lundi, 24 août 2020
La petite fille de Monsieur Linh
Sylvie Dorliat a été subjuguée lorsqu'elle a lu " La petite fille de Monsieur Linh", roman de Philippe Claudel. Très vite, l'idée de l'adapter pour la scène et de l'interpréter s'est imposée à elle. " Le travail présomptueux et déchirant de l'adaptation" explique t-elle " et des " satanées coupes", sans trahir, sans mutiler, tout en préservant la grâce et la pudeur de l'écriture de l'auteur"…
Cette histoire évoque l'arrivée de Monsieur Linh en Occident qui a fui son pays détruit par la guerre. Il porte dans ses bras sa petite fille nommée Sand Diu. Il va faire la connaissance de Monsieur Bark avec qui une amitié très forte va se nouer.
Pour qui n'a pas lu ce roman, cela donne vraiment envie de le lire. Pour celui qui l'a déjà lu, c'est sûrement un vrai plaisir de le voir interprété et mis en scène de cette aussi belle manière. En compagnie de jeux d'ombres et de lumières, parfois de silences et d'un fond musical, Sylvie Dorlat se donne à fond, et joue de manière subtile avec son corps et sa voix. On sent qu'elle a vraiment adoré ce livre, et elle se transforme en une conteuse puissante et attendrissante.
Grâce à sa collaboration avec Célia Nogues la metteur en scène, cette histoire d'exil se révèle très poétique, et les paroles imagées de Philippe Claudel font réfléchir sur le sort des réfugiés. Vraiment magnifique…
Agnès Figueras-Lenattier
Plus d'infos :
Reprise le 26 août avec version un peu différente
Le Lucernaire 53 rue Notre-Dame-Des-Champs
Métro : Vavin, Notre-Dame-Des-Champs
07:06 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ph.claudel, roman, adaptation théâtrale
mercredi, 12 février 2020
Rendez-vous théâtre avec l'oeil éclairé d'Agnès notre critique du 14ème
Le K
Belle présence du comédien Grégori Baquet ( Molière 2014 de la " Révélation"et nommé comme meilleur comédien aux Molières 2018-2019) qui interprète ici 13 histoires du célèbre recueil de nouvelles " Le K" de l'écrivain et journaliste italien Dino Buzzati. Celles-ci sont adaptées et co-mises en scène par Xavier Jaillard (Molière 2008 de "L'adaptation" pour " La vie devant soi").
Bref, un duo de choc et ce n'est donc pas étonnant si l'on se régale à l'écoute et à la vue de ce spectacle. Dino Buzzati qui a également écrit le roman très connu " Le désert des tartares" aime recourir au fantastique et à l'humour. Dans la nouvelle la plus connue "Le K", il imagine l'histoire d'un petit garçon Stefano poursuivi par un monstre marin qu'il fuira toute sa vie. Jusqu'au moment où ce squale lui annoncera qu'il ne voulait pas le dévorer mais lui remettre une petite " Perle de la Mer" procurant à son propriétaire fortune, puissance, amour et paix de l'âme. Mais trop tard, c'est le destin… Cette fatalité présente dans la condition de l'humain fait partie des thèmes chers à Buzzati. Parmi les autres sujets de prédilection de cet auteur mis ici en avant : la création et son amie la solitude..
L'imagination fertile et drôle de Buzzati résonne ici avec brio grâce au beau travail de Grégori Baquet et Xavier Jaillard. Grégori Baquet semble totalement en accord avec les personnages de Buzzati et la joie qu'il ressent à les jouer fait plaisir à voir. Il a d'ailleurs avoué un jour à Xavier Jaillard qu'il avait l'impression de ne pas jouer mais de vivre Buzzati,." Cette confession a fait dire au metteur en scène qu'ils pouvaient peut-être présenter la pièce au public"…
Et c'est vraiment une réussite. Grégori Baquet dont la diction est excellente, est agile, et vraiment à l'aise quant à la maîtrise de ses mimiques, de ses mouvements et déplacements. Son regard est très expressif, et sa mine joviale et ses rictus correspondent bien à la verve humoristique de l'auteur. Le décor consistant en une grosse lettre le K est fort bien exploité par le comédien qui l'utilise à bon escient en fonction des histoires.
Bravo à ce duo qui nous enchante pendant une heure et dont la belle complicité sous-jacente retentit à merveille sur scène….
Plus d'infos :
Théâtre Rive Gauche 6 rue de la Gaité
Métro: Edgar Quinet, Gaité, Montparnasse Bienvenüe
Autre spectacle dans la même rue qui m'a laissée sans voix tellement c'est magnifique " Marie des Poules" spectacle sur la gouvernante de Georges Sand. C'est au Petit Montparnasse et tout est splendide : texte, mise en scène, interprétation...
Agnès Figueras-Lenattier
01:00 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 28 janvier 2020
Rendez-vous théâtre avec l'oeil éclairé d'Agnès notre critique du 14ème
" Toulouse Lautrec chez Maxim's", et " Jacqueline Kennedy, la Dame en rose"
Au théâtre Maxim's, un endroit enchanteur où l'on ressent une certaine griserie, se jouent en ce moment deux spectacles très différents mais tout aussi attractifs. L'un "Toulouse-Lautrec chez Maxim's" , l'autre "Jacqueline Kennedy, la dame en rose" ont été écrits et mis en scène par le dynamique et jovial Gérard Chambre.
Le décor du 1er étage comprenant un magnifique bar anglais, est réservé aux spectateurs de Toulouse-Lautrec, tandis que que ceux de Jacqueline Kennedy ont le plaisir de goûter le charme du rez-de-chaussée. L'idéal puisque les deux spectacles se jouent à la suite, est d'assister aux deux. C'est un vrai plaisir pour les yeux et l'ouïe avec une équipe harmonieuse , gaie et entraînante.
Pour "Toulouse-Lautrec chez Maxim's", Véronique Fourcaud et Gérard Chambre chantent avec une certaine sensualité et coquinerie des chansons amusantes et veloutées accompagnés par un artiste de renom Toulouse Lautrec( Fabrice Coccito) " la star" du Moulin Rouge qui parle notamment de son ami Erik Satie et de son pouvoir auprès des femmes… Sa complicité avec "La Goulue"n'a pas été oubliée…
Quant à "Jacqueline Kennedy la dame en rose", Gérard Chambre a repris des musiques de différentes époques et y a mêlé de jolies paroles, en référence à l'époque de Jacqueline Kennedy, dont le mari disait d'elle qu'elle "apportait de l'élégance à sa présidence". Cette comédie musicale ponctuée de quelques danses permet de mieux se familiariser avec certains épisodes de la vie de cette femme, qui a perdu deux enfants et qui prenait des cours de sirtaki.
Bref, on passe plus de deux heures à observer avec une certaine volupté, cette troupe de qualité qui sait avec un certain brio exploiter la beauté du cadre de chez Maxim's où sont venus Proust, Guitry, Cocteau, Diagilev… . Il serait donc dommage de passer à côté de ces deux soirées que l'on peut aussi goûter en deux fois…
Agnès Figueras-Lenattier
Plus d'infos
Théâtre chez Maxim's 3rue Royale
Tous les lundis à 19h et 20h30
Métro : Concorde
10:47 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 17 janvier 2020
Biennale d'art flamenco
Du 26 janvier au 13 février 2020, aura lieu au Théâtre National de Chaillot la 4ème biennale d'art flamenco proposée également conjointement à la Biennale de Séville. Proposant un panorama le plus diversifié possible des flamencos ( huit spectacles endiablés) , elle réunit des artistes d'univers et de cultures en apparence très éloignés.
Parmi ces artistes : Anna Moralès ex-soliste du ballet flamenco d'Andalousie et détentrice du prix Geraldillo de la meilleure danseuse 2018 avec à ses côtés un trio de musiciens et le danseur José Manuel Alvarez. Olga Pericet allongée à même une table qui manie castagnettes aussi bien que la bata de Cola… Ou encore le duo Marie-Agnès Gillot et Andres Marin aidés du batteur Didier Ambact et du contrebassiste Bruno Chevillon.
`Bref, un superbe panel mettant à l'honneur cette magnifique et sensuelle danse qu'est le flamenco...
12:25 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : biennale, flamenco, chaillot
mercredi, 15 janvier 2020
Hair, The Musical
En ce moment dans le 6ème arrondissement parisien, se joue la célèbre comédie musicale " Hair" composée en 1967 par Galt Mac Dermot qui a notamment lancé la carrière de Julien Clerc. Sont mis en scène de jeunes hippies vivant à New York en pleine guerre du Vietnam. Leur souhait est de vivre au sein d'un monde sans consumérisme, sans racisme et sans militantisme...
Cette histoire où se profile l'image de la contestation des années 60 a fait scandale à un moment donné à cause entre autre de son irrévérence. Adaptée au cinéma par Milos Forman, cette pièce a fait le tour de L'Europe et est présente au MPAA Saint-Germain jusqu'au samedi 18 janvier. En anglais avec sous titres en français…
4 rue Félibien Métro : Mabillon
22:41 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 05 janvier 2020
Rendez-vous théâtre avec l'oeil éclairé d'Agnès notre critique du 14ème
Léonard de Vinci
Un petit bijou cette pièce de Brigitte Kernel et Sylvia Roux réalisée d'après le roman de Brigitte Kernel sélectionné par la librairie du Louvre et le Clos-Lucé dans le cadre de la granbde rétrospective Léonard de Vinci.
Tout y est : un texte intéressant, une belle interprétation avec une diction quasiment parfaite et des émotions en pagaille, un décor artistique et créatif, un éclairage bien adapté à la mise en scène elle-même pleine de joliesse…
Tout commence lorsque Léonard à 9 ans et qu'il est élevé par un père tyrannique et violent. Puis c'est le grand-père qui prend le relais. Celui-ci est cultivé, amène et va inciter son petit fils à s'élever spirituellement et à exploiter ses nombreuses qualités.
Léonard va donc s'épanouir intellectuellement et trouver une certaine tranquillité d'esprit en observant la nature et en débutant dans ses inventions. Très curieux des chauve-souris, des animaux fantastiques, il va se confier à son ami intime : un grand cahier noir. Il va y dépeindre ses pensées, ses observations, et parler de sa grande attirance pour le dessin et l'anatomie. On le verra même évoquer sa technique quant à la fabrication de sa palette. C'est instructif, poétique, et la douce et agréable musique qui accompagne le tout apporte encore plus de féérie. Vraiment un régal!...Le dimanche à 17h jusqu'au 25 janvier
Agnès Figueras-Lenattier
Plus d'infos :
Studio Hebertot 78 bis bd des Batignolles
Métro : Rome, Villiers
14:18 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 02 décembre 2019
Rendez-vous théâtre avec l'oeil éclairé d'Agnès notre critique du 14ème
Je m'appelle Erik Satie comme tout le monde
En ce moment et encore tout le mois de décembre, a lieu au théâtre de la Contrescarpe une fiction originale et surprenante sur Erik Satie dont on connaît la relation amoureuse avec la peintre Suzanne Valadon. Celui qui l'incarne est un ancien pensionnaire de la Comédie Française Elliot Jenicot qui fait preuve d'aisance et d'agilité, et le représente bien avec sa singularité, sa folle fantaisie. On le voit, toujours en quête de son parapluie, évoquer ses moments passés au " Chat noir", sa relation avec Debussy, Ravel, Picasso et son duo avec la jeune Anaïs Yazit, infirmière, est convaincant. En fond sonore, quelques airs du compositeur, et durant la pièce, sur écran, des illustrations amusantes de Suki. Un mélange intéressant, où expression corporelle, nostalgie et affectivité s'entremêlent laissant découvrir quelques aspects peu connus de la vie du musicien. Le texte de Laetitia Gonzalbes également metteur en scène de ce spectacle a de l'attrait et la mise en scène bien que laissant planer sur le plateau une histoire pas toujours très gaie, emporte le spectateur vers une certaine légèreté… Habile et singulier!...
Agnès Figueras-Lenattier
Théâtre de la Contrescarpe 5 rue Blainville
Métro : Cardinal Lemoine, Monge
19:55 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erik satie, infirmière, duo
mercredi, 27 novembre 2019
Rendez-vous théâtre avec l'oeil éclairé d'Agnès notre critique du 14ème
Deux spectacles musicaux, l'un " Looking for Beethoven", l'autre " Wilde Chopin" se jouent actuellement au Ranelagh, coquet théâtre situé dans le 16ème arrondissement. Les deux valent le détour, mais sont un peu gâchés par la présence d'un ennemi juré du théâtre : le micro…
C'est bien dommage et que ce soit Pascal Amoyel, interprète de Beethoven, ou Michel Voletti qui lit " De Profundis" la très belle lettre d'amour d'Oscar Wilde écrite en 1897 à son ami Lord Alfred Douglas , aucun des deux artistes n'aurait du y recourir.
Pascal Amoyel notamment Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres qui évoque avec passion et lyrisme Beethoven, est un excellent pianiste et écouter des extraits des 32 sonates est un vrai plaisir. Qu'aurait donné sa voix si elle n'avait pas été sonorisée, il aurait été intéressant de le découvrir!...
Quant à Michel Voletti, sa voix apparemment assez puissante aurait sûrement laissé place à un résultat moins artificiel et plus agréable à entendre sans ce fameux micro… Il est accompagné par Mickaël Lipari-Mayer également très bon pianiste, qui nous régale avec Chopin et quelques autres musiciens comme Schubert, Schuman, Ravel, Bach…
Bref sans cet "objet de malheur", on aurait pu parler d'un véritable enchantement…
Agnès Figueras-Lenattier
Plus d'infos
Théâtre du Ranelagh 5 rue des Vignes
Métro : Passy, La Muette
02:14 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : beethoven, wilde, chopin
jeudi, 14 novembre 2019
Rendez-vous théâtre avec l'oeil éclairé d'Agnès notre critique du 14ème
Adieu Monsieur Haffmann
4 molières en 2018 rien que cela pour cette pièce écrite et mise en scène par Jean-Philippe Daguerre!…
A la vue de ce spectacle, l'on peut dire que ces récompenses sont bien méritées. Tout est judicieux, que ce soit côté écriture, mise en scène ou interprétation…
L'histoire est celle de Joseph Haffmann juif bijoutier qui en plein nazisme propose à son employé de s'occuper de son magasin s'il consent à le cacher jusqu'à ce qu'une époque plus favorable survienne…
Un arrangement des plus singuliers va se mettre en place entre eux. Que résultera t-il de cet accord, c'est un des enjeux de la pièce.
Le jeu des comédiens authentique, sobre, harmonieux et sonnant juste, nous happe jusqu'à la dernière minute. La mise en scène accompagnée d'un éclairage fait pour la circonstance et d'une musique assez douce est bien rythmée. Avec parfois de brefs moments de jeu habilement ponctués par des noirs. L'absurdité de la situation qui règne en ces temps de persécution et d'étoile jaune bien décrite dans ce texte ressort ici avec panache, et l'humour qui en découle est fin est astucieux. Vraiment poignant…
Agnès Figueras-Lenattier
Plus d'infos :
Théâtre rive Gauche rue de la Gaité
Métro : Edgar Quinet, Montparnasse
02:11 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : juif bijoutier, employé, cachette
vendredi, 16 août 2019
Rendez-vous au théâtre de la Contrescarpe
En ce moment, au théâtre de la Contrescarpe se jouent deux spectacles qui valent la peine d'être vus. Le 1er, thriller psychologique écrit par Lucas Andrieu et Emma Badoux raconte l'histoire d'Emilie Artois jolie femme de 23 ans convoquée par un jeune inspecteur. Elle est accusée d'avoir volé la carte bleue de son petit ami. Or, cet interrogatoire va prendre un virage quelque peu inattendu décontenançant l'inspecteur et mettant en scène une Emilie diabolique, prenant plaisir à manipuler son interlocuteur. Jouant de ses charmes, elle finira par le dominer et sortir victorieuse de la situation.
Ce duo est fort, et Elena El Ghaoui joue admirablement. L'air de rien, elle mène son discours avec intelligence et rouerie. A première vue, elle a plutôt l'air d'un petit ange, ce qui se révèlera être tout le contraire. Lucas Andrieu est un peu plus " tendre" dans son interprétation, mais s'en sort bien malgré tout, laissant planer avec un certain naturel ses doutes et interrogations. Tous deux nous captivent pendant une bonne heure, et le spectacle malgré l'horreur qu'il met en scène, finit par en être drôle grâce à un texte astucieux, une interprétation amusante et grâce également à une mise en scène mettant l'accent sur l'humour noir de la situation. N'hésitez pas à vous laisser tenter.
Le deuxième spectacle " What is love" réalisé par Anne Buffet est plus près de la réalité, mais n'en est pas moins digne d'intérêt. L'actrice qui a puisé dans sa propre expérience cherche à la fois à condamner l'amour et en même temps à le mettre en valeur. C'est cette contradiction qui fait le sel de ce one man show drôle et bien conçu. " J'ai été déçue explique Anne Buffet, j'ai souffert, j'ai beaucoup pleuré, mais non je ne vivrais pas sans. Et comme Edith Piaf le chante si bien" A chaque fois j'y crois, et j'y croirai toujours, ça sert à ça l'amour".
C'est le récit d'Eva podologue, que l'on écoute ici, où elle fait le tour de l'amour avec un scalpel et se questionne sur lui. Amusant par exemple de l'entendre évoquer les 5 dangers de l'amour, de décortiquer les 3 ans fatidiques qui ensuite débouchent sur un amour qui s'estompe.
Très à l'aise corporellement, cette actrice fait preuve de beaucoup de présence et finalement nous invite malgré sa critique de l'amour à en user et à en user… Laissez vous tenter une deuxième fois…
Agnès Figueras-Lenattier
Plus d'infos
Théâtre de la Contrescarpe 5 rue Blainville
Métro : Monge
16:36 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thriller, one man show, captivant