravissant…
Agnès Figueras-Lenattier
05:56 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poèmes, écrivains, peintres
vendredi, 01 juillet 2016
Scènes de la vie impressionniste
Le Musée des Beaux-Arts de Rouen où Monet a exposé dès 1872 le portrait de sa femme Camille, possède une importante collection de peintures, sculptures, dessins et objets d'art provenant de toutes les écoles du XVè siècle à nos jours. A l'occasion du 3ème festival Normandie Impressionniste, ce musée présente jusqu'au 26 septembre une facette de l'impressionnisme un peu différente. On peut y découvrir plus d'une centaine de peintures, des photographies, des dessins, des sculptures et des correspondances. Sont exposés des caricatures de Monet lorsqu'il était jeune en particulier le notaire Léon Manchon, des portraits de famille, d'artistes, d'amies ou d'amantes.
De jolies scènes de lecture enchantent le regard comme " Jeune fille lisant une lettre" d'Otto Scholderer ou " Intérieur, femme lisant" de Gustave Caillebotte. L'on peut admirer Julie Manet peinte par son oncle Edouard Manet et par sa mère Berthe Morisot. Comme " la jeune fille au lévrier", animal offert à Julie par Stéphane Mallarmé. Les proches des peintres ou des anonymes sont peints dans leurs intérieurs avec par exemple " La tasse de thé" de Mary Cassat.
On peut également contempler des lieux de vie comme les cafés, les salons. Ainsi peut-on observer la seule scène de café peinte par Caillebotte, un client solitaire dont c'est la 5ème consommation. Le thème de l'enfance avec la place de l'enfant au sein de la famille est largement représenté. A noter par exemple le portrait que Monet a réalisé de son fils sur son cheval mécanique. Ou une des nombreuses scènes de maternité de Berthe Morisot" " Le berceau" qui représente sa sœur entrain de veiller sur sa fille Blanche endormie.
Quant au catalogue édité pour cet événement, il évoque en plus des impressionnistes les plus illustres, des peintres moins connus comme Bartholomé, Gonzalès, Grün, etc. Englobant des photographies, des manuscrits et des sculptures, il permet d'approfondir notre connaissance de tous ces artistes. Les lettres de Caillebotte à Camille Pissaro, de Gauguin à Emile Bernard, ou de Degas éveillent notre curiosité. Il est amusant de revoir des sculptures présentes dans l'exposition comme Degas à 50 ans et à 72 ans. Avec tout d'abord l'exposition, puis la lecture du catalogue, l'on s'enrichit énormément, et nos yeux prennent grand plaisir à admirer toutes ces beautés
Agnès Figueras-Lenattier
Plus d'infos Musée des Beaux-Arts de Rouen esplanade Marcel Duchamp 02-35-71-28-40
13:41 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rouen, exposition, impressionnisme
vendredi, 17 juin 2016
Apollinaire au Musée de l'Orangerie
" Apollinaire le regard du poète" exposition située au Musée de l'Orangerie parle de cette célébrité surtout durant la période de 1902 à 1918. C'est l'époque où il s'imposa progressivement comme critique d'art devenant un témoin important de l'art de son temps. Passionné d'art africain, il devient un ami intime de Picasso. On se rend compte de leur goût commun pour l'érotisme, et l'on a un bon aperçu de leurs échanges (poèmes, cartes postales, lettres, dessins, caricatures).
Egalement proche de Paul Guillaume et d'Alfred Jarry, Apollinaire fondateur de la revue " Les soirées de Paris" portait un vif intérêt aux affiches publicitaires, au théâtre, au cinéma, au cirque. Quelques-uns de ses calligrammes (il est l'inventeur du mot), sont exposés, et l'histoire de la mise en scène de sa pièce " Les Mamelles de Tirésias" est évoquée.
Une exposition qui retrace un aspect peu connu d'Apollinaire complétée par la publication d'un catalogue détaillé, qui approfondit avec sérieux ce qui est dépeint au Musée de l'Orangerie. Ainsi, après notamment une explication sur les nombreux liens unissant Baudelaire et Apollinaire, la complicité qui unit Picasso et l'auteur du recueil "Alcool" est très fortement mise en valeur. L'influence de la mort du poète décédé de la grippe espagnole sur l'œuvre de Picasso se devine très bien.
Les femmes ayant eu de l'importance dans la vie du poète comme Marie Laurencin, la comtesse Louise de Coligny-Châtillon, Madeleine Pagès ne sont pas oubliées. Surprenant aussi de découvrir une initiative née d'une collaboration avec Max Jacob : la création de la SAF " la Société des amis de Fantômas". Bien d'autres informations sur la vie du poète se révèlent captivantes avec la présence d'une chronologie, d'une bibliographie, d'une anthologie.
Avec ce catalogue de plus de 300 pages, on réalise encore mieux l'importance qu'a pu avoir Apollinaire dans le monde des arts. Ceci grâce à un regard aiguisé sur son côté spirituel et esthétique. Intéressant à tout point de vue…
Agnès Figueras-Lenattier
Plus d'infos
Musée de l'Orangerie Jardin des Tuileries
Métro Concorde. Jusqu'au 18 juillet
21:16 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : apollinaire, poète-critique orangerie
samedi, 28 mai 2016
Jean Genet L'échappée belle
En ce moment à Fort Saint-Jean se déroule une exposition sur l'écrivain Jean Genet ( 1910-1986) jusqu'au 18 juillet. A cette occasion est sorti un catalogue " Jean Genet l'échappée belle" chez Gallimard en coédition avec le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. On se rend compte à travers cet ouvrage du grand intérêt de l'auteur pour la Méditérranée. Trois de ses œuvres citées ici "Journal du voleur", " Les paravents", " Un captif amoureux" en témoignent largement.
Vagabond et déserteur, protégé par Cocteau, mis en scène par Jouvet, étudié par Sartre et Derrida, Jean Genet a admiré un seul homme dans sa vie : Alberto Giacometti. Sa relation avec ce peintre et sculpteur est ici détaillée avec précision.
Riche, très documenté, ce livre en apprend beaucoup sur Jean Genet qui exécrait la France et qui a fini à la prison militaire du fort Saint-Nicolas de Marseille. Voyageant avec de faux papiers, il commence son œuvre à 32 ans en cellule. Il en sortira grâce à l'écriture, et ne cessera de déambuler. Soldat dans les année 30, témoin des massacres au Liban, il s'engagera profondément dans le militantisme. C'est notamment ce que montre son œuvre " Un captif amoureux".
Homosexuel, marginal, faisant l'éloge de la solitude qu'il considère comme un impératif moral et esthétique, il sera enterré au Maroc. Une photo de sa tombe est d'ailleurs exposée ici. Autres documents contenus dans cet ouvrage : ses manuscrits, des archives de son travail avec Roger Blin et André Jacquart, 130 illustrations, , ses publications dans la presse, des extraits de ses œuvres, des documents produits de son vivant (lettres de sa mère à l'Assistance publique, lettres de Genet, lettres d'un médecin évoquant un certain degré de débilité de Genet… ). Vraiment un beau panorama de la personnalité et de l'œuvre de Genet…
Agnès Figueras-Lenattier
09:29 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean genet, exposition, catalogue
lundi, 25 avril 2016
Trois regards sur Modigliani
Trois œuvres de Modigliani, trois écrivains. C'est ainsi que les éditions Invénit (Collection Ekphrasis) à l'occasion de l'exposition sur Modigliani à " La piscine" de Tourcoing ont permis à Colette Nys-Mazure ( " Quand tu aimes il faut partir sur "Maternité" de Modigliani" ), Régis Detambel ( "Louise au vitriol sur " Tête de femme" de Modigliani" ), et Patrick Varetz ( "Modigliani une bonté bleue"), de laisser libre cours à leur imagination en compagnie de ce peintre décédé en 1920.
Colette Nys-Mazure professeur de lettres, conférencière, évoque avec charme la vie du peintre de son enfance jusqu'à sa mort. Elle raconte ses aventures féminines. Se basant sur " Maternité" représentant Jeanne Hébuterne également peintre, portant sur ses genoux le premier enfant qu'elle a eu avec Modigliani, elle parle en détail de l'amour intense qui unissait ces deux artistes. Lorsqu'ils se rencontrent, elle est âgée de 19 ans alors qu'il en 34. Fuyant sa famille pour vivre avec lui, elle se suicidera le lendemain de la mort du peintre enceinte de leur 2ème enfant.
Régine Detambel masseur kinésithérapeute, formatrice en bibliothérapie créative, imagine une liaison entre Louise et ce sculpteur. Elle montre avec acuité la difficile cohabitation entre l'amour et la création. Louise est subjuguée par le physique de ce peintre. Elle parle de sa clarté, de son lumineux visage, de son corps musclé. Elle est profondément jalouse de la tête de femme que va sculpter Modigliani. " Ce matin, j'ai essayé de lui expliquer combien c'est terrible d'imaginer toujours cette pierre entre lui et moi, comme s'il voulait m'empêcher de m'approcher encore de lui. Ce machin, ce truc qui ne ressemble à rien, juste une barrière entre lui et moi. Tu es ridicule de te promener toujours avec cette chose dans les bras et de parler tout seul comme un ivrogne. Je vais la foutre par la fenêtre, tu m'entends.." Et Modigliani de s'exprimer avouant l'impuissance de son amour comparé à son art: " Et puis Louise, je n'ai plus envie d'elle. Je préfère mille fois l'atelier où ma volonté se réveille, où ma vision s'éclaire. A présent, la tête me réclame. Elle veut être protégée comme une blessure. Je la laisse parler, je la goûte pour m'imprégner de sa saveur. Emporté dans une reconnaissance plus sensuelle encore, il m'arrive de la masser. Sa chaleur me gagne sans peine…"
Patrick Varetz pour sa part travaille à Lille. Il a publié trois romans et un recueil de mille poèmes aux éditions P.O.L. Dans son livre, il joue les observateurs et insiste surtout sur le bleu de la vareuse de Moïse Kisling parti combattre dans une Europe en guerre.. Il prend comme prétexte une phrase d'Henri Michaux sur le bleu et va en faire la trame de son récit. " Après plusieurs semaines, le bleu t'encourage à tout abandonner de ton ancienne vie. Tu réclames une ouverture dans le vide obscur de la poitrine, et tu rêves d'y installer en creux cette bonté bleue qui t'obsède. La description des mains de Moïse Kisling est très belle et le style attachant.
Bref, trois livres vendus séparément, qui chacun dans leur style permettent une vision assez originale de l'œuvre de ce peintre mort d'une méningite tuberculeuse.. On se laisse volontiers prendre au jeu de l'imagination de ces trois auteurs…
A noter également si l'on veut encore approfondir ses connaissances sur Modigliani l'intéressant film de Jacques Vichet dans la collection "Les plus grands peintres du monde." L'oeil intelligent du réalisateur ainsi que des conservatrices de musée expliquent en détail la technique du peintre...
Agnès Figueras-Lenattier
07:19 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : modigliani, livres, dvd
vendredi, 15 avril 2016
"Acteur et comédien d'une passion à l'autre"
"Acteur et comédien d'une passion à l'autre", un livre d'Agnès Figueras-Lenattier paru aux Editions l'Harmattan. Louis Jouvet n'a t-il pas dit " Au théâtre on joue, au cinéma on a joué". Sacha Guitry a également déclaré qu'il n'y avait rien de plus différent que le théâtre et le cinéma. " Le théâtre c'est positif, la pellicule est négative. Le théâtre c'est le dessin. Le cinéma c'est la litho."
Un bouquet d'acteurs(trices) qui traversent le labyrinthe du double je(u) (Philippe Torreton, Françis Huster, Barbara Schulz…) développent leurs réflexions en miroir des phrases de Louis Jouvet et de Sacha Guitry. Et puis des réalisateurs et metteurs en scène (Philippe Miquel, Patrice Leconte) ayant opéré dans le théâtre et le cinéma évoquent aussi leur manière de travailler dans les deux disciplines…
14:18 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : theatre, cinéma, différence
mardi, 15 mars 2016
Cahiers Colette " Colette animale"
La société des amis de Colette a édité fin 2015 le 36ème numéro des "Cahiers Colette" préfacé par la philosophe Elisabeth de Fontenay. Il s'agit cette fois-ci de " Colette animale" où l'on se rend compte de la place particulière de l'écrivain dans la réflexion sur les animaux et leurs implications morales. Dans son œuvre, elle s'est servie surtout des chiens et des chats pour faire ressortir des vérités qu'elle ne pouvait révéler autrement. Si l'on risque une image, l'on peut affirmer qu'ils lui servirent en quelque sorte de psychiatre. Elle dira dans "La naissance d'un jour " : " Je n'ai plus envie de me marier avec personne, mais je rêve encore que j'épouse un grand chat".
Profondément engagée dans la défense des animaux, elle déclarait en 1914 : " La condition des bêtes encagées, si l'on s'y arrête est un tourment pour l'esprit."
Ce nouveau cahier englobant de belles photos de l'écrivain en compagnie de chiens et de chats est un ouvrage bien intéressant ponctué de différents points de vue d'écrivains sur la romancière. On peut également lire sa correspondance intime à la fin de sa vie avec son médecin Marthe Lamy. Celle-ci assistera à l'hôpital américain de Neuilly à l'embaumement du corps de sa patiente…
Autre texte révélateur de Colette et de sa relation avec les animaux : la retranscription de la conférence " Les bêtes et nous" qu'elle a prononcée au café Excelsior le 18 février 1914. Anecdotes, souvenirs, descriptions croustillantes, affluent pour notre plus grand plaisir. Citons par exemple pour finir ces quelques phrases : " ... vous ne nierez pas que nos bêtes ont un sens très éveillé du ridicule : voyez la mine vexée du chien qu'on coiffe d'un bonnet, ou d'un chat qui vient de rater le bouchon dansant au bout d'une ficelle!...
Agnès Figueras-Lenattier
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10:30 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : colette, animaux, relation